L'ancien président nigérien s'est exprimé pour la première fois depuis le coup d'État du 26 juillet. Mahamadou Issoufou, qui avait nommé le général Tiani à la tête de la garde présidentielle en 2011, a tenu à faire taire les rumeurs qui lui prêtent un quelconque rôle dans le renversement de son successeur, le président Bazoum.
Pour en savoir plus : https://www.jeuneafrique.com/pays/niger/
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00:00 Bonjour François Soudan. Bonjour Catherine.
00:05 A la Une de Jeune Afrique, l'interview de Mahamadou Issoufou qui sort du silence.
00:10 C'est la première fois que l'ancien président nigérien prend la parole depuis le putsch du 26 juillet,
00:15 alors que son silence avait alimenté les spéculations sur son éventuelle implication dans le coup d'État mené par le général Tchani.
00:23 Alors premier point François Soudan, pourquoi Mahamadou Issoufou choisit-il de s'exprimer maintenant, trois semaines après le coup d'État ?
00:32 Vous l'avez dit Catherine, c'était le silence le plus assourdissant au Niger, un mutisme qui forcément a fini par refaire jaser.
00:38 Alors le fait que le chef de l'agent, le général Tchani, avait été nommé par Issoufou à la tête de la garde présidentielle,
00:44 puis prolongé par Bazoum sur ses conseils a été brandi comme une preuve de duplicité,
00:49 au point que dans l'entourage du président renversé, son implication dans le coup d'État n'a à aucun moment été étayée.
00:56 On a vite fait d'Issoufou le cerveau de l'opération et le dépeindre en une sorte de petit Maquiavel,
01:02 charné à la perte de celui qui fut son dauphin. C'est l'intention qui a fini par le faire réagir.
01:06 Il démente toute implication dans le coup d'État.
01:09 Il se dit meurtrier, insulté dans son intelligence par ses allégations qu'il démonte en bloc, ceux qui partagent ce genre de rumeurs.
01:16 C'est ceux qui, dès le premier jour, ont cherché à nous diviser Bazoum et moi, mais notre amitié est plus forte que ça.
01:22 Puis il ajoute "Posez-vous la question, qu'est-ce que j'aurais à gagner dans ce scénario ? Rien. Qu'est-ce que j'aurais à perdre ? Tout."
01:27 Et Issoufou fait là allusion directement à son image de démocrate exemplaire qui a réussi la première alternance démocratique dans l'histoire du Niger.
01:35 Ensuite, et c'est sans doute le plus important, il affirme que l'objectif de la négociation, qu'il dit poursuivre avec l'agent,
01:42 c'est non seulement de libérer Bazoum, mais de le restaurer dans ses fonctions.
01:46 Que pense Mahamadou Issoufou de l'attitude de la CDAO et d'une éventuelle intervention militaire au Niger ?
01:53 Pour lui, l'usage de la force, c'est vraiment l'ultime recours et on sent qu'il a des réticences assez fortes par rapport à cela.
02:01 Même s'il se dit sur la même longueur d'onde que la CDAO, en ce sens que la CDAO parle également de sortie de crise pacifique négociée de manière privilégiée.
02:10 Je pense qu'il est très dubitatif sur l'aspect militaire des choses.
02:15 Dernier point, François Soudon, Mahamadou Issoufou, vous a-t-il semblé convaincant au cours de cette interview ?
02:22 Vous savez, le fait de ne pas dire explicitement "je condamne le coup d'État",
02:26 inévitablement, ça laisse la porte entrebâillée pour la poursuite des critiques de ceux qui sont convaincus qu'il a joué double jeu.
02:32 Bon, ça dit, Catherine, la réalité, ce qu'on a à faire à deux hommes qui ont tout fait pour afficher leur entente et leur complicité
02:38 depuis que l'un a succédé à l'autre en avril 2021,
02:41 c'est que derrière cette façade se jouait un scénario un petit peu différent,
02:44 un scénario finalement très classique entre héritiers et légateurs,
02:48 chaque touche d'affirmation du pouvoir du premier suscitant chez le second des crispations que souvent les proches, les entourages s'emploient à vivre.
02:57 Il y a eu des problèmes entre eux, des incompréhensions sur des nominations à la tête de l'armée, à la tête du parti,
03:03 notamment le sort des généraux tchiani maudits en passant par le contrôle de la rente pétrolière.
03:09 Tout ça faisait que les tensions entre les deux entourages étaient de plus en plus palpables
03:13 et touchaient également le haut commandement de l'armée.
03:15 Mais de là, Catherine a avalisé une théorie du complot qui fait dissoufou le menteur des poutchistes.
03:20 Il y a évidemment un fossé, même si toutes les zones d'ombre du 26 juillet n'ont pas encore été dissipées.
03:26 Merci François Soudan.