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Nicolas Berjoan, chef de file d'Europe-Ecologie-Les-Verts dans les Pyrénées-Orientales, appelle à repenser en profondeur le modèle économique du département.

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Transcription
00:00 Alors toutes ces mesures sont-elles équitables entre tous les secteurs, entre professionnels et particuliers ?
00:06 Sont-elles justes et seront-elles efficaces ?
00:09 Notre nouvel invité pour en parler dans cette matinale spéciale, c'est le chef de file d'Europe Écologie Les Verts dans les Pyrénées-Orientales, Simon.
00:16 Bonjour Nicolas Bergevin.
00:17 Bonjour.
00:17 Alors ça vous semble juste ce plan du préfet ?
00:19 Juste, oui et non. C'est un passage en situation de crise allégée, je dirais, un petit peu, parce que même pour l'agriculture...
00:29 Allégé ? Les agriculteurs risquent de perdre leurs arbres ?
00:32 Mais oui, mais théoriquement ils ne pouvaient plus irriguer du tout, donc on leur permet quand même un certain usage de l'eau pour préserver, comme l'a dit le ministre de l'Agriculture précédemment, leurs outils de travail.
00:43 Il y a quand même Bruno Villa du syndicat FDSEA qui parle d'un désastre annoncé. Des agriculteurs vont perdre gros, et pas seulement leurs récoltes, leurs outils de travail.
00:51 Les agriculteurs vont perdre gros à cause de la sécheresse, pas à cause de l'arrêté de crise. Je suis désolé.
00:55 Là encore une fois, moi je n'ai rien contre les agriculteurs. Au contraire, nous on préférerait qu'ils puissent vivre de leur production, qu'ils puissent en vivre bien.
01:01 Et on a prévenu sur les problèmes qu'ils allaient affronter.
01:05 La question c'est que, normalement, un arrêté de crise, ce sont des restrictions encore d'irrigation plus fortes.
01:11 Ils ont le droit d'irriguer un peu, et je ne le déplore pas.
01:14 Voilà, je suis plus circonspect sur d'autres secteurs.
01:17 Par exemple ?
01:18 Tout à l'heure j'ai entendu le remarquable plaidoyer du président de l'UMI,
01:21 Brice Sanac.
01:22 Oui, voilà, avec sa verbe commerçante que j'ai appréciée, mais qui me semble un petit peu quand même déconnecté des réalités.
01:29 C'est-à-dire ? Qu'est-ce qui vous a choqué dans ses propos ?
01:31 En fait, il n'y a rien qui me choque dans les propos que tiennent les uns et les autres, puisque chacun essaie de défendre...
01:37 Vous dites qu'il est déconnecté. En quoi est-il déconnecté ?
01:39 Il est déconnecté de la situation écologique, tout simplement.
01:42 Il est déconnecté de la sécheresse que nous vivons, que nous vivons depuis des années en fait,
01:46 qui est une sécheresse structurelle et pas une sécheresse conjoncturelle,
01:49 et il est déconnecté de ce qui va se passer les années à venir.
01:52 Il est déconnecté parce que les piscines restent ouvertes dans les hôtels et dans les campings par exemple ?
01:56 Oui, voilà.
01:58 Quand on vit une situation de sécheresse telle et qu'une des priorités, mais je le comprends encore pour ce secteur,
02:04 où la piscine est devenue un symbole en quelque sorte,
02:06 et comment dire, un attrait pour les hôtels et les structures d'accueil tout particulier,
02:13 quand on vit une situation de sécheresse telle,
02:16 penser qu'une des choses qu'on fait dans le monde dans lequel on vit,
02:19 dans le département dans lequel on est,
02:21 c'est de préserver les piscines pour que les gens puissent se baigner parfois quelques kilomètres des plages,
02:25 moi je pense que, et c'est ce que je suis venu à dire ce matin,
02:28 ça doit nous faire raisonner, réfléchir sur notre modèle économique.
02:32 Quand M. Sanac dit qu'on va perdre, qu'on est un des départements les plus pauvres de France,
02:36 mais on est un des départements les plus touristisés de France,
02:38 le tourisme n'a pas amené la richesse à ce territoire,
02:41 je suis désolé de le lui dire, ça ne veut pas dire du reste qu'il faut sacrifier des secteurs de l'économie,
02:45 mais ça veut dire qu'il faut vraiment qu'on réfléchisse maintenant
02:48 à la manière dont ce département et son économie vont évoluer
02:51 dans cette situation écologique nouvelle,
02:53 qui est une situation de sécheresse et puis de faiblesse des moyens.
02:57 - Dérogation de la préfecture accordée au golfe pour arroser avec les eaux usées,
03:03 les grains et les départs de golf, est-ce que ça c'est pertinent ?
03:07 - En fait, moi je ne suis pas venu discuter des mesures ponctuelles,
03:11 pour moi c'est un peu la même chose que les piscines,
03:13 quand on essaie de préserver une activité qui est le golf,
03:15 qui réserve à une catégorie de population symboliquement très marquée,
03:20 et en pleine situation de sécheresse,
03:24 quand on demande à des gens et à des agriculteurs de faire des efforts,
03:26 je dis "bon non, le symbole n'est pas forcément bon",
03:30 mais à priori, ce n'est pas mon problème.
03:33 Mon problème ce n'est pas de discuter des mesures,
03:35 c'est d'obliger le golfe à prendre des mesures,
03:37 comme il l'a dit lui-même,
03:39 de faire de la haute couture dans une situation extrêmement difficile.
03:44 Ma question c'est "qu'est-ce qu'on prévoit pour demain ?"
03:47 Qu'est-ce qu'on prend comme mesure structurelle pour demain ?
03:51 Et moi je ne vois rien venir de ce point de vue,
03:53 parce qu'il faut maintenant changer notre modèle de développement.
03:55 - Ça veut dire on finit avec le tourisme de masse par exemple ?
03:58 - Bien sûr qu'on doit réfléchir au tourisme de masse,
04:01 on doit réfléchir aussi à la transition de notre agriculture,
04:04 on ne pourra pas continuer à faire des fruitiers,
04:06 et même la vigne, il y a certains secteurs dans la vallée de la Glie,
04:08 où des viticulteurs sont obligés,
04:10 ceux qui avaient effectivement les terres les moins bien disposées jusqu'alors,
04:13 sont obligés d'arrêter leur production parce qu'ils n'ont plus les tirages.
04:16 Voilà ce qui est en train de se passer.
04:18 Notre économie est durement frappée par la sécheresse,
04:20 or cette sécheresse, c'est une sécheresse qui se situe
04:22 dans un contexte où on est à peu près à +1,5°C,
04:25 au-delà des normales,
04:27 et où on nous prévoit 2°C pour le milieu du siècle,
04:29 mais où on pourrait aller jusqu'à 4°C !
04:31 Alors moi j'invite tout le monde dans ce département
04:34 à se rendre compte de ce que serait un climat à +4°C,
04:37 sachant que là, on est au pied du mur déjà,
04:40 avec 1,5°C de plus.
04:42 - Ça veut dire que dès maintenant il faut aider,
04:45 et c'est peut-être même déjà trop tard,
04:47 à la conversion justement des viticulteurs vers d'autres cultures ?
04:50 - Vous parliez de justice, moi je vous parlerais de dignité,
04:52 c'est jamais trop tard pour essayer de bien faire.
04:54 Évidemment il faut un plan massif de transition de l'agriculture,
04:58 pas simplement sauver l'outil de production d'aujourd'hui.
05:01 Moi je comprends les agriculteurs,
05:03 j'ai des gens dans ma famille qui sont agriculteurs,
05:05 je comprends, un champ, une vigne, c'est plus qu'un champ, une vigne.
05:08 Pour eux c'est une vie, c'est un travail de tous les jours,
05:12 mais il faut penser que peut-être un certain nombre de cultures
05:15 et de ces arbres ne survivront pas de toute manière aux températures
05:17 qui seront celles de cet été.
05:19 Les arbres en souffrent trop, peut-être faut-il, même j'en suis sûr.
05:21 Il faut changer aujourd'hui notre modèle de production agricole.
05:24 Les céréales sont moins consommatrices d'eau.
05:26 Un certain nombre de cultures, effectivement,
05:28 qui sont peut-être moins appétissantes aux français aujourd'hui,
05:31 sont nécessaires d'être développées.
05:32 Et la même chose doit se faire pour le tourisme,
05:34 parce que de toute manière, si on a une piscine mais qu'on a plus d'eau au robinet,
05:37 et ça finira bien par arriver s'il continue à ne pas pleuvoir,
05:40 moi je ne vois pas très bien l'avenir touristique de ce département.
05:42 Il faut se situer sur un autre créneau,
05:44 et le faire valoir auprès de l'extérieur,
05:46 et pas faire valoir, nous avons des piscines en plein été,
05:48 peut-être maintenant sur le littoral méditerranéen,
05:50 mais inventer d'autres choses qui soient moins consommatrices,
05:54 et qui appellent à la conscience des gens,
05:57 même dans leur pratique touristique.
05:59 - Merci Nicolas Bergeon, chef de file d'Europe Ecologie des Verts,
06:02 en Pays catalan.
06:03 Merci d'être venu en studio avec nous.

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