Dans son édito du 07/07/2023, Paul Sugy revient sur les émeutes, le tabou de l’immigration.
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00:00 Oui, c'est vraiment ce qu'il a laissé percevoir à Pau lors de son déplacement.
00:02 Alors on risque de se répéter un peu, il a aussi déclaré hier,
00:04 sur le mode de la question rhétorique, qui avait prévu ce qui allait se passer.
00:08 Rappelons un peu la déclaration qu'il avait faite lors de ses voeux du 31 décembre,
00:12 où il demandait, toujours sur le mode rhétorique,
00:15 qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires cet été dans notre pays.
00:19 Alors à chaque fois, évidemment, il se fait railler par ceux qui ont fonds,
00:22 leurs fonds de commerce politiques.
00:23 La dernière fois, c'était les écologistes.
00:24 Aujourd'hui, c'est évidemment la droite, le Rational National ou les partisans d'Éric Zemmour
00:28 qui leur disent, et avec raison, si nous on l'avait prévu.
00:32 Et de fait, on ne peut pas leur donner tort, ni aux uns ni aux autres.
00:35 Mais reconnaissons que là, dans le cas des émeutes,
00:37 le phénomène a été plus que largement documenté.
00:39 Avant même les émeutes de 2005, Georges Bensoussan parlait déjà des quartiers,
00:43 des territoires perdus par le nom de la République.
00:45 Plus récemment, Laurent Bouvet encore a documenté cette insécurité culturelle
00:49 dont les Français se sentent victimes.
00:51 Alors il est effectivement difficile d'arriver comme une fleur après la bataille
00:54 en demandant qui avait pu prévoir cela.
00:56 Il faut dire quand même qu'Emmanuel Macron a une circonstance atténuante,
00:59 c'est qu'il n'était peut-être pas forcément entouré par les meilleurs
01:01 pour pressentir le phénomène.
01:03 Quand le ministre de la Justice explique les yeux dans les yeux aux députés
01:06 que la France n'est pas un coupe-gorge,
01:08 ou quand le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
01:10 refuse de faire le lien entre la délinquance, l'insécurité et l'immigration,
01:14 on se demande effectivement si Emmanuel Macron avait les meilleurs prophètes à ses côtés.
01:18 Alors justement, le ministre de l'Intérieur semble là encore
01:22 ne pas vouloir faire le lien entre l'immigration et les émeutes.
01:25 Oui, parce que Gérald Darmanin est écartelé au fond entre les deux véritables thèses
01:28 qui s'affrontent pour essayer d'expliquer les événements.
01:30 La première, c'est celle de la gauche, c'est de dire que ceux qui sont soulevés
01:33 sont des victimes ordinaires des violences policières,
01:35 lesquelles sont racistes et systémiques,
01:37 et que donc si les personnes issues de l'immigration,
01:40 même à la deuxième ou troisième génération,
01:42 se sont soulevées dans ces émeutes,
01:43 c'est à cause de l'attitude de la police et de l'État.
01:45 L'autre thèse, c'est la thèse plutôt identitaire,
01:47 celle qui veut que ces personnes ont refusé de s'intégrer
01:50 ou sont dans une démarche de refus d'intégration,
01:52 puisque quand ils niquent la France,
01:54 quand ils sortent les drapeaux algériens
01:56 au cortège qui veut rendre hommage à la mort de Nahel,
01:59 on voit bien qu'il y a une forme d'affrontement identitaire.
02:02 Alors, Gérald Darmanin refuse l'une et l'autre de ces deux thèses,
02:05 et du coup il en est réduit à devoir bredouiller
02:07 sans parfaitement pouvoir expliquer le phénomène.
02:09 Quand il mentionne les prénoms "Kévin" et "Mathéo"
02:11 pour dire qu'il y avait des émeutiers qui s'appelaient ainsi,
02:13 il tente de relativiser, voire de nier le fait que ces émeutes
02:16 se sont malgré tout liées à un refus d'intégration,
02:19 à un sentiment anti-français, et qui s'est exprimé,
02:21 on l'a vu à l'instant avec Agnès, à travers notamment
02:23 les dégradations portées contre les édifices publics
02:24 qui représentent tous d'une manière ou d'une autre
02:26 le mode de vie français, le fait de vivre en République.
02:29 Certains, comme Marion Maréchal dans une tribune la semaine dernière,
02:33 parlent de leur côté de "guerre civile".
02:35 Est-ce que c'est ce qu'on a vécu, Paul ?
02:37 Oui, alors c'est le problème.
02:38 Effectivement, une fois qu'on a reconnu très clairement
02:39 qu'il faut le faire, que l'immigration, elle est bien la cause,
02:42 même lointaine, mais en tous les cas de ce qui s'est produit,
02:44 et qu'il faut être capable de prendre le sujet au sérieux,
02:47 alors arrive toujours ce sujet de la guerre civile.
02:49 Moi, je suis à la fois convaincu qu'on assiste à des prémices
02:52 de guerre civile, parce que c'est effectivement ce qui se passe
02:54 lorsqu'il y a des violences aussi féroces qui sont portées contre les policiers,
02:57 et en même temps, je suis réservé sur l'application
02:59 "stricto sensu" du terme, parce qu'on n'a pas vu, si vous voulez,
03:02 une bande armée organisée politiquement,
03:05 s'en prendre à la police pour essayer de remplacer l'État
03:08 par autre chose, pour essayer de prendre le pouvoir.
03:10 Il y a une forme de désorganisation qui est liée, au fond,
03:13 à cette cause même d'une immigration incontrôlée
03:16 qui installe sur le sol des populations
03:18 qui ne se sentent que modérément françaises,
03:20 voire qui se sentent parfois plus proches,
03:22 on le voit lors des matchs de foot, mais on le voit encore là,
03:24 dans la façon dont s'est manifestée cette haine de la France,
03:26 qui se sentent parfois plus proches du pays
03:28 dont ils se sentent culturellement héritiers,
03:30 plutôt que de la France dans laquelle ils vivent,
03:32 et du système social dans lequel ils sont supposés s'intégrer.
03:35 Donc, finalement, on n'est même pas toujours certain
03:37 d'avoir affaire aux citoyens d'un même État,
03:39 ce qui est quand même le propre d'une guerre civile,
03:40 où ce sont les citoyens d'un même État qui s'affrontent entre eux.
03:43 C'est pour ça que je pense que le terme est parfois
03:45 un peu inapproprié, parce qu'il ne permet pas de voir
03:47 qu'au fond, on a affaire certes à des Français,
03:49 mais des Français qui s'excluent eux-mêmes de la communauté nationale.
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