Soir Info (Émission du 01/08/2023)

  • l’année dernière
Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo

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00:00:00 Bonsoir à tous et bienvenue dans Soir Info été. On est ensemble pendant trois
00:00:04 heures avec moi pour m'accompagner Claude Badia. Bonsoir.
00:00:07 Bonsoir. Vous êtes philosophe agrégé de philosophie. On parlera de votre livre dans un
00:00:10 instant. Et Joseph Touvenel, bonsoir. Bonsoir Lovie. Vous êtes directeur de la
00:00:13 rédaction de Capital Social. Au sommaire de votre émission aujourd'hui on parlera
00:00:18 d'abord de Marseille. Un homme de 32 ans a été tué par balle dans la nuit de
00:00:22 dimanche à lundi. La piste du règlement de compte lié au trafic de stupéfiants
00:00:25 est privilégiée. Depuis le début de l'année, ce sont 29 personnes qui ont
00:00:29 perdu la vie dans des homicides sur fond de trafic de stupéfiants. Des chiffres
00:00:32 en hausse par rapport aux années précédentes et pourtant le président fait
00:00:36 de la cité fosséenne une priorité. Les renforts de police sont toujours plus
00:00:39 nombreux alors pourquoi ça ne fonctionne pas ? On parlera aussi de surpopulation
00:00:44 carcérale. Un nouveau record est tombé ce lundi après-midi. Le nombre de
00:00:47 personnes incarcérées dans nos prisons françaises avec une densité carcérale
00:00:51 globale qui s'établit à 122% contre 118,7% il y a un an. C'est un chiffre qui
00:00:56 est en constante augmentation. Avec ce nouveau pic, la France bat pour la
00:01:00 sixième fois en quelques mois son nombre record de détenus. On entendra notamment
00:01:04 la détresse de certains surveillants pénitentiaires. Et puis on parlera du
00:01:08 salaire des élus. Le nouveau patron du Medef, Patrick Martin, estime que ces
00:01:12 derniers ne sont pas assez payés, que la rémunération n'est pas du tout à la
00:01:15 hauteur de leur charge de travail. Alors cela crée une polémique entre ceux qui
00:01:19 abondent dans son sens dans un contexte où on sait les élus sont de plus en plus
00:01:22 souvent menacés, agressés, qu'ils ont subi aussi les émeutes. D'autres pensent
00:01:26 l'inverse. On fera le point loin des fantasmes aussi sur le salaire
00:01:29 mirobolant qu'imaginent parfois leurs administrés. Mais tout de suite c'est
00:01:32 l'heure du journal et c'est avec vous Simon Guillin. Bonsoir Simon. Bonsoir Elodie,
00:01:35 bonsoir à tous. Et on va commencer avec ce braquage. La bijouterie piagée située
00:01:39 rue de la paix à Paris a été braquée ce midi par trois hommes qui ont pris la
00:01:42 fuite. Le butin est estimé entre 10 et 15 millions d'euros. Heureusement personne
00:01:46 n'a été blessé au cours de ce braquage. On va faire le point sur les premiers
00:01:50 éléments d'enquête sur place avec Sara Fenzari et Olivier Genglove.
00:01:54 C'est aux alentours de midi que trois personnes, selon une source policière,
00:01:58 deux hommes habillés en costume et une femme en robe, sont entrés dans cette
00:02:02 bijouterie de luxe située dans le deuxième arrondissement de Paris, munie
00:02:05 d'une arme de poing, un silencieux. Ils se sont emparés de bijoux exposés en
00:02:10 vitrine ainsi que de se placer dans le coffre du bijoutier avant de repartir
00:02:15 vraisemblablement à pied puis sur un deux roues. Aucune personne n'a été
00:02:19 blessée durant les faits. Le montant du préjudice est estimé pour l'instant
00:02:23 entre 10 et 15 millions d'euros. Le parquet de Paris a saisi la brigade de
00:02:27 répression du banditisme d'une enquête en flagrance pour vol à main armée en
00:02:32 bande organisée et séquestration en bande organisée. Le dernier vol à main
00:02:36 armée d'une bijouterie de luxe dans la capitale remonte seulement au 29 avril
00:02:40 dernier, à deux pas de là où je me trouve sur la place Vendôme.
00:02:43 Je vous le disais dans le sommaire, nouveau record historique du nombre de
00:02:47 détenus en France. La barre des 74 000 prisonniers a été franchie.
00:02:51 Au 1er juillet le ministère de la justice a recensé 74 513 personnes
00:02:56 incarcérées en France contre 73 699 le mois précédent.
00:03:01 Avec ce nouveau pic inédit, la France bat pour la sixième fois en
00:03:04 seulement quelques mois son nombre record de détenus. Le sujet de Raphaël,
00:03:08 Lazareg et Corentin Brion. Jamais la France n'a compté autant de
00:03:13 détenus dans ses prisons. Selon le ministère de la justice, 74 513
00:03:19 personnes sont actuellement derrière les barreaux alors que l'administration
00:03:22 pénitentiaire n'accueille que 60 666 places. Avec ce nouveau pic, la France bat
00:03:28 pour la sixième fois en quelques mois son nombre record de détenus.
00:03:31 Vous avez effectivement des détenus aussi qui se plaignent de leur condition
00:03:35 d'incarcération. Pourquoi ? Parce que vous avez des détenus qui sont obligés des
00:03:39 fois de dormir à même un matelas au sol. Donc oui, la prise en charge est
00:03:43 malheureusement diminuée. La surpopulation est un problème pour les
00:03:47 détenus et pour les surveillants en charge de leur sécurité.
00:03:50 Les surveillants font le double de travail qu'ils devraient faire au
00:03:53 quotidien aujourd'hui dans des conditions parfois indignes, parfois inhumaines avec
00:03:59 des rythmes de travail infernaux. Mes collègues sont en très grande souffrance
00:04:02 dans les établissements. La hausse est plus importante que lors des précédents
00:04:06 records avec 814 détenus de plus en un mois. Au total, il y a près de 2500
00:04:11 détenus de plus qu'au 1er juillet 2022. Le mystère autour de la disparition du
00:04:16 petit Émile reste entier trois semaines après la disparition de l'enfant de deux
00:04:21 ans et demi. Les chiens et drones sont de nouveau déployés au Vernet. Les
00:04:24 enquêteurs arpentent pour le moment la commune dans un rayon de 5 km.
00:04:28 Solène Boulan.
00:04:30 La semaine dernière, le garçonné de deux ans et demi reste introuvable.
00:04:37 Après une pause ce week-end, elles ont repris ce lundi comme prévu.
00:04:41 Le périmètre des investigations a été élargi au-delà de cinq kilomètres.
00:04:45 Les enquêteurs sont désormais accompagnés de sept chiens spécialisés
00:04:49 dans la recherche de corps sans vie. Un drone qui permet d'explorer à distance
00:04:53 des zones difficiles d'accès a également été déployé. Les
00:04:56 investigations doivent permettre de vérifier qu'aucun corps ne se trouve
00:04:59 autour du hameau. Pour rappel, une information judiciaire a été ouverte le
00:05:04 18 juillet dernier pour rechercher la cause de la disparition du petit garçon
00:05:07 qui s'est volatilisé le 8 juillet. L'arrêté municipal interdisant aux
00:05:11 riverains d'accéder au hameau a été prolongé. Les recherches devraient quant à
00:05:15 elles se poursuivre jusqu'à jeudi soir mais à ce stade de l'enquête, les chances
00:05:19 de retrouver le petit garçon vivant dans cet environnement sont quasi nulles.
00:05:23 Dix jours après le meurtre d'Enzo, le village de La Haëme-à-l'Herbe est encore
00:05:27 sous le choc, Simon. "Adolescent de 15 ans qui a été tué d'un coup de couteau
00:05:31 pour un simple regard, certains riverains dénoncent le manque
00:05:34 d'intérêt de l'État pour cette affaire. Mathilde Couvillère-Flornois et Fabrice Elsner."
00:05:38 Dix jours après le meurtre d'Enzo, les stigmates sont toujours présents
00:05:43 à La Haëme-à-l'Herbe. "Ca a choqué tout le village, malheureusement c'est des jeunes
00:05:47 qui sont en adolescence, un petit groupe de jeunes qui chez nous, ça se passe toujours très bien."
00:05:52 "Il n'y a jamais eu de problème, moi je traîne souvent à La Haëme-à-l'Herbe, je ne me suis
00:05:56 jamais senti en danger." Et l'émotion aussi, cette amie d'Enzo mort dans ses
00:06:01 bras témoigne de la scène d'horreur qu'elle a vécue. "Je me souviens que je
00:06:05 marche vers lui, il me regarde en tournant la tête et il me dit "Camille je
00:06:09 vais pas tenir" et cette phrase j'ai compris ce qu'il voulait dire parce qu'il
00:06:13 avait perdu mais tout son sang n'a rien de tant. Je sais qu'il est
00:06:19 mort devant moi donc je sais très bien qu'il n'est plus là mais j'arrive pas à y croire."
00:06:24 Surnommé Bézot par ses amis et sa famille, Enzo n'avait que 15 ans
00:06:28 lorsqu'il a été poignardé à la cuisse et au thorax. Pour le maire de la ville, le
00:06:33 meurtre du jeune homme a trop vite été oublié, en cause la situation
00:06:36 géographique du village. "On peut dire qu'on est délaissé effectivement, si ça
00:06:41 avait été dans une grande ville sans doute qu'on en aurait parlé beaucoup
00:06:44 plus. Je sais que la maman aurait voulu un soutien de la part de l'état, ne serait-ce
00:06:48 qu'un coup de téléphone, un appel." Une pétition pour une justice exemplaire à
00:06:53 destination du garde des Sceaux a été lancée, elle a déjà recueilli plus de
00:06:57 25 000 signatures. Plusieurs changements sont à prévoir en ce premier route.
00:07:03 On a parlé du ticket de caisse à l'allocation de rentrée scolaire en passant par le prix de
00:07:07 l'électricité, tout ce qu'il faut savoir avec Maxime Lavandier et Donia Tencourt.
00:07:12 C'est sans doute la nouvelle qui va impacter le plus les français ce mardi.
00:07:16 L'augmentation de 10% des tarifs réglementés de l'électricité,
00:07:20 elle concerne les ménages et les petites entreprises. Une hausse qui intervient
00:07:24 après celle de 15% au mois de février dernier. Objectif pour l'exécutif, la fin
00:07:29 progressive du bouclier tarifaire d'ici fin 2024.
00:07:32 Des meilleures nouvelles côté épargne, le taux du livret A est finalement
00:07:36 maintenu à 3% et ce jusqu'à début 2025. Le livret d'épargne populaire quant à
00:07:41 lui va bientôt voir son plafond passer de 7500 euros à 10 000 euros.
00:07:45 Enfin le taux d'intérêt passe de 6,1% à 6% cette année.
00:07:49 Qui dit rentrée scolaire dit dépenses, l'allocation de rentrée scolaire sera
00:07:54 versée dès ce mardi à Mayotte et à La Réunion. Pour la métropole, la date est
00:07:58 fixée au 16 août. Cette année les montants ont été revalorisés de 5,6%
00:08:03 par rapport à l'année dernière. Ce mardi acte également la fin du ticket de
00:08:07 caisse imprimée, une mesure écologique qui concerne également les reçus de
00:08:11 cartes bancaires. Le client pourra toutefois demander une facture s'il le
00:08:15 souhaite. La date limite de déclaration à des
00:08:17 biens immobiliers une nouvelle fois repoussée.
00:08:19 Oui le ministère de l'économie a annoncé aujourd'hui la date du 10 août
00:08:23 comme date limite de déclaration des biens immobiliers.
00:08:25 L'objectif est de permettre à tous les propriétaires une déclaration sereine
00:08:30 et d'assurer une juste taxation des contribuables.
00:08:32 Il s'agit déjà du troisième report de cette campagne de déclaration.
00:08:36 Et ce mardi marque aussi la fin des soldes d'été. La date de fin initialement était
00:08:40 prévue au 25 juillet mais elle a été repoussée en soutien aux commerçants
00:08:44 impactés par les émeutes du mois dernier.
00:08:45 Oui un bilan assez mitigé cette année pour les commerçants. Certains ont très
00:08:49 bien marché, d'autres un petit peu moins. On va écouter l'analyse de Francis
00:08:53 Poulombier. Il est président de la Confédération des commerçants de France.
00:08:56 Les enseignes dans les centres commerciaux ont bien travaillé. Les
00:09:02 secteurs qui représentent les villes de plage, les villégiatures, les villes de
00:09:09 vacances ont très très bien travaillé. En centre-ville ça s'est avéré moins
00:09:14 bon. Dans les périphéries également. Donc ce sont des soldes partagés. C'est un
00:09:20 peu normal parce que les soldes, compte tenu de leur déroulement, compte tenu des
00:09:27 promotions sans arrêt toute l'année, y compris via le e-commerce, les grandes
00:09:34 enseignes e-commerce, les soldes arrivent presque après la bataille avec
00:09:40 toute une saison qui s'est faite sur des promotions, sur du black friday, sur des
00:09:46 ventes privées, etc. La France évacue ses ressortisants au Niger une semaine
00:09:52 après le push. Trois avions dont deux Airbus A330 d'une capacité de plus de
00:09:56 200 passagers ont atterri à l'aéroport civil de Niamey. Sachez qu'un premier
00:10:00 avion a décollé ce soir avec 262 personnes à bord.
00:10:04 L'atterrissage de ces avions sur le sol français est prévu dans la nuit. On va
00:10:08 en parler avec Harold Diman, notre spécialiste des questions
00:10:11 internationales à CNews. Harold, c'est une vraie évacuation qui se déroule en ce
00:10:15 moment ? Oui mais ce n'est pas tout à fait une opération de la dernière chance
00:10:19 faite dans la peur d'un dérapage. Les résidents français se rendent par leurs
00:10:25 propres moyens à l'aéroport civil sans être menacés ni entravés par des
00:10:30 Nigériens et donc il n'y a pas de patrouille de soldats français à leur
00:10:34 recherche dans les rues de Niamey. Mais l'attaque le 30 juillet contre
00:10:38 l'ambassade a suffi à rendre la sécurité des français risqués. Le moment
00:10:44 d'évacuer était donc venu selon le Quai d'Orsay. Dans le même temps, le
00:10:49 gouvernement français ne veut pas donner l'impression de braver militairement la
00:10:53 junte. Certes il y a 1500 soldats français dans le pays mais ils restent
00:10:58 cantonnés à leur base à côté de Niamey lorsqu'ils ne combattent pas les
00:11:03 terroristes sur le terrain, ce qui est leur véritable mission.
00:11:07 Alors l'on embarque les français, les européens et d'autres nationalités
00:11:11 encore. Le gouvernement italien a envoyé son propre avion à Niamey. Le
00:11:16 gouvernement américain quant à lui n'a pas annoncé sa propre opération et
00:11:21 compterait sur les avions français pour évacuer certains américains. Le
00:11:25 gouvernement allemand s'en remet aux avions français. Les civils européens
00:11:29 seront partis avant l'ultimatum émanant des états de l'Afrique de l'Ouest
00:11:34 exigeant le retour au gouvernement démocratiquement élu.
00:11:39 Merci beaucoup Harold Yman pour toutes ces dernières informations. Un point sur
00:11:44 ce qui se passe maintenant. En Chine au moins 20 personnes sont mortes et 19
00:11:47 disparues dans les pluies diluviennes qui frappent Pékin et la province
00:11:51 voisine. Des inondations qui ont tout simplement submergé des routes et coupé
00:11:55 des voies de communication. Depuis vendredi la tempête balaye la
00:11:58 Chine du sud-est vers le nord. En 40 heures seulement la capitale chinoise a
00:12:02 vu tomber l'équivalent des précipitations moyennes de tout un mois
00:12:05 de juillet. Les journées mondiales de la jeunesse ont commencé aujourd'hui à
00:12:09 Lisbonne. À l'arrivée du pape François sur place des dizaines de milliers de
00:12:13 jeunes fidèles affluent vers cette capitale portugaise.
00:12:16 Il s'agit du plus grand rendez-vous catholique international qui devrait
00:12:20 rassembler un million de personnes d'ici la fin de la semaine.
00:12:22 Alors qu'est ce qui motive ces jeunes à se rendre sur place ? On va écouter ce
00:12:26 témoignage de Roméo qui est justement à Lisbonne.
00:12:29 Ce qui m'a motivé c'est GMJ. Je ne les vis pas comme une parenthèse dans ma vie mais plutôt
00:12:35 comme un déploiement. J'ai 20 ans et le fait de se retrouver
00:12:40 avec des centaines de milliers de personnes à Lisbonne autour du
00:12:46 pape, plus d'un million de jeunes du monde entier catholiques,
00:12:50 c'est un vrai déploiement dans ma vie, dans ma vie de foi.
00:12:57 Je les vis vraiment comme un moment important pour moi d'un point de vue
00:13:04 personnel. Dans l'ouest de la France et notamment sur les côtes, le début de
00:13:09 saison touristique est plutôt décevant Simon. Après deux mois de soleil au mois
00:13:13 de mai et au mois de juin, la météo a radicalement changé. La fréquentation
00:13:16 est en forte baisse. C'est par exemple le cas à La Baule. Le
00:13:19 reportage sur place signé Jean-Michel Decaze avec Michael Chahot.
00:13:23 Jusqu'à la première semaine de juillet, tout allait bien. Depuis, le temps est
00:13:28 détraqué. Vent, pluie, les perturbations se succèdent sur les côtes de l'ouest
00:13:32 comme ici à La Baule. Nous on est normands donc on est un petit peu habitués, mais pas au
00:13:38 mois de juillet. Juillet et août c'est quand même catastrophique et dommage
00:13:42 pour nous qui sommes en vacances entre amis.
00:13:44 Vous vouliez échapper aux fortes chaleurs ?
00:13:47 Et bien oui, et bien là c'est réussi. Résultat, la fréquentation touristique
00:13:53 a baissé de 22%. Les nuits d'hôtel sont en recul de 17%. Les excursions perdent 11%.
00:14:00 Juin on a eu un super temps et juillet c'est vrai que la météo n'aide pas. Donc les
00:14:05 gens font très attention. C'est sûr le pouvoir d'achat, le panier moyen est
00:14:09 totalement différent. C'est plutôt la même chose.
00:14:11 C'est en baisse ? C'est en baisse, absolument. Je pense que les gens sont avec des séjours
00:14:16 plus courts ou à la journée. Est-ce que la météo de ces derniers jours
00:14:20 y est pour quelque chose ? Oui, quand on est au bord de la mer, on veut qu'il fasse beau.
00:14:23 Alors dès qu'il fait plus beau, on s'en va. Ça ne dure jamais très longtemps.
00:14:25 Peut-être que là on est parti sur une période un peu plus longue, je crois,
00:14:29 de temps incertain. Mais non, c'est surtout qu'il fait beaucoup plus frais.
00:14:34 Selon Météo France, le grand soleil doit réapparaître à partir du 10 août.
00:14:39 Et pour continuer à parler vacances, cet été sur les plages, vous pourriez bien
00:14:44 croiser l'un des membres du gouvernement. Même s'il doit rester bien sûr disponible
00:14:48 et ne pas trop s'éloigner de la capitale, les ministres ont pour la plupart choisi de
00:14:53 se reposer dans le sud de la France cette année. Alors quelles sont les destinations
00:14:56 pour cet été pour les ministres ? Élément de réponse avec Mathilde Ibanez.
00:15:00 Les vacances pour les membres du gouvernement ont commencé et c'est dans le Var,
00:15:06 à Brigues-en-Soult, qu'Emmanuel Macron et son épouse ont posé leur balise pour une quinzaine
00:15:11 de jours. Comme lui, Elisabeth Borne ou encore Olivier Véran sont partis se reposer dans la
00:15:16 région. Bruno Le Maire, quant à lui, a décidé de partir prendre le soleil sur la Côte Basque.
00:15:20 Clément Beaune ou encore Catherine Colonna sont partis en Corse. Et Éric Diop pour Moretti,
00:15:25 dans les Alpes-Maritimes. Des vacances studieuses pour les ministres puisque,
00:15:29 comme chaque année, les membres du gouvernement se doivent de rester à deux heures de Paris,
00:15:33 d'être joignables, d'être en veille activée et surtout d'être mobilisables.
00:15:37 Gérald Darmanin, lui, est en vacances dans les Bouches-du-Rhône mais il est attendu le 15 août
00:15:42 prochain pour un déplacement officiel en Polynésie française pour l'organisation des JO 2024.
00:15:48 La rentrée des classes pour les membres du gouvernement se fera en tout cas le 23 août
00:15:52 pour le Premier Conseil des ministres. Voilà pour l'essentiel de l'actualité.
00:15:57 Je vais y arriver. Merci beaucoup Simon. On vous retrouve à 22h pour un point sur l'actualité.
00:16:01 A tout à l'heure Simon marque une courte pause et on se retrouve avec l'invité de Soir Info.
00:16:06 On parlera notamment des élus et de leur rémunération. A tout de suite.
00:16:08 De retour dans Soir Info avec mon invité de ce soir, François Ouziaud. Bonsoir.
00:16:17 Vous êtes maire d'hiver droite de Vernon, président délégué de Seine-Normandie
00:16:21 agglomération et conseiller régional de la région Normandie. Je voulais vous avoir ce soir
00:16:25 pour vous faire réagir notamment aux propos du patron du Medef Patrick Martin ce matin dans
00:16:29 la presse quotidienne régionale. Il parle notamment du salaire des élus. Il dit "ceux-ci, nos élus
00:16:34 politiques ont des rémunérations qui ne sont pas à la hauteur de leur charge de travail, de leur
00:16:38 exposition médiatique et des risques réputationnels et judiciaires qu'ils encourt". Ma première
00:16:43 question est relativement simple et je pense connaître la réponse. Est-ce que vous êtes
00:16:45 d'accord avec ce qu'il a dit ? A 100% d'accord. Je trouve ça bien que ce soit la société civile,
00:16:50 qu'ils le disent, parce que si ça avait été un politique forcément ça aurait été interprété
00:16:54 différemment. On aura encore crié au scandale mais que ça vienne de la société civile c'est bien,
00:16:58 surtout après les années qu'on vient de traverser. Gilles Jaune, Covid, encore récemment les émeutes,
00:17:04 moi et un certain nombre de mes collègues maires on a passé un certain nombre de nuits blanches
00:17:08 ces dernières semaines avec des bâtiments brûlés, avec tout un tas de gestion récurrente à opérer
00:17:15 dans nos communes qui nous prennent quand même beaucoup de temps. Et il faut le dire,
00:17:18 depuis aussi un certain nombre d'années, une vraie crise de l'engagement, aussi bien associatif
00:17:23 que politique d'ailleurs. Justement sur cet engagement, parce qu'on peut imaginer qu'aujourd'hui
00:17:27 vous l'avez dit, vous êtes beaucoup mobilisé, il y a eu Gilles Jaune, Covid, émeutes, etc. Est-ce
00:17:32 qu'aujourd'hui aussi la rémunération va dans le sens de "on est beaucoup plus sollicité,
00:17:36 on en demande beaucoup plus aux maires, on est beaucoup plus menacé, parfois violenté". Donc
00:17:40 la logique veut que la rémunération peut-être aussi augmente avec les risques et avec l'importance
00:17:45 que ça prend sur vos temps forcément. C'est sans doute une des explications, mais au final,
00:17:50 même avant les Gilets Jaunes, même avant le Covid et même avant les émeutes, le quotidien
00:17:54 d'un maire est quelque part... Je ne suis pas forcément le plus représentatif parce que je
00:17:57 suis maire d'une commune de 25 000 habitants, donc j'ai une équipe municipale assez étoffée,
00:18:02 j'ai des agents, je suis à la tête d'une petite administration, je dirais même d'une moyenne
00:18:05 entreprise, j'ai 400 agents. Mais je pense surtout au nombreux, à l'immensité de maires ruraux,
00:18:11 de villages, qui sont souvent 2, 3, 4 dans leur conseil municipal, à gérer le quotidien d'un
00:18:18 village de 400, 500 habitants, à gérer les chiens errants, à gérer des violences intra-familiales
00:18:23 avec la gendarmerie, à gérer des tontes de haies ou de pelouses comme ça pour justement améliorer
00:18:30 entre guillemets le cadre de vie de leurs habitants. Ils font tout en fait, c'est des
00:18:33 vrais couteaux suisses. Et eux pour le coup, ils sont très mal payés et ils n'ont personne pour
00:18:36 les seconder. Et justement, parce que ces élus, on avait ce matin un représentant des maires
00:18:40 ruraux de France qui disait en fait beaucoup aussi, sont bénévoles, ça leur demande un temps fou,
00:18:44 ils ne peuvent pas abandonner leur travail pour du bénévolat. Est-ce qu'on a aussi un peu oublié
00:18:49 qu'être élu, c'est certes un mandat, pas un métier ou une profession, mais ça demande de l'engagement
00:18:53 du temps et donc logiquement, il doit y avoir une rémunération. On ne peut pas dire à un élu,
00:18:56 vous êtes bénévole, donc gardez un travail à temps plein, mais vous passez autant d'heures
00:19:00 sur le terrain. Je fais partie des élus qui pensent que si on veut le faire bien, il faut
00:19:03 arrêter toute forme d'activité à côté. En tout cas, quand on a un certain nombre de responsabilités.
00:19:07 Moi, j'ai fait le choix en plus d'aller chercher d'autres mandats pour avoir entre guillemets,
00:19:11 plus de leviers, plus de manettes pour opérer un certain nombre de changements dans ma commune,
00:19:15 à la région, à l'agglomération. Donc ça fait trois mandats indemnisés, c'est vrai,
00:19:20 mais à côté, impossibilité d'avoir une activité professionnelle. Ceux qui cumulent en général,
00:19:25 dans des villes moyennes, une activité professionnelle en plus de celle de leur
00:19:28 mandat. En général, le contrat a duré déterminé et révolu au bout de six ans par les électeurs,
00:19:34 parce qu'en fait, on fait tout à moitié. Ça ne marche pas. Par contre, effectivement,
00:19:38 pour des élus qui sont dans une deuxième partie de vie, moi, j'ai commencé tôt. On a un certain
00:19:42 nombre à avoir commencé en 2014 de ma génération. Donc, en fait, on a fini nos études, on a une
00:19:48 activité professionnelle pendant quelques années et très vite, on est tombé dans la marmite de la
00:19:51 politique et on aura sans doute une seconde vie. Mais une autre génération d'élus, eux,
00:19:55 pour le coup, ont eu une première vie professionnelle dans le privé ou ailleurs et ensuite,
00:19:59 ont terminé maire de leur village, etc. Et là, pour le coup, c'est vrai qu'ils sont quand même
00:20:04 assez seuls et on revient très régulièrement. Et pour le coup, je pense que le patron du Menef a
00:20:09 été sur le sujet des indemnités, alors que très régulièrement, depuis longtemps, on va sur le
00:20:13 statut de l'élu, notamment sur ses responsabilités. On est responsable de tout quand même dans notre
00:20:18 commune. Finalement, si jamais il y a un problème sur un terrain de sport ou autre, la jurisprudence
00:20:24 a évolué. Elle nous a quand même protégés, mais on est obligé de prendre des assurances. Et très
00:20:27 vite, on peut se retrouver aussi dans la lessiveuse médiatique sur tout un tas de sujets. Et encore
00:20:32 une fois, on peut compter quand même en général sur nous-mêmes. Et je voudrais qu'on parle aussi
00:20:37 un petit peu rapidement, malheureusement, des violences, parce que les violences contre les
00:20:40 maires, notamment, on le sait, elles sont en hausse. Ce sont les chiffres de l'Association
00:20:43 des maires de France, en hausse de 15% l'an dernier, environ 1500 agressions de maires.
00:20:47 Dans les détails, ce sont 50% des élus qui sont victimes d'outrages, 40% de menaces et 10% de
00:20:53 violences volontaires. On parlait tout à l'heure de la crise de l'engagement. Ces chiffres, forcément,
00:20:56 quand on veut s'engager aujourd'hui aux politiques ou même quand on y est déjà, ça fait quand même
00:21:00 réfléchir. C'est-à-dire qu'on se dit potentiellement, demain, je vais être insulté, menacé, voire
00:21:05 agressé. Et encore, on parlera dans un instant de l'aile rose aussi. Effectivement. Alors, vous
00:21:11 allez y venir. L'exemple le plus onlématique de ces dernières semaines, c'est Vincent Gembra,
00:21:15 effectivement. Mais en fait, il y en a plein des Vincent Gembra. Il a fait l'une d'actualité
00:21:18 parce qu'il y avait un maman d'émeute. Mais on retourne quelques années auparavant, en 2019,
00:21:24 un maire, le maire de Signes, dans le Var, qui s'oppose juste à des personnes qui font des dépôts
00:21:29 sauvages et tués. Il est bousculé avec, je crois, une camionnette et il meurt, il succombe de ses
00:21:35 blessures. Et c'est d'ailleurs suite à cela qu'il y a eu une loi pour réformer un peu le statut de
00:21:39 l'élu qui s'appelle Engagement et proximité, qui avait été portée par le ministre des collectivités
00:21:42 territoriales de l'époque, Sébastien Lecornu. Mais pendant l'épisode Gilets jaunes, aussi,
00:21:46 pour le coup, c'était les parlementaires qui étaient un peu plus dans le collimateur,
00:21:49 notamment des Gilets jaunes. Et moi, je me rappelle, dans mon département, dans l'heure,
00:21:53 qui fait aussi l'une de l'actualité sur le sujet d'Enzo, et là, pour le coup, les élus sont aussi
00:21:58 en première ligne, ils doivent gérer. Et se sentent assez seuls. J'ai cru comprendre, mais pour
00:22:02 le coup, en tout cas, nous, on est très solidaires du maire concerné. Pendant l'épisode Gilets jaunes,
00:22:08 je me rappelle de parlementaires de l'heure qui ont vu débarquer devant chez eux quand même des
00:22:13 personnes avec des fusils menaçant leur famille. Donc, il y avait quand même un climat de tension
00:22:18 très fort et on voit bien qu'à part avoir le soutien de la brigade de gendarmerie du coin ou
00:22:24 du commissariat, c'est quand même effectivement, en général, assez compliqué. Mais je note aussi,
00:22:28 depuis déjà en 2020, et pour le coup, on a vu seulement l'épisode Gilets jaunes, un maire sur
00:22:33 deux ne se représentait pas en 2020. Et là, j'ai pris les chiffres avant de venir, depuis 2020,
00:22:38 vous avez 1300 maires qui ont démissionné, 800 adjoints et 3000 conseillers municipaux en trois
00:22:43 ans. Donc, il y a vraiment une crise démocratique. Avec une difficulté aussi souvent de les
00:22:48 remplacer, c'est-à-dire que ceux qui potentiellement sont en fin de liste, qui pourraient prendre des
00:22:52 mandats, n'en ont pas envie non plus. Non, mais parfois, vous avez même aussi des parlementaires
00:22:57 qui deviennent ministres ou qui auraient pu devenir ministre, mais ils ne le deviennent pas
00:23:01 parce que leur suppléant n'a pas envie de devenir parlementaire. On l'a vu récemment. Vous voyez,
00:23:05 au final, ça fait quand même un peu peur, ça donne un peu le tournis de devenir élu. Objectivement,
00:23:10 ce n'est pas donné à tout le monde. Quoi qu'on en dit, c'est quand même un métier. Ça prend
00:23:13 beaucoup de temps, c'est 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Il n'y a pas de soirée, il n'y a pas de
00:23:18 week-end. On est régulièrement dérangé la nuit. Encore une fois, je ne veux pas que... On n'est
00:23:21 pas là pour se faire plaindre. C'est un tableau de votre quotidien. Vous êtes pas en train de
00:23:24 vous plaindre. On l'a choisi. On l'a choisi. On a été devant les électeurs et on a eu mandat et
00:23:28 parfois même, comme dans mon cas, on a été renouvelé. Mais c'est vrai qu'un peu de considération,
00:23:34 le ministre de l'Intérieur disait que les policiers voulaient du respect, un peu de reconnaissance,
00:23:38 un peu de considération pour les élus locaux. Et j'insiste, je ferais juste une différence entre
00:23:42 les élus locaux, qui sont quand même des dizaines et des dizaines de milliers, et les parlementaires.
00:23:47 Parce que souvent, et j'ai autant de respect pour les parlementaires, mais on met les parlementaires
00:23:51 et les élus locaux dans le même panier. Or, c'est vrai, les parlementaires ont un salaire
00:23:56 confortable, mais qui les met aussi à l'abri de toute forme de corruption. C'est comme ça aussi
00:24:01 que ça a été imaginé à l'époque, qui est loin de celui de la plupart des élus municipaux, des élus
00:24:07 communautaires et des élus départementaux ou régionaux. Donc quand j'entendais à l'époque
00:24:11 des Gilets jaunes que les parlementaires gagnaient 20 000 euros déjà, c'est archi faux. Vous savez
00:24:15 qu'il y a des histoires d'enveloppe, de collaborateurs... Oui, on est à 7 000 euros en moyenne,
00:24:18 sachant qu'il faut pondérer. Brut. Oui, brut. Et parce que ça fait monter la moyenne parce que
00:24:21 les présidents de groupes, de commissions sont bien mieux payés. On est sur une moyenne. Mais
00:24:25 beaucoup de Français pensent qu'un maire d'une ville moyenne a un chauffeur, un pool de dix
00:24:29 secrétaires, une maison secondaire, que mes costumes sont payés par la contribuable, que la blanchisserie
00:24:37 est aussi payée par la contribuable. Tout ça est archi faux. Donc aussi, il faut s'y profiter de ce
00:24:41 type de sortie, et notamment celle du patron du Menef, pour tordre le cou à toutes ces idées
00:24:45 reçues. Non, c'est archi faux. Justement, je voulais vous interroger là-dessus, parce que dans
00:24:49 les réactions de ceux qui disent, notamment qu'on a rencontré dans la rue, on le verra dans un instant,
00:24:52 de ceux qui disent que vous êtes trop payés, il y a aussi beaucoup de fantasmes. Quand on reprend
00:24:56 les chiffres, on parle en brut. 1026 euros pour les élus de communes de moins de 500 habitants.
00:25:01 Pour les communes de plus de 100 000 personnes, on est à 5 837. Alors, bien sûr que pour les
00:25:06 Français qui nous regardent, qui n'arrivent pas à boucler les fins de mois, ça peut représenter
00:25:08 une somme. Et pardon, je vais faire un comparatif un peu idiot par rapport à un footballeur ou un
00:25:12 acteur. Vous n'y êtes pas non plus. Avant de venir, je me faisais la même réflexion. On ne fait
00:25:16 jamais le procès des footballeurs et des sommes qu'ils gagnent. Au contraire, on les alimente.
00:25:19 Parce qu'en plus, pour des personnes qui viennent du privé, quand vous êtes à ce prix-là,
00:25:22 il y a beaucoup de maires aussi qui, abandonnant un poste dans le privé, perdent beaucoup de pouvoir
00:25:25 d'achat. Absolument. Alors justement, peut-être que si le patron du Menef opérera une réflexion,
00:25:29 vous savez que les entreprises permettent aussi de libérer un peu de temps et d'heures pour se
00:25:34 consacrer à des activités politiques. Mais c'est quand même assez compliqué et c'est parfois mal
00:25:39 vu dans l'entreprise. Donc au final, peu le font. Gérer à la fois des postes à responsabilité type
00:25:45 cadre et en même temps être maire ou maire adjoint d'une ville moyenne, c'est quand même
00:25:48 très compliqué. Là, il faut en avoir sous le pied. On ne fait pas 35 heures. Je ne critique
00:25:52 pas pour autant ceux qui font 35 heures, mais on en est très loin. Très, très loin. Et donc
00:25:56 effectivement, si on compare par rapport à un salaire de cadre, on est souvent en dessous.
00:26:00 Oui, évidemment. Et vous parliez tout à l'heure de ceux qui ont déjà démissionné pendant ce mandat.
00:26:05 Mais il y a un sondage de l'IFOP qui a été publié en novembre dernier. 55% des maires pensaient ne
00:26:10 pas briguer un nouveau mandat. On est à plus de la moitié. Parfois, il y a des histoires d'âge,
00:26:14 des personnes qui ont commencé tôt, etc. Mais on voit que là, si on a 56% des maires, 55% des maires
00:26:20 qui ne se représentent pas, dans certaines communes, personne ne veut prendre la suite.
00:26:23 Mais c'est déjà arrivé plein de fois. Et c'est vrai que déjà en 2020, le contexte, il y avait le
00:26:29 début du Covid, il y avait eu l'épisode Gilets jaunes. C'était déjà très compliqué, mais
00:26:33 constitue une liste par rapport à un certain nombre de strates de population. Par exemple,
00:26:38 dans ma commune, c'est 35 noms à trouver à parité. Ce n'est pas chose aisée. Et c'était déjà
00:26:43 effectivement problématique en 2020 pour un certain nombre de mes collègues. Je pense que
00:26:47 ça le sera de nouveau en 2026. Donc attention, parce que pour moi, il y a eu urgence démocratique
00:26:52 à revaloriser le statut de l'élu, les indemnités d'une manière ou d'une autre, mais surtout pour
00:26:57 les premières strates, encore une fois, parce que l'immensité des 36 000 communes, ce n'est pas
00:27:01 la taille de la mienne. Bien sûr, c'est des toutes petites communes rurales. C'est les villages. Et
00:27:06 400 euros par mois pour être le maire, le médecin, le curé, le confidant, le jardinier, le confidant,
00:27:14 tout ce que vous voulez, c'est là pour le coup, c'est une honte. Moi, j'ose le dire, c'est une
00:27:19 honte. Quand on est sur des strates de 10, 20, 40 000 et qu'on a effectivement un certain nombre
00:27:25 de collaborateurs, mais par rapport à d'autres pays, j'en parlais tout à l'heure avec monsieur
00:27:29 Envenant, par rapport à d'autres pays, on n'est aussi pas très bien entouré en termes de
00:27:32 collaborateurs. On a très peu de possibilités d'embaucher du monde autour de nous. Mais
00:27:37 effectivement, on a quand même une administration des fonctionnaires territoriaux dans les villes
00:27:41 moyennes et dans les métropoles qui font que les villes tournent quand même. Après, les
00:27:46 orientations politiques, elles sont décidées par nous. Et puis, quand il y a des drames, incendies,
00:27:50 accidents de la route, c'est nous qui sommes en première ligne. Effectivement, ce n'est pas nos
00:27:54 administrations, même si elles gèrent évidemment la situation d'urgence sur le terrain.
00:27:57 J'ai relâché l'expression que j'aime bien, il dit souvent que les maires sont à portée d'engueulades.
00:28:01 Voilà, on trouvait, c'est ce que je veux dire, à portée d'engueulades, bon, ça peut être un peu
00:28:05 bon enfant, mais le problème, c'est qu'on est passé du maire qu'on croise dans la rue et qu'on
00:28:09 "engueule" pour reprendre les mots du président du Sénat, à l'élu avec lequel on n'est pas d'accord
00:28:13 et qu'on agresse. Et ça, c'est quand même un changement. On sait que le maire est l'élu
00:28:17 préféré des Français et parfois on a l'impression que c'est aussi l'élu le plus délaissé par l'État.
00:28:21 Je lisais un article pas longtemps dans la presse nationale qui disait qu'il y avait encore deux
00:28:25 métiers qui avaient de la considération aux yeux des Français, c'était le maire et le médecin.
00:28:28 Pour des raisons qui sont toutes complètement différentes. Mais c'est vrai que par rapport
00:28:33 à tout l'ensemble des élus, les maires ont encore un rôle important aux yeux de nos administrés.
00:28:40 On est quand même respectés, je trouve, dans l'ensemble. En tout cas, moi, dans ma commune,
00:28:44 je salue mes administrés s'ils me voient, mais je trouve qu'avec moi, ils se comportent très bien.
00:28:49 Mais pour en parler avec un certain nombre de collègues, on sent quand même depuis quelques
00:28:53 années, et je trouve que ça a démarré au moment des Gilets jaunes, une tension quand même très
00:28:57 palpable. Et dès que les uns ou les autres n'obtiennent pas ce qu'ils souhaitent de la part
00:29:02 du service public, quel qu'il soit d'ailleurs, étatique, communautaire, municipal, régional,
00:29:09 départemental, tout est dû sous prétexte qu'on paye des impôts. Et c'est vrai que là,
00:29:15 ça devient très compliqué parce qu'en plus, vous connaissez le contexte économique dans lequel on
00:29:19 vit déjà depuis quelques mois. L'inflation, elle ne vaut pas que pour le portefeuille des uns et
00:29:26 des autres, ça vaut aussi dans les entreprises et dans nos collectivités, le coût énergétique
00:29:29 aussi. Donc, on doit faire mieux avec quasiment pareil, voire moins. C'est très, très compliqué.
00:29:35 Et je vois aussi que les administrés sont devenus assez consommateurs de services publics.
00:29:42 Et pour terminer, je voudrais qu'on reparle justement de ce qui s'était passé à l'Aïlée
00:29:45 Rose, Vincent Jambrin, maire, qui a vu une tentative d'assassinat absolument lâche et
00:29:50 odieuse sur sa femme, sur ses deux jeunes enfants, qui évidemment, malheureusement,
00:29:53 resteront choqués. On a senti que ça marquait malheureusement un tournant, y compris dans le
00:29:58 fait que l'AMF ait organisé des rassemblements en soutien aux maires. Est-ce que, en vous,
00:30:02 en tant qu'élu local, ces moments de soutien, même si ça n'est pas grand-chose par rapport
00:30:06 à l'atrocité de l'acte, mais quand même, ça fait du bien au moral pour rester motivé ?
00:30:09 Oui, mais c'est organisé par nos confrères. Ce que j'aimerais, c'est qu'il y ait des mouvements
00:30:15 plus importants de nos concitoyennes et de nos concitoyens pour dire qu'encore une fois,
00:30:20 les maires, les conciers municipaux, les conciers régionaux, les conciers départementaux,
00:30:23 les parlementaires, peu importe, c'est utile à la démocratie, ça fait quand même tourner nos
00:30:29 institutions. Et on n'est pas là pour se servir dans la gamelle, contrairement à ce que pensent
00:30:33 beaucoup de gens, notamment sur les réseaux sociaux. Je vois quand même un certain nombre
00:30:36 d'excusez-moi le terme de conneries qui sont quand même répétées, retweetées, propagées
00:30:42 régulièrement sur la toile de la part de complotistes ou de conspirationnistes. Non,
00:30:47 on fait ça parce qu'on aime notre pays, on aime nos communes, on aime nos villages,
00:30:51 on a envie de s'engager parce qu'on n'a pas justement envie d'être dans un canapé et de
00:30:56 commenter l'actualité, mais on a envie d'être des acteurs. Et j'ai envie de dire à ceux qui
00:31:00 critiquent souvent, la critique est aisée, l'art est difficile, si vous pensez que vous pouvez faire
00:31:05 mieux que nous, présentez-vous aux élections et vous verrez que gérer un Covid ou des émeutes,
00:31:09 ce n'est pas aussi simple que de commenter devant une télé. En tout cas, merci beaucoup François
00:31:14 Osillo d'avoir été notre invité. Je rappelle que vous êtes maire d'Hiverdroit de Vernon et puis
00:31:18 on salue évidemment tous les élus qui éventuellement nous regardent. C'était important
00:31:21 quand même aussi de faire le point et de démonter un certain nombre de fantasmes qui parfois
00:31:24 malheureusement se retournent contre vous. On va parler maintenant avec mes invités de Marseille,
00:31:29 puisque justement dans la cité fosséenne, un homme de 32 ans a été tué par balle dans la nuit de
00:31:33 dimanche à lundi. Pour l'instant, la piste du règlement de compte lié au trafic de drogue est
00:31:37 privilégiée. Elle était connue des services de police pour plusieurs affaires de cette raison.
00:31:42 Une enquête pour assassinat en bande organisée a été ouverte par le parquet de Marseille. Depuis
00:31:46 le début de l'année, ce sont 29 personnes qui ont perdu la vie dans des homicides sur fonds de
00:31:50 trafic, des chiffres en hausse par rapport aux années précédentes. Écoutez les explications,
00:31:54 elles sont signées Marine Sabourin. Le nombre de morts liées au trafic de drogue à Marseille
00:31:59 pourrait atteindre un triste record cette année. Avec un nouveau décès survenu dans la nuit de
00:32:04 dimanche à lundi, le bilan monte à 29 morts en 2023 contre 17 à la même période en 2022. Au total,
00:32:11 l'année dernière à Marseille, 33 personnes sont décédées, 4 de plus que cette année alors que
00:32:16 le mois d'août vient tout juste de débuter. Pourtant, la lutte contre ces trafics s'est
00:32:20 intensifiée cette année. Plus de 1000 trafiquants ont été interpellés par la police marseillaise
00:32:25 depuis janvier, c'est 26% de plus qu'à la même période l'année dernière. Mais sur place,
00:32:31 les syndicats de police parfois résignés demandent davantage de moyens. "Ça me semble
00:32:36 difficile un jour de gagner contre ce phénomène là mais au moins de donner de la tranquillité
00:32:39 aux riverains, aux habitants, ça va être d'avoir un plan d'urbanisation, il ne faut pas que tout
00:32:45 repose sur les épaules de la police en matière de sécurité, il faut donner beaucoup plus de moyens
00:32:49 aux enquêteurs pour aboutir dans des enquêtes et faire tomber des réseaux. Il faut se donner
00:32:53 les moyens politiques et je pense que c'est le plus important, c'est de savoir ce qu'on veut
00:32:58 faire à l'international, ce qu'on fait sur le blanchiment d'argent." Face à ce fléau,
00:33:02 Emmanuel Macron avait annoncé lors de sa visite dans la cité phocéenne en juin dernier,
00:33:06 la création d'une compagnie CRS8 permanente dès l'automne à Marseille.
00:33:10 "Alors effectivement on voit malheureusement un triste record pour Marseille, Joseph Toumenel,
00:33:18 on voit beaucoup de moyens, on va en parler après, mais qui ont été déployés mais pourtant pour
00:33:23 l'instant ça ne semble pas fonctionner." "Parce que le mal ne vient pas d'avant-hier,
00:33:27 le mal est vieux, il a pris de la consistance sans que les pouvoirs publics en général ne
00:33:31 réagissent comme il fallait. Marseille je connais un peu, ça peut être une ville extraordinaire,
00:33:35 aller prendre une pizza au good le matin quand il y a le lever de soleil, c'est fabuleux,
00:33:41 mais ça fait maintenant des décennies qu'on sent monter les trafics. Alors Marseille a toujours été
00:33:47 un peu particulière comme ville, les trafics de drogue, les blocages dans les cités, il y a
00:33:53 20 ans quand j'allais rejoindre l'autoroute des amis me disaient "tu ne passes pas par telle cité
00:33:58 parce que c'est interdit à ceux qui ne sont pas, qui habitent pas la cité, ça fait 20 ans. Et donc
00:34:03 maintenant on en paye les pots cassés, ceux qui en payent les premiers pots cassés c'est ces
00:34:06 générations sacrifiées qui font de l'argent facile, parce que quand vous voulez proposer
00:34:11 un jeune qui gagne facilement 5 ou 6 mille euros par mois en faisant juste le chouffe,
00:34:16 qu'est-ce que vous allez lui proposer ? Donc il y a une vraie guerre. "Et personne ne peut proposer
00:34:20 des salaires à la hauteur de ce que touche chez jeunes dans l'économie normale." Et donc une vraie
00:34:24 guerre. Et plus, cette économie qui est aussi une économie un peu souterraine fait vivre des
00:34:28 quartiers entiers. Quand on voit des boutiques rachetées et qu'on regarde qui les rachète dans
00:34:32 un certain nombre de cas, pas toujours, on voit très bien que cet argent alimente aussi. Et donc
00:34:36 on ne va pas régler le problème du jour au lendemain malheureusement, il faut mettre de
00:34:40 gros moyens et avoir la volonté politique de soulever le couvercle parce qu'on va tomber aussi
00:34:45 sur des réseaux qui touchent les milieux des cités, mais pas que les milieux des cités.
00:34:50 Effectivement, Claude Badias, ce que dit Joseph Touvenel est assez vrai, c'est à la fois la
00:34:54 volonté politique parce que là on est sur harceler des points de deal etc. mais on ne s'en prend pas
00:34:59 non plus aux gros trafiquants. Les dealers qu'on interpelle éventuellement, et même si les
00:35:03 interpellations sont en hausse, et tant mieux, ce ne sont pas eux qui organisent tout ce trafic de
00:35:07 drogue. Oui, sans doute. Alors je suis assez d'accord avec ce que dit monsieur Touvenel. Pour
00:35:12 autant, bon, moi je n'ai pas une perception suffisamment avertie de la lutte policière et
00:35:21 judiciaire contre les gros trafiquants, donc je peux difficilement juger de cela. En revanche,
00:35:28 ce que je peux dire, et je pense que monsieur Touvenel ne sera pas d'accord avec moi, c'est que
00:35:35 premièrement, si le problème de la lutte contre la délinquance et le trafic de drogue était un
00:35:40 problème aisément solutionnable, ça fait longtemps qu'on le saurait. Deuxièmement, moi je pense que
00:35:48 ici le problème de fond est un problème qui touche la prévention, mais la prévention, si vous voulez,
00:35:56 pas simplement dans les termes usuels dans lesquels on l'entend habituellement. En effet,
00:36:02 le problème de la délinquance c'est finalement la partie émergée d'un iceberg qui est celui du
00:36:08 déséquilibre de la société, qui est celui d'une difficulté croissante à assurer l'émancipation
00:36:15 sociale et économique des jeunes qui viennent des quartiers, qui est celui du délitement du lien
00:36:21 social. Donc si l'on veut demain pouvoir efficacement lutter contre la délinquance,
00:36:29 il faut commencer par identifier ses causes. Et ces causes, elles touchent fondamentalement à
00:36:35 la question de l'éducation. Premièrement, l'éducation dans le sens d'un système scolaire
00:36:41 qui aujourd'hui plus que jamais reproduit les inégalités sociales. Deuxièmement,
00:36:46 l'éducation dans sa dimension essentielle, celle dont parlait Platon dans La République,
00:36:51 l'éducation qui est imputable aux tuteurs de La République, aux parents, l'éducation des valeurs,
00:36:58 et aussi, il faut le dire, l'éducation dans le sens de l'intégration. Parce que je pense qu'il
00:37:07 faut, si vous voulez ici, nommer les choses comme elles sont. La délinquance sont des produits de
00:37:17 la difficulté de réussir l'intégration. Pour réussir l'intégration, je pense qu'on pourrait
00:37:25 opportunément changer de logiciel de pensée. Ça fait très longtemps qu'on considère, dans les
00:37:32 démocraties occidentales, que pour réussir l'intégration, il faut s'ouvrir à la diversité
00:37:39 culturelle et il faut cesser d'affirmer son identité pour pouvoir réussir à intégrer des
00:37:47 individus, des populations qui sont, si vous voulez, étrangères. Moi, je crois que pour
00:37:52 réussir l'intégration, il faut au contraire affirmer son identité, affirmer ses ressources,
00:37:59 comme dirait le philosophe François Julien, affirmer son identité, ses ressources européennes.
00:38:05 Or, ici, je crois qu'on touche à un vrai problème. Et d'ailleurs, les jeunes des banlieues, il ne
00:38:15 s'agit pas de les excuser, il ne s'agit pas de se mettre à leur place, mais est-ce que dans un
00:38:19 certain nombre de cas, ils ne sont pas finalement un peu perdus entre la culture maternelle, la
00:38:25 culture d'origine, avec laquelle souvent ils perdent le contact, et la culture d'intégration,
00:38:31 qui justement est d'autant plus difficile que nous, nous avons du mal justement à affirmer nos
00:38:40 valeurs, les valeurs du travail, les valeurs de l'effort, la valeur de l'égalité entre les hommes
00:38:47 et les femmes, etc. - Claude Aubadière vient de tourner depuis tout à l'heure autour d'un gros
00:38:53 mot qui s'appelle l'immigration. Donc il faut le dire. Vous nous parlez des étrangers. - Rapidement,
00:38:57 parce qu'après on va rejoindre Édicide sur le terrain. - Mais je pense que vous avez raison.
00:39:00 Il y a un problème quand vous dites le respect du pays, ça veut dire qu'il faut donner l'amour de
00:39:06 la nation, donc il faut avoir le courage de dire "nous devons faire nation". Il y a un problème
00:39:11 d'immigration, il y a des immigrations plus faciles que d'autres, parce que je suis désolé, mais les
00:39:15 vagues d'immigration qu'on a eues, notamment italienne et polonaise, dans le nord de la France,
00:39:20 dans les mines, n'ont pas soulevé les problèmes qu'une autre immigration soulève. Donc si on se
00:39:24 cache les réalités, évidemment on ne trouvera pas la cause et on ne réglera pas les problèmes. - On
00:39:29 va rejoindre tout de suite Édicide qui nous attend sur le terrain, on continue évidemment d'en parler
00:39:33 avec tous les deux. Vous êtes délégué, unité police FO Marseille. Alors vous avez entendu les
00:39:38 échanges avec mes invités, vous avez aussi entendu malheureusement ces chiffres. Il y a fort à parier
00:39:42 qu'il y aura plus de morts dans les règlements de comptes cette année que ça a été le cas l'année
00:39:46 précédente. J'imagine que vous qui êtes sur le terrain à Marseille, malheureusement ça ne vous
00:39:50 étonne pas. - Oui d'ailleurs, je vais en apprécier que la semaine dernière on a eu trois règlements
00:39:56 de comptes, une tentative de règlement de compte à une seule semaine. Donc ça augure de rien,
00:40:01 de bon malheureusement. C'est très compliqué aujourd'hui effectivement de pouvoir empêcher
00:40:06 ces narcotrafiquants de faire main basse sur certains secteurs de Marseille. On a une
00:40:11 délainterance de narcotrafiquants marseillais comme nulle part ailleurs en France, je pèse mes mots.
00:40:16 On a des narcotrafiquants marseillais qui ont des ramifications en Afrique du Nord,
00:40:19 bon ça c'était historique, mais on a des narcotrafiquants marseillais qu'on a interpellés
00:40:23 au large de la Colombie, qui se cachent au large d'une île sur la Colombie, pour vous donner un
00:40:27 peu un ordre d'idée. On a des narcotrafiquants marseillais qui se cachent au Moyen-Orient,
00:40:32 qui recyclent leur argent là-bas tranquillement pour pouvoir blanchir tout ça. On est en face
00:40:37 de gens qui ont créé des firmes multinationales qui sont en mode de cartélisation, donc effectivement
00:40:43 les enjeux sont dantesques. Et face à ça, on a des peu de moyens, effectivement on a eu depuis
00:40:49 deux trois ans 200 fonctionnaires qui nous ont été attribués par le ministère de tutelle,
00:40:54 mais heureusement qu'on les a eus parce que voilà ça bouge vraiment depuis deux trois ans,
00:40:58 je vous cache pas qu'avant c'était très compliqué. Le problème c'est qu'on va pas
00:41:01 rater un pain deux trois ans, ce qui n'a pas été fait pendant une dizaine d'années,
00:41:03 c'est factuel. Aujourd'hui c'est vrai que c'est un véritable problème sur l'agglomération
00:41:07 marseillaise. Justement pour aller dans votre sens, quand Emmanuel Macron est venu à Marseille
00:41:12 pendant trois jours, l'Elysée avait transmis un certain nombre de chiffres, notamment sur les
00:41:15 moyens pour la sécurité. L'Elysée, 300 policiers ensuite, en plus une troisième compagnie de CRS,
00:41:20 21 nouveaux officiers de police judiciaire, un nouvel hôtel de police pour 2027, 32 magistrats,
00:41:25 4 greffiers, 120 médiateurs, éducateurs, 500 nouvelles caméras. On voit en théorie qu'il y a
00:41:30 beaucoup de moyens, mais est-ce que, comme le disait Joseph Tounel tout à l'heure, ce qui manque
00:41:34 parfois avec les moyens c'est peut-être finalement la volonté politique des élus, notamment à Marseille ?
00:41:38 Alors, qu'on soit bien d'accord, et ce qu'on appelle effectivement pour aller dans le sens de
00:41:42 vos invités, il doit y avoir un continuum de sécurité. C'est-à-dire que tous les partenaires
00:41:45 sont aujourd'hui responsables de la sécurité des Marseillais. Ce n'est pas que la police qui a le
00:41:50 monopole de cela, il y a des réponses effectivement au niveau de l'éducation, la méritocratie
00:41:54 républicaine, c'est important qu'elle soit instaurée et qu'elle soit installée dans ces
00:41:57 quartiers-là. C'est la clé de route effectivement pour les réponses structurelles. Le phénomène de
00:42:02 désenclasement de ces quartiers-là, c'est aussi effectivement à la métropole de mettre en place
00:42:05 ce qu'elle essaye de faire. Il est certain que la mairie, via les travailleurs sociaux, a aussi
00:42:10 sa responsabilité via les bailleurs sociaux. Donc il y a plein de prérogatives aujourd'hui qui sont
00:42:14 aujourd'hui un constat d'échec, parce qu'il y a des années et des années d'innovation, on va être
00:42:18 objectif. Ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui la police marseillaise a du mal à fidéliser ses
00:42:23 compétences. Je prends le cas des officiers de police judiciaire qui sont réservés à Marseille
00:42:27 et passent leur temps à quitter effectivement ce secteur-là. Aujourd'hui il y a des enjeux
00:42:31 monumentaux en Marseille, il y a peu ou pas d'intérêt pour les fonctionnaires de police les
00:42:35 plus compétents, les plus chevronnés de rester à Marseille, alors qu'ils pourraient être très bien
00:42:39 dans d'autres départements, comme dans Novart, effectivement les Alpes-Maritimes ne sont pas
00:42:42 très bien, les Alpes ou le Gard ou je ne sais quoi. Donc il va falloir trouver des moyens de fidéliser
00:42:46 les fonctionnaires de police sur la convention marseillaise, mettre en place pourquoi pas des
00:42:50 avantages fécundiers. Ça pourrait être une piste intéressante, comme les premières fidélisations
00:42:54 qui existent en Île-de-France, à l'image de ceux-là, parce que policier à Marseille, c'est
00:42:58 policier comme nulle part ailleurs en France, je pèse mes mots. C'est très compliqué, il va falloir
00:43:03 effectivement que cela se fasse rapidement, parce que malgré les 300 fonctionnaires qu'on a eu en
00:43:08 renfort, je remercie le ministère de tutelle de l'avoir fait, c'est certain qu'il y a des dizaines
00:43:12 d'années, je pèse mes mots, mais vraiment, dizaines d'années où ça n'a pas été le cas, donc il va
00:43:16 falloir vraiment que tout le monde s'assoie là-dedans, et qu'il y a aussi un problème de parentalité,
00:43:20 on le voit nous au quotidien, on a des parents qui ont jeté l'éponge, des parents qui demandent à
00:43:24 la police de faire le travail qu'ils n'ont pas su faire eux, c'est pas possible, ce n'est pas dans
00:43:29 le corde, il va falloir effectivement que ce soit une sécurité, travailler main dans la main pour
00:43:33 trouver des solutions pérennes, parce que c'est de l'avenir des Marseillais dont on parle.
00:43:36 Et d'ici, de rester avec nous, je vais juste faire réagir mes invités, mais je reviens vers vous et
00:43:40 vous intervenez quand vous voulez. Joseph Pnel, c'est vrai, ce qu'il dit aussi, c'est qu'on demande
00:43:44 beaucoup aux forces de l'ordre, peut-être beaucoup trop, et aujourd'hui à Marseille, on paye aussi
00:43:48 un retard qui a été pris, on accuse parfois Benoît Payan de sa gestion de la ville, on ne peut pas
00:43:52 imputer à Benoît Payan la situation de la ville à Marseille aujourd'hui, il n'est pas maire depuis 30 ans.
00:43:56 Non, mais il est d'une philosophie d'une ligne politique qui n'a jamais poussé à régler les
00:44:01 problèmes. Bien sûr, d'ailleurs même sur les caméras de surveillance, Emmanuel Macron lui a mis un petit
00:44:04 taquin en disant "je les paye, il faut les mettre". Il faut quand même que tous ceux qui ont construit les
00:44:08 dysfonctionnements de la société ne nous disent pas aujourd'hui "j'y suis pour rien parce que ça
00:44:12 fait peu de temps que je suis à la gestion", ils ont amené des idéologies qui ont été des idéologies
00:44:16 mortelles. Je vous rejoins quand vous dites que ces jeunes, il y a un mal-être, c'est à pleurer parce
00:44:21 que ce sont des jeunes français et ils sont quasiment à l'abandon. Ça ne veut pas dire que
00:44:26 quand ils sont délinquants, le bâton ne doit pas sévir. Bien sûr. Mais il y a un accompagnement
00:44:32 social qui doit être fait aussi et un accompagnement scolaire. L'école, oui, encore faut-il que l'école
00:44:38 donne l'amour de la France, alors que dans bien des cas, l'école fait exactement le contraire.
00:44:42 Quels sont les grands récits épiques qu'on apprend à ces jeunes ? Il n'y a pas grand chose. On critique
00:44:49 quasi systématiquement notre pays, alors il faut regarder la réalité, mais il y a des tas de belles
00:44:54 choses, il y a des gens extraordinaires et je ne vois pas d'ailleurs pourquoi on peut dire dans
00:45:00 les cités, ces jeunes qui vivent dans des zones difficiles, mais dans les zones rurales il y a
00:45:04 aussi des jeunes qui vivent des choses très difficiles, qui ont moins de moyens et moins
00:45:08 d'aide que dans les cités et il y a moins de délinquants. Et pas forcément plus de services
00:45:12 publics. Et encore moins de services publics. Effectivement, Claude Aubadière aussi ce que
00:45:16 disait et décide, c'est qu'il y a aussi de plus en plus de départs de ces fonctionnaires de police,
00:45:20 moins en moins qui ont envie d'aller travailler à Marseille, on a vu aussi récemment la frente
00:45:24 des policiers à Marseille, on voit qu'ils sont dégoûtés et que quand on voit la situation
00:45:28 actuelle, on se dit que ce n'était pas le meilleur moment pour que des policiers expérimentés s'en
00:45:34 aillent et peut-être être remplacés par des plus novices qui se retrouvent face à ces images,
00:45:37 face à ces violences, face à ces règlements de comptes en permanence. Oui, mais les policiers
00:45:41 eux, ils sont sur le front des difficultés que nous, nous commentons, nous observons
00:45:47 tranquillement assis dans nos fauteuils. Et le désarroi des policiers, c'est le désarroi de
00:45:56 fonctionnaires qui voient bien la vanité à certains moments de leur comportement, qui voient bien que
00:46:05 sitôt interpellée, la surpopulation carcérale, la jeunesse des délinquants fait que évidemment
00:46:15 ils sont tout aussi rapidement, comment dire, libérés. Le désarroi des policiers, c'est aussi
00:46:22 qu'ils sont, si vous voulez, sur le front du discrédit de la loi, du discrédit de l'autorité
00:46:32 dont souffre notre pays et pas simplement notre pays, mais dont souffrent les démocraties
00:46:37 occidentales et dont elles souffrent pour un certain nombre de raisons historiques qui sont
00:46:43 profondes. Première raison, la sortie de la religion. Deuxième raison, la faillite du
00:46:48 communisme historique. Troisième raison, les progrès de l'utilitarisme anglo-saxon, du libéralisme et de
00:46:56 l'individualisme qui font de notre société ce que Jean Jaurès appelait il y a déjà un siècle
00:47:02 une société sans société. Alors pour revenir à ce que disait M. Touvenel, si je n'ai pas parlé
00:47:08 d'immigration, ce n'était pas un acte manqué, ce n'était pas un lapsus, c'était pour essayer
00:47:12 d'attirer l'attention des téléspectateurs sur un point sur lequel on ne l'attire pas suffisamment.
00:47:18 L'ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, Hubert Védrine, l'a écrit
00:47:22 dans un livre il y a deux trois ans qui était extrêmement intéressant. Il faut cesser de
00:47:26 stigmatiser le besoin d'identité, il faut cesser de penser qu'avoir besoin de se reconnaître dans
00:47:35 des valeurs est quelque chose de complètement ringard et dépassé, parce que si nous ne pouvons
00:47:41 pas affirmer nos valeurs de démocrate, si nous ne pouvons pas affirmer nos valeurs égalitaristes,
00:47:46 si nous ne pouvons pas affirmer la valeur de la liberté de pensée, de la liberté de conscience,
00:47:51 je ne vois pas très bien comment on va pouvoir enseigner ces valeurs et comment on va pouvoir
00:47:55 assumer l'éducation qui peut préserver dans certaines mesures seulement, bien sûr,
00:48:01 les jeunes de la délinquance. On va rejoindre pour terminer cette partie de nouveau Edith
00:48:06 Sitt parce que c'est toute une chaîne en fait qui ne fonctionne plus ou mal à Marseille parce que
00:48:11 vous vous êtes sous l'eau, mais c'est aussi le cas après des magistrats qui ne s'en sortent pas
00:48:14 non plus, de procédures qui sont très lourdes, très longues et ça forcément ça n'aide pas non
00:48:18 plus à avoir des réponses pénales rapides et ça favorise forcément aussi l'impunité avec ceux
00:48:22 que vous interpellez et que vous retrouvez le lendemain au même endroit avec les mêmes effets.
00:48:25 Il est certain que lorsque nous interpellons des individus qui ont un casier, qui sont des
00:48:32 réitérants en termes d'infractions répétitifs, il est certain que le côté, l'aperture pédagogique
00:48:37 de la sanction, le fait qu'elle soit rapide et que la personne soit rapidement écartée de son
00:48:41 quartier et du lieu où elle vit, c'est sûr effectivement que c'est totalement annulé par
00:48:44 la réponse tardive de certaines juridictions. Ça c'est une certitude pour les raisonnements de
00:48:48 moyens, ça c'est certain. Ça c'est la première chose, ça nous est compliqué. Et pareil, on a
00:48:52 aujourd'hui effectivement certaines branches des obédiences municipales qui refusent, qui font
00:48:59 traîner aujourd'hui, c'est dommage et c'est malheureux, tout ce qui est vidéo-sûrence, vidéo-protection,
00:49:04 parce qu'aujourd'hui on a un parc qui est désuet, vous l'avez dit tout à l'heure et je vous en remercie,
00:49:10 effectivement le président de la République a mis le doigt sur cela, le ministre de l'Intérieur l'avait déjà fait,
00:49:13 aujourd'hui on a effectivement, pour des raisons de dogmatisme, certaines branches effectivement,
00:49:17 de la municipalité qui sont minoritaires mais qui sont aujourd'hui proactives, qui évitent
00:49:23 qu'on arrive à une situation de vidéo-surveillance lambda. Marseille c'est deux fois plus d'habitants
00:49:29 qu'à la ville de Nice, c'est deux fois moins de caméras de vidéo-surveillance. Et vous savez,
00:49:32 aujourd'hui on a des systèmes d'exploitation qui sont laissés à la pression des fonctionnaires,
00:49:36 sur Marseille c'est un système d'exploitation sur lequel effectivement mes collègues peuvent
00:49:41 avoir la main, c'est pour 500 fonctionnaires. À Paris, effectivement, pour avoir connu l'expérience
00:49:46 parisienne, c'est effectivement un système d'exploitation par arrondissement. À Marseille,
00:49:50 c'est un système d'exploitation pour 5 à 8 arrondissements. C'est une catastrophe effectivement.
00:49:55 Merci beaucoup en tout cas Edith Side d'avoir été avec nous. Juste un dernier mot rapidement,
00:49:59 Joseph Tounel, on va reparler quand même de ce plan Marseille en grand. On rappelle,
00:50:02 c'est 5 milliards mis par l'État, 15 milliards au total avec toutes les collectivités territoriales.
00:50:07 Emmanuel Macron quitte à les trois jours la nouvelle ministre de la Ville, il est issu de Marseille.
00:50:11 Est-ce que si tout ça ne marche pas, alors qu'Emmanuel Macron a engagé beaucoup d'argent,
00:50:14 beaucoup de sa personne, il y aura une part d'échecs de sa part aussi ?
00:50:18 Les milliards sont sans doute nécessaires, enfin l'argent est utile. Mais ce n'est pas ça qui a
00:50:23 fait affaire. Je ne vais vous donner qu'un exemple. Il y a quelques années, j'ai emmené des scouts de
00:50:28 Marseille, donc de tout milieu, faire la descente du Gorges-du-Tarn en radeau. Ça a été une aventure
00:50:33 fantastique pour ces gamins qui l'ont préparé toute l'année. Il fallait inventer des radios
00:50:37 par patrouille, les construire pour les emmener démontables et remontables pour les Gorges-du-Tarn.
00:50:41 Aventure extraordinaire, on a mêlé des gens des cités et des gens des quartiers plus chics.
00:50:46 Ça s'est très très bien passé. Problème, aujourd'hui la réglementation nous interdirait de le faire.
00:50:51 À un moment donné aussi, il y a sans doute des moyens qui sont nécessaires, mais il y a aussi
00:50:56 sans doute la façon de mettre en œuvre. Et on a des réglementations qui deviennent absurdes
00:51:01 et contre-productives, et ça c'est un gros travail aussi.
00:51:04 Merci Joseph Nounel. On marque une courte pause et on se retrouve dans Soir Info.
00:51:08 On parlera notamment de la surpopulation carcérale. A tout de suite.
00:51:11 Il est 22h sur CNews, de retour dans Soir Info. Et tout de suite, c'est le retour de l'actualité avec vous,
00:51:20 Simon Guillain. Rebonsoir Simon.
00:51:22 Bonsoir chère Elodie et bonsoir à tous ceux qui nous rejoignent sur CNews à 22h.
00:51:26 La France a commencé à évacuer ses ressortissants au Niger une semaine après le putsch.
00:51:31 Trois avions, dont deux Airbus A330, ont atterri à l'aérodrome civil de Niamey.
00:51:36 Sachez qu'un premier avion a décollé ce soir avec 262 personnes à bord.
00:51:40 En tout, il y a 600 Français qui ont clairement exprimé leur intention de partir.
00:51:44 Et un petit peu plus de 400 Européens.
00:51:46 L'atterrissage de ces avions sur le sol français est prévu dans la nuit.
00:51:50 Dans le reste de l'actualité, la bijouterie Piaget, située rue de la Paix à Paris,
00:51:54 a été braquée ce midi par trois hommes qui ont ensuite pris la fuite.
00:51:58 Le butin est estimé entre 10 et 15 millions d'euros.
00:52:01 Aucune personne, heureusement, n'a été blessée au cours de ce braquage.
00:52:04 On va écouter ces quelques témoignages de riverains recueillis sur place par Sarah Fenzary et Charles Pousso.
00:52:09 - Non, ça ne m'étonne pas.
00:52:11 Parce qu'avec tout ce qui se passe en ce moment, le regard est tourné vers ailleurs,
00:52:14 vers les quartiers, avec tout ce qui les émeute, les problèmes.
00:52:17 Bon, on sait ce qui se passe en ce moment.
00:52:20 C'est-à-dire que tu penses qu'ici, en ce moment, la vigilance est un peu baissée ?
00:52:24 - Moi, ça ne m'étonne pas plus que ça, en soi, parce que justement,
00:52:26 comme c'est un quartier où il y a énormément de bijouteries,
00:52:28 je pense que c'est très attirant pour ce genre de choses.
00:52:31 Et surtout qu'en soirée, c'est les vacances, il doit y avoir moins de monde, moins de sécurité.
00:52:36 Peut-être que les gens ne s'y attendent pas forcément, vu que c'est un quartier sécurisé.
00:52:39 Et donc, c'est une cible facile.
00:52:41 - C'est étonnant parce que maintenant, il y a des alarmes.
00:52:44 Tout est vraiment sécurisé de nos jours.
00:52:46 Donc, surtout des grosses bijouteries, des gros magasins à proximité, ça m'étonne, franchement.
00:52:54 - La date limite de déclaration des biens immobiliers a une nouvelle fois été repoussée.
00:52:58 Le ministère de l'Economie a annoncé aujourd'hui la date du 10 août
00:53:01 comme date limite de déclaration des biens immobiliers.
00:53:04 L'objectif est de permettre à tous les propriétaires une déclaration sereine
00:53:08 et d'assurer une juste taxation des contribuables.
00:53:11 Il s'agit du troisième report de cette campagne de déclaration.
00:53:15 Et enfin, Élodie, j'ai une petite question pour vous.
00:53:17 Elle est toute simple.
00:53:18 Est-ce que vous avez eu le temps de faire les soldes, tout simplement, cet été ?
00:53:20 - Pas du tout, Simon, puisque je suis sur CNews tous les jours.
00:53:23 - Vous n'avez pas eu une heure ?
00:53:24 - Ah non, jamais. On prépare les émissions sérieusement, ici.
00:53:26 - Eh bien, je suis désolé de vous dire qu'il est malheureusement trop tard,
00:53:28 puisque ce mardi marque la fin des soldes d'été.
00:53:32 La date de fin a été initialement fixée au mardi 25 juillet,
00:53:35 mais elle a été repoussée en soutien, vous le savez,
00:53:37 aux commerçants impactés par les émeutes du mois dernier.
00:53:39 C'est un bilan mitigé cette année pour les commerçants.
00:53:41 Certains ont très bien marché, alors que d'autres, un petit peu moins.
00:53:45 On va écouter l'analyse de Francis Polombi.
00:53:47 Il est président de la Confédération des commerçants de France.
00:53:51 - Ce sont des soldes que nous avons appelés mitigés.
00:53:55 Les enseignes dans les centres commerciaux ont bien travaillé.
00:54:00 Les secteurs qui représentent les villes de plage, les villiagetures,
00:54:07 les villes de vacances ont très bien travaillé.
00:54:10 En centre-ville, ça s'est avéré moins bon.
00:54:13 Dans les périphéries, également.
00:54:16 Donc, ce sont des soldes partagés.
00:54:19 - Elle n'a pas eu le temps de faire les soldes,
00:54:20 mais elle a eu le temps de préparer la suite de Soir Info.
00:54:23 On vous retrouve tout de suite, Elodie Huchat.
00:54:25 - On ne peut pas être de partout, Simon.
00:54:26 En tout cas, vous soyez bien là à 23h pour le prochain Point complet sur l'actualité.
00:54:31 On marque une courte pause et on revient avec mes invités
00:54:33 pour le débat notamment sur la surpopulation carcérale.
00:54:35 A tout de suite.
00:54:36 Je vous le disais avant la pause,
00:54:40 on va parler maintenant de surpopulation carcérale
00:54:42 parce qu'un nouveau record est tombé malheureusement ce lundi après-midi.
00:54:45 Le nombre de personnes incarcérées dans nos prisons françaises,
00:54:48 la densité carcérale globale s'établit aujourd'hui à 122%.
00:54:52 C'était déjà 118,7% il y a un an.
00:54:55 C'est un chiffre qui est en constante augmentation.
00:54:57 Les détails sont signés Raphaël Ladregne avec Corentin Briau.
00:55:00 Jamais la France n'a compté autant de détenus dans ses prisons.
00:55:05 Selon le ministère de la Justice,
00:55:07 74 513 personnes sont actuellement derrière les barreaux,
00:55:12 alors que l'administration pénitentiaire n'accueille que 60 666 places.
00:55:16 Avec ce nouveau pic, la France bat pour la sixième fois en quelques mois
00:55:20 son nombreux record de détenus.
00:55:22 Vous avez effectivement des détenus aussi qui se plaignent
00:55:25 de leur condition d'incarcération.
00:55:27 Pourquoi ? Parce que vous avez des détenus qui sont obligés des fois
00:55:30 de dormir à même un matelas au sol.
00:55:33 Donc oui, la prise en charge est malheureusement diminuée.
00:55:36 La surpopulation est un problème pour les détenus
00:55:38 et pour les surveillants en charge de leur sécurité.
00:55:41 Les surveillants font le double de travail qu'ils devraient faire au quotidien aujourd'hui
00:55:45 dans des conditions parfois indignes, parfois inhumaines,
00:55:49 avec des rythmes de travail infernaux.
00:55:51 Mes collègues sont en très grande souffrance dans les établissements.
00:55:54 La hausse est plus importante que lors des précédents records,
00:55:57 avec 814 détenus de plus en un mois.
00:56:00 Au total, il y a près de 2500 détenus de plus qu'au 1er juillet 2022.
00:56:05 On entendra aussi dans un instant un autre surveillant pénitentiaire
00:56:08 qui parle aussi des répercussions sur les détenus,
00:56:10 bien évidemment de cette surpopulation carcérale.
00:56:13 Claude Badia, vous me disiez à l'instant que vous-même vous avez enseigné en prison.
00:56:16 C'est donc un univers auquel vous avez été confronté.
00:56:19 Ces chiffres ne vont pas dans le sens d'une meilleure réinsertion des détenus,
00:56:22 d'une baisse de la violence.
00:56:23 Évidemment, pour ceux qui sont incarcérés aussi,
00:56:26 il faut quand même des conditions minimums humaines,
00:56:28 si on veut espérer que ça change un peu leur état d'esprit.
00:56:31 Oui, absolument.
00:56:32 Ce qui m'a frappé pendant ces deux années,
00:56:34 pendant lesquelles j'ai collaboré avec le ministère de la Justice
00:56:38 et le service pénitentiaire d'insertion professionnelle,
00:56:41 c'est la difficulté précisément de tourner les détenus
00:56:45 vers une démarche de reconstruction
00:56:48 qui peut leur permettre d'échapper à la récidive
00:56:53 et qui peut leur permettre de ne pas revenir à la maison d'arrêt.
00:56:56 Pour le coup, j'étais à Fleury-Mérogis dans les trois mois ou dans les six mois à venir.
00:57:02 Et ça, c'est le talon d'Achille finalement de la politique carcérale.
00:57:08 La politique carcérale vise plusieurs objectifs,
00:57:10 plusieursment un objectif punitif.
00:57:13 Il s'agit de punir, mais il s'agit aussi, en punissant,
00:57:19 de punir des personnes, des citoyens et donc de donner à chacun
00:57:25 la possibilité de revenir dans la société après avoir payé sa dette envers la société.
00:57:33 Et cette fonction de réinsertion du criminel ou du délinquant,
00:57:41 elle est extrêmement problématique, elle est très difficile à mettre en œuvre.
00:57:45 Et il est clair, comme ça a été souligné, vous l'avez vous-même souligné,
00:57:53 mais ça a été souligné aussi par Mme Simonot, qui est chargée d'évaluer...
00:58:01 Les lieux de privation de liberté.
00:58:02 Les établissements de privation de liberté.
00:58:04 La contrôleuse générale des prisons.
00:58:05 Exactement, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.
00:58:10 Dans un contexte de surpopulation carcérale, il est clair que la fonction sociale,
00:58:16 émancipatrice et de réinsertion des détenus, elle est infiniment problématique.
00:58:24 Joseph Thounel, ça pose beaucoup de problèmes parce qu'on avait une promesse
00:58:27 du chef de l'État de construire 15 000 places de prison, on n'y est pas,
00:58:30 on en est très loin.
00:58:31 Ça veut dire que non seulement les détenus qui sont actuellement incarcérés
00:58:34 vivent dans des conditions compliquées, vous le disiez, ça n'aide pas à la réinsertion,
00:58:37 et ça veut aussi dire que les personnes qui devraient être incarcérées ne le sont pas,
00:58:41 parce qu'il n'y a pas de place dans les prisons.
00:58:42 Donc c'est un double problème.
00:58:44 Alors les promesses de construction de prison, ce n'est pas récent,
00:58:47 c'est sous ce gouvernement.
00:58:49 Oui, je n'ai repris que les chiffres du chef de l'État,
00:58:51 mais tous ont été les mêmes promesses.
00:58:52 Précédemment aussi, et d'abord c'est long, puisque quand Michel Alliomarie
00:58:56 avait présenté le projet d'une nouvelle prison à Luttenbach,
00:59:01 c'était en 2008, la prison est ouverte en décembre 2021.
00:59:04 Donc on voit que c'est sur la durée que ça se fait,
00:59:06 et quelquefois on ne va pas très vite.
00:59:08 Le problème, il n'est pas nouveau, avant l'émission,
00:59:11 je relisais une lettre du médecin-chef de la prison de Fresnes,
00:59:14 qui date de la fin des années 30.
00:59:16 On est en 1938, qu'est-ce qu'il écrit ?
00:59:19 Le problème de la promiscuité, le problème de mettre des jeunes
00:59:22 avec ce qu'il appelle des criminels chevronnés,
00:59:25 en disant que c'est un non-sens.
00:59:26 Le problème de la saleté.
00:59:29 Ça n'a toujours pas été malheureusement résolu.
00:59:31 La première des choses quand même pour la prison,
00:59:33 c'est mettre en dehors de la société des gens qui sont dangereux pour la société.
00:59:38 Alors aujourd'hui, on a une surpopulation carcérale.
00:59:41 Il y a des prisons trois étoiles aussi, c'est l'image qu'on nous en donne.
00:59:44 Ça existe, mais la majorité ne sont pas en prison trois étoiles,
00:59:47 ils sont dans les choses qui sont inacceptables humainement.
00:59:50 Alors comment on peut faire ?
00:59:52 Il y a peut-être aussi des solutions,
00:59:54 d'avoir une autorité politique qui mette un triptyque en place.
00:59:58 Il y a aujourd'hui un quart des gens qui sont en prison qui sont étrangers.
01:00:02 Je ne parle même pas de double nationalité, qui sont étrangers.
01:00:05 Ça voudrait dire prison, expulsion et interdiction de revenir sur le territoire national.
01:00:11 Et exécution de la peine de prison éventuellement dans le pays dont ils sont originaires.
01:00:14 Mais une fois qu'on a un quart, on a gagné quelques places quand même si on fait ça.
01:00:19 Et justement, je reviens sur ce que disait Joseph à l'instant,
01:00:22 sur la promiscuité, sur le fait qu'on a parfois des détenus
01:00:26 qui sont plus violents ou plus radicalisés aussi parfois en ressortant,
01:00:30 parce qu'effectivement ils ont été incarcérés dans des cellules
01:00:34 avec des personnes qui avaient un casier judiciaire beaucoup plus important,
01:00:37 qu'ils gouttent aussi, qu'ils expérimentent une forme de violence
01:00:40 à laquelle eux-mêmes n'étaient pas habitués finalement.
01:00:42 Oui bien sûr, ça fait longtemps qu'on redoute nationalement
01:00:46 que la prison soit un lieu aujourd'hui dans lequel de rendre de petits délinquants
01:00:53 qui deviennent parfois des criminels en prison.
01:00:58 J'ai à l'esprit aussi cette fonction, cette thèse qu'avait développée
01:01:03 un philosophe Michel Foucault dans ses cours au Collège de France.
01:01:06 Lui considérait, je ne partage pas tout à fait son point de vue,
01:01:11 mais il considérait que la fonction de la prison, c'est de produire de la délinquance.
01:01:16 Autrement dit que ce n'est pas par hasard que la culture de la violence
01:01:22 est organisée dans la prison.
01:01:25 Mais pour Foucault, il s'agit de produire de la délinquance
01:01:28 pour justifier de la police.
01:01:29 Donc c'est une vision un peu paranoïaque.
01:01:33 C'est la vision des intellectuels qui nous a emmenés dans le mur
01:01:35 où nous sommes aujourd'hui.
01:01:37 Merci pour la prison, ça protège déjà.
01:01:40 Quand j'ai un assassin dans les rues, quand il est arrêté et enfermé,
01:01:44 nous sommes protégés de l'assassin.
01:01:45 Peut-être que Foucault ne l'a pas compris,
01:01:47 moi qui suis un garçon beaucoup plus simple,
01:01:48 je crois que je l'ai compris depuis longtemps.
01:01:50 Alors oui bien sûr, il faut que la société se protège
01:01:54 et la société a le droit de se protéger,
01:01:57 elle a pour vocation de mettre en œuvre les moyens de se protéger du crime.
01:02:04 La grande difficulté à laquelle on est confronté,
01:02:08 elle est double.
01:02:09 Premièrement, protéger la société du crime et de la délinquance,
01:02:14 mais en considérant les détenus comme des personnes,
01:02:18 c'est-à-dire en mettant en œuvre une politique
01:02:23 qui permet autant qu'il est possible
01:02:26 d'assurer leur réinsertion dans la société.
01:02:29 Et deuxièmement, là encore,
01:02:32 moi je reviens toujours à cette question-là,
01:02:35 on ne réglera pas le problème de la prison,
01:02:38 le problème carcéral,
01:02:40 si on ne règle pas le problème de la délinquance.
01:02:43 Et on ne réglera pas le problème de la délinquance
01:02:46 si on ne règle pas le problème de l'unité du corps social
01:02:50 et si on ne règle pas le problème éducatif.
01:02:52 Donc on pourra toujours hésiter comme le garde des sceaux
01:02:58 entre le fait de créer 13 000 places de prison
01:03:01 ou de faire sortir de prison,
01:03:04 quand on atteint un seuil de saturation,
01:03:07 les détenus en fin de peine.
01:03:09 On ne réglera pas le problème de la prison
01:03:13 parce que le problème de la prison,
01:03:15 c'est finalement la partie,
01:03:18 encore une fois, la plus visible d'un déséquilibre social
01:03:22 dont nous accusons.
01:03:24 Dans le problème des places de prison,
01:03:26 je ne sais pas quelle est la proportion qui existe,
01:03:29 c'est qu'il y a des gens qu'on met en prison
01:03:31 et qui n'en ont pas leur place.
01:03:32 Je pense à des personnes qui ont des problèmes psychiatriques.
01:03:35 Oui, celles qui devraient être plutôt soignées.
01:03:36 On sait que la psychiatrie, c'est un peu le parent-propre de la justice.
01:03:39 Vous avez des gens qui sont dans la rue
01:03:41 en déperdition psychiatrique totale
01:03:44 et la seule façon qu'a la société aujourd'hui de les traiter,
01:03:48 c'est que la police puisse intervenir
01:03:50 ou les pompiers qui l'arrivent à la police,
01:03:51 ils se retrouvent en prison.
01:03:52 C'est un non-sens total.
01:03:54 Ils n'ont absolument pas leur place là.
01:03:56 Au contraire, ils vont aussi développer des actes de violence.
01:04:00 On peut penser aux gardiens de prison
01:04:01 qui ont une vie très difficile.
01:04:03 On va en entendre un jour.
01:04:04 Il faut avoir conscience de ça
01:04:06 dans ce milieu fermé.
01:04:07 Quand en plus des délinquants,
01:04:10 ils ont des gens qui sont en situation psychiatrique lourde,
01:04:13 là aussi on a un effort à faire
01:04:15 pour la prise en charge de ces personnes
01:04:17 parce que c'est du médical.
01:04:18 Je voudrais justement qu'on écoute Yohann Carrard.
01:04:20 Il est secrétaire général adjoint du syndicat National FO Justice.
01:04:24 Expliquez ce qu'il a dit il y a quelques heures sur CNews.
01:04:27 Dès l'instant où vous avez une hausse des méfaits,
01:04:30 donc une hausse des incarcérations,
01:04:32 ça se ressent dans nos conditions de travail.
01:04:34 Vous avez des établissements pétancières
01:04:36 qui sont surchargés, surpeuplés,
01:04:39 où normalement la norme devrait être l'encellement individuel.
01:04:43 On se retrouve, nous, à gérer des cellules.
01:04:45 Vous avez des fois deux, trois, voire quatre détenus
01:04:48 dans 9 mètres carrés,
01:04:49 ce qui favorise malheureusement la promiscuité et la violence.
01:04:53 Et malheureusement, le surveillant qui est généralement seul
01:04:56 sur son étage à gérer 100, 150 détenus,
01:04:59 voit se démultiplier ce nombre d'incarcérations.
01:05:04 Et malheureusement, le travail se dégrade,
01:05:09 les conditions sont de plus en plus mauvaises.
01:05:11 Pour clore cette partie,
01:05:12 je voulais qu'on écoute effectivement
01:05:14 un représentant du monde pénitentiaire aussi.
01:05:16 On va marquer une courte pause
01:05:18 et on se retrouve avec mes invités
01:05:19 pour la suite des débats de Soir Info.
01:05:21 A tout de suite.
01:05:21 De retour dans Soir Info,
01:05:26 on va parler de nouveau des élus,
01:05:27 puisque le nouveau patron du Medef, Patrick Martin,
01:05:29 estime qu'ils ne sont pas assez bien payés.
01:05:32 Selon lui, la charge de travail des politiques
01:05:34 est trop importante par rapport à leur rémunération.
01:05:36 Alors, est-ce que vous êtes de cet avis ?
01:05:38 Est-ce qu'il faut augmenter les salaires de nos élus ?
01:05:40 Le reportage est signé Solène Boulan et Antoine Durand.
01:05:43 Les personnalités politiques françaises
01:05:46 sont-elles trop peu payées ?
01:05:48 En France, ces données sont publiques.
01:05:51 La première ministre et le président de la République
01:05:53 ont quasiment le même salaire,
01:05:55 avec respectivement 15 971 euros
01:05:58 et 15 200 euros bruts mensuels.
01:06:01 Viennent ensuite les ministres,
01:06:02 avec 10 647 euros bruts par mois,
01:06:05 puis les députés,
01:06:06 dont le salaire est de 7 605,70 euros.
01:06:10 À plus petite échelle,
01:06:11 les maires des villages sont moins bien payés
01:06:13 que ceux des villes.
01:06:14 1026,51 euros bruts pour le maire d'un village
01:06:18 de moins de 500 habitants.
01:06:19 3622,97 euros pour une ville
01:06:22 entre 20 000 et 49 999 habitants.
01:06:26 Pour les villes de plus de 100 000 habitants,
01:06:28 c'est 5 837,01 euros.
01:06:31 Et vous, pensez-vous que la rémunération des élus
01:06:34 doit augmenter compte tenu de leur charge de travail ?
01:06:37 Nous vous avons posé la question
01:06:39 et les avis sont mitigés.
01:06:41 C'est peut-être pas le moment.
01:06:42 Vu la situation dans le pays,
01:06:44 il faudrait attendre un peu que ça se calme.
01:06:47 Je pense qu'ils gagnent déjà quand même pas mal.
01:06:49 Les choses augmentent tous les jours,
01:06:51 surtout après la pandémie.
01:06:52 Je trouve que c'est plus ou moins justifié
01:06:54 par rapport au travail.
01:06:55 Si les choses augmentent par rapport au ménage,
01:06:57 je pense que ceux-ci sont aussi des salariés.
01:06:59 Au contraire, je pense que ce serait intéressant
01:07:01 de le baisser pour commencer
01:07:03 et de redistribuer cet argent
01:07:05 dans des fonds publics pour d'autres causes.
01:07:08 À Nantes, les élus ont vu leur salaire augmenter
01:07:10 en juin dernier, pour la première fois depuis 30 ans.
01:07:14 Vous étiez tous les deux présents aussi
01:07:16 quand on avait le maire de Vernon.
01:07:18 Joseph Touvenel, est-ce qu'on peut entendre
01:07:20 l'argument du président du MEDEF
01:07:22 de dire qu'aujourd'hui ils sont sursollicités,
01:07:24 menacés, visés par des attaques
01:07:27 parfois contre leur famille ?
01:07:28 Et on peut entendre qu'on peut se dire
01:07:30 que ça n'est pas suffisant.
01:07:31 On ne parle pas de tripler peut-être la rémunération,
01:07:33 mais de se dire que ça peut aussi être quelque chose
01:07:35 qui aiderait à plus d'engagement.
01:07:36 Je suis absolument content d'entendre
01:07:38 le président du MEDEF parler de salaire.
01:07:40 J'aurais préféré qu'il parle de salaire des salariés,
01:07:42 notamment des aides-soignants.
01:07:43 C'est sa responsabilité.
01:07:44 Il parle aussi des salaires des grands patrons,
01:07:45 mais je ne suis pas sûre que vous parliez des mêmes.
01:07:46 Mais bon, c'est très bien qu'il aborde le sujet,
01:07:48 mais qu'il revienne à ses fondamentaux d'entreprise.
01:07:51 Il y a aussi des problèmes de salaire dans les entreprises.
01:07:53 Et notamment pour les métiers,
01:07:55 quand on parlait prison, ceux qui travaillent,
01:07:57 il n'y a pas que les gardiens qui font partie
01:07:59 de l'administration, il y a des gens du privé.
01:08:00 Il y a tous les aides-soignants qui s'occupent
01:08:02 des personnes malades, handicapées, physiques et psychiques.
01:08:05 Je crois qu'on peut faire des efforts pour leur salaire.
01:08:07 Cela dit, après les politiques,
01:08:08 moi j'étais assez d'accord avec François Osillo tout à l'heure,
01:08:11 il y a beaucoup de fausses idées.
01:08:13 Évidemment, la majorité, ce sont les maires
01:08:16 qui ont des responsabilités très importantes
01:08:18 et qui ont une rémunération qui ne correspond pas
01:08:21 à leur effort, à leur responsabilité.
01:08:22 Je vous intends, je la rappelle juste pour nos téléspectateurs,
01:08:24 pour les maires, 1026 euros bruts
01:08:26 pour les communes de moins de 500 habitants
01:08:27 et le maximum pour les communes de plus de 100 000 habitants,
01:08:30 c'est assez peu en France,
01:08:31 5837 euros bruts précisément.
01:08:34 Après, dans le monde politique tel qu'on le reçoit,
01:08:37 on pense peu aux maires, on pense plutôt aux députés,
01:08:40 aux sénateurs, aux ministres.
01:08:42 Mais on a aussi souvent l'impression qu'un député,
01:08:44 il touche 15 000, 20 000 euros, ce n'est pas le cas non plus.
01:08:45 En fait, un député, c'est 7 000 et quelques,
01:08:47 mais il a d'autres choses, il a des enveloppes, etc.
01:08:50 et ils arrivent à faire plus, il ne faut pas non plus...
01:08:51 Voilà, c'est aussi la mauvaise communication qu'ils ont.
01:08:54 Nous le touchons, mais non, ce n'est pas vrai.
01:08:56 Ils touchent beaucoup plus parce qu'ils sont liés
01:08:58 en partie à faire un certain nombre de choses.
01:09:01 Alors, pour moi, c'est justifié quand c'est un élu de la nation
01:09:04 qui fait son travail.
01:09:06 Le problème, c'est qu'on a un certain nombre de députés
01:09:08 et de sénateurs qui ne prennent pas risque,
01:09:09 qui dorment dans un coin et qui ne font pas grand-chose.
01:09:11 Et là, la rémunération est injustifiée.
01:09:13 Et là, ça donne un mauvais exemple aussi,
01:09:15 quand on voit les séances de questions au gouvernement
01:09:16 avec beaucoup d'absents ou des personnes
01:09:18 qui ne semblent pas toujours très éveillées.
01:09:20 Claude Badia, effectivement, cette question, elle se pose.
01:09:23 On entend les deux côtés, ceux qui se disent
01:09:25 "c'est légitime parce qu'ils le font beaucoup".
01:09:27 On a aussi entendu un certain nombre de Français
01:09:29 qu'on est allés interroger, qui disent
01:09:31 "ça ne serait pas le moment de les augmenter"
01:09:32 ou "cet argent peut être utilisé autrement".
01:09:34 Oui, en fait, la difficulté de cette question,
01:09:37 c'est qu'elle peut nous amener assez rapidement
01:09:41 à céder devant la tentation idéologique.
01:09:45 J'y reviendrai dans un instant.
01:09:46 Mais d'abord, il faut aussi, pour apprécier
01:09:50 les termes de cette question, faire une analyse comparative.
01:09:55 L'analyse comparative, elle place aujourd'hui, je crois,
01:09:58 pour ce qui est des députés et des sénateurs français,
01:10:01 la France, au 9e rang à l'échelle européenne.
01:10:05 C'est l'Italie avec 125 000 euros brut par an,
01:10:10 suivi de l'Autriche, 121 000 et de l'Allemagne,
01:10:15 qui sont les trois pays les plus généreux avec leurs élus,
01:10:19 les députés français, si j'ai bien compris.
01:10:22 En fait, ils touchent une rémunération
01:10:24 de 87 000 euros annuels.
01:10:27 Donc, il se trouve que si on augmentait
01:10:31 la rémunération des élus, en tout cas des députés et des sénateurs,
01:10:35 à l'échelle de l'Europe, et dans certaines proportions,
01:10:39 elle n'atteindrait pas, si vous voulez, cette rémunération,
01:10:42 une valeur... - Claude Choe, je suis d'accord avec vous.
01:10:45 Encore faudrait-il aussi diminuer le nombre d'élus
01:10:48 en proportion des exemples étrangers.
01:10:50 - Oui, c'est ça aussi la différence.
01:10:51 - Parce qu'on en a beaucoup plus que les autres.
01:10:52 - Oui. - Meilleure rémunération,
01:10:54 mais peut-être moins d'élus.
01:10:56 - Tout à fait.
01:10:57 Le problème de cette question aussi,
01:11:00 c'est que dans le contexte de crise sociale,
01:11:02 dans le contexte de crise économique
01:11:04 dans lequel nous nous trouvons,
01:11:06 elle peut être aussi l'objet d'une perception
01:11:10 assez idéologique de la part des Français.
01:11:13 Et c'est ici peut-être que, si jamais il faut
01:11:18 revaloriser la rémunération des élus,
01:11:22 comme il faut sans doute, Joseph l'a souligné opportunément,
01:11:25 revaloriser aussi la rémunération d'un certain nombre d'agents
01:11:31 de l'État, de serviteurs de l'État.
01:11:34 Je pense aux enseignants, je pense au personnel hospitalier,
01:11:38 aux aides-soignants.
01:11:40 Il faut prendre garde aussi de ne pas, si vous voulez,
01:11:44 exacerber et de ne pas flatter, se préjuger
01:11:50 cette opinion très répandue dans l'opinion des Français
01:11:56 qui voudrait que nos élus soient des nantis, des privilégiés
01:12:01 et que l'augmentation de leur rémunération
01:12:04 vienne davantage encore creuser, si vous voulez,
01:12:07 le fossé qui parfois définit la relation du citoyen à son élu.
01:12:13 - Je voudrais qu'on écoute avec vous,
01:12:15 pour vous faire réagir, un certain nombre de réactions
01:12:17 qu'on a eues toute la journée sur l'antenne.
01:12:19 Zartaj Tsebaktiari, il est maire d'Hiverdroit de Neuilly-sur-Marne.
01:12:23 Écoutez ce qu'il dit sur le sujet de la rémunération.
01:12:26 - Quand vous êtes à 70 ou 80 heures de travail par semaine,
01:12:29 si ce n'est plus parfois, quand vous faites la comparaison,
01:12:32 on est moins payé que le SMIC.
01:12:35 Après, chacun jugera.
01:12:38 C'est un choix que j'ai fait.
01:12:40 Je ne me bats pas pour la rémunération,
01:12:42 mais pour faire avancer la ville.
01:12:44 Après, si on veut essayer d'attirer du monde,
01:12:47 si on veut essayer de fidéliser,
01:12:50 de capter des personnes qui feraient le choix
01:12:53 de s'investir pour le public plutôt que de rester dans le privé,
01:12:57 il y a un sujet sur la rémunération.
01:13:00 - Je veux dire que moi, qui suis journaliste politique
01:13:02 et qui passe beaucoup de temps à l'Assemblée,
01:13:04 il y a un argument, Joseph, que j'entends très souvent,
01:13:06 de députés qui me disent "au taux horaire,
01:13:08 je suis moins payé qu'une femme de ménage".
01:13:10 Est-ce que les Français peuvent entendre ça ?
01:13:12 Il ne faut pas alimenter le fantasme
01:13:14 que nos élus sont trop payés,
01:13:16 que la femme de ménage qui entretient mon bureau.
01:13:18 Mauvaise foi.
01:13:19 - Parce qu'ils ne connaissent pas le travail de femme de ménage.
01:13:21 - Ni le salaire sans doute.
01:13:23 - Moi je le connais parce que quand j'ai démarré
01:13:25 dans ma vie professionnelle, je n'ai pas été que ça,
01:13:27 mais pendant deux ans, j'ai été homme de ménage.
01:13:29 Les horaires, tôt le matin, tard le soir.
01:13:32 C'est-à-dire que le ménage dans ce studio
01:13:34 va être fait quand le studio va être fermé.
01:13:36 Horaire de nuit qui n'est pas payé en horaire de nuit,
01:13:38 ou très peu.
01:13:39 Il y a la considération.
01:13:41 Il n'y a pas les avantages.
01:13:43 On ne peut pas aller faire un bon gueuleton
01:13:45 au restaurant des femmes de ménage.
01:13:47 Par contre, à l'Assemblée nationale, ça ne coûte pas très cher.
01:13:49 Le bar de l'Assemblée nationale, ce n'est pas très cher.
01:13:51 Les voitures qui peuvent être mises à disposition,
01:13:53 ce n'est pas cher du tout puisque c'est mis à disposition.
01:13:55 Et je ne dis pas que ces avantages sont induits.
01:13:59 Dans un certain nombre de cas, ils sont normaux.
01:14:02 Il faut qu'ils reviennent un peu sur terre.
01:14:04 Lorsque je leur propose, c'est pendant un an
01:14:06 d'être homme ou femme de ménage.
01:14:08 On verra après ce qu'ils en disent.
01:14:10 - Claude Baillat, avant la réaction de Cédric Sabot.
01:14:12 - Oui, parce que pour répondre au président du MEDEF
01:14:16 qui souligne la valeur, l'engagement des élus,
01:14:21 que ce soit les élus à l'échelle locale ou les députés,
01:14:26 moi j'ai envie de répondre aussi que, comme Joseph le disait,
01:14:30 à côté des élus, à côté des sénateurs,
01:14:33 il y a des aides-soignantes à l'hôpital,
01:14:36 il y a des infirmières, il y a des médecins,
01:14:38 il y a des enseignants.
01:14:40 Il faut savoir et rappeler quand même
01:14:42 que les enseignants français,
01:14:44 que les professeurs des écoles français
01:14:46 terminent leur carrière avec un salaire
01:14:50 qui est deux fois moins important
01:14:53 que celui des enseignants allemands.
01:14:55 Il faut savoir aujourd'hui qu'un professeur agrégé,
01:14:58 ancien élève de l'école normale supérieure,
01:15:00 terminera sa carrière dans l'enseignement secondaire
01:15:03 avec un salaire de 3000 euros net.
01:15:05 C'est-à-dire le salaire avec lequel un ingénieur
01:15:07 aujourd'hui commence la sienne dans le privé.
01:15:10 Alors évidemment, je ne réponds pas par là,
01:15:14 si vous voulez, à la question de l'augmentation
01:15:16 de la rémunération des élus,
01:15:18 mais si les élus servent l'État,
01:15:20 les fonctionnaires servent l'État,
01:15:22 les fonctionnaires de catégorie B servent l'État,
01:15:24 les fonctionnaires de catégorie A servent l'État,
01:15:26 les policiers, les personnels soignants,
01:15:28 les enseignants servent l'État,
01:15:30 et il serait bon aussi que l'on s'empare
01:15:34 de cette question de façon beaucoup plus volontaire
01:15:38 qu'on ne l'a fait jusqu'à présent,
01:15:40 puisque à malmener les enseignants
01:15:43 en termes de politique salariale,
01:15:45 on a réussi qu'à faire une chose,
01:15:47 c'est à détourner les forces vives de l'université
01:15:49 du métier d'enseignant.
01:15:51 - Puis cet argument, à la limite, je peux l'entendre
01:15:53 du côté d'un maire d'une petite commune,
01:15:55 d'une commune rurale, d'une commune moyenne,
01:15:57 qui, on l'a vu, et c'est exact, a tout à gérer.
01:16:00 - Oui, sans moyens.
01:16:01 - Beaucoup de choses à gérer.
01:16:02 - Sans toutes les aides dont on a parlé pour le coup.
01:16:03 - Alors lui, si on calcule à l'heure,
01:16:05 il n'est pas payé comme une femme de ménage.
01:16:07 - Oui, quand vous parliez de 1026 euros brut, déjà.
01:16:09 - Un député ou un sénateur,
01:16:11 enfin, qui reviennent un peu sur terre,
01:16:13 ce sont aussi des privilégiés de la République.
01:16:15 Alors, ils ont d'importantes responsabilités.
01:16:18 Encore faut-il qu'ils les assument,
01:16:20 et qu'ils se rendent compte qu'ils ont des privilèges
01:16:22 liés à leurs fonctions.
01:16:23 Je ne veux pas leur retirer,
01:16:24 mais enfin, quand même, qu'ils ne fassent pas des comparaisons
01:16:26 qui sont plutôt malheureuses.
01:16:28 - On va écouter justement l'avis de Cédric Sabot,
01:16:30 il est directeur de l'Association des maires ruraux de France.
01:16:33 Et lui, ce qui l'intéresse surtout,
01:16:34 c'est aussi tous ces élus qui sont bénévoles.
01:16:36 Écoutez-le.
01:16:37 - Les 480 000 élus ruraux, pour l'essentiel, sont bénévoles.
01:16:41 Je dis bien bénévoles, c'est-à-dire qu'ils ne touchent aucune indemnité.
01:16:44 Donc, les augmenter, par définition, c'est une évidence,
01:16:47 c'est une nécessité.
01:16:48 60% des maires élus en 2020 sont des actifs,
01:16:53 donc ça veut dire qu'ils concilient leur vie professionnelle
01:16:56 avec leur vie d'élu.
01:16:58 La démocratie a un coût, et ce coût-là, aujourd'hui,
01:17:01 il n'est pas assumé pour la République à l'échelle des territoires ruraux
01:17:04 puisque, effectivement, on a des indemnités
01:17:06 qui ne compensent pas les pertes de salaire
01:17:08 que concèdent les élus en s'engageant.
01:17:10 - Claude Aubadie, effectivement, là, la question est peut-être plus légitime
01:17:13 pour les élus qui, eux, sont bénévoles,
01:17:16 qui, parfois, adjoints, etc., passent beaucoup plus de temps.
01:17:18 Peut-être que c'est eux qu'il faut penser à rémunérer
01:17:20 avant d'augmenter les salaires de ceux qui touchent déjà
01:17:23 une rémunération ou une indemnisation.
01:17:25 - Oui, bien sûr.
01:17:26 Parce qu'à côté des sénateurs qui fournissent un travail remarquable,
01:17:31 à côté des députés qui, le plus souvent aussi,
01:17:35 servent l'État de façon engagée,
01:17:40 il faut évidemment s'intéresser à ces élus
01:17:45 qui, parfois, travaillent plus ou moins bénévolement,
01:17:48 ces maires dans les petits villages
01:17:51 dont la rémunération, comme le disait le maire de Vernon,
01:17:55 ne dépasse pas 400, 300 ou 400 euros par mois.
01:17:58 Donc, effectivement, ici, il y a un travail à faire.
01:18:02 Mais si vous voulez, la cause du service de l'État,
01:18:06 si jamais on entend la défendre,
01:18:11 alors il faut la défendre à tous les échelons de l'État
01:18:15 et aussi en direction de ceux qui servent au quotidien l'État,
01:18:21 loin des fonctions de représentation, loin du palais Bourbon,
01:18:26 mais qui servent l'État avec beaucoup d'engagement.
01:18:28 Encore une fois, je pense au personnel soignant des hôpitaux,
01:18:31 je pense aux policiers, je pense aux professeurs des écoles
01:18:34 et aux enseignants en général.
01:18:36 - On va écouter de nouveau Cédric Sabo,
01:18:38 parce que lui parle notamment aussi de l'importance,
01:18:40 il doit y avoir de nouvelles rémunérations, une nouvelle législation.
01:18:43 Quel est le lieu avant les municipales pour recréer une volonté d'engagement ?
01:18:46 Écoutez-le.
01:18:47 - Les élections municipales, c'est en 2026.
01:18:50 On a largement le temps, les législateurs ont largement le temps
01:18:53 de faire changer la donne, de changer les règles
01:18:55 pour effectivement donner envie à des citoyens de venir compléter,
01:18:59 remplacer, se substituer ou accompagner des élus actuels
01:19:03 pour dire "oui, finalement, ce n'est pas si désintéressant que ça
01:19:07 puisqu'on ne perd pas d'argent".
01:19:08 C'est ce qu'on demande à l'échelle des communes rurales,
01:19:11 c'est que les élus qui s'engagent et qui sont actifs
01:19:13 n'aient pas de perte de revenus disponibles.
01:19:15 - Les chiffres dont on parlait en début d'émission avec le maire de Vernon,
01:19:19 d'après un sondage de l'IFOP publié mercredi 23 novembre,
01:19:21 55% des maires interrogés comptent ne pas se représenter en 2026.
01:19:26 Est-ce qu'annoncer une hausse de la rémunération,
01:19:29 ça peut être une motivation ou honnêtement, ça ne suffira pas
01:19:32 pour ces maires qui sont découragés ?
01:19:34 - Ça peut être une motivation, mais ça ne suffira pas
01:19:36 parce que la tâche est très difficile.
01:19:39 La tâche administrative en elle-même est très difficile.
01:19:42 Le risque est très difficile.
01:19:44 La jurisprudence a évolué, mais quand même,
01:19:47 vous avez un match de foot entre une équipe de bénévoles,
01:19:55 donc non rémunérés, et il y a un problème parce que,
01:19:59 je ne sais pas, les gradins tombent, le maire est responsable.
01:20:03 Vous voyez tout ce qui peut se passer dès que je fais des aménagements.
01:20:07 La responsabilité des maires est énorme.
01:20:09 Et puis la pression, et là c'est à tous les citoyens
01:20:12 de se poser la question, la pression des citoyens
01:20:15 est de plus en plus grande.
01:20:17 On exige de plus en plus, on demande de plus en plus des services,
01:20:21 sans se rendre compte qu'il faut aussi que nous on s'engage,
01:20:25 peut-être pour donner moins de travail aux équipes municipales,
01:20:29 parce que l'engagement appartient à tous,
01:20:31 et la pression, il faut se rendre compte des réalités des choses.
01:20:34 Et ce dont ils souffrent souvent, c'est cette pression énorme.
01:20:38 Imaginez quand il y a un accident de voiture dans une petite commune,
01:20:42 ce sont les gendarmes et le maire qui viennent annoncer qu'il y a eu un décès.
01:20:46 On voit la lourdeur de la charge.
01:20:48 Ça, ce n'est pas l'argent qu'ils veulent faire,
01:20:50 c'est la reconnaissance qu'on peut leur donner pour leur travail au quotidien.
01:20:53 Et justement, il y a aussi cette question des violences
01:20:55 dont parle le président du MEDEF.
01:20:57 On rappelle une fois de plus les chiffres, selon l'AMF,
01:20:59 les maires, 15% de violences en plus, avec 1500 agressions en 2022 de maires,
01:21:04 50% victimes d'outrages, 40% de menaces, 10% de violences volontaires.
01:21:08 Ce que sous-entend aussi le patron du MEDEF,
01:21:10 c'est que de plus en plus exposés aux violences,
01:21:12 il faut donc que la rémunération suive.
01:21:14 Mais aucun prix ne pourra jamais satisfaire le fait de voir,
01:21:17 par exemple, comme Vincent Gembrin, sa famille, dans une tentative d'assassinat.
01:21:21 Ça n'a pas de prix.
01:21:22 La rémunération ne pourra jamais suivre les violences qu'ils ont aujourd'hui.
01:21:25 Oui, bien sûr.
01:21:26 En fait, ce dont parle le président du MEDEF ici,
01:21:29 c'est de ce qu'on appelle en sociologie la nomie,
01:21:33 c'est-à-dire le caractère de crise qui touche une société
01:21:36 lorsque elle a perdu ses valeurs et qu'elle n'en a pas reconstruit d'autres.
01:21:43 Notre société est en crise.
01:21:45 Elle est dans une situation d'anomie.
01:21:48 Il n'est pas tellement étonnant dans cette situation
01:21:52 que les violences augmentent de façon croissante
01:21:56 sous l'effet de l'exacerbation des passions individualistes.
01:22:00 Et ce que je note aussi, pour faire écho à ce que disait Joseph,
01:22:04 c'est que je pense aussi que la difficulté des maires,
01:22:08 c'est d'assumer aujourd'hui le processus d'augmentation
01:22:12 de la juridicisation des relations entre les citoyens et les élus.
01:22:18 De la même façon qu'à l'hôpital, la situation des médecins devient difficile,
01:22:22 la situation des personnels soignants devient difficile
01:22:25 parce que les patients réclament le droit légitime, évidemment, d'être informés,
01:22:32 mais n'hésitent pas aussi à attaquer en justice des médecins
01:22:37 en les soupçonnant de fautes professionnelles.
01:22:40 Je pense que cette juridicisation qui gagne notre société
01:22:44 sous l'effet justement d'exacerbation de l'individualisme,
01:22:47 elle peut expliquer aussi le malaise des élus, en particulier des maires
01:22:52 qui se sentent évidemment de plus en plus sous pression,
01:22:55 comme on le disait à l'instant.
01:22:57 Et puis sa réflexion, c'est de mettre en parallèle, c'est une certaine logique,
01:23:02 le risque qui grandit, l'attaque, le risque physique,
01:23:05 le risque d'être agressé, le risque d'être insulté,
01:23:07 le risque d'être sur les réseaux sociaux, ça a été dit,
01:23:10 où tout peut se dire, il dit que plus on court de risque,
01:23:14 mieux on doit être rémunéré.
01:23:16 Très bien, si je me mène à sa logique, il y a un certain nombre de grands patrons
01:23:19 qui ont devré baisser les salaires parce qu'ils ne courent pas de risque,
01:23:22 ils n'ont pas créé leur entreprise, ils n'ont fait qu'arriver
01:23:25 parce qu'ils ont fait les grands corps de l'État à la tête de grandes entreprises.
01:23:28 Donc peut-être qu'il y aura une réflexion du MEDEF de ce côté-là,
01:23:30 pour savoir s'il ne faut pas mieux rémunérer les dirigeants
01:23:33 de petites entreprises, de très petites entreprises,
01:23:35 d'entreprises de taille moyenne, plutôt que celles de très grandes entreprises
01:23:38 qui, eux, ne prennent aucun risque. Je ne dis pas que tous ne prennent aucun risque.
01:23:41 Je dis qu'il y a un certain nombre, je pense par exemple dans les banques,
01:23:44 où les gens ont fait les nards, ils sont sortis dans la boite,
01:23:47 ils sont allés au ministère des Finances, et ensuite ils se retrouvent
01:23:50 à la tête de la banque, sans avoir pris un seul risque dans leur vie,
01:23:53 avec des salaires mis au volant. Peut-être que le patron du MEDEF
01:23:55 devrait se poser aussi des questions.
01:23:57 On va continuer à parler un petit peu politique, et notamment vacances,
01:24:00 des ministres, une note un petit peu plus légère.
01:24:02 Alors peut-être que vous vous demandez, ou pas, où partent les ministres en vacances.
01:24:05 En tout cas, Mathilde Ibanez a la réponse pour vous. Regardez.
01:24:08 Les vacances pour les membres du gouvernement ont commencé,
01:24:13 et c'est dans le Var, à Brigansour, qu'Emmanuel Macron et son épouse
01:24:16 ont posé leur balise pour une quinzaine de jours.
01:24:19 Comme lui, Elisabeth Borne ou encore Olivier Véran sont partis se reposer
01:24:23 dans la région. Bruno Le Maire, quant à lui, a décidé de partir
01:24:26 prendre le soleil sur la côte basque. Clément Beaune ou encore
01:24:29 Catherine Colonna sont partis en Corse. Et Éric Diop pour Moretti
01:24:33 dans les Alpes-Maritimes. Des vacances tudieuses pour les ministres,
01:24:36 puisque, comme chaque année, les membres du gouvernement
01:24:39 se doivent de rester à deux heures de Paris, d'être joignables,
01:24:42 d'être en veille active et surtout d'être mobilisables.
01:24:45 Gérald Darmanin, lui, est en vacances dans les Bouches-du-Rhône,
01:24:48 mais il est attendu le 15 août prochain pour un déplacement
01:24:51 officiel en Polynésie française pour l'organisation des JO 2024.
01:24:55 La rentrée des classes pour les membres du gouvernement
01:24:58 se fera en tout cas le 23 août pour le Premier Conseil des ministres.
01:25:02 - Claude Badia, au-delà de l'anecdote de savoir où la Première ministre
01:25:06 va peut-être bronzer ou pas cet été, on sent quand même qu'il y a maintenant
01:25:10 vraiment la discipline, pas plus de deux heures de Paris,
01:25:13 il faut être mobilisé, un certain nombre de ministres font des déplacements
01:25:16 en vacances. On se rappelle quand même du traumatisme de la canicule de 2003
01:25:19 où le ministre de la Santé était en bras de chemise au bord d'une piscine
01:25:23 quand les EHPAD débordaient, que nos personnes âgées mouraient.
01:25:26 On sent que maintenant le gouvernement a bien compris que l'été,
01:25:29 il faut être discret en vacances et surtout, il faut être mobilisé tout le temps.
01:25:32 - Oui, on peut dire ici que le gouvernement a fait ici des projets
01:25:36 en termes de politique communicationnelle.
01:25:39 Effectivement, cela faisait des ordres en 2003 et donc que les ministres
01:25:45 se tiennent, je dirais, dans une certaine proximité géographique des lieux
01:25:49 de décision est tout à fait sensé, tout à fait naturel, que les ministres
01:25:54 décompressent comme n'importe quel autre, comme tous les Français, c'est naturel.
01:25:58 Moi, ce que je retiens surtout de la déclaration d'Elisabeth Borne,
01:26:04 c'est ce message tout de même qu'elle envoie au ministre puisqu'elle déclare
01:26:08 que la pause estivale, je la cite, sera particulièrement studieuse
01:26:15 pour ceux fraîchement nommés lors du remaniement.
01:26:19 - On le voit, ils sont tous encore en déplacement et encore, je veux dire,
01:26:23 et demain notamment certains sont sur CNews d'ailleurs.
01:26:25 - Donc voilà, c'est un coup de pression de mon point de vue que la première ministre
01:26:30 adresse donc aux ministres qui viennent d'être nommés
01:26:36 et une façon de les exhorter évidemment à préparer de façon sérieuse
01:26:41 et consciencieuse leur entrée politique.
01:26:44 - Joseph, on est aussi à l'heure de la com' des réseaux sociaux.
01:26:47 Aujourd'hui, on sait, et ça serait malheureux, s'il se passe quoi que ce soit
01:26:50 en lien avec un ministre que ce dernier ait pris en photo sur Twitter, sur TikTok,
01:26:54 sur le réseau social, à la plage ou en randonnée en famille,
01:26:57 aujourd'hui, ça ne passe plus. Et aujourd'hui, ça se sait surtout
01:27:00 parce qu'avant, ça se faisait totalement, mais on ne le savait pas.
01:27:03 - Alors ça se sait, ça ne passe pas, mais il est normal que quand on est ministre,
01:27:07 d'abord on n'est pas ministre pendant 10 ans.
01:27:09 - Non, certains le sont pendant plusieurs semaines.
01:27:11 - C'est des périodes plutôt courtes, il est normal qu'on se donne à fond.
01:27:14 Je trouve que le côté maîtresse d'école de la première ministre est un peu amusant.
01:27:18 Dire vous êtes nouvellement nommé, alors vous allez prendre vos devoirs
01:27:21 de vacances et être studieux. Si dans son équipe, telle qu'elle l'a choisie,
01:27:24 il y a des gens qui viennent d'être nommés...
01:27:26 - Et qui pensaient partir le lendemain.
01:27:28 - Alors les gars, attention, c'est les congés, c'est août,
01:27:31 il ne faut pas m'ennuyer, il faut changer tout de suite,
01:27:34 il faut refaire un nouveau remaniement.
01:27:36 Claude l'a dit, c'est de la com qui s'améliore, après tout,
01:27:39 on ne va pas leur reprocher d'être dans la com.
01:27:41 Et puis, il y a un avantage à ce que ces ministres arrivent sur le territoire national,
01:27:44 c'est que quand on regarde sociologiquement, la très grande majorité,
01:27:49 ce sont des parisiens.
01:27:51 Ça peut être du bien d'être à portée d'engueulade du bon peuple.
01:27:54 Donc, bonnes vacances, mais écoutez le bon peuple aussi.
01:27:57 - On leur souhaite bonnes vacances et que ceux qui ne le sont pas encore
01:28:00 soient bienvenus à la compagnie.
01:28:02 A venir sur notre plateau, on va parler maintenant d'un sujet
01:28:05 beaucoup plus sérieux avec la situation, évidemment, au Niger.
01:28:08 Après le pouf des manifestations anti-occident ce week-end,
01:28:11 la France organise le rapatriement de ses ressortissants.
01:28:14 Ce sont trois avions qui ont décollé, nous a indiqué l'état-major
01:28:18 des armées françaises.
01:28:20 Alors on va faire le point justement avec notre journaliste internationale,
01:28:23 Harold Imane, où en est-on et comment aussi s'organisent
01:28:26 ces rapatriements, Harold ?
01:28:28 - Alors, dans la dernière chance, faite dans la peur d'un dérapage,
01:28:31 les résidents français se rendent par leurs propres moyens
01:28:35 à l'aéroport civil sans être menacés ni entravés par des Nigériens.
01:28:40 Et donc, il n'y a pas de patrouille de soldats français
01:28:43 à leur recherche dans les rues de Niamey.
01:28:46 Mais l'attaque le 30 juillet contre l'ambassade a suffi
01:28:49 à rendre la sécurité des Français risquée.
01:28:53 Le moment d'évacuer était donc venu, selon le Quai d'Orsay.
01:28:57 Dans le même temps, le gouvernement français ne veut pas donner
01:29:00 l'impression de braver militairement la junte.
01:29:03 Certes, il y a 1 500 soldats français dans le pays,
01:29:07 mais ils restent cantonnés à leur base à côté de Niamey
01:29:10 lorsqu'ils ne combattent pas les terroristes sur le terrain,
01:29:14 ce qui est leur véritable mission.
01:29:16 Alors, l'on embarque les Français, les Européens et d'autres nationalités encore.
01:29:21 Le gouvernement italien a envoyé son propre avion à Niamey.
01:29:25 Le gouvernement américain, quant à lui, n'a pas annoncé sa propre opération
01:29:30 et contrait sur les avions français pour évacuer certains Américains.
01:29:34 Le gouvernement allemand s'en remet aux avions français.
01:29:38 Les civils européens seront partis avant l'ultimatum émanant des États
01:29:43 de l'Afrique de l'Ouest exigeant le retour au gouvernement démocratiquement élu.
01:29:49 Claude Aubadie, effectivement, ces manifestations anti-Occident, anti-France,
01:29:53 aussi parfois, on doit s'inquiéter de ce qui se passe au Niger
01:29:56 et de l'ambiance qui règne depuis quelques jours ?
01:29:59 Oui, je crois qu'on doit s'inquiéter pour deux raisons.
01:30:02 Je ne suis pas politiste de formation, mais je crois que la première raison
01:30:06 pour laquelle on doit s'inquiéter, c'est que le Niger était le partenaire
01:30:10 de combat, pour reprendre la formule d'Emmanuel Macron,
01:30:13 de la lutte contre le salafisme djihadiste dans cette région,
01:30:19 donc au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
01:30:23 Or, si l'armée nigériane a un agenda politique,
01:30:29 si l'armée s'occupe de questions politiques, il est clair que l'armée au Niger,
01:30:33 évidemment, ne pourra plus s'occuper aussi efficacement de la lutte
01:30:38 contre le djihadisme, surtout si elle perd son allié occidental qu'est la France.
01:30:45 La deuxième chose que je voudrais dire, c'est qu'à l'occasion des manifestations
01:30:50 qui ont eu lieu dimanche dernier devant l'ambassade de France au Niger,
01:30:54 on a relevé deux pancartes. La première pancarte, c'était "La France dégage".
01:31:00 La deuxième pancarte, c'était "Vive Poutine".
01:31:04 Et ici, la question que je me pose en néophyte, c'est évidemment la question
01:31:09 de savoir s'il n'y aurait pas derrière cette crise nigériane,
01:31:14 évidemment, des ficelles qui sont tirées. Par qui ?
01:31:17 Qui peut avoir intérêt à déstabiliser le Niger ?
01:31:21 Qui peut avoir intérêt à affaiblir la lutte contre le djihadisme salafiste ?
01:31:25 Ce sont les questions qu'on se pose sans doute aujourd'hui en haut lieu.
01:31:30 Joseph Tounel, sur ce sujet, sur les pancartes dont parlait Claude Aubadia,
01:31:34 "La France dégage", ces slogans anti-France qu'on a beaucoup entendus.
01:31:37 Oui, on sent la main russe, c'est clair. La main algérienne aussi.
01:31:41 N'oublions pas que l'Algérie n'est pas très loin.
01:31:44 L'Algérie a retrouvé des rapports avec la Russie, qui sont les rapports cordiaux
01:31:48 qu'avait la Russie soviétique avec l'Algérie.
01:31:52 C'est à pleurer pour tous ceux qui aiment l'Afrique et pour tous ceux
01:31:55 qui aiment les relations franco-africaines normales et apaisées.
01:32:00 Il ne faut pas oublier que le président Bassoum a été élu démocratiquement,
01:32:04 donc c'est lui qui est légitime. Et après tout, si la France faisait
01:32:07 une opération militaire sous l'engagement de l'ONU parce que l'ONU a condamné
01:32:12 ce coup de force, ça ne serait que légitimer un président démocratiquement élu.
01:32:17 La difficulté, c'est que nous sommes en Afrique. Il ne faut pas oublier
01:32:20 qu'il est issu d'une minorité ethnique et que les problèmes ethniques
01:32:24 sont toujours importants dans ces pays. Et sans doute qu'une des raisons aussi
01:32:28 du coup de force et du coup d'État, c'est qu'il appartient à une minorité ethnique.
01:32:32 Espérons qu'ensuite, il n'y ait pas une guerre fratricide entre Nigérians,
01:32:36 d'ethnies différentes, comme ça a pu arriver tristement en Afrique déjà.
01:32:40 Je voudrais qu'on fasse un point rapidement sur ce qui s'est passé
01:32:43 dans la joaillerie Piaget située rue de la Paix, en plein cœur de Paris.
01:32:46 Elle a été braquée aujourd'hui à l'heure du déjeuner par trois personnes
01:32:49 qui ont pris la fuite avec un butin estimé entre 10 et 15 millions d'euros
01:32:53 à tour à prix de sources policières et auprès du parquet de Paris.
01:32:56 On va rejoindre Sarah Fenzary et Charles Pousso qui sont sur place
01:32:59 pour faire le point justement où en est cette affaire.
01:33:02 C'est aux alentours de midi que trois personnes, selon une source policière,
01:33:06 deux hommes habillés en costume et une femme en robe, sont entrées
01:33:09 dans cette bijouterie de luxe située dans le deuxième arrondissement de Paris,
01:33:12 munie d'une arme de poing, un silencieux.
01:33:15 Ils se sont emparés de bijoux exposés en vitrine, ainsi que de ceux placés
01:33:19 dans le coffre du bijoutier avant de repartir vraisemblablement à pied.
01:33:24 Puis sur un deux-roues, aucune personne n'a été blessée durant les faits.
01:33:28 Le montant du préjudice est estimé pour l'instant entre 10 et 15 millions d'euros.
01:33:33 Le parquet de Paris a saisi la brigade de répression du banditisme
01:33:36 d'une enquête en flagrance pour vol à main armée en bande organisée
01:33:40 et séquestration en bande organisée.
01:33:42 Le dernier vol à main armée d'une bijouterie de luxe dans la capitale
01:33:45 remonte seulement au 29 avril dernier, à deux pas de là où je me trouve,
01:33:49 sur la place Vendôme.
01:33:51 Voilà ce qu'on peut dire à cette heure-ci sur l'enquête.
01:33:53 Je voudrais qu'on change de sujet.
01:33:55 On va revenir malheureusement, et on vous en parlait hier,
01:33:57 sur le désarroi des proches d'Enzo.
01:33:59 Vous savez, le 22 juillet dernier, ce jeune homme de 15 ans a été tué
01:34:02 de deux coups de couteau pour un simple regard à la haie malherbe dans l'heure.
01:34:06 Dix jours après le drame, le village constate malheureusement
01:34:09 le manque d'intérêt de la part de l'État.
01:34:11 Les précisions sont signées Mathilde Couvillère-Flornois et Fabrice Elsner.
01:34:15 Dix jours après le meurtre d'Enzo, les stigmates sont toujours présents à la haie malherbe.
01:34:20 Ça a choqué tout le village.
01:34:22 Malheureusement, c'est les jeunes qui sont...
01:34:25 On a notre petit groupe de jeunes qui est chez nous,
01:34:27 qui ne se passent toujours très bien.
01:34:29 Il n'y a jamais eu de problème.
01:34:31 Moi, je traîne souvent dans la haie malherbe.
01:34:33 Je ne me suis jamais senti en danger.
01:34:35 Et l'émotion aussi.
01:34:37 Cette amie d'Enzo, mort dans ses bras, témoigne de la scène d'horreur qu'elle a vécue.
01:34:40 Je me souviens que je marche vers lui.
01:34:42 Il me regarde en tournant la tête et il me dit "Camille, je ne vais pas tenir".
01:34:46 Et cette phrase, j'ai compris ce qu'il voulait dire
01:34:49 parce qu'il avait perdu, mais tout son sang n'a rien de temps.
01:34:54 Je sais qu'il est mort devant moi, donc je sais très bien qu'il n'est plus là.
01:34:58 Mais je n'arrive pas à y croire.
01:35:01 Surnommé "Bezo" par ses amis et sa famille,
01:35:03 Enzo n'avait que 15 ans lorsqu'il a été poignardé à la cuisse et au thorax.
01:35:07 Pour le maire de la ville, le meurtre du jeune homme a trop vite été oublié.
01:35:11 En cause, la situation géographique du village.
01:35:14 On peut dire qu'on est délaissé, effectivement.
01:35:17 On est dans une grande ville, sans doute qu'on en aurait parlé beaucoup plus.
01:35:21 Je sais que la maman aurait voulu un soutien de la part de l'Etat,
01:35:24 ne serait-ce qu'un coup de téléphone, un appel.
01:35:27 Une pétition pour une justice exemplaire à destination du garde des Sceaux a été lancée.
01:35:31 Elle a déjà recueilli plus de 25 000 signatures.
01:35:35 Il y a plusieurs choses intéressantes, Josette Noël, dans ce reportage.
01:35:39 La première qui ressort des propos du maire,
01:35:41 qui ressort aussi des propos de la mère,
01:35:43 hier, qui s'est confiée à nos confrères du Figaro.
01:35:45 C'est le sentiment que parce que ça se passe dans une petite commune,
01:35:48 ils sont oubliés.
01:35:49 La mère d'Enzo, tout comme le maire de la ville, disent exactement la même chose.
01:35:53 Ce n'est pas qu'un sentiment.
01:35:54 En fait, c'est une réalité.
01:35:56 Les raisons, moi j'en vois une majeure.
01:35:59 Les proches, les habitants se sont conduits comme on doit se conduire, correctement.
01:36:04 Ils ont la tristesse.
01:36:05 D'ailleurs, la maman ne se montre pas dans les médias.
01:36:07 Elle a juste accordé une interview.
01:36:08 On ne voit évidemment pas son visage.
01:36:09 Absolument, avec une certaine discrétion.
01:36:11 Ils n'ont pas pillé, ils n'ont pas fait des meutes,
01:36:13 ils n'ont pas incendié, ils n'ont pas fait de radias.
01:36:15 Alors, ça n'intéresse pas les pouvoirs publics et les pouvoirs politiques.
01:36:17 C'est un peu la situation de beaucoup de zones dans le pays
01:36:22 où les choses ne se règlent pas dans la violence.
01:36:24 Alors, on n'en parle pas.
01:36:26 Moi, je suis de tout cœur avec eux, évidemment.
01:36:29 Avec la famille, avec les parents, maintenant,
01:36:31 qui vont souffrir jusqu'à la fin de leur vie.
01:36:33 Mais avec tous ces habitants qui se sentent caricaturellement délaissés aujourd'hui.
01:36:38 D'ailleurs, la mère d'Enzo disait hier dans le Figaro
01:36:40 que c'était des personnes discrètes.
01:36:42 Et finalement, comme si elle se disait
01:36:44 « Je suis discrète, je suis dans la pudeur du deuil de mon fils. »
01:36:46 Et donc, en fait, on n'entend pas.
01:36:47 Comme si maintenant, il fallait faire le tour des plateaux de télévision
01:36:49 pour qu'enfin, on soit entendu.
01:36:51 Alors, combien de pertes son fils ?
01:36:52 C'est comme d'autres ont fait.
01:36:53 Des conférences de presse à Touva, des t-shirts, des machins,
01:36:56 des trucs qu'ils vendent, d'ailleurs, pour un certain nombre d'entre eux.
01:36:58 Je pense au clan Taoré,
01:37:00 qui a osé déposer la marque Traoré pour vendre maintenant des t-shirts, etc.
01:37:04 Eux ne font pas du fric sur les morts.
01:37:06 Eux sont discrets.
01:37:07 Eux ont besoin aussi de la reconnaissance de la nation.
01:37:09 Claude Badia, c'est vrai que ce qui frappe,
01:37:11 et je le disais déjà hier, mais on le voit dans les banderoles derrière vous,
01:37:14 lors de la marche blanche, il y a ce #JusticePourEnzo.
01:37:16 En revanche, il y a quelque chose qu'on n'a pas vu sur les réseaux sociaux,
01:37:18 c'est ce hashtag #JusticePourEnzo qu'on a beaucoup vu dans d'autres affaires.
01:37:21 #JusticePourAdama, #JusticePourNaël.
01:37:23 Là, de la part, alors non pas des médias,
01:37:25 parce qu'on en parle, il faut le dire, tous les soirs sur CNews,
01:37:27 mais de la part aussi de la classe politique,
01:37:29 il n'y a pas énormément de messages de soutien.
01:37:31 Il n'y a pas des tonnes et des tonnes de tweets, par exemple, sur cette affaire.
01:37:36 Ça passe complètement inaperçu.
01:37:38 Oui, ça passe complètement inaperçu.
01:37:40 Effectivement, on n'a plus l'impression ici d'être dans la société du spectacle.
01:37:47 Et sans doute que le fait que ce crime ait été commis dans une région rurale
01:37:54 n'appelle pas aussi facilement le regard des médias et des politiques
01:38:02 sur ces dossiers chauds que sont les banlieues.
01:38:07 En revanche, on peut peut-être risquer aussi une hypothèse qui est audacieuse,
01:38:12 sans doute, est-ce bien par hasard, est-ce bien le fait du hasard
01:38:16 que cet événement n'intéresse pas tant que cela les médias et la classe politique ?
01:38:22 On peut se poser la question pourquoi ?
01:38:24 Parce qu'au fond, on aurait cet événement, ce crime commis dans un petit village,
01:38:31 il nous rappelle quelque chose qui est que la violence, la crise de la société,
01:38:38 la banalisation de la violence, le développement du relativisme moral,
01:38:44 le développement du nihilisme en quoi consiste le fait de supprimer la vie
01:38:48 d'un de ses semblables pour une raison futile, c'est quelque chose qui,
01:38:55 évidemment, dans une société en proie à une crise profonde, ne peut que se développer.
01:39:02 Et malheureusement, on peut penser que si nous sommes bien dans une société
01:39:08 qui aujourd'hui est frappée par ce déclin des valeurs qui induit ce que j'appelle ici le nihilisme,
01:39:14 eh bien, on peut craindre que ça puisse évidemment engrainer tout le territoire.
01:39:21 Il me semble ici que cet événement nous rappelle que la perte de sens de la valeur de l'existence humaine,
01:39:29 que le mépris d'autrui, l'indifférence au sort de l'autre,
01:39:33 eh bien, ce sont des phénomènes qui ne sont pas cloisonnés de façon territoriale
01:39:39 et qui ne sont pas enfermés dans les banlieues.
01:39:41 Et c'est pour ça qu'il faut, aujourd'hui, à mon avis, mettre le paquet sur,
01:39:45 on le disait en début d'émission, sur l'éducation.
01:39:48 Joseph, tu me disais qu'il y a aussi peut-être une raison au silence de la classe politique,
01:39:51 c'est que souvent, on le sait, il y a une partie de récupération politique.
01:39:54 On l'a vu par exemple avec la mort de Nahel et l'extrême gauche qui s'en est emparée
01:39:57 pour en faire aussi la lutte contre la police.
01:39:59 Là, malheureusement, on a l'impression que les politiques ne savent pas comment récupérer cette affaire
01:40:02 et que du coup, elles ne les intéressent pas parce qu'en fait, ça ne sert pas à les intérêts de personne.
01:40:05 Mais c'est ce que Claude disait, cette violence qui monte dans la société,
01:40:09 elle touche toutes les couches de la société.
01:40:11 Et là, on l'a dans le petit village tranquille où d'ailleurs, les copains disent
01:40:15 "on ne comprend pas ce qui s'est passé", etc.
01:40:18 Oui, ça surprend forcément davantage que dans certains quartiers.
01:40:20 Donc, c'est évident que du coup, il n'y a pas de récupération.
01:40:23 Ça ne veut pas dire que quand les politiques en parlent, il y a systématiquement récupération.
01:40:27 C'est souvent un problème d'équilibre. Il faut savoir dire les choses.
01:40:31 Et là, effectivement, moi, je suis comme les habitants et comme la famille,
01:40:34 je trouve que c'est déséquilibré. Mais enfin, je suis sûr qu'il y a des gens de ce village
01:40:37 qui nous écoutent, je voudrais leur dire que leur pudeur les grandit.
01:40:40 Moi, j'admire leur pudeur et je pense que c'est comme cela qu'il faut se comporter
01:40:44 quand il y a un drame de ce type.
01:40:46 Oui, évidemment, leur pudeur les grandit et surtout, on pense à tous les proches,
01:40:49 familles ou amis de ce jeune garçon qui évidemment, malheureusement,
01:40:52 se sont choqués à vie. Je voulais qu'on termine quand même, avant le journal,
01:40:55 sur une note un petit peu plus positive et en rendant hommage aussi
01:40:58 à tous ceux qui nous protègent au quotidien.
01:41:00 On va mettre à l'honneur deux pompiers-sauveteurs.
01:41:02 Ils s'appellent Maéva et Hugo. Ils ont sauvé la noyade d'une enfant de 4 ans
01:41:05 qui dérivait au large de Canet, en Roussillon.
01:41:08 Le chef de l'AIDSADA a pu recueillir le témoignage de l'un de ces deux sapeurs-pompiers-sauveteurs.
01:41:13 L'appel à l'aide a été lancé par les baigneurs postés sur le rivage.
01:41:19 Mercredi dernier, aux alentours de midi, les témoins aperçoivent au loin
01:41:23 une bouée jaune voguée vers le large.
01:41:25 On est de suite partis avec notre embarcation de jet-ski sur la zone.
01:41:29 Au bout de 10 minutes, on a pu avoir un visuel sur une bouée qui s'envolait.
01:41:33 Donc, on a immédiatement rejoint cette bouée.
01:41:36 Au bout de 300 mètres, on a commencé à apercevoir des brassards roses.
01:41:40 En se rapprochant, on s'est aperçu que c'était une petite fille.
01:41:44 La fille était âgée de 4 ans. Elle est anglaise.
01:41:47 Elle a échappé à la vigilance de ses parents en vacances dans la région.
01:41:50 On l'a fait embarquer sur notre jet-ski.
01:41:53 De là, on est immédiatement rentré au bord et on a pu la ramener sans essor.
01:41:58 Choquée et en légère hypothermie, la fillette est ensuite transportée
01:42:02 par les pompiers à l'hôpital de Perpignan.
01:42:04 Une histoire qui se termine bien, mais parfois, le séjour de certains vacanciers tourne au drame.
01:42:09 Car contrairement aux idées reçues, la Méditerranée n'est pas sans danger.
01:42:12 Trois personnes se sont noyées dans la région au début du mois.
01:42:15 L'occasion pour les pompiers de rappeler les consignes de sécurité.
01:42:19 Si vous êtes témoin de quelqu'un qui a une difficulté dans l'eau,
01:42:22 il faut tout de suite prévenir le poste de secours le plus proche.
01:42:26 Ensuite, vous positionnez de façon à ce que les secours
01:42:29 identifient rapidement la zone où la personne est en difficulté.
01:42:33 Ensuite, évidemment, si on a fait un gros repas ou si on a consommé de l'alcool,
01:42:37 il ne faut pas se baigner.
01:42:39 Rester vigilant et agir vite, 15 secondes suffiraient pour une noyade en Méditerranée.
01:42:44 Un mot rapide chacun, parce qu'on a aussi envie de rendre hommage à ces héros du quotidien.
01:42:50 Voilà une belle histoire.
01:42:51 Ce que dit pas le sujet, c'est qu'ils ont sauvé une petite fille,
01:42:53 mais le même jour, sur la même plage, il y a deux autres enfants qui ont été sauvés,
01:42:56 qui étaient allés un peu moins.
01:42:57 Donc, on a des gens plutôt jeunes qui se donnent aux autres.
01:43:00 Qui s'engagent.
01:43:01 Il y a les sapeurs-pompiers, il y a aussi des CRS sur les plages.
01:43:04 Et puis, il y a la Société Nationale de Sauvetage en mer qui a des bénévoles
01:43:08 qui sont sur les plages, qui veillent à notre sécurité.
01:43:11 Ça, c'est peut-être la vraie, la belle jeunesse.
01:43:13 Et on n'en parle pas assez souvent.
01:43:15 Merci à eux. Bravo à eux.
01:43:16 Oui, c'est aussi pour ça qu'on avait envie quand même de leur rendre hommage.
01:43:19 Claude Baillat, c'est important.
01:43:20 Voilà, ces deux jeunes sapeurs-pompiers,
01:43:22 ceux parfois sur qui on prépare des guets tapants pour leur tirer dessus.
01:43:26 On se rend compte que, quand même, heureusement qu'ils sont là.
01:43:29 Oui, ils font un job qui est formidable.
01:43:33 Ils sont au service de leurs concitoyens, de la nation.
01:43:37 Donc, on ne peut que se féliciter et les féliciter de l'action qu'ils ont accomplie.
01:43:43 Et puis, j'ajouterais une chose quand même.
01:43:45 Il faut rappeler aux parents, il faut rappeler aux amis.
01:43:50 Que chacun est responsable sur la plage.
01:43:51 De ses enfants, notamment.
01:43:52 Qu'un enfant, un frère d'un coin d'eau, que ce soit une piscine
01:43:54 ou que ce soit au bord de la mer ou que ce soit le bord d'un lac,
01:43:57 est un enfant qui doit être l'objet d'une surveillance constante.
01:44:01 Et que ce n'est surtout pas le fait de placer deux boudins autour des bras de l'enfant.
01:44:06 Qui le protège.
01:44:07 Qui le protège du danger.
01:44:09 On peut peut-être rappeler que, que ce soit du côté des sapeurs-pompiers,
01:44:11 du côté de la Société Nationale de Sauvetage en mer,
01:44:13 ils recherchent des bénévoles.
01:44:15 Parce qu'on ne va pas surveiller une plage comme ça.
01:44:17 Il y a une formation, il y a des entraînements, etc.
01:44:19 Ils recherchent des jeunes.
01:44:21 Donc, si vous avez envie de vous engager, c'est enthousiasmant, c'est bien.
01:44:24 Vous apprenez des choses aussi.
01:44:26 Et vous êtes au service du bien commun. Quoi de mieux ?
01:44:30 Et on va terminer juste avant le journal en parlant de cette annonce
01:44:33 faite par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
01:44:35 qui s'est exprimé aujourd'hui pour dire ceci.
01:44:37 Le 21 mai dernier, trois jeunes policiers du Nord
01:44:40 perdaient tragiquement la vie en intervention
01:44:42 alors qu'ils accompagnaient une femme victime de violences.
01:44:44 La Nation ne les oublie pas.
01:44:46 Sur décision du président de la République,
01:44:47 Manon, Steven et Paul ont été nommés aujourd'hui chevaliers de la Légion d'honneur.
01:44:51 C'était aussi un moyen de rappeler que personne ne les oublie
01:44:54 et surtout que la Nation leur est évidemment toujours reconnaissante.
01:44:58 On va reprendre dans un instant nos débats.
01:45:00 Messieurs, je suis en train de faire une pause pour l'actualité.
01:45:02 On retrouve tout de suite Simon Guillin. Rebonsoir Simon.
01:45:05 Rebonsoir Elodie.
01:45:06 Bonsoir à tous.
01:45:07 La France a commencé à évacuer ses ressortissants au Niger
01:45:10 une semaine, vous le savez, après le putsch.
01:45:12 Trois avions, dont deux Airbus A330, ont atterri à l'aérodrome civil de Niamey.
01:45:17 Un premier avion a d'ailleurs décollé ce soir avec 262 personnes à bord.
01:45:22 Il y a 600 Français qui ont clairement exprimé leur intention de partir
01:45:25 et un peu plus de 400 Européens.
01:45:27 L'atterrissage de ces avions sur le sol français est prévu dans la nuit.
01:45:31 La bijouterie Piaget, située rue de la Paix à Paris, a été braquée ce midi
01:45:37 par trois hommes qui ont ensuite pris la fuite.
01:45:39 Le butin est estimé entre 10 et 15 millions d'euros.
01:45:42 Heureusement, aucune personne n'a été blessée au cours de ce braquage.
01:45:45 Les dernières informations sur place de Sarah Fenzary et Charles Pousseau.
01:45:50 Non, ça ne m'étonne pas, parce qu'avec tout ce qui se passe en ce moment,
01:45:53 le regard est tourné vers ailleurs, vers les quartiers, avec tout ce qui les émeute.
01:45:57 Les problèmes, on sait ce qui se passe en ce moment.
01:46:00 Tu penses qu'ici, en ce moment, la vigilance est un peu baissée ?
01:46:03 Moi, ça ne m'étonne pas plus que ça, parce que justement,
01:46:07 comme c'est un quartier où il y a énormément de bijouteries,
01:46:09 je pense que c'est très attrayant pour ce genre de choses.
01:46:11 Et surtout qu'en ce moment, c'est les vacances, il doit y avoir moins de monde,
01:46:15 moins de sécurité, peut-être que les gens ne s'y attendent pas forcément,
01:46:18 vu que c'est un quartier sécurisé, et donc c'est une cible facile.
01:46:21 C'est étonnant, parce que maintenant, il y a des alarmes,
01:46:24 tout est vraiment sécurisé de nos jours, surtout des grosses bijouteries,
01:46:29 des gros magasins à proximité, ça m'étonne, franchement.
01:46:33 Et vous entendrez les précisions de Sarah Fenzary et Charles Pousseau
01:46:37 dans l'édition de la nuit.
01:46:38 Rendez-vous donc à minuit sur CNews.
01:46:40 Dans le reste de l'actualité, la date limite de déclaration
01:46:43 des biens immobiliers, une nouvelle fois repoussée.
01:46:45 Le ministère de l'Economie a annoncé ce mardi la date du 10 août
01:46:48 comme date limite de déclaration des biens immobiliers.
01:46:51 L'objectif est de permettre à tous les propriétaires une déclaration sereine,
01:46:55 ainsi que d'assurer une juste taxation de tous les contribuables.
01:46:58 Il s'agit du troisième report de cette campagne de déclaration.
01:47:02 Et enfin, les Journées mondiales de la jeunesse ont débuté ce mardi
01:47:06 au Portugal, à Lisbonne, à la veille de l'arrivée du pape François.
01:47:09 Des dizaines de milliers de jeunes, vous le voyez à l'antenne,
01:47:13 ont afflu vers la capitale portugaise.
01:47:16 Il s'agit du plus grand rendez-vous catholique international
01:47:19 qui devrait rassembler d'ici la fin de la semaine plus d'un million de jeunes.
01:47:22 Alors, qu'est-ce qui motive tous ces jeunes à se rendre à Lisbonne ?
01:47:25 On va écouter ce témoignage de Roméo qui est justement sur place.
01:47:28 Ce qui m'a motivé, c'est GMJ.
01:47:32 Je ne les vis pas comme une parenthèse dans ma vie,
01:47:34 mais plutôt comme un déploiement.
01:47:36 J'ai 20 ans et le fait de se retrouver avec des centaines de milliers
01:47:41 de personnes à Lisbonne, autour du pape,
01:47:45 plus d'un million de jeunes du monde entier, catholiques,
01:47:50 c'est un vrai déploiement dans ma vie de foi.
01:47:56 Je les vis vraiment comme un moment important pour moi,
01:48:02 d'un point de vue personnel.
01:48:05 C'est sur ce témoignage de Roméo que se termine ce journal de 23h.
01:48:09 La dernière partie de Soir Info est toujours présentée.
01:48:13 - Merci Simon.
01:48:15 On vous retrouve pour un point complet sur l'actualité d'ici une vingtaine de minutes.
01:48:18 Je vous présente les invités qui sont avec moi.
01:48:20 Joseph Touvenel est toujours là, directeur de la rédaction du Capital Social,
01:48:23 et Claude Aubadia, professeur agrégé de philosophie.
01:48:26 J'en profite pour citer votre ouvrage, "Petite philosophie du grand large".
01:48:30 On va avoir maintenant une page consommation, électricité, livret A,
01:48:34 ou encore allocation rentrée.
01:48:36 Plusieurs changements sont attendus pour les Français en ce 1er août.
01:48:40 On fait le point avec Maxime Lavandier et Dunia Tangour.
01:48:43 - C'est sans doute la nouvelle qui va impacter le plus les Français ce mardi.
01:48:48 L'augmentation de 10% des tarifs réglementés de l'électricité,
01:48:52 elle concerne les ménages et les petites entreprises.
01:48:55 Une hausse qui intervient après celle de 15% au mois de février dernier.
01:48:59 Objectif pour l'exécutif, la fin progressive du bouclier tarifaire d'ici fin 2024.
01:49:04 - Des meilleures nouvelles côté épargne.
01:49:06 Le taux du livret A est finalement maintenu à 3%, et ce jusqu'à début 2025.
01:49:11 Le livret d'épargne populaire, quant à lui, va bientôt voir son plafond
01:49:14 passer de 7500 euros à 10 000 euros.
01:49:17 Enfin, le taux d'intérêt passe de 6,1% à 6% cette année.
01:49:21 Qui dit rentrée scolaire, dit dépenses.
01:49:24 L'allocation de rentrée scolaire sera versée dès ce mardi à Mayotte et à La Réunion.
01:49:28 Pour la métropole, la date est fixée au 16 août.
01:49:31 Cette année, les montants ont été revalorisés de 5,6% par rapport à l'année dernière.
01:49:36 Ce mardi acte également la fin du ticket de caisse imprimé.
01:49:40 Une mesure écologique qui concerne également les reçus de cartes bancaires.
01:49:44 Le client pourra toutefois demander une facture s'il le souhaite.
01:49:47 - On va revenir sur deux de ces changements.
01:49:50 D'abord, malheureusement, pour le portefeuille des Français,
01:49:52 Joseph Touvenel, c'est le prix, l'électricité.
01:49:54 Malheureusement, il fallait s'y attendre.
01:49:56 On a été habitué, bouclier tarifaire, aide exceptionnelle, argent magique.
01:50:00 Le jour où tout cela prend fin, ça fait mal.
01:50:03 - Je n'y croyais pas un instant.
01:50:05 On a un ministre des Finances, Bruno Le Maire, qui nous avait répété,
01:50:08 et j'ai le souvenir d'une interview pas si ancienne,
01:50:11 où quatre fois il répète "le prix de l'électricité n'augmentera pas".
01:50:15 - Vous êtes un très bon imitateur, Joseph.
01:50:18 - Je ne sais pas, mais je serai sans doute un très bon ministre des Finances.
01:50:21 Mais j'hésiterai de mentir aux Français.
01:50:23 Parce qu'on ne peut pas répéter.
01:50:25 Et le problème, au-delà du prix de l'électricité,
01:50:28 qui va peser, parce que c'est quelque chose d'incontournable,
01:50:30 on ne peut pas dire "je n'allume pas l'électricité quand il fait nuit".
01:50:33 Je suis obligé de le faire.
01:50:35 Au-delà de ça, c'est la confiance dans le politique.
01:50:38 Quelle confiance on peut avoir ensuite dans le politique ?
01:50:40 Et donc c'est la remise en cause de la démocratie, c'est ça qui est grave derrière.
01:50:44 Il n'avait qu'à rien dire. Il n'avait qu'à dire "on va essayer,
01:50:47 on ne peut pas vous le promettre".
01:50:49 Mais voilà, il l'a promis il n'y a pas longtemps,
01:50:52 il a dit "plus 10%" et il y a encore d'autres augmentations qui sont à venir.
01:50:56 Il aurait mieux fait de se taire ou d'écrire un nouveau livre
01:50:59 où il nous aurait raconté ses guélippettes au lieu de mentir aux Français.
01:51:03 Claude Aubadia, que ce soit sur le prix de l'électricité,
01:51:06 que ce soit aussi sur le pic de l'inflation qui est censé être passé depuis je ne sais combien de fois,
01:51:10 les Français se sont intéressés à la politique quand ça parle de leur portefeuille.
01:51:14 Le pic de l'inflation, les Français voient bien qu'il n'est pas passé.
01:51:17 Et la hausse de l'électricité, c'est quelque chose qu'ils comprennent très concrètement.
01:51:20 Quand la facture arrive, les Français se disent "on est déjà totalement sous l'eau".
01:51:24 Comment on fait ?
01:51:26 Je me demande si la grande perdante de ces mesures annoncées,
01:51:31 ce n'est pas la classe moyenne, ce ne sont pas les classes moyennes.
01:51:36 Que l'on revalorise de 5,6% l'allocation de rentrée scolaire,
01:51:43 qu'on anticipe au 16 août son versement aux familles,
01:51:47 pourquoi pas, c'est tout à fait légitime.
01:51:50 Que l'on porte ou que l'on maintienne à 6% le taux de rémunération soumis
01:51:57 à des conditions de ressources du livret d'épargne populaire, pourquoi pas.
01:52:02 Mais que l'on maintienne à 3% le taux de rémunération du livret A et du LDD,
01:52:10 du livret de développement durable,
01:52:12 alors que la BCE préconisait une augmentation à 4%,
01:52:17 c'est ce qui va pénaliser les classes moyennes.
01:52:23 Il ne s'agit ni de stigmatiser les classes les plus favorisées,
01:52:29 ni de stigmatiser ceux qui pour des raisons objectives
01:52:33 sont dans des situations sociales, économiques modestes,
01:52:37 et donc réclament des aides sociales.
01:52:39 Mais les classes moyennes, ce sont celles qui travaillent,
01:52:42 ce sont celles qui produisent des efforts.
01:52:45 Et une fois de plus, les classes moyennes,
01:52:49 qui pèsent évidemment très lourd dans l'équilibre social du pays,
01:52:53 on peut se demander si une nouvelle fois,
01:52:56 ce n'est pas elles qui vont trinquer
01:52:58 et qui vont subir évidemment les affres de la crise.
01:53:04 Dans les nouvelles du 1er août, il y a la fin du ticket de caisse.
01:53:08 Vous pourrez toujours le demander, mais il ne sera plus automatique.
01:53:12 Toute une communication du gouvernement autour de ça,
01:53:14 des tweets de ministres, etc.
01:53:16 Ça y est, on est sauvé, il n'y a plus de ticket de caisse.
01:53:18 C'était vraiment le truc à faire ?
01:53:19 On nous dit que c'est pour la planète et pour l'écologie.
01:53:22 Si avec ça, je n'y crois pas un instant,
01:53:24 le ticket de caisse c'est très pratique, ça permet de faire ses comptes.
01:53:27 Peut-être que les ministres ne le font pas, je n'en sais rien.
01:53:29 Les sénateurs, les députés non plus.
01:53:31 Ah ben si, ils prennent les tickets de caisse pour être remboursés.
01:53:34 Les petites familles moyennes comme la mienne,
01:53:36 on a besoin du ticket de caisse juste pour vérifier quelques fois.
01:53:39 Il m'est arrivé une fois dans ma vie de constater
01:53:42 que j'avais des prélèvements sur mon compte qui étaient induits.
01:53:46 J'ai regardé et c'était parce que quelqu'un avait piqué ma carte bancaire
01:53:50 et utilisait un nom.
01:53:53 Je t'ai passé par l'Italie, je n'en veux pas mes amis italiens,
01:53:56 formidable pays.
01:53:58 Oui, parce qu'on est obligé de faire ses comptes et de vérifier.
01:54:01 Donc le ticket de caisse, c'est quand même pas mal.
01:54:03 Je ne pense pas que c'est ça qui sauve ou qui tue la planète.
01:54:05 Claude Badia, il y a aussi l'argument de dire maintenant
01:54:07 que ce sera possible de l'envoyer par mail.
01:54:09 Cela pose deux problèmes.
01:54:10 Un, la récupération quand même des données.
01:54:12 Et deuxièmement, on oublie aussi une fois de plus la fracture numérique.
01:54:15 Ceux qui n'ont pas Internet ou ceux qui ne savent pas s'en servir,
01:54:18 qu'est-ce qu'on fait de son ticket sur Internet qu'on ne retrouvera jamais ?
01:54:21 Oui, il y a une fracture numérique qui persiste, qui existe évidemment.
01:54:25 Et puis, vous l'avez dit, à partir du moment où on envoie un ticket de caisse par mail,
01:54:31 on peut craindre évidemment que les données numériques des clients soient revendues.
01:54:38 Alors on pourra évidemment mettre en place des gardes-fous, mais on peut le craindre aussi.
01:54:43 Et puis pour revenir sur l'argument écologique,
01:54:45 Le Monde a publié aujourd'hui les résultats d'une enquête qui conclut
01:54:50 que le ticket numérique est plus nocif du point de vue de l'émission des gaz à effet de serre
01:54:57 que le ticket papier.
01:54:59 Donc on peut se demander d'abord si l'argument écologique est bien probant
01:55:05 et s'il est bien décisif ici.
01:55:08 Et donc on pourrait se poser la question,
01:55:10 est-ce que derrière il n'y aura pas une petite idée gouvernementale
01:55:12 pour mieux tracer les dépenses des Français ?
01:55:14 Et ensuite quand je trace mieux les dépenses, je peux mieux mettre des taxes
01:55:18 et mieux vérifier, mieux encadrer.
01:55:20 On est quand même dans une société où on a tendance à nous suivre pour tout,
01:55:23 pour toutes nos dépenses, savoir ce qu'on fait quand on le fait, etc.
01:55:26 Franchement cette société, celle-là me gêne un peu.
01:55:29 On va parler d'une réforme phare du gouvernement, celle de l'assurance chômage.
01:55:32 Les premiers effets seront donc visibles aujourd'hui.
01:55:34 Et pour cause, les personnes devenues sans emploi en février,
01:55:37 au moment où la réforme est entrée en vigueur,
01:55:39 avec une durée d'indemnisation à l'origine de 8 mois,
01:55:42 se retrouvent en fin de droit dès ce mois d'août.
01:55:44 Alors ce nouveau système d'indemnisation qui vise à atteindre un taux de chômage de seulement 5%,
01:55:49 en quoi consiste-t-il exactement ?
01:55:52 Regardez les réponses, elles sont signées Maureen Vidal.
01:55:55 Entrée en vigueur le 1er février dernier,
01:55:58 cette réforme de l'assurance chômage vise à diminuer de 25% la durée d'indemnisation,
01:56:03 avec un minimum de 6 mois.
01:56:05 Par exemple, un chômeur qui aurait perçu avant la réforme ses aides pendant 24 mois,
01:56:09 n'a le droit qu'à 18 mois maximum dorénavant.
01:56:12 Côté senior, pour les plus de 55 ans, cette durée passe de 36 à 27 mois.
01:56:17 Objectif plein emploi, c'est le maître mot du gouvernement,
01:56:20 qui vise 5% de taux de chômage.
01:56:23 Comme le prévoit cette loi nommée marché du travail,
01:56:25 la durée d'indemnisation varie en fonction de la conjoncture économique.
01:56:29 En période verte, avec un taux de chômage inférieur à 9%, la durée est réduite d'un quart.
01:56:35 En période rouge, avec un taux supérieur à 9%, la durée initiale des indemnisations est rétablie.
01:56:41 Mais attention, seulement pour les chômeurs en fin de droit.
01:56:44 Un système qui devrait amener les personnes sans emploi à retrouver plus vie du travail, selon le gouvernement.
01:56:49 Ces règles sont en vigueur jusqu'au 31 décembre prochain.
01:56:53 Des discussions doivent s'ouvrir dès la rentrée entre gouvernement et syndicat,
01:56:57 afin de définir les règles qui seront mises en place dès le 1er janvier 2024.
01:57:02 Joseph Thounel, votre avis sur cette réforme de l'assurance chômage voulue par le gouvernement,
01:57:07 avec cette idée de se dire que normalement quand la conjoncture économique s'améliore, on est plus dur,
01:57:12 et qu'à l'inverse, quand la conjoncture économique devient plus compliquée, on assouplit un peu les règles du chômage ?
01:57:17 C'est exactement le bon sens de ceux qui n'ont pas le sens du pays.
01:57:20 Comme ça, ça paraît très bien.
01:57:23 Et ce qu'on sait, c'est que par exemple en Vendée, le taux de chômage, on est au plein emploi depuis plusieurs années.
01:57:30 On est à 5%.
01:57:32 Ça veut dire que si on veut être cohérent, il faut mettre une règle spéciale pour la Vendée.
01:57:36 Donc il faut regarder par lieu géographique.
01:57:38 Parce que le taux de chômage dans la somme n'est pas du tout celui-là.
01:57:42 Prendre un taux de chômage national pour dire que pas une tête ne dépasse, c'est inconséquent.
01:57:49 Et puis par métier, on sait qu'il y a des métiers où on n'arrive pas à embaucher.
01:57:53 Il faut regarder pourquoi.
01:57:55 Dans l'hôtellerie, dans la restauration, il y a des problèmes de salaire, il y a des problèmes d'horaire,
01:57:58 il y a des problèmes de conditions de travail.
01:58:00 Il faut se pencher là-dessus parce qu'il y a des postes, mais il y a aussi des métiers où on ne trouve pas de travail.
01:58:06 Il y a aussi des âges où je ne trouve pas de travail.
01:58:09 Quand j'ai plus de 55 ans, trouver un travail, on a beau dire "on va vous réduire le temps d'anémonité",
01:58:15 ça veut dire quoi ?
01:58:16 Ça veut dire que qu'est-ce que je fais entre le moment où j'ai le droit à ma retraite et le moment où j'ai plus le droit au chômage ?
01:58:21 Ça c'est la réalité qui touche des dizaines de milliers de personnes.
01:58:25 Et donc on a vraiment une théorie générale qui paraît satisfaisante.
01:58:28 Moi je l'ai, d'accord.
01:58:30 Il y a plus d'emplois, on voit les règles.
01:58:32 Et puis une dernière chose, pourquoi on ne confie pas uniquement la tâche aux partenaires sociaux ?
01:58:37 Là c'est une nette décadrage de la Première Ministre.
01:58:39 Moi je note que quand les partenaires sociaux patronnent à un syndicat,
01:58:42 on leur laisse leur champ de responsabilité, ils gèrent pas mal.
01:58:45 Regardez la caisse du privé de retraite, gérée par les partenaires sociaux.
01:58:52 Elle n'a jamais eu un déficit, elle n'a pas une dette, pas un emprunt, elle a 70 milliards de réserve.
01:58:58 Et donc les partenaires sociaux, ils ont la capacité de s'engueuler
01:59:01 et d'arriver à des solutions raisonnables proches du terrain.
01:59:05 Si on leur laissait la main, je suis sûr que ça serait mieux géré.
01:59:07 Plutôt qu'une nette de cadrage qui vient de haut en disant, pas une tête de dépasse.
01:59:11 Quelles que soient les régions, grand taux de chômage, pas de taux de chômage,
01:59:14 quel que soit le métier, on met la même règle.
01:59:16 F. de Badière, est-ce que finalement ce n'est pas, comme le disait Joseph Tounel, une usine à gage ?
01:59:19 Sur le papier on comprend la logique.
01:59:21 Par contre s'il faut faire des exceptions et regarder département par département,
01:59:25 ou même parfois au sein même d'un département, ville par ville,
01:59:28 en fait on ne s'en sort pas.
01:59:29 C'est-à-dire que qui va arbitrer ça ?
01:59:31 On est sujet que tel département va mieux qu'un tel, etc.
01:59:34 Et surtout quand la conjoncture bouge beaucoup, c'est infaisable.
01:59:37 Oui, et c'est peut-être pour ça que la solution préconisée par Joseph est problématique.
01:59:43 Et qu'ici on peut aussi espérer que le gouvernement veut cadrer nationalement
01:59:53 une réforme de l'indemnisation du chômage,
01:59:56 qu'il veut dans un souci communicationnel tout à fait légitime et naturel
02:00:01 envoyer un message fort aux Français,
02:00:06 à savoir tout en préservant les régimes spéciaux des intermittents du spectacle,
02:00:12 des marins-pêcheurs, des dockers,
02:00:15 que l'indemnisation du chômage devra bien être relative
02:00:21 et devra bien être conditionnée par l'état de l'économie
02:00:26 et par le niveau d'emploi qui est celui de la France.
02:00:30 Vous savez comment s'appelle le chômage ?
02:00:32 C'est une assurance chômage.
02:00:34 C'est curieux quand même, une assurance, donc je paye une assurance.
02:00:38 Et le gouvernement vient me changer la règle du jeu ?
02:00:42 Moi ça me semble un peu étonnant que le gouvernement dise
02:00:45 les partenaires sociaux dans le monde du travail,
02:00:48 dans le secteur privé, parce que le chômage c'est le secteur privé,
02:00:51 les fonctionnaires n'ont pas le droit au chômage,
02:00:53 ils ne cotisent pas, ils n'ont pas le droit au chômage,
02:00:55 que le gouvernement laisse la main au secteur privé
02:00:58 pour gérer ses propres affaires.
02:01:00 C'est la démonstration que je faisais pour la caisse de retraite du privé,
02:01:03 obligatoire pour tous les salariés,
02:01:05 la gestion est bien meilleure que quand le gouvernement vient s'en mêler.
02:01:08 Je vous laisse répondre, Claude Badiaye, on change de thème.
02:01:11 Oui parce que je crois qu'on ne peut pas d'un côté, si vous voulez,
02:01:15 reprocher au gouvernement de ne pas délivrer des messages clairs,
02:01:20 on ne peut pas se désespérer du déclin d'un certain nombre de valeurs,
02:01:25 notamment la valeur de l'effort et la valeur du travail,
02:01:28 et dans le même temps nier qu'il soit légitime de conditionner
02:01:34 les conditions d'indemnisation du chômage,
02:01:36 en gros à la situation de l'emploi.
02:01:38 Moi ça me paraît, si vous voulez, ici, moi qui ne suis pas spécialiste,
02:01:43 ça me paraît quelque chose qui relève du bon sens.
02:01:45 Donc on baisse les cotisations chômage en vendredi.
02:01:47 Alors ce que je voulais ajouter, ce que j'ajouterais ici,
02:01:51 c'est que pour reprendre ce que vous dites Joseph, et qui me semble légitime,
02:01:56 c'est qu'on peut peut-être aussi espérer que ce message politique,
02:02:00 que cette tentative de cadrage national,
02:02:03 que cette impulsion donnée par le gouvernement,
02:02:06 puisse dans un deuxième temps, comment dire,
02:02:09 amener des amendements, des aménagements,
02:02:13 qui permettront, comme vous l'avez dit, de tenir compte, si vous voulez,
02:02:16 de la diversité des situations de l'emploi dans les différents bassins en France.
02:02:22 On va terminer cette page écho en faisant un petit détour par les soldes.
02:02:27 On vous disait que c'était le dernier jour aujourd'hui.
02:02:29 Alors quel bilan ? Écoutez les précisions de Sarah Varney et Sacha Robin.
02:02:33 Aujourd'hui c'est le dernier jour des soldes.
02:02:37 Les Français continuent la course aux dernières bonnes affaires du côté des commerçants.
02:02:42 Le bilan est plutôt mitigé.
02:02:45 C'est le cas notamment ici à Hyères de Isabelle,
02:02:48 qui est gérante de cette boutique de chaussures.
02:02:51 Pour une fois je peux vous dire oui.
02:02:53 Dès qu'ils ont commencé, les deux semaines qui ont suivi, c'était super.
02:02:56 Avant qu'il y ait des événements qui ont tout arrêté.
02:02:58 Parce que déjà on a la chance qu'on est à Hyères dans les soldes,
02:03:01 donc nous n'avons pas eu de problème.
02:03:03 Mais je vous dirais que les clients n'avaient plus envie d'acheter,
02:03:06 n'avaient plus envie de venir dans les boutiques, ce qui est normal.
02:03:09 Donc à partir de ce moment-là, il y a eu une baisse.
02:03:12 Et aujourd'hui, j'ai fait mes comptes, je sais la journée, ce qui va être faite.
02:03:16 Et nous sommes à 10% de moins que l'année dernière.
02:03:19 Malgré la semaine supplémentaire allouée par le gouvernement,
02:03:22 les commerçants sont en difficulté face à ces soldes d'été 2023.
02:03:26 Avec l'inflation et la pandémie, de nombreuses grandes marques sont en difficulté,
02:03:32 comme Kukai, Gap ou encore André.
02:03:36 Des marques qui peuvent aller jusqu'à la liquidation,
02:03:39 comme c'est le cas de Camailleux en septembre dernier.
02:03:42 Et pour être parfaitement complet sur cette thématique,
02:03:45 je voudrais qu'on écoute le son de Francis Palombi,
02:03:47 le président des commerçants de France,
02:03:49 qui lui aussi dresse un bilan très mitigé de ces soldes.
02:03:52 Ce sont des soldes que nous avons appelés mitigés.
02:03:57 Les enseignes dans les centres commerciaux ont bien travaillé.
02:04:02 Les secteurs qui représentent les villes de plage, les villégiatures,
02:04:10 les villes de vacances ont très bien travaillé.
02:04:13 En centre-ville, ça s'est avéré moins bon.
02:04:16 Dans les périphéries également.
02:04:18 Donc ce sont des soldes partagés.
02:04:21 Je voudrais maintenant qu'on termine cette émission en parlant de Marie Trintignant,
02:04:24 parce qu'il y a 20 ans, elle décédait sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat,
02:04:29 ce qu'on appelait encore à l'époque « rarement un féminicide a fait changer les mentalités ».
02:04:33 Et je voudrais qu'on revienne ensemble sur les termes
02:04:35 qui ont été utilisés à l'époque par certains journaux.
02:04:38 Je les ai retrouvés.
02:04:39 Certains parlaient d'une dispute qui tourne mal, d'un drame passionnel,
02:04:42 d'un chahut ou d'une chamaillerie.
02:04:43 Voilà ce qu'on pouvait lire.
02:04:44 On entendait aussi « la violence a eu raison de l'idyle ».
02:04:47 On parle aussi d'un amour poussé à son extrême violence,
02:04:50 la passion comme souvent avec elle, cette fois destructrice.
02:04:53 On expliquait aussi que la jalousie était à l'origine du drame.
02:04:56 On parlait de Marie Trintignant comme, je cite,
02:04:58 « une actrice qui possède une grâce pleine de félures »
02:05:01 parce qu'évidemment, à l'époque, on cherchait encore dans la victime
02:05:03 ce qui avait pu conduire à ce drame.
02:05:05 Bertrand Cantat, on le rappelle, avait évoqué une gifle.
02:05:07 Il l'a laissée mourante plusieurs heures avant d'appeler à l'aide.
02:05:10 En réalité, il ne s'agissait pas d'une gifle.
02:05:12 Il lui a infligé 19 coups extrêmement violents.
02:05:14 Alors on le présentait comme un homme d'excès.
02:05:17 On vantait son charisme, un journaliste a même osé écrire
02:05:20 « Bertrand Cantat se disloque dans le malheur le plus profond
02:05:23 qu'il se puisse imaginer, tuer la femme qu'il aimait et survivre. »
02:05:27 On faisait du criminel une victime.
02:05:29 Heureusement, 20 ans après, les choses ont changé.
02:05:31 On a enfin compris que ni la jalousie, ni aucun amour extrême
02:05:34 ne peut justifier qu'on donne la mort à sa compagne ou son compagnon,
02:05:37 que non, il n'y a pas de relation destructrice,
02:05:39 il n'y a pas un criminel, que non, ce n'est pas du côté de la victime
02:05:43 qu'il faut changer les choses.
02:05:44 Évidemment, Bertrand Cantat, aujourd'hui, ne serait peut-être plus traité
02:05:47 comme un chanteur tourmenté, comme on le disait,
02:05:49 mais comme ce qu'il est désormais depuis 20 ans,
02:05:51 un criminel qui a tué sa compagne et qui a laissé aussi orphelin de mère.
02:05:55 Ses quatre enfants, Joseph Touvenel, quand on entend tout ce que je viens de citer,
02:05:59 c'est hallucinant qu'on ait pu parler de cette affaire comme ça.
02:06:01 Bertrand Cantat était l'homme tourmenté, chahuté,
02:06:04 Marie Trentignan, la victime qui est devenue presque coupable.
02:06:07 Il y a deux choses.
02:06:08 Il y a eu un changement d'époque et tant mieux.
02:06:10 Il y a eu une prise de conscience et tant mieux.
02:06:12 Mais n'oublions pas qui était Bertrand Cantat.
02:06:15 C'était l'icône d'une certaine gauche.
02:06:17 C'était le chevalier blanc contre ce qu'il appelait l'extrême droite,
02:06:21 qu'il dénonçait en donnant des leçons de morale à chaque cancer.
02:06:24 Et sans doute que la bienveillance de la presse à son égard est liée à ça.
02:06:30 Ce n'est pas que ça.
02:06:31 C'était aussi un temps où effectivement on considérait que…
02:06:35 Enfin, inconsidérés.
02:06:37 Un certain nombre de personnes considéraient que c'était quasiment la normalité…
02:06:41 Et que c'était dans l'intimité d'un couple, en fait,
02:06:43 que c'était pas un sujet de société.
02:06:44 Mais c'est aussi un problème d'éducation.
02:06:46 Moi je me rappelle qu'à l'âge de 7 ans,
02:06:48 je m'étais bagarré avec une petite cousine,
02:06:50 une affreuse cousine,
02:06:51 et mon père m'avait pris, il m'avait dit
02:06:53 "on ne frappe jamais une fille ni une femme, même avec une fleur".
02:06:56 Donc ça commence dès l'éducation, voilà, à avoir un certain respect.
02:06:59 Et c'est peut-être, ce que disait Claude tout à l'heure,
02:07:01 c'est aussi dans la délicatessence des valeurs de la société
02:07:05 qu'on va retrouver cette violence qui ressort parce que…
02:07:07 Marie Trintignant, parce que elle est très connue,
02:07:09 mais rappelez-vous ces jeunes filles qui sont tuées dans des caves en banlieue,
02:07:14 pas si loin de chez moi, de l'autre côté de la Marne,
02:07:17 d'une qui a été brûlée vive, il y a des meurtres comme ça,
02:07:20 il y a évidemment tous ces cas dont on ne parle pas
02:07:22 parce qu'ils sont moins publics, mais c'est bien…
02:07:24 Oui, que cette affaire malheureusement ait fait changer les choses.
02:07:27 Voilà, que Marie Trintignant, au moins,
02:07:29 que sa mort puisse servir à quelque chose,
02:07:31 c'est qu'on fasse prendre conscience que cette violence
02:07:34 n'est jamais, jamais, jamais acceptable.
02:07:37 Claude Bally, on a voulu avec cette affaire aussi au début la rendre romanesque.
02:07:40 Quand on voit ce qui est écrit,
02:07:42 on se dit qu'on a voulu rendre tout ça presque parfois limite poétique
02:07:47 et on oublie en fait le sens pur de cet acte de tuer sa compagne,
02:07:51 je le rappelle, la laisser plusieurs heures totalement mourante.
02:07:53 Oui, oui, vous l'avez très bien dit, d'ailleurs en vous écoutant,
02:07:56 je me suis dit que je vais pouvoir partir plus tôt parce que Elodie…
02:07:58 Elodie, non, non, jamais.
02:08:00 Elle a dit l'essentiel.
02:08:02 Alors oui, évidemment, je pense que Joseph a raison de souligner
02:08:05 que la commission d'un acte aussi criminel, d'un homicide,
02:08:12 par un chanteur de rock,
02:08:15 par un chanteur de rock, effectivement,
02:08:19 dans une culture plutôt progressiste, plutôt de gauche,
02:08:22 peut surprendre parce qu'effectivement,
02:08:24 peut-être qu'on associe inconsciemment la violence
02:08:27 à d'autres types de manifestations culturelles,
02:08:31 mais il reste un point central, et vous l'avez très bien dit,
02:08:36 c'est qu'on a changé d'époque, vous l'avez dit l'un et l'autre,
02:08:40 on a changé d'époque.
02:08:42 Ce qui était dissimulé, ce qui était enveloppé
02:08:46 dans des formules pudiques et au fond qui étaient de banalisatrices,
02:08:52 eh bien cette époque est révolue.
02:08:55 Aujourd'hui, on dit les choses, on appelle un chat un chat
02:08:59 et lorsqu'il s'agit d'un meurtre, on parle de meurtre,
02:09:02 et quand il s'agit d'un meurtre d'un féminicide,
02:09:05 il faut en parler, et quand il s'agit d'un crime sexiste aussi,
02:09:08 il faut en parler, et c'est très bien,
02:09:11 et on ne peut que se réjouir du fait que l'époque de la banalisation
02:09:16 de la violence conjugale, évidemment, soit une époque révolue.
02:09:19 - Rappelez-vous de la grande dignité de Jean-Louis Trintignant.
02:09:22 - Bien sûr, et de toute la famille de Marie Trintignant.
02:09:25 Merci en tout cas à tous les deux d'avoir été mes invités,
02:09:28 Joseph Touvenel, directeur de la rédaction Capital Social,
02:09:31 Claude Aubadia, professeur agrégé de philosophie.
02:09:33 Je rappelle une dernière fois votre livre, Petite Philosophie du Grand Large.
02:09:37 Évidemment, tout de suite, c'est bien sûr la suite de l'actualité
02:09:40 et la suite de Soir Info avec un point complet sur l'actualité.
02:09:43 ♪ ♪ ♪

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