SMART IMPACT - Emission du mercredi 12 juillet

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Mercredi 12 juillet 2023, SMART IMPACT reçoit Julien Bellynck (Directeur Général, Eficia) , Amélie Guicheney (Cofondatrice et PDG, GAYA) , Arnaud Berchon (Directeur Technique Immobilier, Leroy Merlin) et Denis Dementhon (Directeur Général, France Active)
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00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:17 Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Denis Dementon, le directeur général de France Active, mouvement associatif dédié à l'entrepreneuriat inclusif et durable.
00:27 Il viendra détailler les enjeux de la triple levée de fonds annoncée fin mai pour un montant global de 220 millions d'euros.
00:33 Pour notre débat, on verra comment réduire la consommation énergétique dans la grande distribution avec l'exemple de Leroy Merlin accompagné par Efficia dans cette stratégie de sobriété.
00:43 Et puis, dans notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables, vous découvrirez les vélos électriques Gaia qui ciblent les familles.
00:52 Tout simplement, voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer.
00:57 [Musique]
01:03 Bonjour Denis Dementon, bienvenue.
01:05 Bonjour, merci.
01:06 Vous êtes donc le directeur général de France Active. Présentez-nous ce mouvement associatif depuis quand il existe. Pourquoi a-t-il été créé ?
01:14 Il a été créé il y a une trentaine d'années pour répondre à des enjeux d'accès à l'emploi. On est en fin des années 80, montée du chômage, du chômage de longue durée.
01:23 On prend conscience que la formation et le développement de l'emploi ne vont pas permettre à tout le monde de retrouver du boulot.
01:30 Et donc, on crée France Active pour aider des chômeurs à créer leur entreprise et retrouver un emploi de cette manière-là.
01:37 Et puis très vite derrière, on s'est rendu compte aussi qu'il fallait soutenir les premières entreprises inclusives, c'est-à-dire des entreprises d'insertion qui allaient recruter ces personnes en grande difficulté.
01:47 Et qu'elles avaient besoin, comme toute entreprise, de fonds propres, de garanties bancaires.
01:52 Et donc, c'est un mouvement associatif qui fait de l'accompagnement de ces projets et qui a développé des outils financiers
01:58 pour permettre à ces projets un peu décalés par rapport aux standards économiques d'aller chercher des capitaux tout simplement et du crédit.
02:06 Et on va expliquer ça évidemment en détail. C'est quoi ? Quels sont les principes d'organisation de France Active ?
02:13 Alors, vous l'avez dit, c'est un mouvement associatif. Donc, c'est d'abord une base avec 35 associations territoriales.
02:19 Donc, il y a un maillage territorial.
02:20 Un maillage, 135 points d'accueil. On couvre tout le territoire national.
02:23 Depuis le mois de juin, la Guadeloupe et la Guyane, où on n'était pas, on a créé les deux associations.
02:29 Donc, ce sont des professionnels de la finance, de l'accompagnement d'entreprises, des bénévoles qui sont dans ce mouvement-là.
02:38 Et puis, au niveau national, on a créé une association qui pilote l'ensemble, qui sert de centre de ressources pour l'ensemble du réseau.
02:44 Et puis, surtout, qui a créé des sociétés financières avec des actionnaires privés, avec un appui fort de la Caisse des dépôts
02:51 pour pouvoir amener des capitaux et financer les projets qui sont accompagnés sur le terrain.
02:57 Ça représente combien d'entrepreneurs, d'entrepreneuses accompagnées depuis la création de France Active ?
03:04 Depuis la création, je n'ai pas compté. L'année dernière, avec tous les mécanismes d'accompagnement et de financement qu'on a,
03:09 c'est 35 000 entrepreneurs qui ont été touchés.
03:11 En une année ?
03:12 En une année.
03:13 Ah oui.
03:13 Forte croissance. Alors, bien sûr, 20, 21, on a eu...
03:18 On a surtout passé du temps à essayer de soutenir les entrepreneurs qu'on avait en portefeuille, comme on dit.
03:23 Mais une très très forte reprise dès 2022. Et là, on est parti pour continuer la croissance et accompagner ce mouvement d'entrepreneurs.
03:30 Il y a "engagés", comme on l'appelle, qui traversent la société.
03:33 Ce sont des toutes petites entreprises, forcément. C'est beaucoup de commerce.
03:37 C'est quel type de... Ça doit être très très varié quand on parle de 35 000 entrepreneurs.
03:40 Bien sûr. Quand on a des demandeurs d'emploi, parfois avec faible moyen, des historiques un peu compliquées,
03:47 qui créent leur propre entreprise, c'est très souvent leur propre emploi.
03:51 Et puis c'est 1,5 emploi en moyenne en démarrage. Et à 3 ans, 4 ans, c'est le double.
03:57 Donc c'est aussi des très petites entreprises, mais qui ont un potentiel de création d'emploi.
04:01 Et puis du côté de l'économie sociale et solidaire, ou des entreprises à impact, comme on les appelle également,
04:06 là on peut avoir des projets beaucoup plus importants, soit en phase de création, soit dans des phases de développement, de changement d'échelle.
04:12 On essaye aussi d'accompagner ça. Donc là, c'est des dizaines de salariés, parfois des centaines.
04:16 Comment ça se passe ? J'imagine que ces hommes, ces femmes déposent un dossier, qu'on vous les sélectionne.
04:23 Est-ce que vous avez quand même en tête la rentabilité potentielle ou la pérennité du projet avant de les accompagner ?
04:32 Alors on les reçoit quand le projet est un minimum décrit. On ne va pas chercher des gens qui ont simplement une idée.
04:41 Il y a d'autres réseaux qui font ça très bien, qui forment, qui accompagnent la rédaction du business plan, un minimum de choses,
04:50 boutiques de gestion, BGE, quelques autres. Et puis ensuite, qui nous les orientent.
04:55 Et ce sont beaucoup les banques aussi qui nous les orientent.
04:57 Quand elles estiment que le projet n'est pas complètement mûr, pas tout à fait sécurisé, mais qu'il y a quand même un potentiel,
05:02 la moitié des projets qu'on reçoit sont orientés par les banques.
05:05 Et à partir de là, nous on fait notre travail. Donc ce sont les salariés des associations territoriales,
05:10 les bénévoles, qui vont travailler sur le plan de financement et la meilleure manière de financer le projet.
05:16 Est-ce qu'il faut aller chercher un peu de crédit, un peu de fonds propres ?
05:19 Quels sont les dispositifs d'aide qu'on va pouvoir caler dans le plan de financement, etc.
05:22 Est-ce que ça veut dire que les banques n'iraient pas toutes seules d'une certaine façon ?
05:26 C'est souvent cette mécanique qui se met en place ?
05:28 Oui, on ne serait pas là. On a des concours publics pour faire ça, notamment des dotations de garantie.
05:35 Notre société de garantie, on en dira un mot, est à capital privé.
05:40 Mais c'est l'État, ce sont les régions, c'est l'Europe qui nous soutiennent pour doter des fonds de garantie.
05:45 Ce n'est pas pour voler au secours de la victoire.
05:47 C'est pour aller chercher des projets qui, sinon, ne passeraient pas dans les canons habituels des banques.
05:53 Toutes les banques sont au capital de France Active Garantie, donc elles jouent le jeu.
05:57 Et donc c'est bien sur cette frange de public en difficulté qu'on travaille.
06:01 Vous avez annoncé fin mai une triple levée de fonds, montant global 220 millions d'euros.
06:07 10 millions d'euros pour l'Association Nationale, 10 millions d'euros pour la société de garantie,
06:11 200 millions pour la société d'investissement.
06:13 Alors, ça donne un peu ce qu'est l'organisation. Pourquoi une triple levée de fonds ? Expliquez-nous.
06:20 Alors, chacune des structures de notre mouvement a sa raison d'être et sa forme juridique.
06:26 Pour l'association, on va faire ce que font pas mal de grosses associations.
06:30 C'est-à-dire qu'à un moment donné, on sait qu'on a du développement devant nous.
06:33 Nous, on pense que les besoins sont énormes pour des entrepreneurs, tout simplement, qui veulent retrouver du travail,
06:39 ou pour des entrepreneurs, et le mouvement est de plus en plus profond, vous êtes là pour en témoigner,
06:44 qui veulent transformer, qui veulent faire du vert, qui veulent faire du social avec leur entreprise.
06:49 Donc, la clientèle, elle est là.
06:52 Les besoins de financement sont très importants,
06:56 notamment en investissement, mais également en couverture de risque.
07:00 Nous, ce qu'on veut, c'est que les entrepreneurs, notamment quand ils partent de situations difficiles,
07:04 ne se retrouvent pas plus en difficulté en cas d'échec.
07:07 Et des échecs, il y en a, c'est normal.
07:09 Donc, on garantit les crédits bancaires en excluant les cautions personnelles,
07:13 ce qui nous permet effectivement, si à un moment donné, les choses se passent pas bien...
07:17 Alors, pour pouvoir suivre ce développement,
07:20 l'association va chercher 10 millions d'euros en fonds propres, en quasi-fonds propres,
07:25 pour pouvoir moderniser nos outils de production.
07:28 Là, on parle effectivement de nos outils numériques.
07:31 Il faut qu'on puisse toucher plus de monde.
07:33 On parle de nos sujets RH. Il faut qu'on puisse recruter, fidéliser, qualifier les personnes.
07:37 Et voilà, on parle des sujets aussi de développement, de l'activité, d'implantation territoriale.
07:42 Donc là, on a besoin de 10 millions d'euros sur 5 ans pour pouvoir faire ces investissements,
07:46 moderniser, rendre plus de services et développer l'activité.
07:50 La deuxième levée de fonds qu'on fait, c'est sur la société de garantie.
07:53 Parce qu'on est contrôlé par la Banque de France, on est contrôlé par la Banque Centrale Européenne.
07:58 Et donc, compte tenu du développement de l'activité, on va bientôt toucher 1 milliard d'euros d'encours.
08:03 On a besoin d'avoir des fonds propres qui se renforcent.
08:06 Donc on va faire appel à tous nos actionnaires actuels, c'est-à-dire tous les partenaires bancaires,
08:10 la Caisse des dépôts, pour ramener 10 millions d'euros supplémentaires dans le capital de France Active Garantie.
08:16 Puis la dernière levée de fonds, la troisième, et non la moindre, c'est France Active Investissement.
08:22 Donc ça, c'est notre société qui permet d'apporter des fonds propres
08:25 et donc d'investir dans les entreprises à impact et les entreprises de l'économie sociale et solidaire.
08:31 Et là, les besoins sont énormes.
08:33 Nous, on a 300 millions d'euros de capital aujourd'hui,
08:36 qui nous permettent d'investir dans 400, 500 entreprises à impact chaque année,
08:40 ce qui fait de nous, au passage, le plus gros investisseur à impact en France.
08:44 Et on pense que pour pouvoir doubler l'activité, on peut le faire,
08:47 on a besoin de 200 millions d'euros supplémentaires.
08:50 Est-ce qu'il y a de nouveaux outils financiers créés à l'occasion de cette levée de fonds ?
08:55 Oui, notamment sur l'investissement.
08:57 On a modernisé toute notre gamme de garanties il y a quelques années
09:01 pour mieux protéger notamment les entrepreneurs fragiles.
09:04 Là, l'innovation, elle va surtout se porter sur ce qu'on peut faire en matière d'investissement
09:09 dans les entreprises solidaires et à impact.
09:12 On va allonger les durées de nos prêts participatifs,
09:16 on va allonger un certain nombre de différés,
09:19 on va continuer à travailler sur des titres associatifs,
09:22 sur des titres participatifs, c'est-à-dire des choses qui permettent de toucher des entreprises
09:26 qui ont des formes juridiques adaptées aux sociales.
09:29 Et puis, voilà, quelques innovations.
09:31 Une d'entre elles, c'est des prêts à impact qui vont nous permettre d'ajuster les intérêts à mi-parcours
09:38 sur l'impact social ou l'impact environnemental de l'entreprise.
09:42 Donc là, on va faire coller notre ingénierie financière vraiment aux objectifs sociaux et environnementaux.
09:49 Oui, donc à des objectifs extra-financiers.
09:51 Absolument.
09:53 Donc on a nos taux d'intérêt qui sont plutôt modérés,
09:56 parce qu'on touche effectivement des entreprises qui privilégient l'impact
10:00 et qui ont donc des rentabilités un peu inférieures à ce que pourrait avoir une entreprise plus classique.
10:06 On cherche, nous, à ce que les entreprises soient rentables, se développent.
10:09 Le sujet, ce n'est pas d'être sur du zéro.
10:12 Mais donc, on ajuste nos taux d'intérêt.
10:14 Et surtout, on les ajuste pas uniquement aux critères habituels de risque et de rentabilité.
10:19 On les ajuste aussi à la baisse dès lors que les objectifs d'impact sont remplis.
10:24 Est-ce que c'est un nouveau modèle, enfin, c'est un ancien modèle économique qui est en train de s'imposer
10:29 et de devenir le nouveau ? Vous voyez ce que je veux dire ?
10:31 Nous, on pense qu'on renoue.
10:34 C'est aussi pour ça qu'on travaille avec tout le secteur financier main dans la main.
10:38 On les fait bouger un petit peu sur leur ligne parce qu'on veut que les choses avancent aussi.
10:44 Mais finalement, on retrouve ce que sont les banques au démarrage,
10:48 c'est-à-dire très souvent des organisations qui sont créées pour servir les entrepreneurs,
10:53 qui sont parfois créées par les entrepreneurs, c'est notamment tout le secteur bancaire mutualiste.
10:57 Et puis du côté de l'épargne, puisque c'est vraiment sur cette ressource d'épargne solidaire
11:02 qu'on va chercher la levée de fonds sur France Active Investissement,
11:06 on essaye de renouer avec un peu plus de volonté de la part des épargnants.
11:13 On ne confie pas son argent à la sphère financière que pour des critères classiques
11:17 de rentabilité, de risque, etc. ou de liquidité.
11:20 On veut aussi, et c'est de plus en plus important quand on interroge les Français aujourd'hui,
11:25 on veut aussi savoir où va l'argent et si possible, qu'il aille et qu'il soit orienté en majorité
11:31 vers des causes qui touchent l'épargnant.
11:34 L'accès à l'emploi, le développement de son territoire ou l'environnement.
11:37 Merci beaucoup Denis de Montand et à bientôt sur Bsmart.
11:41 On passe à notre débat objectif sobriété énergétique.
11:44 C'est le débat de ce Smart Impact. Je vous présente mes invités tout de suite.
11:55 Arnaud Berchon, bonjour, bienvenue.
11:57 Vous êtes le directeur technique immobilier de Leroy Merlin.
12:00 Julien Béling, bonjour. Bienvenue à vous aussi, directeur général.
12:03 Déficia, un mot de présentation.
12:06 Leroy Merlin, on ne va pas présenter l'entreprise, mais peut-être le nombre de sites aujourd'hui
12:11 et les enjeux en termes de consommation énergétique parce que c'est de ce dont on va parler ensemble.
12:15 Très bien. Voilà, donc chez Leroy Merlin, en nombre de sites, on a 145 sites sur toute la France.
12:22 Et vous savez, en fait, quand on parle de Leroy Merlin, moi j'aime bien présenter d'abord la mission de Leroy Merlin
12:27 qui est d'améliorer l'habitat de nos clients et ça concerne 35% des ménages français.
12:32 Et forcément, face à cet enjeu, il est évident pour nous de s'occuper aussi de notre propre habitat,
12:38 que sont nos magasins et nos entrepôts.
12:41 Et on a posé une stratégie RSE très tôt autour de quatre grands axes.
12:46 Le premier, c'est notre priorité, consommer moins, réduire nos consommations d'énergie.
12:52 Le deuxième, ce sera de consommer mieux, donc faire appel et déployer des énergies renouvelables.
12:58 Notre quatrième pilier, c'est de régénérer nos sites en redonnant un équilibre naturel aussi à ces sites-là.
13:05 Donc la biodiversité.
13:06 Exactement. Et le quatrième pilier, voilà aussi d'offrir à nos usagers une expérience exceptionnelle sur tous ces sites-là.
13:14 Ok, donc ça pose effectivement bien les enjeux et on va voir comment Efficia vous aide à améliorer,
13:20 à accélérer encore sur ce thème-là. C'est quoi Efficia, tiens ?
13:24 Alors Efficia, c'est une entreprise de service de pilotage énergétique des bâtiments, principalement tertiaires.
13:30 D'accord. Donc c'est quoi ? C'est de la connectivité ? C'est des capteurs ? C'est de la data qui permet de savoir comment on consomme ?
13:37 Alors effectivement, on s'appuie sur du matériel connecté installé dans les bâtiments de nos clients.
13:42 Mais c'est d'abord du service avec des algorithmes qui optimisent les réglages de pilotage des systèmes de CVC,
13:49 donc chauffage, ventilation, climatisation et d'éclairage. Et puis une équipe d'énergéticiens,
13:54 donc des experts dans le réglage de ces équipements disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7,
14:00 qui pilotent les machines installées dans les bâtiments de nos clients.
14:05 Et alors où en est le secteur tertiaire de cette transformation et à quel point la réglementation est une sorte d'aiguillon ?
14:11 Alors, premier chiffre pour poser un peu le débat. En France, 45% de la consommation d'énergie, toute énergie confondue, est consommée dans les bâtiments.
14:22 C'est colossal, c'est bien plus que les transports ou l'industrie.
14:26 Donc c'est le premier sujet, c'est le premier secteur consommateur, c'est le premier secteur sur lequel le gouvernement ou les décideurs
14:33 mettent l'accent pour améliorer la performance énergétique.
14:37 En France, on est également précurseur sur la réglementation. Donc on a deux décrets aujourd'hui qui sont en vigueur pour obliger les directions techniques
14:45 et les directions d'exploitation à s'investir dans une démarche de performance énergétique.
14:51 Ce sont les décrets tertiaires et le décret BACS.
14:53 C'est quoi BACS ?
14:54 BACS, Building Automation Control System.
14:57 Ah merci, je vous ai laissé faire.
14:59 En français, on dit GTB ou GTC, c'est les systèmes de pilotage des consommations.
15:05 Et donc avec une pression réglementaire, elle oblige à faire quoi ?
15:08 Elle oblige à s'engager dans une démarche de réduction, le décret tertiaire, et elle oblige à s'équiper de systèmes de pilotage avec le décret BACS.
15:15 Et en face, à côté de ça, il y a un système d'incitation financière, en France, c'est les C2E, les certificats d'économie d'énergie,
15:21 qui facilitent l'investissement dans ces systèmes pour des directions d'exploitation comme celle de Laurent Merlin.
15:28 En France, on observe différents niveaux de maturité.
15:31 Premier, mais malheureusement encore majoritaire, c'est les directions techniques qui ne connaissent pas vraiment leur consommation.
15:36 Ensuite, quand elles commencent à s'intéresser au sujet, elles utilisent des applications gratuites, soit du distributeur, soit du fournisseur, soit la nôtre,
15:44 qui permettent de connaître leur consommation au jour le jour et puis d'identifier des leviers d'amélioration.
15:49 Puis ensuite, on s'équipe d'un système qui automatise les bonnes pratiques, qui éteint la lumière en fonction d'un capteur ou en fonction d'une horloge.
15:57 Et puis ensuite, une fois qu'on est équipé d'un système, on confie le pilotage à des experts ou à des algorithmes,
16:02 parce qu'en fait les calculs deviennent trop répétitifs et trop complexes pour un humain.
16:06 C'est ce qu'a fait Laurent Merlin il y a quelques années.
16:09 Et c'est ce que vous allez nous raconter. Vous en êtes à quelle étape en quelque sorte, Arnaud Berchon, chez Laurent Merlin ?
16:14 En fait, depuis 2019, on a déployé un plan de rénovation énergétique de l'ensemble de nos sites,
16:20 donc des LED, de la réisolation, des toitures blanches, des pompes à chaleur,
16:24 enfin voilà, tous les nouveaux systèmes qui nous permettent de réduire nos consommations.
16:30 Et on a mis en place ce système de management de l'énergie.
16:37 Et pour moi, c'est un peu la clé de voûte de tout ça, parce que ça va assurer la cohérence de toutes les actions qu'on peut faire.
16:44 Aujourd'hui, vous pouvez créer le bâtiment le plus performant possible.
16:47 Si vous l'utilisez mal, ça ne sert à rien. Si vous le chauffez trop, si vous laissez la lumière allumée, ça ne sert strictement à rien.
16:54 Donc voilà, nous, on a fait le choix très vite de se dire, au-delà des actions de rénovation énergétique,
17:03 on va aussi piloter, on va mesurer les consommations.
17:06 Alors c'est ce que je vais vous dire, c'est une sorte de cabine de pilotage, en fait, que vous avez entre les mains, c'est ça ?
17:11 Alors oui, on a confié à Efficia l'installation technique, les automates, etc., qui permettent de piloter à distance tous nos équipements techniques.
17:22 Et on a, via Efficia, une cellule d'énergie manager qui va contrôler en temps réel toutes nos dérives énergétiques
17:31 et qui va pouvoir ajuster tous les paramètres techniques pour baisser nos consommations.
17:36 Ça veut dire que c'est ce qui vous permet, parce qu'on a bien compris que le mouvement, vous l'aviez enclenché il y a plusieurs années,
17:42 est-ce que les premières économies sont plus faciles à faire que les suivantes ? Vous voyez ce que je veux dire ?
17:46 Bah écoutez, en fait, quand je regarde en tout cas les chiffres, puisque moi je me suis connecté hier à cet outil,
17:58 aujourd'hui, à fin juin, on a fait une économie de 13% sur nos économies en 2023 par rapport à 2022.
18:07 Et en 2022, sur toute l'année, par rapport à 2021, on a fait -15%.
18:12 Donc on réussit à continuer de faire des économies ?
18:15 Exactement.
18:16 Et comment c'est possible ça ? Je repose la question à…
18:20 Parce que, par exemple, il y a un mot horrible qu'on appelle le "re-lumping",
18:23 donc ça consiste à remplacer les vieilles ampoules par des ampoules LED, c'est déjà un bon point de départ.
18:28 Ensuite, on peut les piloter, effectivement, avec des capteurs, etc.
18:31 Je pose la même question, les premières économies sont plus faciles, forcément ?
18:36 Oui, les premières économies sont forcément plus faciles, parce qu'on va corriger les dérives, on va corriger les absurdités sur le pilotage.
18:44 En revanche, on continue d'apprendre, on continue d'intégrer des nouveaux paramètres, comme l'inertie thermique du bâtiment.
18:50 C'est quoi ça ?
18:51 C'est la capacité du bâtiment à garder la chaleur ou garder la fraîcheur pour limiter l'effort de chauffage ou de climatisation.
18:58 Et en fait, ça permet d'intégrer les données de météo, ça permet d'intégrer la prévision météo dans l'effort qu'on va demander à la machine pour maintenir un niveau de température au fil de la journée.
19:10 Il y a eu un plan de sobriété demandé par le gouvernement aux entreprises en général.
19:17 Quand il a été demandé, vous, vous étiez déjà prêt, vous étiez en avance par rapport à ce plan de sobriété ? Comment vous l'avez reçu ?
19:23 Alors, quand on a reçu ce plan de sobriété, on y pensait depuis quelques mois.
19:27 C'est vrai que, finalement, cette obligation a accéléré un petit peu les choses.
19:31 Et le système d'énergie de pilotage à distance, ça nous a permis une vraie accélération de ce plan de sobriété, de baisser la température, de baisser la luminosité.
19:43 Et sur l'ensemble de nos 145 sites, on a pu le faire en quelques heures grâce à ce système de pilotage de notre énergie, là où on aurait mis peut-être plusieurs semaines si on avait eu un pilotage local.
19:57 Donc, c'était une vraie accélération. Et surtout, on a pu mesurer précisément l'impact de ce plan de sobriété, où là, on a vraiment agi sur les usages et nos habitudes,
20:08 plutôt que sur la technique et puis la performance d'équipement.
20:13 Quel message vous pouvez faire passer à ceux qui sont réticents ou qui n'ont pas encore franchi le pas ?
20:20 Le message, c'est que la première étape, elle est simple et elle est gratuite. C'est de se connecter à ces compteurs généraux pour connaître ces consommations et les analyser.
20:29 Savoir d'où on part, déjà.
20:30 Exactement. La première étape, c'est de compter. C'est de savoir de quoi on parle avant de s'engager dans une démarche de réduction de la consommation.
20:38 Et ça, c'est gratuit. C'est très simple. Il y a plein d'outils qui le permettent, soit le distributeur, donc Kennedy, GRDF ou les fournisseurs.
20:45 Et puis, on a aussi, nous, une application qu'on a mise en ligne gratuitement sur notre site internet, Eficia.com,
20:50 qui permet d'avoir quelques outils simples d'analyse de sa consommation, autant à la maison, dans son appartement ou sa maison, que dans un réseau de magasins, comme pourrait le faire Laurent Merlin.
21:01 C'est quoi le retour sur investissement, quand on se lance dans une opération comme celle-là ?
21:07 Parce qu'on dit souvent que la transformation environnementale, ça coûte cher, ça met du temps à rapporter, etc. C'est quoi votre retour d'expérience là-dessus ?
21:15 Mon retour d'expérience, en fait, comme je vous le disais tout à l'heure, on a déployé un plan de rénovation énergétique qui coûte extrêmement cher,
21:24 puisque c'est des investissements assez lourds. Et on a ce fameux plan de sobriété. On a plutôt travaillé sur les usages.
21:32 Et du coup, l'investissement qu'on a mis dans ce système de pilotage, le retour sur investissement est très rapide, parce que finalement, c'est un système,
21:43 Julie en parlait tout à l'heure, grâce au C2E, etc., qui, au final, comparé à des investissements plus lourds de réisolation, coûte un peu moins cher,
21:53 avec un retour sur investissement très rapide de l'ordre d'entre une et deux années, je dirais. Et surtout, pour moi, c'est aussi un outil d'animation,
22:02 puisque ça va inciter nos équipes aussi à regarder précisément et à se comparer aussi entre magasins pour dire « tiens, pourquoi est-ce que lui… »
22:11 Il nous reste une minute, c'est passé trop vite. Après l'énergie, l'électricité, vous passez à l'eau, c'est ça ?
22:17 Exactement. L'eau, on en parle beaucoup, c'est la prochaine ressource rare sur notre planète. Et on a une vraie volonté, en tout cas, de connecter nos compteurs d'eau à ce système-là.
22:30 Donc ce sera fait d'ici la fin de l'année. On va connecter nos compteurs d'eau pour pouvoir gérer cette ressource comme notre électricité, notre énergie.
22:40 Vous l'avez déjà fait, ça, chez d'autres clients, dans d'autres entreprises ? Il y a une efficacité aussi en termes de sobriété, on va dire, de consommation d'eau ?
22:48 Oui, c'est en cours. Alors, on ne va pas couper l'arrivée d'eau, mais en revanche, on identifie beaucoup plus rapidement, quasiment instantanément, les fuites.
22:55 Et on est capable, en tout cas, les directions d'exploitation sont capables d'intervenir très, très rapidement pour corriger la fuite, ce qu'ils ne pouvaient pas faire facilement avant.
23:04 Voilà, encore une marge de progression. Merci beaucoup. Merci à tous les deux. Et à bientôt sur BeSmart. On passe à notre rubrique Startup, tout ça vélo.
23:12 Smart Ideas avec Amélie Guischenet. Bonjour.
23:21 Bonjour.
23:22 Bienvenue. Vous êtes la cofondatrice de Gaia. Vous l'avez créée en 2021 avec Jacques Bonneville. Allez, racontez-moi, c'était quoi l'idée, l'ambition de départ ?
23:29 Donc, Gaia, c'est une entreprise que j'ai créée avec Jacques après la naissance de mon fils Léo. Et globalement, la question que je me suis posée, c'est comment avoir de l'impact ici et maintenant dans la ville dans laquelle ce petit garçon grandit ?
23:41 Donc ça, ça a été un des points de départ de la réflexion. Et avec Jacques, on a posé une raison d'être qui est de démocratiser l'accès à des solutions de mobilité qui soient à la fois ingénieuses et responsables.
23:52 Et Gaia, c'est donc une entreprise à mission conçue pour simplifier la vie des familles urbaines.
23:57 Avec des vélos essentiellement, c'est ça ? Des vélos électriques, mais cibles familiales ? Donc ça veut dire quoi ? C'est des vélos cargo ? Comme on en voit pas mal, des vélos à plusieurs places pour les enfants ? Racontez-nous.
24:07 C'est exactement ça. Donc en fait, on a créé un produit qui est un produit à la croisée des chemins entre la mobilité et le vélo. On va pouvoir, sur notre vélo compact, rouler en solo ou en couple.
24:18 Donc vous allez pouvoir, sur le porte-bagages, emmener aussi bien un enfant en bas âge qu'un adulte. Ça, c'est notre premier modèle. Et sur notre deuxième modèle, vous allez pouvoir emmener non pas un, mais deux passagers. Et donc typiquement, deux enfants.
24:31 Donc est-ce qu'il y a aussi une idée de vélo évolutif en quelque sorte ? Est-ce qu'il y a cette dimension-là aussi ?
24:38 Donc la dimension évolutive, en tout cas la modularité, on l'apporte par un accompagnement sur la conception et la configuration du vélo. Donc en fonction de vos usages, on va pouvoir équiper le vélo vraiment pour s'adapter à votre besoin, à votre quotidien, à l'âge de vos passagers.
24:54 Ça veut dire qu'on va le tester le vélo en quelque sorte ?
24:56 Alors dans tous les cas, vous pouvez le tester. Aujourd'hui, on a une boutique à Paris sur le canal Saint-Martin et on a des ambassadeurs qui nous représentent dans les villes de Paris, Bordeaux, Lyon, Nantes, Strasbourg, Grenoble.
25:06 Donc vous pouvez effectivement tester le vélo avant de l'acheter et vous allez pouvoir le tester avec vos enfants, évidemment. Et c'est le meilleur des tests parce qu'après quelques minutes, vous les voyez avec le sourire.
25:16 La famille, c'est un levier de croissance du secteur aujourd'hui ? Il est identifié ?
25:20 Aujourd'hui, le segment du vélo cargo, qui est le vélo finalement qui permet d'emmener soit des passagers, soit des marchandises, c'est le segment le plus dynamique du marché des vélos électriques.
25:32 Donc c'est un segment qui a quasiment doublé l'année dernière.
25:35 Donc vous me l'avez dit, il y a un atelier que vous avez ouvert l'an dernier à Paris avec une notion de réparabilité aussi. Ça, c'est l'une des bases du modèle économique de Gaia ?
25:44 Oui, en fait, de façon je pense assez profonde, on avait l'envie avec Jacques de faire un vélo qui soit simple à réparer et qui puisse durer dans la vie de la famille.
25:54 Et donc on a conçu un vélo que chaque réparateur peut réparer. Il est très facile d'accès à ce niveau-là.
26:01 On propose des pièces détachées. On est en train de travailler sur des tutoriels pour que nos clients eux-mêmes puissent réparer les vélos.
26:06 Et on travaille sur la fin de vie des vélos, donc à la fois avec des partenaires de reconditionnement, mais aussi un partenaire spécialisé dans la réparabilité des batteries.
26:15 Ça, c'est un élément clé dans le vélo.
26:17 Évidemment. Deux questions, le prix et puis le lieu de fabrication. On est dans quelle gamme de prix ? Parce que c'est souvent un des freins à l'acquisition d'un vélo électrique.
26:26 Exactement. Donc nous, au cœur de notre mission, il y a cette notion de démocratisation.
26:30 On voulait faire un vélo qui soit accessible au plus grand nombre, à la fois en termes de prise en main, et on pourra y revenir, mais aussi en termes de prix.
26:37 Et donc on a cette notion d'accessibilité prix. Sur le vélo compact qui permet de rouler en duo, donc un vrai vélo pour le couple, on est à 1800 euros.
26:46 Et sur le vélo cargo qui permet d'emmener deux enfants, on est à 2500 euros.
26:50 Alors pour les gens qui ne connaissent pas forcément ce segment-là, c'est des prix qui sont très accessibles par rapport au marché.
26:56 Et en plus de ça, on vient travailler l'accessibilité via du 3 fois sans frais et demain encore plus de facilité de paiement pour que chacun puisse rouler en Gaia.
27:06 Est-ce qu'on peut fabriquer un vélo cargo électrique français ?
27:10 Alors oui, complètement, c'est faisable. Mais aujourd'hui, si vous voulez que l'ensemble de vos pièces soient de production française, on va sortir sur des vélos à 8000, 10 000 euros.
27:21 Donc nous chez Gaia, on a fait un choix qui est assez pragmatique. Aujourd'hui, on a un approvisionnement des pièces classiques qui est d'origine asiatique.
27:29 Les pièces high-tech sont françaises. On a quelques équipements qui sont aussi faits en France.
27:34 Et ce matin même, j'ai signé le fait que l'assemblage des vélos full Gaia sont français à partir du mois d'octobre.
27:41 D'accord. Avec une levée de fonds annoncée de 2 millions d'euros, ça va vous permettre de vous déployer un peu plus en France, c'est ça ?
27:48 Exactement. Donc derrière ces 2 millions d'euros, il y a quoi ? Il y a déjà le choix et l'ambition de se déployer sur la France, de se déployer sur les pays européens autour de nous.
27:59 Notre deuxième gros axe, c'est la relocalisation de la production des Gaia en France.
28:04 Et c'est ce que j'évoquais, donc vraiment ramener l'assemblage au plus près de nos clients.
28:09 Et la troisième dimension, c'est un travail sur une nouvelle version des Gaia pour que les vélos soient encore plus accessibles au plus grand nombre,
28:17 à la fois en termes d'accès sur le vélo et de confort et de simplicité d'usage.
28:23 Merci beaucoup Amélie Guichenet et bon vent aux vélos Gaia. Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact. Merci à toutes et à tous de votre fidélité. Salut !
28:31 [Musique]

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