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00:00:00 Mesdames et Messieurs les ministres,
00:00:02 Messieurs les Premiers ministres,
00:00:06 Monsieur le Vice-président du Conseil d'Etat,
00:00:09 Mesdames et Messieurs les parlementaires,
00:00:11 le chef d'état-major des armées,
00:00:13 Mesdames et Messieurs les ambassadrices et ambassadeurs,
00:00:16 Mesdames et Messieurs les directrices, directeurs,
00:00:19 Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
00:00:21 Mesdames, Messieurs, chers amis,
00:00:24 je suis heureux de vous retrouver ici
00:00:26 à l'horaire de cette semaine de travail à Paris
00:00:30 et sous l'autorité de la ministre de l'Europe
00:00:32 et des Affaires étrangères, Catherine Colonna,
00:00:35 du ministre délégué au commerce extérieur, Olivier Bescht,
00:00:38 de la secrétaire d'Etat chargée de l'Europe,
00:00:40 Laurence Boone, et de la secrétaire d'Etat
00:00:42 chargée du développement et des partenariats,
00:00:44 Chrysoula Zakharopoulos,
00:00:46 chacun d'entre vous s'est mis au service des Français,
00:00:49 je vous en remercie.
00:00:52 La difficulté de ces discours est double
00:00:55 et elle s'accroît chaque année pour votre serviteur.
00:00:59 D'abord, il est évident que les discours sont toujours trop longs
00:01:03 et à mesure qu'on les relit, on s'aperçoit qu'on ne parle pas
00:01:06 de telle ou telle région, de tel ou tel espace,
00:01:09 et donc c'est toujours une cote mal taillée
00:01:11 pour essayer d'être le plus exhaustif possible
00:01:15 et de vous soumettre à un exercice qui est encore supportable.
00:01:19 La 2e difficulté, c'est qu'à mesure que les années passent,
00:01:23 on est soumis à 2 risques.
00:01:25 Le 1er est de se répéter.
00:01:27 Je vais tâcher de ne pas trop le faire aujourd'hui,
00:01:29 mais veuillez m'en excuser si tel est le cas.
00:01:33 Le 2e serait plus grave, c'est celui de se contredire.
00:01:36 Je vais aussi veiller à ne pas faire ça,
00:01:38 même si les circonstances parfois changent
00:01:42 et amènent à revisiter certains des éléments
00:01:44 qu'on avait pu engager.
00:01:47 En tout cas, une chose est sûre et elle intangible,
00:01:52 c'est que l'engagement qui est le vôtre,
00:01:56 le bras armé diplomatique que vous représentez
00:02:01 est important pour notre pays.
00:02:03 Et les Français déploient l'énergie, le talent, l'ambition
00:02:06 qui permettent que, précisément,
00:02:10 notre pays soit à nouveau la 1re destination
00:02:12 des investissements étrangers en Europe,
00:02:14 un pays d'innovation, de transition rapide
00:02:16 vers la neutralité carbone,
00:02:18 un acteur majeur de la sécurité en Europe et dans le monde,
00:02:21 un partenaire essentiel du développement
00:02:23 et de la solidarité internationale.
00:02:25 Et tout ça est le fruit de votre engagement
00:02:27 et de votre travail
00:02:29 dans un contexte de plus en plus compliqué.
00:02:32 Et je voulais commencer, avant de rentrer dans le vif du sujet,
00:02:35 par justement dire un mot de ce contexte
00:02:38 qui, au fond, a plutôt...
00:02:40 C'est plutôt durci depuis mon 1er discours devant vous,
00:02:44 mais je crois les fondamentaux de ce monde perturbé
00:02:48 de plus en plus fragmenté demeurent.
00:02:50 Des moyens que nous nous donnons
00:02:51 avant d'essayer de décliner 4 priorités
00:02:54 qui sont, pour une bonne partie d'entre elles,
00:02:57 dans la continuité de ce que nous déployons
00:02:58 ces dernières années.
00:03:00 En effet, je considère que le contexte international
00:03:04 se complique et fait courir le risque
00:03:06 d'un affaiblissement de l'Occident
00:03:08 et plus particulièrement de notre Europe.
00:03:11 Il nous faut être lucides
00:03:13 sans être excessivement pessimistes dans ce contexte.
00:03:16 D'abord, il y a une dilution objective de notre population,
00:03:20 de notre richesse produite, de notre part,
00:03:21 dans les échanges mondiaux.
00:03:23 C'est plus vrai encore depuis la crise de 2008-2010.
00:03:27 C'est le fruit de l'émergence
00:03:28 de grandes puissances internationales
00:03:32 qui s'imposent.
00:03:33 Ca a été renforcé par la crise énergétique,
00:03:34 notre Europe n'étant pas productrice d'énergie fossile,
00:03:37 en tout cas à court terme.
00:03:38 Ca vient consolider aussi des stratégies que nous poursuivons,
00:03:41 mais c'est là, et c'est un fait.
00:03:44 Ensuite, il y a une remise en cause progressive
00:03:47 de notre ordre international, de ses principes,
00:03:51 de ses différentes formes d'organisation.
00:03:53 Il faut bien le dire, l'Occident avait une place prépondérante
00:03:56 et a encore une place prépondérante.
00:03:59 Avec d'abord la montée de la guerre,
00:04:02 y compris sur le sol européen, j'y reviendrai dans un instant,
00:04:05 la politique aussi de l'état de fait
00:04:07 qui, des confins de l'Europe
00:04:10 aux continents africains et asiatiques
00:04:11 s'imposent de plus en plus,
00:04:13 une forme de montée politique du ressentiment
00:04:18 qui se nourrit ici de l'anticolonialisme
00:04:21 réinventé ou fantasmé,
00:04:23 là d'un anti-occidentalisme instrumentalisé,
00:04:28 la dénonciation d'un double standard
00:04:30 que nous avons parfois nourri, il faut bien le dire,
00:04:34 en ajustant le droit international
00:04:37 à ce que nous pensions bon
00:04:39 et en oubliant que la souveraineté des peuples
00:04:42 était un des préalables à notre action,
00:04:46 et une contestation croissante
00:04:49 du Conseil de sécurité des Nations unies,
00:04:50 mais également de beaucoup de nos organisations internationales.
00:04:53 Nous pouvons pas ne pas l'entendre.
00:04:55 Et du Fonds monétaire international à la Banque mondiale
00:04:58 et au-delà, de plus en plus de pays,
00:05:00 de manière de plus en plus désinhibée,
00:05:02 considèrent que ces structures
00:05:05 sont de moins en moins légitimes à leur imposer
00:05:07 telle ou telle règle et que d'ailleurs,
00:05:09 elles ont été créées dans un monde
00:05:10 où ces pays n'existaient pas, ce qui est vrai,
00:05:13 et qu'elles représentent un ordre passé,
00:05:14 mais qu'elles ne reflètent pas la réalité géopolitique
00:05:17 encore moins démographique
00:05:19 et peut-être parfois militaire d'aujourd'hui.
00:05:22 Ceci se traduit, sans qu'on doive en majorer la réalité,
00:05:27 mais par des symptômes comme par exemple
00:05:28 ce que nous avons vu ces derniers jours
00:05:30 avec une tentative d'élargir ce sommet BRICS.
00:05:34 Il faut rester lucide sur la réalité de ce qu'il en porte.
00:05:38 Néanmoins, il témoigne une volonté de faire émerger
00:05:42 un ordre alternatif, en tout cas quelque chose
00:05:44 qui viendrait se substituer à ce qu'on appelait jusqu'alors
00:05:47 un ordre international vu comme trop occidental
00:05:49 ou en tout cas aux règles devenues moins légitimes.
00:05:52 Tout ça dans un contexte croissant
00:05:54 de tensions sino-américaines,
00:05:57 qui, il faut bien le dire, bouscule aussi
00:05:59 notre droit international,
00:06:00 puisqu'il s'est traduit ces derniers mois
00:06:03 par une remise en cause patente
00:06:04 de notre ordre commercial international.
00:06:09 La 1re et la 2e puissance commerciale
00:06:11 décident de cette de ne pas respecter
00:06:15 les règles commerciales jusqu'alors établies,
00:06:17 ce qui est un fait nouveau,
00:06:19 mais enfin qu'on ne peut pas non plus totalement ignorer.
00:06:21 Une forme de nouveau protectionnisme monte.
00:06:23 Il est là.
00:06:25 Tout cela conduit à un risque de partition du monde,
00:06:29 à un affaiblissement de l'ordre international
00:06:30 basé sur le droit,
00:06:32 à un affaiblissement de l'idée démocratique,
00:06:34 qu'on le voit par la montée de ce moment illibéral,
00:06:37 et au fond de nos mécanismes de coopération
00:06:39 et de partenariat existants.
00:06:41 Alors même que nous sommes, dans ce moment,
00:06:45 confrontés à des défis de plus en plus planétaires
00:06:47 qui requièrent plus de coordination,
00:06:50 qu'il s'agisse de la paix et de la stabilité,
00:06:52 du climat, de la biodiversité,
00:06:54 de la lutte contre la pauvreté pour le développement,
00:06:57 mais également de l'intelligence artificielle et du numérique
00:07:00 ou de la lutte contre l'évasion fiscale.
00:07:01 Chacun de ces sujets requiert d'avoir
00:07:03 un ordre international plus coopératif et établi.
00:07:06 C'est le paradoxe dans lequel nous vivons.
00:07:08 Et notre stratégie doit viser au maximum,
00:07:11 avec lucidité, à faire face à ce nouvel ordre,
00:07:13 mais y apporter des réponses solides.
00:07:17 Alors dans ce contexte,
00:07:18 nous devons avoir une diplomatie assez simple.
00:07:21 C'est poursuivre nos intérêts.
00:07:23 Et partir de là, notre sécurité,
00:07:25 nos intérêts économiques, technologiques,
00:07:28 diplomatiques, culturels.
00:07:31 C'est de le faire en défendant aussi nos principes.
00:07:35 Et c'est ce qui, je crois, nous différencie parfois
00:07:37 d'autres pays.
00:07:38 Une certaine aspiration à l'universel
00:07:40 et donc, à cet égard, la défense des droits de l'homme,
00:07:42 de la dignité humaine, le partenariat avec
00:07:45 les acteurs humanitaires,
00:07:48 la défense du droit international
00:07:50 et le respect de la souveraineté des peuples.
00:07:52 Et puis, c'est de construire cette diplomatie
00:07:55 sur un chemin d'indépendance
00:07:57 qui fait que, même si nous avons des alliés,
00:08:00 nous appartenons à des organisations solides,
00:08:03 comme notre Europe,
00:08:04 nous avons une volonté de dialoguer avec tous
00:08:07 et de bâtir une diplomatie de confiance,
00:08:10 d'équilibre au pluriel et pas d'équidistance,
00:08:13 mais permettant de construire des solutions concrètes
00:08:16 face aux défis que j'évoquais et cette fragmentation en marche.
00:08:20 Pour cela, nous nous sommes donnés,
00:08:23 ces dernières années et en particulier,
00:08:25 encore plus ces derniers mois, les moyens.
00:08:27 Et je veux remercier à la fois les administrations,
00:08:29 mais également les parlementaires ici présents,
00:08:32 car nous avons pris des choix forts, cohérents,
00:08:35 face à ce contexte international.
00:08:38 Je le disais il y a un an ici même,
00:08:40 nous avons réinvesti notre diplomatie,
00:08:43 conjuré presque 3 décennies de baisse d'effectifs constants
00:08:47 depuis cette année, et nous continuerons.
00:08:50 Je le disais aussi lors de ma visite au Quai d'Orsay
00:08:52 le 16 mars dernier,
00:08:54 il était nécessaire de réarmer la diplomatie.
00:08:56 Nous avons, ce faisant, remis des moyens,
00:09:00 mais aussi, permet, ce faisant,
00:09:03 de prendre en charge des enjeux nouveaux,
00:09:05 l'influence, la communication,
00:09:06 de renouveler les méthodes de travail,
00:09:09 de faciliter l'interdisciplinarité,
00:09:10 le croisement des compétences.
00:09:12 Je ne veux pas reprendre ce que je disais le 16 mars dernier,
00:09:15 je vous renvoie à l'expression tenue au Quai d'Orsay.
00:09:19 Ensuite, nous avons également renforcé
00:09:22 notre investissement solidaire.
00:09:25 En donnant plus de moyens,
00:09:26 notre APD a été portée au niveau record
00:09:28 de 0,55% du revenu national brut en 2023,
00:09:32 comme nous nous étions engagés en 2017
00:09:35 et comme la loi prise sous le précédent quinquennat
00:09:38 l'avait prévue,
00:09:39 ce qui permet désormais à la France
00:09:41 d'être le 4e contributeur net à l'effort mondial
00:09:45 en termes d'investissement solidaire.
00:09:48 En même temps, nous avons porté une réforme profonde
00:09:51 de notre agence française de développement.
00:09:54 La Cité du développement se prépare et se déploie.
00:09:57 Le Conseil présidentiel pour, justement,
00:09:59 l'investissement solidaire après des décisions claires
00:10:01 en la matière.
00:10:03 Nous avons mis en place un laboratoire,
00:10:04 des méthodes nouvelles, d'expérimentation,
00:10:07 une autre forme de déclinaison sur le terrain,
00:10:09 changer la rigidité de nos priorités géographiques
00:10:13 pour se donner là aussi beaucoup plus de souplesse
00:10:16 et être au service d'une politique de partenariat
00:10:19 et d'investissement solidaire plus concrète,
00:10:21 mais avec là aussi un investissement réel.
00:10:24 Et puis en parallèle,
00:10:27 nous avons mis en place un outil militaire
00:10:30 plus crédible encore.
00:10:31 Nos armées ont toujours été fortes et solides,
00:10:34 mais à travers les 2 lois de programmation militaire,
00:10:37 les 2 reposant sur des exercices stratégiques solides,
00:10:41 eh bien, à l'issue de ces 2 lois de programmation,
00:10:43 nous aurons doublé le budget de nos armées,
00:10:46 ce qui est inédit dans la période contemporaine.
00:10:50 Nous l'aurons doublé en faisant face aussi
00:10:53 aux risques et aux conflictualités nouvelles,
00:10:56 et du cyber au spatial, en passant par la haute mer,
00:11:01 en regardant aussi les nouvelles sphères de conflictualité,
00:11:05 mais en renforçant les points forts de nos armées,
00:11:09 en consolidant un modèle complet, une indépendance,
00:11:12 et en faisant de l'armée française
00:11:16 l'armée la plus efficace d'Europe,
00:11:17 ce qui est notre objectif.
00:11:19 Et je salue l'engagement de nos militaires,
00:11:21 mais aussi le partenariat étroit entre nos militaires
00:11:24 et nos diplomates à cet égard.
00:11:26 Ceci étant dit, et pour déployer, au fond,
00:11:31 la cohérence de ces investissements
00:11:33 et de notre action dans le contexte complexe que j'évoquais,
00:11:36 je voudrais, au fond,
00:11:38 essentiellement concentrer mon propos sur 4 axes.
00:11:41 D'abord, si on veut défendre bien et proprement nos intérêts,
00:11:46 nous devons avoir une politique de sécurité et de stabilité
00:11:49 dans le contexte nouveau, en particulier,
00:11:51 de la guerre en Ukraine.
00:11:53 Ensuite, je voudrais revenir sur notre stratégie
00:11:56 d'indépendance européenne et la poursuite
00:11:58 de nos intérêts économiques, technologiques et stratégiques.
00:12:03 Ensuite, je voudrais développer devant vous
00:12:06 le fait que la France, dans ce contexte,
00:12:08 doit chercher à être une puissance partenariale de confiance,
00:12:13 à la fois sur le plan géographique,
00:12:15 et pour refonder cette gouvernance internationale.
00:12:18 Et je voudrais terminer par quelques mots
00:12:20 sur notre politique de rayonnement et d'influence
00:12:22 en cohérence avec cette stratégie.
00:12:24 Tout ceci s'inscrit, vous le voyez,
00:12:26 en continuité avec les propos que j'ai pu tenir devant vous
00:12:28 ces dernières années,
00:12:31 l'action que vous conduisez avec beaucoup d'engagement,
00:12:34 et, je dois le dire aussi, les défis qui sont les nôtres.
00:12:38 Par avance, je veux dire ici que je ne couvrirai pas,
00:12:40 comme je l'évoquais en plaisantant,
00:12:43 toutes les zones géographiques, ce serait impossible,
00:12:45 et j'aurai l'occasion dans les prochains mois
00:12:47 de revenir sur telle ou telle autre.
00:12:49 Mais je veux, avant de rentrer sur ces 4 thèmes,
00:12:52 vous renouveler, de manière plus spécifique,
00:12:54 les remerciements en particulier
00:12:56 pour toutes celles et ceux qui ont eu à vivre
00:12:58 des situations critiques.
00:13:01 La France et les diplomates que vous êtes
00:13:04 ont été confrontés, ces derniers mois,
00:13:07 à des situations, dans certains pays,
00:13:11 particulièrement difficiles.
00:13:13 Et qu'il s'agisse du Soudan, où la France a été exemplaire,
00:13:17 y compris dans l'évacuation de nos propres ressortissants
00:13:19 et des ressortissants de beaucoup de nos collègues.
00:13:22 Au Niger, en ce moment même, et je salue
00:13:25 votre collègue et vos collègues qui nous écoutent
00:13:27 depuis leur poste,
00:13:29 vous avez rappelé qu'être diplomate
00:13:32 est un engagement parfois risqué
00:13:36 qui suppose l'esprit de responsabilité
00:13:38 que vous avez toujours démontré dans ces situations difficiles,
00:13:41 comme les années précédentes où nous avions eu à le vivre
00:13:43 en Afghanistan ou ailleurs.
00:13:44 Et je pense qu'il est bon ici de le rappeler
00:13:47 dans le contexte qui est le nôtre
00:13:48 et qui continuera de se reproduire
00:13:50 chez Cité d'Afghanistan.
00:13:51 Évidemment, je pourrais parler de l'Ukraine
00:13:54 et de plusieurs autres théâtres d'opération.
00:13:58 Sécurité et stabilité, avant tout, comme je le disais.
00:14:02 Notre sécurité, c'est collective,
00:14:04 celle de la France, de ses alliés,
00:14:05 de ses partenaires européens,
00:14:07 est évidemment, avant toute chose, remise en cause
00:14:10 par l'agression russe en Ukraine.
00:14:14 J'ai eu l'occasion de m'exprimer à plusieurs reprises
00:14:16 sur ce sujet devant vous l'année dernière.
00:14:18 Je l'ai fait encore ces derniers mois,
00:14:19 en particulier à Vilnius.
00:14:21 Il ne faut pas perdre de vue la singularité de ce conflit.
00:14:26 Elle repose d'abord sur le fait que,
00:14:30 en Europe, la guerre revient.
00:14:32 La 2e chose, c'est qu'elle vient de manière très claire
00:14:37 fouler au pied et violer la souveraineté populaire
00:14:42 et l'intégrité territoriale d'un Etat européen.
00:14:45 Et à cet égard, violer le droit international.
00:14:52 Qu'elle s'est aggravée avec des crimes de guerre multiples,
00:14:57 d'attaques de population civile,
00:14:59 et des scènes que nous avons pu voir
00:15:04 et sur lesquelles, d'ailleurs, nous travaillons
00:15:05 par une coopération de nos magistrats,
00:15:07 de nos policiers et de nos gendarmes exemplaires.
00:15:09 Ensuite, parce qu'elle implique un membre permanent
00:15:12 du Conseil de sécurité des Nations unies,
00:15:14 qui plus est puissance dotée.
00:15:17 Ce qui change les termes de l'efficacité
00:15:19 d'une réponse diplomatique et de la nature, évidemment,
00:15:23 de l'engagement politico-militaire.
00:15:26 Face à ça, la France, l'Europe, les Alliés
00:15:30 ont eu, je crois, une réponse adaptée.
00:15:34 D'abord, elle a été immédiate, unie et efficace.
00:15:38 Et je le dis d'autant plus qu'elle est le fruit
00:15:39 d'un engagement français,
00:15:41 puisque la France avait la présidence
00:15:44 au début de la guerre du Conseil européen,
00:15:48 et je pense que ce qui a été fait par notre diplomatie
00:15:51 a été particulièrement utile,
00:15:54 et je crois a créé un effet de surprise non négligeable.
00:15:57 Les Européens ne se sont pas divisés,
00:15:58 ont réagi vite et de manière adaptée.
00:16:02 Politique de sanctions par des trains de sanctions multiples
00:16:04 à l'égard de la Russie pour affaiblir sa capacité
00:16:08 à soutenir l'effort de guerre dans la durée.
00:16:11 Politique de soutien à l'Ukraine,
00:16:14 humanitaire, économique, militaire,
00:16:18 qui s'est poursuivi jusqu'aux engagements pris à Vilnius
00:16:21 par la France, les Européens et les Alliés,
00:16:23 avec des Européens qui sont les 1ers soutiens,
00:16:27 si on somme les investissements qui sont faits en Ukraine
00:16:30 sur le plan humanitaire, du soutien civil et militaire,
00:16:33 c'est bien l'Union européenne qui est le 1er soutien de l'Ukraine.
00:16:36 Je le dis en nous félicitant du soutien très précieux
00:16:39 de nos alliés américains,
00:16:42 mais en rappelant aussi la force du nôtre.
00:16:45 Et puis en veillant à n'avoir aucune politique d'escalade,
00:16:49 ce qui a marqué les bornes de ce soutien,
00:16:51 c'est-à-dire nous avons toujours veillé à ne jamais être
00:16:55 engagés directement dans un conflit contre la Russie,
00:16:58 contre son territoire, contre sa population,
00:17:00 ce qui est évidemment une difficulté.
00:17:03 Et tout ça en veillant en parallèle
00:17:07 à éviter une partition du monde et à préparer le jour d'après.
00:17:12 Et je pense que nous avons eu raison d'avoir cette politique
00:17:14 depuis près de 18 mois.
00:17:16 Veiller à éviter une partition du monde, c'est simple,
00:17:19 c'est d'éviter que s'installe un narratif qui consistera à dire
00:17:22 "C'est votre guerre en tant qu'Européens,
00:17:23 "elle ne nous concerne pas."
00:17:25 Pour toutes les raisons que j'évoquais,
00:17:26 cette guerre est une guerre qui touche le monde entier
00:17:29 parce qu'elle touche notre capacité à faire respecter
00:17:32 le droit international, nos principes,
00:17:34 et en particulier l'intégrité des frontières.
00:17:37 Et donc il est essentiel de continuer à oeuvrer
00:17:40 dans tous les forums internationaux
00:17:42 pour que cette guerre soit au coeur de nos préoccupations,
00:17:45 d'une condamnation claire et d'une action diplomatique de tous
00:17:48 et qu'on évite une division.
00:17:50 Et je veux saluer là aussi le travail de tous les postes.
00:17:52 Il faut le poursuivre.
00:17:54 Autour des résolutions à l'Assemblée générale
00:17:56 des Nations unies, nous avons progressivement réduit
00:17:58 le nombre à la fois de votes alignés sur la Russie
00:18:05 ou de, parfois, non-participation,
00:18:10 ou même d'abstention.
00:18:13 Mais nous devons continuer de convaincre, d'expliquer,
00:18:17 et les rendez-vous à venir seront clés à cet égard.
00:18:21 Mais surtout, comme nous l'avons fait en marge du G7 d'Hiroshima,
00:18:26 de permettre à l'Ukraine d'aller convaincre
00:18:29 tous les partenaires à nos côtés.
00:18:30 Et l'action diplomatique française a été aussi une action de soutien
00:18:34 à la diplomatie ukrainienne et un travail de conviction
00:18:38 pour que, quand on parle de paix,
00:18:40 ce qui revient dans toutes les propositions
00:18:43 partout à travers la planète,
00:18:45 eh bien, cette paix soit bien comprise
00:18:47 de la même manière partout.
00:18:48 Ca ne peut pas être un cessez-le-feu reconnaissant
00:18:50 l'état de fait,
00:18:53 parce que ce serait préparer la guerre de demain,
00:18:56 voire pire.
00:18:57 Mais c'est bien une paix durable, c'est-à-dire respectueuse
00:19:00 de la souveraineté du peuple ukrainien
00:19:02 et du droit international.
00:19:06 Et dans cet ordre, on peut construire,
00:19:09 en associant davantage, comme ça a été fait ces derniers mois,
00:19:13 toutes les géographies de la planète
00:19:15 pour construire une situation viable dans la durée,
00:19:18 consacrant ce faisant, je crois,
00:19:20 les efforts que nous avons pu faire
00:19:21 et évitant une partition du monde.
00:19:24 L'action de la France s'est aussi traduite
00:19:26 par un engagement tout particulier
00:19:28 auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique
00:19:30 pour veiller au risque de prolifération
00:19:33 allant dans cette direction.
00:19:37 Les prochains mois
00:19:40 continueront d'être structurés par ces axes.
00:19:43 Et nous aurons à continuer un effort important
00:19:46 pour éviter une division de l'ordre international
00:19:49 autour de ce conflit,
00:19:51 pour continuer le soutien et marquer, justement,
00:19:56 à travers le temps, un caractère inaltérable
00:19:59 du soutien à l'Ukraine
00:20:01 et à son effort de résistance et de guerre,
00:20:04 et pour préparer cette paix durable.
00:20:08 Et ce travail, nous le poursuivrons
00:20:10 par le truchement de différents efforts diplomatiques
00:20:12 qui sont indispensables.
00:20:14 Et la France continuera de s'engager en parallèle
00:20:16 sur l'action humanitaire de court terme,
00:20:18 comme nous l'avons fait, avec l'accueil des réfugiés.
00:20:21 Je remercie tout le travail qui a été fait
00:20:23 sur le sol national par Terre de l'Intérieur
00:20:26 et l'ensemble des ministères compétents sur le sujet,
00:20:30 et sur le plan humanitaire en Ukraine, en soutien.
00:20:33 Et nous aurons à continuer le travail
00:20:35 de préparation de la reconstruction,
00:20:37 qui est là aussi indispensable.
00:20:39 Mais cette paix durable et cette stabilité
00:20:43 que nous devons préparer suppose aussi un travail
00:20:45 pour nous, Européens.
00:20:47 Et je voulais ici avoir également un mot.
00:20:52 Je suis revenu plus longuement sur ce sujet,
00:20:54 et je vous renverrai au discours que j'ai tenu à Bratislava
00:20:57 dans le cadre de la conférence Globe Sec
00:20:59 sur, dans la durée, les conséquences de la guerre
00:21:04 en Ukraine pour, au fond, notre architecture de sécurité
00:21:07 et la manière de penser la stabilité
00:21:09 et la sécurité européenne.
00:21:10 Mais très clairement, nous savons qu'il y aura
00:21:13 un avant et un après les guerres en Ukraine.
00:21:16 Et ce qui me paraît essentiel, c'est d'intégrer
00:21:19 dans notre action diplomatique et dans notre travail,
00:21:22 justement, les conséquences de cette guerre
00:21:25 pour préparer cette paix durable que j'évoquais.
00:21:29 D'abord, nous avons à le préparer et à le faire
00:21:31 en tant que membres de l'OTAN.
00:21:32 C'est ce que nous faisons comme alliés solides
00:21:34 depuis le 1er jour.
00:21:36 La meilleure preuve, et il faut la défendre partout,
00:21:38 c'est que nous avons été le 1er pays
00:21:40 à pouvoir nous déployer aussi rapidement et efficacement
00:21:42 sur le front oriental de l'OTAN.
00:21:44 Quelques jours après le début du conflit,
00:21:45 la France se déployait en Roumanie
00:21:47 à porter des éléments de confiance sur ce front oriental.
00:21:50 C'est la force de notre modèle.
00:21:52 Et nous avons continué aussi de renforcer
00:21:54 à l'égard des Etats baltes
00:21:57 notre participation aux missions de l'OTAN
00:21:59 comme à la police aérienne.
00:22:02 Nous avons renforcé l'effort de nos industries de défense
00:22:04 et nous devons continuer ce travail indispensable
00:22:09 pour une économie de guerre dans la durée,
00:22:12 à mesure que cette guerre dure,
00:22:13 mais à mesure qu'elle repose aussi
00:22:15 les termes d'un engagement nouveau
00:22:18 et donc d'une adaptation de notre industrie,
00:22:21 de notre base industrielle technologique
00:22:24 et de défense française et européenne.
00:22:27 Et vous le voyez bien, nous devons penser au sein de l'OTAN
00:22:32 une plus grande implication européenne.
00:22:35 Et ceci a commencé au fond depuis 2019.
00:22:39 J'ai eu l'occasion d'y revenir à plusieurs reprises,
00:22:41 mais il y a, à mes yeux, une traduction concrète
00:22:45 que nous devons poursuivre dans les prochains mois
00:22:47 et les prochaines années, qui est absolument indispensable.
00:22:50 Le pilier européen et une plus grande défense européenne
00:22:53 au sein de l'OTAN n'est pas l'ennemi
00:22:56 ou le problème de l'OTAN, au contraire.
00:23:00 C'est ce qui fait de notre Europe un élément de confiance,
00:23:02 en particulier pour nos alliés américains.
00:23:04 Nous devons plus prendre en charge notre propre sécurité
00:23:07 et les instabilités à notre voisinage.
00:23:10 C'est ce qui est demandé dans le partage du fardeau
00:23:12 par les Américains, c'est ce qui est indispensable pour nous.
00:23:15 Ce faisant, nous devons renforcer notre autonomie
00:23:17 technologique et militaire,
00:23:19 davantage produire, davantage standardiser
00:23:22 pour l'industrie de défense européenne
00:23:25 et penser davantage notre défense en Europe.
00:23:30 Et au fond, tout ça est une forme de sortie
00:23:31 de minorité géopolitique des Européens au sein de l'OTAN.
00:23:36 Il faut le penser comme tel et l'assumer comme tel.
00:23:39 Et c'est aussi pour ça que l'après-guerre en Ukraine
00:23:42 devra se traduire par de nouveaux traités
00:23:46 pour encadrer les armements,
00:23:48 tous les types d'armements et d'activités militaires
00:23:50 qui touchent l'Europe.
00:23:51 Et nous devons avoir la volonté d'être concepteurs
00:23:55 et signataires de ces traités demain.
00:23:58 Là où, je le rappelais en décembre 2019,
00:24:00 dans une prise de parole largement commentée,
00:24:04 l'Europe était en quelque sorte un objet géopolitique,
00:24:07 mais pas un sujet.
00:24:09 Tout ce qui nous touchait quand il s'agissait
00:24:10 des armements intermédiaires ou autres
00:24:13 touchait notre sol,
00:24:14 mais nous n'étions pas signataires des traités.
00:24:17 Et le non-respect par l'un ou la dénonciation par les deux
00:24:21 nous touchait sans que nous puissions, en quelque sorte,
00:24:24 faire autre chose que nous indigner.
00:24:26 Nous devons bâtir cet ordre international nouveau
00:24:30 qui nous touche directement par notre implication militaire,
00:24:33 et d'ailleurs, la loi de programmation militaire
00:24:37 a au coeur cette stratégie, puisqu'elle est conçue
00:24:39 pour que la France puisse être nation cadre
00:24:42 de coalitions nouvelles de déploiement autonomiens,
00:24:45 ce qui est inédit.
00:24:46 Et ce que nous avons commencé à faire en particulier
00:24:49 dans les théâtres d'opérations africains
00:24:50 est à cet égard totalement inédit,
00:24:52 avec en particulier Takuba et Préfigur,
00:24:54 ce que nous voulons faire.
00:24:56 Et donc, nous devons continuer de convaincre
00:24:58 tous nos partenaires européens
00:25:00 de la nécessité de cette stratégie
00:25:02 à travers des coopérations de défense bilatérale
00:25:08 ou européenne,
00:25:09 à travers plus d'intimité stratégique et opérationnelle,
00:25:12 que nous avons commencé avec l'initiative européenne
00:25:14 d'intervention et que nous devons déployer
00:25:16 dans les années qui viennent,
00:25:17 et à travers de nouvelles coopérations capacitaires.
00:25:20 Et à cet égard, je veux dire l'importance pour nous
00:25:22 des coopérations bâties avec l'Allemagne,
00:25:25 qu'il s'agisse de l'avion ou du char du futur.
00:25:27 Nous savons que les débats sont parfois difficiles,
00:25:30 que les remises en cause peuvent arriver quelquefois.
00:25:32 Nous sommes intraitables sur le caractère stratégique
00:25:36 de ces partenariats décidés ici même,
00:25:39 en juillet 2017, avec la chancelière Merkel à l'époque,
00:25:43 mais nous devons dans le temps les poursuivre
00:25:46 et bâtir de nouveaux partenariats capacitaires
00:25:49 qu'il s'agisse du spatial, du maritime ou du cyber,
00:25:51 car c'est ainsi qu'on renforcera ce pilier européen
00:25:54 d'une défense de tous les alliés.
00:26:00 Au-delà de ce cadre,
00:26:02 nous devons penser une stabilité européenne
00:26:07 qui ne soit pas uniquement sécuritaire
00:26:09 et qui, en quelque sorte, ne se fasse pas uniquement
00:26:12 par le truchement de l'OTAN.
00:26:15 Et c'est le coeur de ce que nous avons proposé
00:26:17 avec la communauté politique européenne.
00:26:20 C'est une proposition de mai 2022.
00:26:23 C'est une vieille idée française, je dirais franco-tchèque,
00:26:28 puisque c'est à peu près ce que Vaclav Havel
00:26:30 et François Mitterrand avaient proposé
00:26:31 avec la Confédération européenne.
00:26:33 Elle n'avait pas vu le jour à l'époque,
00:26:34 parce que la Russie était dans l'affaire
00:26:37 et il était peut-être trop tôt, compte tenu
00:26:42 du retour de l'histoire, de proposer une telle alliance
00:26:45 et un partenariat ouvert si rapidement.
00:26:49 Mais cette communauté politique européenne,
00:26:52 proposée en mai 2022, qui a déjà eu 2 premières réunions,
00:26:56 à Prague et à Kissinau,
00:26:58 et qui donnera lieu à une nouvelle réunion à Grenade
00:27:01 dans quelques semaines,
00:27:02 c'est une victoire française déjà,
00:27:04 mais c'est aussi une victoire et avant tout européenne.
00:27:06 C'est l'idée de dire que l'Europe doit se penser
00:27:08 comme un continent large, géopolitique,
00:27:11 pas simplement à travers des alliances militaires
00:27:14 structurées par l'histoire,
00:27:16 de manière absolument non conflictuelle
00:27:17 avec son voisinage,
00:27:19 mais pour structurer les thématiques d'immigration,
00:27:22 d'énergie, de sécurité, d'innovation, de connectivité,
00:27:26 etc., etc., et qu'au fond, il faut bâtir
00:27:29 de l'intimité stratégique, davantage de convergence
00:27:33 pour consolider une Europe géopolitique.
00:27:37 Nous devons continuer d'avancer sur ce terrain
00:27:39 et ce forum sera absolument déterminant
00:27:44 si on veut bâtir dans la durée une Europe en paix.
00:27:49 Et puis, au-delà de cela,
00:27:52 il y a évidemment notre Union européenne,
00:27:55 qui, dans les prochains mois, mais j'aurai l'occasion
00:27:56 d'y revenir de manière spécifique,
00:28:00 aura à vivre un double mouvement
00:28:05 qui n'est pas incompatible,
00:28:08 mais qui supposera quelques DAS
00:28:11 et quelques changements institutionnels à coup sûr.
00:28:14 C'est que nous avons, en Européens, à penser
00:28:16 à la fois plus d'intégration de nos politiques,
00:28:19 j'y reviendrai en parlant d'autonomie,
00:28:20 mais on le voit bien en matière de défense,
00:28:22 en matière de climat, en matière technologique,
00:28:24 en matière d'économie.
00:28:26 Le coeur de l'Europe a besoin d'être plus intégré,
00:28:28 si on veut faire face aux défis présents.
00:28:32 Et si nous voulons être plus forts, plus stables,
00:28:35 nous allons, nous sommes engagés sur une voie d'élargissement,
00:28:39 en particulier à l'égard des Balkans occidentaux,
00:28:42 car il est impossible d'avoir une Europe
00:28:43 qui est, en quelque sorte, mitée
00:28:44 par de l'instabilité géopolitique,
00:28:47 des interférences et une espèce de processus sans fin
00:28:50 qui nourrit le désespoir et les divisions.
00:28:54 Le risque serait de répliquer ce que nous avons déjà fait,
00:28:57 c'est-à-dire de penser l'élargissement
00:28:58 sans l'intégration.
00:29:01 Je peux témoigner assez aisément qu'une Europe à 27,
00:29:04 c'est assez compliqué à faire évoluer
00:29:05 sur les sujets essentiels.
00:29:07 Ce sera de plus en plus.
00:29:09 Une Europe à 32 ou 35 ne sera pas plus simple
00:29:12 pour rester pudique.
00:29:14 Et donc, il nous faut une certaine audace
00:29:17 pour accepter plus d'intégration sur certaines politiques,
00:29:19 peut-être d'ailleurs plusieurs vitesses de cette Europe.
00:29:22 J'ai déjà eu l'occasion d'en parler il y a 5 ans
00:29:24 et j'y reviendrai dans quelques mois,
00:29:27 mais il est clair que l'Union européenne sera un pilier
00:29:29 de cette stabilité, de cet ordre à venir.
00:29:32 Mais vous le voyez à mes yeux,
00:29:35 de l'OTAN et du pilier européen en matière de défense,
00:29:37 en passant par la communauté politique à l'Union européenne,
00:29:40 les défis sont majeurs pour penser l'après-conflit.
00:29:44 Il faut le penser dès maintenant et le structurer dès maintenant.
00:29:47 Mais cela passera par une plus grande lucidité géopolitique
00:29:51 et militaire des Européens,
00:29:53 une volonté d'avoir plus d'autonomie,
00:29:55 une volonté de préserver notre Union
00:29:58 et de conserver aussi une dynamique d'approfondissement
00:30:00 pour les membres qui sont prêts à aller dans ce sens parmi nous.
00:30:05 Pas tous, mais en ayant en quelque sorte
00:30:09 cette attractivité seule permise par l'audace de quelques-uns.
00:30:14 Ceci, évidemment, ne vaut que si,
00:30:18 dans les mois et les années qui viennent,
00:30:20 nous restons fermes sur la doctrine,
00:30:25 la stratégie qui est la nôtre
00:30:28 à l'égard de l'Ukraine et de la Russie.
00:30:30 La Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre.
00:30:34 Parce qu'alors, ce serait l'instabilité
00:30:36 sur le sol européen et parce qu'alors,
00:30:38 ce serait la fin de toute confiance
00:30:40 dans les principes du droit international.
00:30:43 Ce qui veut dire que pour nous, Européens,
00:30:45 et pour nos alliés, je l'espère aussi, durablement,
00:30:48 ce sera un investissement financier,
00:30:51 diplomatique et capacitaire considérable
00:30:55 pour les années à venir,
00:30:56 qui doit aussi réinterroger certains fondamentaux,
00:31:00 parce qu'on ne peut pas faire comme si cet effort n'existait pas.
00:31:04 Mais il nous faut cette constance,
00:31:05 car sinon, tout ce que je viens d'évoquer
00:31:07 aurait beaucoup moins de pertinence.
00:31:09 Nos intérêts sécuritaires et humanitaires en tant qu'Européens
00:31:12 ne s'arrêtent pas là, et je voudrais dire
00:31:13 quelques mots sur 2, 3 sujets préoccupants à cet égard.
00:31:16 Nous continuerons d'être très vigilants
00:31:18 sur la situation sécuritaire et politique
00:31:21 dans les Balkans occidentaux.
00:31:23 A cet égard, nous avons bâti avec l'Allemagne
00:31:26 une nouvelle feuille de route et une nouvelle proposition
00:31:28 à l'égard du différent entre la Serbie et le Kosovo.
00:31:33 Je crois que cette feuille de route est bonne.
00:31:35 Elle a été soutenue par les négociateurs européens
00:31:39 et notre représentant.
00:31:42 Nous attendons donc un réengagement clair
00:31:44 des 2 parties,
00:31:46 c'est-à-dire un réengagement
00:31:49 sur les élections municipales attendues,
00:31:53 un réengagement serbe dans les institutions afférentes,
00:31:57 une reconnaissance des municipalités,
00:32:01 justement, dans le nord serbe,
00:32:02 de la part des autorités kosovars,
00:32:07 une pacification de cette situation.
00:32:09 Et je le dis parce que la France et l'Allemagne se sont engagées,
00:32:11 ont aussi eu des mouvements d'ouverture,
00:32:13 en particulier sur la politique de visa
00:32:17 ou sur d'autres éléments économiques qui seront revus
00:32:19 s'il n'y a pas une politique de responsabilité
00:32:20 de la part des 2 parties.
00:32:22 Mais nous continuerons avec nos partenaires allemands
00:32:24 à être très vigilants sur ce sujet
00:32:26 et sur tout ce qui touche à la stabilité
00:32:28 des Balkans occidentaux.
00:32:30 Et puis nous continuerons aussi d'être engagés sur le Caucase.
00:32:34 Après la guerre de 2020,
00:32:36 que nous avons condamnée, comme vous le savez,
00:32:40 la situation humanitaire est aujourd'hui particulièrement
00:32:44 préoccupante dans le Haut-Karabakh.
00:32:47 A cet égard, j'aurai l'occasion d'échanger cette semaine
00:32:50 avec le Premier ministre Pachinian
00:32:52 et avec le président Aliyev.
00:32:56 Nous demanderons le plein respect
00:32:58 du corridor humanitaire de la Chine
00:33:01 et nous prendrons à nouveau une initiative diplomatique
00:33:03 en ce sens sur le plan international
00:33:06 pour accroître la pression.
00:33:08 Mais rien ne saurait justifier la situation humanitaire
00:33:11 qui est aujourd'hui vécue par les populations au Haut-Karabakh.
00:33:16 Et nous continuerons aussi de nous engager.
00:33:18 C'est notre intervention qui a permis
00:33:21 la mise en place d'une mission européenne
00:33:23 après le sommet de Prague,
00:33:25 précisément de la Communauté politique européenne,
00:33:27 et qui, pour la 1re fois, a conduit dans un texte commun
00:33:29 signé par les 2 parties à reconnaître les frontières de 91.
00:33:33 Nous continuerons aussi à nous engager
00:33:34 pour les discussions d'un traité de paix
00:33:37 et pour clarifier les sujets à la fois territoriaux
00:33:40 et de passage, mais à très court terme,
00:33:42 la situation humanitaire demeure absolument indispensable.
00:33:46 Enfin, parlant des sujets de sécurité et de stabilité,
00:33:51 je ne veux pas que nous oublions ici
00:33:54 l'importance et la continuité de notre lutte
00:33:55 contre le terrorisme.
00:33:58 Même si l'actualité nationale,
00:34:00 et il faut nous en féliciter par le très bon travail
00:34:03 de nos services et de nos forces de sécurité intérieure
00:34:07 a permis de déjouer beaucoup de projets sur notre sol,
00:34:11 et si la nature des terroristes ces dernières années a changé,
00:34:14 il nous faut demeurer extrêmement vigilants,
00:34:17 et l'organisation internationale de terrorisme
00:34:20 qui peut toucher notre sol demeure,
00:34:23 et je le dis ici avec beaucoup de force et de clarté.
00:34:27 Nous sommes toujours impliqués
00:34:28 dans la coalition internationale au Levant,
00:34:30 et cette implication est saluée, importante.
00:34:34 Et je veux ici saluer la mémoire de nos 2 soldats
00:34:39 morts en Irak ces dernières semaines,
00:34:42 précisément dans le cadre des missions qu'ils exercent
00:34:45 sur le sol irakien à ce titre,
00:34:48 qu'il s'agisse des missions de coopération,
00:34:50 de formation, de soutien,
00:34:52 et aussi de lutte contre le terrorisme.
00:34:54 Et donc nous devons continuer au Levant
00:34:55 d'être impliqués dans cette mission,
00:34:57 parce qu'elle ne disparaît pas,
00:34:59 et nous devons renforcer le travail que nous menons
00:35:01 depuis ces dernières années de stabilisation politique
00:35:04 et militaire dans toute la région.
00:35:06 En soutien de l'Irak et de sa souveraineté,
00:35:08 c'est ce que nous avons mis en place
00:35:10 avec la conférence de Bagdad,
00:35:11 qui tiendra sa 3e édition fin novembre,
00:35:15 et à laquelle je me rendrai comme à chaque fois,
00:35:17 et qui permet justement de consolider un agenda régional
00:35:20 en soutien de la souveraineté irakienne.
00:35:24 Et à ce titre, nous renforcerons aussi notre implication
00:35:27 sur 2 sujets tout particuliers, sans être exhaustif,
00:35:30 sur la région que je voulais mentionner.
00:35:31 Le 1er, c'est la Syrie.
00:35:34 En effet, nous le voyons bien, tous les pays de la région
00:35:37 sont en train de vouloir reprendre langue avec la Syrie,
00:35:41 de la réinsérer dans les différents forums
00:35:46 de négociations ou de partenariats.
00:35:49 Nous aurons, parmi d'autres,
00:35:53 un élément essentiel à ce titre,
00:35:55 c'est la lutte contre le terrorisme.
00:35:57 Et je retournerai à la conférence de Bagdad
00:36:00 avec un de ces points, justement, que je mettrai en avant,
00:36:04 et j'ai eu l'occasion, qu'il s'agisse de nos dialogues
00:36:06 avec la Jordanie, les Emirats arabes unis, l'Irak,
00:36:12 comme je l'évoquais, l'Arabie saoudite ou d'autres,
00:36:14 quelque réinsertion que ce soit dans les instances régionales
00:36:19 doit supposer une coopération accrue dans la lutte
00:36:22 contre les organisations et les groupes terroristes
00:36:25 sur le sol syrien et dans la région.
00:36:27 Et le V tout ambiguïté, mais également doit s'accompagner
00:36:31 d'un processus politique permettant aux réfugiés
00:36:34 de réintégrer avec des garanties de protection,
00:36:40 de reconnaissance et de sécurité politique et économique
00:36:44 le sol syrien.
00:36:47 Le 2e point que je voulais faire, c'est l'Iran.
00:36:50 Je me félicite des avancées de ces dernières semaines,
00:36:56 mais peut-être reste l'expérience,
00:36:58 mais je ne saurais trop me féliciter
00:37:01 avec beaucoup d'enthousiasme.
00:37:03 Parce que nous savons que d'abord, les accords peuvent être fragiles,
00:37:07 que parfois ceux qui les concluent les dénoncent
00:37:10 et que ceux qui les signent ne les respectent pas,
00:37:13 ce qui rend humble sur la nature des accords
00:37:16 qui peuvent se signer en la matière.
00:37:19 Je veux dire simplement à l'égard de l'Iran.
00:37:21 D'abord, que la France continuera d'avoir une politique claire,
00:37:25 aucune faiblesse et une demande très ferme
00:37:30 que nos 6 ressortissants qui sont détenus de manière arbitraire
00:37:33 soient libérés.
00:37:35 Rien ne justifie la détention de 6 ressortissants français
00:37:40 aujourd'hui dans les prisons
00:37:42 et dans des conditions inadmissibles en Iran.
00:37:45 La 2e chose, notre souhait est évidemment
00:37:47 un encadrement clair, transparent des activités nucléaires.
00:37:51 Le retour au JCPOA est une très bonne chose.
00:37:54 Il est suivi des mesures de confiance
00:37:56 et d'un bon suivi par l'agence internationale compétente,
00:38:02 mais nous devons continuer d'encadrer, justement,
00:38:05 ces activités et de retrouver, en tout cas,
00:38:07 un chemin qui est indispensable pour toute la région.
00:38:12 Mais le 3e élément que je ne veux pas oublier,
00:38:15 c'est aussi d'encadrer les activités
00:38:17 de déstabilisation régionale
00:38:19 que l'Iran a menées ces dernières années
00:38:22 et pour tous nos partenaires, c'est un point indispensable.
00:38:24 Et donc un réengagement doit passer
00:38:27 par une clarification aussi de la politique de l'Iran
00:38:30 à l'égard de ses voisins directs,
00:38:32 à l'égard d'Israël et de sa sécurité,
00:38:34 à l'égard du Liban et de sa stabilité.
00:38:37 Et à ce titre, je veux remercier tout particulièrement
00:38:40 Jean-Yves Le Drian pour la mission qu'il conduit
00:38:43 à ma demande et auprès d'un ministre
00:38:46 depuis maintenant plusieurs mois.
00:38:49 Il faut imaginer, s'il y fut heureux, M. le ministre,
00:38:53 mais qui consiste à trouver un chemin politique,
00:38:55 celui-ci, nous devons le trouver à court terme.
00:38:59 Mais je pense qu'en tout cas,
00:39:02 un des éléments clés de cette solution politique au Liban
00:39:07 passera par une clarification des interférences régionales,
00:39:11 dont celle de l'Iran, à coup sûr.
00:39:14 Enfin, parler de stabilité, de sécurité
00:39:16 et de lutte contre le terrorisme
00:39:18 me conduit évidemment à évoquer l'Afrique.
00:39:23 Nous n'avons pas en Afrique uniquement, avant tout,
00:39:25 et je dirais même comme accent tonique,
00:39:27 une approche sécuritaire.
00:39:29 Je veux ici être très clair, et j'y reviendrai dans un instant.
00:39:33 Mais enfin, de fait, nous avons une implication sécuritaire
00:39:35 parce qu'il y avait des risques terroristes,
00:39:38 et qu'il y en a toujours,
00:39:39 et parce qu'il y a eu une demande d'Etat souverain
00:39:42 que nous venions les aider.
00:39:44 Et c'est dans ce cadre qu'a été décidé d'abord
00:39:46 l'opération Serval, puis l'opération Barkhane.
00:39:49 Je le dis avec beaucoup de force, parce que si on l'oublie
00:39:51 aujourd'hui, et si on cède aux arguments
00:39:54 inadmissibles de cette alliance baroque
00:40:00 des prétendus panafricains avec les néo-impérialistes,
00:40:04 on vit chez les fous.
00:40:08 La France est intervenue dès 2013 parce que des Etats
00:40:13 nous ont demandé d'intervenir parce qu'ils étaient en train
00:40:16 d'être simplement coupés en deux.
00:40:19 Si la France n'était pas intervenue,
00:40:21 si nos militaires n'étaient pas tombés au champ d'honneur
00:40:24 en Afrique, si Serval, puis Barkhane
00:40:27 n'avaient pas été décidés, nous ne parlerions pas aujourd'hui
00:40:30 ni de Mali, ni de Burkina Faso, ni de Niger.
00:40:33 Ces Etats n'existeraient plus aujourd'hui
00:40:35 dans leurs limites territoriales.
00:40:37 Je peux vous le dire avec certitude.
00:40:39 Et donc quand j'entends parfois même
00:40:42 des responsables politiques français nous expliquer
00:40:45 que Barkhane serait une défaite, je dis,
00:40:48 ne prenez pas les arguments de l'ennemi,
00:40:51 parce qu'à ce moment-là, vous desservez tout le monde,
00:40:54 vous rendez un drôle d'hommage à nos militaires.
00:40:57 Et donc il faut avec beaucoup de force défendre
00:41:00 le bien sondé de ces opérations.
00:41:03 Nous sommes allés aider des pays amis et partenaires
00:41:07 à défendre leur sol et à lutter contre le terrorisme chez eux.
00:41:10 C'est un reproche qu'il faut nous faire ?
00:41:13 C'est mal d'avoir fait ça ?
00:41:17 De grâce ? Non.
00:41:19 Et donc, oui, nous devons être exigeants,
00:41:20 repenser des partenariats nouveaux et ne céder
00:41:22 à aucune forme de paternalisme contemporain.
00:41:24 Je vais y revenir dans un instant sur notre politique africaine.
00:41:27 Enfin, il ne faut pas commencer à tout inverser
00:41:29 et à considérer que maintenant, on ne pourrait plus aller aider
00:41:31 un Etat qui veut défendre l'ordre chez lui
00:41:34 sur une base légale, et c'est le cadre
00:41:37 dans lequel nous sommes intervenus dans la région.
00:41:38 Demande souveraine, demande de la céder à eau.
00:41:41 Nous sommes en train de changer ce cadre.
00:41:43 Je vous renvoie au discours que j'ai tenu ici
00:41:44 en février dernier. Pourquoi ?
00:41:48 D'abord, parce qu'il ne faut pas rester trop longtemps
00:41:50 à lutter contre le terrorisme, mais parce que la nature
00:41:51 de ce conflit change, parce que la nature même du terrorisme
00:41:55 est en train de changer dans toute la région,
00:41:57 parce qu'on voit une montée du fait ethnique,
00:41:58 parce qu'il y a une crise, au fond, politique et économique
00:42:02 qui s'installe au Sahel et qui est en train d'installer
00:42:05 et, en quelque sorte, de créer dans la durée
00:42:09 une crise dont les nouvelles formes de terrorisme
00:42:12 sont une conséquence.
00:42:14 Et donc, il était tout à fait pertinent d'avoir l'action
00:42:16 que nous avons conduite, mais elle ne peut pas durer
00:42:18 sous la même forme, elle doit être adaptée.
00:42:20 C'est ce que nous avons d'ailleurs décidé
00:42:23 il y a quelques années dans un 1er réajustement
00:42:25 de notre dispositif, ce que nous avons décidé
00:42:27 en début d'année par une politique de réaménagement
00:42:30 de toutes nos bases, d'allègements et de partenariats,
00:42:34 et c'est ce que nous sommes en train de faire
00:42:35 et sur lequel nous irons encore plus loin
00:42:36 dans les prochains mois. Pourquoi ?
00:42:38 Parce qu'une présence stable posée, en quelque sorte,
00:42:41 sur le plan militaire est un argument utilisé par nos ennemis
00:42:45 dans le cadre de la lutte informationnelle
00:42:46 pour nous fragiliser,
00:42:48 alors même que le coeur de la réponse
00:42:50 doit être politique par les Etats africains,
00:42:53 et donc la France ne peut pas être un substitut,
00:42:55 et la réponse militaire ne peut pas être quelque chose
00:42:58 qui se substitue à la réponse politique.
00:43:00 Et donc, ça doit d'abord être une réponse politique.
00:43:03 Notre présence militaire doit, en fait, se structurer
00:43:06 sur la base de partenariats demandés par les pays africains,
00:43:11 qu'il s'agisse de formation, d'équipement, etc.
00:43:13 Et donc, nous repensons totalement
00:43:15 le cadre de ce partenariat, totalement,
00:43:17 y compris sur les capacités militaires que nous livrons,
00:43:20 y compris sur les formations que nous avons rouvertes.
00:43:22 Et dans le cadre de la loi de programmation militaire,
00:43:26 le ministre et le Sénat m'ont proposé
00:43:27 un schéma totalement différent
00:43:29 sur lequel nous allons aller encore plus loin.
00:43:31 Mais il est indispensable de poursuivre ce chemin
00:43:33 avec, là aussi, de nouveaux partenaires.
00:43:36 Le Bénin, pour n'en citer qu'un,
00:43:39 dans la région du Golfe de Guinée,
00:43:41 le Kenya, avec lequel aussi nous bâtissons
00:43:43 de nouvelles opérations régionales,
00:43:44 et en nous appuyant sur des forces régionales
00:43:48 permettant d'assurer la sécurité.
00:43:52 Sur le cas du Niger,
00:43:53 c'est exactement ce que nous sommes en train de faire.
00:43:57 Alors, si vous me permettez,
00:43:58 au-delà de cette doctrine d'ensemble,
00:44:00 de revenir sur ce que nous avons vécu cet été,
00:44:04 c'est un coup d'Etat
00:44:06 contre un président démocratiquement élu,
00:44:10 venant d'une ethnie minoritaire
00:44:12 qui a mené des réformes courageuses,
00:44:15 économiques, politiques,
00:44:17 tous les plans pour son pays,
00:44:19 qui clarifie à peu près tous les domaines,
00:44:21 qui est engagé sur tout l'agenda international
00:44:24 qui est le nôtre et celui des Nations unies,
00:44:27 et qui est pris en otage dans le palais présidentiel
00:44:29 par des putschistes depuis maintenant un mois.
00:44:33 Alors, on a dit que la France était trop engagée
00:44:35 en soutien au président Bassoum.
00:44:36 J'entends les gazettes, je lis le commentaire
00:44:37 parfois des autres capitales.
00:44:41 Mais on ferait quoi si un coup d'Etat comme ça
00:44:43 se passait en Bulgarie ou en Roumanie ?
00:44:45 On aurait dit... On irait dire qu'il ne faut pas trop s'engager.
00:44:49 On va regarder, parce que les putschistes
00:44:50 nous ont proposé un Premier ministre.
00:44:52 Voilà, on va s'engager. C'est ça, la bonne politique.
00:44:55 Il ne faut pas être jusqu'au boutiste, on n'est pas chez nous.
00:44:58 C'est ça, ce que veulent faire les autres capitales.
00:45:01 Et on voudrait dire que la démocratie
00:45:02 est une idée qui est bonne pour l'Afrique,
00:45:04 on ne fait pas de double standard.
00:45:07 C'est inadmissible.
00:45:09 On a un homme intègre, démocratiquement élu,
00:45:11 courageux, courageux parce que pour la 1re fois
00:45:15 dans un tel cadre, il ne démissionne pas
00:45:17 au péril de sa vie et de celle de sa famille.
00:45:19 Et on nous explique que la bonne politique aujourd'hui,
00:45:21 ce serait de le lâcher,
00:45:23 parce que c'est devenu à la mode,
00:45:25 parce qu'en fait, il faudrait produire local, maintenant,
00:45:27 même quand ce sont des putschistes.
00:45:31 Et de Washington en passant par d'autres capitales européennes,
00:45:33 j'ai entendu des voix, j'ai écouté des journaux,
00:45:35 j'ai lu des tribunes qui nous expliquaient
00:45:37 "N'en faites pas trop, ça devient dangereux,
00:45:41 "ça devient dangereux."
00:45:42 Non, on doit être clair, cohérent.
00:45:45 Cohérent, sinon qui nous écoutera ?
00:45:48 Dans quel capitale africain, on peut dire
00:45:49 qu'on a une politique de partenariat avec un dirigeant
00:45:52 si quand ils subissent cela, on ne peut pas être en soutien ?
00:45:56 Donc je pense que notre politique est la bonne.
00:45:58 Elle repose sur le courage du président Bazoum,
00:46:00 sur l'engagement de nos diplomates,
00:46:01 de notre ambassadeur sur le terrain
00:46:03 qui reste, malgré les pressions, malgré tout
00:46:05 et malgré toutes les déclarations d'autorité illégitime,
00:46:08 grâce à l'engagement de nos forces de sécurité intérieure
00:46:10 et de nos militaires.
00:46:12 Maintenant, il faut être clair, nous ne sommes pas engagés,
00:46:16 et il ne faut pas céder à un narratif
00:46:18 utilisé par les poutchistes qui consisterait à dire
00:46:20 "Notre ennemi est devenu la France."
00:46:22 Le problème des Nigériens aujourd'hui
00:46:24 sont des poutchistes qui les mettent en danger
00:46:26 parce qu'ils abandonnent la lutte contre le terrorisme,
00:46:28 parce qu'ils abandonnent une politique
00:46:30 qui était bonne économiquement pour eux
00:46:31 et qu'ils sont en train de perdre
00:46:32 tous les financements internationaux
00:46:33 qui étaient en train de leur permettre
00:46:34 de sortir de la pauvreté.
00:46:36 C'est ça, la réalité.
00:46:37 Si on ne le dit pas nous avec courage, qui le dira ?
00:46:41 Donc nous devons poursuivre cette politique avec fermeté,
00:46:44 sortir des mensonges et des facilités.
00:46:46 Et donc notre politique est simple.
00:46:48 On ne reconnaît pas les poutchistes.
00:46:50 On soutient un président qui n'a pas démissionné,
00:46:54 aux côtés duquel nous restons engagés,
00:46:56 et nous soutenons l'action diplomatique,
00:46:58 et quand elle le décidera, militaire, de la CEDEAO
00:47:01 dans une approche de partenariat
00:47:03 qui est celle que j'ai présentée en février dernier.
00:47:07 Ni le paternalisme, ni la faiblesse,
00:47:10 parce que sinon, on n'est plus nulle part.
00:47:13 Et nous devons continuer avec force de le soutenir,
00:47:17 et j'appelle tous les Etats de la région
00:47:20 à avoir une politique responsable,
00:47:21 parce qu'il faut être clair,
00:47:23 si la CEDEAO abandonne le président Bassoum,
00:47:25 je pense que tous les présidents de la région
00:47:27 sont à peu près conscients du destin
00:47:29 qui leur sera réservé.
00:47:32 Et la faiblesse que d'aucuns ont d'ailleurs montré
00:47:34 à l'égard des poutches précédents
00:47:36 a nourri des vocations régionales.
00:47:39 Il y a eu une épidémie de poutches dans tout le Sahel,
00:47:42 mais qui repose sur quoi ?
00:47:43 Sur la faiblesse de systèmes militaires,
00:47:45 sur une insuffisance d'efficacité,
00:47:47 et aussi sur la politique que nous devons conduire
00:47:51 en soutien avec toute la région,
00:47:52 et je reviendrai dans un instant.
00:47:54 Et donc, je pense que nous devons, sur ce point, être clairs.
00:47:56 La période est très difficile.
00:47:58 Elle est surtout difficile pour les Nigériens
00:48:01 et pour nos postes avancés,
00:48:03 mais nous devons avec fermeté, là aussi,
00:48:06 éviter tout double standard, être sur nos principes
00:48:09 et avoir cette politique de clarté.
00:48:11 Ca, c'est le 1er axe, sécurité, stabilité,
00:48:13 sur lequel je voulais revenir à travers ces différents chapitres.
00:48:15 Je vous rassure, c'était le plus long.
00:48:18 Le 2e grand intérêt, qui est le nôtre,
00:48:21 quand on parle de la France,
00:48:23 sont nos intérêts économiques, technologiques, stratégiques,
00:48:25 qui, au fond, au service de l'agenda
00:48:28 que j'ai défini pour le pays,
00:48:29 de renforcer notre indépendance
00:48:33 dans toutes les exceptions du terme,
00:48:35 immédiate et dans la durée.
00:48:37 L'indépendance ne veut pas dire l'autarcie,
00:48:39 mais ça veut dire que quand on a des partenaires,
00:48:41 on les choisit,
00:48:42 mais on ne peut pas durablement être une puissance,
00:48:45 avoir même une diplomatie,
00:48:46 parfois des actions militaires fortes et crédibles,
00:48:49 si on a des dépendances économiques, technologiques
00:48:52 ou de matériaux à l'égard de tel ou tel.
00:48:56 Oserais-je dire que nous l'avons vécu
00:48:58 dans la période récente, nous tous Européens,
00:49:00 et tout ça nous a conduits à un réveil.
00:49:02 Ca doit irriguer notre approche à tous égards
00:49:06 et notre diplomatie.
00:49:08 C'est la clé d'une sécurité durable,
00:49:10 et c'est la clé d'autant plus que nous sommes à un moment
00:49:14 de réallocation internationale
00:49:17 des ressources et des innovations.
00:49:19 Et ce qui est en train de se faire aujourd'hui
00:49:20 va décider du monde dans 10 ans, 15 ans, 20 ans.
00:49:23 D'abord, il y a une prédation sur les ressources
00:49:25 et matériaux rares, il ne faut pas être naïf.
00:49:27 Les Chinois l'ont commencé avant nous,
00:49:30 on les regardait jouer au go,
00:49:31 on se demandait quel était le jeu,
00:49:32 maintenant, on est en train de comprendre.
00:49:34 Mais il y a des matériaux rares et des ressources
00:49:36 sur lesquels nous, Français européens,
00:49:38 nous devons avoir accès pour diversifier et ne pas dépendre.
00:49:42 Et ensuite, sur 2 grands sujets,
00:49:44 les industries vertes et l'intelligence artificielle
00:49:49 et les nouvelles technologies,
00:49:50 il y a un moment d'investissement massif
00:49:52 et de réallocation des forces productives
00:49:54 qui va déterminer beaucoup de choses,
00:49:56 de nos capacités à être indépendants,
00:49:58 à bâtir des emplois dans nos pays,
00:50:00 mais y compris à avoir des technologies civiles
00:50:02 et militaires souveraines dans l'avenir.
00:50:06 Et ceci doit absolument structurer
00:50:08 notre approche diplomatique en la matière.
00:50:10 C'est pourquoi, si on veut être indépendants,
00:50:13 il faut une stratégie française et européenne
00:50:15 d'autonomie stratégique.
00:50:18 Il y a maintenant 6 ans, j'utilisais le terme
00:50:20 d'une Europe plus souveraine au discours de la Sorbonne.
00:50:22 On disait que c'était une belle idée française
00:50:26 pour les gens les plus pudiques, les plus positifs.
00:50:28 Les autres disaient que c'était une foutaise française.
00:50:30 Et ça ne viendra pas.
00:50:33 C'est ça pour se faire plaisir.
00:50:35 Je constate qu'il y a eu un réveil ces 5 dernières années,
00:50:38 ce qui est notre victoire collective.
00:50:40 D'abord, cette idée a été adoptée par tous les Européens.
00:50:43 Alors, c'est souveraineté, c'est autonomie stratégique.
00:50:47 Chacun fait ce avec quoi il est à l'aise.
00:50:49 Moi-même, je ne comprends pas
00:50:51 les 50 nuances de gris en la matière.
00:50:53 Et d'ailleurs, selon les capitales,
00:50:54 on me dit que l'un préfère l'autre.
00:50:56 A la fin, je crois qu'on comprend tout ce que ça veut dire.
00:50:58 Ca veut dire maîtriser davantage notre destin
00:51:00 à travers ce qu'on produit, ce qu'on achète
00:51:04 et les dépendances contraintes en diversifiant.
00:51:08 Et donc, nous avons, ces dernières années,
00:51:10 de la défense à la technologie à l'énergie,
00:51:14 cristallisé un vrai réveil européen
00:51:16 et mis en oeuvre de vraies politiques avec des résultats.
00:51:20 En matière de défense, on a commencé
00:51:21 avec le Fonds de défense,
00:51:23 l'Initiative européenne d'intervention,
00:51:24 et il faut aller beaucoup plus loin.
00:51:26 On l'a commencé aussi dès le Covid et après
00:51:29 avec ce que nous avons fait en matière de production de santé,
00:51:32 à travers ce que nous avons bâti sur les semi-conducteurs
00:51:35 et sur les technologies vertes,
00:51:38 à travers des actes fondateurs de la Commission
00:51:42 et des politiques d'investissement.
00:51:43 C'était impensable il y a 5 ans.
00:51:46 Impensable.
00:51:47 Et donc, ça, nous devons le consolider.
00:51:49 Et pour moi, la clé de voûte, c'est l'agenda de Versailles
00:51:52 que nous avons, en Européens, bâti en mars 2022,
00:51:55 qui consolide cette autonomie stratégique
00:51:57 dans tous les domaines que j'évoquais,
00:51:58 semi-conducteurs, technologies vertes, numériques, etc.
00:52:01 Néanmoins, sur cette base-là,
00:52:03 évidemment, le partenariat franco-allemand est clé.
00:52:06 J'irai dans quelques semaines à Hambourg
00:52:08 avoir une discussion en particulier
00:52:10 sur l'intelligence artificielle avec le chancelier,
00:52:12 mais le tandem franco-allemand
00:52:15 est absolument décisif en la matière,
00:52:17 au moment où on vit un choc qui vient bousculer notre Europe.
00:52:20 Et donc, je ne ménagerai pas mes efforts
00:52:22 pour réengager, consolider,
00:52:24 qu'on ait une convergence de vues de plus en plus forte.
00:52:26 Mais nous tous, Européens,
00:52:27 nous avons besoin d'aller beaucoup plus vite et plus fort.
00:52:31 Et je voudrais juste citer quelques aspects
00:52:32 de cette autonomie stratégique
00:52:34 qui est clé pour notre indépendance.
00:52:36 D'abord, on doit avoir une politique énergétique européenne
00:52:40 clarifiée.
00:52:43 On en a posé des bases réglementaires
00:52:47 avec le Fit for 55 et le Green Deal.
00:52:50 Elle est bonne,
00:52:52 mais enfin, on doit en décliner maintenant les instruments.
00:52:55 Nous n'avons pas fini le travail pour être, à mon tour, diplomate.
00:52:59 Et au fond, le travail que nous devons conduire,
00:53:01 c'est celui qui nous permet d'être plus indépendants,
00:53:06 d'être plus décarbonés et de continuer à créer des emplois
00:53:09 et de l'industrie sur le sol européen.
00:53:10 C'est ça, les 3 objectifs.
00:53:12 Pour ce faire, il faut plus de renouvelables,
00:53:14 plus de nucléaires,
00:53:15 plus d'intégration électrique en Europe.
00:53:18 C'est ça. On n'est pas tous d'accord sur cet agenda.
00:53:21 Et donc, il va falloir relancer, démultiplier les efforts.
00:53:24 Mais je vais être clair.
00:53:26 Plus de charbon en Europe, c'est pas bon pour cet agenda.
00:53:29 Plus de dépendance fossile en Europe,
00:53:30 c'est pas bon pour cet agenda.
00:53:32 Une complexification réglementaire sur l'hydrogène,
00:53:35 pour savoir de quelle couleur il est,
00:53:37 quand il est produit avec du bas carbone,
00:53:38 c'est pas bon pour cet agenda.
00:53:40 Je suis pour la libre circulation
00:53:42 des électrons bas carbone en Europe.
00:53:46 Je pense que c'est une bonne politique
00:53:48 si on veut l'avenir énergétique européen.
00:53:50 Plus on produira de l'électron en Europe bas carbone,
00:53:53 plus on sera forts et indépendants.
00:53:54 C'est ça, la stratégie que nous devons mener.
00:53:56 Et tout doit en découdre.
00:53:57 Et donc, nous aurons encore beaucoup de travail
00:54:00 dans les capitales et à Bruxelles sur ce sujet.
00:54:02 C'est indispensable.
00:54:03 Et il y a un travail de conviction et de réengagement
00:54:05 avec nos amis allemands.
00:54:06 Nous ne sommes pas d'accord sur ce sujet aujourd'hui.
00:54:08 Je pense que c'est une vraie préoccupation
00:54:10 et que ce serait une faute historique
00:54:11 de nous priver de nucléaires ou de ralentir
00:54:14 les investissements en matière de nucléaire
00:54:15 et d'innovation nucléaire en Europe.
00:54:18 Et notre priorité ne doit pas être
00:54:20 de nous diviser sur des modèles énergétiques différents,
00:54:23 mais au contraire de renforcer l'intégration
00:54:26 du réseau électrique européen,
00:54:27 ce qui est absolument indispensable,
00:54:29 parce qu'on va devoir électrifier de plus en plus.
00:54:32 Le 2e élément, c'est d'avoir des politiques industrielles assumées.
00:54:36 On a commencé à le faire.
00:54:40 Il faut le démultiplier, aller beaucoup plus vite et plus fort.
00:54:42 Je vous renvoie à cet égard
00:54:43 au discours que j'ai prononcé à l'AE
00:54:46 sur notre nouvelle doctrine de sécurité européenne.
00:54:49 C'est un en même temps auquel je crois aussi.
00:54:51 Evidemment, il faut une politique de marché unique,
00:54:53 forte et donc plus d'intégration,
00:54:56 du numérique aux différents champs industriels,
00:54:58 mais il faut une politique industrielle assumée
00:55:01 où on aide et on investit,
00:55:02 parce que les Chinois et les Américains le font.
00:55:05 Et aujourd'hui, si je devais résumer
00:55:09 en une formule peut-être un peu brutale,
00:55:11 l'Europe a tendance à surréglementer
00:55:14 et à sous-investir trop lentement.
00:55:19 Et donc une vraie politique industrielle
00:55:20 compétitive européenne,
00:55:22 c'est d'avoir plus d'innovation, plus d'investissement,
00:55:25 moins de surréglementation.
00:55:27 Et donc de mettre en oeuvre ce sur quoi on s'est engagé,
00:55:31 mais surtout d'avoir plus de force économique européenne
00:55:34 au niveau du continent,
00:55:35 plus de rapidité d'exécution
00:55:37 et de pouvoir, qu'il s'agisse de technologie verte,
00:55:41 de l'intelligence artificielle ou autre,
00:55:44 être en mesure de faire la compétition
00:55:46 avec les Américains et les Chinois.
00:55:48 On a commencé par les actes qui ont été pris
00:55:50 depuis les expressions peut-être un peu directes
00:55:52 que j'avais eues en fin d'année dernière
00:55:54 suite à l'Inflation Reduction Act.
00:55:57 On a eu raison de faire ça.
00:55:58 On doit aller plus vite et plus fort
00:55:59 parce que nous ne sommes pas encore à la masse
00:56:01 et nous sommes trop divisés en Européens.
00:56:04 3e élément, on doit avoir une politique commerciale
00:56:06 plus réaliste.
00:56:08 Je l'ai dit, l'Europe ne peut pas être le dernier continent
00:56:12 qui continue à faire des accords commerciaux
00:56:14 d'ancienne génération.
00:56:16 Et il y a 2 faits nouveaux que nous devons intégrer
00:56:18 dans notre politique commerciale.
00:56:19 Nos intérêts stratégiques et le climat.
00:56:22 Nos intérêts stratégiques, c'est que quand les Etats-Unis
00:56:24 et la Chine décident que les technologies vertes
00:56:29 supposent de ne pas respecter les règles de l'OMC,
00:56:31 on ne peut pas être les derniers à le faire.
00:56:33 Et donc, on doit avoir une politique commerciale
00:56:35 qui défend la base productive européenne.
00:56:38 Moi, je ne veux pas préparer une France et une Europe
00:56:42 où on pourra acheter des technologies
00:56:45 qui sont construites ou en Chine aux Etats-Unis.
00:56:48 Ca n'est pas sérieux.
00:56:49 Et donc, nous devons l'intégrer dans notre politique commerciale.
00:56:51 On ne peut pas avoir des véhicules électriques européens
00:56:54 qui sont taxés à 25 % quand ils arrivent en Chine
00:56:57 et des véhicules chinois qui sont taxés à 10 %
00:56:59 quand ils arrivent en Europe.
00:57:00 Et je le dis avec beaucoup de respect et d'amitié
00:57:02 pour nos amis chinois.
00:57:03 Vous connaissez là aussi mon approche et ma politique.
00:57:05 Et donc, la réciprocité va passer par là.
00:57:08 C'est pas la naïveté.
00:57:09 D'ailleurs, nous ne sommes pas respectés quand nous sommes naïfs.
00:57:11 Et donc, on doit avoir une politique commerciale cohérente
00:57:14 avec nos intérêts stratégiques industriels.
00:57:17 Et on doit avoir une politique commerciale cohérente
00:57:18 avec nos stratégies climatiques.
00:57:20 C'est pas possible de demander à nos industriels
00:57:22 et nos agriculteurs de respecter des normes
00:57:24 et de négocier des accords commerciaux
00:57:26 avec des puissances qui ne les respectent pas
00:57:28 pour importer ce qu'on a interdit de produire chez nous.
00:57:30 Il y a personne qui comprend ça en France.
00:57:32 Et on ne peut pas défendre une telle option.
00:57:36 C'est ce qui nourrit les populismes partout en Europe
00:57:39 et c'est ce qui est en train de préparer un agenda
00:57:42 absolument catastrophique
00:57:43 qui fait monter les extrêmes partout en Europe.
00:57:46 C'est pourquoi nous continuerons d'être opposés
00:57:48 à des accords commerciaux
00:57:50 qui permettraient d'importer sur le sol européen
00:57:54 des produits qui ne respectent pas nos normes sanitaires,
00:57:57 climatiques, qu'il s'agisse du carbone ou de la biodiversité.
00:58:02 C'est d'ailleurs ce qui fait de nous ensuite
00:58:03 une puissance très, très petite en la matière.
00:58:05 Je vous rappelle que c'est parce que nous avons poussé les 1ers
00:58:08 à l'interdiction de la déforestation importée
00:58:10 qu'on a mis la pression sur beaucoup de puissances
00:58:12 pour éviter d'avoir ces pratiques.
00:58:14 Et puis, dernier point, nous devons avoir une Europe
00:58:19 en la matière beaucoup plus intégrée et unie.
00:58:21 Et ceci est au coeur, cet agenda stratégique
00:58:25 et d'autonomie stratégique européen
00:58:27 doit être au coeur de l'agenda européen à venir
00:58:30 et, à mes yeux, des échéances de 2024
00:58:34 qui vont structurer le débat européen.
00:58:36 Tout ce que j'évoque là, c'est une Europe plus lucide,
00:58:39 plus souveraine, plus intégrée, plus unie.
00:58:43 Cet agenda, il faut absolument le clarifier,
00:58:44 il supposera des réformes structurantes.
00:58:46 Et vous le voyez bien, notre indépendance
00:58:48 et la défense de nos intérêts économiques,
00:58:51 technologiques, stratégiques
00:58:53 passent par cet agenda européen porté, défendu
00:58:57 et, si je puis dire, accru dans les mois et les années qui viennent.
00:59:02 Sur le plan bilatéral, j'attends de vous principalement
00:59:04 3 choses au-delà des missions que vous connaissez parfaitement
00:59:07 et que vous exercez chaque jour.
00:59:09 Nous devons continuer de renforcer
00:59:13 nos efforts en termes d'exportation.
00:59:15 Le bilan... Vous le savez, le bilan commercial de la France
00:59:18 n'est pas bon.
00:59:19 Il n'est pas bon essentiellement
00:59:21 à raison de nos dépendances énergétiques.
00:59:24 C'est aussi pour ça qu'une stratégie
00:59:27 allant vers le bas carbone et la sortie du fossile
00:59:29 est une bonne stratégie pour la France
00:59:30 d'un point de vue commercial.
00:59:32 Nous avons des grands axes forts que nous continuons de consolider
00:59:35 qui se fragilisent dans la période
00:59:38 en raison parfois des surréglementations,
00:59:40 parce qu'il faudrait...
00:59:42 Il faut rester prudent sur notre bilan en agroalimentaire.
00:59:44 Nous devons renforcer notre politique agroalimentaire
00:59:47 à l'export parce que, malgré l'engagement
00:59:50 et l'investissement de tous nos producteurs,
00:59:54 les réglementations européennes
00:59:56 que nous avons accumulées ces dernières années
00:59:58 sont parfois un élément de fragilité
01:00:01 par rapport aux autres grandes puissances.
01:00:02 Il faut être lucide à cet égard.
01:00:05 Mais nous devons intensifier notre diplomatie économique
01:00:08 et le soutien aux exports.
01:00:09 Jeudi sera présenté un plan France-export à cet égard.
01:00:15 Je veux remercier l'implication de toute l'équipe, justement,
01:00:20 de France-export,
01:00:24 Business France, l'ABPI, les CCI,
01:00:28 l'AFD avec Proparco
01:00:29 et l'ensemble des postes diplomatiques
01:00:31 et des services économiques.
01:00:33 Ce qui m'importait de dire ici,
01:00:36 c'est continuer d'intensifier le soutien
01:00:37 aux entreprises de taille intermédiaire,
01:00:39 aux PME et aux start-up.
01:00:41 La French Tech est une force.
01:00:44 Elle doit l'être aussi à l'export.
01:00:47 Deux, ayez ce travail par filière
01:00:50 qui a présidé aux travaux qui seront présentés jeudi
01:00:53 parce que, de plus en plus, on le voit,
01:00:54 les grands groupes qui sont une force à l'export
01:00:57 doivent tirer les plus petits.
01:00:58 C'était moins un réflexe français, il faut bien le dire,
01:01:00 que chez d'autres grands Européens.
01:01:02 Il faut le pousser, l'intensifier,
01:01:04 mais on a besoin de plus en plus d'une offre intégrée
01:01:07 parce que, dans beaucoup de pays,
01:01:08 c'est la réponse à tel défi sur l'hydro
01:01:11 qui se développe dans beaucoup de pays émergents
01:01:13 et intermédiaires.
01:01:14 C'est telle réponse...
01:01:16 Il faut que l'équipe de France soit structurée
01:01:18 par des approches filières.
01:01:20 Et trois, ayez dans vos critères aussi
01:01:23 les créations d'emplois en France.
01:01:25 Cette diplomatie doit être au service
01:01:28 de la réindustrialisation française
01:01:29 et de la création d'emplois.
01:01:30 Parfois, votre serviteur, le premier,
01:01:32 je me dis, j'ai passé beaucoup de temps
01:01:34 à aider un grand groupe, c'est formidable,
01:01:35 donc je ne suis pas sûr qu'il avait besoin de moi,
01:01:37 mais qui ne va pas créer un emploi et plus de valeur en France.
01:01:41 C'est parfois plus utile d'aider celui qui va,
01:01:43 à travers cette stratégie d'export,
01:01:45 créer de l'emploi telle, si, en France,
01:01:46 parce qu'il y exportera.
01:01:48 C'est un critère qui doit être
01:01:49 dans la hiérarchisation des choses.
01:01:51 Parce qu'on veut le bien de l'humanité,
01:01:53 on veut y oeuvrer, mais on veut d'abord
01:01:55 baisser le chômage chez nous.
01:01:56 Et c'est un des objectifs que je fixe
01:01:58 à ce plan France Export.
01:02:00 Ensuite, je veux qu'on mobilise mieux
01:02:02 à travers nos exports, nos diasporas,
01:02:06 nos binationaux, les forces vives que nous avons dans la nation.
01:02:09 Avec Tchouz Afrika, on a bâti des mécanismes
01:02:11 impliquant aussi tous les acteurs qui sont ici présents
01:02:14 pour aider les diasporas africaines présentes en France
01:02:18 à investir et à porter leurs projets entrepreneuriaux
01:02:21 sur le territoire africain
01:02:23 et à bâtir beaucoup plus de projets.
01:02:26 Ceci doit être au coeur de tous les postes
01:02:29 présents en Afrique.
01:02:31 Et puis, avec le Fonds Maghreb,
01:02:32 nous avons déployé là aussi une approche
01:02:34 pour que tous les binationaux puissent multiplier les projets
01:02:38 des deux côtés de la rive méditerranée.
01:02:41 C'est pour moi un projet au coeur aussi de notre stratégie export
01:02:44 qui doit être promu, poussé.
01:02:46 Ces deux éléments ne doivent pas être vus
01:02:47 comme anecdotiques ou secondaires.
01:02:51 2e élément clé sur le plan bilatéral,
01:02:53 ce sont les nouveaux investissements
01:02:55 et la stratégie d'attractivité.
01:02:56 Je serai très court à cet égard.
01:02:57 Je sais que plusieurs campagnes
01:03:00 vous ont été présentées ce matin.
01:03:01 Choose France est un rendez-vous qui fonctionne bien.
01:03:04 Depuis 4 ans, nous sommes le pays le plus attractif d'Europe.
01:03:07 On doit renforcer nos efforts,
01:03:09 consolider cette politique.
01:03:13 Et donc, elle passe par, évidemment,
01:03:14 tout le travail qu'on fait au national.
01:03:16 Mais je compte sur votre mobilisation.
01:03:18 La prochaine édition se tiendra en mai 2024.
01:03:22 Et là aussi, on doit continuer,
01:03:23 parfois en mettant l'accent sur tel ou tel pays
01:03:27 ou région, ou tel ou tel vertical.
01:03:29 Mais je pense que c'est très important
01:03:30 de bien préparer ces rendez-vous avec tous les postes.
01:03:33 Et puis, dernier point sur le plan bilatéral
01:03:35 sur lequel je voulais insister,
01:03:36 c'est la sécurisation de nos intrants.
01:03:38 On doit intégrer dans la feuille de route
01:03:40 diplomatique et économique
01:03:42 les aspects de terres rares, matériaux rares,
01:03:45 minéraux critiques.
01:03:46 Suite à la mission qui avait été confiée à Philippe Varra,
01:03:48 on a un délégué interministériel
01:03:50 qui est en charge de ce sujet, M. Galzot.
01:03:52 C'est très important que la feuille de route
01:03:55 soit claire pour tous les postes
01:03:57 et qu'on l'intègre à notre diversification.
01:04:00 A cet égard, c'est une aberration
01:04:01 que j'ai été le 1er président français allé en Mongolie
01:04:03 quand on voit ce que ça a en potentiel
01:04:06 sur certains de ces matériaux critiques,
01:04:08 pour rester pudiques.
01:04:10 Il y a dans beaucoup d'autres pays la même chose.
01:04:12 Et donc, on doit avoir cette cartographie
01:04:15 et, à travers notre diplomatie,
01:04:17 les déplacements ministériels,
01:04:18 notre diplomatie parlementaire,
01:04:20 renforcer les liens qui sont clés avec les pays
01:04:23 et qui nous permettent d'avoir, justement,
01:04:26 de sécuriser l'accès à ces matériaux,
01:04:30 minerais rares ou terres rares,
01:04:32 parce que c'est un élément de la diversification,
01:04:35 pour nous, de beaucoup de nos productions
01:04:37 et donc de notre indépendance.
01:04:40 Parler d'indépendance et de nos intérêts
01:04:43 me conduit enfin à conclure sur ce 2e volet,
01:04:47 sur l'immigration.
01:04:48 C'est un sujet qui est toujours délicat
01:04:50 quand on en parle dans un cadre diplomatique
01:04:53 et qu'on est président de la République,
01:04:55 parce qu'on a l'impression, au fond,
01:04:57 qu'on nous conduirait à jouer 2 airs différents,
01:04:59 l'air national et l'air international.
01:05:02 Et d'ailleurs, c'est nos propres difficultés d'organisation
01:05:05 qui nous conduisent à ne pas être suffisamment bien organisés
01:05:08 et efficaces en la matière.
01:05:09 Et c'est vraiment ce que j'ai demandé
01:05:11 aux ministres de l'Intérieur et des Outre-mer
01:05:14 et à la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
01:05:15 en la matière.
01:05:17 Je les remercie pour l'amélioration du travail
01:05:18 qui a été conduit ces derniers mois.
01:05:21 Qu'est-ce qu'on veut en termes d'immigration ?
01:05:24 D'abord, nous voulons contrôler nos frontières,
01:05:27 celles de Schengen et, en ce moment, de Schengen,
01:05:29 ensuite, les frontières intérieures,
01:05:30 quand il y a des risques qu'il justifie,
01:05:32 ce que prévoient nos traités, ce que nous faisons, d'ailleurs,
01:05:34 dans un contexte terroriste.
01:05:36 On veut réduire le flux non maîtrisé
01:05:40 et, évidemment, lutter contre les passeurs
01:05:42 et l'immigration clandestine.
01:05:44 Et on veut lutter contre toutes les formes de non-coopération
01:05:47 au sein de l'Europe qui conduit à faire exploser
01:05:50 notre organisation intérieure
01:05:53 sous l'action de passeurs clandestins
01:05:55 qui contournent le droit d'asile
01:05:57 et qui viennent, en quelque sorte,
01:05:59 tromboser notre organisation,
01:06:01 ce qui fait que nous avons des délais qui sont insoutenables,
01:06:02 des gens qui restent trop longtemps sur notre territoire
01:06:04 et alors même qui sont venus de manière illégale
01:06:06 par des passeurs et qui doivent être conduits chez eux.
01:06:08 Quand l'instruction est faite au bout de 18 mois,
01:06:10 on ne peut pas les reconduire.
01:06:11 Je résume très rapidement les turpitudes
01:06:13 que nous vivons depuis des années.
01:06:15 Nous voulons le faire dans un cadre qui respecte
01:06:18 nos principes et nos valeurs,
01:06:20 le droit d'asile et la protection des combattants
01:06:22 et combattantes de la liberté,
01:06:24 les migrations économiques voulues,
01:06:25 les regroupements familiaux, dont on parle souvent beaucoup,
01:06:28 en oubliant que l'essentiel de ces derniers
01:06:29 sont liés à beaucoup de Françaises et de Français
01:06:31 qui épousent des non-Français
01:06:33 et qui veulent les faire revenir,
01:06:35 quand on regarde la réalité des chiffres.
01:06:37 Donc, derrière ça, il faut être beaucoup plus efficace,
01:06:40 plus résolu, mais aussi plus clair.
01:06:42 Un texte de loi va arriver. On a une action européenne
01:06:44 qu'on a engagée sous présidence française
01:06:46 qui va dans le bon sens.
01:06:47 Le sommet de Tourcoing nous avait permis, justement,
01:06:49 de renforcer les mécanismes de protection
01:06:51 de nos frontières communes.
01:06:52 Nous allons poursuivre cet effort.
01:06:54 Mais je voulais insister sur 2 points à cet égard,
01:06:57 parce qu'en même temps que cet effort,
01:06:59 nous voulons évidemment garder notre attractivité,
01:07:02 c'est-à-dire permettre la circulation des talents.
01:07:04 Je dis bien circulation,
01:07:06 c'est-à-dire attirer les meilleurs étudiants,
01:07:07 mais leur permettre ensuite d'aller servir leur pays
01:07:10 et d'aller et venir. C'est ça, la logique du partenariat.
01:07:13 Nous voulons continuer d'avoir les meilleurs chercheurs,
01:07:14 les meilleurs entrepreneurs, les plus grands artistes
01:07:17 et de rayonner. Donc on doit être une puissance ouverte.
01:07:20 Comment tenir les 2 ?
01:07:22 En ayant des objectifs clairs et des instruments qui fonctionnent.
01:07:26 Alors, pour ça, le 1er point,
01:07:29 c'est que nous devons mettre en oeuvre le rapport Hermelin
01:07:31 sur la politique de visa.
01:07:33 Je le dis parce qu'il fait un peu le post-mortem
01:07:35 de ce que nous n'avons pas bien réussi à faire
01:07:37 lorsqu'on a décidé de durcir notre politique de visa
01:07:39 à l'égard d'Etat qui ne jouait pas totalement le jeu
01:07:41 sur la question migratoire.
01:07:43 On l'a fait, ça a gêné beaucoup de familles
01:07:48 qui ont fait alimenter le lien et la relation,
01:07:52 qui n'avaient rien à voir avec le non-respect
01:07:54 de ces politiques migratoires.
01:07:55 Ca a peu gêné ceux qui les entretenaient
01:07:57 et ça a détérioré notre réputation et notre image
01:08:00 sans beaucoup améliorer notre efficacité,
01:08:02 si je fais un peu le bilan de ce qu'on a fait.
01:08:04 Néanmoins, ça ne veut pas dire qu'il faut aller vers le laxisme.
01:08:07 Non, on doit avoir une politique de rigueur,
01:08:09 et qui nous permet de conditionner de manière intelligente
01:08:12 et de simplifier notre politique de visa
01:08:16 quand on est avec des gens qui font vivre
01:08:17 la relation bilatérale et qui sont bien connus.
01:08:20 En somme, comme souvent, on n'est pas assez efficace
01:08:23 avec les réseaux de délinquants
01:08:26 et on crée trop de turpitudes à l'égard de ceux
01:08:28 qui aiment la France et qui font vivre la relation bilatérale.
01:08:31 Bon, c'est ça qu'il faut changer.
01:08:33 Le 2e élément, c'est que nous devons avoir
01:08:35 une politique européenne clarifiée,
01:08:38 et c'est ce à quoi nous sommes en train de nous atteler,
01:08:40 en matière de contrôle et de conditionnalité
01:08:42 de nos aides et de nos politiques de visa
01:08:43 au niveau européen et de Schengen.
01:08:45 Parce que tout ça ne marche pas si on a des partenaires
01:08:48 au sein de Schengen qui ne l'appliquent pas.
01:08:50 Ce que nous avons aussi vécu au moment
01:08:52 où nous avons durci nos conditions,
01:08:53 quand certains voisins ont, eux, libéralisé les mêmes conditions,
01:08:56 permis les entrées sur le territoire de Schengen.
01:08:59 Donc il faut que cette politique, elle, soit européenne,
01:09:01 parce que, en tout cas, au moins,
01:09:03 dans le cadre de l'espace de Schengen,
01:09:05 et c'est exactement le débat que nous allons avoir
01:09:08 dans les prochains mois.
01:09:09 Mais voilà l'équilibre qui n'est pas une ambiguïté,
01:09:13 qui est le refus d'une espèce d'esprit de facilité.
01:09:16 Nous voulons continuer d'être
01:09:18 une puissance attractive et ouverte,
01:09:20 mais nous voulons lutter contre l'immigration clandestine,
01:09:24 les réseaux de passeurs,
01:09:25 et ce qui nuit aujourd'hui à l'inquiétude et la sécurité
01:09:29 dans certains quartiers ou certaines zones de notre pays.
01:09:32 Et donc politique européenne, politique de visa,
01:09:34 et aussi politique française,
01:09:36 ce sera le cadre d'un texte de loi qui sera présenté,
01:09:39 en tout cas qui poursuivra son chemin parlementaire
01:09:41 dans les prochaines semaines sous l'autorité du ministre.
01:09:45 3e élément sur lequel je voulais revenir,
01:09:48 c'est notre rôle de puissance partenariale de confiance.
01:09:52 Je suis revenu l'année dernière, ces années précédentes,
01:09:55 sur ce que nous avons appelé un multilatéralisme efficace,
01:09:58 et dans ce contexte, le rôle de la France
01:09:59 comme puissance d'équilibre pluriel.
01:10:03 Notre défi, on ne doit pas en prendre la charge seul,
01:10:05 c'est que dans ce monde de plus en plus fragmenté,
01:10:08 on a besoin de plus de coopération internationale
01:10:11 et d'éviter une partition du monde dans ce duopole
01:10:14 et en quelque sorte l'éclatement du monde
01:10:16 dans une fragmentation.
01:10:18 A cet égard, je veux que nous renforcions notre action
01:10:21 autour de quelques éléments, justement,
01:10:23 de partenariats auxquels je crois très profondément,
01:10:26 qui, tout en défendant nos intérêts,
01:10:28 nos principes et ceux de la souveraineté,
01:10:30 nous permettent de dialoguer avec chacune et chacun.
01:10:33 D'abord, le renouvellement de nos partenariats géographiques.
01:10:37 Je vais être très rapide parce que sur le 1er,
01:10:39 je me suis déjà exprimé beaucoup de fois, c'est l'Afrique.
01:10:42 Je l'ai évoqué, l'Afrique, sur la question sécuritaire,
01:10:45 mais depuis le discours de Ouagadougou en novembre 2017
01:10:48 jusqu'à la conférence tenue ici le 27 février dernier
01:10:51 et à travers les différentes prises de parole
01:10:53 que j'ai pu faire,
01:10:54 et l'important sommet de Montpellier,
01:10:57 qui a pu parfois, pour certaines ou certains,
01:10:59 paraître baroque, je pense qu'il est quintessentiel
01:11:01 de la nouvelle méthode,
01:11:04 c'est que notre partenariat avec l'Afrique
01:11:07 doit reposer sur un changement profond
01:11:09 d'objectifs, de méthodes et d'interlocuteurs.
01:11:13 Nous avons encore trop tendance à ne parler qu'avec les capitales
01:11:15 et les gens au pouvoir.
01:11:17 Evidemment qu'il faut le faire comme partout,
01:11:19 c'est le travail d'ambassadeurs et d'ambassadrices,
01:11:21 mais sans doute plus qu'ailleurs,
01:11:23 il faut parler, renforcer le lien avec la société civile,
01:11:26 avec les oppositions et toutes les expressions
01:11:30 des forces vives.
01:11:31 C'est absolument indispensable.
01:11:34 Si nous avons été pris à revers sur le continent africain,
01:11:37 c'est que nous avions un dispositif par trop posé
01:11:41 et tellement en intimité avec celles et ceux
01:11:43 qui étaient au pouvoir
01:11:45 qu'ils finissaient par n'en pas voir le reste de la société.
01:11:49 Et à un moment donné, quand la société bouge,
01:11:52 on n'a plus de capteur.
01:11:54 C'est une réalité.
01:11:55 Et quand je vois les montants d'investissement solidaire,
01:11:59 de partenariats,
01:12:01 la force des équipes que nous avons dans beaucoup de ces pays,
01:12:04 ça n'est pas acceptable.
01:12:05 Donc on doit sortir beaucoup plus des chantiers battus
01:12:08 et renforcer le travail avec les sociétés civiles,
01:12:11 avec tous les partenaires, avoir un agenda
01:12:14 beaucoup plus sur école, santé, agriculture, climat,
01:12:18 et donc les fondamentaux pour l'investissement solidaire
01:12:20 que nous avons définis dans le cadre du Conseil présidentiel,
01:12:23 en sortant d'ailleurs aussi des priorités uniquement géographiques
01:12:27 qui créent des effets de résilience, d'habitude,
01:12:30 et au fond, le gâteau avalé n'avait plus de saveur.
01:12:32 Et finalement, on faisait une politique
01:12:34 que les gens ne voyaient pas et comprenaient pas
01:12:36 que c'était la France, ils ne nous disaient pas merci,
01:12:37 parce qu'il faut quand même être lucide.
01:12:39 On a aujourd'hui...
01:12:40 Le sentiment anti-français est largement manipulé
01:12:43 par des réseaux, des néo-impérialistes en Afrique,
01:12:46 mais il y a aussi beaucoup d'endroits
01:12:48 où on ne sait pas que c'est la France
01:12:49 qui fait ceci ou cela.
01:12:51 Donc on doit renforcer notre lien avec les sociétés civiles,
01:12:53 et tous les acteurs,
01:12:55 y compris ceux qui peuvent paraître
01:12:57 comme étant les plus marginaux.
01:12:58 On doit renforcer dans nos verticaux
01:13:00 les points que j'ai évoqués.
01:13:01 On doit avoir une approche beaucoup plus par la formation,
01:13:04 le développement économique,
01:13:06 et renforcer aussi notre action par la culture,
01:13:09 le sport et tous ces leviers.
01:13:12 A cet égard, je veux souligner l'importance
01:13:14 qu'avait eue la saison Africa 2020,
01:13:16 qui, de l'innovation, la technologie,
01:13:18 en passant par la culture, avait complètement changé,
01:13:21 je crois, le regard croisé que nous avons avec le continent.
01:13:25 Nous aurons Africa Création à Paris les 6, 7, 8 octobre,
01:13:28 qui est un rendez-vous très important
01:13:29 sur lequel je demande la mobilisation
01:13:31 de tous les postes en Afrique.
01:13:33 Et je veux que nous finalisions dans les 6 mois
01:13:35 la mise en place de la Maison des mondes africains,
01:13:37 qui est un projet très important aussi à cet égard.
01:13:41 Dans le cadre de cet effort et de ce partenariat,
01:13:44 et donc je vous incite vraiment à poursuivre
01:13:45 ce changement de méthode, à aller beaucoup plus loin
01:13:47 pour à la fois avoir plus d'influence,
01:13:51 plus d'efficacité, renforcer les liens.
01:13:53 Je veux insister sur notre agenda
01:13:57 en soutien et au service de la démocratie en Afrique.
01:14:01 Sur ce sujet, nous avons une difficulté,
01:14:03 qui est notre passé.
01:14:05 On l'a digéré, je l'ai dit à Ouagadougou de manière simple.
01:14:08 Moi, je suis né après toutes les décolonisations.
01:14:10 Et on peut pas dire, le continent africain,
01:14:12 c'est formidable, c'est un continent très jeune.
01:14:14 70 % de ce continent est né après les décolonisations,
01:14:17 même plus que 70 %,
01:14:19 et continuer à avoir un dialogue complètement complexé
01:14:21 par le postcolonialisme.
01:14:23 C'est une manipulation, il faut quand même être lucide.
01:14:26 Nous, on ne doit pas tomber du côté de la facilité,
01:14:29 des habitudes d'un postcolonialisme,
01:14:31 qu'on a nourri après la colonisation,
01:14:32 il faut être lucide, mais avec lequel on a rompu.
01:14:36 Mais on doit assumer d'avoir une vraie politique
01:14:38 de soutien de la démocratie.
01:14:41 Et à cet égard, l'initiative d'Achille Mbembe,
01:14:45 le fonds que nous avons mis en place
01:14:47 et son action très ouverte sont un élément important
01:14:49 sur lequel il faut s'appuyer.
01:14:51 Il faut s'appuyer de manière intelligente,
01:14:52 c'est-à-dire partenariale,
01:14:54 pas en la digérant ou la francisant,
01:14:56 mais en acceptant qu'elle est ouverte et au service de tous.
01:14:58 Mais comme sur beaucoup d'autres points,
01:15:00 nous voulons que notre politique suive cette philosophie.
01:15:02 Et je pense que c'est très important.
01:15:05 Le 2e élément de partenariat géographique
01:15:06 sur lequel je voulais insister, c'est l'Indo-Pacifique.
01:15:10 Depuis mai 2018, nous avons une stratégie sur cette région.
01:15:14 Parce que nous sommes une puissance indo-pacifique,
01:15:16 parce que nous avons 1,5 million d'habitants
01:15:18 dans cette région et 8 000 militaires.
01:15:22 Alors, notre politique indo-pacifique,
01:15:23 je vais en rappeler les termes,
01:15:25 à la fois pour nous, pour nos partenaires de la région
01:15:28 et plus largement, c'est une politique d'exigence
01:15:31 et d'engagement avec la Chine.
01:15:34 J'ai eu l'occasion d'avoir plusieurs discours sur la Chine,
01:15:36 je n'y reviendrai pas davantage ici.
01:15:38 Nous avons fait un voyage, je pense, qui était important
01:15:40 il y a quelques mois en Chine à cet égard.
01:15:44 La France n'a pas une politique d'hostilité à la Chine.
01:15:47 Nous avons une politique d'engagement,
01:15:50 nous voulons améliorer les termes de l'échange
01:15:52 sur le plan économique, on considère que c'est
01:15:53 un grand partenaire sur le plan technologique et autres.
01:15:56 Nous savons que les sujets de paix et de climat,
01:15:58 pour n'en citer que 2, ont besoin de la Chine
01:16:00 pour avoir une solution.
01:16:02 Nous sommes lucides sur ces évolutions politiques
01:16:05 et ce qui nous différencie,
01:16:07 qu'il s'agisse des principes ou d'autres points.
01:16:10 Et donc, c'est une politique d'exigence et d'engagement.
01:16:13 Et je le dis parce que nous sommes à l'aube
01:16:15 d'une année importante, puisque 2024 marquera
01:16:18 les 60 ans de nos relations diplomatiques
01:16:22 et des points de rendez-vous sur beaucoup de notre agenda.
01:16:26 Et donc, il faut poursuivre cette ligne,
01:16:28 qui, je pense, est une ligne pragmatique.
01:16:30 Et je le dis parce que nous, nous n'avons jamais eu de naïveté,
01:16:32 nous n'avons jamais été dans des formats, je dirais,
01:16:35 de complaisance avec une politique chinoise plus conquérante.
01:16:40 Et nous avons toujours dit, avec beaucoup de respect,
01:16:42 mais d'exigence aussi,
01:16:44 ce qui est à l'aveugle de l'autonomie stratégique.
01:16:46 Nous sommes le 1er pays européen à avoir dit
01:16:48 sur les technologies de communication,
01:16:50 "C'est un sujet de souveraineté nationale,
01:16:52 "on ne vous laissera pas déployer certains composants."
01:16:54 Nous sommes le pays d'Europe qui a le moins certains composants.
01:16:56 Le moins.
01:16:58 Mais on l'a fait de manière respectueuse.
01:17:02 Et ensuite, on a européanisé cette approche.
01:17:04 C'est cette ligne qu'il faut garder.
01:17:06 Et donc, notre partenariat indo-pacifique,
01:17:08 c'est de se battre pour un Indo-Pacifique libre,
01:17:10 ouvert, en paix.
01:17:12 Et au fond, dont la grammaire est de préserver
01:17:14 la liberté de la souveraineté sans esprit de conflictualité,
01:17:17 mais en réinvestissant, d'un point de vue militaire,
01:17:20 notre présence,
01:17:21 en réinvestissant les exercices conjoints,
01:17:23 ce que nous avons encore fait l'été dernier,
01:17:25 en nous appuyant sur nos territoires ultramarins,
01:17:28 et je pense que c'est un élément très important
01:17:29 de notre politique indo-pacifique,
01:17:31 c'est, à travers la Polynésie française,
01:17:33 la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna,
01:17:37 La Réunion, Mayotte,
01:17:38 nos terres australes et antarctiques françaises,
01:17:40 avoir justement une approche
01:17:42 qui valorise ces présences stratégiques
01:17:44 et qui déploie des coopérations.
01:17:45 C'est ce que nous avons annoncé encore à Nouméa
01:17:46 il y a quelques mois sur une académie militaire
01:17:49 conjointe et des déploiements.
01:17:51 C'est ce que nous faisons en Polynésie française
01:17:54 sur des aspects d'infrastructures ou économiques.
01:17:59 C'est ce que nous faisons à La Réunion
01:18:01 sur nos partenariats régionaux dans l'océan Indien
01:18:04 et une diplomatie intégrée.
01:18:07 Et donc, le partenariat indo-pacifique
01:18:09 nous a permis, on l'a encore vu cet été,
01:18:13 de la Papouasie-Nouvelle-Guinée en passant par le Vanuatu
01:18:15 de complètement reconvoquer la relation,
01:18:18 parce que vous avez beaucoup d'Etats de la région
01:18:20 qui ne veulent pas être enfermés, en quelque sorte,
01:18:23 dans le choix entre les Etats-Unis et la Chine.
01:18:27 Et donc, cette politique d'un partenariat ouvert,
01:18:33 non soumis, non équidistant,
01:18:37 je prends toujours cette précaution,
01:18:38 et après, j'ai toujours 15 chroniques ou commentaires
01:18:40 en disant, mais il est équilibre, il est équidistant
01:18:43 entre les Etats-Unis et la Chine,
01:18:44 je ne vais pas vous refaire tout le chapitre.
01:18:47 Ce sont nos alliés, nous partageons les mêmes valeurs,
01:18:49 on n'a pas la même relation avec la Chine, etc.
01:18:50 Mais enfin, ce que comprennent les partenaires de la région,
01:18:53 j'ai pu le tester, 3e voie, ils comprennent bien.
01:18:55 Alors, il y a plein de gens qui détestent.
01:18:56 Moi, j'aime bien ce que les interlocuteurs comprennent bien,
01:18:58 c'est toujours plus efficace.
01:18:59 Donc, les gens de la région, ils aiment bien qu'on leur dise ça.
01:19:03 Avec la France, vous avez un grand pays
01:19:07 qui est une puissance diplomatique, militaire et économique,
01:19:10 alors qui, certes, n'est pas une grande puissance démographique,
01:19:13 qui se fait diluer dans le monde actuel,
01:19:14 mais enfin, qui est fer de lance en Europe
01:19:16 parce qu'il a des partenaires fiables,
01:19:18 et qui vous propose une alliance
01:19:19 qui n'est pas conflictuelle avec la Chine,
01:19:21 mais qui n'est pas non plus de tout lui céder.
01:19:25 C'est une voie d'avenir, cette politique.
01:19:28 Croyez-en, mon expérience est une forme de bon sens.
01:19:32 Et donc, il faut avoir un agenda militaire,
01:19:34 mais humble, à proportion de ce que nous sommes,
01:19:38 un agenda diplomatique, un agenda climatique,
01:19:41 d'économie bleue, de culture, qui est extrêmement fécond
01:19:44 et qui s'appuie aussi sur nos territoires ultramarins.
01:19:46 Et c'est aussi pour ça qu'il faut beaucoup plus s'engager
01:19:48 dans notre diplomatie régionale,
01:19:50 nos collectivités ultramarines de toute la région.
01:19:52 Je pense que c'est un point absolument clé.
01:19:54 On aura à y revenir dans les prochains mois.
01:19:55 C'est le même esprit que je veux que nous développions,
01:19:58 d'ailleurs, aux Caraïbes comme en Amazonie.
01:20:02 Dans les Caraïbes, je me félicite
01:20:04 que la Martinique ait rejoint CARICOM.
01:20:06 On va tout faire pour que la Guadeloupe
01:20:07 puisse faire la même chose.
01:20:08 C'est une très bonne manière de construire
01:20:10 des partenariats régionaux et une intégration dans cet espace.
01:20:14 Et en Amérique latine, alors, j'ai entendu beaucoup
01:20:16 de commentaires sur les sommets de cet été en Amazonie,
01:20:19 mais il se trouve qu'aujourd'hui, nous ne sommes pas partis
01:20:21 du traité.
01:20:23 Donc, je voulais bien aller être le seul chef d'Etat européen,
01:20:27 être invité à côté d'ambassadeurs européens
01:20:30 pour aller expliquer dans une journée d'outreach,
01:20:33 comme on dit, comment on finance l'Amazonie.
01:20:35 Nous, on est une puissance amazonienne
01:20:36 à travers la Guyane.
01:20:37 Donc, je le dis solennellement, la France est candidate
01:20:40 à rejoindre l'organisation du traité
01:20:42 de coopération amazonienne et d'y donner toute sa place
01:20:45 et d'ailleurs d'y avoir une représentation
01:20:47 associant étroitement la Guyane française.
01:20:50 C'est très important et nous devons jouer notre diplomatie
01:20:52 à travers nos territoires ultramarins.
01:20:55 Et donc, je souhaite vraiment que le Brésil
01:20:57 et toutes les puissances de la région
01:20:59 puissent accepter notre demande de candidature
01:21:02 et nous permettre d'intégrer ce format.
01:21:04 Et puis, je pense que nous devons repenser très profondément
01:21:08 nos partenariats en Maghreb et Méditerranée.
01:21:12 Je pense, en effet, nous avons ces dernières années
01:21:14 déployé avec les sociétés civiles,
01:21:16 je l'évoquais pour l'Afrique, mais aussi avec le Maghreb,
01:21:19 beaucoup d'initiatives.
01:21:20 Le sommet des Neuves-Ives,
01:21:22 la saison culturelle qui s'organise pour 2026,
01:21:24 des multiples partenariats de culture et d'entreprenariat.
01:21:29 Mais soyons lucides,
01:21:31 les relations bilatérales ne sont pas au niveau
01:21:34 où elles devraient être.
01:21:36 Je ne vais pas ici en reconvoquer chacune,
01:21:39 mais Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte,
01:21:43 mais également avec d'autres pays du Proche et Moyen-Orient.
01:21:47 Alors c'est dû à quoi ?
01:21:48 Il y a à chaque fois beaucoup de discussions.
01:21:50 Je ne peux pas dire que ce soit un manque d'engagement
01:21:53 avec beaucoup d'entre eux de la France,
01:21:54 y compris dans les efforts que nous avons pu faire
01:21:56 sur les questions de mémoire ou les questions économiques.
01:22:00 Il y a aussi une crise de la région et de son organisation,
01:22:04 où les inimitiés ne sont pas absentes.
01:22:07 Il y a des difficultés multiples et hétérogènes.
01:22:10 Et donc, au-delà de ce que nous avons fait
01:22:12 avec les sociétés civiles, sur la bas,
01:22:14 nous allons prendre plusieurs initiatives bilatérales.
01:22:17 Je souhaiterais engager avec plusieurs de ces pays
01:22:19 dans les mois qui viennent,
01:22:21 consolider ce que nous avons fait avec la conférence de Bagdad
01:22:23 qui est très structurante pour le Proche et Moyen-Orient.
01:22:27 Et je souhaite que d'ici à la fin de l'année,
01:22:28 sous l'autorité de la ministre, soit consolidé
01:22:30 un agenda de relance intergouvernementale
01:22:35 avec toute la région ou plus largement.
01:22:37 Mais on voit bien que les questions d'environnement,
01:22:40 de climat, de coproduction doivent nous permettre
01:22:43 de repenser un agenda régional
01:22:46 sur des termes différents que ceux dans lesquels nous vivons.
01:22:49 Mais au-delà de cette approche géographique,
01:22:52 quand je dis faire de la France
01:22:54 une puissance partenariale de confiance,
01:22:57 c'est aussi prendre des risques
01:22:59 en matière de gouvernance internationale.
01:23:02 En effet, il y a une crise de cette gouvernance internationale,
01:23:05 c'est ce que j'expliquais dans mon propos introductif,
01:23:07 parce qu'il y a une contestation de plus en plus
01:23:09 du Conseil de sécurité, des Nations unies, du FMI,
01:23:12 de la Banque mondiale, etc.
01:23:14 Je l'évoquais tout à l'heure dans des termes très directs,
01:23:16 c'est ce que j'entends partout, partout.
01:23:18 Et il suffit d'ailleurs qu'on ouvre la fenêtre
01:23:20 pour avoir à ce moment-là un déferlement.
01:23:24 Et certains en jouent, il faut être lucide.
01:23:30 Les pays du Golfe aujourd'hui nous regardent,
01:23:31 disent "Vous êtes là avec vos principes,
01:23:34 "vos droits, vos règles, vos critères du FMI.
01:23:37 "Vous êtes qui ?"
01:23:39 Un vieux continent déclinant démographiquement,
01:23:42 dépendant énergétiquement, incertain technologiquement.
01:23:47 Nous allons travailler avec l'Inde, la Chine,
01:23:50 moins exigeante que vous,
01:23:51 et beaucoup de pays pauvres en développement
01:23:53 qui préfèrent notre agenda.
01:23:54 On les en demie-mois avec nos critères.
01:23:57 C'est ce qui se passe dans beaucoup de pays
01:23:59 où vous représentez la France.
01:24:01 Quand on n'arrive pas à trouver de l'argent au FMI,
01:24:03 on va les chercher maintenant dans des puissances
01:24:05 du Golfe ou d'ailleurs, ou chez certaines autres poches profondes
01:24:08 qui proposent un autre agenda
01:24:09 avec d'autres critères, d'autres valeurs.
01:24:12 Je ne surestime pas ce qu'a signifié le sommet de BRICS+.
01:24:16 Enfin, il a dit quelque chose d'un appétit,
01:24:19 d'un format alternatif.
01:24:21 Je n'ai pas vu des gens frapper à la porte du G20.
01:24:24 Une Union africaine que nous allons prendre.
01:24:32 Mais ça nous dit quelque chose du fait que si nous ne savons pas
01:24:35 réformer les structures qui sont aujourd'hui les nôtres,
01:24:39 qui portent le droit international
01:24:41 et des règles qui, me semble-t-il, sont bonnes,
01:24:43 le risque, c'est que s'engouffrent
01:24:48 des manoeuvres de déstabilisation
01:24:50 et donc cette partition du monde que j'évoquais.
01:24:52 Et donc mon 1er point à cet égard,
01:24:54 si nous voulons être des partenaires de confiance,
01:24:57 je veux que vous me fassiez des propositions
01:24:58 et que nous ayons de l'audace pour être les acteurs
01:25:01 d'une réforme profonde de la gouvernance mondiale.
01:25:04 Et en particulier, le FMI et la Banque mondiale,
01:25:06 nous devons en reformer la gouvernance.
01:25:08 C'est plus possible qu'autour de la table,
01:25:10 il y ait des systèmes qui soient essentiellement déterminés
01:25:15 par les adhérents au bureau
01:25:20 et que ce soit que les pays riches.
01:25:23 Si on ne réinclut pas beaucoup de ces pays
01:25:26 qui, aujourd'hui, n'y sont pas,
01:25:29 alors nous laisserons créer un ordre alternatif
01:25:31 et nous irons vers la marginalisation
01:25:32 de notre propre système.
01:25:33 On doit aller vers plus d'efficacité de ce système,
01:25:37 mais aussi, on doit en réformer la gouvernance.
01:25:39 Ensuite, je souhaite que nous ayons de l'audace
01:25:43 et que nous travaillons,
01:25:45 nous, Européens, et je vais le proposer
01:25:46 à quelques chefs d'Etat et de gouvernement,
01:25:48 à des formats nouveaux avec l'Inde, le Brésil,
01:25:50 l'Afrique du Sud.
01:25:53 Nous ne devons pas nous enfermer dans les formats existants.
01:25:56 Et je pense qu'il est très important,
01:25:57 avec les grandes puissances émergentes
01:26:00 et ceux qui les portent,
01:26:02 de créer des formats nouveaux et de regarder
01:26:04 les éléments de gouvernance internationale,
01:26:06 l'agenda, justement, climatique, énergétique,
01:26:08 au-delà des relations que nous avons
01:26:09 avec les Etats-Unis d'une part, avec la Chine d'autre part,
01:26:12 et les structures dans lesquelles nous sommes.
01:26:14 Mais donc, nous devons avoir de l'audace,
01:26:16 et je suis preneur de toutes vos suggestions en la matière.
01:26:19 A cet égard, nous avons commencé
01:26:22 un chemin très structurant,
01:26:24 et je veux qu'il pave le chemin des mois et des années à venir,
01:26:29 avec la réunion qui s'est tenue en juin dernier à Paris,
01:26:32 le pacte de Paris pour les peuples et la planète.
01:26:36 Notre sommet, en effet, de Paris
01:26:38 pour ce nouveau pacte financier international
01:26:41 a donné lieu à cette déclaration
01:26:43 que nous avons appelée les 4 P.
01:26:45 Ca tombe bien, ça marche aussi dans la langue de Shakespeare
01:26:48 comme dans la langue de Molière.
01:26:49 Il faut être très simple. Les acronymes,
01:26:50 les langues de Saxon sont bien meilleurs que nous,
01:26:52 donc il faut sortir des sommets...
01:26:53 Les 4 P, le pacte de Paris pour les peuples et la planète.
01:26:57 Je crois beaucoup à ce que nous avons bâti,
01:26:59 parce que nous l'avons bâti d'abord en concevant l'agenda
01:27:02 avec des pays pauvres, des pays en développement,
01:27:04 des pays à revenus intermédiaires, des pays émergents.
01:27:08 Et on a dit, au fond, il y a 4 principes simples.
01:27:10 On ne doit pas avoir à choisir
01:27:11 entre la lutte contre la pauvreté et la lutte pour le climat.
01:27:14 Ca détend tout le monde, parce qu'ils avaient quand même
01:27:16 tous le sentiment qu'on leur donnait les leçons
01:27:18 pour savoir comment respecter notre agenda sur le climat,
01:27:20 sans davantage les aider pour lutter contre la pauvreté.
01:27:24 2, le chemin à suivre est un chemin national.
01:27:27 Il est dicté ni à Bruxelles, ni à Washington,
01:27:29 ni dans quelques enceintes.
01:27:31 Et donc on construit des partenariats
01:27:33 pour soutenir une trajectoire nationale.
01:27:35 3, on a besoin d'un choc concessionnaire.
01:27:38 Il faut plus d'argent public, ce qu'on a fait pour nous-mêmes,
01:27:41 et on doit pousser partout l'agenda.
01:27:42 Et c'est ce que nous avons fait avec une mise sous tension
01:27:45 de la Banque mondiale et du FMI,
01:27:47 qui a donné lieu à des annonces
01:27:48 et des nouvelles lignes directrices lors de ce sommet,
01:27:51 et que nous allons devoir décliner,
01:27:52 parce qu'il est clair qu'on ne peut pas résoudre l'agenda
01:27:55 de lutte contre la pauvreté et pour le climat
01:27:57 si on ne met pas plus d'argent,
01:27:58 pour le climat et la biodiversité, si on ne met pas plus d'argent.
01:28:01 4, il faut beaucoup plus d'argent privé,
01:28:04 et il faut donc avoir un effet de levier
01:28:05 de notre action beaucoup plus fort.
01:28:07 Et ça vaut pour toutes nos banques de développement,
01:28:10 nos banques multilatérales et nos institutions.
01:28:13 S'il n'y a pas d'effet de levier,
01:28:14 il y a souvent un effet d'éviction.
01:28:16 Et donc mobiliser l'argent privé
01:28:17 est indispensable sur cet agenda.
01:28:20 Et donc l'agenda, ce 4P,
01:28:24 est ce qui doit structurer notre action dans les prochains mois.
01:28:28 C'est, au fond, la construction d'un nouveau consensus
01:28:31 international, public et privé, autour de cet agenda
01:28:35 pauvreté, climat, biodiversité.
01:28:38 Alors, je souhaite qu'ils puissent, justement,
01:28:41 scander les prochains rendez-vous.
01:28:42 À New York, pour, justement,
01:28:46 les rendez-vous qui se tiendront.
01:28:48 Nous aurons le forum de Paris sur la paix
01:28:50 les 10, 11, 12 novembre,
01:28:51 qui permettra un point de rendez-vous
01:28:52 sur ce sujet et consolider.
01:28:54 On va mettre en place une petite équipe de suivi
01:28:56 en mobilisant aussi des chefs d'Etat et de gouvernement
01:28:59 représentant tous les pays concernés,
01:29:01 parce que ça ne doit pas être une initiative
01:29:03 strictement parisienne.
01:29:05 Et nous aurons un point de rendez-vous
01:29:08 lors du sommet que nous organisions
01:29:10 juste avant les Jeux olympiques et paralympiques,
01:29:12 où nous aurons un sommet, justement,
01:29:14 du développement durable olympique,
01:29:16 en juillet 2024 à Paris,
01:29:18 et avec au coeur de l'agenda, les 4 P,
01:29:23 ce qui est absolument, à mes yeux, indispensable.
01:29:28 Alors, cet agenda sera scandé aussi par plusieurs initiatives
01:29:31 que je voulais ici rappeler.
01:29:34 Nous devons continuer, en effet, à fédérer
01:29:37 sur cet agenda de manière très concrète.
01:29:39 Et donc, à la demande du programme alimentaire mondial,
01:29:42 le 1er sommet pour l'alimentation scolaire
01:29:44 se tiendra les 18 et 19 octobre prochains.
01:29:48 Et donc, la France organise l'abrite,
01:29:51 et donc, on va mobiliser la planète entière
01:29:53 sur cet agenda très important.
01:29:55 Nous parrainerons aussi la reconstitution
01:29:57 du Fonds international pour le développement agricole
01:29:59 les 14 et 15 décembre prochains à Paris,
01:30:02 avec un objectif de 2 milliards,
01:30:03 ce qui, là aussi, est très important
01:30:04 dans le cadre de la crise alimentaire que nous connaissons.
01:30:07 Et il vient servir l'initiative Farm que nous avons prise
01:30:10 dès les 1ers jours de la guerre en Ukraine,
01:30:13 en particulier pour renforcer les capacités de production
01:30:16 des pays en voie de développement ou à revenus intermédiaires.
01:30:21 Et donc, vous le voyez, ce partenariat de confiance
01:30:24 passe par cette initiative des 4 P
01:30:26 et les jalons que je viens de situer
01:30:28 qui sont, à mes yeux, indispensables.
01:30:31 De manière concrète, au-delà des rendez-vous que j'évoquais,
01:30:33 évidemment, nous continuerons de décliner
01:30:36 notre agenda climatique,
01:30:39 en liant toujours climat et biodiversité
01:30:42 qui sont absolument inséparables,
01:30:44 mais avec, là aussi, plusieurs rendez-vous
01:30:46 qui vont marquer les prochains mois.
01:30:49 Evidemment, la COP 28 sera le rendez-vous clé en fin d'année,
01:30:55 alors que tous les signaux d'une crise climatique aggravée
01:30:57 se multiplient.
01:30:58 C'est notre capacité, maintenant, à avoir des résultats qui est là.
01:31:02 Et ce qui se passe sur le climat est totalement illustratif
01:31:04 de ce que je vous dis depuis tout à l'heure.
01:31:06 On voit certains émergents utiliser, en quelque sorte,
01:31:10 l'argument politique de "c'est la responsabilité des Occidentaux",
01:31:15 et donc, on va finalement pas faire trop d'efforts.
01:31:16 Et là où il y a beaucoup d'argent à mobiliser
01:31:18 chez certains émergents ou chez certains Etats,
01:31:21 aujourd'hui, bénéficiant de la manne des hydrocarbures,
01:31:26 il y a un sous-investissement parce qu'en quelque sorte,
01:31:29 il y a une forme de diplomatie du ressentiment
01:31:31 de la stigmatisation à l'égard des Européens et des Américains.
01:31:34 Il faut absolument pas céder à ça.
01:31:36 Mais ça passe par ce réengagement
01:31:38 et ce partenariat de confiance,
01:31:39 et en particulier sur le thème du climat.
01:31:43 Dès la rencontre qui sera organisée par le Kenya
01:31:46 dans quelques semaines, et je salue l'engagement
01:31:47 du président Routeau,
01:31:49 la France, évidemment, sera à ses côtés.
01:31:52 Nous allons, justement, décliner le pacte de Paris
01:31:55 pour les peuples et la planète,
01:31:58 et mettre en place dès le sommet de Nairobi
01:32:02 et pour la COP 28 des options de financement nouvelles.
01:32:06 Mobilisation banque mondiale, FMI ensemble,
01:32:08 des multiplications d'instruments plus simples et plus rapides,
01:32:11 et mobilisation du secteur privé.
01:32:14 Ensuite, nous devons bâtir de nouvelles ambitions
01:32:17 sur le plan énergétique.
01:32:19 La France portera un agenda très clair
01:32:22 avec des échéances de sortie du pétrole et du charbon,
01:32:25 parce que c'est là-dessus qu'il faut concentrer l'effort.
01:32:28 Au fond, le coeur de la bataille doit être la réduction partout
01:32:30 de la dépendance au pétrole,
01:32:32 mais surtout la réduction de la dépendance au charbon,
01:32:34 en particulier chez les grands émergents.
01:32:37 Je vous renvoie, je l'ai déjà convoqué à plusieurs titres,
01:32:39 mais il y a un très bon schéma fait par l'AFD
01:32:41 qui montre l'impact.
01:32:43 Il faut arrêter d'aller surinvestir politiquement
01:32:48 sur des petits projets dans les pays en voie de développement
01:32:50 ou les pays revenus intermédiaires
01:32:52 où on met parfois beaucoup de pression politico-médiatique.
01:32:55 Le coeur de la bataille, c'est que les grands émergents
01:32:57 sortent du charbon.
01:32:58 C'est ça, le coeur de la bataille pour les 10 prochaines années.
01:33:01 Et donc, on doit redoubler d'efforts.
01:33:03 C'est ce que nous avons engagé, je crois, avec beaucoup de force,
01:33:06 à travers nos partenariats de transition juste,
01:33:09 dit JETP, Afrique du Sud, Indonésie,
01:33:13 Vietnam, Sénégal.
01:33:14 Et donc, nous allons continuer la déclinaison de ces accords,
01:33:18 mais on va surtout maintenant mettre plus d'impact
01:33:21 sur pétrole, charbon,
01:33:23 et nous devons aller plus loin en partenariat
01:33:24 avec ces grands pays émergents sur stockage du carbone,
01:33:26 énergie renouvelable, hydrogène vert et nucléaire.
01:33:30 Ensuite, il y a tout le travail sur la biodiversité
01:33:34 et la préservation des forêts,
01:33:35 qui sont tout à la fois des puits de carbone,
01:33:36 des trésors de biodiversité.
01:33:38 Et ces forêts tropicales et forêts primaires
01:33:41 sont un point d'effort depuis plusieurs mois
01:33:44 de notre diplomatie.
01:33:45 Nous avons lancé, avec le One Forest Summit de Libreville
01:33:49 en mars dernier, une action diplomatique
01:33:51 qu'on avait commencée à Charmagne-Cher,
01:33:53 qui est absolument indispensable,
01:33:55 et au fond de dire sur 14 % de la surface de la planète,
01:33:58 qui est essentiellement Amazonie,
01:34:01 forêts du bassin du fleuve Congo et Asie du Sud-Est.
01:34:06 On a donc 14 %, les forêts primaires,
01:34:08 les forêts tropicales les plus précieuses.
01:34:11 On a 90 % des écosystèmes
01:34:14 pour les espèces vertébrées connues
01:34:16 et 75 % du carbone irrécupérable.
01:34:19 Et là, on a créé tous les mécanismes de la terre
01:34:21 pour faire de la reforestation.
01:34:22 On ne valorise pas la préservation de ces espèces.
01:34:25 Et vous le voyez, à chaque fois qu'on déforeste
01:34:28 sur ces zones,
01:34:30 on recule énormément
01:34:31 parce qu'on libère du carbone irrécupérable massivement,
01:34:34 on détruit des écosystèmes pour la biodiversité
01:34:36 qui sont souvent eux aussi totalement irrécupérables,
01:34:39 et on fait une marche arrière terrible.
01:34:42 Donc on a bâti une méthode nouvelle.
01:34:44 On va la finaliser pour la COP 28,
01:34:46 justement avec la valorisation des crédits biodiversité
01:34:49 et d'un meilleur fonctionnement du marché carbone.
01:34:52 On a mis en place des partenariats de conservation
01:34:55 qu'on a commencé à décliner avec le Gabon,
01:34:56 avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée à l'été dernier,
01:35:00 avec la mobilisation de financements publics et privés
01:35:03 pour préserver ces espaces
01:35:04 en lien, justement, avec les peuples autochtones.
01:35:06 Et nous allons le poursuivre.
01:35:07 C'est ce que nous voulons faire aussi en Amazonie,
01:35:10 à travers notre propre territoire,
01:35:12 mais aussi nos principaux partenaires,
01:35:15 en particulier le Brésil.
01:35:17 Et puis enfin, en matière climatique,
01:35:19 il y a tout le travail sur les océans,
01:35:21 qui est un enjeu fondamental, là aussi pour le climat,
01:35:25 mais aussi pour la biodiversité et la souveraineté.
01:35:28 Ces derniers mois ont été marqués par des avancées
01:35:31 très importantes.
01:35:32 L'accord BBNJ pour la très haute mer
01:35:35 et les négociations sur le plastique,
01:35:36 et la France y a joué un rôle clé.
01:35:39 Et je félicite toutes les équipes de négociations en la matière,
01:35:42 puisque ces accords ont été bloqués depuis bien longtemps,
01:35:45 et nous avons su, par en particulier
01:35:49 les discussions avec le G77 et d'autres,
01:35:51 marqué des avancées historiques.
01:35:53 Tout ça prépare le chemin
01:35:56 vers la conférence des Nations unies sur les océans
01:36:00 que nous accueillerons à Nice en juin 2025
01:36:03 et que nous coorganisons avec le Costa Rica.
01:36:06 Et donc il y aura un point de rendez-vous en 2024
01:36:08 avec le Costa Rica.
01:36:10 2025, en juin, ce sera Nice.
01:36:12 Et c'est un rendez-vous qu'il faut préparer dès maintenant
01:36:14 parce qu'il y a une diplomatie des océans à bâtir,
01:36:16 comme nous avons commencé à avoir une diplomatie des forêts.
01:36:20 Et ce sont des leviers extrêmement importants,
01:36:23 d'abord parce qu'ils parlent aux gens,
01:36:25 parce qu'ils construisent, justement, des truchements nouveaux.
01:36:28 Nous sommes beaucoup plus crédibles que nos compétiteurs,
01:36:31 et je crois qu'ils nous permettent de mobiliser notre diplomatie
01:36:34 de manière à la fois innovante et efficace.
01:36:37 Enfin, je veux qu'on mobilise ces partenariats, justement,
01:36:41 au niveau de coopération et de confiance
01:36:45 pour 2 derniers sujets.
01:36:47 L'un, j'irai très vite, c'est évidemment
01:36:50 la lutte contre les inégalités internationales
01:36:51 et pour une fiscalité internationale plus juste.
01:36:55 Nous devons aller au bout du travail fait ces dernières années
01:36:58 pour l'impôt minimal et la taxation numérique.
01:37:00 Le travail n'est pas fini et il faut continuer d'engager
01:37:03 avec les éléments bloquants sur le plan international
01:37:07 et, évidemment, la technologie,
01:37:09 et en particulier l'intelligence artificielle.
01:37:11 Ces dernières années, nous avons été au coeur
01:37:14 de vraies innovations diplomatiques.
01:37:16 Avec les sommets Tech for Good ici,
01:37:18 on a commencé à avoir une vraie forme nouvelle
01:37:22 d'approche partenariale.
01:37:24 On a mis autour de la table des Etats, des ONG,
01:37:27 des entreprises, et donc toutes les parties prenantes
01:37:29 de ce qui fait la technologie,
01:37:31 qui s'est cristallisée à partir de l'appel de Christchurch
01:37:34 en mai 2019, qui s'est tenu ici même,
01:37:37 et qui, maintenant, se décline de manière suivie.
01:37:40 Et je veux saluer vraiment le partenariat
01:37:41 avec nos amis néo-zélandais.
01:37:44 Nous devons suivre le fil de ce partenariat
01:37:47 qui nous a permis le retrait en une heure
01:37:49 des contenus terroristes.
01:37:50 On doit continuer le travail pour la lutte
01:37:52 contre les contenus haineux,
01:37:54 les manipulations de l'information,
01:37:56 et avoir, au fond, un ordre public numérique.
01:37:58 C'est absolument indispensable.
01:38:00 Nous l'avons complété par une initiative en novembre dernier
01:38:04 pour la protection des enfants en ligne, qui est clé,
01:38:07 et que nous tiendrons, justement,
01:38:09 pour son 2e rendez-vous
01:38:12 lors du forum de Paris sur la paix.
01:38:14 C'est exactement la même méthode,
01:38:17 celle du processus multiacteur que nous voulons avoir
01:38:19 pour l'intelligence artificielle.
01:38:22 Nous essayons de construire un schéma commun
01:38:25 en franco-allemand,
01:38:27 mais le G7 s'en est saisi à Hiroshima,
01:38:30 l'Europe a commencé à réguler.
01:38:31 Le défi qui est le nôtre,
01:38:33 c'est d'investir davantage en Européens
01:38:35 pour être compétitifs par rapport aux Américains et aux Chinois,
01:38:40 et donc d'avoir d'abord un agenda d'investissement
01:38:43 et de compétitivité,
01:38:45 et de penser tout de suite la régulation,
01:38:48 et de la penser à la bonne échelle.
01:38:49 La régulation de l'intelligence artificielle
01:38:51 ne peut bien se faire qu'à l'échelle internationale.
01:38:54 Nous ne pouvons pas ni ne devons régionaliser sa régulation.
01:38:59 Ce serait une erreur, parce que si l'Europe va trop vite
01:39:01 et trop loin en termes de régulation dès maintenant,
01:39:04 alors même que nous ne sommes pas une puissance motrice
01:39:08 aujourd'hui des innovations, nous prenons un grand risque.
01:39:12 Ensuite, parce qu'il y a partout un réveil
01:39:14 sur la nécessité de régulation,
01:39:16 et donc nous devons engager avec cela
01:39:19 et en quelque sorte prendre l'initiative.
01:39:21 Les Britanniques ont fait un 1er sommet qui est important,
01:39:24 auquel la France sera représentée début novembre.
01:39:26 Lors du Forum de Paris sur la paix,
01:39:28 nous tiendrons justement un sommet important
01:39:30 sur la régulation, et parce que le G7 a décidé
01:39:33 que les instances de régulation seraient installées à Paris.
01:39:37 En effet, le Partenariat mondial pour l'intelligence artificielle
01:39:40 qui s'est créé sous présidence canadienne du G7,
01:39:42 que nous avons consolidé à Biarritz,
01:39:44 sous présidence française, a son bureau adossé à l'OCDE.
01:39:49 Et c'est une chance.
01:39:51 L'OCDE, le Partenariat mondial pour l'intelligence artificielle,
01:39:55 l'UNESCO, dans ses dimensions culturelles et éthiques,
01:39:58 doivent être des lieux, et Paris en est,
01:40:00 de manière naturelle la capitale,
01:40:02 de pensée, de conception, d'une régulation
01:40:05 de l'intelligence artificielle.
01:40:07 Mais il faut le faire dès maintenant,
01:40:08 en association très étroite avec tous les partenaires,
01:40:11 et dans une approche multiacteur que j'évoquais.
01:40:14 Et on doit penser une régulation
01:40:16 dès la conception des instruments,
01:40:17 "by design", comme on dit en bon français,
01:40:20 et la plus large possible, et donc dans une approche
01:40:23 comme c'est le faire l'OCDE, très inclusive,
01:40:25 pour être efficace, et aussi par les cas types,
01:40:28 c'est-à-dire la lutte contre les manipulations de l'information,
01:40:31 les productions les plus sensibles.
01:40:33 Je ne veux pas être ici trop long,
01:40:35 mais c'est un agenda clé pour nous
01:40:37 sur lequel nous suivrons cette méthode.
01:40:39 Donc vous le voyez, tous ces partenariats sont clés,
01:40:41 et je ne suis pas exhaustif sur la méthode à avoir.
01:40:44 L'un des derniers que nous tenterons de déployer
01:40:46 lors du Forum de Paris sur la paix,
01:40:47 ce sera notre agenda pour les pôles,
01:40:50 où nous tiendrons une réunion,
01:40:51 à la fois scientifique et diplomatique,
01:40:53 pour justement essayer de reconsolider
01:40:56 la stratégie internationale que nous devons avoir
01:40:59 pour le pôle Nord et pour le pôle Sud.
01:41:02 Enfin, et je conclurai sur cela,
01:41:05 tout cela est évidemment servi, accompagné,
01:41:07 d'un agenda de rayonnement et d'influence.
01:41:10 Vous le connaissez, il est au coeur de votre approche,
01:41:13 de ce que nous faisons depuis des années,
01:41:15 parfois des décennies,
01:41:17 et de l'engagement qui est le vôtre,
01:41:19 mais je veux, pour conclure, en dire un mot.
01:41:22 Dans cette période, nous devons plus encore qu'hier
01:41:26 renforcer notre investissement collectif
01:41:29 pour la langue et la culture française,
01:41:31 parce que c'est, je crois,
01:41:33 un agenda au service des intérêts de notre pays.
01:41:35 Il sert l'agenda géopolitique, économique, stratégique
01:41:38 que j'évoquais. Plus on parle français,
01:41:40 plus on construit de l'intimité et de la bonne compréhension
01:41:42 de ce que nous sommes.
01:41:44 Je pense aussi que c'est un agenda utile
01:41:46 pour les régions où nous le développons.
01:41:49 A cet égard, il faut continuer à déployer la réforme de l'AEFE
01:41:52 que nous avons lancée, qui permet de former
01:41:54 beaucoup plus et plus efficacement
01:41:57 des enfants français et non français
01:41:59 dans notre langue et avec nos méthodes,
01:42:01 et consolider ce rôle de la France
01:42:03 comme puissance éducative et l'importance du français.
01:42:07 J'ai eu l'occasion, en juillet dernier,
01:42:08 de rassembler toutes les alliances françaises ici,
01:42:10 et je veux saluer à nouveau leur travail
01:42:12 qui est essentiel à cet égard,
01:42:15 de notre Institut français et de toutes ces structures
01:42:17 à travers le monde, mais également de nos musées,
01:42:20 de nos établissements culturels,
01:42:21 par leur stratégie diplomatique, par leur action,
01:42:25 par les initiatives qu'ils prennent,
01:42:27 que ce soit en France ou à l'étranger.
01:42:29 Et donc nous devons redoubler d'efforts
01:42:31 et en fait de propositions.
01:42:34 Et avec l'enthousiasme du 1er jour,
01:42:38 je veux qu'on redouble d'efforts, je l'évoquais tout à l'heure
01:42:40 pour ce que nous voulons faire sur l'Afrique,
01:42:42 mais dans toutes les zones.
01:42:43 La France est attendue sur ce sujet.
01:42:46 Et donc la promotion de la langue française,
01:42:48 mais aussi et surtout la promotion de nos artistes,
01:42:50 des artistes des pays où vous servez,
01:42:52 de la possibilité de se déplacer,
01:42:55 des étudiants aussi dans les formations que nous développons,
01:42:57 c'est un formidable levier d'influence.
01:43:00 A ce titre, je veux ici signaler un point phare
01:43:03 qui sera en octobre 2024, le sommet de la francophonie,
01:43:07 qui permettra, pour la 1re fois depuis longtemps,
01:43:10 la France l'accueillera.
01:43:12 Et donc l'idée, c'est aussi, comme je le disais tout à l'heure,
01:43:15 au maximum de le désinstitutionnaliser,
01:43:18 car ces sommets ont par trop vieilli,
01:43:20 de montrer à quel point ils sont décentrés.
01:43:22 Je rappelle que la francophonie est un format
01:43:25 qui a été inventé par des chefs d'Etat non français
01:43:28 et voulu par amour de la France
01:43:30 par des chefs d'Etat non français.
01:43:32 Et d'essayer de bâtir des chemins nouveaux
01:43:35 où la jeunesse sera au coeur du projet que nous portons.
01:43:37 Ce sommet se tiendra à la Cité internationale
01:43:40 de la langue française à Villers-Cotterêts,
01:43:43 que nous inaugurerons le 19 octobre prochain,
01:43:46 et qui doit être un lieu aussi d'appui pour vous,
01:43:50 de formation, de soutien,
01:43:52 pédagogie, culturelle, d'action.
01:43:54 Il y aura des résidences d'artistes,
01:43:57 mais aussi d'académiques,
01:43:58 et qui doit être vraiment un lieu important de travail.
01:44:02 A côté de ce travail sur la langue et la culture,
01:44:04 il y a, je ne peux évidemment manquer d'insister sur ce point,
01:44:08 le travail sur notre influence.
01:44:10 Nous l'avons évoqué au Quai d'Orsay en mars dernier.
01:44:14 La ministre y est plusieurs fois revenue.
01:44:17 C'est au coeur de la feuille de route
01:44:18 de la loi de programmation militaire.
01:44:20 C'est un sujet délicat parce que c'est un continuum.
01:44:23 L'influence, c'est une notion, je dirais,
01:44:28 qui vit dans la société
01:44:29 et qui a sa place dans le registre commun.
01:44:33 C'est être bien vu, au maximum aimé,
01:44:35 être compris, si possible suivi.
01:44:38 C'est devenu maintenant une fonction diplomatique
01:44:40 parce qu'il y a de la contre-influence.
01:44:42 Et donc c'est rentré dans le coeur des missions,
01:44:43 et je veux saluer vraiment ce que le Quai d'Orsay
01:44:46 a commencé de faire, à la fois au niveau
01:44:48 de l'administration centrale
01:44:49 et de la sensibilisation des postes.
01:44:51 Il faut continuer ce travail
01:44:53 par la transformation de l'outil numérique,
01:44:54 de l'approche, la recherche d'alliés, de partenaires.
01:44:59 Et il y a un continuum dans le militaire,
01:45:01 on le voit bien et on l'a vu dans les théâtres d'opérations
01:45:03 les plus importants, parce qu'il est difficile
01:45:04 de mener une opération militaire dans la durée
01:45:07 lorsque il y a de la contre-influence
01:45:09 qui est menée sur notre sol,
01:45:10 dans nos propres réseaux d'information
01:45:12 et dans les pays où nous opérons.
01:45:15 Et puis ça vient toucher, évidemment,
01:45:17 le sujet de l'information,
01:45:19 parce que l'influence menée par telle ou telle puissance,
01:45:21 selon les règles qu'elle utilise et sa transparence,
01:45:24 vient parfois falsifier l'information libre, neutre
01:45:28 et change complètement la forge des opinions publiques.
01:45:32 Et je le dis parce que le sujet de l'influence
01:45:35 est clé pour l'efficacité de notre action diplomatique,
01:45:38 mais pour le fonctionnement même des démocraties
01:45:41 à l'étranger et chez nous.
01:45:43 Et c'est pour ça que c'est une fonction très sensible
01:45:45 et j'aurai l'occasion d'y revenir
01:45:46 de manière plus structurée dans les mois qui viennent,
01:45:48 parce que ça suppose, et nous l'avons fait d'ailleurs
01:45:50 pour ce qui est de la France,
01:45:51 des contrôles démocratiques et juridictionnels
01:45:54 structurés et clairs,
01:45:55 une action qui est lisible par tous,
01:45:58 mais aussi une plus grande efficacité
01:46:01 et une sortie de la naïveté.
01:46:03 Et si je parle de l'action internationale,
01:46:05 je veux juste dire ici quelques mots.
01:46:07 Nous devons continuer d'être beaucoup plus efficaces.
01:46:10 Il y a aujourd'hui des grandes puissances impériales
01:46:12 qui sont plus efficaces que nous
01:46:15 et qui structurent une fonction d'influence
01:46:17 par tous les canaux réseaux sociaux,
01:46:20 les canaux sous-jacents administratifs et autres,
01:46:23 qu'il nous faut analyser de près et contrer.
01:46:26 Et donc nous avons un effort d'organisation,
01:46:29 mais aussi de doctrine, d'instrument et d'investissement
01:46:31 massif dans tous les domaines de l'influence à faire,
01:46:34 et à faire vite,
01:46:35 parce que nous en subissons les conséquences.
01:46:37 Quand j'entends parler de sentiments antifrançais
01:46:39 dans beaucoup de pays d'Afrique,
01:46:40 c'est le fruit d'une stratégie de contre-influence
01:46:44 et de désinformation.
01:46:45 Elle est très bien faite.
01:46:46 Elle utilise parfois ce qui a été fait
01:46:48 par ceux qui étaient nos amis.
01:46:50 Ils savaient remplir des stades de football à peu de frais
01:46:53 et faire applaudir des présidents français.
01:46:56 Et ils le font maintenant avec d'autres idées.
01:46:59 Mais donc ils sont organisés.
01:47:00 Ils le font sur des réseaux sociaux.
01:47:03 On connaît les instruments, mais il faut qu'on fasse attention.
01:47:05 Nous avons, à juste titre, clarifié nos instruments,
01:47:09 normalisé, c'est très bien.
01:47:11 Nous sommes parfois, en tout cas, sur ce registre impuissanté.
01:47:16 Et donc on doit être beaucoup plus efficace.
01:47:17 Et puis nous devons penser, je l'avais dit,
01:47:20 le rôle de l'audiovisuel public à l'international.
01:47:23 Et France Média Monde, qui est un formidable levier
01:47:26 de rayonnement, etc., mais il faut qu'on soit au clair
01:47:29 sur la place qu'on lui donne et le rôle qu'il y joue.
01:47:34 Parce que quand il a face à lui, quand il est le seul levier
01:47:37 d'une presse considérée comme libre,
01:47:38 il a une fonction tout à fait importante.
01:47:42 Et donc, on le voit bien,
01:47:45 il a affaire, face à lui, à de la propagande.
01:47:48 Et quand cette propagande, elle est reprise telle qu'elle,
01:47:50 c'est un sujet, parce qu'elle vient parfois menacer
01:47:52 la France directement, on vient de le vivre encore au Niger.
01:47:56 En tout cas, le cadre de son intervention doit être pensé.
01:47:58 Parce qu'en même temps, cet organisme,
01:48:02 élu par beaucoup d'Etats comme un organisme d'Etat,
01:48:04 ce qu'il n'est plus, je vous rassure,
01:48:06 enfin, il est lu comme tel,
01:48:08 et il est utilisé par les puissances qui nous contestent
01:48:10 comme le fruit d'un impérialisme français
01:48:12 sur le champ informationnel.
01:48:15 Et donc, là, on a construit une équation
01:48:17 qui est plutôt perdante, si j'étais honnête avec vous.
01:48:21 C'est-à-dire qu'on a un instrument
01:48:23 qui est bâti avec des rédactions indépendantes,
01:48:26 ce qui est évidemment le cadre de ce dans quoi nous croyons
01:48:30 pour avoir une presse libre,
01:48:31 mais qui, du coup, s'interdit totalement
01:48:33 de faire quelques travails d'influence,
01:48:36 et qui est dans des pays qui le voient
01:48:37 comme un instrument d'Etat qui fait de l'influence,
01:48:40 et qui est vu comme la justification et la légitimation
01:48:43 par d'autres puissances qui font de la vraie influence
01:48:45 à des fins gouvernementales, comme la légitimation
01:48:48 de ce qu'ils sont en train de faire.
01:48:50 Je le dis avec mes mots, mais enfin, c'est à peu près
01:48:52 comme ça, c'est ça, ce que je vis, moi,
01:48:53 et à mon avis, ce que beaucoup de diplomates
01:48:55 qui sont dans ces pays-là vivent.
01:48:57 Donc, à mon avis, c'est pas notre meilleure utilisation
01:49:00 de l'instrument commun.
01:49:01 Donc, là, je demande vraiment à ce qu'on s'attelle
01:49:02 avec courage à la chose.
01:49:04 Les Etats généraux de l'information
01:49:05 doivent nous permettre de penser cela,
01:49:08 mais l'indépendance journalistique à laquelle
01:49:10 je tiens très profondément et que je défendrai en France
01:49:14 comme ailleurs avec beaucoup de force,
01:49:17 ne doit pas servir d'interdire de réfléchir à un monde nouveau
01:49:23 dans des géographies différentes.
01:49:25 Ca, pardon. En tout cas, la bonne utilisation
01:49:28 de l'argent public et la responsabilité qui sont
01:49:32 les miennes m'imposent d'ouvrir ce travail de réflexion
01:49:35 qui est absolument indispensable et qui doit être au coeur
01:49:37 des chantiers de la ministre des Affaires étrangères
01:49:39 et de la culture pour les mois à venir.
01:49:41 Enfin, ce rayonnement, et je conclurai,
01:49:42 je vous rassure, sur ces 2 points,
01:49:44 passera dans les mois prochains par le sport,
01:49:46 l'histoire et la mémoire.
01:49:47 Le sport, c'est une évidence, mais ça va mieux en le répétant.
01:49:52 Le 8 septembre prochain, la Coupe du monde du rugby
01:49:54 sera accueillie en France.
01:49:55 C'est un événement diplomatique, un événement de rayonnement,
01:49:58 mais nous aurons beaucoup de dirigeants,
01:50:00 en particulier de l'hémisphère sud, qui seront à Paris.
01:50:03 Et donc, évidemment, c'est à préparer, à valoriser,
01:50:06 à consolider dans le cadre aussi
01:50:08 de nos partenariats sportifs
01:50:09 à travers toutes les régions que j'évoquais.
01:50:13 Et puis, les Jeux olympiques
01:50:16 s'ouvriront le 26 juillet prochain,
01:50:18 et dans un an, jour pour jour,
01:50:19 les Jeux paralympiques ouvriront à Paris.
01:50:23 Et ces Jeux olympiques et paralympiques
01:50:24 sont un formidable rendez-vous diplomatique
01:50:27 de rayonnement et d'influence.
01:50:29 D'abord, de la capacité de la France à accueillir,
01:50:31 de sa gastronomie et de son offre,
01:50:33 nos représentants personnels y travaillent,
01:50:35 et d'ailleurs du rugby jusqu'à ses rendez-vous
01:50:37 pour que l'art de vivre à la française,
01:50:39 notre gastronomie, notre capacité à accueillir,
01:50:41 justement, soit valorisée et pleinement vue.
01:50:44 Mais l'héritage de Paris en termes d'inclusivité,
01:50:48 en termes, justement, de sport,
01:50:51 de sport et d'école, de sport et de santé,
01:50:53 sera au coeur de ces rendez-vous,
01:50:56 avec, en plus, le sommet développement durable olympique
01:50:58 que j'ai annoncé, qui se tiendra juste avant
01:51:01 ces événements.
01:51:03 Enfin, notre rayonnement passera également
01:51:07 par notre histoire et notre mémoire,
01:51:10 puisque les mois qui viennent seront scandés
01:51:12 par les 80 ans de la libération
01:51:17 et des débarquements en France.
01:51:19 Ca commencera en Corse dans quelques semaines,
01:51:22 et ça se poursuivra à partir du printemps et de l'été 2024,
01:51:27 mais avec beaucoup de rendez-vous intercalaires
01:51:29 que nous aurons à organiser en Normandie et en Provence,
01:51:32 qui sont les deux épicentres,
01:51:34 mais avec à peu près tous les territoires français
01:51:37 qui seront concernés par ces rendez-vous
01:51:39 de mémoire et d'histoire, au moment même
01:51:41 où les dernières générations de survivants
01:51:43 sont en train de nous quitter,
01:51:45 et où il y a, pour nous-mêmes, un très gros travail
01:51:48 d'histoire et de mémoire que nous sommes en train de faire,
01:51:50 avec beaucoup d'historiens,
01:51:52 l'implication du ministère des Armées sur ce sujet
01:51:57 et de l'éducation nationale,
01:51:59 mais avec également un travail à l'international,
01:52:03 puisque beaucoup de nos puissances alliées,
01:52:05 mais aussi du continent africain, du continent pacifique,
01:52:08 se sont impliquées à nos côtés
01:52:11 dans la libération du territoire français
01:52:14 et ses débarquements,
01:52:15 et donc nous aurons à préparer ces rendez-vous diplomatiques
01:52:18 avec beaucoup de soin.
01:52:19 C'est la mission que j'ai confiée à l'ambassadeur Etienne,
01:52:21 qui pilote avec plusieurs historiens,
01:52:24 militaires et administratifs,
01:52:27 cette mission pour préparer, justement,
01:52:29 le rendez-vous et commémoration.
01:52:31 Voilà, mesdames et messieurs les ambassadrices et ambassadeurs,
01:52:35 ce que je voulais vous dire en ce début de semaine
01:52:38 et avant vos travaux sur à la fois la situation internationale
01:52:42 telle que je la vois
01:52:44 et quelques-unes des grandes perspectives
01:52:49 qui sont les nôtres.
01:52:50 Il y a beaucoup de travail.
01:52:52 Evidemment, je n'ai pas parlé de certaines zones,
01:52:54 de certains pays, mais j'ai déjà été trop long.
01:52:56 Donc vous ne m'en voudrez pas,
01:52:59 j'aurai l'occasion de revenir dans les semaines et les mois
01:53:01 qui viennent sur plusieurs des sujets évoqués ici
01:53:04 ou certains que je n'ai pas assez développés.
01:53:06 En tout cas, je veux ici vous redire
01:53:08 ma confiance et mon soutien
01:53:10 pour les missions qui sont les vôtres.
01:53:13 Elles servent l'agenda de la France et de la nation,
01:53:17 de sa force économique, mais aussi de sa force morale.
01:53:21 Et elles portent dans un moment extrêmement trouble,
01:53:25 vous l'avez vu, les chemins de nos intérêts,
01:53:28 de notre indépendance et de nos principes,
01:53:31 auxquels nous ne devons rien céder.
01:53:34 Je compte sur vous.
01:53:35 Vive la République et vive la France.
01:53:37 (Applaudissements)
01:53:40 (...)