Sonia Mabrouk reçoit Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, dans #LeGrandRDV, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos.
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00:00 Bonjour à tous et bienvenue à vous sur Europe 1, C News en partenariat avec le journal Les
00:07 Echos. Bonjour Aurore Berger. Bonjour. Merci d'être là, c'est votre grand rendez-vous
00:11 ce dimanche, ministre des Familles et des Solidarités. De solidarité, il en sera bien
00:15 sûr question dans cette émission avec le peuple marocain, durement éprouvé par ce
00:20 terrible séisme. Nos pensées vont bien sûr vers les familles endeuillées, vers celles
00:24 qui ont tout perdu. Vous nous direz Aurore Berger comment la France se mobilise et puis
00:30 nous parlerons aussi des appels aux dons des associations sous votre ministère. Dans cette
00:35 émission également, nous parlerons bien sûr de vos dossiers, plus spécifiquement
00:38 des défis du gouvernement sur l'inflation, sur l'immigration, sujet sur lequel la majorité
00:43 semble se diviser. Et pour vous interroger, je suis entouré de Nicolas Barré à Les
00:48 Echos. Bonjour à vous Nicolas. Bonjour Sonia. Et de Mathieu Bocote. Bonjour à vous Mathieu.
00:52 Trois jours de deuil national décrété au Maroc, madame le ministre. C'est un terrible
00:56 bilan meurtrier qui ne cesse de se lourdir. Après le tremblement de terre, les images
01:01 sont effroyables. Beaucoup d'initiatives sont annoncées pour aider le peuple marocain.
01:06 La France évidemment propose son aide. Il y a déjà une aide qui est mise sur la table.
01:11 Est-ce que ça va continuer à se décliner pour les prochains jours ? Déjà la France
01:16 elle se tient aux côtés, vous l'avez dit, du peuple marocain qui est extrêmement lourdement
01:20 deillé, qui pourrait l'être plus encore dans les heures qui viennent, au regard du
01:24 nombre de blessés et de personnes qui sont en train d'être secourues. Saluer d'ailleurs
01:29 le travail exceptionnel des secours marocains qui ont immédiatement répondu présents.
01:34 Vous l'avez dit, nos ressortissants qui sont malheureusement décédés, huit Français
01:38 à cette heure qui ont été retrouvés et qui sont blessés et accompagnés. Évidemment
01:43 la France, parce que c'est son rôle aussi à l'international et parce que c'est le
01:47 Maroc et parce que c'est un pays ami, un pays frère, qu'il faut évidemment pouvoir
01:52 être au rendez-vous. Je crois que c'est au Maroc aussi de décider tout simplement
01:56 à partir de quand, quel sera le bon moment, quels sont les bons secours, quel est le bon
02:00 niveau de l'aide que nous devons leur apporter. Ce qui était important c'est que la France
02:03 elle soit immédiatement mobilisée pour savoir, pour recenser, pour définir toute l'aide
02:08 qu'on peut apporter. Et après c'est le Maroc, pays souverain, qui décidera évidemment
02:12 quand et si nous devons intervenir. Vous avez raison de rappeler le mécanisme, il faut
02:15 attendre une sorte de feu vert, évidemment officiel des autorités marocaines pour organiser
02:19 l'aide humanitaire. Le président français Emmanuel Macron s'est dit bouleversé avec
02:23 des mots très forts. Les relations diplomatiques aurores bergées avec le Royaume étaient un
02:27 peu fraîches, eu égard à certains dossiers. Est-ce que tout cela est oublié ? Est-ce
02:33 que cette tragédie va rétablir aussi les relations avec ce pays ami, comme vous l'avez
02:37 dit ? Les relations avec ce pays, vous l'avez dit
02:39 aussi, c'est un pays ami. Elles n'ont jamais été interrompues. On a des relations en permanence
02:44 économiques, diplomatiques, culturelles. On a énormément de ressortissants marocains
02:48 qui sont évidemment en France. Il n'y a plus d'ambassadeurs du Maroc en France quand même
02:53 depuis quelques mois. Les relations ont été bien rafraîchies.
02:56 Je ne dis pas qu'il y a pu y avoir quelques difficultés dans les mois qui se sont écoulées.
03:00 Par contre, encore une fois, là de toute façon, on est dans un moment qui est à la
03:03 fois un moment de recueillement, qui est un moment d'action où la France se tient prête
03:07 évidemment à agir. Et encore une fois, c'est au Maroc de définir et de décider, quels
03:11 que soient les pays d'ailleurs, s'ils souhaitent que nous puissions intervenir. En tout cas,
03:15 nous nous y sommes prêts. Et je crois que les Français, au-delà évidemment de l'aide
03:18 du gouvernement, du président de la République, je crois qu'il aura l'occasion, il fait une
03:21 conférence de presse depuis New Delhi cette matinée, il aura l'occasion, je pense lui-même,
03:26 de pouvoir dire un message très clair au peuple marocain.
03:29 Mais est-ce qu'une tragédie comme celle-là peut être aussi un accélérateur de réconciliation ?
03:33 Je crois qu'il n'y avait pas non plus de rupture. Vous le savez, parce qu'encore une fois, on
03:37 a des relations qui sont extrêmement établies, anciennes et précieuses avec le Maroc en
03:42 tant que pays et avec le peuple marocain. Et je crois que c'est ça qu'il faut évidemment
03:46 réaffirmer. Et quand vous avez un peuple ami, quand vous avez un pays ami qui fait
03:51 face à une tragédie, eh bien votre responsabilité, votre devoir, c'est encore une fois d'être
03:56 évidemment à ses côtés.
03:57 Il y a l'aide de l'État, d'un pays comme la France, Aurore Berger, vous êtes ministre
04:02 des Solidarités et des Familles. Il y a aussi l'aide des associations françaises qui ont
04:06 multiplié les appels aux dons. Il faut espérer aussi s'attendre à une grosse collecte.
04:12 On rappelle toujours qu'il y a évidemment une situation difficile dans différents pays.
04:15 Il y a l'inflation, nous allons parler de la grande pauvreté. Malgré tout, on voit
04:19 qu'il y a un élan de générosité des Français.
04:21 Je crois que les Français sont généreux. Ils sont généreux à la fois dans leur engagement.
04:25 On le voit bien dans toutes nos associations. On aura l'occasion d'y revenir. Ils sont
04:28 prêts à s'engager, à donner de leur temps. Et encore une fois, ça n'est pas n'importe
04:31 quel pays pour la France quand il s'agit du Maroc. Je crois qu'il y a une solidarité
04:35 de fait assez spontanée qui s'organise parce que c'est un voisin direct et c'est un pays
04:40 avec lequel on a un tel niveau de relation, on est tellement imbriqués, nos histoires
04:44 sont tellement liées. Je crois qu'assez spontanément, encore une fois, les Français,
04:48 quels qu'ils soient, ont envie d'être à leur fête.
04:51 Vous appelez vous-même à ces dons aux différentes associations ?
04:55 Je crois que toutes celles et ceux qui souhaitent et qui peuvent contribuer sont les bienvenus
04:59 parce que c'est aussi la démonstration de l'amitié qui nous lie. Ce n'est pas uniquement
05:02 de gouvernement à gouvernement.
05:03 Et le Maroc aussi, plus personnellement, parce que vous l'avez dit, il y a des histoires
05:06 personnelles, imbriquées avec ce pays, avec le Maroc. Il y a évidemment beaucoup de Marocains
05:12 en France. Il y a aussi des Français au Maroc. Est-ce que vous-même, vous avez un lien particulier
05:16 avec ce pays ?
05:17 Moi, je n'ai pas un lien familial particulier, mais je crois que ça fait aussi partie de
05:20 notre ADN, je vais dire français, d'avoir un lien qui est historique et culturel parce
05:26 qu'encore une fois, on est aussi ce brassage-là. Et je crois que c'est important de le savoir.
05:30 Et je crois que dans cet élan de générosité qui s'exprime et de solidarité, à la fois
05:34 ça fait du bien de voir la capacité que notre pays a à réagir et de voir les Français
05:39 être en capacité, malgré des moments qui sont difficiles, y compris pour beaucoup de
05:43 Français, et bien ça donne une image de notre pays qui est, je crois, très digne.
05:46 Nous y reviendrons évidemment tout au cours de l'émission en fonction malheureusement
05:49 de l'évolution et de ce bilan qui s'alourdit.
05:51 Retour en France, Mathieu Bocotex, ce qui s'est passé lors de la Coupe du monde de rugby.
05:56 Alors scène particulière, scène assez frappante, le président de la République huée au moment
06:01 de son discours. Comment comprenez-vous une telle réaction de la part du public dans
06:07 les circonstances ? Voyez-vous le signe d'une rupture plus profonde ? Comment comprenez-vous
06:10 cette scène qui a marqué tous et qui a eu un écho à l'international ?
06:12 Je crois qu'il y a ceux qui veulent en faire un écho retentissant. J'ai vu évidemment
06:17 beaucoup d'opposants politiques relayer cette scène qui malheureusement n'est pas tout
06:21 à fait nouvelle pour un président de la République qui descend dans un stade. Je crois que c'est
06:26 arrivé à deux anciens présidents de la République, que ce soit Nicolas Sarkozy ou
06:29 François Hollande. Ils voyaient bien qu'il y avait des raisons qui étaient extrêmement
06:32 diverses. Donc moi je pense qu'il ne faut pas en tirer d'enseignement politique. Certains
06:36 voulaient le relier ici aux retraites, ici au 49-3. Je crois que ce n'est pas le sujet.
06:39 Ce qui est intéressant aussi c'est que d'ailleurs il a été applaudi à partir du moment où
06:43 il a fini son discours. Donc voyez on peut arriver en étant parfois hué, malmené et
06:48 ressortir en étant applaudi.
06:49 Il a parlé des bleus et de la victoire. Mais vous, vous ne voyez par exemple Alexis
06:52 Corbière de la France Insoumise, auraient avargé, a jugé que c'était beau et que
06:54 la victoire avait été magnifiée par les sifflets ?
06:56 Je trouve que c'est absolument ridicule surtout de dire ça. Je crois que siffler
07:00 un président de la République, quel qu'il soit, et je disais la même chose quand c'était
07:03 François Hollande qui n'avait pas particulièrement mon soutien, je crois que quand vous sifflez
07:06 le président de la République, vous sifflez aussi une institution qui est celle de la
07:10 présidence de la République. D'autant plus dans un moment qui doit être un moment d'abord
07:14 insportif et de rayonnement international. J'ai vu aussi des polémiques que je trouve
07:17 absolument ridicules sur la cérémonie d'ouverture et le spectacle lui-même.
07:21 Et en plus, précisons, on remarque que ce qui nous regarde, il nous écoute, le symbole
07:24 d'une France rance, passéiste.
07:27 On voit surtout le symbole d'une France qui fait envie, je crois, à l'international,
07:32 avec des artistes qui sont connus, avec des grands chefs, avec une danseuse étoile, avec
07:37 celles et ceux qui font le rayonnement aussi de notre pays et qui racontaient aussi, à
07:41 travers l'histoire du rugby, l'histoire de notre pays. Donc bon, si certains ne veulent
07:45 pas assumer cette histoire-là, ça les regarde, mais ça fait partie de ce que nous sommes
07:49 et de notre identité. Et je crois que ça a donné, au contraire, une image extrêmement
07:53 positive de la France.
07:54 Vous avez dit quelque chose de très important. Vous dites que lorsque le président de la
07:57 République est sifflé, ce n'est pas seulement un homme qui est sifflé, c'est une institution.
08:00 De ce point de vue, est-ce qu'on peut dire que beaucoup de Français, je reprends votre
08:03 propre agréable analyse, est-ce que c'est le signe d'une rupture entre beaucoup de Français
08:07 et l'institution de la présidence de la République, la politique, quelle qu'elle soit, quel que
08:11 soit le porteur ?
08:12 Non, mais parce que je pense qu'on ne peut pas tirer un enseignement qui est aussi général.
08:15 Il y a pas un manque de respect par rapport à la figure présidentielle, quelle qu'elle
08:18 soit. Et j'allais dire, quoi qu'on pense finalement de la politique menée des conditions
08:22 de la France ?
08:23 C'est aussi pour ça que ça dépend de la manière avec laquelle vous réagissez. Si
08:25 évidemment vous avez toutes les oppositions qui s'engouffrent dans la brèche en disant
08:29 « voyez, ça vaut presque destitution du président de la République parce qu'il
08:32 y a eu quelques milliers de personnes qui l'ont huée et quelques minutes après qui
08:35 l'ont applaudie », vous voyez bien évidemment ce que ça peut générer de troubles en fait.
08:40 Moi, je crois que c'était d'abord une grande fête populaire. On a eu une fabuleuse
08:44 victoire de la France, que pour la première fois les All Blacks ont été battus dans
08:47 un match de poules. Et donc ça veut dire qu'on peut gagner cette Coupe du Monde. Et
08:50 je crois que c'est surtout ça qu'il faut retenir.
08:51 Mais c'est quoi la racine même de cette animosité pour vous ?
08:54 Est-ce qu'elle est entretenue ? Pardonnez-moi, vous l'avez dit quand même, il crée des
08:57 troubles une partie des opposants. Vous pensez qu'une partie des opposants aujourd'hui
09:01 en France participe à une forme de haine à la fois de la figure présidentielle, quelle
09:05 qu'elle soit, et du pays lui-même ?
09:07 Ah bah oui, de manière assez nette je crois. Et on l'avait vécu à son paroxysme au
09:11 moment des Gilets jaunes. Quand vous avez des phénomènes qui sont des phénomènes
09:14 de violence, on l'a revécu malheureusement dans le cadre des émeutes, et que le rôle
09:19 des responsables politiques n'est plus un rôle d'apaisement, d'appel au calme, de
09:23 réconciliation du pays, mais au contraire, de vouloir que ce pays soit en permanence
09:28 soufflé sur les braises, que ce soit d'un pays animé plus d'instincts un peu animaux
09:32 et violents, oui c'est un problème, c'est une rupture des forces politiques.
09:35 Vous n'y voyez aucune responsabilité. Le fait que la réforme de retraite soit passée
09:39 ainsi, le fait qu'il y ait eu des décisions quand même qui n'ont pas fait consensus,
09:43 vous ne voyez pas une forme de crispation que vous avez vous-même créée ?
09:45 Non, parce que je crois que... Non, on a des responsabilités. Je n'irai jamais
09:49 les responsabilités qui sont les nôtres, qu'on soit parlementaire, membre du gouvernement,
09:54 quand on fait de la politique, on est comptable et on est responsable des décisions que l'on
09:57 prend. Ça c'est une certitude. Après, encore une fois, les décisions que nous avons prises,
10:01 c'est d'abord celle de respecter les engagements qui étaient les nôtres devant les Français,
10:05 même si parfois ce sont des engagements qui sont plus difficiles en effet à assumer
10:09 que d'autres. Justement, on va en parler de ces engagements.
10:11 Certains vous reprochent de ne pas faire suffisamment sur l'inflation et quand on voit les fils
10:16 s'allonger, les fils de la faim, comme on dit, cela fait mal au cœur. Alors, que peut
10:20 faire l'État et est-ce que l'État peut tout faire ? On va en parler au Grand Rendez-vous
10:24 sur CNews. Et Europe 1, à tout de suite.
10:26 Merci de votre fidélité, le Grand Rendez-vous Europe 1, CNews. Les échos évidemment nous
10:34 suivons avec beaucoup d'attention et d'émotion ce qui se passe au Maroc avec ce bilan qui
10:39 s'alourdit, plus de 2000 morts, beaucoup de blessés. Un appel évidemment à la solidarité
10:44 à travers les associations La France qui propose son aide. Emmanuel Macron qui devrait s'exprimer
10:49 comme vous l'avez précisé, Aurore Berger dans la matinée. Nous en reparlerons et à
10:53 chaque fois nous rappelons évidemment toute notre solidarité avec les familles endeuillées,
10:59 celles qui ont tout perdu. Nous parlons également de ce qui se passe en France. Aurore Berger,
11:03 on se félicite pour la plupart de la mobilisation en faveur des Restos du cœur dont celle
11:09 de la famille et Bernard Arnault, on va y revenir. Mais véritablement, est-ce à ces
11:13 associations de s'occuper de la grande pauvreté ? L'État a fait un chèque, mais est-ce
11:17 qu'on ne devrait pas s'indigner en France qu'il y a encore des Restos du cœur aujourd'hui ?
11:21 Ce qui est certain, c'est que je crois que tout le monde est les Restos les premiers
11:24 qui auraient préféré ne plus avoir besoin d'être en France tout simplement, d'exister,
11:29 de devoir accompagner au quotidien tant de familles. Ça c'est une certitude. Après,
11:33 il y a deux sujets. Il y a à la fois l'aide d'urgence que vous devez immédiatement mobiliser
11:38 parce que quand vous avez des gens qui sont dans la grande précarité, il faut d'abord
11:42 évidemment immédiatement les accompagner. 156 millions d'euros ? 156 millions d'euros
11:47 sur l'aide alimentaire, uniquement sur l'aide alimentaire. Et vous divisez par le nombre
11:51 de bénéficiaires, etc. Reconnaissez que ça reste ? Vous ajoutez à cela le soutien
11:56 de l'État parce que quand vous donnez, quand les Français qui sont très généreux donnent,
11:59 vous savez qu'il y a une défiscalisation qui est extrêmement importante. Donc quelque
12:02 part, vous avez aussi ce soutien-là de l'État à chaque don des Français. C'est aussi
12:06 un soutien de l'État qui est apporté par ce biais. Donc il y a un soutien qui est massif,
12:10 qui est historique d'ailleurs de notre pays sur l'aide alimentaire. Elle a plus que doublé
12:15 en trois ans. Mais plus que doublé en trois ans, c'est aussi un problème parce qu'encore
12:19 une fois, au-delà de l'aide d'urgence qu'on doit apporter aux Français, qu'on doit apporter
12:24 aux familles, je pense en particulier aux familles avec enfants, parce que c'est notre
12:27 première préoccupation, c'est que nos enfants aient tous évidemment les mêmes chances
12:31 de réussir, c'est la question plus structurelle du retour à l'emploi. On voit qu'on a en
12:36 fait l'intérêt d'atteindre le plan environnement. Donc il faut impérativement amplifier encore
12:40 cette politique et garantir que le travail paye.
12:44 - Mais combien de taux de bois, madame la ministre ?
12:45 - Ça fait six ans et ça fait six ans qu'on a un taux de chômage qui ne cesse de baisser,
12:49 un taux de chômage qui est historiquement bas depuis 15 ans, un taux de chômage des
12:53 jeunes qui a baissé. Et donc il faut aussi attendre de nos entreprises, parce qu'on ne
12:58 peut pas tout attendre de l'État, vous l'avez dit vous-même. Et donc il y a l'État qui
13:02 accompagne par des politiques publiques, qui fait que les grandes entreprises ont envie
13:05 aujourd'hui de revenir dans notre pays, investissent dans notre pays, créent de l'emploi dans
13:09 notre pays. Il y a l'État qui aide de manière urgente quand c'est nécessaire, mais il y
13:13 a aussi la responsabilité des entreprises sur les rémunérations de leurs salariés.
13:17 Quand on organise une conférence sociale, c'est aussi ça, c'est faire que les bas
13:21 salaires évidemment soient très vite revalorisés.
13:24 - Un point juste sur les Restos du Coeur, parce que vous avez dit que vous apportiez 15 millions
13:28 d'euros au Restos du Coeur, vous n'avez rien dit pour l'année prochaine. Est-ce que vous
13:31 pouvez nous dire ce matin si cette somme sera maintenue, voire augmentée, pour 2024 ?
13:36 - Volontairement, que ce soit pour les Restos du Coeur ou pour les grandes associations,
13:39 et d'ailleurs même les plus petites au niveau local. L'idée, ce n'est pas juste une aide
13:42 ponctuelle, c'est un minima sur les trois prochaines années.
13:45 - Le même niveau ?
13:47 - Oui, quand elles font des investissements, il faut évidemment qu'elles puissent anticiper.
13:51 On ne va pas déstabiliser non plus des associations en leur disant "écoutez, cette année, vous
13:55 avez une aide exceptionnelle de 10, de 12, de 15 millions, et puis l'année prochaine,
13:59 on verra bien". Si on a le même besoin l'an prochain, alors évidemment on maintiendra
14:04 notre action.
14:05 - Malheureusement, c'est presque sûr qu'il y aura le même besoin vu la situation, donc
14:08 pouvez-vous nous dire que…
14:09 - On voit quand même qu'on a une inflation, et c'est constaté d'ailleurs par les médias
14:12 eux-mêmes qui font, vous l'avez vu, des paniers pour vérifier concrètement quel
14:15 est le coût moyen d'achat dans nos supermarchés. Donc vous voyez bien qu'on a quand même
14:19 une inflation qui se réduit progressivement, mais ce sera toujours trop pour beaucoup de
14:24 Français, j'en ai conscience.
14:25 - C'est le ralentissement de l'augmentation, voyez-vous.
14:27 - Oui, mais c'est quand même un point qui est important.
14:29 - Vous ne le voyez pas tout de suite sauter sur le ticket de caisse.
14:32 - Oui, mais ça veut dire aussi que progressivement, on a des prix qui reviennent. Alors ils ne
14:37 reviennent pas exactement comme il y a 5 ans ou il y a 10 ans, il faut être lucide et
14:40 être honnête.
14:41 - Ils ne reviendront pas, certains disent.
14:42 - Et sans doute qu'ils ne reviendront pas. Mais le sujet, ce n'est pas que l'inflation
14:45 en elle-même est un problème, elle ne serait pas un problème si les salaires augmentaient
14:49 au même niveau. Et notre enjeu, il est là, c'est l'augmentation des salaires parce
14:52 qu'on ne peut pas se satisfaire d'avoir des gens qui, dans notre pays, travaillent,
14:56 d'avoir des couples qui travaillent, mais qui, à la fin du mois, ont des arbitrages
15:00 à faire.
15:01 - Mais vous demandez quoi ? Vous demandez que les salaires soient indexés sur les prix,
15:04 c'est le cas pour le SMIC, mais évidemment pas pour le...
15:06 - Je demande en tout cas qu'on a aujourd'hui, moi je le vois bien en tant que ministre des
15:09 Familles et des Solidarités, quand on regarde les métiers qui sont les métiers de première
15:13 ligne, vous savez, les métiers qu'on applaudissait pendant le Covid. Ces métiers-là, qui sont
15:16 d'ailleurs très massivement exercés par des femmes, sont à des niveaux de rémunération
15:20 qui ne sont pas suffisants. Je vous donne un exemple, la question des femmes de ménage.
15:23 Quasiment que des femmes, d'ailleurs on le dit même aux féminins, on dit rarement
15:26 "homme de ménage". Bien aujourd'hui, on demande à ces femmes de se lever souvent
15:30 à 4h30 du matin pour venir dans nos bureaux les nettoyer à 6h du matin. Comment vous
15:35 voulez que dans le même temps, elles puissent prendre soin de leurs enfants, qu'elles puissent
15:38 prendre soin de leur famille ?
15:39 - Vous êtes d'accord, nous les voyons dans les couloirs de ce musée Robins tous les
15:43 matins.
15:44 - Eh bien ça, c'est nos entreprises qui peuvent changer la donne.
15:45 - Mais madame, vous n'êtes pas écoutée, là, où vous êtes, dans l'incantation.
15:46 - Non, non, non, on peut justement dire aux entreprises... Non, c'est pas de l'incantation.
15:48 On peut aussi dire très clairement aux entreprises qui bénéficient aussi du soutien de l'Etat,
15:52 qui bénéficient du fait qu'ils sont dans un pays qui les accompagne et qui leur permet
15:56 d'investir, qu'elles peuvent aussi très concrètement changer la donne. Par exemple, en créant
16:00 des journées continues, par exemple, en n'imposant pas à des salariés, qui sont des salariés
16:04 dans des métiers pénibles, de commencer à 6h du matin, mais leur permettre de déposer
16:07 leurs enfants à l'école le matin et ensuite de venir travailler comme vous et moi autour
16:10 de ce plateau. Ça aussi, ça change concrètement la vie des gens et c'est un engagement que
16:14 les entreprises peuvent prendre et c'est un engagement que l'Etat, d'abord, doit s'assigner
16:18 à lui-même.
16:19 - Alors, au cœur de cette controverse, vous l'avez probablement vue, il y a eu la controverse
16:21 aussi sur le don de la famille de Bernard Arnault. Une partie de la gauche, notamment,
16:25 s'est opposée, en fait, a dit que c'est scandaleux, derrière ce don, il y a une injustice, nous
16:29 le disait. Comment avez-vous réagi devant cette critique de la famille Arnault et d'un
16:33 acte qui était généralement vu comme un acte de générosité?
16:35 - Déjà, je le sais, c'est un acte de générosité. Il n'a pas été vu comme un acte de générosité.
16:39 C'est un acte de générosité.
16:41 - Alors, comment réagissez-vous au propos d'une partie de la gauche qui a voulu y voir
16:45 autre chose?
16:46 - Ils n'ont pas voulu y voir autre chose. Ils essaient d'instrumentaliser un acte de
16:49 générosité d'une famille qui, objectivement, n'a pas besoin d'un coût de publicité pour
16:54 mieux exister demain et être plus rentable demain, pour se dire très clairement les
16:58 choses. Je crois qu'il n'y a quand même que dans notre pays où, quand vous avez des
17:01 grandes entreprises ou des grandes familles qui font des chèques de 10 millions d'euros,
17:04 au lieu juste de dire merci, on en vient à les engueuler et à se plaindre pour qu'on
17:09 ait des gens qui soient généreux. C'est quand même un problème.
17:11 - Il n'y a pas que ça, Mme Berger. On peut quand même s'interroger tout en soulignant
17:14 qu'il y a eu un acte de générosité sur la contribution de certains, des plus riches.
17:19 Est-ce qu'il y a un débat qui est légitime quand même, pour vous, sur un partage de
17:23 la richesse dans notre pays ou alors circuler, il n'y a rien à voir?
17:25 - Ce n'est pas qu'il n'y a rien à voir, mais en l'espèce, la famille dont on parle, la
17:29 famille de Bernard Arnault, est le groupe LVMH. Le groupe LVMH est le premier contributeur
17:34 aujourd'hui à l'impôt sur les sociétés dans notre pays. Donc la question, ce n'est
17:37 pas de faire fuir les riches, la question, c'est de lutter contre la pauvreté. La question,
17:41 c'est de faire en sorte qu'il y ait de la création de richesses dans notre pays pour
17:43 garantir justement qu'on ait le modèle social qui est le modèle social au monde le plus
17:49 redistributif. C'est-à-dire que si on n'avait pas le niveau d'imposition qui est le nôtre,
17:53 si on n'avait pas le modèle social qui est le nôtre avec l'accompagnement que nous avons
17:56 des familles, je pense aux allocations familiales, aux compléments de mode de garde qui concernent
18:00 notamment les classes moyennes et qui a été revalorisé massivement, eh bien, on aurait
18:04 des écarts qui seraient beaucoup plus importants.
18:07 - Mais sur le plan politique, il y a une dimension, c'est-à-dire, on parle du rôle de l'État,
18:10 mais est-ce que dans la politique d'aide aux plus pauvres, est-ce que les grandes familles,
18:14 les grandes entreprises ont un rôle structurel où il s'agit simplement d'une aide ponctuelle
18:17 pour vous ?
18:18 - Le rôle structurel, c'est la contribution massive.
18:19 - Mais au-delà de l'impôt, au-delà de l'impôt.
18:20 - Oui, mais le premier rôle structurel de nos grandes entreprises, c'est d'abord l'impôt
18:25 parce que l'impôt, c'est cette vocation justement redistributive, c'est la vocation de faire
18:29 en sorte que les inégalités se réduisent.
18:31 - Mais au-delà de la question de l'impôt.
18:32 - Au-delà de l'impôt, après, ce n'est pas à moi de dire voilà le bon montant pour
18:36 telle entreprise, moi j'ai lancé un appel après celui du président des Restos du Coeur
18:40 qui était de dire en vérité, ce n'est pas juste aux Français individuellement d'être
18:43 généreux, ce n'est pas juste à l'État d'être mobilisés, c'est ensemble qu'on
18:46 doit réaliser un effort collectif.
18:48 Et donc c'est aussi des grandes réussites françaises, des grandes entreprises françaises
18:52 qui doivent pouvoir y contribuer.
18:54 Et un certain nombre d'entreprises, que ce soit la famille de Bernard Arnault, que ce
18:59 soit Total Energy.
19:00 - Est-ce que d'autres le font sans communication ?
19:02 - Oui, d'autres le font sans communication.
19:03 - Donc sans que vous n'ayez besoin de les accompagner ? Il y a aussi cela, il y a certains
19:09 qui le font.
19:10 - Oui mais ça crée aussi un effet d'entraînement, c'est-à-dire voir qu'il y a une grande
19:12 famille qui est très identifiée dans notre pays et qui appartient aussi au patrimoine
19:16 de notre pays, eh bien je crois que c'était important qu'ils puissent être présents
19:20 et ils le font régulièrement pour d'autres causes, mais là je crois que c'est une cause
19:23 qui avait tellement suscité aussi d'émotions légitimes de la part des Français de se
19:27 dire est-ce que les Restos du Coeur pourraient demain ne plus avoir les moyens d'accompagner
19:32 les familles ? Eh bien je crois que c'était aussi une de leurs missions que de pouvoir
19:37 être à nos côtés.
19:38 - La question est celle de l'inflation, nous sommes dans un contexte inflationniste et
19:41 l'opposition plus largement aurait remarqué, et là je veux dire à gauche, droite, confondue,
19:45 vous vous accusez de ne rien faire ou de ne pas s'effaire sur l'inflation.
19:48 Alors vous réunissez, et là je parle de BRC, distributeurs et industriels, mais à
19:53 la fin pour quels résultats ? Ici même sur ce plateau lors de la grande interview, Michel-Édouard
19:57 Leclerc a même dit que l'inflation vous a rangé quelque part avec les rentrées de
20:00 la TVA et que les ministres bon emballant s'arrangeaient, s'adaptaient à une inflation
20:05 aujourd'hui.
20:06 - Ce n'est pas le cas, déjà il y a ce que l'État a fait, typiquement quand vous
20:09 mettez en place le bouclier tarifaire, ça veut dire que vous mobilisez 46 milliards
20:13 d'euros.
20:14 - Oui mais quoi qu'il en coûte, c'est terminé.
20:15 - Non mais 46 milliards d'euros, non mais est-ce qu'on mesure, on ne peut pas nous
20:17 donner en permanence de l'injonction contradictoire, Sonia Mahmoud.
20:19 - En avant des grands chiffres, mais à la fin en monétisant.
20:21 - Il ne faut pas nous dire d'un côté, il faut arrêter le quoi qu'il en coûte parce
20:23 que ça coûte trop cher à nos finances publiques et dans le même temps nous poser la question
20:26 en disant, mais vous n'en faites pas assez.
20:28 Donc à un moment, on fait des choix et les choix c'est d'accompagner les plus fragiles
20:32 et les plus vulnérables, y compris d'ailleurs nos entreprises, y compris nos associations.
20:35 Mais à la fin, il faut quand même rappeler la vérité et la réalité de ces chiffres
20:39 parce que 46 milliards d'euros qui ont été mobilisés pour soutenir la facture énergétique
20:43 des Français et on continue à le faire.
20:45 - Ce qui n'empêche pas la droite, par exemple Xavier Bertrand, de demander encore plus avec
20:49 la prime sur le carburant.
20:50 - Oui, mais les gens qui demandent encore plus sont les premiers qui nous reprochent
20:52 une hausse de la dépense publique.
20:54 - J'allais dire, au point où les déficits sont en train de filer, un geste est un score
21:00 possible.
21:01 - Mais c'est notre responsabilité, un, de garantir le modèle social qui est le nôtre
21:04 et encore une fois, nous le faisons, nous le faisons parce que quand on revalorise encore
21:08 une fois les prestations familiales, ça, ça veut dire qu'on soutient aussi toutes
21:12 les familles, je pense notamment aux classes moyennes, quand vous augmentez les allocations
21:15 familiales, quand vous augmentez le complément de mode de garde, ça veut dire que vous aidez
21:18 aussi ceux qui bossent et qui parfois s'interrogent sur concrètement...
21:21 - Oui, mais ça augmente moins vite que l'inflation, c'est comme l'aide sur les fournitures, ça
21:23 augmente moins vite.
21:24 - J'ai fait l'exercice moi-même.
21:27 - J'imagine.
21:28 - Voilà, j'ai deux belles villes, donc comme des millions de Français, j'ai fait l'exercice
21:31 moi-même.
21:32 En moyenne, c'est 400 euros par an que les familles ont en France pour l'allocation
21:38 de rentrée scolaire.
21:39 Il y a d'ailleurs régulièrement plutôt une polémique sur est-ce qu'on n'en fait
21:42 pas trop sur l'allocation de rentrée scolaire.
21:44 En vérité, ça vous permet, même avec la hausse de l'inflation, parce que nous l'avons
21:48 revalorisé, de garantir que vous puissiez acheter toutes les fournitures scolaires pour
21:52 vos enfants.
21:53 - Toutes ?
21:54 - Toutes.
21:55 - Toutes celles qui sont inscrites en noir et blanc ?
21:56 - Oui, je peux vous dire, j'ai fait l'exercice moi-même et on a fait des paniers test.
21:58 - Sans choix, sans arbitrage ?
21:59 - On a fait volontairement avec des premiers prix, avec des marques de distributeurs et
22:03 avec des grandes marques.
22:04 Les trois mélangées parce qu'en général, les familles font un peu ça, elles font plaisir
22:08 et puis en même temps, elles font aussi des arbitrages.
22:10 Donc on a fait le même exercice.
22:11 On a fait pour l'entrée en sixième, on l'a fait pour l'entrée en seconde et il reste
22:15 justement, et c'est l'objectif aussi de cette allocation de rentrée scolaire, c'est que
22:18 tout ne soit pas distribué pour les fournitures, tout utilisé pour les fournitures, des moyens
22:23 pour acheter des vêtements pour votre enfant, pour payer la cantine de vos enfants.
22:25 - On va continuer à en parler, vous parlez d'enfants et des plus petits, on va parler
22:29 de ce scandale dans les crèches avec vos annonces.
22:31 Vous nous direz aussi si vous allez rencontrer ces grands groupes incriminés, en tous les
22:36 cas, pointés du doigt, puis nous parlerons évidemment des sujets qui fâchent, si je
22:40 puis dire, celui-ci en est un évidemment, mais qui divise la majorité comme l'immigration.
22:44 A tout de suite.
22:45 Le grand rendez-vous en direct, bien sûr, sur Europe 1 et C News avec notre partenaire,
22:54 le journal Les Échos.
22:55 On rappelle qu'on suit en fil rouge la situation dramatique au Maroc avec ce bilan qui ne cesse
22:59 de s'alourdir.
23:00 Plus de 2000 morts, nous en parlerons évidemment dans notre émission et puis tout au long
23:05 de nos éditions.
23:06 Avec vous, Aurore Berger, qui est notre invité ministre des Familles et des Solidarités.
23:10 Nous avons parlé de ce sujet, nous avons parlé d'inflation, de la grande pauvreté.
23:14 Avant de parler des crèches, encore un mot, il m'est venu à l'esprit.
23:17 C'est vrai qu'Emmanuel Macron avait dit, avait tenu cette promesse qu'il n'y aurait
23:20 plus un SDF, un pauvre dans la rue.
23:23 Il avait dit qu'on pouvait éradiquer la grande pauvreté dans notre pays.
23:27 A vous écouter, on voit qu'on est loin, vraiment très loin de cette promesse aujourd'hui.
23:31 On a heureusement des choses qui vont mieux.
23:33 Parce qu'on noircit aussi le tableau.
23:35 Parfois, on ne voit que ce qui est difficile.
23:37 Et quand on est soi-même dans une situation difficile, c'est normal qu'on ne voit pas
23:40 autre chose.
23:41 Mais on a du retour à l'emploi de manière massive.
23:43 Et ça, je crois que c'est le plus important.
23:45 Parce que sortir de la pauvreté, c'est d'abord être en capacité de retourner à l'emploi,
23:50 d'avoir un emploi durable et encore une fois, un emploi qui paye.
23:53 Et puis, il y a tout l'enjeu de ceux qui en sont très éloignés.
23:55 Parfois, la première étape, c'est très difficile déjà, ne serait-ce que de se présenter
23:59 à un entretien d'embauche.
24:00 Donc, c'est comment on fait pour accompagner celles et ceux qui sont les plus éloignés,
24:04 évidemment, de l'emploi.
24:05 Mais là-dessus, je crois vraiment que s'il y a le plus solide des bilans de notre part
24:09 en six ans, il est là.
24:10 Il est sur la baisse du taux de chômage de manière structurelle.
24:13 Mais vous parlez de la grande pauvreté et c'est une chose, mais il y a l'autre dimension.
24:16 On pourrait parler de l'appauvrissement réel des classes moyennes.
24:20 Est-ce qu'on peut considérer qu'à court...
24:21 Les classes moyennes inférieures, comme on dit en sociologie quelquefois.
24:24 Est-ce qu'à court et moyen terme, cet appauvrissement est inévitable à cause de l'inflation, à
24:28 cause de la situation globale?
24:29 Donc, est-ce qu'on peut véritablement espérer autre chose que de ralentir l'appauvrissement
24:33 dans les prochains temps?
24:34 Surtout, il ne faut pas qu'il y ait un appauvrissement.
24:36 Vous ne croyez pas qu'à vous entendre, il n'est pas inévitable dans les prochains temps?
24:39 Il est évitable.
24:40 Il est évitable.
24:41 Et moi, j'entends bien aussi parfois le cri d'alarme de classes moyennes, de gens qui
24:46 bossent tout simplement et qui se disent à la fin, j'en ai pas assez pour mon argent.
24:50 Et finalement, on aide d'autres plus qu'on ne m'aide moi.
24:53 Il faut que l'État fasse les deux.
24:54 Il faut aider ceux qui sont dans la grande précarité.
24:56 On entend la ministre de la Témoignage qui parle à la France populaire.
24:58 Le ministre de l'Éducation dit la France populaire.
25:00 On met la France populaire en avant dans tous les discours.
25:03 On parle à tous les Français quand on est membre du gouvernement, quand on est parlementaire,
25:07 évidemment le président de la République, on parle à tous les Français.
25:09 Et donc, on parle à ceux qui sont encore une fois les plus en situation de précarité.
25:13 Je crois que les Français eux-mêmes n'accepteraient pas qu'on laisse tomber des gens qui sont
25:17 dans des situations de vulnérabilité extrême.
25:19 Mais on doit parler évidemment aux classes moyennes.
25:21 Et leur parler, c'est les aider, c'est les accompagner.
25:24 Ce n'est pas leur donner le sentiment qu'on fait toujours plus pour les autres et toujours
25:27 moins pour elles.
25:28 Ce n'est clairement pas le cas.
25:29 Et j'y suis extrêmement attentive.
25:31 Vous avez vu que mon ministère a été renommé ministère des Solidarités et des Familles.
25:34 Ce mot de famille, j'y suis extrêmement attachée.
25:36 Et je crois que c'est un signal aussi qui leur est envoyé.
25:38 Les familles, les enfants, après le livre-choc sur les actes de maltraitance, de mauvais
25:43 traitements sur des enfants dans des crèches privées, vous avez souligné, Rorabergé,
25:48 la nécessité de contrôle et aussi le problème important du manque de personnel.
25:53 Vous avez appelé d'ailleurs à la revalorisation de ce personnel.
25:56 On va en parler, mais on a envie de vous demander.
25:58 À la fois sur l'inflation, sur ce sujet, vous appelez, vous demandez à ce que ça
26:02 change.
26:03 Mais là encore, est-ce que ce n'est pas de l'incantation ?
26:05 Non, parce qu'il y a des choses qui bougent de manière très claire.
26:08 Je crois qu'on sort aussi d'une période où les tout petits enfants n'étaient pas
26:12 totalement un objet du débat public.
26:14 Les 0-3 ans, on s'intéressait assez peu à ce qui se passait dans leur vie, à leur
26:19 construction, à leur construction affective.
26:21 Il y a eu des rapports.
26:22 Oui, il a fallu attendre.
26:23 Il est d'ailleurs très fourni.
26:24 Il a fallu attendre la question des mille premiers jours pour qu'enfin on réalise
26:27 qu'un enfant, il n'essaie pas avec un cartable sur le dos et qu'avant d'entrer
26:30 à l'école maternelle, il se passait bien d'autres choses.
26:32 Ce qu'il faut, c'est maintenant assumer de regarder les yeux dans les yeux ce qui
26:36 se passe, ce qui se passe notamment dans ces établissements et dans ces crèches.
26:41 Qu'est-ce qu'on a fait ? Il y a d'abord eu une charte d'accueil qui a été mise
26:44 en place.
26:45 Ça, c'est la première étape.
26:47 C'est comme se dire concrètement, c'est exactement la question que j'ai posée,
26:50 en disant, il se passe quoi quand la charte n'est pas respectée ? J'ai posé la même
26:53 question que la vôtre.
26:54 Donc maintenant, il faut qu'on passe à cette étape-là et pas dans six mois, dans
26:57 un an, mais tout de suite.
26:58 C'est la question des contrôles dans ces établissements.
27:01 Et là, il y a deux types de contrôles.
27:02 Il y a les contrôles dans les établissements eux-mêmes, ce sont les départements qui
27:07 ont la main sur ces contrôles via les PMI, Protection Maternelle et Infantile.
27:11 Moi, je pense qu'il ne faut pas qu'on se renvoie la balle en disant, ça c'est l'État,
27:14 ça c'est les départements.
27:15 On s'en fiche.
27:16 Ce qui compte, c'est qu'on contrôle ces établissements et donc qu'on aide les départements
27:20 à avoir des systèmes d'alerte qui soient bien plus efficaces.
27:22 Je vais réunir dans les prochains jours tous nos préfets, préfets qui agissent dans
27:25 les départements, en leur demandant de croiser toutes les données qui sont à la disposition
27:29 justement des départements et de l'État.
27:31 Parce que quand vous croisez les données de l'inspection du travail, de la sécurité
27:36 sanitaire, alimentaire, des PMI, vous identifiez quand même assez vite s'il y a des établissements
27:41 à risque.
27:42 De manière à ce qu'on aille faire des contrôles très ciblés, très rapides dans ces établissements.
27:46 Et si certains ne respectent pas la sécurité qui est nécessaire pour nos enfants, alors
27:50 il faudra les fermer.
27:52 Il faudra l'assumer vis-à-vis des parents.
27:54 Un non-respect, une fermeture.
27:56 Ce n'est pas la solution de garde coûte que coûte.
27:57 Parce que coûte que coûte, à un moment, ça peut mettre nos enfants en danger.
28:01 Donc c'est une solution de garde qui garantisse leur sécurité et la qualité de leur accueil.
28:05 Or, Bergé, quand même, on ne découvre pas le problème.
28:08 Pour reprendre ce que disait Sonia sur l'incantation, vous aviez eu un rapport de l'inspection
28:12 des affaires sociales en avril qui déjà pointait de façon extraordinairement sévère
28:17 tous ces problèmes dans les crèches.
28:19 Donc ça ne date pas d'aujourd'hui.
28:21 Moi, je suis aujourd'hui ministre de la Solidarité et des Familles.
28:24 Moi, je vous dis ce que je fais tout de suite.
28:26 Ce que je fais, c'est ça.
28:27 C'est réunir les préfets et garantir qu'on croise toutes les données pour immédiatement,
28:32 on va le voir, immédiatement, pas dans plusieurs mois, mais dans les jours et les semaines
28:35 qui viennent faire des contrôles.
28:36 Est-ce que vous réunissez, vous convoquez, pour employer un autre mot, je l'ai dit,
28:39 les principaux visés, pour ne pas dire responsables, c'est-à-dire les grands groupes, quatre
28:44 grands groupes qui sont incriminés ?
28:45 Dès la semaine prochaine.
28:46 Dès la semaine prochaine, ces quatre grands groupes seront convoqués dans mon bureau
28:49 parce que je veux comprendre concrètement ce qui s'est passé.
28:52 Et j'irai même plus loin, on va changer la loi pour le garantir.
28:56 Aujourd'hui, on n'avait pas dans la loi la possibilité d'aller au siège de ces grandes
29:00 entreprises, de ces grands groupes, pour savoir ce qui se passait.
29:03 En gros, ouvrez vos livres de compte à l'Inspection générale des Finances, à l'Inspection
29:07 générale des Affaires sociales, parce que je n'ai pas envie qu'on continue en effet
29:10 à avoir des parents qui nous alertent, à avoir des rapports qui nous alertent, en disant
29:14 "on a un certain nombre d'enfants, mais ils ont commandé moins de couches que le nombre
29:18 d'enfants, ils ont commandé moins de petits pots que le nombre d'enfants".
29:20 Vous réunissez combien de grands groupes ?
29:22 Il y a quatre grands groupes.
29:23 Quatre grands groupes dans votre bureau ?
29:24 Je le disais.
29:25 Donc il y a quand même une forme de convocation, de défiance aussi.
29:28 Oui, parce que moi je veux comprendre ce qui se passe et je veux surtout avoir leurs engagements.
29:32 Mais vous parlez de ces grands groupes, mais est-ce que vous êtes sûre que dans les crèches
29:34 publiques, ce n'est pas un peu le même problème ?
29:36 Le rapport de l'IGAS, il a malheureusement dit, donc le rapport qui avait été diligenté
29:40 par l'État il y a quelques mois, que malheureusement il y a des faits de maltraitance qui peuvent
29:44 être aussi des actes individuels.
29:46 Ce n'est pas le modèle économique qui crée la maltraitance.
29:49 Pourquoi cibler uniquement les grands groupes ? Il faut regarder partout.
29:52 Par contre, évidemment qu'il faut regarder partout.
29:53 Et les contrôles dont j'ai parlé, ce sera partout, quel que soit le modèle économique
29:58 des différentes crèches qui peuvent exister.
30:00 On a aujourd'hui 20% des crèches qui sont des crèches privées, 80% qui sont sur un
30:05 autre modèle, qu'ils soient publics ou associatifs.
30:07 Mais on a une augmentation massive du nombre de crèches qui sont des crèches privées.
30:12 Donc il faut quand même bien comprendre quel est leur modèle économique, de manière
30:15 à garantir que leur modèle économique, leur croissance économique, leurs bénéfices
30:20 ne se fassent pas encore une fois au détriment de nos enfants qui sont des tout-petits, qui
30:25 sont vulnérables, qui ne peuvent pas s'exprimer quand ils rentrent chez eux.
30:28 C'est un miroir inversé en rapport avec ce qui s'est passé dans les EHPAD.
30:30 Malheureusement, on a l'impression que la prise en compte de la vulnérabilité, qu'elle
30:34 soit pour la personne âgée ou pour le petit enfant, se fait sur le dos des plus vulnérables.
30:41 C'est le risque.
30:42 Quand vous êtes sur des publics qui sont aussi vulnérables et qui ne peuvent pas verbaliser,
30:48 un enfant qui, il y a quelques mois, pour des raisons évidentes, ne peut pas rentrer
30:52 chez lui le soir avec ses parents et dire ce qui s'est passé.
30:55 Donc c'est aussi pour ça que moi, je veux renforcer le rôle des parents dans les crèches.
30:59 Quand vous êtes à l'école, vous avez des fédérations de parents d'élèves, vous
31:02 avez un conseil d'école où siègent les parents.
31:04 Ça n'existe pas dans les crèches.
31:06 Je veux qu'on le mette en place.
31:07 Je veux qu'on ait des parents qui soient référents.
31:09 Je veux qu'on ait des parents qui siègent dans ces entreprises, qui siègent dans le
31:13 comité de filière qu'on a installé au ministère.
31:16 Je veux que les parents sachent concrètement ce qui se passe.
31:18 Au-delà du seul lien qu'ils ont avec le professionnel de la petite enfance, le matin
31:22 en le déposant, le soir en venant chercher son enfant, il faut accepter, renforcer les
31:27 droits des parents.
31:28 Parce que renforcer les droits des parents, c'est renforcer les droits de nos enfants.
31:31 Ils ne sont pas en situation de pouvoir.
31:33 Mais vous allez assez loin.
31:34 Si je comprends bien votre raisonnement, peut-être l'ai-je mal compris, c'est que
31:37 pour les EHPAD, finalement, il y avait quelques fois, c'était le sentiment au moment de
31:40 la Covid notamment, un abandon dans l'extrême âge, très âgés.
31:45 Les individus sont abandonnés, les familles ne s'en détachent pas, mais à une forme
31:49 d'abandon.
31:50 Et les plus jeunes, la famille ne s'en occuperait pas suffisamment dans les crèches.
31:53 Non, ce n'est pas ce que je dis du tout.
31:54 Moi, mon sujet, il n'est pas de culpabiliser les parents.
31:56 Moi, je suis comme des milliers de parents.
31:58 Je dépose ma petite fille le matin à la crèche et je viens la chercher.
32:01 Et souvent, les parents, en fait, ils font ce qu'ils peuvent.
32:03 Mais ils devraient s'engager davantage.
32:04 Avec des situations professionnelles, personnelles.
32:06 Et en vérité, ils trouvent aussi la situation de garde qui est la plus simple pour eux.
32:10 Et parfois, ils n'ont pas le choix.
32:12 Ils ne se disent pas, je vais mettre mon enfant dans telle crèche parce que tel modèle économique
32:15 me plaît.
32:16 Ils prennent la crèche qui existe, où il y a une place disponible.
32:19 Par contre, je veux qu'on renforce leurs droits justement aux parents.
32:21 Parce qu'aujourd'hui, quand vous êtes un parent qui met son enfant à la crèche,
32:25 vous n'avez pas un droit à être informé sur ce qui se passe.
32:28 Vous n'avez pas le droit de comprendre concrètement ce qui est mis en place comme pédagogie pour
32:32 votre enfant.
32:33 Et je pense que renforcer les droits des parents dans ces établissements, c'est encore une
32:37 fois dans ces droits des parents.
32:38 Comme on le fait sur des fédérations de parents d'élèves à partir de l'école maternelle.
32:42 Renforcer, on a compris, les droits des parents.
32:44 Convoquer, convocation pour la semaine prochaine.
32:47 Oui, la semaine prochaine.
32:48 Des quatre grands groupes incriminés et réunion avec les préfets et les départements également
32:52 sur ce sujet extrêmement sensible évidemment qui nous concerne tous.
32:56 On marque une pause.
32:57 Aurore Berger, on va revenir sur des sujets aussi sensibles.
32:59 C'est l'immigration et semble-t-il des fractures au sein de la majorité.
33:03 A tout de suite.
33:04 Merci d'être avec nous.
33:09 Dernière partie du grand rendez-vous avec notre invité Aurore Berger, ministre des
33:13 solidarités et des familles sur la question sensible des métiers et des soutentions dans
33:18 le projet de loi d'immigration.
33:19 Aurore Berger, la majorité semble se diviser.
33:21 L'aile gauche de votre majorité, notamment avec Sacha Houllier, se rapproche de la NUPES
33:26 pour s'assurer que cette mesure figure bien dans le texte qui sera proposé.
33:30 Et pour la droite, c'est une ligne rouge.
33:32 Si ça venait à être abandonné, il n'y aurait pas l'espoir d'un consensus.
33:36 Alors la question c'est, vers qui vous allez pencher ?
33:39 Déjà le texte va continuer sa vie parlementaire au Sénat.
33:43 Il est inscrit, il est à l'ordre du jour donc il va pouvoir être débattu au Sénat.
33:48 Pour l'instant, pour que les gens y voient un peu clair, il a été adopté en commission
33:53 au Sénat.
33:54 Ils n'ont pas retiré cette disposition sur les métiers en tension.
33:57 Vous voyez bien que même au Sénat, où la majorité de droite est quand même assez
34:01 claire et la majorité présidentielle un peu moins représentée, il n'y a pas non
34:06 plus de consensus.
34:07 La question c'est de quoi on parle ? Moi je reste persuadée que quand vous interrogez
34:11 les Français sur ces questions-là, de manière évidente, pour dans un souci d'efficacité,
34:16 ils voient bien que sur des métiers en tension, on a besoin d'accepter une part d'immigration.
34:20 Quand vous les interrogez, à travers quel… je n'ai pas vu qu'il y avait eu un référendum,
34:24 alors ça m'a échappé.
34:25 Non, il n'y a pas eu de référendum, mais régulièrement on nous interroge sur des
34:27 sondages en nous disant qu'ils ont une forme de valeur.
34:30 De toute façon, il y a une question aussi de réalisme, de pragmatisme et d'efficacité.
34:35 On a aujourd'hui un certain nombre de secteurs en tension, je peux vous le dire, dans les
34:39 secteurs qui sont les biens au sein de mon ministère, où sans main d'œuvre étrangère,
34:43 il faut être honnête avec les Français, il y a des secteurs qui ne tiennent pas, que
34:47 ce soit sur les questions de santé, de santé publique, on parlait des EHPAD par exemple,
34:52 d'accompagnement des personnes âgées, alors la question, elle est celle-ci.
34:55 Donc quand la droite s'y oppose, vous dites qu'elle n'est pas réaliste sur le plan
34:57 économique la droite ?
34:58 Je dis qu'elle ne nous dit pas toujours la même chose à mot feutré entre nous, je
35:03 dis que les chefs d'entreprise eux-mêmes souvent, les présidents de grandes fédérations
35:07 professionnelles demandent plutôt cette mesure.
35:10 Donc encore une fois, est-ce que c'est juste une question de posture ? Et la posture est
35:14 par principe, quel que soit le type d'immigration, il en faut moins, ou est-ce qu'on peut être
35:19 un peu plus honnête et se dire qu'en fonction du type d'immigration, il y a des immigrations
35:24 qu'il faut réduire drastiquement, et il y a des immigrations de travail…
35:27 Ce que vous appelez honnêteté est appelé appel d'air par la droite.
35:30 Mais l'appel d'air, il n'est pas de dire que des personnes qui sont déjà en France,
35:34 déjà en France, qui travaillent auprès des personnes âgées, qui travaillent à
35:38 l'hôpital par exemple, puissent être régularisées.
35:40 Je ne crois pas que ça pose un problème fondamental de valeur.
35:43 La question, c'est comment on fait surtout pour que ceux qui aujourd'hui sont frappés
35:47 d'une OQTF, donc d'une obligation de quitter le territoire, quittent effectivement le territoire.
35:52 Ça c'est notre enjeu.
35:53 C'est un enjeu de rétablissement de l'autorité de l'immigration.
35:54 D'accord, donc vous insistez sur le devoir d'efficacité.
35:56 Vous estimez qu'être efficace, c'est mieux que d'avoir une, je ne sais pas combien,
36:01 la 22e loi ou quelque chose comme ça sur l'immigration.
36:03 Être efficace, c'est garantir les deux.
36:05 C'est garantir que quand vous avez des personnes qui travaillent en France, qui sont intégrées
36:08 à nos valeurs, qui sont intégrées à nos principes, qui rendent des missions qui sont
36:12 des résultats essentiels.
36:13 Vous n'avez pas ces résultats pour le moment, Madame la Ministre ?
36:14 Au gré des faits de société et des faits divers, à chaque fois on voit qu'il y a
36:18 quelqu'un qui ne devrait pas être en France.
36:20 D'où l'enjeu d'efficacité à un moment et de respect de l'État.
36:23 Comment vous voulez qu'on vienne sur des plateaux justement de vos émissions si à
36:27 la fin, quand il y a une décision judiciaire qui est rendue, cette décision judiciaire
36:31 ou administrative n'est pas exécutée ?
36:33 Donc notre enjeu, il est là, c'est un enjeu d'efficacité.
36:36 Le problème c'est que l'immigration, c'est rarement un enjeu d'efficacité et de pragmatisme
36:40 et c'est souvent beaucoup plus polarisant.
36:42 Vu les positions exprimées aujourd'hui, on ne voit pas bien comment il pourrait y avoir
36:45 un compromis et du coup c'est quoi la solution ? C'est 49-3 pour la loi immigration ?
36:49 Je ne suis pas certaine qu'il n'y ait pas de compromis possible, encore une fois.
36:52 Regardez même au Sénat, le débat parlementaire, encore une fois, à la droite, est pourtant
36:58 très clairement et nettement majoritaire.
36:59 On verra concrètement ce qui se passera après les élections sénatoriales d'une part,
37:04 et une fois que le texte sera définitivement adopté au Sénat.
37:07 Mais le texte peut être définitivement adopté au Sénat en gardant justement une mesure
37:12 sur la question de la possibilité, encore une fois, la possibilité, ce n'est pas automatique,
37:16 la possibilité de régularisation de ceux qui travaillent et qui sont intégrés aux
37:20 valeurs républicaines, qui sont les nôtres.
37:22 Ce n'est pas ceux-là qui posent un problème.
37:24 Si je peux me permettre, c'est quoi le critère pour établir qu'une personne est intégrée
37:27 aux valeurs républicaines ?
37:28 Le travail.
37:29 Déjà, je suis désolée, mais quelqu'un qui travaille, quelqu'un qui remplit une mission
37:32 qui est une mission essentielle pour notre pays, je crois que c'est la meilleure qualité
37:36 du niveau d'intégration aussi.
37:38 C'est l'équivalent de l'assimilation ?
37:39 Oui, je pense.
37:40 Travailler = assimilation ?
37:42 Je pense qu'en tout cas, quand vous êtes intégré, en effet, dans le travail tout au
37:46 long de votre vie, oui, vous faites une preuve de la volonté d'intégration, d'assimilation,
37:51 vous utilisez le mot que vous voulez, et vous faites la preuve de votre volonté à un moment
37:55 de devenir français, parce que d'abord, vous avez aussi rendu service, quelque part, et
37:59 vous assumez des missions qui sont des missions qui sont importantes pour les Français.
38:02 Mais derrière tout cela, Raoul Harbergé, il y a quand même des divisions.
38:05 Quand Sacha Houllier se rapproche de la NUPES, on imagine que vos prochaines journées parlementaires,
38:09 c'est le 13 et le 14, ça va être animé, sympathique, il va y avoir de l'ambiance.
38:11 Ça va être un débat, il y a toujours eu du débat dans la majorité présidentielle.
38:13 Je ne vous vois pas trop proche de la NUPES avec tout ce que vous dites sur la France
38:16 insoumise.
38:17 Ah non, moi je ne suis pas très proche.
38:19 D'accord, donc vous condamnez l'initiative de Sacha Houllier qui se rapproche de la NUPES.
38:22 Sacha Houllier est le président de la commission des lois à l'Assemblée nationale.
38:25 Son enjeu…
38:26 Ça lui donne tous les droits.
38:27 Non, ça ne lui donne pas tous les droits, mais c'est un parlementaire qui compte et
38:30 c'est un parlementaire aussi qui doit, je crois, nous aider pour que ce texte puisse
38:35 être adopté et pas adopté encore une fois à n'importe quel point de vue.
38:38 À un moment, vous allez devoir choisir.
38:39 Pour que ce soit efficace.
38:40 Le faire passer avec la NUPES ou avec la droite ?
38:42 Mais pourquoi on ne pourrait pas aussi renvoyer la responsabilité ici sur la gauche et ici
38:46 sur la droite ? Que la droite vienne sur votre plateau…
38:48 Parce que vous êtes aux responsabilités.
38:49 Et parce qu'eux aspirent peut-être un jour à l'être.
38:52 Mais donc il ne faut jamais oublier quand on est dans la majorité qu'on peut être
38:54 demain dans l'opposition et quand on est dans l'opposition que normalement on devrait
38:57 aspirer à être dans la majorité.
38:58 Ce qui devrait un peu modérer les positions quand même des uns et des autres.
39:01 Et donc qu'on pose la question encore une fois à la gauche, est-ce que vous préférez
39:04 faire capoter ce projet de loi alors qu'il permettra de la régularisation de ceux qui
39:08 travaillent ? Et à la droite, est-ce que vous préférez faire capoter ce projet de
39:12 loi qui par exemple rétablit la double peine ? C'est-à-dire que quelqu'un qui a été
39:15 condamné parce qu'il a commis un délit ou un crime dans notre pays puisse une fois
39:18 sa peine exécutée être renvoyé chez lui. Qu'on les mette eux devant leurs responsabilités,
39:23 pas uniquement nous.
39:24 Mais vous conviendrez cela dit qu'avoir un groupe parlementaire dont une partie tangue
39:27 à gauche et l'autre partie tangue à droite, c'est un peu compliqué ?
39:30 Écoutez, je préfère être dans la position qui est la nôtre, d'avoir une majorité
39:33 qui est certes relative mais une majorité, plutôt que dans la position d'un certain
39:36 nombre de groupes d'opposition.
39:37 Diriez-vous une majorité relative écartelée ?
39:39 De groupes d'opposition dont vous me permettrez de penser qu'ils ont une colonne vertébrale
39:43 idéologique qui laisse parfois désirer, ici les retraites pour les uns, ici les retraites
39:47 pour les uns, ici l'écologie et le nucléaire pour les autres.
39:50 Mais on voit bien d'ailleurs le président, il cherche un peu la martingale, il cherche
39:53 à reprendre la main politiquement avec un grand débat, un conseil national de la refondation
39:57 et puis là les rencontres de Saint-Denis, on voit bien qu'il cherche justement à pallier
40:01 un problème de la majorité relative mais sans trouver la solution, la méthode.
40:07 En tout cas, on essaye des méthodes qui sont nouvelles, on est dans une situation inédite.
40:10 Donc soit on se dit, c'est pas grave, on a une situation politique inédite mais on
40:14 va faire exactement comme avant et on verra bien si ça continue à avancer ou on est
40:19 président de la République réélu, ce qui est assez inédit dans l'histoire politique
40:23 de notre pays, être réélu encore une fois sans sortir d'une coalition et on essaye
40:28 encore une fois d'essayer.
40:29 Vous vous souvenez, même au grand rendez-vous, je vais laisser poser la question à Monsieur
40:32 Bock-Côté.
40:33 En fait, il y a quelques semaines, quelques mois à peine, vous disiez au grand rendez-vous
40:35 qu'il faut parler à tout le monde mais pas nécessairement aux extrêmes.
40:37 Parler aux extrêmes, il y a une limite pour vous, il y avait une ligne rouge à ne pas
40:39 franchir.
40:40 Or il y a quelques jours à peine, le président de la République a dit qu'il fallait parler
40:43 à tout le monde, même aux extrêmes.
40:44 Est-ce que votre position évolue sur la question ?
40:46 Moi, ma position, elle est absolument constante.
40:48 Je combats et je combats de la même manière et avec la même détermination les extrêmes.
40:54 Je les mets au pluriel, que ce soit l'extrême droite ou que ce soit l'extrême gauche par
40:58 rapport aux valeurs qui sont les leurs et aux projets de société qui est le leur.
41:01 Après, il y a deux choses différentes et je l'assume, moi je ne souhaite pas aller
41:06 quémander demain le vote ici de l'extrême droite, ici du RN.
41:11 Après, ils sont autour de la table parce que les Français ont décidé qu'ils soient
41:16 autour de la table.
41:17 Donc moi, quand je suis ministre demain, je ne peux pas dire, je ne parle qu'à ceux
41:20 avec lesquels je peux avoir un accord.
41:23 Non, je n'irai pas quémander le vote.
41:24 Au fameux séminaire de Saint-Denis, il s'est dit par exemple qu'il y avait des points
41:27 de convergence de tous les partis, notamment politique étrangère, si je ne me trompe
41:30 pas.
41:31 Est-ce qu'on pourrait dire de ce point de vue que même avec ce que vous appelez les
41:33 extrêmes, vous avez quelques fois des points communs et des points de désaccord comme
41:36 avec tous les partis ?
41:37 D'accord, mais quand ils disent qu'il pleut et qu'il pleut, en effet, c'est difficile
41:40 d'être en désaccord.
41:41 Est-ce que ça arrive souvent ?
41:42 Le sujet, il n'est pas là.
41:43 Non, je ne crois pas que ce soit arrivé souvent.
41:45 Et regardez, ne serait-ce que les votes qui ont été les nôtres et les leurs depuis
41:49 un an à l'Assemblée nationale, je ne crois pas.
41:50 Et je crois aussi que c'est la démonstration qu'ils ne sont pas en capacité demain d'exercer
41:54 le pouvoir parce qu'ils n'ont pas à un moment une solidité encore plus idéologique.
41:59 Oui, mais c'est à moi de les combattre.
42:00 Et à nous de les combattre.
42:01 Dernière question, Madame la ministre, des familles et des solidarités.
42:05 Des familles qui vont dans des parcs de loisirs en France.
42:10 Il y en a un qui a été dans l'œil du service public, c'est le Puy-du-Fou, grand parc
42:15 vendéen.
42:16 Il enregistre un record de fréquentation cette année.
42:18 Peut-être que vous avez déjà été.
42:20 Il a été brocardé dans une émission.
42:22 Il est reproché de faire appel à des bénévoles.
42:25 Qu'est-ce que vous, vous voyez dans ce parc et avec tous ces spectacles ?
42:29 Est-ce que vous y voyez comme certains une grande réussite culturelle française ?
42:32 Ou est-ce que vous y voyez un récit qui est fantasmé et orienté ?
42:37 Je crois que c'est d'abord un parc qui est publicité par les Français eux-mêmes.
42:40 On a des Français de toutes catégories sociales, de toutes origines, qui ont envie d'y aller
42:45 et d'y aller en famille.
42:46 Donc je ne vois pas l'intérêt d'aller brocarder systématiquement les réussites
42:49 qui sont les nôtres.
42:50 Je pense qu'il faut plutôt se réjouir qu'on ait des gens qui réussissent dans notre pays,
42:53 que ce soit des grandes entreprises, que ce soit des grands parcs de loisirs, parce que
42:57 c'est aussi ça qui fait notre patrimoine et qui fait notre identité.
43:00 Vous êtes déjà allé ?
43:01 Non, mais j'attends que ma fille soit un peu plus grande pour y aller.
43:03 Bien, ce sera une belle découverte.
43:04 Merci, Aurore Berger, d'avoir été notre invitée au grand rendez-vous.
43:07 Je remercie évidemment mes camarades Mathieu Bocoté et Nicolas Barré.
43:11 Je rappelle ce terrible bilan au Maroc avec à présent 2012 morts, la peur, des répliques,
43:17 beaucoup, beaucoup de familles, des milliers de personnes qui dorment dans la rue.
43:20 Évidemment, on rappelle notre solidarité pleine et entière.
43:23 On a tous un peu de Maroc en nous.
43:25 Merci encore et très bon dimanche à vous.
43:26 *Bruit de clavier*
43:28 Merci à tous !