À cause de la sécheresse historique dans les Pyrénées-Orientales, les vendanges en cours s'annoncent comme les pires de l'histoire du département. Le Syndicat des vignerons juge la situation "catastrophique".
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00:00 En attendant il est 7h46 sur la première radio du département et la sécheresse qui va visiblement
00:05 nous coûter beaucoup de bonnes bouteilles de vin dans le département. Les vendanges ont commencé,
00:10 les premières tendances très inquiétantes. On en parle avec votre invité Suzanne Chaudjaille, nous sommes avec le président du syndicat des vignerons.
00:16 Bonjour David Dril.
00:17 Bonjour.
00:17 Cet été on vous avait entendu sur notre antenne, vous aviez prévu une baisse de 40% de la récolte cette année.
00:23 Alors maintenant qu'on est en pleine vendange, selon les retours que vous avez du terrain, est-ce qu'on est toujours sur ce chiffre 40% ?
00:29 Malheureusement on est toujours sur ce chiffre, on oscille sur le département entre 30% et 40% de pertes, donc c'est dramatique.
00:37 Il y a des disparités en fonction des secteurs, est-ce qu'il y a des endroits qui s'en sortent mieux ou des endroits où c'est pire ?
00:43 Alors au sein des 30% de pertes qui sont des pertes sur tout le département, on peut avoir des disparités par rapport à certains producteurs
00:52 qui peuvent avoir perdu jusqu'à 80% de leur potentiel, d'autres ont fait une année à peu près normale, donc l'équilibre se fait et on arrive à 30% de pertes en général.
01:02 80% par exemple où ?
01:04 80% sur les secteurs les plus durement touchés, on va considérer que c'est Bachas, Espirade-la-Glie, Rivezalte, Sals, tout ce secteur-là a été très très durement touché.
01:15 Espirade-la-Glie encore plus parce que nous sommes sur le bord de la glie qui a été un secteur où il n'y a pas eu d'eau pendant des mois,
01:23 donc je pense que vous avez reçu des confrères agriculteurs qui ont pu vous le dire, et donc voilà, cette sécheresse-là a créé beaucoup beaucoup de difficultés par rapport à la production.
01:32 Et là où ça va un peu mieux c'est peut-être la Côte-Vermeille ?
01:35 La Côte-Vermeille s'en sort, il y a quand même des difficultés sur des vignes qui sont un peu plus âgées, on va dire,
01:43 les vignes un peu plus jeunes sont arrivées à s'en sortir, mais la Côte-Vermeille a quand même un effet que nous n'avons pas sur le territoire,
01:51 en fait à l'intérieur du territoire, c'est les entrées maritimes qui ont amené un petit peu d'humidité.
01:55 Donc ils ont quand même subi un aléa un peu moindre que dans l'intérieur des terres.
02:00 On peut dire que c'est la pire récolte de l'histoire dans les Pyrénées-Orientales ?
02:04 On s'y dirige allègrement, c'est-à-dire que sur les quatre dernières années on a eu les trois plus petites récoltes historiques du département,
02:11 et cette année par rapport à une récolte la plus basse historique, nous avons donc du coup, comme on a dit, affiché -30% pour le moment.
02:19 Les chiffres officiels sortiront en décembre avec la déclaration de récolte.
02:22 Donc on se dirige vers une récolte parmi les pires ?
02:26 Clairement.
02:27 Ça veut dire que certains vignerons malheureusement pourraient mettre la clé sous la porte d'ici quelques mois, voire quelques semaines, je ne sais pas ?
02:35 C'est exactement ça. Alors il y a eu deux phases. La phase de toute l'année jusqu'au vendange, qui précède les vendanges, on a été sur une phase d'observation.
02:46 Le département a subi, avec le manque d'eau sur tous les départements, une sécheresse formidable et la peur pour certaines filières de ne pas pouvoir irriguer.
02:56 Donc la viticulture était sur une phase d'observation et comme toute difficulté, on prend la difficulté sur l'instant T.
03:03 La première étant déjà de sécuriser les gens qui n'avaient pas accès à l'eau parce que les barrages n'arrivaient pas à donner assez d'eau.
03:12 Donc on a laissé ce temps-là passer, qui eux étaient déjà dans le constat.
03:16 Nous, on était dans l'observation et on attendait aussi avec un petit espoir que des pluies arrivent qui peut-être auraient pu changer la donne pour la viticulture.
03:24 Le fait est qu'on a vu que la pluie est arrivée et n'a pas changé la donne.
03:29 Aujourd'hui, on est sur pratiquement un constat puisque les vendages sont presque finis.
03:34 Et donc du coup, oui, on peut assurer qu'il va y avoir moins de 30%, ce qui est dramatique puisqu'on a déjà discuté de ça.
03:41 Mais les charges vont être limite ou en équilibre avec les bénéfices.
03:48 Donc ce qui fait que les gens vont avoir une année où ils vont travailler pratiquement à blanc.
03:51 On entendait tout à l'heure sur notre antenne le témoignage de Brice Cassagne, le président de la cave coopérative Arnaud de Villeneuve.
03:57 Alors lui, il dit clairement que le moral n'est pas bon dans la profession.
04:00 Est-ce que vous aussi, vous constatez de manière générale chez les professionnels un sentiment peut-être de désespoir ?
04:06 Il y a un sentiment de désespoir, c'est ce qui fait très peur.
04:10 Alors aujourd'hui, le syndicat, on peut dire à un moment donné qu'on ne communique pas assez auprès des gens de la nature.
04:19 Mais il est difficile de communiquer dans la nature sans avoir une parole qui serait trop alarmiste et qui rajouterait au problème que les gens vivent au quotidien.
04:29 Donc le travail est fait dans les instances déjà depuis des mois.
04:32 Les demandes sont effectuées, on attend des retours.
04:35 On attendait aussi d'avoir pour tout ce qui est administratif, il faut quand même des chiffres officiels.
04:41 Donc on attend aussi d'avoir la déclaration de récolte pour après encore plus appuyer nos demandes.
04:45 Si les demandes qui ont été faites déjà dans un peu les petites salles feutrées de la préfecture n'aboutissent pas,
04:55 à ce moment-là, on va demander aux agriculteurs, et c'est vraiment dans les mois qui arrivent, donc juste après les vendanges,
05:01 de se mobiliser en masse et de venir faire des manifestations pour se faire entendre.
05:06 Parce que oui, la situation que nous vivons est dramatique.
05:09 France Bleu au Sillon, l'invité du 6/9.
05:12 8h30, Suzanne Chaudier, notre invitée. On parle des vendanges aujourd'hui qui sont catastrophiques dans le département.
05:17 David Drie, président du syndicat des vignerons dans les P.O.
05:20 Est-ce qu'il y a des solutions face à cette baisse historique de rendement ?
05:24 Qu'est-ce qui serait possible d'engager pour les années futures ?
05:27 Alors aujourd'hui, je pense que la solution n'est non pas dans ce qu'on veut dire très souvent.
05:33 Il faut mesurer les propos quand on dit changer de culture. On ne peut pas changer de culture.
05:37 Et pourtant, la sécheresse pourrait s'aggraver dans les prochaines années, en tout cas, les scientifiques le disent.
05:42 Mais il y a des moyens de pouvoir aussi accompagner la transition,
05:46 mais qui ne serait pas une transition pour changer de culture,
05:49 mais pour avoir une pratique culturelle plus adaptée aux changements climatiques.
05:53 On peut avoir l'accès à l'eau. Donc l'accès à l'eau, c'est fait sur un certain secteur au niveau de la glie.
05:59 Il y a aussi un projet dans les aspres.
06:01 Donc il faut pouvoir aider ces gens-là pour arracher et replanter leurs vignes et y mettre de l'irrigation.
06:07 Ce qui serait déjà une réponse au fait que les températures augmentent.
06:11 Favoriser aussi l'augmentation de ce pouvoir d'irrigation,
06:15 parce que la viticulture aujourd'hui dans le département, ce n'est que 5% d'irriguée.
06:19 Donc on essaie de monter au moins à 20%, ce qui au final n'est pas énorme,
06:24 mais qui sécuriserait beaucoup d'exploitation.
06:26 Donc selon vous, la vigne a encore de l'avenir dans les Pyrénées-Orientales ?
06:29 La vigne a de l'avenir. La vigne a de l'avenir à condition que nos politiques nous écoutent
06:35 et que nos politiques fassent en sorte qu'on puisse accéder à cette irrigation.
06:41 Mais s'il n'y a pas assez d'eau ?
06:42 L'eau, il y en a en fait dans le département.
06:45 Alors on a eu le sujet pendant toute l'année, donc on a réussi à bien le travailler.
06:49 L'eau, il y en a. La problématique de l'eau dans le département, c'est la gestion que nous en faisons.
06:54 Nous avons de l'eau qui s'accumule dans les barrages
06:57 et qui est au mois d'octobre déversée directement à la mer.
07:00 Aujourd'hui, ce qu'on demande, c'est que l'utilisation de l'eau pour les agriculteurs,
07:04 mais aussi pour les autochtones, donc pour les habitants du département,
07:08 soit mieux utilisée pour éviter les problématiques que nous avons eu cette année
07:12 avec des villages entiers ou des communes en alerte sécheresse.
07:15 Donc la gestion des barrages, c'est ce sur quoi vous voudriez travailler en priorité ?
07:19 Entièrement. Que ce soit l'eau des barrages, que ce soit l'eau de pluie aussi sur la plaine,
07:24 qu'on puisse avoir des retenues collinaires et qu'on puisse de ce fait
07:27 utiliser de manière plus intelligente l'eau et qu'on puisse sécuriser tout un territoire.
07:33 C'est ce que vous allez dire au nouveau préfet qui arrive là aujourd'hui dans les Pyrénées-Orientales,
07:37 Thierry Bonnier, qui était jusque là dans l'Aude.
07:39 C'est ce que vous espérez de sa part ?
07:41 C'est exactement ça.
07:42 Revoir la gestion des barrages ?
07:43 Et comme vous venez de le dire, je pense qu'il aura quand même une oreille un peu plus attentive,
07:46 ou pas forcément plus, mais attentive à cela, car il vient de l'Aude,
07:50 et que dans l'Aude, l'irrigation est beaucoup plus prégnante que dans les Pyrénées-Orientales.
07:53 Donc vous avez espoir avec lui, avec son arrivée ?
07:55 Je crois que le syndicalisme n'est pas là que pour montrer et pointer du doigt les moments difficiles,
08:01 mais il est aussi là pour apporter de l'espoir.
08:03 Et c'est ce que j'essaie de faire depuis le début où j'ai été élu président du syndicat des Vignerons.
08:07 Les vendanges en chute libre dans les Pyrénées-Orientales,
08:09 40% en moins cette année, historiquement bas.
08:12 C'est ce que vous nous disiez ce matin, David Drie.
08:15 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.
08:16 Vous êtes le président du syndicat des Vignerons dans le département.
08:19 À bientôt.