• l’année dernière
Un ancien collègue de Gaëtane a divulgué ses photos intimes via un diaporama pour les montrer à ses autres collègues. Elle témoigne.

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Transcription
00:00 J'ai quitté ma boîte il y a quelques années et j'ai appris qu'un ancien collègue avait
00:02 trouvé sur un ordinateur qui m'appartenait au boulot des photos intimes et qu'il avait
00:06 décidé d'en faire un diaporama pour les montrer à d'autres collègues.
00:09 Il y a deux ans à peu près, j'ai reçu le SMS d'une ancienne collègue.
00:13 Elle m'apprend qu'un ancien collègue a trouvé des vidéos et photos intimes.
00:18 Il a repris un ordinateur que j'avais utilisé et que je pensais avoir nettoyé, qu'il a
00:22 fait un genre de diaporama en commençant par des photos plutôt classiques pour arriver
00:25 à des photos moins classiques on va dire.
00:28 L'idée c'était qu'il voulait montrer ce diaporama en allant au bureau de chaque collègue
00:32 et donc pour se foutre de moi tout simplement je pense.
00:34 Donc à ce moment là c'est la honte, la honte totale de se dire que des gens t'ont
00:39 vu dans cette situation là et la culpabilité.
00:42 Je me dis que c'est de ma faute si j'en ai arrivé là, si je n'avais pas laissé
00:45 ces photos sur l'ordinateur, si j'avais fait attention, si j'avais été plus pro.
00:49 En plus il y a mon conjoint apparemment certaines fois donc le culpabilisme pour lui aussi.
00:53 Je me dis qu'il n'avait rien demandé non plus.
00:54 Et je me demande pourquoi il a fait ça en fait, pourquoi il n'a pas tout simplement
00:57 supprimé le contenu.
00:59 Je ne sais pas comment se sont retrouvées ces photos et la vidéo sur l'ordinateur.
01:03 Je faisais de l'événementiel donc je prenais des photos avec mon téléphone, parfois appareil
01:07 photo, et l'ordinateur du travail je l'emmenais des fois chez moi pour travailler de chez
01:10 moi.
01:11 Il se peut que j'ai transféré sans le vouloir des photos, sans faire attention, même si
01:15 j'ai quand même essayé de supprimer tout ce qui n'avait aucun rapport avec la boîte
01:18 donc ça m'étonne.
01:19 Et la deuxième piste, ça m'arrivait d'aller sur mon cloud sur l'ordinateur puisque j'avais
01:23 des photos forcément à transférer, et il se peut que des photos se soient déversées
01:27 ou que mon cloud soit resté ouvert sur l'ordinateur et qu'il y ait accès.
01:30 Moi je pensais avoir supprimé mes mots de passe, ce genre de choses, mais peut-être
01:33 pas au final.
01:34 J'ai appris qu'il était possible de créer un dossier privé sur un ordinateur du travail
01:38 et de mettre des choses privées dedans et c'était que dans cette mesure là, on n'avait
01:41 pas le droit d'aller y chercher des choses on va dire, mais que si ça se retrouvait
01:44 ailleurs c'était un peu plus compliqué.
01:46 Mais bon quand bien même, c'est pas normal de les divulguer, on ne respecte pas le consentement,
01:50 personne ne devrait avoir à subir ce genre de choses.
01:52 Ça peut arriver à tout le monde, dans le sens où même moi je ne sais absolument pas
01:55 comment et quelles photos se sont retrouvées là-dessus, donc il ne faut pas pointer du
01:58 doigt les personnes à qui ça arrive.
02:00 On se met déjà suffisamment la pression, on se culpabilise nous-mêmes, on a honte
02:05 de dire "oui, elle avait qu'à pas mettre les photos, elle avait qu'à faire attention,
02:08 elle avait qu'à pas prendre de photos".
02:09 Ça revient à dire "elle avait qu'à pas mettre de jupe, elle avait qu'à pas dire
02:12 oui au mec pour prendre un verre, elle avait qu'à pas boire d'alcool".
02:15 Enfin voilà, c'est exactement pareil.
02:17 Le problème c'est pas nous, le problème c'est la personne qui divulgue les photos,
02:20 la personne qui commet l'acte en fait.
02:21 Il faudrait plus reprendre le comportement des gens qui font ça et remettre en question
02:25 ce qu'il a fait plutôt que moi ce que j'ai potentiellement fait et ce qui m'est
02:29 arrivé.
02:30 Du coup je décide de porter plainte et je suis reçu par une gendarme.
02:32 Jusque là tout se passe bien, elle est très professionnelle, elle me rassure.
02:35 Elle ne sait pas vraiment comment classer la plainte.
02:37 Elle décide d'appeler des collègues pour qu'ils puissent l'aider.
02:40 J'entends ce qu'elle dit évidemment et j'entends aussi ce qu'ils disent eux.
02:42 Le collègue au téléphone se met à rire et à se moquer de moi en fait, dans le sens
02:46 où il dit des choses comme "oh là là, j'y crois pas", "non, c'est pas possible",
02:50 "attends, répète ta machin parce que moi je peux pas lui dire c'est trop drôle".
02:54 Et elle essaie de leur dire d'arrêter de rire, qu'il ne faut pas rire, que ce n'est
02:57 pas drôle.
02:58 Que eux ils s'en foutent en fait, ils se marrent.
03:00 C'est un coup, c'est quelque chose que je n'avais pas ressenti depuis que j'avais
03:03 appris ce qui s'était passé.
03:04 Je me mets à fond dans la larme et j'ai l'impression que je comprends un peu ce qui
03:08 s'est passé quand je n'étais pas là, dans le sens où la réaction des gens quand
03:11 ils apprennent ce qui m'est arrivé en fait, c'est très dur.
03:14 Et ça me fait peur parce que je me dis, je porte plainte, c'est pas quelque chose
03:17 de simple.
03:18 On a peur des répercussions, de ce que les gens vont penser et on attend à avoir du
03:21 soutien, on est assez vulnérable.
03:23 D'autant plus qu'on se dit, ces gens-là, ils rigolent de ça eux aussi, ça les fait
03:26 rire donc ils auraient pu faire ça peut-être en fait.
03:28 Et là on se dit, mais est-ce que ma plainte va servir à quelque chose puisque les gens
03:31 chez qui je porte plainte pensent un peu de la même façon que la personne contre qui
03:35 je porte plainte.
03:36 J'ai appris récemment que ça avait été classé sans suite.
03:38 On se dit, l'importance qu'on donne à ce genre de cas, là c'est vraiment une
03:42 illustration parfaite.
03:43 Je trouve qu'il y a un gros souci avec la prise en charge des victimes, notamment
03:46 d'agressions et de violences sexistes et sexuelles, par la police.
03:49 Il y a encore trop de personnes qui ont peur de porter plainte.
03:52 Moi je l'ai vu en publiant cette histoire sur mon compte Instagram, un nombre de personnes
03:56 qui soit ont porté plainte et ça s'est mal passé, soit n'osent pas porter plainte.
04:00 Et l'idée c'était pas de leur faire peur en leur disant ce qui m'était arrivé,
04:03 mais de leur dire que moi aussi il m'était arrivé quelque chose comme ça et que c'est
04:06 pas normal.
04:07 C'est pas normal que quand on est victime, qu'on a besoin d'aide, on ait la boule
04:09 au ventre en se disant "comment je vais être reçue si j'ai décidé de témoigner ?"
04:13 C'est déjà dans un premier temps pour moi, parce que ça me permet de dire tout
04:16 haut ce qui s'est passé et comme je culpabilise encore beaucoup et que j'ai honte, ça va
04:20 peut-être me faire du bien de voir que je ne devrais pas avoir honte.
04:24 Et la deuxième raison c'est aussi parce que je sais qu'il y a beaucoup de gens à
04:26 qui c'est arrivé et que j'ai envie de leur dire que ce qu'ils ont vécu, s'ils
04:30 sentent que ça va pas, que c'est pas normal, c'est tout à fait logique.
04:33 C'est aussi ce que j'essaie de faire sur mon compte au quotidien, c'est de dénoncer
04:37 tout ça.
04:38 [Générique]

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