• l’année dernière
Transcription
00:00 Il construit un palais à lui tout seul, car la vie sans but est une chimère.
00:03 1879.
00:05 Un facteur rural nommé Ferdinand Cheval fait sa tournée dans la Drôme,
00:08 quand il trébuche sur une pierre.
00:09 L'homme tombe, et revient explorer la cause de sa chute.
00:12 Il ramasse ainsi le caillou, et le trouve unique,
00:15 se disant qu'un artiste n'aurait pu imiter une telle perfection.
00:18 C'est à ce moment-là qu'un rêve enfoui revient à la surface.
00:21 Un rêve réprimé par peur du ridicule, dans lequel il avait jadis bâti un palais,
00:24 ou un château, voire une grotte.
00:26 Il ne sait plus vraiment.
00:28 Il rentre chez lui accompagné par ce songe,
00:30 et quand il reprend sa tournée le lendemain,
00:32 décide de placer les pierres qu'il trouve jolies sur le côté,
00:34 pour qu'il revienne les ramasser avec une brouette,
00:36 après sa longue journée de labeur.
00:38 Ce rêve à moitié oublié devient vite une obsession pour lui.
00:42 À partir de là, une résolution s'impose, et il se dit,
00:45 puisque la nature veut faire la sculpture,
00:47 engevrer la maçonnerie, et l'architecture.
00:49 Il entasse donc les pierres dans le potager de sa maison,
00:52 et laisse son imagination s'exprimer,
00:53 donnant vie à ses fantasmes étranges.
00:56 Cheval n'a aucune notion technique, mais il y croit,
00:59 et commence donc l'édification de son palais idéal,
01:01 par une fontaine qu'il appelle la source de vie.
01:03 Jour après jour, après 30 km de marche pour effectuer son travail,
01:07 il s'applique à y ajouter des grottes, des temples,
01:10 et des références à d'autres cultures en accumulant des matériaux.
01:13 À mesure que le temps passe,
01:14 il est de plus en plus incompris par ses voisins,
01:16 qu'il considère au mieux comme un marginal,
01:18 au pire comme un fou.
01:20 Mais il persévère, et le palais prend vie.
01:23 La dévotion totale d'un être pour sa création est fascinante.
01:26 Une trentaine d'années après le début de la construction de son palais,
01:29 il a édifié un temple hindou, un musée antédiluvien,
01:31 des références à des monuments d'Alger ou du Moyen-Âge,
01:34 à des chalets suisses ou encore à la Maison Blanche.
01:37 Il y a une mosquée, un bestiaire,
01:40 et même des poèmes gravés dans la paroi.
01:43 En observant tout ce qu'il a accompli,
01:46 une émotion le submerge.
01:48 Il grave alors sur son temple la mention suivante.
01:52 10 000 journées, 93 000 heures,
01:54 33 ans d'épreuves,
01:56 plus aux piniâtres que moi se mettent à l'œuvre.
01:58 Ce qu'a accompli Ferdinand Cheval et de l'Ordre de l'Extraordinaire,
02:01 il s'est prouvé que même un simple facteur rural peut être un génie,
02:04 un artiste, un visionnaire,
02:06 que même sans éducation académique,
02:08 et alors que tous les semblables le prennent pour un fou,
02:10 il est possible de laisser une trace dans ce monde
02:12 en faisant quelque chose que l'on aime.
02:14 Il a fait son palais idéal.
02:16 Mais cette histoire n'est pas encore finie,
02:18 car quand on lui interdit d'y être enterré pour cause de salubrité,
02:21 il ne se plaint pas,
02:22 et à 78 ans, se retrousse à nouveau les manches.
02:25 Pendant à nouveau 8 ans,
02:27 il construira au cimetière d'Autrive le tombeau du silence et du repos sans fin,
02:30 qu'il achèvera à 86 ans.
02:32 Le 15 mars 1905,
02:35 l'homme qui n'avait jadis que des rêves a écrit dans ses mémoires.
02:38 29 ans je suis resté facteur rural,
02:40 le travail fait ma gloire et l'honneur mon seul bonheur.
02:43 À présent voici mon étrange histoire,
02:46 où le songe est devenu, 40 ans après,
02:48 une réalité.
02:50 [Bruit de moteur]

Recommandations