Marseille : mort d'un homme qui aurait reçu un tir de "bean bag" : focus sur cette arme

Sud Radio

Un homme est dans le coma parce qu’il aurait reçu un tir de “bean bag”. Focus sur cette arme anti-émeutes utilisée par le RAID. C’est à la Une avec Bruno Pomart, ex-policier du RAID, directeur de l’Institut des Hautes Études du Ministère de l’Intérieur et fondateur de l’association Prox’Raid Aventure. --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry  --- ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75...   Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOffi...  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradiooff...  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr   ##C_EST_A_LA_UNE-2023-08-09##

Transcript

00:00 policier du Raid, toujours en garde à vue après la mort d'un homme à Marseille début juillet en marge des émeutes,

00:04 il aurait reçu un tir de beanbag, focus sur cette arme utilisée par le Raid, avec Bruno Pommard, ex-policier du Raid,

00:10 directeur de l'Institut des Hautes Etudes du ministère de l'Intérieur et fondateur de l'association Prox Raid Aventure. Bonjour et bienvenue.

00:17 - Bonjour madame, bonjour. - Bonjour Bruno Pommard et un grand merci d'être avec nous ce matin sur ce radio.

00:23 Bruno, on sent comme toujours dans ce genre d'affaires, l'enquête ne fait que débuter, mais effectivement la piste d'un tir de

00:29 beanbag est évoquée. Alors Bruno Pommard, on connaît le LBD, le lanceur de balles de défense, on connaît moins en revanche

00:36 les beanbags, qu'est ce que c'est exactement ?

00:39 - Alors c'est une arme de

00:41 intermédiaire, comme le LBD d'ailleurs, qui n'est utilisé que par les unités d'intervention comme le Raid et le JGN, il faut le spécifier,

00:48 c'est pas utilisé par les CRS, par les gendarmes mobiles dans le cadre du maintien de l'ordre, je dirais classique.

00:53 Donc c'est une arme de chasse, si on peut le traduire comme ça, qui tire du calibre 12, donc des cartouches,

01:00 dans laquelle vous avez un petit sachet

01:02 qui est le projectile qui part sur la personne qui est visée et la particularité de ce projectile c'est qu'il

01:10 n'est pas pénétrant, il s'écrase au contact évidemment de

01:14 la personne sur lequel on tire et ça permet évidemment

01:20 d'avoir un pouvoir d'arrêt important mais de ne pas percer je dirais le

01:25 corps si...

01:28 Donc c'est exactement comme ça que c'est utilisé et ça a la particularité aussi d'être une arme plus

01:34 précise que le LBD.

01:38 Voilà un petit peu la définition.

01:40 - Vous avez parlé en l'occurrence de sachets, qu'est ce qu'il y a dans ces sachets du coup ?

01:45 - C'est un sachet où vous avez de la limaille dedans, une espèce de...

01:49 comme de la grenaille vous voyez, mais c'est un sachet qui est hermétique, totalement hermétique,

01:53 qui est contenu dans la cartouche et lorsqu'il part, il arrive au contact, il s'écrase je dirais sur la personne,

02:02 donc il y a un gros pouvoir d'arrêt mais pas pénétrant.

02:05 - Ça fait longtemps que le RAID est équipé de ces binbags, ces armes qui est bien connue dans le service ?

02:10 - Oui, oui, oui, mais c'est utilisé, je vous le dis, sur les forcenés, ça peut être utilisé sur les forcenés, au même titre que les PIE,

02:16 les pistolets à impulsion électrique, c'est des armes, encore une fois, qui sont des armes intermédiaires,

02:21 qui évitent d'utiliser une arme létale.

02:24 - Oui, bien sûr, mais ça n'empêche pas d'avoir quand même un cadre, j'imagine, assez strict d'utilisation,

02:29 dans quelles conditions justement un policier du RAID peut-il s'en servir ?

02:32 - Ecoutez, d'abord il faut savoir, et je ne l'ai pas beaucoup entendu dans les médias,

02:36 que le RAID, dans le cas présent, a été utilisé, on dit "le RAID n'est pas fait pour faire du maintien de l'ordre",

02:41 bon, il n'était pas là pour faire du maintien de l'ordre à l'occasion de ces grandes émeutes, ces grosses émeutes,

02:45 ils étaient là pour faire du rétablissement. La définition n'est pas du tout la même.

02:49 Ils sont venus là, pourquoi ? Pour d'abord assister les forces de l'ordre traditionnelles,

02:53 que sont les CRS et les gendarmes mobiles, ou éventuellement les BAC qui étaient aussi présentes,

02:57 pour pouvoir renforcer ces effectifs face à des groupuscules ultra-violents, on l'a vu,

03:02 qui cassaient des magasins, qui venaient même à l'assaut des policiers,

03:05 donc ils étaient là pour le RAID, comme le GIGN d'ailleurs, qui est intervenu, avec les unités régionales,

03:11 qui venaient renforcer ce dispositif pour intervenir sur les groupes les plus violents,

03:16 qui étaient susceptibles d'être armés d'ailleurs, parce qu'on a vu des armes,

03:20 il faut savoir qu'il y a des policiers qui ont été blessés, ça on ne l'a pas beaucoup dit non plus d'ailleurs,

03:24 un policier qui avait un gilet parabas et qui a pris une balle de 9 mm, je crois que c'était à Lyon,

03:27 bon, là on n'en a pas vraiment parlé. Donc pour vous dire qu'encore une fois,

03:31 le RAID était utilisé pour une cause d'émeute violente, et c'est pour ça qu'ils sont intervenus effectivement

03:38 sur plusieurs secteurs de la France.

03:41 - Précision importante à signaler effectivement, puisque c'est quelque chose qu'on a beaucoup entendu par ailleurs.

03:49 Vous le disiez, c'est une arme en l'occurrence qui est considérée comme non létale,

03:53 mais elle peut devenir en cas de mauvaise utilisation,

03:57 est-ce qu'il y a un travail de sensibilisation qui est effectué à ce niveau pendant la formation, dans le cas du RAID ?

04:03 Comment ça se passe ?

04:05 - Le policier du RAID, parce qu'on parle beaucoup de formation de la police,

04:08 dans le cadre du RAID comme du IGN d'ailleurs, ce sont des unités qui s'entraînent d'abord,

04:12 où le gens sont sélectionnés, voilà, pour y avoir été instructeur moi-même dans cette unité,

04:18 je peux vous assurer que les entraînements sont coriaces.

04:20 Les gens sont entraînés quasi-journalièrement pour être capables de répondre à toutes les problématiques qu'ils rencontrent.

04:27 Donc oui, l'entraînement est obligatoire et on ne peut pas faire autrement.

04:32 Donc effectivement, quant à l'utilisation, ce que vous venez de me poser comme question,

04:37 effectivement, lorsque vous êtes dans des situations dégradées dans lesquelles ils se trouvent,

04:41 et on l'a vu avec l'utilisation des LBD, avec petitesse parfois, en disant "oui, il y a eu des ébordés pendant les manifs, etc."

04:48 Oui, mais quand on sait le nombre d'utilisations de LBD qui ont été faites pendant des manifs qui étaient très très très violentes,

04:55 on peut se dire que, je dirais, on a échappé au pire.

04:58 Ça aurait pu être bien pire, c'est ce que je dis souvent lorsque j'interviens sur ce sujet-là.

05:02 Donc voilà, effectivement, il y a toujours des risques.

05:05 Pas d'une utilisation volontaire de celui qui tire de vouloir tuer.

05:11 Évidemment, l'objectif c'est de neutraliser.

05:14 Neutraliser, ça ne veut pas dire nécessairement tuer.

05:16 C'est empêcher la personne de commettre des actes délictueux ou violents.

05:20 Donc c'est vrai que, dans le cadre des manifestations, on l'a vu surtout avec le LBD,

05:25 effectivement, se servir de cette arme-là avec le plus de précision possible,

05:29 ce n'est pas toujours évident lorsque vous avez des lacrymogènes,

05:31 lorsque vous avez de la tension, du stress et tout un tas d'éléments

05:35 qui font que ça peut perturber effectivement la vision,

05:38 ça peut perturber la concentration du policier qui tire,

05:42 effectivement, par arriver à avoir des drames.

05:45 Ça veut dire que sa boîte plus précis qu'un LBD, ça n'empêche pas effectivement le risque, quoi ?

05:52 Oui, tout à fait, tout à fait.

05:53 Mais encore une fois, à 99,9% des cas, c'est utilisé sur des gens ultra-violents.

06:00 Si vous allez vous-même à manif, je peux vous assurer que vous ne risquez pas de prendre un tir de LBD.

06:06 Je ne sais pas ce qu'elle... Voilà, vous voyez ce que je veux dire.

06:08 - Oui, bien sûr.

06:09 - Ça s'adresse aux gens qui sont d'accord avec...

06:12 - Et en tout cas, des enquêtes sont ouvertes...

06:14 - Absolument.

06:14 - Voilà, à chaque fois qu'il y a un problème avec ce type d'arme, bien sûr, Bruno Pogba.

06:20 - Bien sûr, bien sûr.

06:21 Il y a trois policiers, là, actuellement, du RED qui sont encore entendus, qui sont regardés,

06:26 et qui vont expliquer ce qui s'est déroulé,

06:27 parce que j'entends aussi beaucoup de raisonnements des uns et des autres sur les réseaux sociaux,

06:31 nous expliquer ce qui s'est passé réellement.

06:33 Bon, écoutez-moi, je n'y étais pas, vous non plus.

06:35 Donc, attendons de voir ce qui s'est réellement passé et pourquoi, si c'est le cas,

06:40 le policier a tiré et dans quelles circonstances.

06:43 Ce qui s'est réellement passé sur ce fameux motard qui était là par hasard,

06:47 ou qui se baladait et qui faisait des vidéos.

06:49 Bon, écoutez-moi, j'attends des explications sur le profil de l'individu, etc.

06:53 Il y a tout un tas de choses qu'il faut qu'on ait en, comment dire,

06:56 envoyé à un liste pour pouvoir apprécier, je dirais, et juger,

07:00 laissons faire, encore une fois, la justice.

07:01 - Après, il y a beaucoup de questions qui se posent,

07:02 parce que ça arrive en plus après ce qui s'est passé cette fois-ci en Meurthe-et-Moselle.

07:07 Vous avez suivi, sans doute toujours en marge des émeutes,

07:09 un jeune homme est grèvement blessé, le parquet soupçonne là aussi un tir de bing-bang.

07:15 Est-ce qu'il ne faut pas, effectivement, davantage encadrer, peut-être, ces termes ?

07:19 Voir carrément l'interdire, c'est votre propos ou pas ?

07:22 - Écoutez, je pense qu'il y a, d'abord, la part des policiers qui utilisent des armes de discernement,

07:28 pour vous assurer, c'est quand même un des très grands professionnels.

07:30 Donc, ça c'est un premier élément.

07:32 Une fois encore, lorsqu'on l'utilise, c'est qu'on a décidé de le faire

07:36 parce qu'il y a une bonne raison de l'utiliser.

07:38 C'est important.

07:39 Et après, moi, je veux bien entendre de nombreux spécialistes,

07:43 excusez-moi de le dire, de plateau T,

07:46 je ne parle pas de vous, de Radio, que vous invitez

07:49 et qui nous expliquent que ça devrait être interdit.

07:51 Mais moi, écoutez, je leur propose d'aller sur ces opérations à haut risque

07:55 et de m'expliquer comment ils font pour trouver une forme de désescalade

07:59 lorsqu'il y a de l'ultra-violence.

08:00 Qu'est-ce qu'il leur reste si on ne leur met pas ces armes à intervenir ?

08:04 Leurs armes légitales, ça veut dire des armes de 9 mm et calibre 9 mm,

08:07 et ils sortent leurs armes et ils tirent sur les gens.

08:10 Enfin, vous voyez ce que je veux dire ?

08:12 Les policiers se sont retrouvés dans des situations, parfois,

08:14 alors je parle de façon générale, pas particulièrement des policiers du RED,

08:17 qui étaient habilités d'ailleurs à intervenir sur ce type de choses

08:20 par rapport à l'arrêté qui est sorti là-dessus en 2011,

08:24 l'article 2, qui permet au RED d'intervenir sur des risques,

08:29 des meutes graves où il risque d'y avoir de l'ultra-violence.

08:32 J'aimerais bien qu'on nous explique comment faire

08:36 quand vous avez affaire à des émeutiers qui vous foncent dessus,

08:38 qui vous chargent dessus.

08:39 Vous savez, on nous fait la comparaison avec l'Allemagne et avec d'autres pays,

08:43 mais vous savez, à l'Allemagne, je me rappelle à Hambourg en 2017,

08:45 il y a eu des grosses manifestations,

08:46 et il y en a toujours d'ailleurs, un peu partout en Europe,

08:49 où effectivement, sans armes, comme on nous explique,

08:55 on va comme à la guerre de 1918, vous savez, au corps-à-corps.

08:59 Et là, il y avait eu plus de 200 blessés, c'est pareil.

09:03 Donc, je ne pense pas que dans les manifs,

09:05 même lorsqu'il y a eu l'utilisation des LBD,

09:07 il y ait 200 blessés graves dans les manifestations en France.

09:10 Voilà, donc c'est encore une fois une vraie question,

09:14 mais je ne vois pas comment dans ces moments d'émeute extrême

09:18 et de violence extrême, les policiers pourraient se sortir d'affaires

09:22 s'ils n'avaient pas ce type d'armes intermédiaires.

09:25 C'est une vraie question.

09:26 - Bruno, Pomar, en tout cas, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.

09:30 Je rappelle, vous êtes ancien policier du RED, bien sûr,

09:33 directeur de l'Institut des Hautes Etudes du ministère de l'Intérieur

09:36 et fondateur de l'association Prox-RED.

09:39 aventure très bonne journée à vous

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