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Le dérèglement climatique rend la météo de plus en plus imprévisible. La grêle, les tempêtes, les orages et les fortes pluies se multiplient. En quelques minutes, les tempêtes de grêle peuvent détruire une année entière de récoltes. Quelles sont les causes de ces phénomènes extrêmes ? La situation va-t-elle continuer à se détériorer ? Quelles sont les mesures pour y faire face ?

Documentaire de Torsten Mehltretter (Allemagne, 2024, 53mn)

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Transcription
00:00Partout dans le monde, les phénomènes orageux sont de plus en plus puissants.
00:06Ils détruisent voitures, maisons et récoltes.
00:13Le changement climatique accentue les événements météorologiques extrêmes,
00:17les épisodes de grêle et d'orage. Cela met notre société sous pression.
00:21Régulièrement, la pluie tombe plusieurs jours d'affilée.
00:24Elle inonde les routes de transport,
00:26et submerge parfois des régions entières avec des conséquences dévastatrices.
00:30Toute l'eau de l'année est tombée entre mai et juin,
00:32ce qui fait qu'il y a eu de très fortes précipitations tous les 3 jours environ.
00:36L'ampleur et la rapidité avec lesquelles le changement climatique
00:39modifie les précipitations et les orages
00:41mettent les scientifiques à rude épreuve.
00:44Jusqu'où cela peut-il aller ?
00:46Et comment se protéger des forces destructrices de la nature ?
00:50C'est comme une boîte noire pour nous.
00:52Nous n'avons pas encore compris comment des grêlons si gros peuvent se former.
01:09Nous sommes dans le centre de l'île,
01:11et la pluie tombe de plus en plus fort.
01:13La pluie tombe de plus en plus fort,
01:15et la pluie tombe de plus en plus fort.
01:18Nous sommes à Bonndorf, en forêt noire, en Allemagne.
01:21C'est ici que commence, pour Michael Kunz et son équipe,
01:24une traque devenue nécessaire avec le changement climatique.
01:28Une aventure scientifique se prépare.
01:30Elle consiste à évaluer les orages et la grêle depuis le ciel.
01:35On constate que la fréquence et l'intensité des événements extrêmes augmentent partout.
01:40C'est bien sûr lié au dérèglement climatique,
01:42qui augmente l'humidité de l'air.
01:44L'humidité, c'est de l'énergie qui peut ensuite se décharger
01:47sous forme d'orages violents.
01:50C'est pour ça qu'on peut partir du principe
01:52que ces événements vont devenir plus fréquents et plus intenses.
01:56Il faut mieux les comprendre,
01:58mais aussi améliorer tout le secteur de l'alerte précoce
02:01pour limiter les dégâts.
02:06Ce météorologue, spécialisé dans les catastrophes naturelles,
02:09travaille à l'Institut de Technologie de l'Europe.
02:12Pendant tout un été, il veut observer les orages en forêt noire.
02:17Je suis impressionné par la quantité d'énergie contenue dans un tel orage,
02:21par ce qui peut s'y passer, les phénomènes qui y sont liés,
02:24comme les vents forts qui peuvent aller jusqu'aux tornades, la grêle.
02:27Le plus gros grêlon trouvé en Allemagne mesure 14 cm de diamètre.
02:31On imagine les courants ascendants nécessaires à l'intérieur du nuage
02:34pour le maintenir en suspension. C'est fascinant.
02:37Les scientifiques préparent six stations de mesures radar mobiles.
02:43Michel Kuntz veut envoyer des dispositifs de mesures supplémentaires
02:46à l'intérieur des cellules orageuses grâce à des ballons.
02:52Nous voulons placer ces sondes dans les courants ascendants des orages
02:55pour évaluer le sens de déplacement des grêlons à l'intérieur des nuages
02:59et la manière dont ils se forment.
03:02La forêt noire fait partie des régions d'Allemagne
03:05où les orages sont les plus fréquents.
03:07Aujourd'hui, justement, le temps est à l'orage.
03:10Le défi pour les scientifiques est de se trouver au bon endroit,
03:13au bon moment, pour effectuer leurs mesures.
03:18Si on arrivait à introduire plusieurs de ces sondes dans ce qu'on appelle
03:21les supercellules, c'est-à-dire les orages qui tournent
03:24et qui provoquent de fortes températures,
03:26nous aurions besoin de plus d'énergie.
03:29Les supercellules, c'est-à-dire les orages qui tournent
03:32et qui provoquent de fortes grêles, ce serait une avancée pour la recherche.
03:35Personne ne connaît la trajectoire de ces grêlons.
03:38Les données des sondes seront ensuite comparées à celles des stations radar.
03:42Cela pourrait aider à mieux anticiper les fortes chutes de grêles.
03:53Les précipitations extrêmes provoquent de plus en plus de catastrophes,
03:57comme en France, en octobre 2023.
04:00Au nord de Nice, il est tombé en quelques heures
04:03plus de 120 litres de pluie par mètre carré.
04:06À Dubaï, des pluies diluviennes sèment le chaos en avril 2024.
04:14Les orages provoquent régulièrement de dangereuses tornades,
04:17comme en mars 2024 en Italie.
04:20Une étude de l'Institut de recherche de Potsdam
04:23sur les effets du changement climatique a démontré
04:26que les précipitations ne deviennent pas seulement plus fortes,
04:29comme ici à Paris au printemps 2024, mais aussi plus fréquentes.
04:32Les dégâts sont donc plus nombreux.
04:35Les assureurs ont annoncé 5 milliards d'euros de dégâts
04:38causés par les intempéries,
04:41sachant que ce sont surtout des orages à grêle qui ont causé ces dégâts.
04:46En ce qui concerne les fortes précipitations,
04:49les statistiques ont longtemps eu un train de retard
04:52pour pouvoir produire des prédictions pertinentes.
04:56La conséquence la plus importante du changement climatique
04:59pour notre société, ce sont les fortes précipitations,
05:02les canicules et les tempêtes,
05:05c'est-à-dire tous les phénomènes météorologiques extrêmes.
05:08C'est ça le véritable danger du changement climatique pour nous.
05:15Je pense que nous devons nous préparer
05:18à davantage de catastrophes naturelles au cours des prochaines décennies.
05:22On devrait réfléchir à la manière de nous en protéger.
05:27Les cataclysmes n'épargnent pas les paysages de cartes postales.
05:30Le 26 août 2023, près des Alpes allemandes,
05:33il a fallu moins d'un quart d'heure pour que la petite localité
05:36de Bad Bayersoyen soit entièrement dévastée.
05:44La mer, Gisela Kiveg, n'oubliera jamais cette journée.
05:52Je n'aurais jamais cru être un jour témoin d'une telle destruction,
05:55en à peine 15 minutes.
05:58Le bruit était assourdissant.
06:01Les grêlons tombaient sur les toits et les faisaient exploser
06:04ou brisaient les fenêtres.
06:12Le front orageux s'élève de l'horizon comme un mur noir.
06:15Les services météorologiques ont mis en garde
06:18contre de graves intempéries.
06:21Mais la grêle qui s'abat dans le sud de la Bavière
06:24prend des proportions quasi-apocalyptiques.
06:31La grêle est suivie de pluies diluviennes.
06:34L'eau s'infiltre à travers les trous dans les toits.
06:37Les intempéries font un mort et de nombreux blessés.
06:41Beaucoup d'habitants se retrouvent sans abri.
06:44Les assureurs bavarois estiment les dommages
06:47à 225 millions d'euros pour un seul orage.
07:00Le toit est resté tel quel.
07:03La maison va être démolie.
07:06C'est pour ça qu'elle est encore dans cet état.
07:09Aucun travaux n'a été réalisé.
07:12C'est à ça que ressemblaient les 384 toits de notre village.
07:18384 toits détruits en un quart d'heure dans un village.
07:21Familles, entreprises, administration locale.
07:24Personne n'est épargné.
07:33Propriétaires et locataires ont tous besoin d'aide au même moment.
07:37Brigitte Neuner se trouve sur le balcon de sa ferme
07:40avec sa sœur lorsque l'orage arrive.
07:43Les deux femmes comptaient partir en promenade.
07:46Mais les nuages noirs les en dissuadent.
07:49La sœur de Brigitte filme une vidéo
07:52juste avant que les vitres de la maison n'explosent.
08:00La sœur de Brigitte est en train d'envoyer un message.
08:04Le bruit était infernal.
08:07Il tenait très fort.
08:10On avait l'impression que c'était une tornade.
08:13Comme si tout s'était concentré chez nous
08:16et détruisait tout en un clin d'œil.
08:19On n'avait pas besoin de ça.
08:22Les orages d'été se forment par des journées chaudes
08:25lorsque l'atmosphère s'accélère.
08:28La température augmente.
08:31L'air chaud s'élève vers les zones les plus froides
08:34se condense en gouttelettes et forme des nuages.
08:37De l'énergie et de la chaleur sont libérés
08:40ce qui fait monter l'air humide encore plus haut.
08:43Au sol, de plus en plus d'air chaud et humide
08:46est attiré vers le haut.
08:49Et d'énormes quantités parviennent à des altitudes
08:52toujours plus froides et élevées.
08:55Aux alentours de 12 000 mètres
08:59une couche d'air chaud stoppe le mouvement ascendant.
09:02Quelques gouttelettes se combinent à des particules
09:05et des aérosols et se transforment en glace.
09:08Le frottement entre les particules de glace et les gouttes
09:11provoque une charge électrique qui se décharge
09:14avec des éclairs et du tonnerre.
09:17La grêle et les gouttes se mettent à tomber.
09:20Protéger les habitations de la grêle devient urgent.
09:23A Oberkirche, en Suisse, pour prévenir les dommages
09:26on classe la grêle en différentes catégories.
09:29L'ingénieur en bâtiment, Kai Bleischmitt,
09:32teste la résistance à la grêle de matériaux de construction
09:35comme les tuiles.
09:38Il utilise pour cela un canon à grêle spécialement conçu
09:41armé de billes de glace.
09:44Ces essais nous servent à vérifier la résistance à la grêle
09:47des matériaux de construction.
09:50On teste différents éléments de la façade ou du toit
09:53et on détermine les points faibles de chacun.
09:56Cela permet d'évaluer leur résistance.
09:59Le test doit reproduire des conditions réelles
10:02avec des tuiles mouillées comme lors d'un véritable orage.
10:05Une fois le canon chargé et activé, l'ingénieur l'actionne.
10:12On a envoyé au milieu de cette tuile
10:15une boule de glace de 50 mm
10:18à une vitesse de 111 km par heure.
10:21Il s'avère que la tuile ne résiste pas à une grêle de classe 5.
10:24On va maintenant descendre d'un cran
10:27et tester une boule de 40 mm.
10:30On verra ce que ça donne.
10:33Plus l'indice est bas, moins la tuile est résistante à la grêle.
10:41L'enregistrement au ralenti d'un tir sur une vitre
10:44met en évidence les forces en jeu
10:47lorsque de gros grêlons tombent du ciel.
10:50En Suisse, la résistance des bâtiments à la grêle
10:53est fixée en fonction des régions.
10:56Si le maître d'ouvrage ne s'y conforme pas,
10:59les assurances ne couvrent pas les dommages.
11:02Le changement climatique joue un rôle important.
11:05Les orages sont plus violents
11:08et les chutes de grêles plus fortes.
11:11La taille des grêlons va sans doute encore augmenter.
11:14Pour éviter les gros dégâts,
11:17les autres éléments de construction doivent atteindre une certaine résistance.
11:20On voit qu'aucune fissure n'est apparue sur ce modèle.
11:23Il n'y a pas eu d'écailles non plus,
11:26ce qui signifie une résistance de classe 5.
11:29Même si cela coûte cher,
11:32il est possible de protéger les bâtiments et les personnes contre la grêle.
11:35En revanche, en cas de violents orages,
11:38les denrées cultivées dans les champs sont livrées aux forces de la nature.
11:41La foudre, les tempêtes et les précipitations extrêmes
11:44deviennent une menace pour les récoltes.
11:47A environ une heure de Toulouse,
11:50dans le domaine d'Arton, près de Lectour,
11:53la famille Demontal cultive la vigne.
11:56Elle utilise une partie de ses raisins pour produire de l'Armaniac,
11:59une eau de vie de vin.
12:02Fin juin, un orage extrêmement violent s'est déchaîné au-dessus du domaine.
12:05Jean Demontal a repris l'exploitation de son père en 2021.
12:08La seule chose que je peux vous dire,
12:11c'est qu'en 40 ans, mes parents et les habitants de Lectour
12:14n'avaient jamais vu une tempête d'une puissance aussi grande que celle-ci.
12:17Cette tempête a aussi apporté de la grêle
12:20qui a touché notre vignoble
12:23et dans un contexte où l'humidité était déjà très importante,
12:26a créé des faiblesses dans la vigne
12:29dans laquelle le mildiou s'est engouffré
12:32pour malheureusement impacter définitivement
12:35la parcelle de merlot qui se trouve là-bas.
12:38Le mildiou est une maladie provoquée par des micro-organismes
12:41qui se propagent sur les feuilles de vignes en cas d'humidité.
12:44Cette année, il a causé des ravages inédits.
12:47Jean Demontal exploite environ 88 hectares de terre.
12:50Lui aussi constate une aggravation des effets du changement climatique
12:53avec la grêle en effet catalyseur.
12:56En effet, comme la tempête est arrivée dans mon dos,
12:59la grêle a surtout sévi sur ces parcelles-là.
13:02On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de grêle,
13:06On voit les impacts sur les feuilles, bien entendu,
13:09mais aussi sur ce qu'il reste des raisins,
13:12où on voit les impacts de grêle sur les raisins
13:15qui ont favorisé aussi l'installation malheureusement du mildiou.
13:18Une grande partie des vignes destinées au vin rouge a été grêlée
13:21et de nombreuses parcelles dédiées au vin blanc ont été noyées.
13:24Plusieurs semaines de fortes pluies au printemps
13:27ont fortement endommagé le mildiou.
13:30La grêle est une des raisons pour lesquelles
13:33les grandes quantités de raisins ont été détruites.
13:36Cette année, on a été touché par le mildiou,
13:39qui est une algue qui se propage quand il pleut
13:42et quand il fait beau après.
13:45La problématique, c'est qu'une fois que la grappe est touchée,
13:48ça se propage dans les raisins jusqu'à la véraison
13:51et ça peut complètement réduire à néant une année de travail,
13:54comme c'est le cas sur certaines parcelles
13:57avec des cépages qui sont plus sensibles que d'autres.
14:00Petit à petit, Jean de Montal adapte ses méthodes
14:03aux nouvelles conditions climatiques.
14:06Il opte pour de nouveaux cépages
14:09et les cultive selon les principes de la permaculture.
14:12Il laisse davantage d'espace entre les cèpes de vignes.
14:15L'enherbement est censé repousser les champignons
14:18et fortifier les sols.
14:21Il permet aussi à la parcelle d'absorber de grandes quantités de pluies.
14:24En forêt noire, les chasseurs d'orages
14:27se sont regroupés autour de Michael Kunz.
14:30Les météorologues ont annoncé des intempéries accompagnées de grêle.
14:33Seulement, dans les données relevées,
14:36un élément essentiel à la formation des orages manque pour l'instant.
14:39L'humidité.
14:45Il fait incroyablement sec.
14:48Mais si l'humidité augmente ici,
14:51alors ça, ce sera notre énergie.
14:54On va continuer à surveiller,
14:57mais s'il continue à faire aussi sec, ça n'ira pas.
15:00Il faudra peut-être aller un peu plus au nord.
15:03Même la technologie de pointe n'est pas d'une grande aide
15:06pour les chasseurs d'orages.
15:09Il est très difficile de prévoir
15:12où va éclater l'orage exactement.
15:15Ça dépend de très nombreux facteurs.
15:18J'ai presque envie de proposer
15:21qu'on charge les ballons et qu'on y aille.
15:24Il n'y a pas d'urgence,
15:27mais il faut quand même qu'on soit sur place à temps
15:30pour suivre l'évolution de la situation.
15:36Les chercheurs se préparent pour cette aventureuse étude
15:39à l'intérieur d'un conteneur.
15:42Ils veulent percer les derniers secrets
15:45de ce dangereux phénomène météorologique.
15:51Nous allons libérer des sondes
15:54qui vont s'infiltrer directement à l'intérieur des orages.
15:57La foudre représente toujours un certain danger
16:00et si les éclairs s'approchent trop,
16:03nous interromperons l'opération.
16:06Il ne faut pas qu'il y ait de tempêtes ni de vents violents
16:09car dans ce cas, on ne peut pas envoyer nos ballons.
16:12Bien sûr, on ne peut pas exclure qu'une cellule orageuse
16:15change de direction et passe au-dessus de nous.
16:19On ignore encore comment les gouttelettes de glace
16:22se transforment en grès long géant dans les cumulonimbus,
16:25les nuages d'orage.
16:28Et il y a peu de chance que l'équipe lève ce mystère aujourd'hui.
16:31Les chercheurs s'élancent en direction de l'orage.
16:34Si les épisodes de fortes pluies s'annoncent
16:37à l'avenir plus fréquents et plus intenses,
16:40c'est en raison du réchauffement de la planète.
16:43L'air peut absorber jusqu'à 7 % d'humidité en plus par degré.
16:46Le surcroît d'humidité qui se condense en gouttes
16:49intensifie les pluies.
16:52Il tombe alors une quantité d'eau extrêmement importante en peu de temps,
16:55le plus souvent sur des périmètres restreints.
16:58Cela devient un problème,
17:01y compris pour les météorologues.
17:04Le problème avec les fortes pluies,
17:07c'est qu'elles sont toujours très localisées.
17:10Nos prévisions météorologiques ne sont pas si mauvaises
17:13pour prédire qu'il va pleuvoir quelque part,
17:16mais où exactement, c'est très difficile à prévoir.
17:19On ne pourra jamais mesurer avec précision chaque molécule d'air.
17:22Il restera toujours une petite incertitude impossible à éliminer.
17:25C'est un problème de probabilité.
17:28Le grand défi pour nous,
17:31c'est d'expliquer cela aux gens
17:34de telle sorte qu'ils puissent réagir de manière appropriée.
17:37Dans un champ près de Torgau,
17:40dans le nord-est de l'Allemagne,
17:43des scientifiques et des techniciens
17:46de l'Institut de Recherche Troposphérique de Leipzig
17:49préparent un important dispositif.
17:577,5 degrés,
18:00toujours 1000, 2,8 bar,
18:03et 82% d'eau.
18:11Grâce à ce ballon captif aérodynamique,
18:14les scientifiques veulent observer ce qui se passe en altitude
18:17au moment de la formation des nuages.
18:20Car à ce jour, certains détails de ce processus nous échappent encore.
18:28Mira Polker, la directrice de l'Institut,
18:31est considérée comme la plus éminente spécialiste des nuages en Allemagne.
18:34Quand on fait ce genre de recherche,
18:37on a envie de voir ce qui entre dans le nuage.
18:40C'est très intéressant de voir
18:43comment le nuage modifie nos aérosols,
18:46mais aussi à quoi ressemblent les gouttes qui composent le nuage,
18:49ainsi que les turbulences qu'il y a à l'intérieur.
18:52Parce que tout cela peut modifier les propriétés du nuage.
18:55Le ballon peut s'élever jusqu'à 1500 m.
18:58Par défaut, il est toujours accompagné
19:01d'un appareil qui relève la température,
19:04l'intensité, la direction et la force du vent.
19:09Mais Mira Polker s'intéresse à des données plus poussées.
19:12Car l'intensité et la forme des précipitations
19:15dépendent aussi des particules et des aérosols les plus infimes.
19:18Sans eux, l'eau ne gèlerait qu'en dessous de moins 40 degrés,
19:21et non à zéro.
19:28Grâce à cet appareil,
19:31on peut déterminer la taille des aérosols présents dans telle ou telle couche.
19:34Cela nous permet aussi de comprendre comment ils se forment,
19:37comment ils sont transportés et comment ils se transforment.
19:40Et cela peut bien sûr nous aider à expliquer
19:43comment les aérosols et les nuages se modifient mutuellement.
19:49Grâce à cette boîte,
19:52les chercheurs peuvent recenser les aérosols et des particules
19:55qui exercent une grande influence sur notre météo,
19:59On peut essayer de comprendre les nuages en laboratoire,
20:02mais dans la nature, c'est très différent.
20:05Il faut donc se rendre sur place, tout simplement.
20:08Dans le cas des nuages,
20:11ce que nous voulons étudier ne se trouve pas toujours au sol.
20:14Il y a des nuages proches du sol, c'est vrai,
20:17mais ils sont très différents de ceux qui se trouvent dans les étages supérieurs.
20:20Alors si nous voulons percer le mystère des nuages très élevés,
20:23c'est là-haut qu'il faut aller.
20:29Pour l'instant, les particules révèlent
20:32qu'il n'y a pas que le changement climatique qui modifie la météo,
20:35mais aussi les particules fines produites par l'être humain.
20:39Toute l'industrialisation de la production de biens matériels
20:42est basée sur la combustion d'énergies fossiles.
20:45Or, cela engendre des aérosols.
20:48Et dans cette fameuse phase de mélange
20:51où nous avons de la glace et des gouttes liquides,
20:54il se forment aussi des orages et des éclairs.
20:57C'est précisément cette phase qui gagne en intensité
21:00lorsque l'influence humaine est importante
21:03et qu'il y a un surcroît d'aérosols.
21:07Le problème avec les aérosols et les particules dans les nuages,
21:10c'est que le moindre changement de forme ou de composition
21:13a des répercussions sur l'interaction entre les gouttelettes d'eau
21:16et donc sur notre météo.
21:20De violents orages se forment régulièrement
21:23aux abords des sommets pyrénéens.
21:31Claude Berthet et Frédéric Mazzarotti
21:34analysent les tempêtes de grêle à l'aide de plaques de polystyrène.
21:40Le seul outil vraiment fiable que nous ayons,
21:43c'est ce que l'on appelle un grêlimètre.
21:46Lorsque la grêle va tomber,
21:49elle va laisser un impact qui sera stable dans le temps
21:52et que l'on va pouvoir par la suite analyser.
21:56Plus de 1500 de ces plaques sont disposées dans les Pyrénées.
21:59L'association Anelfa documente les orages de grêle depuis 1951.
22:06Ce sont les séries de mesures de grêle les plus anciennes au monde.
22:10Il faut séparer deux choses dans la grêle.
22:13C'est la fréquence,
22:16c'est-à-dire combien de fois un endroit est touché
22:19suivant les années,
22:22et l'intensité.
22:25Pour l'instant, dans nos séries,
22:28on n'a pas remarqué d'augmentation de la fréquence.
22:31Par contre, il est clair qu'on met en évidence
22:34une augmentation de l'intensité.
22:37Et effectivement, on peut la corréler
22:40à l'augmentation des températures.
22:43Dans la région, il tombe de plus en plus de grêlons
22:46et leur taille ne cesse d'augmenter.
22:49L'Anelfa est financée par les communes, les départements,
22:52les entreprises et les associations d'agriculteurs.
22:55Son objectif est de réduire les dégâts liés à la grêle.
23:02C'est vrai que pour les agriculteurs qui sont victimes de la grêle,
23:06c'est important pour eux de trouver une solution
23:09pour éviter des gros dégâts et la déstabilisation
23:12de certaines exploitations,
23:15voire la disparition complète de l'exploitation,
23:18dans certains cas.
23:21Frédéric Mazzarotti travaille sur une méthode
23:24qui est testée ici depuis plus de 70 ans.
23:27L'ensemencement des nuages.
23:30L'idée, c'est qu'il y ait davantage de cristaux de glace
23:33et qu'ils restent tout petits.
23:36Parce que plus ces cristaux de glace seront petits,
23:39plus il y a de chances qu'ils fondent en totalité
23:42ou en grande quantité avant d'arriver au sol.
23:45Donc le résultat, en fait,
23:48c'est de diminuer la taille de la grêle
23:51qui va arriver au sol.
23:54Il injecte dans un simulateur de nuages de l'iodure d'argent,
23:57un composé chimique classé dangereux par l'UE
24:00qui a été dilué dans de l'acétone.
24:03La substance doit y agir comme des aérosols
24:06à l'intérieur d'un cumulonimbus
24:09et transformer les gouttes en glace.
24:12Chaque hexagone ici qui s'est formé,
24:15c'est un cristal de glace
24:18qui s'est formé autour d'une particule
24:21d'iodure d'argent que j'ai envoyée
24:24dans la chambre de comptage.
24:27Il faut estimer l'efficacité
24:30de la solution que l'on produit
24:33et donc le niveau d'action sur la grêle naturelle.
24:36Dans presque toutes les régions viticoles françaises,
24:39les viticulteurs utilisent de l'iodure d'argent.
24:42Ils pulvérisent le produit chimique dans l'air
24:45à partir de plus d'un millier de générateurs.
24:48Avec la pluie, celui-ci retombe au sol.
24:51Il est considéré comme particulièrement dangereux
24:54pour la faune aquatique.
24:57Mais jusqu'à présent, les études n'ont pas pu prouver sa nocivité.
25:00Bien sûr, on pourrait dire que c'est toujours trop,
25:03mais ce ne sont pas des grandes quantités.
25:06Les mesures qui ont été faites nous permettent de dire
25:09que les quantités qui sont trouvées sont quasiment indécelables
25:12par rapport à la quantité d'argent qu'on trouve naturellement
25:15dans les sols ou dans l'eau.
25:18En Styrie autrichienne aussi,
25:22sur les obstacles naturels comme les versants de montagne,
25:25le vent a tendance à pousser plus souvent l'air chaud et humide
25:28en altitude.
25:31Si des orages se forment, au moins deux avions à hélice
25:34décollent aussitôt.
25:37Si on est en intervention et qu'un orage très violent
25:40se forme à partir d'un front froid,
25:43on conserve une distance de 300 m.
25:46S'il n'est pas trop fort, 150 m suffisent.
25:49On peut s'inquiéter sur le fait qu'il reste bien là-haut.
25:52On a nos propres règles à respecter et la première,
25:55c'est de ne jamais mettre en danger nos collègues.
25:58Aujourd'hui encore, le service météorologique a prévu
26:01des orages autour de la ville de Graz.
26:04Josef Mündler est le chef de la flotte anti-grêle.
26:07Depuis plus de 30 ans, il s'élance vers les nuages
26:10à bord de son avion.
26:13Voler sous la grêle n'est pas plus dangereux
26:17Il faut opérer avec prudence,
26:20respecter les lois de la nature
26:23et surtout ne pas prendre de risques.
26:28Josef Mündler a convenu de l'itinéraire
26:31avec un météorologue spécialement recruté pour cela.
26:34Une fois dans les airs, ce n'est plus la météo
26:37qui importe le plus, mais le coéquipier.
26:47Plusieurs pays utilisent désormais des avions
26:50pour lutter contre la grêle au moyen de produits chimiques,
26:53dont l'Allemagne et la Suisse.
26:56En cas d'orage, des courants ascendants et descendants
26:59peuvent se côtoyer directement.
27:02Pour les aviateurs, cela signifie de fortes turbulences.
27:07Pour l'instant, c'est encore très calme,
27:10mais j'aperçois une cellule orageuse devant moi.
27:13Je vais maintenant me positionner sous la limite inférieure des nuages
27:16dans la zone des courants ascendants
27:19et je vais y diffuser l'iodure d'argent.
27:23Les pilotes doivent se trouver à proximité immédiate
27:26de la cellule orageuse pour que l'iodure d'argent ait une chance
27:29d'atteindre la partie des nuages où se forment les gouttes d'eau
27:32et les cristaux de glace.
27:36En Styrie, la lutte contre la grêle est financée par les communes.
27:48J'étais dans la zone de courants ascendants.
27:51Elle était quand même à peu près à 1 500 pieds.
27:54C'est là qu'on a dispersé nos noyaux de condensation.
27:57Je suis convaincu qu'on fait quelque chose de positif.
28:00On voit régulièrement que les noyaux de condensation
28:03sont en train de s'étaler.
28:06On voit régulièrement des phénomènes extrêmes autour de nous
28:09et après coup, les gens nous remercient
28:12d'avoir été là avec nos avions.
28:15Ils ont très peur qu'il se passe quelque chose de grave
28:18et que leur récolte, leur fleur ou autre chose soit anéantie.
28:23L'humidité de l'air ne se condense qu'avec certains aérosols
28:26et particules pour former des gouttes
28:29qui gèlent parfois à l'intérieur des nuages.
28:32En absorbant d'autres gouttelettes qu'ils transforment en glace.
28:35Avec l'apport d'iodure d'argent, davantage de gouttelettes
28:38et de cristaux de glace sont censés se former.
28:41Résultat, de nombreux petits grêlons au lieu de quelques gros.
28:44Rien ne dit si ce nuage aurait développé de la grêle
28:47sans l'intervention de l'avion.
28:50Pour répondre à ce genre de questions,
28:53il faudrait des statistiques exhaustives
28:56que l'on n'a pas forcément à l'endroit donné.
28:59La grêle est donc très controversée parmi les météorologues.
29:05Ce qu'on peut faire, c'est créer une modélisation
29:08pour simuler ce nuage.
29:11Dans certaines situations, l'augmentation de la concentration
29:14d'aérosols d'iodure d'argent a un effet déterminant
29:17sur la formation de la grêle.
29:20Mais il y a de très nombreuses situations
29:23où l'on constate un effet minime, voire inexistant.
29:27La grêle devient plus forte et les grêlons plus gros
29:30à cause de l'augmentation de la concentration en aérosols.
29:40Selon la Fédération des assureurs allemands,
29:43en 2023, la grêle, les tempêtes et les fortes pluies
29:46ont été les principaux événements naturels dommageables en Allemagne,
29:49avec une facture s'élevant à plus de 4,7 milliards d'euros.
29:57En juin 2023, un orage produisant des grêlons d'une taille exceptionnelle
30:00éclate au-dessus de la région de Kassel.
30:03C'est ce qu'on appelle une supercellule.
30:06Lorsque les agences de presse annoncent les premiers dégâts,
30:09les collègues d'Edouard Schüle sont déjà sur place.
30:17L'entreprise d'Edouard Schüle a développé un scanner
30:20pour relever les dommages causés par la grêle.
30:26Environ 15 000 photos sont prises en 30 à 45 secondes seulement,
30:29avec des couleurs qui mettent en évidence les différentes tailles d'impact.
30:32Ils sont mesurés avec précision et traités,
30:35une fois le rapport complet.
30:40Aujourd'hui, c'est toute une industrie qui s'est développée
30:43autour des dommages causés par la grêle.
30:46Edouard Schüle est le directeur d'une des nombreuses entreprises
30:49qui évalue les dommages causés aux voitures.
30:52C'est un phénomène de masse.
30:55Il peut y avoir des centaines, des milliers,
30:58voire des dizaines de milliers de sinistres.
31:01Elles sont très sollicitées et doivent traiter une multitude de véhicules
31:04en plus de leurs activités habituelles.
31:07Nous, nous intervenons en tant que prestataires
31:10pour aider les assureurs à gérer ce volume.
31:13Ici, de nombreux sinistres peuvent être pris en charge rapidement.
31:16Un avantage pour les assureurs comme pour les assurés,
31:19dont fait partie Michel Schless.
31:25Michel Schless a vu la grêle fracasser sa voiture.
31:39Là, il y a des nappes de grêlons qui dévalent la rue.
31:42On est restés à l'intérieur et on a regardé impuissant
31:45ce qu'il se passait dehors.
31:48On ne pouvait rien faire.
31:51Les météorologues appellent les gros orages de longue durée
31:54des supercellules.
31:57Ils tournent autour de leur centre.
32:03Du fait de cette rotation, ils absorbent plus d'air chaud et humide
32:06que les orages normaux.
32:09Ils génèrent des courants ascendants extrêmement forts
32:12à l'intérieur desquels se forment de gros grêlons.
32:15De grandes quantités de précipitations froides s'abattent au sol.
32:18L'énorme différence de température et de pression
32:21du sol génèrent des vents violents.
32:24Une fois tombés, les précipitations se réchauffent
32:27et s'évaporent, réalimentant ainsi la supercellule
32:30en humidité et en énergie.
32:38C'est exactement le genre de cellules que traque
32:41Michel Kuntz et son équipe.
32:45Continue tout droit, comme prévu.
32:48Essaie jusqu'à nouvel ordre.
32:51Il faut qu'on se retrouve à l'avant du système orageux.
32:57Bien sûr, la sécurité avant tout.
33:00Mais à part ça, on peut accélérer.
33:03Les cumulons d'imbus se sont formés en quelques minutes à peine.
33:06Ils sont maintenant bien visibles sur le radar.
33:09Michel Kuntz a eu la bonne intuition.
33:14Une cellule orageuse intéressante s'est formée au-dessus de la Suisse.
33:17Maintenant, elle se dirige vers le nord.
33:20Elle s'est renforcée et on essaie de la rattraper.
33:23Il faut qu'on se place à l'avant de la cellule orageuse,
33:26là où se trouve la bande d'afflux.
33:29L'équipe cherche un endroit où lâcher les ballons.
33:34On devrait s'éloigner un peu de l'autoroute
33:37et des lignes à haute tension.
33:40Ils le savent, leur fenêtre d'intervention est très réduite.
33:43Les sondes récoltent de nouvelles données sur la formation des gros grelons.
33:46Ils doivent être positionnés à 3000 m d'altitude,
33:49avant le début des précipitations.
33:55Un chemin de terre va servir de piste de décollage.
33:58Les membres de l'équipe doivent maintenant activer les sondes
34:01pour qu'elles transmettent les données.
34:13L'orage se rapproche rapidement.
34:16Les scientifiques cherchent une tâche claire au milieu des nuages sombres.
34:43Une fois les sondes activées,
34:46Michael Kunz reçoit immédiatement leur signe au GPS
34:49sur son ordinateur portable.
34:52Il est alors temps de les lâcher.
35:14Tu peux commencer.
35:22Elle n'a pas de GPS.
35:27Encore une?
35:30Prends-en vite.
35:33Oui, c'est bon, elle a un GPS.
35:36On continue et on essaie de revenir à l'avant.
35:40Deux sondes s'élèvent déjà vers l'orage
35:43et transmettent les premières données.
35:54Sur l'écran, on peut suivre la trajectoire des sondes
35:57et leur vitesse ascensionnelle.
36:00C'est très important pour nous,
36:03parce qu'on veut envoyer la sonde dans le courant ascendant.
36:06C'est la température et l'humidité qui nous sont nécessaires
36:09pour calculer l'énergie.
36:13Michael Kunz veut mettre en place une autre sonde.
36:16Un mécanisme coupe la liaison entre la sonde et le ballon
36:19au plus tard à 3000 m d'altitude.
36:22Si la sonde se trouve dans le courant ascendant,
36:25celui-ci l'emporte encore plus haut.
36:28Dans l'idéal, il peut monter jusqu'au sommet des nuages
36:31à 12 000 m d'altitude.
36:34Malheureusement, les sondes n'ont pas atteint le courant ascendant.
36:37Il était trop haut et on a manqué de temps.
36:40Elles se sont même au contraire retrouvées dans le courant descendant.
36:43Mais ce qui est quand même très intéressant,
36:46c'est qu'on a constaté un changement important
36:49dans la direction du vent.
36:52Elle est totalement différente de la direction du soleil.
36:55Ce sera encore plus instructif quand la sonde ira à plus haute altitude.
36:58L'obscurité met finalement un terme à cette quête de nouvelles connaissances.
37:01Au domaine viticole de Jean de Montal,
37:04le mois d'avril a une fois de plus été pluvieux.
37:07Les jeunes plants des surfaces qu'il vient d'aménager en permaculture
37:10ont heureusement très peu souffert.
37:13Mais il tient à protéger les écosystèmes.
37:16Il y a un certain nombre d'écosystèmes
37:19qui sont en danger.
37:22L'idée, c'est de faire des petites parcelles
37:25avec autour de la vie.
37:28Vous voyez, ces petites racines,
37:31elles vont se développer dans le sol,
37:34le sol qui est très fertile désormais,
37:37et elles vont rentrer en relation avec les racines de la vigne.
37:40Et ça permet d'échanger d'un point de vue racinaire
37:43entre les arbres que l'on plante,
37:46les buissons que l'on plante et la vigne.
37:49Et ainsi réduire les déséquilibres
37:52que l'on observe dans le sol.
37:55Jean de Montal a fait planter plus de 400 arbres
37:58et arbustes ce printemps.
38:01Le feuillage et les racines doivent continuer à renforcer les sols
38:04et atténuer l'effet des tempêtes.
38:07Une nouvelle diversité s'installe dans le vignoble.
38:11Je pense que là, on est dans une situation climatique
38:14où il faut laisser la vigne s'adapter.
38:17Et pour s'adapter, il faut lui donner un bon équilibre,
38:20un bel écosystème autour d'elle,
38:23que ce soit la gestion de l'eau, la gestion des sols,
38:26la gestion de l'environnement autour d'elle.
38:29Des racines d'arbres pour former une barrière sociale
38:32et de l'environnement.
38:35C'est ce qu'on appelle l'écosystème climatique.
38:38Des racines d'arbres pour former une barrière souterraine
38:41protectrice autour du vignoble.
38:44A cela s'ajoutent des plantes et de petits fossés
38:47pour réguler l'équilibre hydrique entre les cèpes de vignes.
38:50Pour Jean de Montal, emprunter ces nouveaux chemins,
38:53c'est faire un petit pas en arrière,
38:56nécessaire quand on est dans une impasse.
38:59La vigne a plus de 2000 ans.
39:02L'utilisation de produits chimiques n'a été effectuée
39:05par aucun produit chimique.
39:08Je suis heureux quand je vois que tout notre travail
39:11porte ses fruits.
39:14Quand je vois qu'un petit pied est en train de prendre
39:17et qu'il est heureux là où on l'a planté
39:20et il est bien avec son écosystème.
39:23Le changement climatique et ses conséquences
39:26le montrent de plus en plus clairement.
39:29Une économie menée au détriment de la planète n'a pas d'avenir.
39:32L'agriculture n'est pas la seule à souffrir
39:35des fortes pluies et de la grêle.
39:38Dans le massif du Harz, en Allemagne,
39:41Marcus Weiterer et Patrick Fink étudient au centre Helmholtz
39:44de recherche environnementale les effets
39:47des phénomènes météorologiques extrêmes sur nos cours d'eau.
39:50Ici, près de sa source, la rivière Holtemme coule encore
39:53dans son lit naturel et peut se permettre de déborder.
39:56Les crues et les eaux tumultueuses font partie
39:59de l'environnement. Elles ont même un effet nettoyant
40:02parce qu'elles déplacent les sédiments,
40:05elles créent de nouveaux habitats, elles inondent
40:08et elles alimentent en nutriments les zones alluviales.
40:11Ce qui a des répercussions négatives sur l'environnement,
40:14c'est les apports d'eau non épurée,
40:17des actions qui sont en principe causées par les riverains
40:20ou l'exploitation humaine.
40:23Tout ça peut nuire à la qualité de l'eau.
40:26Les deux chercheurs veulent déterminer le nombre
40:29et la diversité des organismes vivants dans l'eau,
40:32sur les rives et dans le lit des rivières.
40:47Ce sont d'excellents indicateurs de la qualité de l'eau
40:50car ils vivent longtemps dedans et sont exposés
40:53à toute la pollution chimique qui transite.
40:56Ici, on note la présence de beaucoup d'espèces très différentes.
40:59On peut déjà en déduire que la qualité de l'eau est bonne.
41:02Toutes les espèces ont leur importance dans une rivière.
41:05Elles ont différentes fonctions
41:08qui sont essentiellement épuratives.
41:11Cette biodiversité a donc, au bout du compte,
41:14une influence sur la qualité de l'eau.
41:17Les rivières sont nos artères vitales.
41:20Elles transportent l'eau à travers les terres
41:23et la restituent à différents endroits.
41:26Elles alimentent également les nappes phréatiques
41:29d'où nous tirons notre eau potable.
41:32Cette station de mesure fixe indique quel polluant
41:35circule dans ce cours d'eau et à quel moment.
41:38L'être humain introduit différentes substances dans ses eaux.
41:41Il s'agit notamment de nutriments
41:44qui provoquent une croissance excessive des algues
41:47mais aussi bien sûr de pesticides issus de l'agriculture
41:50et de résidus de médicaments provenant des eaux usées des villes.
41:53Nous devons mesurer tous ces apports de substances
41:56et déterminer leur quantité
41:59pour estimer leur impact sur la qualité de l'eau
42:02et sur les organismes qui y vivent.
42:05Un peu plus loin en aval,
42:08la raison pour laquelle les pluies diluviennes
42:11ont des conséquences sur le cours de la rivière devient flagrante.
42:14C'est un cas exemplaire.
42:17La Holteme reçoit l'eau des stations d'épuration
42:20et elle est canalisée à de nombreux endroits sans rive naturelle.
42:26En cas de fortes pluies,
42:29une grande partie des précipitations arrive dans la rivière par les champs
42:32sans être filtrées.
42:37Ici, on voit qu'il y a énormément de champs cultivés.
42:40On procède parfois à des épandages de pesticides,
42:43de produits phytosanitaires et d'engrais.
42:46Et que se passe-t-il quand l'eau s'écoule en surface,
42:49ne peut pas s'infiltrer dans le sol
42:52et que ces substances se retrouvent dans la rivière ?
42:55On observe alors des pics de concentration, par exemple de pesticides,
42:58après ce genre d'épisodes de pluies intenses.
43:02Les scientifiques estiment que la situation
43:05pourrait être encore plus inquiétante dans les zones urbaines.
43:09Stéphanie Spahr et son équipe de l'Institut Leibniz
43:12d'écologie aquatique et de pêche intérieure
43:15recherchent des données factuelles.
43:24Nous voulons déterminer l'impact des épisodes de fortes pluies
43:27sur la qualité des eaux de surface.
43:30En effet, en ville, les fortes pluies peuvent entraîner
43:33l'introduction dans les cours d'eau de substances très diverses
43:36comme des métaux, des matières solides
43:39mais aussi plein de produits chimiques organiques dissous.
43:42Ça peut avoir des conséquences importantes,
43:45par exemple la mort de poissons, comme on l'a déjà vu ici, à Berlin.
43:48Bien que leur étude porte sur les fortes pluies,
43:51les scientifiques prélèvent aussi des échantillons
43:54dans la Havel et la Spree lors de journées d'été sèches.
43:58Les fortes averses apportent effectivement
44:01beaucoup de polluants dans les eaux.
44:04Nous avons besoin d'une qualité d'eau de référence par temps sec.
44:09Les chercheurs s'intéressent aux rivières
44:12mais aussi à leurs affluents.
44:15Ils prélèvent également des échantillons
44:18dans la plus grande station d'épuration de la capitale allemande.
44:21Les eaux usées de milliers de foyers et d'entreprises y sont traitées
44:24avant d'être déversées dans la Spree et dans le canal de Teltow.
44:35Par temps sec,
44:38la station d'épuration rejette de l'eau assainie.
44:41Mais en cas de fortes pluies,
44:44la quantité d'eau qui arrive d'un coup
44:47dépasse les capacités de la station.
44:50Il peut donc y avoir ce qu'on appelle un délestage d'eau mélangée,
44:53ce qui veut dire que des eaux usées et des eaux pluviales
44:56se retrouvent dans nos eaux de surface.
44:59C'est évidemment un problème
45:02qui veut dire que des eaux usées non traitées
45:05sont déversées dans les cours d'eau.
45:08Ce bouillon hautement toxique se retrouve dans les rivières.
45:11L'américaine Lana Graves en prélève un échantillon.
45:14Matière fécale,
45:17déchets industriels et résidus de médicaments.
45:20J'essaie d'être prudente
45:23et d'éviter tout contact.
45:26L'eau de pluie dilue les eaux usées
45:29mais elle les enrichit également de détritus et de résidus chimiques.
45:32Nos rivières,
45:35ces écosystèmes essentiels
45:38risquent à l'avenir d'être régulièrement transformés en égouts.
45:41Nous avons absolument besoin
45:44de plus de recherches sur les fortes pluies
45:47pour déterminer la nature des polluants
45:50que les précipitations apportent dans nos eaux
45:53et qui peuvent ensuite constituer un risque pour les écosystèmes.
45:56Cela peut aussi menacer la production d'eau potable
45:59car elle provient en partie de nos rivières et de nos fleuves.
46:07Sous l'effet du changement climatique,
46:10les précipitations ne sont pas seulement plus intenses et plus fréquentes.
46:13À certaines périodes de l'année et dans certaines régions,
46:16elles deviennent également plus durables.
46:19En Basse-Saxe, en décembre 2023,
46:22secouristes et habitants luttent main dans la main
46:26Selon les services météorologiques allemands,
46:29il s'agit de l'un des 10 mois les plus humides en Allemagne depuis 1881.
46:32De nombreux cours d'eau sortent de leurs lits.
46:35À Lilienthal,
46:38les inondations touchent la maison de la famille Borcherding
46:41le 27 décembre.
46:44L'ordre d'évacuation prend tout le monde au dépourvu.
46:47Vers 11h du matin, les pompiers frappent à la porte.
46:50Il faut faire les bagages et quitter la maison le jour même.
46:56Tout à coup, vous n'avez plus de maison.
46:59C'était inimaginable pour moi de devoir partir comme ça
47:02et de voir un tel phénomène.
47:05J'ai dit aux enfants de préparer un sac seulement pour deux jours.
47:08C'est comme être licencié sans préavis.
47:11Vous êtes expulsé de chez vous
47:14et vous ne savez pas où aller.
47:17Ça a été comme ça les premiers jours.
47:20On perd pied, littéralement.
47:244 mois se sont écoulés depuis.
47:27L'assainissement de l'ossature en bois détrempée
47:30s'avère plus compliqué que prévu.
47:33Après l'évacuation, Anne Borcherding a réagi rapidement
47:36et a loué un logement de vacances tout près de la maison.
47:392 pièces, une cuisine et une salle de bain pour 5 personnes.
47:46Beaucoup de gens m'ont demandé si on avait envie d'y retourner,
47:49si on allait y arriver.
47:52Comment on le sentait ?
47:55C'est notre maison, les enfants vivent ici, nous habitons ici.
47:58Toutes nos affaires sont encore en haut.
48:01Enfin, j'imagine.
48:04Je pense qu'on doit pouvoir faire quelque chose pour mieux se protéger.
48:07Mais partir pour de bon à cause de ça ? Pas question.
48:12Pendant des années, j'ai savouré le privilège
48:15de rentrer du travail à vélo les soirs d'été en empruntant la digue.
48:18Je me disais qu'on était bien là.
48:21Je crois que je n'aurai plus jamais cette pensée
48:24sans me dire en même temps qu'il y a un prix à payer.
48:27Entre-temps, les autorités compétentes ont informé les habitants
48:30d'une possible amélioration de la protection contre les inondations.
48:33Début envisagé des travaux d'ici 20 à 30 ans.
48:45Du côté de Michael Kunz, le chercheur en catastrophe naturelle à Karlsruhe,
48:49les nuages ont commencé à livrer leurs secrets.
48:52Il en sait désormais un peu plus sur eux.
48:55Pour la première fois, lui et son équipe ont recueilli des données
48:58directement depuis la bande d'afflux d'une cellule orageuse.
49:09On a réussi à introduire quelques sondes dans la bande d'afflux.
49:12Et ce qui nous a surpris, c'est la trajectoire des grêlons.
49:15Qui est assez complexe et pas celle qu'on attendait.
49:20Jusqu'à présent, on pensait que les grêlons géants
49:23se formaient parce qu'ils tombaient du nuage
49:26et remontaient sous l'effet du courant ascendant.
49:29Mais Michael Kunz est en mesure de réfuter cette théorie.
49:36Nos mesures révèlent que les grêlons suivent une trajectoire en spirale
49:39dans le courant ascendant.
49:42C'est très important.
49:45Si les grêlons se déplacent en spirale,
49:48ils sont en mesure de collecter davantage de gouttelettes surfondues
49:51et donc de grossir.
49:54Cet orage peut alors produire des grêlons
49:57d'une taille qui peut atteindre 3 cm.
50:03Cette trajectoire en spirale allonge la distance parcourue
50:06par les grêlons à l'intérieur du nuage.
50:09Ils entrent en contact avec davantage de gouttes d'eau qui gèlent
50:12et ils grossissent.
50:17Mais si ces nouvelles connaissances aident à mieux évaluer
50:20les effets du changement climatique,
50:23elles ne l'arrêteront pas.
50:30La question de savoir si nous pouvons maîtriser le changement climatique
50:33et ses conséquences est intéressante.
50:36Mais il vaudrait mieux se demander comment faire avec.
50:39Ça devrait être ça, notre objectif.
50:42Parce que c'est un phénomène qu'on ne peut pas contrôler.
50:45Ce ne sont pas les émissions de CO2 en général
50:48que l'on doit réduire,
50:51mais bien les émissions de CO2 fossiles.
50:54Il faut opérer un changement structurel.
50:57Pas juste produire moins, mais différemment.
51:00La plupart des gens seront sans doute d'accord sur ce point.
51:03Il vaut mieux neuf évacuations qui ne servent à rien
51:06qu'un mort.
51:09Il faut qu'on explique qu'il y aura toujours des incertitudes,
51:12qu'on ne peut pas améliorer certains points
51:15parce que la physique ne nous le permet pas
51:18et que pour cette raison, la population doit aussi apprendre
51:21à gérer ses fausses alertes.
51:28Des rivières qui puissent absorber de grandes quantités d'eau
51:31et déborder de leur lit.
51:34Des villes dont les espaces sont capables de stocker
51:37les précipitations comme des éponges.
51:40Une agriculture qui n'épuise pas les sols, mais les renforce.
51:43Et une idée plus précise de l'ampleur des phénomènes
51:46météorologiques à venir.
51:49Tout cela aiderait la société à mieux s'adapter
51:52aux conséquences du changement climatique.
51:55Au bout du compte, notre objectif principal est de savoir
51:58grâce aux données radar mieux prévoir la taille des grêlons
52:01sur de courtes échelles de temps.
52:04Si on connaît la taille des grêlons et si on sait
52:07où se dirige la cellule orageuse, on peut avertir les gens.
52:10Et les alertes sont importantes pour limiter les dégâts.
52:13La grêle, les orages et les pluies sont de plus en plus destructeurs.
52:16Ce qui nous paraît aujourd'hui extrême
52:19sera la normalité de demain, avec laquelle il faudra vivre.
52:28Sous-titrage Société Radio-Canada
52:58Sous-titrage Société Radio-Canada

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