La Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales a voté une motion, à l'unanimité, pour réclamer des actes face à la sécheresse historique que le département traverse depuis deux ans.
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00:00 L'invité du 6/9
00:02 Mais avant notre invitée ce matin, elle pousse un coup de gueule. On ne fait pas assez contre la sécheresse.
00:07 C'est ce que dit la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales. Elle a voté il y a quelques jours à l'unanimité une motion
00:12 qui réclame des actes rapides et concrets. Notre invitée Suzanne Chaudjaï, c'est donc la présidente de la Chambre d'agriculture.
00:19 Bonjour Fabienne Bonnet. Bonjour. On sent toute la colère, toute l'inquiétude aussi dans cette motion
00:24 face au manque d'eau depuis déjà deux ans dans le département.
00:28 Vous estimez que l'État, le préfet en l'occurrence, ne fait rien pour trouver des solutions ?
00:32 Alors non, le préfet ne fait pas rien. La préfecture et les services de l'État départementaux sont
00:39 bien sur le sujet, conscients et prêts à nous aider. On travaille avec eux au quotidien sur le sujet.
00:47 On parle plutôt de certains services de l'État en général et même au-delà, certains
00:54 politiques qui considèrent que
00:58 notre département est condamné parce qu'il n'y aura plus d'eau,
01:02 il ne pleuvra plus et que donc on doit vivre avec cet état de fait. Mais qui vous dit ça ?
01:08 Alors au niveau de certains, encore une fois, certains services de l'État,
01:14 clairement on a une mission aussi interministérielle qui est dans le département depuis des mois et on a entendu
01:22 ce discours sur certaines
01:25 vallées, je pense à la vallée de la Glie qui malheureusement...
01:28 Le discours c'est "c'est plus la peine de faire quoi que ce soit" ?
01:31 Bah voilà, on nous dit
01:32 bah voilà c'est une vallée compliquée, il ne pleut pas et donc
01:36 cette vallée qui est sous les feux de la rampe, j'allais dire, depuis 2023 où
01:42 effectivement pas d'eau, on a les abricotiers arrachés aujourd'hui, des vergers dévastés,
01:49 des vignes qui meurent, on nous dit mais voilà c'est condamné et certains politiques aussi le disent et donc il y aura des panneaux solaires à la place.
01:57 Mais qui ? Quelle politique ?
01:59 Alors des politiques plutôt bien sûr tendance
02:02 environnementaliste,
02:05 bien entendu qui pensent que tout est condamné. Nous on estime qu'on ne peut pas condamner un territoire français.
02:12 Je parle au-delà de l'agriculture, bien entendu je suis présidente de la chambre d'agriculture mais aujourd'hui
02:17 la situation des Pyrénées-Orientales,
02:19 l'agriculture, nous sommes les premiers confrontés à ce que l'on vit, c'est pour ça que nous tirons la sonnette d'alarme
02:25 depuis
02:27 quelques années déjà, on voit l'évolution
02:29 radicale qui se passe mais
02:32 aujourd'hui on parle de des habitants de ce département, des problématiques d'eau potable qui se tendent partout
02:39 et donc il faut absolument
02:42 investir pour ce département. Alors il y a quand même des projets en cours, la préfecture notamment a
02:46 autorisé cette année à créer une retenue collinaire dans les aspres pour stocker l'eau.
02:51 C'est pas bien, c'est pas assez en tout cas selon vous ? Il faudrait
02:55 multiplier ces projets ? Alors celui dont vous parlez c'est un projet qui existe depuis plus de 13 ans, qui n'a pas abouti.
03:02 Voilà quand je dis ça vous imaginez bien la lenteur d'un projet pour qu'il aboutisse. On ne peut pas
03:10 aujourd'hui rester sur ce rythme là, il faut absolument
03:12 débloquer les projets, avancer très vite. La préfecture effectivement est en train d'autoriser des projets
03:19 qui sont souvent vertueux
03:22 mais il faut aller plus vite et ce qui bloque surtout au delà de ces
03:28 réglementations qui sont longues à se mettre en oeuvre, des études, des recours parfois qui prolongent
03:33 la problématique, c'est aussi le problème du financement.
03:37 Ce que l'on dénonce aujourd'hui c'est que les financements aujourd'hui pour tous les projets qui concernent l'eau
03:43 passent par deux entrées c'est à dire économie d'eau et substitution.
03:47 Ces entrées là, voilà on l'a fait, on a fait toutes les économies possibles, il y en a encore à faire bien entendu.
03:54 Il n'y a pas assez d'argent mis sur la table selon vous ?
03:56 Non c'est en fait les portes d'entrée qui ne sont plus bonnes pour ce que l'on vit aujourd'hui. On nous demande de nous adapter
04:01 au changement climatique, nous le faisons, nous continuerons à le faire
04:05 mais aujourd'hui il faut que la réglementation s'adapte à ce que l'on vit aujourd'hui, or ce n'est pas le cas.
04:10 Vous dites aussi que
04:13 l'administration vous met un peu des bâtons dans les roues, vous parlez de lourdeur administrative quand il y a des projets en cours, vous avez des exemples ?
04:20 Mais c'est la réglementation tout simplement, pour voir aboutir un projet,
04:26 des dossiers à monter,
04:27 voilà des dossiers effectivement, il faut trouver un porteur de projet, il faut faire des études qui prennent des années,
04:33 ensuite voilà il faut vérifier que tout rentre dans les cases, il faut répondre à des appels à projets etc.
04:37 Et puis encore une fois il faut répondre aussi
04:40 aux entrées de ces financements et du coup on n'aboutit jamais.
04:45 Il est 8h30 sur France Bleu, on est aussi avec notre invité Suzanne Chaudjahi,
04:49 famille de bonnet, la présidente de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales.
04:52 Ce matin sur notre antenne on évoque le projet de retenue d'eau qui est abandonné dans la vallée du Thèques.
04:57 Les écologistes de France Nature Environnement
05:00 avaient saisi la justice parce que le projet selon eux menaçait les animaux juste à côté sur la zone humide.
05:06 Vous comprenez qu'il faille quand même protéger la nature ?
05:08 Bien entendu, on comprend qu'il faut protéger la nature.
05:12 Ce projet là, porté par un président de syndicat de bassin,
05:16 donc bien sûr très au fait de toutes ces problématiques,
05:20 et ce projet là est un projet vertueux.
05:24 Justement il y a une zone humide, c'est un lieu où c'est une ancienne carrière,
05:29 on les affectait, tout était, j'allais dire,
05:33 tout a été mis en oeuvre pour que ce lieu soit un lieu idéal pour faire effectivement une retenue d'eau.
05:40 Pour réalimenter les nappes par ce fait. C'est un projet multi-usage.
05:45 L'état l'a validé, a donné les autorisations à la préfecture en deux jours.
05:50 C'est un projet qui fait consensus dans le département et dans ce secteur là,
05:55 même avec les associations.
05:58 Encore une fois, on part d'une attaque de FNE,
06:01 de personnes qui ne vivent Occitanie,
06:04 de personnes qui ne vivent pas dans le département,
06:07 qui ne sont pas au fait de ce qu'on vit, qui ne le vivent pas eux-mêmes,
06:10 et qui se permettent de casser tous les projets qui se passent dans ce département.
06:14 Le tribunal administratif de Montpellier, il est objectif, il est neutre.
06:17 Mais parce que le tribunal s'est basé effectivement sur la réglementation,
06:21 ce qui a été dénoncé, c'est la rapidité avec laquelle l'état a débloqué
06:25 le fait qu'on fasse des travaux, des fraîchements sur ce secteur là.
06:29 Donc tout est sujet à des attaques.
06:32 Mais en attendant ce qu'on vit, quand nos habitants n'auront plus,
06:36 et c'est parfois le cas déjà, d'eau potable au robinet,
06:40 on se posera les questions de responsabilité.
06:42 Là on attend la visite du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchut,
06:46 qui va revenir dans les PO d'ici la mi-avril.
06:49 Il pourrait annoncer de nouvelles restrictions, est-ce que ça vous inquiète ?
06:52 Mais nous sommes lucides sur ce qu'on vit.
06:56 C'est pour ça que nous poussons ce cri d'alarme et que l'on dit
07:00 qu'il faut qu'on nous sécurise en eau dans ce département.
07:03 Nous demandons aussi à l'unanimité cette motion.
07:06 Elle n'a pas été qu'une motion, Chambre d'agriculture et agriculteurs
07:10 ont la validé, travaillé en séance et signé, voté par l'ensemble des participants.
07:17 Le président du département était là, les syndicats de bassin,
07:22 le président de l'association des maires, les divers politiques, etc.
07:27 C'est une motion très large, parce que ça dépasse l'agriculture et ce qu'on vit.
07:32 Donc les restrictions, on sait qu'on devra faire face,
07:35 il faut qu'on partage le peu d'eau qu'on a,
07:37 mais il faut qu'on continue à vivre, à avoir une économie,
07:40 sans eau, pas d'agriculture, et toutes les économies et l'eau potable.
07:44 Vous dites par exemple qu'il faudrait faire venir l'eau du Rhône,
07:47 mais ça va coûter extrêmement cher.
07:49 Bien entendu, mais ce sont des investissements.
07:51 À un moment donné, l'État, les collectivités,
07:55 c'est ce qu'on demande et que nous portons tous,
07:57 encore une fois, et pas juste la Chambre d'agriculture,
07:59 ce sujet de l'eau du Rhône,
08:01 au moins que l'étude soit réalisée rapidement.
08:05 Il faut qu'on nous sécurise, ou on abandonne un territoire français,
08:08 et encore une fois, je parle de ses habitants,
08:11 au niveau du territoire,
08:13 où nous serons les prochains migrants.
08:17 Mais des projets d'investissement,
08:19 parce qu'on devra se déplacer,
08:21 les habitants, moi quand on me dit que la vallée de la Glie,
08:24 encore une fois, on entend qu'elle est condamnée
08:27 parce qu'il ne pleura pas et que le barrage ne se remplira pas,
08:30 et que personne ne pense à sécuriser le barrage de Karamanie
08:34 en y amenant de l'eau,
08:36 qu'est-ce qu'on fait ?
08:38 On se déplace. On se déplace plus au sud, ou plus au nord.
08:42 Nous ne serons que préfigurateurs de ce qui se passe l'eau d'Oie,
08:45 et j'inclus nos amis eau d'Oie,
08:47 ils sont dans la même situation concernant leur littoral,
08:49 et ils poussent le même cri d'alerte que nous.
08:52 - Merci beaucoup Fabienne Bonnet,
08:54 je rappelle que vous êtes la présidente de la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales.
08:57 Bonne journée à vous, à bientôt.