Samedi 15 juillet 2023, SMART CROISSANCE reçoit Stéphane Vignals (associé EY Strategy and Transaction) et Alexis Dupont (Directeur général, France Invest)
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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans Smart Croissance, votre rendez-vous dédié au capital investissement sur Bsmart.
00:14 Alors aujourd'hui, focus sur la performance du capital investissement.
00:18 Après une année 2021 de fort rebond post-crise sanitaire, France Invest et EY nous apportent les chiffres de l'année 2022.
00:27 Alors on va pouvoir savoir comment est-ce que la performance du capital investissement a évolué l'année dernière,
00:33 comment est-ce que le private equity se situe par rapport aux autres classes d'actifs.
00:37 Vous savez qu'on a la chance en France d'avoir une étude annuelle de mesure de performance depuis maintenant quasiment 30 ans.
00:43 On a donc une échelle de comparaison qui s'inscrit dans le temps long et pour en tirer les principaux enseignements,
00:49 j'ai convié sur ce plateau Alexis Dupont, directeur général de France Invest et Stéphane Vignales,
00:54 qui est associé EY en charge de la stratégie et des transactions. On en discute tout de suite.
01:00 Bonjour à tous les deux. Alors France Invest, c'est l'association des investisseurs pour la croissance.
01:09 Vous rassemblez la quasi-totalité des équipes de capital investissement actives en France, 400 membres, 180 membres associés.
01:15 Et votre mission Alexis, c'est de promouvoir la place et le rôle du capital investissement en France.
01:20 Et moi, j'aimerais savoir finalement, qu'est-ce qui motive cette étude depuis presque 30 ans maintenant quasiment ?
01:26 Oui, bonjour Aurélie. Effectivement, une étude qui a pas loin de 30 ans maintenant, donc un historique quand même relativement long.
01:32 Et c'est important les historiques en statistique. Qu'est-ce qui motive cette étude ?
01:36 Tout simplement parce que le fondement de notre métier, c'est de faire le lien entre l'épargne et les entreprises.
01:41 Et pour avoir des moyens d'accompagner les entreprises, de pouvoir les financer et les soutenir dans leur stratégie de développement,
01:48 il faut qu'on arrive à convaincre nos souscripteurs de nous faire confiance.
01:51 Et la principale raison pour laquelle il nous faut confiance, c'est parce qu'on leur apporte une performance.
01:55 Donc de ce point de vue là, c'est très important d'être capable de démontrer dans le temps et dans la durée,
02:00 le fait qu'on a une performance, une rentabilité significative à apporter à leur investissement.
02:07 Donc voilà, c'est pour ça qu'on fait cette étude en partenariat avec EY depuis assez longtemps.
02:13 Et qu'on a des historiques qui nous permettent de montrer des choses sur longue période et de colorer aussi, année après année,
02:19 les résultats de ce qui se passe sur chaque millésime.
02:23 Donc si je comprends bien, c'est une étude de référence. On a des équivalents ailleurs ou on a une petite prédominance sur ce terrain-là en France ?
02:29 Il y a assez peu d'équivalents. On analyse dans cette étude la performance de 875 fonds.
02:34 Donc ce qui est quand même... On va faire un petit coco-rico. C'est l'étude la plus large qui existe, en tout cas sur le marché français.
02:42 Il y a quelques équivalents européens, mais qui ne sont pas forcément de cette ampleur-là.
02:46 Donc c'est vraiment un outil très très précieux pour pouvoir démontrer que ce qu'on apporte aux 7600 entreprises qu'on accompagne en France
02:53 se traduit aussi en termes de création de valeur et en termes de performance pour nos clients, pour nos souscripteurs qui nous font confiance.
03:00 Je ne vais pas donner de scoop, mais les résultats sont quand même assez robustes, assez convaincants.
03:05 Et on y trouve une des explications principales de la confiance que nous témoignent nos investisseurs depuis toutes ces années.
03:12 Stéphane Vignales, moi j'aimerais qu'on parle un petit peu méthodologique. Comment est-ce qu'on mesure la performance de 875 fonds d'investissement ?
03:19 Oui, c'est une bonne question. Alors comme le disait Alexis, c'est une étude qui est assez unique par sa profondeur d'analyse.
03:25 875 fonds aussi par son historique, puisque ça fait plus de 30 ans que cette étude existe.
03:31 Et on est sur une classe d'actifs assez particulière, puisqu'on est sur une appréciation de la performance plutôt sur le temps long,
03:37 puisque les capitaux sont appelés progressivement dans le temps, restitués progressivement dans le temps.
03:41 Donc ce qu'on fait, c'est qu'on regarde deux critères principaux, qui sont le TRI, le taux de rendement moyen annualisé de ces investissements
03:50 pour chacun des véhicules et qui prend en compte l'effet temps d'investissement et de retour.
03:56 Et également le multiple qui mesure la différence entre les capitaux retournés ou à retourner et les capitaux investis initialement.
04:04 Quels en sont les enseignements principaux ? Est-ce qu'il y a un chiffre par exemple qu'il faut retenir ?
04:09 Oui, je pense que le chiffre important c'est la performance, on va dire à horizon 10 ans,
04:15 qui est une bonne fenêtre d'appréciation de la performance du capital d'investissement et qui s'inscrit à 14,2% dans cette étude 2022,
04:22 qui est une performance assez au-dessus du marché action, par exemple de 4 points de surperformance par rapport au marché action.
04:29 C'est-à-dire que sur la même période, qu'on comprenne bien, sur la même période, le CAC 40 fait 4 points de moins ?
04:36 Exactement, fait autour de 10 points, là où le capital d'investissement fait plus de 14% sur la même période.
04:41 Et je donne encore une fois l'horizon 10 ans, parce que c'est le bon horizon d'appréciation de la performance du capital d'investissement
04:46 qui a besoin de temps pour démontrer la création de valeur et des retours.
04:50 Alexis, qu'est-ce qui explique ce 14,2% ? Parce qu'effectivement, c'est notable, quand on y est, on fait mieux que le marché action et pas qu'un peu en plus.
05:00 Comment ça s'explique ?
05:02 Ça s'explique par la création de valeur dans les entreprises qu'on accompagne et la création de valeur de long terme.
05:07 Ce qu'il faut vraiment voir, c'est que la performance d'un véhicule fermé, je précise les fonds de capital d'investissement,
05:14 sauf quelques exceptions, ce sont des véhicules qui sont fermés pour des périodes relativement longues.
05:18 Un fonds de capital d'investissement, ça a une durée de vie d'environ 10 ans.
05:22 Les investissements se font dans les entreprises pour une durée de 5 à 7 ans.
05:28 Donc on est vraiment sur des périodes relativement longues.
05:31 Et pendant ces périodes-là, les entreprises qu'on accompagne grandissent, prennent de la valeur d'une certaine façon.
05:38 Et c'est comme ça, petit à petit, que se construit la performance au moment où ces entreprises vont être cédées par le fonds.
05:45 Et petit à petit, on a une construction de la performance finale.
05:48 Et c'est cette performance finale, à la fin, qui compte.
05:50 Combien d'argent on a rendu à nos investisseurs et à nos souscripteurs ? C'est un peu ça le juge de paix.
05:56 Donc effectivement, ça se construit dans la durée, ça se construit à long terme.
06:01 Et on est assez confiants sur notre capacité à continuer à construire à long terme cette performance dans les années qui viennent.
06:07 Oui, à propos de long terme, ça fait, on disait, quasiment 30 ans que vous mesurez ça chez EY.
06:12 Comment évolue la performance du capital investissement en France ?
06:16 Est-ce que, par exemple, aujourd'hui, en 2022, pour les derniers chiffres, le capital investissement est plus performant qu'il y a 10 ou 15 ou 20 ans, par exemple ?
06:25 Oui, alors quand on regarde la dynamique très long terme, on a une augmentation assez nette des taux de retour par millésime.
06:32 Je pense que ce qui est de la traduction aussi de la professionnalisation plus intensive de cette classe d'actifs.
06:39 Je pense que structurellement, on a fait une hausse des rendements par millésime.
06:43 Si on regarde par rapport à l'an dernier, évidemment, il y a une petite érosion qui est somme toute normale dans l'environnement macroéconomique qu'on connaît aujourd'hui
06:52 et qui est beaucoup plus mesurée d'ailleurs, puisque encore une fois, on est sur une appréciation de temps long,
06:57 que sur des marchés actions où évidemment on a un impact plus important de la volatilité.
07:01 Est-ce que vous regardez aussi les performances sur un temps plus court ou est-ce que ça n'a pas d'intérêt finalement ?
07:06 On les regarde aussi à horizon 3 et 5 ans et elles sont aussi très bonnes, puisqu'elles sont supérieures à 14% sur ces deux horizons de temps également.
07:15 Je dirais que c'est un tout petit peu moins représentatif parce que l'ensemble des capitaux ne sont pas retournés à horizon 3 et 5 ans
07:21 et donc il y a un poids plus important dans l'appréciation du rendement de la valeur estimée des retours à venir.
07:26 C'est pour ça qu'on aime regarder dans le temps long, ce qui permet d'apprécier les retours effectivement réalisés.
07:31 Juste un petit complément, parce que c'est vrai que pour illustrer ce que dit Stéphane, cette période de 3-5 ans,
07:36 on en a vu vraiment une illustration sur l'étude de cette année.
07:39 On ne peut pas comprendre l'année 2022 si on ne la regarde pas conjointement avec ce qui s'est passé en 2021 et en 2020.
07:47 Peut-être même en 2019, on a eu toute une séquence d'années assez particulière avec la séquence Covid en 2020,
07:55 où il y a eu quand même moins d'activité. L'année 2021, où il y a eu un rattrapage extrêmement fort,
08:01 que ce soit en termes d'investissement, de sortie, de distribution aussi d'une partie de la performance à nos souscripteurs.
08:08 L'année 2022 qui a été une année en deux temps avec une première partie d'année très active,
08:13 une deuxième partie un petit peu plus ralentie dans un contexte macroéconomique, un peu de repli de la tech qu'on connaît.
08:22 Donc vraiment, si on regarde juste une année, on n'a pas la vision d'ensemble.
08:27 En fait, on ne voit pas ce qui s'est passé concrètement, c'est-à-dire globalement sur période relativement longue,
08:33 une activité soutenue, robuste et qui nous permet de continuer à distribuer de la performance à nos souscripteurs.
08:40 Est-ce qu'il y a des segments du capital investissement qui sont plus performants que d'autres ou c'est assez homogène ?
08:45 Non, je pense que globalement, c'est assez homogène entre les classes d'actifs.
08:50 Il y a un peu plus de dispersion dans la performance sur le venture, le capital développement,
08:57 qui est investi dans une entreprise à un stade de maturité moins important.
09:02 Donc évidemment, c'est un niveau de risque un peu plus élevé et les surperformance sont également plus importantes dans certains cas.
09:08 Donc c'est un peu intrinsèque à ce segment d'investissement.
09:11 Mais je dirais que dans l'ensemble, il y a vraiment une homogénéité des retours autour des différents segments du capital investissement,
09:18 autour des niveaux de rentabilité qu'on a énoncé autour de 14%.
09:22 Et en termes de classes d'actifs, vous avez comparé tout à l'heure avec le CAC 40, est-ce que ça surperforme aussi d'autres classes d'actifs ?
09:28 Je pense par exemple à l'immobilier, des choses comme ça, vous regardez ça aussi ?
09:30 Oui, on compare également dans l'étude et la surperformance est même encore plus marquée par rapport au marché immobilier,
09:36 au hedge, à d'autres classes d'actifs.
09:39 Donc c'est une surperformance qui est marquée par rapport à l'ensemble des classes d'actifs disponibles sur le marché.
09:44 Et peut-être juste pour compléter ce que disait Stéphane, ce qui est intéressant en regardant des historiques sur 10 ans ou 15 ans,
09:50 qui comprennent beaucoup de fonds clos, c'est qu'on se rapproche de la performance réelle,
09:55 c'est-à-dire qu'elle a été réalisée, rendue aux investisseurs, et par ailleurs sur des véhicules qui pour certains ont connu des cycles économiques assez différents.
10:03 Donc typiquement des véhicules qui ont traversé la crise de 2008 avec de très bonnes performances.
10:08 Les millésimes post-crise ont été excellents parce que les entreprises bien accompagnées dans des contextes un peu perturbés se comportent mieux que les autres.
10:16 C'est vrai aussi sur des épisodes un petit peu plus récents, les entreprises accompagnées pendant la crise Covid s'en sont beaucoup mieux sorties
10:23 que des entreprises qui étaient un peu toutes seules, sans soutien.
10:27 Donc le fait de regarder ça sur plusieurs cycles et d'avoir ce niveau de performance montre qu'on a une capacité à traverser les périodes un peu difficiles.
10:33 Il y a une sorte de résilience ?
10:35 Oui, c'est ça. Et à choisir les calendriers d'entrée et de sortie dans les investissements.
10:42 Et ça c'est une des explications qui permet d'avoir un vrai différentiel de performance sur des périodes longues par rapport à d'autres classes d'actifs qui n'ont pas cette capacité.
10:53 Je pense que notamment la sélectivité dans les investissements fait que les actifs investis en capital investissement ont des propriétés de résilience sans doute plus développées que la moyenne
11:02 et donc résistent mieux dans les temps de crise ou en tout cas de difficultés macroéconomiques qu'on a pu connaître en 2022.
11:09 C'est la question de la sélectivité ou c'est la question du fait finalement on investit dans le temps long et on sait que plus on investit sur du long terme
11:16 et en général plus ça permet d'avoir un rendement qui soit un peu plus performant ?
11:21 Les mauvais choix d'investissement à long terme sont toujours des mauvais choix.
11:25 En revanche on peut transformer un bon choix d'investissement par le long terme en un excellent support et d'excellente performance.
11:34 Je pense que c'est surtout ça. Sachant que par ailleurs, Stéphane a un petit peu fait allusion, l'aspect accompagnement des entreprises lui aussi se déroule dans le temps long.
11:43 Sélectionner c'est rapide mais aider une entreprise à créer de la performance ça se fait sur des mois, des années.
11:50 C'est-à-dire que ce n'est pas juste l'investissement c'est tout ce qu'il y a à côté.
11:53 Accompagner une croissance externe, accompagner des développements de ce type là, ça se fait évidemment dans le temps et la performance se construit à ce rythme là aussi, au rythme des réalisations des entreprises.
12:05 J'imagine que dans l'étude il n'y a pas de prospective mais néanmoins est-ce que vous avez quelques éléments sur ce qui pourrait nous attendre en matière de performance pour cette année 2023 ?
12:14 Alors on n'a pas de boule de cristal évidemment. On aura évidemment les résultats avec un certain retard donc plutôt à l'été 2024.
12:23 Ça reflètera sans doute en partie la physionomie de l'année 2023 en termes d'activité même si ça a un poids qui est le poids d'une année parmi 10 ou 15 selon l'histoire et comprend dans le total de la statistique.
12:38 L'année 2023 elle est évidemment un petit peu plus limitée en activité de levée de capitaux auprès des souscripteurs pour toutes les raisons macroéconomiques qu'on connaît.
12:47 En revanche il y a une activité d'investissement qui se maintient. Les choses se font de façon plus longue mais se font, enfin prennent plus de temps à être faites mais se font.
12:56 Il y a toujours le même niveau de sélectivité, il y a toujours le même travail d'accompagnement des entreprises en portefeuille.
13:02 On peut être assez confiant sur le fait qu'il y a encore de belles statistiques à l'été 2024 et puis il n'y a jamais eu autant besoin du capital investissement dans le contexte de transformation de l'économie qu'on connaît.
13:14 On espère continuer à convaincre nos souscripteurs.
13:16 Merci beaucoup à tous les deux. Alexis Dupont, directeur général de France Invest et Stéphane Vignal s'associé EY en charge de la stratégie des transactions.
13:24 A très bientôt pour un nouveau numéro de Smart Croissants.