Le maître de conférences en droit public, Benjamin Morel, s'est exprimé sur la sécurité des soignants en France : «Si on veut arriver à rééquilibrer le système, il faut laisser plus de manœuvre aux juges».
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00:00 Oui, alors la question de la détention préventive, je rejoins ce qui a été dit.
00:03 Vous ne mettez quelqu'un en détention d'un point de vue préventif que s'il représente
00:06 une menace pour lui-même, soutenez-vous l'affaire Pierre Palmade, ou pour évidemment sa victime
00:11 ou autrui.
00:12 Ce n'est pas une sanction.
00:13 Donc le fait de sortir n'est pas non plus une façon de dire "c'est bien, tu n'as
00:18 rien fait".
00:19 Non, il y a une sanction, mais cette sanction arrive une fois que la culpabilité est établie
00:23 et une fois qu'une peine a été prononcée, si peine de prison il doit y avoir.
00:26 Le problème en l'occurrence n'est en effet pas qu'il y ait un télescopage entre
00:30 sanction et prison.
00:31 Le problème c'est est-ce que vraiment cet individu est dangereux pour sa victime.
00:35 En l'occurrence, si on en croit les menaces, etc., on peut penser qu'il y a des chances.
00:42 Et donc à ce moment-là, on revient à l'économie des places de prison que j'évoquais.
00:45 Si jamais je pense en tant que juge qu'il y a assez peu de chances qu'il passe à
00:49 l'acte et que je n'ai pas assez de places de prison, je vais le laisser sortir.
00:53 Si je pense qu'il y a de très très grandes chances, à ce moment-là je serais tenté
00:57 de maintenir la détention provisoire.
00:59 Mais vous voyez bien que entre le bénéfice risque d'une incarcération au vu de l'économie
01:04 de places de prison, c'est très cynique ce que je suis en train de vous dire, mais
01:07 il faut comprendre comment ça marche.
01:08 Pour un juge, il va être rationnel de le laisser sortir.
01:11 Donc là, si jamais on veut arriver à rééquilibrer le système, il faut laisser plus de manœuvres
01:16 aux juges.
01:17 C'est bien beau de dire les juges sont idéologues, etc., ils ont envie de faire sortir les gens.
01:20 Ils n'ont pas non plus envie qu'il y ait des victimes parce que justement, ils ont
01:24 laissé sortir quelqu'un.
01:25 En revanche, ils sont tenus à des impératifs qui sont des impératifs, je dirais, de bonne
01:31 gestion et donc ce faisant, en effet, on arrive à ce type de situation.
01:36 C'est ça.
01:37 C'est ça.
01:38 C'est ça.
01:38 [Musique]