La victoire ou la mort (juillet 1994)

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00:00 Voici l'histoire d'un meurtre
00:02 causé par un match de football.
00:04 Andrés Escobar est mort,
00:06 assassiné froidement dans les rues de Medellín, sa ville de toujours.
00:08 Quelques jours plus tôt, la Colombie affronte les Etats-Unis en Californie
00:12 pour le deuxième match d'eau-poule de la Coupe du Monde.
00:14 Et les deux équipes doivent impérativement gagner
00:16 pour espérer se qualifier.
00:18 C'est un match sous haute tension pour la génération dorée colombienne
00:20 qui a perdu son premier rendez-vous
00:22 et subit désormais les menaces ciblées de cartels
00:24 qui ont investi massivement dans le football
00:26 pour blanchir l'argent de la drogue.
00:28 La sélection peut compter sur l'un de ses leaders,
00:30 Andrés Escobar, de Medellín,
00:32 imperméable aux menaces et pressions.
00:34 L'un des meilleurs défenseurs qui soit,
00:36 prêt à tout pour offrir un moment de gloire à son peuple.
00:38 Une source de confiance précieuse pour certains de ses coéquipiers
00:40 terrifiés par l'enjeu.
00:42 22 juin 1994,
00:44 le jour est venu.
00:46 Les genoux tremblent et les conséquences d'une défaite sont dans toutes les têtes.
00:48 L'entraîneur parle à ses joueurs avec les tripes
00:50 et les larmes aux yeux.
00:52 Puis ils prennent la direction du terrain, la boule au ventre,
00:54 alors que la victoire est impérative.
00:56 Les deux équipes sont en place.
00:58 L'arbitre met le sifflet à sa bouche et...
01:00 C'est parti.
01:02 Le match est lancé et la Colombie,
01:04 une bien meilleure équipe que son adversaire, fait le jeu.
01:06 Elle se procure plusieurs occasions franches
01:08 et va jusqu'à toucher le poteau adverse.
01:10 C'est sûr, ça finira par rentrer.
01:12 Les Cafeteros dominent le match,
01:14 mais voilà qu'à la 22ème minute,
01:16 les États-Unis se procurent une opportunité.
01:18 Harkes, le numéro 6, se fraye un chemin et parvient à s'entrer.
01:20 La défense colombienne est prise à défaut.
01:22 Seul Escobar est en mesure de toucher le ballon
01:24 avant que l'attaquant adverse ne le fasse.
01:26 Le joueur colombien s'étire de toute sa longueur
01:28 et parvient à contrer la balle du pied droit, mais stupeur.
01:30 Le ballon trompe son propre gardien
01:32 et rentre.
01:34 1-0, but d'Escobar.
01:36 Mais pour les États-Unis, le stade exulte
01:38 et l'homme reste à terre, abattu par le sort.
01:40 Puis il se relève et le match reprend.
01:42 Les deux équipes s'attaquent
01:44 et se contre-attaquent, se débordent et s'appréhendent.
01:46 Et dès l'entame de la deuxième mi-temps,
01:48 les États-Unis aggravent le score.
01:50 2-0.
01:52 C'est une catastrophe.
01:54 Un but en fin de match n'y change rien.
01:56 La Colombie est éliminée de la Coupe du Monde.
01:58 Quel coup de massue.
02:00 Le pays est désenchanté, son peuple est triste
02:02 et ses narco-trafiquants amères.
02:04 Les menaces de mort vont contraints et la peur gagne les sportifs.
02:06 Mais pas Escobar,
02:08 qui écrit dans un journal national
02:10 que "la vie ne s'arrête pas là", essayant de remonter
02:12 le moral d'une nation qui lui tient profondément à cœur
02:14 et qui sait le lui rendre, car tout le monde l'aime
02:16 à Medellín.
02:18 Alors qu'on lui conseille de faire profil bas,
02:20 il décide qu'il ne fuira pas ses responsabilités
02:22 et continue ainsi à vivre normalement.
02:24 C'est tout à son honneur.
02:26 Mais un jour, dans un café,
02:28 des hommes reconnaissent le joueur et l'insultent pour son but
02:30 contre son camp face aux États-Unis.
02:32 Escobar est surpris et déçu,
02:34 mais l'homme n'est pas saoul et, sentant le danger inutile
02:36 auquel il est en train de faire face,
02:38 décide de rentrer chez lui.
02:40 Il sort du café quand d'un coup,
02:42 un premier coup de feu résonne
02:44 dans le dos du défenseur,
02:46 accompagné d'un cri effroyable.
02:48 But.
02:50 But.
02:52 But.
02:54 But.
02:56 Six balles sont tirées et six fois le meurtrier
02:58 prononce la cause de cette sentence.
03:00 Ce fameux but contre son camp,
03:02 un fait de jeu malheureux pour un joueur de football,
03:04 mais pas en Colombie, pas à Medellín,
03:06 pas en 94,
03:08 pas dans ce contexte profondément malsain.
03:10 Assassiné dans le dos par l'un des siens,
03:12 c'est de sa chair et de son sang
03:14 qu'Andrés Escobar a payé le prix de la défaite.
03:16 Et cette fois-ci,
03:18 pour l'homme qui devait signer au Milan AC,
03:20 la vie s'arrête là.
03:22 [Musique]

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