Décryptage du monde de la finance, un grand casino virtuel et opaque qui influence profondément notre existence. Dans ce volet : les catastrophes à venir, tout comme celles qui n’arriveront jamais, ont elles aussi leur marché.
Les "cat bonds" (ou "obligations catastrophes") sont des produits financiers dont les cours varient
selon la probabilité de voir survenir des événements cataclysmiques.
Les catastrophes à venir, tout comme celles qui n'arriveront jamais, ont elles aussi leur marché. Les cat bonds
(ou "obligations catastrophes") sont des produits financiers dont les cours varient selon la probabilité de voir survenir des événements cataclysmiques. Ils complètent la couverture proposée par les assurances classiques et leurs taux d'intérêt s'avèrent plus élevés que ceux d'autres obligations, en lien avec les risques encourus par leurs investisseurs. En cas de sinistre, ces derniers perdent tout, mais dans le cas contraire, ils récupèrent leur mise avec une plus-value conséquente. Comment fonctionne ce marché ? À l'heure du changement climatique,
qui en sont les grands gagnants et les perdants ?
Rouages et paradoxes
Nébuleuse opaque de chiffres pour la plupart d'entre nous, le monde de la finance, en croissance constante, fait parler de lui lorsque les marchés connaissent des crises ou des crashs. Pourtant, cette "planète" inconnue, dominée
par le désir et la peur, mérite toute notre attention. Que révèlent les fluctuations des cours du pétrole et des autres matières premières ? Pourquoi peut-on faire fortune en pariant sur la faillite d'une entreprise ? Que recouvrent
les "obligations catastrophes", ces investissements risqués amenés à prendre de l'ampleur avec le changement climatique ? Nourrie de témoignages de traders et d'éclairages d'experts internationaux, cette ambitieuse série
en six épisodes décrypte avec pédagogie les rouages et les paradoxes d'un grand casino virtuel où le cynisme est roi, et qui influence profondément notre existence.
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ÉducationTranscription
00:00 ...
00:15 -Dans le passé, disons avant les années 1990,
00:20 le capital était roi.
00:22 Il menait le jeu.
00:24 Aujourd'hui, c'est devenu un fardeau.
00:29 J'estime qu'à l'échelle mondiale,
00:34 il y a entre 10 et 20 milliards de dollars de capitaux
00:38 qui ne servent à rien, qui n'ont aucun but.
00:43 Ils errent dans le monde à la recherche d'une utilité quelconque.
00:50 Pour ceux qui détiennent ces capitaux,
00:55 c'est un cauchemar.
00:59 Donc il faut chercher de nouvelles opportunités
01:04 et parfois des solutions complètement folles
01:08 uniquement pour faire travailler cet argent.
01:11 ...
01:16 -Il existe un monde de chiffres.
01:21 Un monde où il faut être le plus malin ou le plus rapide.
01:28 Un monde relié par les ondes radio et les câbles optiques.
01:37 Où l'on peut gagner de l'argent
01:39 quand on pense savoir de quoi l'avenir sera fait.
01:46 Un monde rempli de peur et de désir.
01:52 Où soit on gagne, soit on perd.
01:58 Ce monde, je l'appelle la planète finance.
02:06 ...
02:09 En parcourant la planète finance,
02:12 je découvre un endroit où l'on aime le risque.
02:16 On y spécule sur la probabilité qu'un incendie de forêt,
02:20 une inondation ou un autre sinistre se produisent.
02:27 Comme cet homme qui vit des catastrophes naturelles.
02:31 -Je me suis marié quand j'étais à l'université
02:34 et je suis devenu papa alors que je préparais encore ma thèse.
02:40 Mon premier enfant a coûté 500 000 dollars à l'assurance
02:44 parce que c'était un prématuré.
02:48 Alors ils m'ont dit,
02:50 votre prochain enfant ne sera pas couvert.
02:55 Quelqu'un m'a suggéré,
02:57 va à Wall Street, tu es bon en maths.
03:01 Tu auras droit à une mutuelle santé
03:03 pour avoir résolu une équation.
03:10 A l'entretien d'embauche, le recruteur m'a demandé,
03:14 est-ce que l'argent vous motive ?
03:19 Il a continué sur sa lancée pendant 10 à 15 minutes.
03:22 Est-ce que vous vénérez l'argent ?
03:24 Est-ce que pour vous, ça passe avant tout le reste ?
03:27 Et ainsi de suite.
03:29 J'ai pensé, oh là là, c'est un très long discours.
03:32 J'ai attendu qu'il finisse et j'ai dit, non.
03:39 Alors qu'est-ce que vous faites là ?
03:41 J'ai juste besoin d'une mutuelle santé.
03:43 Je ferai tout ce que vous me demanderez.
03:46 Voilà comment ça a commencé.
03:49 Peu de temps après mon entretien,
03:50 Lehman Brothers m'a appelé pour me proposer un job
03:53 en lien avec les obligations catastrophe.
03:58 J'ai dit, ok, je n'ai pas d'expérience dans ce domaine.
04:01 Ils m'ont répondu, c'est ça qui est super, personne n'en a.
04:16 Sur la planète finance, il existe un marché pour presque tout,
04:21 y compris pour d'hypothétiques catastrophes
04:23 qui n'ont pas encore eu lieu et ne se produiront peut-être jamais.
04:33 On y trouve des gens qui passent leur temps à évaluer la probabilité
04:37 qu'un sinistre survienne et surtout, l'ampleur des dégâts.
04:50 Qu'est-ce qu'une crise, une catastrophe, un ouragan ?
04:54 Ce sont des événements qui sèment le chaos.
04:57 Et le chaos provoque l'effondrement de systèmes entiers.
05:04 Normalement, dans la vie de tous les jours,
05:06 on sait quand le métro passe,
05:08 on sait qu'on doit aller au bureau à 9h
05:10 ou faire les courses à 17h.
05:13 Puis une crise surgit et on perd tous ses repères.
05:16 On se retrouve brusquement dans un monde plein d'inconnus.
05:22 Afin de comprendre comment un marché peut émerger en plein chaos,
05:26 remontons à une certaine nuit d'automne de 2011.
05:40 Ce jour-là, l'ouragan Sandy atteint la côte de New York.
05:45 L'état d'urgence est déclaré et la circulation interrompue.
05:50 Le sud de l'île de Manhattan est inondé,
05:53 ce qui provoque une panne électrique.
05:58 Il faut attendre le lendemain matin pour prendre la mesure des dégâts.
06:03 Même Wall Street est obligé de fermer pendant deux jours.
06:07 La dernière fois qu'une situation aussi exceptionnelle est arrivée,
06:10 c'était à la suite des attentats dus en septembre.
06:16 Après une catastrophe, on se demande comment on peut revenir à une vie normale
06:22 ou du moins retrouver une certaine stabilité.
06:26 Plus rien ne sera comme avant,
06:28 mais on espère que les choses seront un peu plus calmes qu'au moment du cataclysme.
06:33 L'ouragan fait 43 morts et cause des dégâts qui se chiffrent en milliards de dollars.
06:39 La submersion des tunnels constitue à ce jour la plus grande catastrophe
06:42 dans l'histoire des transports publics de la ville.
06:46 Attention, il y a de la graisse dans l'eau, ça peut glisser.
06:59 Comment faire du business avec ça ?
07:02 La seule solution, c'est de prévoir le risque et d'en évaluer le prix.
07:10 A priori, une catastrophe ne peut faire que des perdants.
07:24 Le tunnel est inondé aux deux tiers.
07:28 Plus de 220 millions de litres d'eau salée se sont engouffrés à l'intérieur.
07:40 Il a fallu environ une semaine pour évacuer toute l'eau,
07:43 avant même de pouvoir attaquer les travaux de nettoyage et de réparation.
07:50 Sur le moment, personne ne se doutait de l'ampleur que ça prendrait.
07:56 On n'était pas vraiment préparés.
08:02 Aujourd'hui, New York est préparée.
08:05 Une ancienne banquière a trouvé une solution
08:07 qui pourrait permettre de couvrir les dommages d'un nouvel ouragan.
08:12 Après avoir travaillé à Wall Street,
08:14 elle dirige aujourd'hui la compagnie des transports new-yorkais.
08:19 On entend parler des ouragans dans les Antilles,
08:22 on sait qu'elles ravagent Hillcose en Floride,
08:25 mais on n'aurait jamais pensé que ça arriverait ici.
08:33 Évidemment, notre système était dévasté.
08:39 Il y a beaucoup d'équipements électriques dans les tunnels.
08:43 Tout était détruit.
08:48 Les dégâts s'élevaient à environ 800 millions de dollars.
08:56 On était couverts qu'à hauteur de 500 millions.
08:59 La prime de l'assurance a doublé, et même plus que doublé.
09:03 On craignait que notre couverture ne soit plus suffisante.
09:08 Alors on a commencé à souscrire des obligations catastrophes.
09:13 Qu'est-ce qu'une obligation catastrophe ?
09:16 En anglais, quatre bandes.
09:21 Une obligation traditionnelle n'est rien d'autre qu'un emprunt
09:25 qui doit être remboursé à une date déterminée.
09:29 Je vous prête une somme d'argent,
09:33 vous me versez des intérêts,
09:36 et à l'échéance, vous me remboursez la somme empruntée.
09:40 Une obligation catastrophe va un peu plus loin.
09:44 Quand le ministre se produit avant terme,
09:47 le souscripteur perd l'intégralité de l'argent qu'il a investi,
09:51 lequel servira à indemniser les dommages.
09:55 C'est exactement comme avec une assurance.
09:58 Tant que tout va bien, elle encaisse les primes,
10:01 et elle est censée vous rembourser quand vous subissez des pertes.
10:05 La ville de New York paie donc maintenant des intérêts
10:09 pour une obligation catastrophe au lieu d'une prime d'assurance.
10:13 John Seho est un expert en la matière.
10:17 J'ai fait une rapide estimation.
10:20 500 millions, c'est rien.
10:23 N'ayant pu souscrire une assurance maladie
10:26 quand sa femme attendait leur deuxième enfant,
10:29 il crée un hedge fund, un fonds spéculatif
10:32 spécialisé dans les obligations catastrophes.
10:35 Même le hedge fund y perd.
10:38 Des obligations catastrophes qui devraient couvrir
10:41 les dégâts de futurs sinistres.
10:43 Il y a énormément d'opportunités.
10:45 Il suffit de donner quelques exemples, comme je l'ai fait.
10:48 Pour se lancer dans la course,
10:50 il faut investir au minimum 100 millions de dollars.
10:53 Par exemple, prenez un prêt immobilier commercial
10:56 d'un milliard et demi, qui est couvert par le bien, le complexe.
11:00 Ce dernier n'est même pas assuré
11:03 contre les tremblements de terre ou les inondations.
11:07 Certaines obligations catastrophes vont jusqu'à prendre en charge
11:10 les dégâts provoqués par des éruptions solaires
11:13 ou des impacts de météorites.
11:15 Voici la pièce principale.
11:17 On est 31 personnes et on investit dans les obligations.
11:20 Le fonctionnement est très simple.
11:23 Dans notre cas, il s'agit d'obligations catastrophes.
11:26 Quand un tremblement de terre, un ouragan
11:29 ou une inondation se produit, on perd de l'argent.
11:32 On ne tire pas de profit des dégâts causés par un sinistre.
11:36 On couvre des dommages qui sont trop importants
11:39 pour les compagnies d'assurance traditionnelles.
11:43 C'est un travail qui implique beaucoup de calculs.
11:47 Cette salle de serveur est le coeur de l'entreprise.
11:51 Les ordinateurs croisent toutes sortes de données
11:55 et calculent en permanence la probabilité
11:58 d'une hypothétique catastrophe ainsi que les dégâts
12:01 qu'elle pourrait engendrer.
12:03 Mon frère aîné était toujours installé là-bas
12:06 et de son bureau, il pouvait observer tous les indicateurs.
12:10 C'est très compliqué de faire tourner une salle de serveur.
12:14 Pour vérifier si un logiciel est en panne,
12:17 on a besoin d'un deuxième logiciel
12:20 et d'un troisième pour contrôler ce dernier.
12:23 Toute la chaîne ne fonctionne pas en continu.
12:26 Le meilleur indicateur pour savoir s'il y a une faille
12:29 est un voyant rouge.
12:31 On a besoin d'un troisième pour voir ces voyants rouges.
12:35 Les investisseurs du monde entier
12:46 cherchent de nouvelles solutions de placement
12:49 et ils viennent nous voir.
12:51 Une fois qu'ils nous ont trouvé
12:54 et qu'ils nous ont confié leur argent,
12:57 le reste est relativement simple.
13:00 Les 10 à 20 000 milliards de dollars de capitaux
13:03 qui errent à travers le monde
13:06 ont évidemment un besoin urgent de retour sur investissement.
13:10 Nos clients sont formidables.
13:12 Ils viennent des quatre coins de la planète
13:15 et ont des profils très variés.
13:17 Ça va des énormes fonds de pension publique
13:20 aux fonds de pension d'entreprise,
13:23 en passant par les fonds souverains,
13:26 les compagnies d'assurance, les banques,
13:29 les associations et les organisations caritatives,
13:32 sans oublier les particuliers fortunés.
13:35 Qu'est-ce qui se passerait
13:38 si les obligations classiques réalisaient de meilleures performances ?
13:42 Quel impact ça aurait sur les quatre bonds ?
13:45 Si le taux d'intérêt d'autres obligations augmente,
13:48 comme c'est le cas actuellement,
13:50 celui des obligations catastrophes augmente lui aussi automatiquement.
13:54 Le rendement reste donc élevé.
13:57 Les obligations catastrophes sont le seul moyen
14:00 d'absorber des risques supplémentaires.
14:03 La demande en produits couvrant les cyber-risques
14:06 va exploser l'année prochaine.
14:08 Les clients de John Sayho investissent des millions
14:11 dans son fonds spéculatif
14:14 et touchent des intérêts attractifs
14:17 durant la période de souscription des obligations catastrophes.
14:21 Mais d'abord, on définit clairement les conditions
14:24 dans lesquelles les clients peuvent perdre leur mise
14:27 en établissant ce qu'on appelle des « déclencheurs ».
14:30 Il peut s'agir par exemple
14:33 du montant minimum des dégâts après un feu de forêt
14:36 ou du niveau minimum de l'eau en cas d'inondation.
14:39 Le déclencheur a été créé spécialement pour notre zone.
14:43 La société de modélisation a effectué des analyses
14:46 pour savoir d'où les tempêtes potentielles pouvaient venir.
14:49 Ils ont épluché les données
14:52 sur une période de 100 ans
14:55 et à partir de ces éléments, ils ont modélisé 100 000 tempêtes.
14:58 Par ailleurs, ils mesurent constamment le niveau de l'eau.
15:02 Concrètement, si elles montent à 2,36 m au-dessus du niveau de la mer
15:06 dans la zone A
15:09 ou à 3,89 m dans la zone B,
15:12 alors la procédure est déclenchée.
15:15 Autre condition requise,
15:18 la tempête doit avoir un nom.
15:21 Le premier ouragan tropical de chaque saison cyclonique
15:24 s'envoie attribuer un,
15:27 qui commence par la lettre A
15:30 et ainsi de suite jusqu'à la lettre Z
15:33 Anna, Bill, Claudette, Danny.
15:36 Nombre de ces tempêtes se sont abattues sur New York,
15:39 mais jamais l'eau n'était montée aussi haut qu'avec Sandy.
15:42 Ce n'est encore jamais arrivé.
15:45 Donc, on a fait un petit test
15:48 et on a fait un petit test.
15:51 À ce jour, les investisseurs n'ont pas perdu d'argent avec nous.
15:54 On espère que ça finira par arriver.
15:57 Je plaisante.
16:00 Jusqu'ici, tout va bien.
16:03 Le déclencheur n'a jamais été activé.
16:06 On n'a pas eu une deuxième tempête Sandy.
16:09 Non seulement cette obligation catastrophe
16:12 est une solution intéressante pour New York,
16:15 mais elle fait le bonheur de la planète finance.
16:18 Une situation gagnant-gagnant.
16:21 L'obligation catastrophe est d'une simplicité géniale.
16:24 Il n'y a rien de compliqué pour les investisseurs.
16:27 On fixe un seuil d'alerte
16:30 et on explique au client
16:33 si l'eau monte seulement à 2,40 m
16:36 et pas à 2,60 m, on ne paye pas.
16:39 Les ingénieurs savent jusqu'à quelle hauteur
16:42 on peut installer les sacs de sable
16:45 pour ériger les barrières anti-inondation aux différents accès.
16:48 L'une des mesures de protection qu'on a prises après Sandy
16:51 a été d'installer ces portes étanches
16:54 munies de charnières en acier.
16:57 Chacune d'elles pèse environ 20 000 kg.
17:00 C'est-à-dire environ 20 000 kg.
17:03 C'est-à-dire environ 20 000 kg.
17:06 C'est-à-dire environ 20 000 kg.
17:09 C'est-à-dire environ 20 000 kg.
17:12 Ces ouvrages semblent offrir un équilibre optimal
17:15 entre les coûts et les bénéfices.
17:18 Si on les entretient correctement
17:21 et qu'on change régulièrement les joints,
17:24 ils devraient avoir une durée de vie de 75 à 100 ans.
17:27 John doit s'assurer que même en cas de grosse tempête,
17:30 il n'y ait pas de dégâts dans son tunnel,
17:33 ou plutôt notre tunnel.
17:36 Mon rôle à moi est de veiller à ce qu'en cas de dommage,
17:39 on ait l'argent pour les réparer.
17:42 Les investisseurs qui placent leur argent
17:45 dans les obligations catastrophes
17:48 ont l'habitude d'investir dans ce genre de risques.
17:51 Et pour parler franchement, comme c'est un placement très risqué,
17:54 ils génèrent actuellement des taux d'intérêt
17:57 bien plus élevés que d'autres actifs.
18:00 Ils placent un peu d'argent dans notre cat-bonde,
18:03 dans une obligation qui couvre les séismes au Mexique
18:06 et dans un autre encore qui couvre les typhons au Japon.
18:09 Voilà comment ils diversifient leur portefeuille.
18:12 Toutes les catastrophes ne se produisent pas en même temps,
18:15 si bien qu'ils ne perdent pas tout.
18:18 Les catastrophes du monde entier font donc l'objet de marchés,
18:21 présentant chacun leur propre risque et donc leur propre prix.
18:24 La gestion du risque de catastrophe est très particulière.
18:32 Et j'ai vu là une occasion en or de générer des profits,
18:35 mais aussi de créer tout un secteur d'activité
18:38 qui n'existait pas jusque-là.
18:41 Il faut savoir que les acteurs de la finance traditionnelle
18:44 ont beaucoup de mal à gérer les risques de catastrophe.
18:47 Ils ont tendance à balayer le problème sous le tapis
18:50 et préfèrent penser au ticket gagnant,
18:53 au pactole, au gros lot.
18:56 Qui a envie de penser au pactole ?
18:59 Donc avant même de diriger le service
19:02 des obligations catastrophes chez les Man Brothers,
19:05 j'ai décidé de revoir tous les outils mathématiques,
19:08 hormis la courbe en cloche.
19:11 Cette courbe en cloche est un graphique
19:14 dont la forme rappelle celle d'une cloche d'église.
19:17 C'est sur elle que s'appuient les banques
19:20 et les compagnies d'assurance traditionnelles
19:23 pour calculer leurs risques.
19:26 La partie centrale représente
19:29 ce qui est le plus susceptible de se produire,
19:32 par exemple, les chances qu'un Français
19:35 rembourse son crédit immobilier.
19:38 Les côtés correspondent aux événements les moins probables,
19:41 comme un prêt non remboursé
19:44 pour cause de maladie ou de chômage.
19:47 Le modèle économique de la planète finance
19:50 repose sur les risques les plus probables
19:53 et non sur les mauvaises surprises
19:56 qui sont beaucoup plus difficiles à prévoir avec précision.
19:59 Quelle est la probabilité
20:02 qu'un avion fonce dans les Tours jumelles ?
20:05 Ou qu'un tsunami touche une centrale nucléaire ?
20:08 Les acteurs traditionnels de la planète finance
20:11 ne sont pas préparés à ces événements extrêmes,
20:14 qui constituent précisément le fonds de commerce de John Seo.
20:17 Si on s'accroche sur ce modèle,
20:20 c'est parce qu'on n'a rien d'autre.
20:23 Et ça fait peur.
20:26 Si on ne peut pas s'y fier,
20:29 il n'existe pas d'alternative
20:32 pour gérer les risques de catastrophes systémiques.
20:35 Sans ces outils,
20:38 on doit s'en remettre à son intuition
20:41 ou se rabattre sur les vieilles méthodes
20:44 qui, comme on le sait, ne fonctionnent pas.
20:47 Et c'est la seule solution
20:50 si on veut survivre dans le secteur des obligations catastrophe.
20:53 Si les algorithmes de John
20:56 permettent de calculer la probabilité
20:59 qu'une catastrophe se produise,
21:02 il semble plus compliqué d'en créer un
21:05 qui appréhende le comportement humain.
21:08 Les gens sont très irrationnels
21:11 et trop différents les uns des autres
21:14 et ils ne peuvent pas se faire confiance.
21:17 Pour voir l'influence concrète
21:20 des algorithmes de la planète finance,
21:23 je me rends à Bonny Doon.
21:26 Dans ce village de la côte ouest des États-Unis,
21:32 les étés sont longs et secs
21:35 et les risques de feux de forêt élevés.
21:38 Salut!
21:41 Salut!
21:44 Tu restes encore quelques minutes?
21:47 OK, je ne bouge pas.
21:50 Le doyen du village gagne sa vie avec le bois de la forêt.
21:53 Johnny, tu as vu? Il y a trois dents dans le verger.
21:56 Sa femme cultive des fleurs pour les mariages et autres fêtes.
21:59 Ces maudits dents doivent disparaître.
22:02 Il faut les chasser du jardin.
22:06 Cet homme, lui, est fourreur de puée.
22:09 C'est bon. Tu vas chercher de l'essence?
22:12 Ah, tu en as déjà.
22:15 Et voici une enseignante qui donne des cours à des détenus.
22:18 Ces hommes et ces femmes ont décidé
22:21 de combattre eux-mêmes un feu qui les menaçait.
22:24 Ils ont été éliminés.
22:27 Ils ont été éliminés.
22:30 Ils ont été éliminés.
22:33 Ils ont été éliminés.
22:36 Cette funeste nuit d'août 2020 a marqué le début
22:39 d'un gigantesque complexe d'incendies déclenchés
22:42 par plus de 10 000 impacts de foudre
22:45 qui ont frappé la région de Santa Cruz.
22:48 On vit ici depuis 50 ans, voire plus,
22:51 et on n'avait jamais vu autant d'éclairs.
22:54 On s'est demandé ce qui se passait.
22:57 Ce genre d'incendie ne faisait pas partie de notre réalité.
23:00 Ça n'était encore jamais arrivé.
23:03 Les éclairs s'enchaînent dans la baie de Monterrey.
23:09 Il faut que j'aille voir ça.
23:15 On a regardé par la fenêtre de notre chambre.
23:29 On n'avait jamais vu ça.
23:32 Il y avait des éclairs partout dans le ciel, pas juste à un endroit.
23:35 Une bande de nuages se dirige vers nous.
23:41 On dirait que ça va péter, et pas qu'un peu.
23:46 Des nuages orageux.
23:51 Ils sont très gros, énormes.
23:54 Ils sont en plein air.
23:57 C'était derrière nous et plus au nord, enfin partout.
24:04 De gros éclairs jaillissaient de tous les côtés.
24:07 C'est pour ça que 9 incendies se sont déclarés.
24:10 Les coups de tonnerre étaient forts.
24:13 Il y en avait au loin, mais aussi juste au-dessus de nos têtes.
24:16 Tout autour de nous.
24:19 On a regardé par la fenêtre.
24:22 On a regardé par la fenêtre.
24:25 On a regardé par la fenêtre.
24:28 On a regardé par la fenêtre.
24:31 On a regardé par la fenêtre.
24:34 On a regardé par la fenêtre.
24:37 On a regardé par la fenêtre.
24:40 On a regardé par la fenêtre.
24:43 On a regardé par la fenêtre.
24:46 Tout le monde a été évacué.
24:49 Puis le feu s'est déclaré.
24:54 Il a d'abord frappé la partie supérieure de Bonny Doon.
24:57 Ensuite, il a atteint la région de Swanton avant d'arriver jusqu'ici.
25:00 Ensuite, il a atteint la région de Swanton avant d'arriver jusqu'ici.
25:03 Dans la vie, chacun de nous gère les risques à sa manière.
25:13 John était tout seul en montagne.
25:16 Son fils et sa fille étaient partis.
25:19 Tous les voisins étaient partis.
25:22 Il n'y avait plus que lui.
25:25 Cette nuit-là, il était livre à lui-même.
25:28 C'est un peu le patriarche de notre communauté.
25:31 Un ancien très respecté, je dirais.
25:34 Donc, j'ai décidé de monter le retrouvé...
25:37 pour voir s'il avait besoin d'aide.
25:41 Face au danger, soit on se fige,
25:44 soit on fuit, soit on lutte.
25:47 Même si on vit en ermite,
25:54 la plupart d'entre nous se sont dit que les autorités allaient intervenir
25:57 et qu'il valait mieux les laisser faire.
26:00 Alors, quand John a décidé de rester
26:03 et qu'il nous a informés que personne n'était venu,
26:06 ça nous a fait penser à ces histoires de gens qui se retrouvent seuls
26:09 et que personne ne vient sauver.
26:12 Oh, un flic!
26:19 Je me demande ce qu'il fait ici.
26:22 On va peut-être avoir des problèmes.
26:29 La police nous barrait systématiquement la route,
26:33 alors on a essayé de passer en douce.
26:36 Alors, on a fini par se faire échapper ici.
26:39 Ce shérif m'intrigue.
26:44 C'est très rare que la police vienne ici.
26:47 Ben oui, pourquoi se déplacer?
26:50 On n'est pas super intéressant.
26:53 À des kilomètres de là, John Seo et son équipe
26:57 tentent d'évaluer les potentiels dommages de ces incendies
27:00 pour voir si des seuils de déclenchement risquent d'être atteints.
27:03 On a ces quatre événements.
27:06 Le feu de Taubousse en 2017, le feu de camp de 2018,
27:09 le feu de Woolsey en 2018 et le feu de Santa Cruz en 2020.
27:12 Voyons voir, où sont les chiffres?
27:15 Le nombre de propriétés se trouve à la ligne 6, c'est bien ça?
27:18 En vert, c'est le périmètre de l'incendie de Santa Cruz.
27:21 C'est le périmètre de l'incendie de Santa Cruz?
27:24 C'est le périmètre de l'incendie de Santa Cruz?
27:27 C'est le périmètre de l'incendie de Santa Cruz?
27:30 C'est le périmètre de l'incendie que je peux activer ou désactiver.
27:35 Vous pourriez choisir une autre couleur, comme du rouge?
27:39 Vous voyez ici un tas de points verts.
27:42 Chacun d'eux représente des propriétés à l'intérieur et autour du district de Santa Cruz.
27:49 Dès le début, on a testé une nouvelle technique de traitement des images satellites
27:56 pour essayer de prévoir les dégâts que cet incendie causerait.
28:03 Quel est le taux de combustion pour les propriétés de ces zones?
28:08 Il est assez élevé.
28:11 Assez élevé. Je voudrais une réponse plus précise à cette question.
28:15 En gros, pour déterminer le taux de combustion, vous proposez une approche basée sur les ressources.
28:22 Les incendies de forêt sont très courants. Ce sont des événements assez simples.
28:28 Un feu se déclenche, il se propage et génère des dégâts.
28:32 La plupart des gens pensent que la plus grande inconnue, c'est l'étendue des dommages.
28:38 Si une zone donnée prend feu, combien de maisons sont détruites?
28:43 Il y a une certaine incertitude sur ce point, mais il existe un modèle étonnant.
28:49 C'est bien beau de pouvoir déduire des schémas récurrents à partir de ces données.
28:54 Mais à quoi peuvent servir ces calculs quand les flammes viennent droit sur vous?
29:03 Personne ne savait quelle ampleur ça prendrait.
29:07 J'ai passé la nuit au point le plus haut de notre propriété et je n'ai pas arrêté d'entendre des explosions.
29:14 J'ai pensé que c'était des citernes de propane, de gros broum.
29:20 Des cendres sont tombées sur moi, mais je sentais toujours dans le cou une légère brise qui éloignait un peu les flammes.
29:34 Le matin, le feu a atteint la crête et j'ai vu les arbres s'embraser.
29:49 Je faisais les 100 pas.
30:00 Peut-être parce que ma fille était dans tous ses états.
30:10 Elle envoyait des tweets et appelait des gens pour leur demander de me sortir de là.
30:21 C'était complètement surréaliste.
30:25 Je me suis dit que c'était un peu trop tard pour moi.
30:32 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
30:39 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
30:46 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
30:53 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
31:01 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
31:09 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
31:19 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
31:29 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
31:39 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
31:49 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
31:59 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
32:09 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
32:19 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
32:29 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
32:39 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
32:49 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
32:59 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
33:09 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
33:19 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
33:29 Je me suis dit que c'était trop tard pour moi.
33:39 Quand je suis arrivé sur place, le brasier avait vraiment pris de l'ampleur et on ne pouvait plus l'arrêter.
33:49 Quand je suis arrivé sur place, le brasier avait vraiment pris de l'ampleur et on ne pouvait plus l'arrêter.
33:59 Quand je suis arrivé sur place, le brasier avait vraiment pris de l'ampleur et on ne pouvait plus l'arrêter.
34:09 Quand je suis arrivé sur place, le brasier avait vraiment pris de l'ampleur et on ne pouvait plus l'arrêter.
34:19 Quand je suis arrivé sur place, le brasier avait vraiment pris de l'ampleur et on ne pouvait plus l'arrêter.
34:29 Je sais bien qu'ils ont réussi à délimiter un périmètre. Je vais zoomer. On pourra peut-être le voir.
34:39 Le comportement humain est un élément clé de la modélisation.
34:45 Il faut prendre en considération le fait qu'il y a des millions de propriétaires de maisons, têtu et réfractaires, surtout aux États-Unis,
34:53 qui sont tous à l'ordre d'évacuer. Ils restent, ils clouent des planches aux fenêtres et défendent leur maison.
35:03 Sans ce comportement, les pertes seraient multipliées par deux, voire par trois.
35:09 C'est donc un paramètre qu'on intègre dans nos calculs.
35:15 Décider le comportement de grands groupes de personnes est une chose. Mais qu'en est-il des comportements individuels ?
35:25 Car aujourd'hui, ce sont des algorithmes qui décident si le doyen de notre village peut ou non s'assurer contre le risque de feu de forêt.
35:34 À New York, une startup de la fintech pense pouvoir calculer ce risque de façon très précise, afin de déterminer ce qui est assurable ou pas.
35:43 La première version de notre modèle ne prenait pas vraiment en compte le caractère aléatoire de la foudre.
35:55 Ce n'était pas considéré comme une variable importante.
36:00 Si on est là, c'est parce que l'ancienne façon de procéder n'est plus valable.
36:09 L'approche traditionnelle du risque est la suivante.
36:13 Regardons ce point, ce code postal sur la carte.
36:16 Si cinq incendies ont eu lieu ici au cours des 500 dernières années, il y a une chance sur 100 pour que ça arrive de nouveau.
36:26 Et on fixe le prix en conséquence.
36:28 Le problème, c'est le changement climatique.
36:36 On ne peut pas vraiment prédire ce qui va se passer dans les 10 prochaines années en se basant sur les 500 dernières années.
36:48 Il faut recourir à l'apprentissage automatique pour créer un nouveau modèle physique qui rende compte de la réalité actuelle du terrain.
36:58 Voilà à quoi ressemblent les arbres, voilà quel temps il fait.
37:02 Les pare-feux sont ici, les camions de pompiers les plus proches se trouvent là.
37:07 Toutes ces données sont traitées par un système d'intelligence artificielle.
37:14 Pour vous donner une idée, avec la méthode traditionnelle, il faudrait peut-être réaliser 100 000 simulations
37:21 pour en conclure qu'il y a une chance sur 100 qu'un incendie se déclare.
37:29 Nos modèles d'apprentissage automatique effectuent 682 milliards de simulations.
37:37 Mais pour en tirer un modèle d'intelligence artificielle fiable, un grand nombre d'éléments sont nécessaires.
37:44 Je perds de l'argent et je ne sais pas comment modéliser ça.
37:47 Les modèles ne fonctionnent pas. Je jette l'éponge.
37:50 D'abord, de l'argent issu d'investisseurs.
37:52 Où peux-tu encore faire ça ?
37:54 Ensuite, des cerveaux qui sont passés par Wall Street.
37:57 J'ai commencé ma carrière chez Goldman Sachs et j'ai un doctorat.
38:01 Une climatologue, un mathématicien, la probabilité que le feu se propage en Californie
38:09 et les fondateurs de la start-up qui veulent vendre leur modèle d'IA.
38:15 Il y a un énorme potentiel de croissance dans ce secteur.
38:18 Mais tout le monde est sur ses gardes parce qu'on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve.
38:23 On peut adopter une approche qui s'appuie sur les données. C'est bien plus adapté ici.
38:29 De nombreux acteurs de la finance traditionnelle, fonds de pension, hedge funds et gestionnaires de fortune familiale,
38:36 ont découvert un marché qui offre des contrats d'assurance et qui n'est pas axé sur la bourse ni sur les matières premières.
38:46 Tout ce qui importe, c'est de savoir si un ouragan, un tremblement de terre ou un feu de forêt va avoir lieu ou pas.
38:52 Ces actifs sont intéressants précisément parce qu'ils ne sont pas corrélés au marché financier.
38:58 Autrement dit, le fait que le vent souffle en Floride et qu'un ouragan se prépare ou pas n'a pratiquement aucune incidence sur la bourse.
39:06 L'idéal pour un investisseur, c'est un produit indépendant des marchés.
39:10 Vous pensez que votre portefeuille est diversifié, mais il est lié au cours des actions.
39:15 Alors si la bourse explose demain, tout peut s'écrouler.
39:20 C'est là tout l'intérêt des obligations catastrophes qui reposent sur un tout autre type de risque.
39:27 Même si Wall Street s'effondrait demain, ces obligations continueraient de générer un taux d'intérêt élevé.
39:37 On va à Last Chance Road pour donner de l'eau aux gens.
39:42 On creuse des puits et on les répare.
39:46 Ici, presque tous les puits ont fondu.
39:51 Le feu s'est propagé très vite et il dégageait une chaleur intense.
39:57 Un incendie bien différent de celui qu'on a eu chez nous.
40:05 Désolé, le pare-brise est sale. Et ça ne va pas s'arranger aujourd'hui.
40:10 Avant, ici, on ne voyait rien. Les arbres recouvraient toute la zone.
40:18 Il y avait une maison là-bas et une autre ici.
40:23 Celle-ci a tenu.
40:35 Un homme est mort dans ce coin.
40:38 Un type d'un certain âge qui était revenu récupérer ses affaires, à ce qu'on m'a dit.
40:51 Il ne s'en est pas sorti. Il a essayé de fuir en passant par le parc national et il est mort.
40:58 Ce sont des voisins qui l'ont trouvé.
41:02 Le chemin est encore long.
41:06 Le chemin est encore long.
41:09 Le chemin est encore long.
41:13 Le chemin est encore long.
41:16 Le chemin est encore long.
41:43 Depuis le sinistre, il n'y a plus rien à tirer de cet endroit.
41:48 Mais lorsque la foudre frappe une forêt desséchée, ou qu'un ouragan s'approche de la côte,
41:54 et qu'on ne sait pas exactement quelle sera l'ampleur des dommages assurés,
41:58 John Sayho entre en scène.
42:01 On m'appelle pour tout type de catastrophe, un ouragan, un feu de forêt ou un tremblement de terre en pleine nuit.
42:08 À l'aide de notre logiciel et de nos outils, on peut visualiser notre portefeuille et évaluer immédiatement les conséquences du sinistre.
42:17 Si un seuil de déclenchement menace d'être atteint, un investisseur risque de perdre tout son argent.
42:24 Il cherchera alors à se débarrasser au plus vite de son obligation catastrophe, quitte à la vendre au rabais,
42:30 ce qui peut donner lieu à d'intéressantes opportunités.
42:33 Si on n'est pas en mesure d'estimer les pertes causées par ce genre d'événements,
42:40 il faut s'interroger sur sa capacité à évaluer et chiffrer les risques potentiels.
42:46 C'est un peu comme une course de Formule 1.
42:50 Dans le monde, très peu d'acteurs du secteur ont les connaissances, les outils informatiques et la réactivité nécessaires pour pouvoir jouer à ce jeu de haut vol.
43:02 Généralement, un portefeuille d'obligations catastrophes compte environ 200 positions.
43:08 C'est-à-dire ?
43:10 Il se compose de 200 obligations catastrophes différentes.
43:15 En cas d'événements de grande ampleur, environ 80 d'entre elles sont concernées.
43:21 Leur nombre passe donc de 200 à 80.
43:27 Nous devons alors estimer tout de suite la gravité du sinistre et le montant des pertes financières associées.
43:37 À l'étape suivante de l'analyse, les 80 obligations à risque tombent soudain à 10.
43:43 Et c'est cette liste finale des valeurs potentiellement risquées que l'investisseur cherchera à vendre.
43:50 On se refile ces obligations catastrophes comme des patates chaudes à des prix de plus en plus bas.
44:00 Le teneur de marché nous appelle pour dire que quelqu'un veut acheter pour 5 millions de cette obligation à 60 cents l'unité.
44:08 Normalement, si le titre n'était pas en difficulté, il se négocierait à sa valeur nominale, soit un dollar.
44:15 Mais là, on a une offre à 60 cents.
44:18 Si John Seo pense être mieux informé que quiconque sur le marché, s'il est sûr qu'aucun seuil de déclenchement ne sera atteint et qu'il ne perdra pas des millions,
44:27 alors il peut saisir sa chance et acheter une obligation catastrophe à prix cassé.
44:45 C'est un marché difficile parce que tous les deux ans environ, une obligation catastrophe nous inflige des pertes.
44:51 Je suis dans le métier depuis plus de 20 ans et on a perdu beaucoup d'argent avec ces obligations.
45:01 On en a gagné plus qu'on en a perdu, mais on a subi des pertes importantes.
45:07 Un investisseur risque gros en cas de déclenchement d'une obligation catastrophe.
45:14 John doit donc sans cesse mettre à jour ces données en fonction des dernières prévisions météorologiques et évaluer l'ampleur des dégâts éventuels.
45:24 Voici les différentes prévisions de température pour la fin du siècle.
45:29 8,5 est le scénario le plus pessimiste.
45:32 2 degrés d'ici 2050. 45, 40.
45:36 On a intégré les tempêtes historiques dans le modèle. En moyenne, la température augmente de 1,34 degrés, soit une hausse de 34%.
45:44 Donc 35% ?
45:47 34%.
45:49 34% de dégâts en plus, c'est ça ?
45:52 Absolument.
45:53 Et ensuite, tu as annualisé ?
45:55 J'ai annualisé les données à partir de 2020.
46:04 Vivre dans ce monde devient clairement de plus en plus risqué, ce qui stimule la croissance de notre marché.
46:12 D'après nos estimations, on a besoin d'environ 500 milliards d'obligations catastrophes à l'échelle de la planète.
46:21 Pour le moment, le marché se concentre encore largement sur les États-Unis.
46:26 Mais le potentiel est énorme au niveau mondial.
46:30 Qu'il s'agisse d'inondations en Allemagne ou en Asie, notamment en Chine, on peut évaluer le degré de risque parce qu'en fin de compte, ce sont des phénomènes physiques.
46:41 Il suffit d'aller sur Google Earth et de regarder tous les biens immobiliers dans le monde pour comprendre à quel point ils sont vulnérables aux tremblements de terre, aux ouragans et aux inondations.
46:53 C'est quelque chose qu'on peut calculer.
46:55 C'est bien beau. Mais est-ce que les habitants de Bonny Doon en ont tiré un quelconque profit ?
47:02 Beaucoup d'entre nous ont été très étonnés de ne pas voir les pompiers arriver.
47:11 Je pense qu'ils ont pesé la situation. Combien de personnes vivent ici et quel est leur niveau de richesse ?
47:18 Il y a bien quelques ménages fortunés dans notre communauté, mais on n'est pas la Silicon Valley.
47:25 Tout le monde ne roule pas sur l'or. Donc pour eux, il n'était pas intéressant de se déplacer.
47:32 Le critère qu'ils doivent prendre en compte, c'est la proximité d'une grande ville.
47:38 Pour la plupart des membres de ma communauté, ça a été une vraie prise de conscience.
47:43 Ils ont réalisé qu'il n'était pas important et qu'on pouvait facilement se passer d'eux.
47:50 Les pompiers n'ont pas voulu ou n'ont pas pu sauver beaucoup de maisons.
47:55 Et les obligations catastrophes dans tout ça.
47:58 Les habitants de Bonny Doon n'en ont pas eu vent.
48:01 De toute façon, ces actifs ne sont intéressants que lorsqu'on possède des biens assurables.
48:07 C'est Bonny Doon ?
48:09 Oui. Tu peux zoomer ?
48:11 Last Chance Road.
48:14 Last Chance Road.
48:19 Last Chance Road.
48:24 Ce graphique nous montre qu'ils sont exposés à un risque extrêmement élevé.
48:34 On voit que dans le passé, Bonny Doon a déjà été en proie au feu.
48:40 Le modèle actuel estime la probabilité d'un incendie à 1,18%.
48:45 Le risque se situe donc autour de 95%.
48:50 95% de la Californie est moins exposée que cet endroit précis.
48:56 L'interface entre la forêt et les habitations y est trop faible.
49:03 Et les périodes de sécheresse trop fréquentes.
49:08 Voilà pourquoi nous estimons que cette commune est trop dangereuse pour que nous l'assurions.
49:15 Voici mon petit bunker.
49:35 J'ai quatre bouteilles remplies d'air comprimé.
49:41 Si je reste ici, je peux me passer de l'air extérieur pendant des heures.
49:48 Mais ma maison brûlerait.
49:52 Et dès que le pic serait passé, je devrais sortir pour éteindre le feu.
49:57 Enfin voilà, disons que c'est ma petite assurance.
50:01 Dans 90% des cas, cette installation ne me servira pas.
50:06 Mais si je l'utilise dans 1 à 5% des cas, ça peut me sauver la vie.
50:11 C'est pour ça que j'ai des bouteilles d'air comprimé et de l'eau.
50:16 Ça rassure ma famille.
50:19 Ou du moins, ça lui donne l'impression que papy a les choses en main.
50:24 Papy va s'installer devant son petit bunker.
50:28 Et manger une pizza.
50:31 J'ai aussi des tuyaux d'arrosage et un petit bidon d'essence.
50:35 Bref, je suis paré.
50:38 À Bonny Doon, les habitants assurent eux-mêmes leur vie.
50:42 Et reconstruisent par leurs propres moyens si nécessaire.
50:47 Lorsqu'on vit à Bonny Doon, au bord de la Meuse ou au Pakistan,
50:52 mieux vaut se faire entre les deux.
50:56 Mieux vaut se faire entre les deux.
51:00 Mieux vaut se faire entre les deux.
51:03 Mieux vaut se faire entre les deux.
51:06 Au cours de mon enquête, j'ai appris qu'il était difficile d'évaluer le risque d'une guerre,
51:11 d'une pandémie ou du changement climatique.
51:15 Pourtant, même ce genre de risque représente un bon modèle économique sur la planète finance.
51:21 Parce que les capitaux qui errent à travers le monde sont toujours en quête de nouvelles sources de profit.
51:29 On peut trouver ça pervers, mais depuis quelques années,
51:33 la demande en obligation catastrophe est nettement plus élevée que le nombre de catastrophes prévues.
51:47 Dans le prochain épisode de Planète Finance, nous nous intéresserons à un vendeur à découvert
51:53 qui s'enrichit quand un krach se produit.