Otan: pourquoi l'intégration de l'Ukraine ne fait pas l'unanimité
L’Ukraine fait pression pour être rapidement admise au sein de l’Otan, mais des divisions sur son adhésion persistent entre les 31 membres de l’alliance réunis les 11 et 12 juillet à Vilnius. Les explications de notre chroniqueur Frédéric Charillon.
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00:00 qu'on ne risque pas par avance de se condamner à entrer en guerre
00:03 en faisant entrer l'Ukraine dans l'OTAN.
00:05 C'est ça le gros dilemme aujourd'hui.
00:07 L'OTAN, c'est une création de la guerre froide.
00:15 C'est l'alliance de l'Atlantique Nord qui a rassemblé au départ
00:21 les États-Unis, le Canada, donc l'Amérique du Nord,
00:23 et les pays d'Europe qui étaient d'Europe de l'Ouest,
00:26 qui étaient d'Europe occidentale à l'époque,
00:27 et qui a donc pris corps en 1949.
00:30 Tout ça va se structurer pendant toutes les années de guerre froide,
00:32 il y a des pays qui vont s'ajouter à l'OTAN.
00:34 Le grand tournant, évidemment, c'est la fin de la guerre froide.
00:37 On a une alliance qui a été créée pour contrer l'Union soviétique,
00:39 il n'y a plus d'Union soviétique.
00:40 Qu'est-ce qu'on fait ?
00:41 On ne dissout pas l'alliance.
00:42 L'OTAN va intégrer les pays anciennement socialistes d'Europe de l'Est
00:47 dans ce club qui était fait au départ pour défendre les pays d'Europe
00:52 et de l'Atlantique Nord.
00:53 Et l'OTAN va continuer d'augmenter du côté des Balkans
00:56 jusqu'à atteindre la trentaine d'états membres.
00:58 On se retrouve maintenant avec une alliance extrêmement importante
01:01 qu'on a crue à un moment tellement grosse qu'on n'arrivait plus à la gérer.
01:05 C'est d'ailleurs le sens un petit peu de la phrase d'Emmanuel Macron
01:08 en état de mort cérébrale.
01:09 Comme si on avait un géant avec des pays comme le Monténégro,
01:12 comme les Pays-Bas, etc.
01:13 Et puis des pays qui s'éloignent, qui ne sont plus sur la même ligne,
01:16 comme la Turquie, ça avait beaucoup motivé notamment
01:18 la phrase d'Emmanuel Macron à l'époque.
01:20 Donc la question c'était, est-ce qu'il y a encore une cohérence dans tout ça ?
01:22 Et d'ailleurs, est-on en mesure de vraiment défendre un des états membres,
01:27 tous les états membres s'ils sont attaqués ?
01:28 Parce que le pilier de l'OTAN, c'est l'article 5.
01:30 L'article 5 dit que si un état membre est attaqué,
01:33 les autres prendront les mesures nécessaires.
01:34 On ne dit pas qu'on entre en guerre automatiquement,
01:36 mais on prendra toutes les mesures nécessaires pour le soutenir.
01:39 Est-ce qu'on en est encore capable ?
01:40 Voilà, il y a beaucoup de questions qui se posent sur l'OTAN.
01:43 Et puis vient la guerre en Ukraine.
01:44 Et là, évidemment, tout le monde se tourne à nouveau vers l'OTAN,
01:47 qui reste, quoi qu'on en dise, un instrument en état de marche,
01:50 avec son fonctionnement, avec son état-major, avec ses armes,
01:53 avec tous les moyens militaires américains derrière.
01:55 Et aujourd'hui, on va même étendre l'OTAN, la Finlande, la Suède,
01:59 des pays qui étaient neutres et qui tenaient à leur neutralité,
02:02 se tournent vers l'OTAN parce qu'en réalité, face à un état comme la Russie,
02:06 ça reste le seul instrument de défense européenne en état de marche.
02:09 Faut-il intégrer l'Ukraine dans l'OTAN ?
02:18 Et la question se posait déjà avant.
02:20 Les avis n'étaient pas unanimes.
02:22 On a senti à un moment que les Américains n'étaient pas forcément
02:24 tout à fait enthousiastes à l'idée d'intégrer l'Ukraine dans l'OTAN.
02:28 Bon, néanmoins, aujourd'hui, ils semblent s'être convertis à cette idée.
02:31 Les Ukrainiens disent qu'on veut entrer dans l'OTAN,
02:33 c'est une garantie de sécurité.
02:34 Après la guerre, on ne peut pas faire entrer dans l'OTAN un pays qui est en guerre.
02:37 Mais l'idée, c'est de dire qu'après la guerre,
02:39 il faudra intégrer l'Ukraine dans l'OTAN.
02:41 On dit ça parce qu'on avait déjà donné des garanties de sécurité à l'Ukraine en 1994.
02:46 On avait dit, après la fin de l'Union soviétique et après l'indépendance de l'Ukraine,
02:50 l'Ukraine va rendre ses armes nucléaires,
02:52 ce qui était soviétique et qui était disposé sur son territoire,
02:54 elle va les rendre à la Russie.
02:56 Mais en échange, des pays occidentaux se portent garant de la sécurité de l'Ukraine.
03:00 On connaît la suite.
03:01 On se porte à leur secours en réalité,
03:03 mais on n'a pas pu empêcher cette invasion ni cette guerre.
03:05 Donc aujourd'hui, les Ukrainiens nous disent,
03:07 non, nous, on ne veut plus de ça, on veut quelque chose de beaucoup plus automatique.
03:10 La vraie garantie de sécurité, c'est l'OTAN.
03:12 Pourquoi c'est compliqué ?
03:13 Parce que c'est la ligne rouge, encore une fois, pour la Russie.
03:15 C'est-à-dire qu'intégrer l'Ukraine dans l'OTAN,
03:17 c'est donner raison à ceux qui en Russie disent,
03:19 vous le voyez bien, il y a une hégémonie américaine,
03:21 on avait donc raison de vouloir s'en défendre par avance.
03:24 C'est assez compliqué.
03:25 Les pays d'Europe centrale et orientale, la Pologne et les Pays-Bas,
03:28 sont artisans de cette intégration de l'Ukraine.
03:30 Ils sont sur la ligne de front, ils sont très très proches du danger russe.
03:33 D'autres ailleurs en Europe sont évidemment plus prudents et se disent,
03:37 est-ce qu'on n'est pas en train de se lancer dans un engrenage
03:39 qui va être compliqué à gérer,
03:41 puisque est-ce que nous sommes en mesure aujourd'hui
03:43 de garantir la sécurité de l'Ukraine ?
03:45 Admettons que la guerre se termine,
03:46 mais s'il y a encore une guerre, une autre attaque russe dans 10 ans,
03:50 dans 15 ans, je ne sais pas,
03:51 est-ce qu'à ce moment-là on pourra défendre l'Ukraine ?
03:53 Est-ce qu'on ne risque pas par avance de se condamner à entrer en guerre
03:57 en faisant entrer l'Ukraine dans l'OTAN ?
03:59 C'est ça le gros dilemme aujourd'hui.
04:01 Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
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