Niger : après la France, l'Italie vient d'annoncer procéder à l'évacuation de ses ressortissants
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00:00 Et avec nous sur ce plateau, pour en parler, notre chroniqueur international Cyril Paillin.
00:04 Bonjour.
00:05 Bonjour.
00:06 Est-ce que vous avez plus de précisions sur ces évacuations ? Dans quel cadre elles
00:08 vont être menées ?
00:09 D'abord, une nouvelle information qui vient de nous parvenir, c'est que l'Italie également
00:13 vient d'annoncer qu'elle avait procédé à une évacuation de ses ressortissants.
00:17 Donc effectivement, s'il fallait le montrer un peu plus, on s'enfonce résolument dans
00:22 une crise très très profonde au Niger après le coup d'État du 26 juillet dernier.
00:27 Et cette annonce très très forte effectivement qui a été confirmée, en fait c'est un
00:30 message qui a été envoyé dans la nuit à l'ensemble de la communauté française basée
00:33 à Niamey.
00:34 Environ 850 ressortissants français, donc un peu plus que ce qu'on escomptait, et de
00:39 se tenir prêts.
00:40 Et ensuite, à l'aube, l'information a pu être confirmée.
00:43 Donc il s'agit de rotation aérienne au départ de Paris avec un décollage de l'aéroport
00:49 de civils, de l'aéroport civil pardon, et qui est pris en main par l'armée française
00:54 sur des avions non armés, des avions qui appartiennent à l'armée française mais
00:57 qui ne sont pas labellisés, ce ne sont pas des avions militaires.
00:59 Donc 1500 personnes et ces rotations, alors on parle d'un début de ces rotations imminents.
01:06 Ce sont les éléments de langage qu'on nous répète à l'état-major des armées et
01:09 au ministère des Affaires étrangères.
01:10 Mais en fait tout est en place, il faut penser que c'est cela et ça durera certainement
01:15 toute la journée, voire demain.
01:16 Donc ce plan d'évacuation est basé sur le volontariat, mais il y a énormément de
01:21 candidats d'après ce qu'on voit, donc les français s'en vont, les italiens aussi.
01:26 Ceci aussi veut dire en creux que les frontières terrestres et aériennes étant fermées sur
01:32 ordre de la jeune militaire depuis mercredi dernier, il y a eu un petit espace pour faire
01:36 sortir les ressortissants étrangers qui le voulaient.
01:38 Donc oui c'est un pas de plus dans cette crise, tout ça fait suite évidemment aux
01:42 propos très fermes de l'Elysée après l'attaque de l'ambassade de France dimanche
01:47 en marge d'une manifestation pro-jeune qui s'est transformée en une manifestation
01:51 assez inédite dans sa violence et dans ses termes, anti-française, totalement anti-française
01:56 contre l'ambassade de France.
01:57 Et là c'est certainement un tournant dans la crise, puisque oui une évacuation des
02:02 français c'est quelque chose évidemment qui est une opération importante dans les
02:04 circonstances données, mais qui aura certainement des conséquences.
02:08 C'est un message aussi très ferme de la part de la France aux partenaires nigériens,
02:12 à savoir que là effectivement on évacue, c'est-à-dire qu'il y a une énorme crise
02:16 et qu'il faudrait la régler.
02:17 Pourquoi il est mis en place aujourd'hui précisément ce plan d'évacuation ?
02:20 Je crois qu'il y a eu des négociations assez longues avec les autorités en charge,
02:25 donc certainement les diplomates français, les diplomates ou les militaires de la jeune
02:30 pour ouvrir cet espace aérien.
02:32 Je rappelle que même les négociateurs de la région de l'Afrique de l'Ouest, dans
02:37 l'espèce de président Talon du Bénin qui avait été proposé par la CDAO à venir
02:41 la semaine dernière pour tenter une médiation, lui avait refusé l'accès à Niamey par
02:47 voie aérienne.
02:48 Donc on est dans un entre-deux où il y a encore beaucoup de gens qui pensent que ce
02:52 coup n'est pas irréversible, mais également la jeune militaire qui continue ses accusations
02:58 contre les partenaires, cette fuite en avant je dirais un peu complexe, tout en, je le
03:03 rappelle, gardant en otage le président élu Mohamed Bazoum avec sa femme et son fils.
03:07 Vous avez mentionné la France, l'Italie, d'autres pays devraient suivre ?
03:10 Difficile à dire à ce stade, je crois qu'il y a énormément de négociations, mais il
03:14 y aura un avant et un après 1er août.
03:17 C'est vraiment un marqueur important dans cette crise.
03:20 De leur côté, le Burkina Faso et le Mali ont prévenu, une intervention militaire au
03:24 Niger serait une déclaration de guerre à leurs deux pays, une réponse aux menaces
03:28 de la CDAO.
03:29 On en reparlera avec vous Cyril Payen, juste après avoir écouté Abdoulaye Maïga, le
03:32 porte-parole du gouvernement malien.
03:34 Le gouvernement de transition du Burkina Faso et du Mali, un, exprime leur solidarité
03:41 fraternelle et celle des peuples burkinabés et maliens au peuple frère du Niger, qui
03:48 a décidé en toute responsabilité de prendre son destin en main et d'assumer devant l'histoire
03:55 la plénitude de sa souveraineté.
03:57 Toute intervention militaire contre le Niger s'assimilerait à une déclaration de guerre
04:04 contre le Burkina Faso et le Mali.
04:07 Cette déclaration fait suite aux menaces de la CDAO d'avoir recours à la force si
04:12 l'ordre constitutionnel n'est pas rétabli par les poutchistes.
04:15 Elle s'adresse aussi à la France.
04:17 Effectivement, et ça se complique beaucoup, puisque là c'était un événement qui n'était
04:21 pas du tout prévu.
04:22 Il y a une sorte de front, d'abord un front des pays partenaires, extrêmement ferme.
04:27 Sanctions, ultimatum, vous l'avez dit, l'Union Européenne, la France, les Etats-Unis, j'en
04:32 oublie, la Banque Mondiale et l'Union Européenne bien évidemment.
04:35 Je rappelle que le Niger est extrêmement dépendant, c'est un pays extrêmement pauvre
04:37 qui dépend de l'aide extérieure.
04:39 Donc tout est coupé.
04:40 On voit l'évacuation maintenant des ressortissants.
04:42 Et puis de l'autre côté, il y a ce front des poutchistes de l'Afrique de l'Ouest,
04:47 donc Malien, Burkinabé, tous des anciens amis d'ailleurs de ces mêmes personnes,
04:51 c'est-à-dire la France et les Occidentaux, mais qui les rejettent beaucoup depuis un
04:54 an ou deux, depuis qu'ils ont pris le pouvoir.
04:55 Et puis aussi la Guinée qui s'est mêlée à ça et qui rejette donc cet ultimatum extrêmement
05:00 rare du bloc ouest-africain de la CDAO après le sommet d'Abouja dimanche et qui a donc
05:07 donné aussi des sanctions extrêmement formes, fermes en général en diplomatie.
05:10 Ce sont plutôt des avertissements, des menaces voilées.
05:13 Là, c'est une fermeture des frontières, échange économique totalement stoppé, des
05:17 sanctions.
05:18 Et cet ultimatum qui court, il reste cinq jours pour, vous le disiez, un retour à l'ordre
05:23 constitutionnel, la libération du président Bassoum et la restitution dans ses prérogatives,
05:28 sans quoi l'intervention militaire de la CDAO n'est pas exclue.
05:32 Des mots extrêmement forts.
05:34 La CDAO a déjà intervenu ailleurs dans le passé militairement, mais c'est une opération
05:39 et une menace extrêmement violente, je dirais virulente en tout cas, extrêmement ferme,
05:44 qui met une pression supplémentaire sur la Jeune-Syne-Nigère.
05:46 Et là maintenant, voilà, nous avons ce nouveau front, je dirais sahélien, avec Malien, Burkinabé,
05:52 Guinéens, qui se portent au secours de leurs frères militaires nigériens et qui donc
05:58 disent, on l'a vu avec le porte-parole Malien, que tout cela serait déclaré de leur côté
06:03 comme une déclaration de guerre.
06:04 Donc tout ça se complexifie un peu plus s'il y en avait besoin, mais met un peu plus de
06:08 pression sur la communauté internationale, sur les pays sahéliens et puis bien évidemment
06:12 sur la junte militaire du CNSP à Niamey.
06:15 On a connu la CDAO beaucoup moins ferme par le passé.
06:19 Effectivement, mais je crois qu'elle sait qu'il y a eu une série de coups d'État,
06:25 de militaires qui ont pris le pouvoir sans passer par les urnes.
06:28 Donc on cite évidemment la Guinée, le Burkina Faso, le Mali, les pays les plus connus où
06:34 il y a eu des conséquences directes, notamment sur la coopération avec les militaires français.
06:39 Je pense à l'opération Barkhane au Mali où ça s'est très mal terminé.
06:42 Mais il y a aussi le Tchad.
06:44 Donc pour une question de légitimité sur la scène internationale, la CDAO cherche
06:49 à marquer sa voix.
06:52 Et tout cela est à l'impulsion du président de la CDAO, tournant le président du Nigeria
06:57 qui n'entend pas être juste un passeur de plats, si j'ose dire, et est extrêmement
07:01 ferme.
07:02 Il y va certainement de la légitimité et des démocraties dans ce pays puisque je rappelle
07:06 que le Niger, dans cette partie sahélienne de l'Afrique de l'Ouest, était le dernier
07:09 bastion démocratique avec un président, je le rappelle, élu il y a deux ans par les
07:15 urnes, c'est-à-dire Mohamed Bazoum qui, lui, de son côté, refuse pour l'instant
07:18 de démissionner et est toujours retenu au palais présidentiel.
07:21 Merci Cyril Payen pour votre analyse.
07:24 On vous retrouvera dans nos prochaines éditions pour continuer d'évoquer la situation en