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00:00 On n'est pas que nous. On est nous et on est les bactéries qui sont en nous.
00:04 Et donc, il faut prendre soin d'elles pour qu'elles prennent soin de nous.
00:07 Et c'est ce qu'on appelle "tu es un holobionte".
00:10 Ça veut dire que tu es un être symbiotique.
00:13 Et toi, et les êtres vivants dont tu es responsable et qui sont responsables de toi.
00:17 Les fibres, en fait, c'est l'alimentation de nos bactéries.
00:20 C'est des prébiotiques, les fibres.
00:22 On favorise la croissance de nos propres bommes de bactéries.
00:25 Et quand tu protèges tes bactéries, elles sont heureuses.
00:28 Quand elles sont heureuses, elles ont envie de vivre longtemps avec toi.
00:31 Et donc, elles vont te protéger. Elles vont protéger ton foie.
00:34 Qu'est-ce qu'il faut manger ?
00:41 On nous donne en général des règles complètement qui viennent comme ça.
00:44 Il faut manger ceci, pas cela. On ne comprend pas.
00:47 Dans ce dialogue avec Gabriel Perlemutter, on va enfin comprendre la logique.
00:51 Qu'est-ce qui est bon ? Pourquoi ? Comment ?
00:54 En parlant d'un organe dont on ne parle pas beaucoup et qui est pourtant essentiel, le foie.
00:59 Bonjour Gabriel.
01:01 Bonjour Fabrice.
01:02 Je suis vraiment très heureux de te recevoir de nouveau pour ton nouveau livre.
01:06 Peut-être qu'on peut commencer.
01:08 Pourquoi est-il important de protéger son foie ?
01:11 Je suis également ravi d'être ici avec toi.
01:14 Pourquoi faut protéger son foie ?
01:17 Il y a tout un paradoxe, je trouve, sur le foie.
01:20 On a beaucoup progressé dans les maladies du foie. On est en 2023.
01:24 Il n'y a plus de maladies virales. L'hépatite B, on est vacciné.
01:28 L'hépatite C, on a des médicaments qui marchent merveilleusement bien.
01:32 Et donc, il n'y a quasiment plus d'hépatite virale.
01:35 Et malgré le fait qu'il n'y ait plus d'hépatite virale,
01:38 le nombre de patients qui ont une maladie du foie ne cesse d'augmenter.
01:43 Et le cancer du foie ne cesse d'augmenter.
01:46 C'est le quatrième cancer en fréquence.
01:48 Et c'est un paradoxe entre, d'un côté, l'absence d'hépatite virale
01:53 et, de l'autre côté, l'augmentation des maladies du foie.
01:56 Et ce qu'on voit, c'est que ce ne sont plus les mêmes maladies du foie.
02:00 Avant, c'était des maladies liées au virus.
02:03 Maintenant, c'est des maladies qu'on s'inflige, liées à notre mode de vie.
02:07 Et ce qui est très important, c'est que par rapport aux autres organes,
02:11 le foie régénère. Et donc, quand on a le foie malade,
02:14 si on change certaines façons de vivre, si on protège son foie,
02:20 tout va être réversible et on pourra se protéger.
02:23 Et le foie, et le reste de l'organisme.
02:25 Le grand paradoxe du foie, aussi, c'est qu'on ne le sent pas.
02:30 On sent qu'on peut avoir mal au... On a mal au ventre,
02:33 on a mal aux intestins, on a mal à l'estomac.
02:36 Mais personne n'a mal au foie.
02:38 Absolument. On a mal au cœur, aussi.
02:40 Quand on a mal au cœur, c'est trop tard.
02:43 Alors oui, le foie, il est particulier, il n'a pas de nerfs.
02:47 Donc, comme il n'est pas énervé, il ne fait pas mal.
02:51 Alors, le foie est entouré d'une capsule,
02:54 qui est rigide, et qui, elle, est énervée.
02:58 Ce qui fait que quand le foie augmente de taille,
03:00 on peut ressentir, à ce niveau-là, une pesanteur.
03:03 Mais pas plus que ça.
03:05 Et quand on prépare un foie gras de canard ou de oie,
03:07 et on dit qu'on le dénerve, en fait, c'est juste faux,
03:09 parce qu'il n'y a pas de nerfs. On enlève les canobilières.
03:12 Et donc, le foie, il n'arrive pas à nous parler en nous faisant mal.
03:16 Et donc, il va nous parler autrement.
03:19 Et il faut l'écouter. Il faut savoir l'écouter,
03:21 avec certains petits signes, pour savoir qu'il essaye de nous parler,
03:25 et qu'on peut le protéger, pour après se protéger,
03:28 toute notre santé, et vivre avec une meilleure qualité de vie,
03:31 et plus longtemps.
03:33 Alors, comment il va nous parler, le foie ?
03:36 Et c'est ce que je fais en consultation.
03:38 Il peut nous parler de vaccion de façon extrêmement simple.
03:42 Tu prends, et je le fais en consultation,
03:45 un mètre de couturière.
03:48 Et au niveau de l'ombilique, tu mesures ton tour de taille,
03:52 ton périmètre, sans tricher.
03:54 Si un homme occidental, comme toi,
03:57 a un tour de taille supérieur à 94,
04:00 ou une femme occidentale a un tour de taille supérieur à 80,
04:04 déjà, son foie essaye de lui parler, lui dire
04:06 "Fais attention à moi, tu t'occupes pas de moi."
04:09 Il y a d'autres façons, quand on fait un check-up,
04:12 on se regarde le sucre, la glycémie, le cholestérol,
04:15 il faut aussi regarder les enzymes du foie,
04:18 d'autant plus que le tour de taille est augmenté.
04:22 Donc le foie ne nous parle pas, mais aussi on ne sait pas l'écouter.
04:26 Et l'écouter, c'est assez subtil,
04:28 parce que ce sont des petits signes, et c'est pas la grosse douleur.
04:31 Quand le coeur te parle, quand le ventre te parle,
04:33 "Ah, j'ai mal au ventre, d'un seul coup, ça me fait mal ici,
04:35 je suis inquiet, et pour le coeur, c'est presque trop tard,
04:37 il va y avoir des séquelles."
04:38 Et le foie, justement, on l'écoute,
04:40 parce qu'on arrive avant que les choses soient irréversibles,
04:43 et tout peut redevenir bien comme avant.
04:47 À quoi ça sert, le foie ?
04:49 Le foie, ça sert à plein de choses.
04:51 Le foie, on peut se donner plein d'images pour comprendre le foie.
04:55 La première image qu'il faut se donner
04:57 pour comprendre à quoi sert le foie, c'est une usine.
05:00 Une usine, ça veut dire que ça fabrique beaucoup de choses.
05:03 Ça fabrique plein de choses qui sont nécessaires
05:06 au fonctionnement de notre organisme.
05:08 Une usine, en 2023, c'est une usine écolo.
05:13 Donc le foie va épurer notre organisme de nos toxines.
05:18 Une usine a besoin de matières premières pour fonctionner.
05:21 Donc une usine va récupérer tout ce qui passe dans notre tube digestif.
05:26 Et une fois que c'est dans le tube digestif,
05:29 ça va arriver au foie par une veine
05:30 qui est entre le tube digestif et le foie, qu'on appelle la veine-porte.
05:34 Et donc le foie, comme un entonnoir, va tout recueillir, ce qu'on mange.
05:38 Et donc le foie va d'une part agir comme un filtre,
05:42 tout ce qu'on mange, tous nos toxiques,
05:44 comme une épuration, comme une réserve d'énergie.
05:48 Une voiture, pour qu'elle fonctionne, tu mets de l'essence.
05:53 Et le foie est en quelque sorte un réservoir à essence.
05:57 Quand tu es à jeun, comme maintenant on est à jeun, on ne mange pas,
06:00 on va bien, j'arrive à te parler, tu arrives à m'écouter,
06:04 parce qu'on a de l'énergie.
06:06 On a notre taux de sucre dans le sang,
06:09 et le sucre c'est l'essence de l'organisme.
06:11 On a notre taux de sucre dans le sang,
06:13 qui est stable aux environs de 1 g/L.
06:15 Quand tu manges, il monte, et puis il va redescendre.
06:18 Quand tu ne manges pas, il reste stable à 1 g.
06:20 Pourquoi ? Parce que le foie produit du sucre tout le temps
06:25 pour nous maintenir un taux de sucre stable,
06:28 même quand on ne mange pas, même quand on fait du sport.
06:31 Au départ, il le maintient en consommant le sucre
06:34 qu'il a dans ses propres réserves,
06:37 et ensuite il va le fabriquer à partir du gras,
06:41 qu'on a aussi en réserve dans l'organisme.
06:43 Et donc le foie est une usine de fabrication,
06:46 une usine d'épuration, un lieu de stockage d'énergie,
06:51 et donc on ne peut pas vivre bien sans un foie en bonne santé.
06:55 Le problème majeur pour le foie,
06:58 c'est la nourriture habituelle d'un occidental en 2023.
07:04 Ce que nous mangeons, c'est le plus mauvais pour notre foie.
07:08 Alors absolument.
07:09 Si on fait tous les régimes, le régime comme ceci, le régime comme cela,
07:13 nous avons le plus mauvais régime pour le foie.
07:15 Absolument.
07:17 Et c'est là où il faut faire très attention,
07:19 et on le voit bien qu'il faut faire attention,
07:21 c'est ce que je te racontais,
07:23 il n'y a plus de virus,
07:25 mais on intoxique notre foie par notre alimentation.
07:28 Je vais prendre l'exemple des canards ou des oies.
07:31 On mange du foie gras.
07:32 On n'aime pas le foie gras, on ne mange pas.
07:33 Ce sont des animaux qui sont faits pour faire un foie gras,
07:36 parce que ce sont des animaux, quand ils sont sauvages, bien sûr,
07:40 pas en tant qu'élevage,
07:41 qui font des grandes migrations de l'hémisphère nord vers l'hémisphère sud,
07:45 et de l'hémisphère sud vers l'hémisphère nord,
07:48 pendant les périodes de migration.
07:51 Et pour pouvoir faire ces grandes migrations,
07:54 sans atterrir, ils doivent stocker de l'énergie.
07:57 Ils stockent de l'énergie dans le foie, sous forme de graisse.
08:00 Donc c'est naturel pour ces animaux de faire un foie gras.
08:03 Et comment on fait un foie gras ?
08:05 Qu'est-ce qu'on donne ?
08:06 Pour gaver un canard au noir, on ne donne pas du gras.
08:09 Et donc là, j'ai beaucoup de patients qui viennent me voir,
08:12 qui disent "Ah, je vais manger moins gras".
08:14 Non, on donne du sucre, on donne des céréales,
08:17 parce que le foie ne stocke pas de sucre,
08:19 il se transforme le sucre en graisse, pour stocker de l'énergie.
08:23 Et donc, la différence entre un canard, une oie, et nous, c'est quoi ?
08:28 C'est que le canard, après avoir stocké du gras,
08:31 il va faire sa migration, et il va consommer l'énergie qu'il a en lui.
08:35 Nous, quand nous faisons un foie gras, quand nous mangeons trop,
08:38 comme on continue de manger tout le temps,
08:40 et on n'a pas l'exercice physique qui permet de dépenser
08:42 toutes les calories qu'on a emmagasinées dans le foie,
08:45 la graisse reste et devient toxique.
08:48 Et donc, un des mécanismes par lequel notre mode de vie est toxique pour le foie,
08:54 c'est notre alimentation.
08:56 Trop riche en sucre, alors ce n'est pas le petit morceau de sucre
08:58 qu'on met dans le thé ou dans le café,
09:00 c'est tous les féculents.
09:02 Pain, pâte, riz, pommes de terre, par exemple, où c'est 60% de sucre.
09:08 Une baguette de pain, c'est 250 grammes,
09:11 c'est l'équivalent de 30 morceaux de sucre.
09:13 Ce n'est pas qu'il ne faut pas en manger.
09:15 Moi-même, j'aime beaucoup le pain de mon boulanger.
09:17 Je dis simplement qu'il faut se rendre compte des quantités qu'on prend.
09:20 Quand tu prends un jus de fruit,
09:22 un jus de fruit, c'est l'équivalent de 100-120 grammes de sucre par litre,
09:27 comme un soda, et tu n'as pas du tout de fibres qui vont te protéger.
09:31 Donc, tout ce sucre-là, sur lequel s'ajoutent des graisses toxiques,
09:38 comme les charcuteries, comme trop de viande,
09:43 va entraîner une accumulation de gras dans le foie,
09:46 une inflammation et les maladies du foie.
09:50 Quand on rajoute dessus un peu d'alcool,
09:54 et j'ai trop de personnes qui viennent me voir et qui disent
09:56 "Ah, je suis malade du foie, mais pourtant, je ne bois pas"
09:59 ou "Je n'ai jamais été ivre", ça veut dire beaucoup de choses.
10:03 Et ils ont raison.
10:05 Ils n'ont jamais été ivres, ils ne consomment pas d'alcool.
10:08 Un, qu'il n'y a pas que l'alcool, il y a un lieu commun qui dit
10:11 "Ah, le foie, c'est l'alcool".
10:13 Et d'autre part, que ce n'est pas parce qu'on n'est pas ivre
10:16 que l'alcool n'est pas toxique pour le foie.
10:18 Quand on a une alimentation déséquilibrée,
10:21 même à petite dose, l'alcool va devenir toxique.
10:24 Autrement dit, en fonction de ton alimentation,
10:27 la quantité d'alcool que tu vas prendre va être plus ou moins toxique.
10:30 Ça, c'est la médecine prédictive individualisée.
10:33 Par rapport à la médecine de santé publique,
10:36 où, dès le premier verre d'alcool, et c'est vrai aussi,
10:39 on risque de faire des maladies.
10:42 Mais à titre individuel,
10:45 en fonction de la façon dont tu manges,
10:48 on peut tolérer ou pas un peu d'alcool.
10:51 Et donc c'est tout ça qui fait que notre alimentation,
10:54 le sucre, les graisses et même certaines protéines,
10:57 on pourra en parler, et l'alcool,
11:00 vont entraîner des maladies du foie.
11:02 Est-ce qu'il faut arrêter complètement l'alcool ?
11:05 Ça dépend.
11:07 Justement, en termes de médecine individuelle.
11:10 Quand on fait des politiques de santé publique,
11:13 oui, dès le premier verre d'alcool,
11:16 tu augmentes ton risque de maladie, ton risque de cancer.
11:19 Statistiquement, dès le premier verre d'alcool,
11:22 la femme augmente son risque de cancer du sein.
11:25 Et ça, c'est vrai. Ce qui est vrai aussi,
11:28 c'est que l'alcool, à petite dose,
11:31 diminue la résistance à l'insuline.
11:34 On a moins de résistance à l'insuline,
11:37 c'est-à-dire que l'insuline marche mieux,
11:40 avec une petite quantité d'alcool, en particulier de vin rouge.
11:43 Ouf !
11:46 Absolument.
11:49 Et c'est une courbe en U,
11:52 ça veut dire que pas du tout d'alcool, un peu d'alcool et beaucoup d'alcool,
11:55 en courbe en U, en cuvette, quand tu augmentes ta quantité d'alcool,
11:58 là, tu vas à nouveau redevenir résistant à l'insuline.
12:01 C'est quoi ?
12:04 C'est très compliqué, parce que ça dépend de ton risque individuel.
12:07 Quelqu'un qui n'a pas de surpoids,
12:10 qui a son tour de taille normal,
12:13 qui a une alimentation riche en fibres, en pectine, en inuline...
12:16 On va expliquer tout ça tout de suite.
12:19 Voilà. En prébiotique, qui va protéger son microbiote,
12:22 les pommes, par exemple, l'ail, échalote, oignon,
12:25 peut tolérer plus d'alcool sur le foie
12:28 qu'une personne qui a une alimentation
12:31 trop de pain, trop de riz, trop de pâtes,
12:34 trop de viande,
12:37 où là, l'alcool, c'est ce que je raconte dans mon livre,
12:40 ça va être LMP, le moins possible.
12:43 Et donc, tout dépend de comment tu es.
12:46 Mes personnes les plus âgées,
12:49 chez mes patients,
12:52 les femmes de plus de 90 ans,
12:55 ont toutes leur petit verre de vin rouge
12:58 chaque jour de la semaine,
13:01 sauf un ou deux jours où elle s'arrête.
13:04 Mais on ne peut pas dire, comme ça marche chez elle,
13:07 tout le monde doit le prendre.
13:10 Quelqu'un qui a déjà un foie avec une accumulation de graisse dedans,
13:13 chez lui, ce sera zéro.
13:16 Je suis désolé que ce soit compliqué,
13:19 mais je ne fais pas de médecin, pas de santé publique.
13:22 En santé publique, j'aurais dit l'alcool le moins possible pour tout le monde.
13:25 Moi, je fais de la médecine individuelle chez les personnes qui viennent me voir.
13:28 Certaines personnes peuvent prendre un verre de vin rouge, de temps en temps.
13:31 Et certaines personnes,
13:34 il ne faut pas faire la maliame,
13:37 peuvent se faire plaisir et un jour en prendre beaucoup,
13:40 sous réserve d'après à après,
13:43 de faire attention pour que le foie puisse récupérer.
13:46 Mais il ne faut pas se faire plaisir. L'alcool est également un plaisir.
13:49 - Donc, la clé, c'est de diminuer les sucres.
13:52 - Il y a plusieurs clés, il y a plusieurs verrous.
13:55 Une des clés, oui.
13:58 - Diminuer le sucre, en comprenant que le sucre,
14:01 ce n'est pas que le sucre dans le café, c'est tous les féculents
14:04 qui contiennent des sucres, qui se transforment en graisse.
14:07 - Tu as tout compris. - Et qu'arrêter les sucres...
14:10 Et c'est plus important d'arrêter les sucres que d'arrêter les graisses.
14:13 Il faut être précis. Les sucres, tu as raison.
14:16 Les graisses, ça dépend des graisses. Pareil que l'alcool,
14:19 on ne peut pas généraliser. Tu as des bonnes graisses.
14:22 Les bonnes graisses, c'est quoi ? C'est les graisses
14:25 oméga 3, oméga 9. Huile d'olive,
14:28 huile de colza, huile de pépins de raisin...
14:31 - Huile de lin. - Huile de lin. Les graisses qu'on trouve dans les oléagineux,
14:34 amandes, noix,
14:37 les graisses qu'on trouve dans les poissons gras,
14:40 harangues, que moi j'aime beaucoup,
14:43 saumon, mackereaux, sardines...
14:46 Des très bonnes graisses.
14:49 Et tu as des mauvaises graisses. Tu as les mauvaises graisses
14:52 qu'on peut trouver... - Dans la viande. - Dans la viande,
14:55 dans les charcuteries. Et donc, dire
14:58 "arrêter les graisses", c'est faux. - Ça dépend lesquelles.
15:01 - Ça dépend lesquelles. Pareil, les sucres. Si tu prends
15:04 des pains complets, si tu prends des fénérales complètes,
15:07 tu peux en prendre un peu. Il faut un peu de sucre,
15:10 c'est de l'essence. L'organisme n'aime pas les extrêmes.
15:13 Ensuite, tu as... ça ne suffit pas. Il faut
15:16 pour que ton foie aille bien, que les bactéries que tu as
15:19 dans ton tube digestif qu'on appelle le microbiote aillent bien
15:22 également pour protéger le foie. Ça, on l'a beaucoup montré
15:25 dans notre équipe de recherche. Et comment on fait pour protéger nos bactéries
15:28 pour ensuite protéger le foie ? C'est ce qu'on disait tout à l'heure,
15:31 on prend des prébiotiques. Les prébiotiques, c'est-à-dire
15:34 la nourriture de nos propres bactéries pour favoriser
15:37 la croissance de nos propres bonnes bactéries
15:40 qu'on peut trouver, c'est ce que j'avais expliqué,
15:43 dans la pectine, donc dans les pommes,
15:46 en particulier dans la peau des pommes, autant qu'elles soient bio,
15:49 qu'on peut trouver dans d'autres aliments que j'appelle les aliments
15:52 Jedi, qui te protègent, donc la pomme,
15:55 l'artichaut, le radis, qu'on peut trouver
15:58 aussi dans d'autres prébiotiques, dans l'inuline,
16:01 dans l'ail, échalote, oignon, tout ça est plein d'antioxydants.
16:04 Donc tout ça, ensemble, va faire
16:07 que ton foie va te protéger,
16:10 tu vas protéger ton foie et ton foie va te permettre
16:13 d'être protégé
16:16 de certaines erreurs que tu feras à côté.
16:19 Autrement dit, je pense qu'une personne qui mange
16:22 très bien à côté, qui s'enrichit en fibres, qui a un bon
16:25 microbiote, peut prendre plus d'alcool,
16:28 plus de viande qu'une personne qui, à côté, ne protège
16:31 pas son microbiote. - Alors les prébiotiques,
16:34 c'est un sujet que tu explores
16:37 et que tu fais beaucoup de recherches. - Absolument.
16:40 - Est-ce que ça a du sens de prendre des
16:43 souches de prébiotiques ? - Alors,
16:46 oui, ça a du sens. Nous avons même,
16:49 dans mon équipe de recherche, nous débutons des
16:52 projets de recherche où des prébiotiques, donc les prébiotiques,
16:55 c'est l'alimentation de nos bactéries, nos propres bactéries,
16:58 protégeraient le foie
17:01 de l'alcool, de la malbouffe, et même
17:04 diminueraient l'appétence
17:07 au sucre ou à l'alcool. Et on a aussi
17:10 des probiotiques, là on donne directement des
17:13 êtres vivants, des bactéries, et ça on l'a bien montré
17:16 dans nos souris, et on va le montrer, j'espère,
17:19 chez nos patients, peuvent protéger
17:22 le foie. Et en fonction de tes bactéries,
17:25 tu as un foie, plus ou moins, protégé.
17:28 Et il faut bien comprendre que quand le foie est protégé,
17:31 le foie est comme un bouclier, on n'a pas donné cette image
17:34 de bouclier, il va protéger les autres organes en même temps.
17:37 En particulier le cœur. - Donc,
17:40 là, il faudra te réinviter,
17:43 quand tu auras avancé sur la recherche, c'est
17:46 des sujets importants, comprendre le rôle du microbiote
17:49 dans tout ça. - J'en fais ma vie, donc j'espère que c'est important.
17:52 - Mais, pour l'instant, on n'a pas
17:55 de solution pour transformer
17:58 notre microbiote. Il y a une inégalité,
18:01 notre microbiote se forme à notre naissance,
18:04 et après on est un peu dépendant, et on peut
18:07 enrichir le microbiote, mais pas vraiment encore le transformer.
18:10 Sauf des cas extrêmes.
18:13 - Alors, c'est vrai
18:16 que le microbiote se forme dans les mille premiers jours
18:19 de vie. C'est vrai. Mais, le déterminisme
18:22 n'est pas absolu. Sauf qu'il est plus compliqué
18:25 à changer une fois que quelque chose s'est installé. Quand tu changes ton
18:28 alimentation, quand tu enrichis ton alimentation
18:31 en prébiotiques, ce dont nous avons parlé, tu vas
18:34 améliorer ton microbiote, et te protéger.
18:37 Et la première cause,
18:40 et ça on le sait, de modification de son propre microbiote,
18:43 c'est quand même notre alimentation. Donc, oui,
18:46 il y a un certain déterminisme, mais il n'est pas de 100%.
18:49 Ce qui veut dire aussi, c'est que quand tu changes
18:52 ton alimentation, si après tu retournes
18:55 à ton alimentation d'origine, tu ne maintiens pas tes efforts
18:58 sur le temps, tu vas avoir une résilience du microbiote
19:01 qui va retrouver le mauvais microbiote que tu avais avant.
19:04 Et c'est aussi un des mécanismes, et ça a été
19:07 bien montré, du yo-yo, de la
19:10 reprise de poids. Quelqu'un qui perd du poids, qui fait beaucoup d'efforts,
19:13 il perd du poids. Et puis après,
19:16 en élargissant son alimentation, mais un tout
19:19 petit peu, pas beaucoup, d'un seul coup, il reprend du poids.
19:22 Il fait du yo-yo, il va même plus haut que le poids qu'il avait
19:25 avant. Alors qu'il ne mange pas plus que ça.
19:28 Parce que son microbiote ne s'est pas encore complètement
19:31 changé, et le microbiote, comme on l'a
19:34 mis à jeun quelque part, va extraire plus d'énergie
19:37 lors de la reprise alimentaire. Et c'est pour ça
19:40 qu'il faut faire très attention à éviter les extrêmes en biologie.
19:43 Mais, tu offres dans ton livre
19:46 une solution pour un peu
19:49 éviter, donner un message
19:52 à nos microbiotes, pour
19:55 éviter un peu l'effet yo-yo. - Absolument, parce qu'une fois
19:58 qu'on comprend comment ça marche, c'est plus facile
20:01 à savoir comment on va agir pour se protéger.
20:04 On sait que l'effet yo-yo existe. On sait que c'est
20:07 lié en partie au microbiote qui va extraire plus
20:10 d'énergie de ce qu'on mange. On sait que c'est lié
20:13 à l'absence de formation par le
20:16 microbiote de certains, on va dire
20:19 des métabolites que fabrique le microbiote, en particulier
20:22 antioxydants. Certaines petites molécules.
20:25 Et donc, ça veut dire qu'une fois qu'on a
20:28 protégé son foie, en changeant son alimentation,
20:31 il faut maintenir cela le plus longtemps
20:34 possible et prendre
20:37 des aliments qui vont faire plaisir à notre microbiote et à notre foie.
20:40 Il faut avoir une assiette colorée, très verte,
20:43 avec beaucoup de légumes verts, beaucoup de fibres, avec beaucoup
20:46 d'antioxydants qui sont foncés, comme
20:49 des tomates plutôt foncées, comme des myrtilles
20:52 par exemple, comme, on a vu les
20:55 aliments de Jedi, artichauts, oignons,
20:58 radis, échalotes, certains
21:01 agrumes. Et là, vous allez protéger
21:04 votre microbiote et vous allez limiter
21:07 le plus possible l'effet rebond
21:10 et le yo-yo sur le foie d'inflammation
21:13 et l'effet rebond sur votre poids. - Mais tu conseilles
21:16 aussi dans ton livre de prendre un complément alimentaire.
21:19 - Alors, chez mes patients
21:22 qui ont perdu du poids pour protéger le microbiote
21:25 comme c'est compliqué de
21:28 maintenir une perte de poids sur le long terme
21:31 et de protéger le foie, effectivement,
21:34 au vu des résultats que j'ai dans
21:37 les modèles de souris que j'utilise,
21:40 je donne à mes patients des prébiotiques,
21:43 des fructo-oligosaccharides. - Voilà. - On peut meurer...
21:46 Voilà, c'est un prébiotique, ça va favoriser la croissance de bonnes bactéries.
21:49 C'est qu'en quelque
21:52 sorte, si je veux donner une image, la peau de pomme
21:55 du concentré de peau de pomme
21:58 ou du concentré d'oignon, d'échalote. On peut me rétorquer
22:01 et on aurait raison de me rétorquer
22:04 "Ouais, tu donnes ça, il n'y a pas d'études sur
22:07 un grand nombre de personnes montrant que ça marche."
22:10 Et c'est vrai. Mais moi,
22:13 je peux rétorquer que, et c'est ce que je fais,
22:16 je pense que c'est bien parce que ça fonctionne chez mes souris.
22:19 Alors c'est sûr, tu n'es pas une souris, mais je pense que
22:22 tu es plus proche d'une souris que d'une méduse, si je peux me permettre.
22:25 Et c'est ce que je dis à mes patients.
22:28 Et je pense que si en termes mécanistiques
22:31 ça fonctionne chez une souris, ça fonctionnerait chez un patient.
22:34 Et je suis très à l'aise pour le dire parce qu'on a des études aussi
22:37 qui vont débuter là-dessus, dans mon équipe de recherche.
22:40 C'est bien de rappeler. Donc tu es à la fois
22:43 professeur qui suit des patients, mais tu fais aussi de la recherche
22:46 et tu fais de la recherche avec des souris.
22:49 Alors, avec des cellules, avec des souris,
22:52 pour les personnes qui nous écoutent, il faut savoir que la recherche
22:55 avec les souris permet de faire des choses,
22:58 de bien comprendre ce qui se passe qu'on ne peut pas faire avec des cellules,
23:01 d'aller plus loin dans les mécanismes. Et il faut bien savoir
23:04 que tout ça c'est
23:07 contrôlé par des comités d'éthique, qu'on ne peut pas faire n'importe quoi.
23:10 Et fort heureusement,
23:13 on a eu des études pour voir comment on peut améliorer
23:16 le foie d'une souris parce que je ne peux pas
23:19 prendre des patients comme cobaye,
23:22 on est obligé de prendre des souris. Et les comités d'éthique
23:25 sont très stricts pour être sûr que tout se passe bien.
23:28 Si on reprend tous les jet d'ail de l'alimentation,
23:31 donc on a dit les antioxydants.
23:34 Et là, tu l'as dit un peu,
23:37 plus la couleur est forte et sombre,
23:40 mieux c'est. - Alors plus la couleur est forte et sombre,
23:43 normalement plus il y a de lycopène, plus il y a d'antioxydants.
23:46 Ce qui veut dire que,
23:49 par exemple, pour moi c'est vraiment le symbole,
23:52 la myrtille, on ne peut pas plus foncer qu'une myrtille,
23:55 est effectivement bourrée d'antioxydants.
23:58 Quand tu prends une tomate qui est très claire par rapport à une tomate foncée,
24:01 tu auras plus d'antioxydants dans ta tomate foncée.
24:04 - On a aussi les carottes très sombres. - Voilà, les carottes sombres,
24:07 plus d'antioxydants qu'une carotte très claire.
24:10 Et voilà, après,
24:13 il ne faut pas se donner bonne conscience en prenant une myrtille, si tu veux,
24:16 et après se prendre son saucisson, ça ne va pas le faire.
24:19 Mais c'est pour comprendre que tout ce qu'on mange
24:22 va avoir des conséquences sur notre organisme.
24:25 - Donc on a dit, la pectine, tu conseilles une pomme par jour ?
24:28 - Alors voilà, donc en fait,
24:31 quand on veut protéger le foie d'une souris, il faut donner
24:34 énormément de pectine, beaucoup,
24:37 vraiment presque plusieurs dizaines de pommes par jour.
24:40 Mais,
24:43 nous,
24:46 on fait des expériences sur du court terme.
24:49 Et donc, chez l'homme, je pense que l'extrapolation ne peut pas être faite ainsi.
24:52 Et donc, je pense que si on prend
24:55 une pomme par jour, sur le long terme, ça va être très efficace.
24:58 Et je voudrais prendre l'exemple de Churchill,
25:01 Churchill qui picolait,
25:04 qui était un grand premier ministre, qui avait eu le prix Nobel de littérature,
25:07 malgré le fait qu'il picolait,
25:10 a vécu longtemps, n'était pas malade du foie,
25:13 et probablement, il était protégé
25:16 de son alcool parce qu'il prenait des pommes.
25:19 Et donc, il protégeait ses bactéries, il avait des antioxydants,
25:22 il protégeait son foie, et donc,
25:25 son organisme lui tolérait sa consommation d'alcool.
25:28 - Une pomme, on sait ? - Oui, c'est lui qui a dit
25:31 "One apple a day keeps the doctor away", une pomme par jour éloigne le médecin.
25:34 - Ah, c'est lui. Donc après, on l'a dit,
25:37 les inulines, qui sont les oignons,
25:40 les échalotes et l'ail, on a parlé des omégas 3,
25:43 et il faut parler des fibres.
25:46 - Alors, les fibres, on en a parlé également.
25:49 Les fibres, en fait, c'est l'alimentation de nos bactéries.
25:52 Et quand on prend des fibres,
25:55 on favorise la croissance, c'est des prébiotiques, les fibres,
25:58 on favorise la croissance de nos propres bonnes bactéries.
26:01 Et quand tu protèges tes bactéries, elles sont heureuses.
26:04 Quand elles sont heureuses, elles ont envie de vivre longtemps avec toi.
26:07 Et donc, elles vont te protéger, elles vont protéger ton foie.
26:10 Et il faut bien comprendre, et je trouve que, toi qui philosophes,
26:13 en termes philosophiques, c'est très important,
26:16 on n'est pas que nous. On est nous, et on est
26:19 les bactéries qui sont en nous. Et donc, il faut prendre soin d'elles
26:22 pour qu'elles prennent soin de nous. Et c'est ce qu'on appelle
26:25 "tu es un holobionte". Ça veut dire que tu es un être
26:28 symbiotique. Et toi, et les êtres vivants
26:31 dont tu es responsable et qui sont responsables de toi.
26:34 Et c'est comme ça qu'en les protégeant, elles vont te protéger.
26:37 - Alors moi, j'aime bien, dans le livre, il y a plein de questions.
26:40 C'est passionnant.
26:43 Le café est-il autorisé ? - Le café est même
26:46 recommandé. Le café, j'ai trop de personnes qui viennent me voir.
26:49 Et pareil, c'est de la philosophie. Est-ce que c'est le péché originel ?
26:52 "Oh là là, je bois trop de café, j'aime ça, il faut que j'arrête."
26:55 - Autrefois, il y a 15 ans, on disait beaucoup que le café, c'était mauvais.
26:58 Beaucoup de recherches ont montré qu'on s'est trompé sur le café.
27:01 Il y a vraiment eu un retournement, grâce aux études,
27:04 sur le café. - Absolument. Alors, je ne sais pas si on disait que c'était
27:07 mauvais, mais quand on se fait plaisir, on pense que c'est mauvais.
27:10 - Non, on disait qu'il était beaucoup trop acide. - Ouais.
27:13 Le café est une des boissons, comme tu l'as dit, les plus étudiées.
27:16 Le café est extrêmement anti-oxydant. On ne sait même pas
27:19 tous les composés qu'il y a dedans. Le café protège
27:22 de la fibrose hépatique, donc c'est-à-dire
27:25 de la cicatrisation du foie.
27:28 Le café protège de la cirrhose. Le café
27:31 protège du cancer du foie. Donc, le café
27:34 va protéger votre foie. Alors, bien sûr, si vous prenez une
27:37 citerne de café par jour, tous les excès,
27:40 la nature n'aime pas, vous aurez les effets indésirables,
27:43 ce type de palpitations. En revanche, si vous prenez votre café
27:46 dès la première tasse, vous allez
27:49 protéger votre foie. Et donc, oui, vous devez,
27:52 vous pouvez, continuer à prendre votre café
27:55 pour protéger votre foie. - Et il y a un moment dans la journée où
27:58 ça a un meilleur impact pour... - Pour le foie ?
28:01 On ne sait pas. On sait que, globalement, c'est mieux
28:04 de manger le matin et au fur et à mesure que la journée
28:07 progresse, de moins manger, pour le foie et pour
28:10 l'organisme de façon générale. Mais on ne sait pas s'il y a
28:13 un meilleur moment pour prendre le café ou pas. Moi, je déconseille
28:16 de prendre le café après 16 ou 17 heures
28:19 parce que là, on va avoir l'excitation du soir, on aura peut-être
28:22 du mal à s'endormir après et bien dormir, c'est
28:25 important pour le foie. Mais il n'y a pas d'heure particulière pour
28:28 prendre son café. - Et le thé ? - Alors, le thé
28:31 aussi protège le foie. - Alors, j'ai de bonnes nouvelles.
28:34 - Voilà. - Il y avait des mauvaises nouvelles, mais là,
28:37 ouf ! Je peux prendre ma tasse de thé, pas mon verre
28:40 de vin, mais ma tasse de thé. Ouf ! - Et donc,
28:43 le thé, en fait... Le thé
28:46 protège le foie, est très antioxydant. Les personnes
28:49 qui vivent longtemps prennent du thé. Il faut savoir que
28:52 il y a un raccourci qui est fait à le thé. C'est une plante,
28:55 c'est bio, c'est bien.
28:58 Il peut y avoir des impuretés dans le thé. Et
29:01 certaines personnes font des hépatites aux impuretés
29:04 qu'il peut y avoir dans le thé. C'est très rare, mais ça existe.
29:07 - Donc, il faut acheter du thé de bonne qualité pour pas avoir d'impureté ? - Ouais,
29:10 on sait pas très bien quels sont les mécanismes, ou est-ce que c'est
29:13 certaines personnes qui sont intolérantes à certains thés aussi ? C'est très rare,
29:16 mais ça existe. C'est ce qu'on appelle les HELE,
29:19 H-E-L-E, pour Herbal Induced Liver Injury.
29:22 C'est-à-dire les maladies du foie liées aux herbes, liées aux plantes,
29:25 qu'on prend. Mais, dans
29:28 99,99% des cas, le thé, c'est très bien pour le foie.
29:31 Ce qui est moins étudié, les infusions sont un peu
29:34 moins étudiées, mais il semble que ça protège aussi le foie.
29:37 - Le thé vert semblerait meilleur ?
29:40 - Le thé vert semblerait meilleur, et c'est
29:43 justement le thé vert chez certaines personnes qui peuvent entraîner des hépatites.
29:46 Mais le thé vert
29:49 est très anti-occident, et on pense
29:52 qu'on attribue
29:55 la longévité des Japonais,
29:58 et en particulier des habitants d'Okinawa,
30:01 où c'est l'île au monde où il y avait le plus de centenaires,
30:04 et puis au régime méditerranéen aussi,
30:07 aussi à la consommation
30:10 de beaucoup d'anti-occidents, notamment le thé.
30:13 Ce qui est très intéressant, c'est une bonne transition pour Okinawa,
30:16 il faut qu'on en parle. Pourquoi j'insiste sur tout ça ?
30:19 Tu prends
30:22 les Japonais d'Okinawa.
30:25 Déjà, ils ne prennent pas de riz. Ils mangent des patates douces
30:28 parce qu'ils n'avaient pas de riz,
30:31 et ils avaient des patates douces, et l'index glycémique,
30:34 le sucre de la patate douce est bien inférieur à celui du riz.
30:37 - Non. Je crois que le riz, l'index glycémique
30:40 du riz basmati est plus faible que le riz...
30:43 - Absolument, mais il est haut quand même.
30:46 - Même le riz basmati, c'est plus haut. - Il est haut. Et donc, ils prennent
30:49 de la patate douce, les Japonais d'Okinawa,
30:52 ils ont un index glycémique très bas.
30:55 Et ils ne mangent probablement pas entièrement à leur faim
30:58 ou ils sortent des tables en ayant faim. Et quand tu prends
31:01 un Japonais d'Okinawa, avec maintenant toutes les migrations,
31:04 avec le monde qui est ouvert, tu le mets dans un pays plus occidental,
31:07 tu lui diminues son espérance de vie. Ce qui montre bien
31:10 que ce ne sont pas que les gènes.
31:13 Ce sont aussi les gènes, mais pas que les gènes. L'importance
31:16 de l'alimentation. - Aujourd'hui, c'est reconnu.
31:19 Quand un médecin parlait d'alimentation,
31:22 il n'était pas pris au sérieux. Je me souviens quand j'ai publié
31:25 les premiers livres, il y a 20 ans, sur le lien entre
31:28 l'alimentation et la santé, on trouvait ça
31:31 pas rigoureux et pas scientifique. - Alors, il y a plein
31:34 de choses dans ce que tu dis. Ça a l'air simple, mais c'est compliqué.
31:37 D'une part, il y a 20 ans, je n'avais pas ce niveau-là. Il y a 20 ans,
31:40 j'étais encore jeune médecin. D'autre part,
31:43 la science a progressé. Les études
31:46 au laboratoire, les études épidémiologiques,
31:49 les grandes cordes de patients. C'est compliqué,
31:52 les études, c'est tellement multifactoriel. Comment peut-on dire
31:55 "cet aliment est toxique, cet aliment n'est pas toxique" ?
31:58 Tu ne manges pas qu'un aliment. Tu prends un animal de laboratoire,
32:01 tu peux voir l'effet d'un aliment. Chez nous, tout est mélangé.
32:04 Comment peut-on dire "c'est ça qui est toxique et ça qui est délétère" ?
32:07 C'est très compliqué.
32:10 On ne bougeait pas, pareil,
32:13 il n'y avait pas autant de migration. Et puis, on voyait l'espérance de vie
32:16 qui continuait de monter. Donc, effectivement,
32:19 on n'avait pas toutes les connaissances actuelles.
32:22 Et aujourd'hui, on voit par exemple que l'espérance
32:25 de vie est en train d'atteindre un asymptote.
32:28 Ça veut dire qu'elle augmente de moins en moins,
32:31 comme si on atteignait un plafond. Alors, est-ce que
32:34 ce plafond est lié parce qu'on est au maximum de ce qu'on peut faire ?
32:37 Est-ce que ce plafond est lié au fait, et on le voit d'ailleurs
32:40 aux États-Unis, qu'on mange moins bien ?
32:43 Et donc, on est au plafond, elle ne peut plus augmenter,
32:46 elle commence à diminuer aux États-Unis avec l'épidémie
32:49 de surpoids et d'obésité. Et donc, oui, aujourd'hui,
32:52 tu as raison, on reconnaît beaucoup plus
32:55 l'importance de l'alimentation dans notre
32:58 mode de vie, dans notre espérance de vie. Et on a dit
33:01 beaucoup de choses aussi. Après, on a beaucoup incriminé les graisses dans le cholestérol,
33:04 alors que le cholestérol, c'est le foie qu'ils fabriquent.
33:07 Voilà, mais la science,
33:10 la vérité scientifique, a une durée de vie limitée,
33:13 avec les connaissances qui bougent. Donc, on peut lancer
33:16 la pierre à personne là-dessus, c'est les connaissances qui évoluent.
33:19 - Mais c'est passionnant. Moi, je me souviens, quand je présentais
33:22 il y a 20 ans les livres que je commençais à publier sur le sujet,
33:25 tout le monde me regardait comme si j'étais
33:28 l'empêcheur de tourner en rond, alors qu'aujourd'hui,
33:31 c'est quand même... les gens voient quand même qu'il y a un rapport entre ce qu'ils mangent
33:34 et... - Absolument. - Donc, il y a eu beaucoup d'évolutions
33:37 qui ont été faites dessus. - Mais aujourd'hui, tu vois, je suis très à l'aise
33:40 pour te dire que, quand tu protèges des pâques d'air et des riz digestives,
33:43 tu protèges ton foie,
33:46 et je l'ai montré scientifiquement, si je ne te le montre pas
33:49 scientifiquement, je te raconte ça,
33:52 t'as quelqu'un qui dit "ben non, c'est pas vrai ce que tu dis".
33:55 Aujourd'hui, je peux lui montrer, apporter la preuve que ce que je dis
33:58 est vrai. Après, sinon, c'est mon opinion versus la sienne.
34:01 Donc, c'est toute la différence entre la science
34:04 qui s'appuie sur des preuves et la croyance
34:07 qui s'appuie sur une opinion qui n'est pas une preuve.
34:10 Moi, je suis un scientifique, je suis un médecin. Quand je soigne quelqu'un,
34:13 je m'appuie sur des preuves. Sinon, je fais n'importe quoi.
34:16 - Peut-être qu'on pourrait quand même parler rapidement, après on ne va pas tout
34:19 défleurer parce qu'il faut que les gens achètent ton livre
34:22 et qu'il va les aider au quotidien. En plus, c'est un livre
34:25 très, très amusant. C'est important de le dire.
34:28 On s'amuse beaucoup en le lisant. Mais on voudrait
34:31 parler, pour finir, des plantes qui font du bien.
34:34 On sait un peu aujourd'hui,
34:37 comme tu dis, la recherche c'est compliqué pour chaque
34:40 élément, mais il y a quelques plantes qui font du bien.
34:43 - Absolument. Ce livre, je l'ai fait au vu de...
34:46 En fait, j'ai essayé de rassembler toutes les questions
34:49 de mes patients qui viennent me voir tous les jours.
34:52 Des fois, des choses qui pour moi, et c'est un biais,
34:55 le biais du médecin, me semble, des évidences,
34:58 ne sont pas connues par les patients.
35:01 Il faut tout expliquer des fois parce qu'on ne se rend pas compte.
35:04 Et oui, il y a des plantes qui font du bien.
35:07 On en a parlé, on en a vu certaines.
35:10 On a vu que l'artichaut faisait du bien. On a vu que le...
35:13 - Le radis. - Le radis noir faisait du bien.
35:16 Ça a été beaucoup montré par mes collègues de médecine
35:19 asiatique, chinois, vietnamien,
35:22 qui ont étudié ces plantes beaucoup plus que nous.
35:25 Il y a plein de raisons pour lesquelles les plantes
35:28 ne sont pas étudiées parce que ça intéresse moins que les médicaments,
35:31 ça rapporte moins d'argent qu'un médicament,
35:34 et puis ça fait moins scientifique.
35:37 Mais c'est important aussi.
35:40 Il y a d'autres plantes comme, par exemple,
35:43 le chardon-marie qui pourrait faire du bien.
35:46 Et puis il y a aussi un lieu commun qui dit que tout ce qui est bio,
35:49 tout ce qui est naturel peut faire du bien, c'est juste faux.
35:52 Et tout ce qui est chimique peut faire du mal, c'est juste faux aussi.
35:55 Il y a des plantes qui sont extrêmement toxiques.
35:58 Il y a des compléments alimentaires qui avaient été donnés
36:01 pour la chute des cheveux qui ont été retirées du commerce
36:04 parce que ça donnait des hépatites fulminantes.
36:07 Les champignons peuvent être très graves pour le foie.
36:10 Donc oui, il y a des plantes qui font du bien.
36:13 Il y a des compléments alimentaires qui peut-être peuvent faire du bien.
36:16 Mais il y a des plantes qui sont toxiques comme les médicaments.
36:19 Prendre un complément alimentaire ou une plante,
36:22 si à côté je prends mon litre de vin,
36:25 je prends ma citerne de charcuterie et de viande rouge,
36:29 ça ne marchera pas.
36:32 Les plantes, c'est comme un catalyseur
36:35 pour améliorer encore plus ce qu'on améliore
36:39 avec les modifications de l'alimentation.
36:43 Et je rappelle que ce qui modifie le plus notre microbiote
36:48 et notre foie, c'est l'alimentation, pas les plantes, qu'on prend à côté.
36:53 Les plantes, c'est le catalyseur pour aider.
36:56 - Dernier point qui peut aider, c'est le jeûne intermittent.
37:04 - Alors c'est très important, effectivement.
37:07 - Ça aussi, c'est vraiment passionnant.
37:09 Je me souviens, quand j'ai publié le premier livre sur le jeûne intermittent,
37:12 c'était il n'y a pas si longtemps, il y a à peine une dizaine d'années.
37:15 - On a dû te sauter dessus.
37:17 - Absolument, en disant "mais c'est n'importe quoi, mais qu'est-ce que c'est ça ?"
37:20 - Absolument.
37:21 - Et aujourd'hui, beaucoup d'études ont montré...
37:24 - C'est très intéressant.
37:26 - Et c'est faisable.
37:27 - Et c'est faisable et c'est très intéressant.
37:29 Le rationnel, c'est quoi ?
37:31 On se rend compte qu'on mange trop.
37:33 En particulier aux États-Unis, on mange tout le temps.
37:36 Tu prends ton petit déjeuner, tu prends ton déjeuner,
37:39 tu prends ton donka à 10h, tu fais ton pot à ton bureau,
37:42 donc tu as le petit croissant qui arrive.
37:44 À 16h, tu as un peu faim, tu prends un peu de trucs.
37:46 Et donc, tu n'es jamais âgé.
37:49 Quand tu n'es pas âgé,
37:51 évidemment, tu manges, c'est un pléonasme,
37:54 et puis, du coup, ton pancréas va fabriquer de l'insuline.
37:57 Et tu vas stocker le sucre que tu manges,
37:59 en particulier dans le foie et dans le gras.
38:02 L'insuline qui est fabriquée
38:05 va entraîner en plus une inflammation.
38:09 C'est ce qu'on appelle l'inflammating,
38:11 inflammation et vieillissement,
38:13 qui est un des mécanismes du vieillissement.
38:15 Et donc, le contre-coup de manger tout le temps,
38:18 c'est de dire qu'on ne mange jamais.
38:20 Donc, on mange trop, on jeûne.
38:22 Et donc, effectivement, on va mettre son pancréas au repos,
38:25 on va fabriquer moins d'insuline,
38:27 le foie va commencer à déstocker,
38:29 et on ira mieux.
38:30 Et chez les personnes qui ont une maladie du foie,
38:34 on voit très vite les enzymes du foie diminuer
38:38 et se normaliser très vite.
38:40 Comment on fait son jeûne intermittent ?
38:44 Il y a plusieurs techniques.
38:46 Soit on mange de moins en moins au cours de la journée,
38:49 et c'est la méthode 16/8,
38:51 on mange pendant 8 heures,
38:53 de 8 heures à 16 heures,
38:54 et puis à partir de 16 heures, 17 heures,
38:56 on ne mange plus, ça fait 16 heures de jeûne.
38:58 Et c'est en termes de biorhythme,
39:01 beaucoup mieux de faire ça que de sauter le petit déjeuner,
39:04 on se donne bonne conscience,
39:06 et on mange plus le soir.
39:09 Et là, en termes de biorhythme, c'est mauvais pour le foie.
39:12 Après, il y a des choses individuelles,
39:14 où certains sont mieux comme ça.
39:15 Mais le jeûne intermittent,
39:17 dans l'expérience que j'en ai en tant que médecin,
39:19 et dans les études qui sont publiées,
39:21 c'est bien quand c'est le dîner qu'on saute.
39:24 Une autre méthode, quand c'est trop difficile,
39:26 c'est la méthode 5/2.
39:28 Deux jours par semaine, on ne mange pas,
39:30 ou juste un peu de légumes,
39:32 et cinq jours par semaine,
39:34 on mange autant qu'on veut.
39:36 Et donc, ça peut paraître comme ça,
39:38 "Waouh, on mange autant qu'on veut",
39:40 mais en fait, on s'auto-régule,
39:42 et on ne mange pas n'importe quoi dans ces cas-là.
39:45 Et donc ça, ça marche, effectivement, sur le foie.
39:48 Le problème, c'est sur le long terme.
39:51 Toujours c'est ça, le long terme.
39:53 Si ensuite, on se relâche,
39:55 on peut avoir, et c'est ce dont on parlait tout à l'heure,
39:58 le yo-yo.
39:59 Et donc, un contre-coup d'inflammation derrière,
40:01 alors qu'on a tout normalisé.
40:03 Et donc, ces jeûnes-là, quand on l'arrête,
40:06 il faut arrêter tout doucement,
40:08 et après, ne pas reprendre
40:10 l'expérience de vie délétère qu'on avait,
40:12 mais se mettre sur quelque chose
40:14 de plus sain pour le foie.
40:16 Sinon, on va avoir, à nouveau,
40:18 un retour de balancier,
40:20 la nature n'aime pas les extrêmes,
40:22 la médecine n'aime pas les extrêmes,
40:24 la biologie n'aime pas les extrêmes,
40:26 et donc un rebond d'inflammation.
40:28 C'est pareil pour le régime cétogène,
40:30 c'est une sorte de jeûne intermittent, le régime cétogène.
40:32 Donc, oui, ça marche,
40:34 attention, quand on l'arrête,
40:36 on revient comme avant.
40:38 Je déconseille,
40:40 par exemple,
40:42 les cures de jeûne,
40:44 en dehors de contrôle médical.
40:46 En revanche, s'il y a un médecin,
40:48 et ça permet d'avoir un tremplin,
40:50 pour après aller mieux, et ça vous aide,
40:52 oui, pourquoi pas.
40:54 - Merci infiniment,
40:56 c'est vraiment passionnant,
40:58 c'est passionnant de t'entendre,
41:00 je ne sais pas comment tu fais pour rendre passionnant
41:02 ces sujets,
41:04 où ce n'est pas toujours que des bonnes nouvelles
41:06 de ce qu'on doit arrêter de manger,
41:08 mais tu le fais, on se sent après...
41:10 - Pas du tout, c'est que des bonnes nouvelles.
41:12 Pourquoi ? Quand tu te protèges,
41:14 quand tu protèges ton foie,
41:16 tu protèges la planète aussi.
41:18 Parce que les aliments qui vont te protéger,
41:20 c'est ceux qui vont protéger la planète aussi.
41:22 - C'est important de le dire. - Très important.
41:24 - Je vais commencer par finir là-dessus,
41:26 parce que j'ai souvent expliqué que tout le combat
41:28 que je mène en tant qu'éditeur,
41:30 pour défendre des livres,
41:32 sont aussi qui protègent
41:34 les paysans, qui protègent la terre,
41:36 parce que c'est vraiment très important
41:38 de dire aux gens, ce qui nous fait du bien,
41:40 fait du bien à la terre,
41:42 la malbouffe que l'on prend,
41:44 entraîne des conséquences tout à fait néfastes,
41:46 donc là, c'est sûr
41:48 que là, il y a une coïncidence
41:50 heureuse. - Et qui interpelle
41:52 beaucoup, en termes de toi
41:54 qui es philosophe, qui interpelle
41:56 beaucoup sur la santé humaine,
41:58 la santé de nos bactéries, la santé
42:00 animale et notre planète.
42:02 - Merci beaucoup. - Avec plaisir.
42:04 - Voilà, j'espère que vous avez appris plein de choses
42:06 dans cet épisode de Dialogue. Moi, j'ai pris
42:08 plein de résolutions pour prendre
42:10 soin de ma santé, j'espère que vous aussi.
42:12 N'hésitez pas à partager
42:14 cette vidéo, à vous abonner à la chaîne,
42:16 à me faire part de vos commentaires,
42:18 c'est toujours un plaisir de vous lire
42:20 et je vous dis à très bientôt.
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