Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État chargée de la Ville, était l'invitée de BFMTV pour évoquer la fiche de route du gouvernement donnée par Emmanuel Macron, axée notamment sur l'ordre, en réponse aux émeutes qu'a connu la France après la mort de Nahel.
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00:00 Sabrina Agresti Roubach, bonsoir.
00:02 - Bonsoir.
00:02 - Vous êtes secrétaire d'État en charge de la ville depuis hier, nommée par Emmanuel Macron.
00:07 On va parler de vos missions, les missions qui vont être les autres dans un instant,
00:10 mais avant cela, un mot sur ce statut particulier avec une double appartenance,
00:14 à la fois sous tutelle du ministère de l'Intérieur et celui de la transition écologique.
00:19 Qu'est-ce que ça va apporter en matière de gestion des villes, cette double appartenance ?
00:24 - Bonsoir à tous.
00:26 Donc, ce que ça va apporter, ce qui est sûr,
00:28 c'est que ça ne vous a pas échappé, nous avons vécu une période compliquée avec les émeutes, très compliquée.
00:34 Donc, ça veut dire que sur les politiques de la ville, il fallait bouger.
00:37 Et qu'est-ce qu'ont demandé les Français ?
00:38 Plus de sécurité, plus d'autorité, plus de fermeté.
00:43 Donc, je pense que c'est le premier message.
00:45 L'autre message, c'est qu'effectivement, avec le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
00:50 on l'a dit ce matin lors de la passation de pouvoir,
00:55 nous venons du même milieu social.
00:57 Nous sommes des enfants des quartiers populaires.
00:59 Donc, on a cette chose-là qui nous relie, parce que ça compte aussi.
01:04 Et que, de toute manière, on sait que sur les politiques de la ville,
01:08 on dépend de toute manière de Christophe Béchut, du ministère de la transition écologique.
01:14 Donc, je trouve que là, c'est un ministère qui marche sur deux jambes.
01:18 Et comme je suis quelqu'un de plutôt "j'aime faire",
01:22 donc je trouve qu'on répond à une demande.
01:24 C'est une demande et un besoin.
01:25 Et surtout, un début de réponse, et non pas juste une analyse
01:30 à ce qui s'est passé ces dernières semaines.
01:32 Rétablir l'ordre, ça ne passe donc pas que par des présences policières
01:38 dans les quartiers, par la répression ?
01:40 Non, parce que la réponse sécuritaire, on va dire les mots, elle était nécessaire.
01:46 C'était ce que les Français ont demandé.
01:48 Et c'est normal.
01:49 La fonction de la République, c'était de rétablir l'ordre pendant les émeutes.
01:58 Donc, ça, c'est la première chose.
02:00 Ça a été fait.
02:01 Mais maintenant, la réponse, elle doit être aussi politique.
02:04 Et justement, essayer de recoudre tout ça pour faire, comme je vous le disais,
02:08 marcher vraiment sur nos deux jambes.
02:09 Parce que la sécurité, ce n'est pas l'inverse des quartiers populaires
02:13 ou même des zones les plus reculées dans la ruralité.
02:16 Ça va ensemble, ça marche ensemble.
02:17 Et surtout, c'est ce qui protège.
02:19 La sécurité et la police, c'est ce qui protège.
02:22 Donc là, je pense que c'est le moment de mettre dans une politique de la ville,
02:25 qui est en réalité la politique du vivant, remettre justement ce fameux lien.
02:29 Là, je fais un mot comme ça parce que c'est quand même ce que j'ai beaucoup entendu,
02:36 notamment lors de ces émeutes.
02:37 Ce qu'ont dit certains observateurs, de dire que cette tutelle du ministère de l'Intérieur,
02:43 c'était mettre de la répression, la police, dans le sujet de la ville,
02:47 c'était particulier comme fonctionnement.
02:49 Vous réfutez cette analyse ?
02:52 Ça, je le laisse justement à ceux qui ne vivent pas dans les quartiers populaires.
02:55 Parce que je sais d'où viennent les commentaires.
02:56 Ce sont des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent.
02:59 Ils ne connaissent pas la pauvreté, ils ne connaissent pas le manque
03:01 et ils ne connaissent pas les quartiers populaires.
03:02 À part éventuellement pour aller les faire voter quand tu as une campagne.
03:05 Donc ça, c'est évidemment non.
03:08 La réalité, c'est qu'encore une fois, on essaie d'opposer justement l'ordre républicain,
03:14 la sécurité avec les quartiers populaires.
03:16 Et je le redis encore, et les zones les plus reculées de notre pays, dans la ruralité.
03:22 Tout ça va ensemble.
03:23 La police, vous savez, la sécurité, ça rassure.
03:26 Il faut arrêter de penser que...
03:27 Vous savez, dans les quartiers, il faut être né.
03:28 Moi, je suis née dans un quartier très populaire,
03:30 l'un des quartiers les plus pauvres d'Europe.
03:32 Vous connaissez, vous êtes marseillaise.
03:34 Félix Fiat, tout le monde connaît à Marseille.
03:36 On le connaît au-delà, au-delà même de la ville.
03:38 La réalité, c'est que dans ce quartier-là, on aime la police.
03:41 Nous, c'est quand on ne voyait pas de police qu'on n'était pas bien.
03:43 Donc, les commentaires de ceux, justement, qui vivent dans leurs appartements très bourgeois,
03:48 qui n'ont jamais reconnu d'autre et qui viennent éventuellement sur un plateau
03:51 m'expliquer à moi comment il faut faire et que, oh là là,
03:53 c'est très compliqué, la sécurité et l'ordre.
03:57 En attendant, quand on a besoin de la police, elle est là.
03:59 Elle nous l'a prouvé pendant les émeutes.
04:01 Et donc, oui, je refuse qu'on oppose les deux, les deux vont ensemble.
04:05 - Votre nomination a beaucoup fait parler.
04:06 On comprend votre point de vue sur la sécurité.
04:08 On va écouter Laure Lavalette.
04:10 Elle est députée du Rassemblement national du Var.
04:12 Elle dit que vous avez la même vision que Marine Le Pen sur l'immigration.
04:16 On l'écoute et après, vous réagissez.
04:18 - J'espère qu'elle gardera sa liberté de parole parce qu'elle l'a.
04:21 Elle a une liberté de ton.
04:22 Elle était chez vos collègues il n'y a pas très longtemps en disant qu'elle faisait
04:25 les mêmes constats que Marine Le Pen, notamment sur la politique migratoire.
04:29 Donc, on juge un arbre à ses fruits.
04:31 On va voir évidemment si elle continue à aller dans ce sens-là,
04:35 si elle garde cette liberté de ton qui la caractérise.
04:38 - Est-ce que vous avez la même vision que Marine Le Pen ?
04:40 - Je vais répondre à Laure Lavalette.
04:44 Sur la liberté de ton, je vais la rassurer.
04:47 Elle pourra compter sur moi pour être l'une de ses plus grandes opposantes.
04:51 La même vision, non, puisque vous vous disiez la même vision.
04:55 Elle, elle dit le même constat.
04:57 Non seulement, je ne fais pas le même constat.
04:59 Il ne faut vraiment pas me connaître pour dire une chose pareille.
05:02 Dire qu'à un moment donné, les Français veulent,
05:06 vous le savez mieux que moi, une loi sur asile et immigration.
05:09 Ils ne veulent pas tous la même, mais on en veut une.
05:12 Et de droite et de gauche, ça c'est la réalité.
05:14 Et surtout, je ne fais pas les mêmes analyses et je n'apporte pas les mêmes réponses.
05:18 L'immigration n'est pas un problème dans la mesure où on est capable d'accepter.
05:22 Regardez ce qui va être vu sur asile et immigration.
05:26 On a parlé justement du titre de séjour travail.
05:30 Il ne me semble pas que Marine Le Pen vote pour le titre de séjour
05:35 pour ceux qui travaillent chez nous et justement, qui n'ont pas de statut légal.
05:38 Donc moi, je suis pour des choses tout à fait normales.
05:41 Moi, je suis une enfant d'immigré.
05:42 Donc pareil, ça dépend d'où on parle.
05:45 Donc non, pas du tout.
05:46 Vraiment pas du tout.
05:47 Mais en tout cas, elle pourra compter sur moi pour ma liberté d'autant,
05:50 et surtout face à eux.
05:51 Vous allez être aussi en charge du suivi du plan Marseille en grand
05:54 qui a été annoncé par le président de la République.
05:57 Dans ce plan Marseille en grand, il y a tout un volet sur les écoles.
06:00 Est-ce que selon vous, la politique de la ville,
06:02 elle est forcément liée à celle des écoles ?
06:05 Il y a des écoles du futur qui sont testées à Marseille
06:07 avec une application au niveau national bientôt.
06:10 Est-ce que pour vous, école et ville, c'est lié ?
06:11 Absolument.
06:12 Éducation et ville, c'est lié.
06:14 Culture et ville, c'est lié.
06:15 Sport et ville, c'est lié.
06:16 Alors qu'est-ce que vous allez faire pour les écoles ?
06:17 Alors pour les écoles, le plan Marseille en grand,
06:19 c'est 400 millions d'euros investis pour 188 écoles complètement rénovées
06:22 ou complètement détruites et reconstruites
06:24 ou rénovées du sol au plafond.
06:27 Ça, c'est le premier volet de Marseille en grand sur les écoles,
06:30 avant même les écoles du futur.
06:31 L'école du futur, c'est quoi ?
06:32 C'est de permettre, et ça, ça a été...
06:34 C'est la vision du président de la République,
06:36 parce que moi, mon job, ça va être,
06:37 pour le président de la République, d'appliquer sa vision.
06:40 Je connais parfaitement le plan,
06:41 puisque avant même d'être élue, avant même d'être ministre,
06:43 j'ai travaillé avec lui et réfléchi sur le plan Marseille en grand.
06:47 L'école du futur, c'est quoi ?
06:48 C'est de permettre, sur la base du volontariat,
06:50 à des écoles, à des directeurs d'école,
06:52 de choisir un programme pédagogique,
06:54 d'avoir de la liberté et avec des moyens alloués à côté.
06:57 Ça veut dire que si les enfants vont bien à l'école,
06:58 il y a plus d'ordre.
06:59 Mais si les enfants vont bien à l'école,
07:01 ils vont bien tout court.
07:03 Ça n'a rien à voir avec l'ordre.
07:05 Ce qui crée du désordre, c'est...
07:07 Vous savez, je l'ai vu, je l'ai constaté,
07:09 là, j'ai fait quelques films sur ces sujets, quand même.
07:12 Ce qui crée l'ordre, c'est qu'il y a quelque chose qui tourne pas rond.
07:15 Quand des enfants sont bien chez eux,
07:16 quand des enfants sont bien à l'école,
07:18 ils sont forcément bien dehors.
07:20 Donc, tout ça marche ensemble.
07:22 - On va écouter le chef de l'État,
07:23 qui, ce matin, a donné une directive au ministre.
07:27 On l'écoute et on vous interroge juste après.
07:29 - Être ministre, ça n'est pas parler dans le poste.
07:34 C'est mettre en oeuvre des décisions
07:37 qui correspondent à une stratégie.
07:41 Je décide.
07:42 Une politique que mène la première ministre.
07:45 Et sur la base des arbitrages qui sont pris
07:47 et des décisions que vous prenez, que ce soit mis en oeuvre.
07:52 Et donc, il faut diriger les administrations.
07:55 C'est indispensable.
07:57 Jusqu'au plus près du terrain,
07:58 administration centrale et administration locale.
08:00 Et plus on déconcentre,
08:02 plus on met les décisions au service du terrain,
08:05 plus on a des résultats propres.
08:07 - Le fait est que vous parlez dans le poste,
08:09 en réponse très courte.
08:11 On peut être ministre, faire son travail et être à la télé ?
08:14 - Vous savez, faire savoir ce que vous faites, c'est important.
08:16 Par exemple, sur ce sujet, les politiques de la ville.
08:19 Est-ce que vous savez qu'il y a 580 millions d'euros de budget
08:21 chaque année alloués pour les politiques de la ville ?
08:24 La réalité, c'est que quand les gens ne savent pas ce que vous faites,
08:26 ils vous demandent ce que vous faites.
08:27 Donc, venir à la télé et expliquer la vision,
08:29 ça fait partie du travail.
08:31 Mais là, vous imaginez bien que ça n'était pas ni à mon endroit
08:34 et c'est pas exactement ce qu'il a dit.
08:36 C'était surtout de dire, soyez efficaces,
08:39 allez sur le terrain et venir expliquer.
08:41 Vous savez, savoir faire et faire savoir, ça va ensemble.
08:43 Donc, c'est ce qu'il vient de dire et je suis complètement d'accord.
08:46 - 25 minutes de prise de parole du président de la République.
08:49 Très peu sur les émeutes.
08:51 Il a renvoyé à plus tard en disant qu'il fallait tirer des réponses plus tard.
08:54 Vous avez regretté.
08:56 Certains disent que quand même cet événement qui a été très grave
08:58 début juillet aurait pu occuper plus de place dans ces mois.
09:00 - Vous savez, je ne sais pas qui est le certain,
09:02 qui on met derrière le certain.
09:04 Ce qui est sûr, c'est qu'un remaniement et notamment avec,
09:07 justement, on a bougé au niveau de la ville avec ma nomination,
09:10 avec la nomination du nouveau ministre du Logement.
09:15 Non, les choses ont bougé.
09:17 Les questions que vous venez de me poser sur la sécurité, par exemple,
09:20 c'est l'une des réponses.
09:22 - Merci, madame la ministre.
09:23 Merci d'être venue sur BFM TV.