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00:00 Le webinaire aujourd'hui est consacré à la thématique des accidents du travail et
00:03 en particulier comment est-ce qu'on peut agir sur ces dernières pour pouvoir les prévenir.
00:09 Alors, nous sommes aujourd'hui quatre conseillers en prévention.
00:17 Je vais les laisser se présenter.
00:21 Céline.
00:22 Alors, je suis Céline Dock, je suis conseillère en prévention à l'AMS Eiffel de France,
00:31 plutôt située sur le secteur du Val d'Oise et des Yplines Nord, donc au-dessus de la
00:35 Nationale 12.
00:36 Patricia Martin, conseillère en prévention sur le secteur de la Seine-et-Marne centre
00:44 et sud.
00:45 François Bailly, l'homologue de Céline, Patricia et Raymond sur le 91.
00:50 Et donc moi-même, Raymond Bicoucous, je suis sur Paris et la petite couronne le 93
00:56 et le 94.
00:59 Donc, on est tous d'accord que lorsqu'un accident du travail arrive, il survient, c'est
01:08 quelque chose d'assez douloureux et qui est souvent vécu comme un échec.
01:13 Mais l'objectif de ce webinaire, ce sera non pas d'essayer de trouver quels sont les
01:21 responsables ou les coupables d'un accident pour résoudre la partie assurancielle, mais
01:31 ce sera plutôt de comprendre quel est l'intérêt qu'on peut avoir à analyser un accident
01:37 du travail.
01:38 Savoir identifier les causes majeures d'un accident du travail, aussi des causes un peu
01:44 mineures.
01:45 Éviter bien entendu que ce même accident ou d'autres accidents surviennent pour les
01:50 mêmes causes ou des causes similaires et optimiser du coup la productivité, voir l'image
01:56 de votre entreprise, augmenter le fonctionnement tout simplement et améliorer votre image
02:03 auprès des clients et des salariés.
02:06 Ce qu'on vous propose sur ce sommaire, c'est d'abord de s'attacher à poser quelques
02:14 définitions et accorder nos violons sur quelques notions qui sont importantes.
02:19 Évoquer ensuite très rapidement la question de la déclaration auprès de l'AMSA.
02:24 Si vous avez des questions, on trouvera un temps de réponse ultérieurement.
02:29 Et puis nous vous proposons de nous attacher plutôt à montrer les bénéfices de l'analyse
02:36 de l'accident en démontrant la méthode d'analyse, en exposant également un cas concret.
02:43 Ce sera aussi l'occasion de voir un accident concret qui est survenu.
02:52 Une proposition d'accompagnement de l'AMSA à la suite de ce webinaire et on prendra
02:57 bien entendu un temps pour échanger sur vos questions et pour y apporter réponse.
03:03 Donc nous allons commencer par revoir quelques définitions qui sont essentielles, qu'il
03:16 est essentiel de se familiariser avec.
03:18 Donc là on va commencer par l'incident.
03:22 L'incident c'est un événement qui est indésirable, non planifié, non souhaité,
03:28 qui perturbe le déroulement des activités.
03:31 Il peut s'agir d'une situation imprévue, d'une panne, d'un dysfonctionnement.
03:38 Supposons par exemple qu'une entreprise qui utilise un système de gestion de stock,
03:44 par exemple, informatisé pour suivre ses produits, si le système tombe en panne soudainement
03:50 et que les employés ne peuvent plus accéder aux informations sur les stocks, cela constitue
03:56 un incident.
03:57 Cela entraîne une perturbation dans les flux de travail, dans les retards dans les traitements
04:01 de données et peut potentiellement causer des pertes financières.
04:05 Un presque accident, le presque accident c'est un événement indésirable ne produisant
04:15 aucun dommage.
04:16 C'est un événement ou une situation potentiellement dangereuse qui aurait pu causer un accident
04:23 mais qui n'a entraîné aucune blessure, aucun dommage.
04:26 Ils sont souvent considérés comme des avertissements ou des signaux d'alerte et souvent ils soulignent
04:32 des risques sous-jacents qui nécessitent une analyse approfondie.
04:36 L'accident du travail, l'accident du travail c'est un accident, c'est un événement soudain
04:47 qui se produit sur le lieu du travail ou lors d'une activité liée au travail entraînant
04:55 une ou plusieurs lésions physiques et/ou psychologiques.
04:59 Alors il peut s'agir d'une chute, d'une blessure causée par un outil ou d'une exposition
05:06 à des produits ou un choc psychologique.
05:08 Un exemple, un ouvrier travaillant sur un chantier se blesse avec un taille-haie, il
05:16 a une plaie au membre inférieur.
05:17 Cet événement est considéré comme un accident du travail puisqu'il s'est produit pendant
05:22 les heures de travail sur le lieu du travail et a entraîné une lésion corporelle directement
05:27 liée à son activité.
05:29 L'accident de trajet, l'accident de trajet se produit pendant le trajet entre le domicile
05:37 et le lieu de travail.
05:38 Il peut s'agir d'un accident de voiture, de vélo ou même d'une chute en marchant.
05:43 Ces accidents sont également pris en compte dans la législation sur les accidents du
05:49 travail car ils sont liés à l'activité professionnelle du salarié.
05:55 Si je prends le cas par exemple d'un conducteur de travaux qui se rend tous les jours au bureau
06:02 sur le chemin de retour à son domicile, il est impliqué par exemple dans une collision
06:07 automobile.
06:08 Comme cet accident s'est produit pendant son trajet entre le domicile et le travail,
06:15 il est considéré comme accident de trajet.
06:16 Par rapport aux formalités, dès lors qu'un salarié est victime d'un accident du travail
06:33 ou de trajet, il doit en informer son employeur ou faire informer par mail, par SMS, par téléphone.
06:41 Cette démarche doit être faite dans la journée où s'est produit l'accident et au plus tard
06:48 dans les 24 heures.
06:49 Si l'employeur n'est pas sur les lieux de l'accident, il devra transmettre la dite
06:57 déclaration par lettre recommandée.
06:58 Pour l'employeur, il doit remplir une déclaration d'accident du travail et la transmettre à
07:05 la MSA dans un délai de 48 heures.
07:08 Alors, soit par lettre recommandée avec accusé réception, soit en utilisant la version
07:15 Internet.
07:16 Et via l'icône info, vous aurez des informations sur toutes ces démarches.
07:23 Quelques informations complémentaires, l'employeur peut mettre des réserves dans les 30 jours
07:35 auprès de la MSA en joignant les faits qui, selon lui, remettent en cause le caractère
07:42 professionnel de l'accident du travail.
07:45 Et dans le cas où l'employeur n'a pas fait de déclaration d'accident du travail,
07:55 le salarié peut déclarer lui-même et il a un délai de deux ans pour déclarer l'accident
08:00 du travail auprès de la MSA.
08:03 Merci Patricia.
08:05 Donc, on va avancer dans notre présentation.
08:12 Alors, pourquoi analyser un accident de travail ? Raymond nous a évoqué tout à l'heure
08:17 quelques pistes.
08:18 Alors évidemment, il va s'agir d'identifier les causes qui ont conduit à l'accident
08:21 de travail.
08:22 Alors, j'ai bien les causes, les faits qui ont conduit à l'accident de travail.
08:25 Un accident de travail, ce n'est pas lié nécessairement à un seul fait ou quelque
08:30 chose de premièrement évident.
08:31 Et ce n'est en tout aucun cas, ce n'est jamais par non de la faute à pas de chance
08:37 où ça devait arriver, etc.
08:39 Ce n'est pas une question de fatalité, on le verra après.
08:42 Et donc, une fois qu'on a identifié ces causes, ces faits multiples, l'accident
08:47 c'est multifactoriel, ça va nous permettre de mettre en place, d'identifier, de faire
08:52 émerger des pistes de prévention.
08:55 Donc appropriées, évidemment, pour pas qu'un tel accident ne puisse se reproduire dans
09:00 le même contexte dans l'entreprise.
09:02 Mais aussi, ce qui va être intéressant, c'est que les causes qu'on va avoir identifiées,
09:09 les faits qu'on va avoir identifiés vont peut-être nous permettre aussi d'établir
09:12 qu'il y a des signaux faibles dans un autre secteur peut-être concernant cette activité-là.
09:18 Et qui va être bon aussi, justement, de prendre en compte pour améliorer le fonctionnement
09:22 de l'entreprise, justement.
09:24 Et pour améliorer, j'allais dire, sa performance en termes d'organisation.
09:28 Pourquoi pas.
09:29 Ensuite, des conséquences.
09:31 Alors, des conséquences de l'accident de travail.
09:35 Des conséquences, évidemment, pour la victime en premier.
09:38 Donc, si c'est le salarié, effectivement, pour le salarié.
09:42 Plusieurs ordres de conséquences.
09:44 Conséquences humaines pour la personne, évidemment, qui peut être touchée, j'allais dire, dans
09:49 sa chair et dans sa psyché.
09:52 Des conséquences sociales aussi.
09:54 Effectivement, quand on est en arrêt de travail, on peut être isolé socialement.
09:59 On peut aussi éventuellement, une fois que l'accident de travail va être terminé,
10:07 et que peut-être des conséquences emmèneront vers des incapacités ou des inaptitudes à
10:14 certaines activités, nécessiter une réorientation professionnelle.
10:18 Et puis, pourquoi pas, aussi de l'entreprise, s'orienter vers de nouvelles affectations.
10:24 Donc, tout ça, c'est aussi des conséquences qui peuvent être psychologiques pour le salarié.
10:30 Des conséquences également financières, des pertes de revenus.
10:33 Quand on est en arrêt de travail, il y a des indemnités qui vont être mises en place,
10:40 qui ne viendront jamais compenser le salaire du salarié, pour le coup.
10:48 Et puis aussi, effectivement, des augmentations des coûts domestiques.
10:52 Donc là, on vient sur le plan personnel, où on voit que, justement, l'activité professionnelle,
10:57 la sphère professionnelle et la sphère personnelle sont intimement liées, parce que l'accident
11:02 de travail, il arrive sur le lieu du travail et pendant le temps de travail, comme on l'a
11:06 dit tout à l'heure, mais on ramène aussi les conséquences à la maison.
11:10 Donc, effectivement, ça peut avoir des conséquences sur sa vie personnelle.
11:14 Je joue d'un instrument de musique, si je perds un doigt, ça peut être plus compliqué
11:17 par la suite.
11:19 Si je ne suis plus dans la capacité d'emmener, par exemple, mes enfants à l'école, parce
11:23 que je suis halité, je suis dans un fauteuil roulant, ça peut entraîner des conséquences
11:30 aussi importantes sur la sphère personnelle.
11:32 Donc, l'accident de travail, vraiment, bien avoir conscience que cet accident de travail
11:36 va impacter tous les niveaux de la vie.
11:39 Donc, ça, c'était pour les conséquences du salarié.
11:42 Pour l'employeur, pareil, alors différentes conséquences de différents ordres, à peu
11:48 près les mêmes, que pour le salarié, des conséquences humaines, évidemment.
11:53 C'est un choc aussi d'avoir un salarié qui est accidenté, surtout quand c'est un accident
11:57 grave.
11:58 On peut se remettre, effectivement, on prend une part de responsabilité certaine.
12:01 Ça rejoint un petit peu le cadre juridique, mais moral, j'entends par là.
12:06 Des conséquences sociales aussi, ça peut, pourquoi pas, dégrader l'image de marque
12:11 de l'entreprise.
12:12 On sait que les entreprises qui ont des accidents fréquents, ça finit par savoir et pour le
12:16 coup, ça ne favorise pas non plus l'image de marque.
12:20 Ça va de soi.
12:22 Ça peut dégrader le climat social de l'entreprise.
12:24 Des salariés qui sont arrêtés fréquemment, si je puis dire, suite à des accidents de
12:28 travail, ça ne favorise pas, j'allais dire, l'émergence d'un collectif positif.
12:33 Et des difficultés aussi de recrutement.
12:36 Donc, si ma situation de travail est dégradée, effectivement, si mon image de marque est
12:42 dégradée, si etc. etc.
12:45 On connaît aujourd'hui les difficultés qu'ont les employeurs à recruter.
12:48 Ça ne favorise pas, justement, le recrutement.
12:51 Ce ne sont pas des signaux, j'allais dire, positifs pour l'entreprise.
12:54 Des conséquences financières.
12:56 Alors, premier abord, ça va être les cotisations, accidents du travail, mais à l'aide du professionnel
13:01 qui vont être augmentées.
13:02 Donc là, il y a un coût direct concernant l'impact de l'accident de travail.
13:08 Je vais mettre à la marge, il y a des conséquences matérielles.
13:12 Autre, je vais passer vite dessus parce que ce qui nous préoccupe quand même, principalement,
13:17 c'est la santé humaine.
13:18 Des pertes de productivité aussi et de réorganisation du travail.
13:22 Effectivement, surtout dans les petites structures, j'ai un salarié qui est en arrêt de travail.
13:26 Ça va certainement déstabiliser aussi mon organisation du travail.
13:29 Je vais peut-être faire reporter la charge de travail du salarié absent sur les autres,
13:33 sur le collectif restant.
13:35 Et pour le coup, ça va peut-être commencer à dégrader des situations de travail qui vont peut-être
13:39 favoriser l'émergence d'un accident de travail.
13:41 Donc, on voit que tout est lié.
13:43 Les conséquences, elles sont multiples.
13:45 La dernière conséquence importante, on est dans le registre juridique là, pour le coup,
13:50 le chef d'entreprise a des obligations de résultat en termes de santé, sécurité au travail.
13:55 Donc, il doit assurer la santé physique et mentale des salariés.
13:58 Ça veut dire que concrètement, en cas d'accident, sa responsabilité civile,
14:02 sa responsabilité pénale peut être engagée.
14:05 Donc, effectivement, c'est une conséquence très importante, ce qu'il faut bien avoir à l'esprit
14:14 en termes de responsabilité juridique.
14:16 Maintenant, effectivement, nous, ce qui nous préoccupe, c'est la santé humaine principalement,
14:20 mais on ne peut pas dissocier tous ces aspects-là, toutes ces conséquences-là pour l'employeur.
14:25 Un accident du travail moyen, les chiffres nous donnent à peu près cet ordre-là.
14:30 Ça coûte à peu près 3 600 euros.
14:33 Et là, on parle de coûts directs.
14:34 Et indirectement, on multiplie par trois les conséquences pour l'entreprise d'un accident de travail.
14:39 Donc, effectivement, j'allais dire, c'est ouvert, grand ces chakras.
14:42 On va voir que l'accident de travail, de manière complexe, ce que ça entraîne au global pour le salarié,
14:49 évidemment, mais aussi pour le collectif, pour l'entreprise.
14:52 Alors, l'analyse des accidents, donc, oui, je reprends.
15:03 Merci, merci, Patricia.
15:05 L'analyse des accidents, donc, quand et qui?
15:09 L'analyse des accidents est effectuée dès que possible,
15:13 surtout selon la disponibilité de la victime et des témoins qui participent à l'analyse des accidents.
15:22 Donc, ce qui est préconisé, c'est donc constituer un groupe d'analyse pluricompétent,
15:29 composé notamment de l'employeur ou de son représentant, d'un représentant du personnel,
15:36 d'un préventeur de l'entreprise et d'un salarié connaissant bien l'activité concernée par l'accident.
15:43 L'objectif est d'obtenir des informations précises et détaillées de l'analyse de la situation d'accident.
15:54 Et pour ça, trois prérequis, on recommande trois prérequis.
16:01 Savoir distinguer les faits d'une opinion, d'une interprétation.
16:04 Un fait est basé sur des données objectifs, vérifiables,
16:10 une interprétation est plutôt du point de vue, d'un point de vue personnel.
16:18 Le deuxième, c'est savoir écouter et questionner.
16:22 L'écoute active permet effectivement de saisir plusieurs idées qui ont été exprimées
16:30 et le questionnement permet d'apporter des éclaircissements sur des points.
16:35 Le troisième, c'est garantir un environnement sécurisé sans sanctions pour une expression libre.
16:41 En effet, il faut que chacun se sente en sécurité pour s'exprimer
16:46 et sans crainte surtout d'être jugé par rapport aux situations et au questionnement.
16:57 Effectivement, il existe une méthode d'analyse.
17:00 Une fois que, comme le dit Patricia, vous avez constitué ce groupe d'analyse
17:06 avec des personnes compétentes, que vous jugez compétentes pour le faire,
17:11 ce groupe aura pour objet la première phase qui sera le recueil des faits.
17:18 Donc, saisir au travers d'observations, d'entretiens, de mesures, d'analyses, de documents
17:27 tous les faits qui ont pu générer l'accident, qui sont autour de l'accident.
17:33 Ensuite, la deuxième phase permettra de déterminer ces causes,
17:39 que ce soit des causes directes ou des causes un peu plus profondes.
17:44 Et enfin, vous arrivez à construire ce qu'on appelle un arbre des causes
17:48 qui sera une manière de coucher sur le papier l'enchaînement logique
17:52 de tous les faits qui ont conduit à cet accident.
17:55 Ce qui veut dire qu'il faudrait être en mesure de savoir déterminer les faits.
18:01 Donc, qu'est-ce qu'un fait ? On arrive sur cette question.
18:06 Le fait, comme le disait Patricia tout à l'heure, c'est un élément qui est concret,
18:10 précis, quantifiable, observable et objectif.
18:15 Et donc, un fait va renvoyer à une causalité et une notion de causalité, c'est une notion logique.
18:24 A contrario, on a des opinions, des opinions qui sont un point de vue personnel
18:30 qui va intégrer des faits, mais suite au cadre de référence de la personne qui émet cette opinion,
18:39 elle va l'accompagner d'un jugement de valeur.
18:42 Et donc, on ne sera plus dans une question d'objectivité,
18:48 on sera sur une notion de culpabilité et une notion moralisatrice.
18:56 Alors, qu'est-ce qu'un fait et qu'est-ce qu'une opinion ?
19:02 Je vous propose qu'on puisse l'illustrer parce que ce n'est pas forcément une notion
19:06 qui est simple pour tous, ou en tout cas dans notre quotidien,
19:10 on peut arriver à des glissements et du coup, ça peut ne pas être clair pour tous.
19:16 Je vous propose de mettre à l'écran quelques affirmations.
19:21 Donc, la une, c'était une opinion.
19:25 La trois aussi.
19:27 La seule qui était un fait, c'est le chargement est inachevé.
19:31 Le reste, ce sont des opinions.
19:35 Ok, on passe aux trois suivantes.
19:38 Les trois suivantes, la quatre, la cinq, la six, il a chanté le dispositif de sécurité.
19:46 Le sol était mouillé ou il travaillait dans une position peu sûre.
19:51 Pour ces trois dernières questions, nous avions deux faits et une opinion.
19:56 Et donc, il a chanté le dispositif de sécurité, c'est bien un fait.
19:59 Le sol était mouillé, c'est bien un constat, c'est objectif, c'est vérifiable,
20:04 c'est un fait, alors qu'il travaillait dans une position qui est peu sûre.
20:08 Cela relève d'une interprétation et donc d'un cadre de référence de la personne qui a écrit cette phrase.
20:17 Le recueil des faits, on revient bien sur des choses factuelles.
20:21 La méthode, on en propose deux, si je puis dire.
20:25 La méthode qui s'appelle Itamami et l'autre, c'est la 5M.
20:30 Ce sont deux méthodes à peu près similaires qui reposent sur le même principe.
20:34 Effectivement, face à une situation de travail, pour identifier les faits ou les comprendre,
20:39 j'ai essayé de m'appuyer sur ces outils-là.
20:44 Ce sont des outils.
20:45 Effectivement, Itamami, le « i » on voit, c'est en surbrillance rouge.
20:49 Le « i » pour individu, donc j'ai essayé de prendre tous les facteurs un petit peu qui caractérisent mon individu.
20:55 À savoir, qui il est, le genre, homme, femme, l'âge, l'ancienneté au poste, ses compétences, sa formation, éventuellement son état de santé, si je le connais.
21:07 Tous les facteurs qui vont sur sa latéralité, est-ce qu'il est gaucher, est-ce qu'il est droitier.
21:11 Tous les facteurs qui concernent l'individu.
21:15 Ensuite, le « i » qui correspond à la main d'œuvre dans la méthode 5M.
21:21 La tâche, l'activité qu'effectue le salarié ou le travailleur.
21:27 Je vais dire le travailleur dans le sens code du travail.
21:31 La tâche ou l'activité qu'il effectue, à savoir comment il la réalise, quelle matière il utilise.
21:39 Si je suis élagueur, la matière c'est peut-être un végétal, un arbre.
21:44 Il va peut-être falloir que je précise le diamètre de l'arbre, la hauteur de l'arbre, l'enracinement, l'état sanitaire de l'arbre.
21:49 Ce que je travaille en fait.
21:53 Le matériel qu'il utilise, MA, ou le matériel concernant la méthode 5M.
22:01 Quel matériel j'utilise ? La machine, l'outillage, les produits, etc.
22:05 On pourra tirer un petit peu le fil, on verra par la suite.
22:10 Voir l'état de la machine, de l'outillage, etc.
22:14 On verra dans l'analyse d'accident du travail qu'on vous propose après, les éléments à prendre en considération.
22:21 Le milieu, c'est-à-dire l'environnement dans le sens global du terme.
22:26 Les différents facteurs de température, d'hygrométrie, est-ce qu'il pleuvait, est-ce que le terrain est tempérant, quel est mon environnement de travail.
22:35 Je suis dans une cour d'école, je suis chez un particulier, je suis dans un parc, etc.
22:40 Vraiment, ça va prendre en compte tous les aspects du milieu, de manière vraiment générale.
22:46 Et puis, ça rejoint un petit peu l'organisation aussi, la méthode que prend en compte la méthode 5M.
22:54 Donc, vraiment, ce sont deux outils, on peut dire, c'est suivant l'habitance de chacun pour utiliser tel ou tel outil.
23:03 Ce ne sont que des outils, mais qui permettent vraiment d'aller un petit peu au cœur des faits et d'aller chercher quelles indications par rapport à ces faits recueillir.
23:11 Et ça, c'est vraiment très, très important.
23:13 Et ça va nous orienter après vers des pistes de solutions, justement.
23:18 Voilà. Alors, l'accident de travail, comme je vous le disais, on va vous présenter un accident de travail de M. B.
23:26 Le libellé de la déclaration de travail.
23:30 Nous, Service de santé et sécurité au travail, on reçoit les déclarations d'accident.
23:34 Et souvent, les libellés sont très, très courts.
23:38 C'est assez sommaire.
23:40 Donc là, on en propose un.
23:42 Alors qu'il tondait la pelouse, la tondeuse a bousculé sur la pente et a coupé l'orteil de M. B.
23:48 Et donc, on va dire, est-ce que c'est la fatalité ?
23:52 C'est la faute à pas de chance ?
23:54 Céline, tu peux nous déconstruire un petit peu ça ou reconstruire un petit peu l'histoire de l'accident ?
23:59 Exactement.
24:01 C'est vrai que la déclaration d'accident du travail, on est relativement assez succinct quand on la réalise.
24:10 Parce que voilà, on a aussi peu d'éléments au moment où on doit la réaliser.
24:16 Dans l'idée, c'est vraiment de creuser ça et de rechercher dans cet événement-là tous les éléments qui ont conduit à l'accident.
24:27 Et alors là, vous voyez, là, c'est l'information qu'on a sur la déclaration d'accident du travail.
24:34 Et une fois qu'on a fait le recueil d'informations, donc une fois que le groupe d'analyse a questionné aussi bien la victime que les témoins,
24:49 on arrive à un ensemble d'informations qui rend un peu plus compréhensible l'accident du travail et les causes qui ont conduit à l'accident du travail.
25:01 Donc si je les classifie en reprenant la méthode que François nous a présentée juste avant,
25:10 si je classifie les différentes informations concernant l'individu, concernant la tâche, concernant le matériel et concernant le milieu,
25:20 on se rend compte qu'en fait ce monsieur, alors ce monsieur est un ouvrier paysagiste qualifié,
25:26 en CD2 depuis six mois dans cette entreprise et qu'il a plus de 15 ans d'ancienneté dans la profession.
25:32 Donc on n'a pas affaire à un jeune travailleur ayant peu d'expérience, on a quand même affaire à quelqu'un d'expérimenté.
25:43 On sait aussi à questionner ce monsieur qu'il sera en train sur les chantiers tous les jours, qu'il se change sur les chantiers
25:53 et qu'en fin de journée de travail il laisse ses affaires dans le véhicule.
25:59 Voilà. Et que trois jours avant l'accident du travail, ce monsieur a mis ses vêtements et ses chaussures de sécurité dans la benne du camion.
26:07 Alors on va voir pourquoi après. Et que le jour de l'accident, ce monsieur travaillait en chaussures de sport, il n'avait pas ses chaussures de sécurité.
26:16 Donc dans l'idée vraiment, on évite toujours les jugements et on cherche toujours à comprendre.
26:22 Et le mot peut-être le plus important, le questionnement à voir, c'est pourquoi.
26:28 Pourquoi, pourquoi, pourquoi. Et c'est à force de poser ces pourquoi là qu'on arrivera à connaître le maximum d'éléments possibles.
26:39 Au niveau de la tâche réalisée par ce monsieur là, donc effectivement, il tombait sur une pelouse en pente.
26:48 Le monsieur a glissé, il est tombé sur les fesses, il a glissé à nouveau dans la trajectoire de la tondeuse, il a dévalé la pente et le pied de ce monsieur s'est retrouvé sous la tondeuse.
27:00 Et en tombant, il a lâché la tondeuse et celle-ci a dévalé la pente et a basculé sur le côté.
27:07 Voilà. En plus de ça, d'un point de vue matériel, la lame de la tondeuse tournait encore.
27:13 Et lorsqu'on lâchait les commandes de la machine, alors que la lame est censée s'arrêter, là, elle continuait de tourner.
27:20 Et on apprend que la sécurité n'a jamais fonctionné.
27:25 Et en ce qui concerne le milieu, je rappelle, mais l'environnement de travail, il travaillait sur une pente, il pleuvait, l'herbe était mouillée.
27:35 D'un point de vue organisation du travail, en questionnant l'employeur, on a su que l'entreprise donnait des chaussures de sécurité uniquement au personnel en CDI et non pas aux personnes en CDD.
27:49 Or, pour mémoire, notre ouvrier était en CDD depuis six mois dans l'entreprise.
27:55 On sait aussi, à force de questionner que le chef d'équipe est responsable de véhicules, que lui seul a la clé, et que c'est lui-même, ce chef d'équipe, qui va vider la benne à la fin de la journée à la décharge.
28:11 Et que trois jours avant l'accident, le chef s'était absenté pour aller voir un client du chantier.
28:18 Il avait laissé les portes du camion fermées à clé en gardant la clé sur lui. Et qu'en revenant sur le chantier, notre ouvrier, M. B, était déjà parti.
28:27 Et le chef de chantier est allé vider la benne à la décharge, comme il le fait tous les jours.
28:33 Et du coup, le chef a jeté, sans le savoir, les équipements de protection individuelle et les vêtements de travail de M. B à la décharge.
28:42 Puisque M. B les avait mis dans la benne avant de quitter le chantier.
28:46 Voilà, donc vous voyez qu'on passe d'une déclaration du travail où on a que très peu d'éléments, à, après un recueil d'informations, à une mine d'or, j'ai envie de dire, une mine d'or d'informations qui va nous permettre de mieux comprendre cet accident-là.
29:05 Alors les éléments posés de cette manière-là, voilà, peuvent être, peuvent manquer peut-être un peu de clarté.
29:13 Et dans l'idée, nous, ce qu'on vous propose, c'est de les organiser, tous ces éléments-là, selon la méthode de l'arbre des causes.
29:23 Alors l'arbre des causes, c'est quoi ? C'est une méthode qui va permettre, un petit peu comme un arbre généalogique, j'ai envie de vous dire, de repartir de l'événement, et en l'occurrence là, du fait que M. B ait eu l'orteil coupé,
29:41 et de reconstituer l'arbre en repositionnant vraiment toutes les causes qu'on a pu déterminer suite à l'enquête, alors j'aime pas trop le mot enquête, parce que ça fait enquête de police et on est vraiment pas dans ce registre-là,
29:54 mais suite au questionnement qu'on a pu faire, donc on va réorganiser l'ensemble de ces causes pour reconstruire l'arbre à proprement dit.
30:05 Et pour cela, on part de l'événement ultime, en l'occurrence l'orteil coupé du salarié, et pour construire l'arbre, on se pose deux, trois questions.
30:18 La première est, qu'a-t-il fallu pour que le travailleur ait l'orteil coupé ? Alors, il a fallu que le monsieur ait le pied sous la tondeuse.
30:32 Et de là, on se pose deux questions. Est-ce que cet événement-là est suffisant ?
30:39 Et bien non, il n'est pas suffisant, puisque si ce monsieur a ses chaussures de sécurité, l'orteil sera peut-être pas coupé.
30:49 Si la lame ne tournait pas encore, l'orteil n'aurait peut-être pas été coupé aussi.
30:54 Donc on se rend compte que pour arriver au fait ultime, il est nécessaire que ces trois causes-là surviennent en même temps.
31:02 C'est-à-dire, le monsieur travaille en chaussures de sport, le monsieur se retrouve le pied sous la tondeuse, et la lame de la tondeuse tourne encore.
31:12 Ces trois éléments concomitants conduisent bien à l'accident et à l'orteil coupé.
31:21 Et de là, toujours sur la même idée de l'arbre lénéologique, on reprend chaque fait, le fait vert, le fait rouge, le fait orange, et on remonte le plus possible.
31:35 Sur la partie suivante, qu'a-t-il fallu pour que ce monsieur se retrouve en chaussures de sport ?
31:43 Et bien, il a fallu que ses équipements soient malheureusement jetés trois jours avant le dit accident.
31:52 Et l'autre fait est que l'entreprise donne des chaussures de sécurité uniquement au CDI.
32:00 Et on reconstitue, voilà. On repart sur le fait rouge. Qu'a-t-il fallu pour que ce monsieur ait le pied sous la tondeuse ?
32:09 Il a fallu qu'il dévale la pente. Jusque-là, s'il la dévale, mais que sa trajectoire ne va pas vers la tondeuse, il n'y a pas de problème.
32:17 Donc il a fallu aussi que la trajectoire soit identique à celle de la tondeuse.
32:22 Et il a fallu que la tondeuse ait basculé sur le côté, parce que s'il avait heurté la tondeuse, tandis que celle-ci serait restée bien à plat, l'accident ne se serait pas produit.
32:35 Etc. Etc. On remonte chaque strate.
32:40 Et on voit bien que, par rapport à toute l'histoire de l'accident que je vous ai lue précédemment, on obtient un arbre assez fourni, finalement.
32:52 Où on constate que chaque carré de couleur correspond à une cause. Une cause qui a conduit à l'accident ultime.
33:04 Et dans l'idée, de par cette représentation-là, on arrive mieux à ordonner et à comprendre vraiment tous les éléments qui ont conduit à l'accident.
33:17 Et l'analyse concrète de l'accident, enfin le but ultime pour vous, chef d'entreprise, et pour chaque travailleur, sera d'essayer d'éliminer le plus possible de cases pour qu'un même accident ne se reproduise pas à l'avenir.
33:34 A savoir, je vais prendre n'importe quoi, le monsieur ne glisse pas, si le monsieur ne glisse pas, le monsieur ne se retrouve pas le pied sous la tondeuse et l'orteil n'est pas coupé.
33:48 Si la sécurité de la machine fonctionne, la lame ne tourne pas et les conséquences seront certainement moindres.
33:57 Si le salarié a l'occasion de mettre ses chaussures et ses vêtements de travail dans la cabine du véhicule, le jour J il aura ses chaussures de sécurité.
34:09 Alors ça n'empêchera pas de glisser, effectivement, ça n'empêchera pas la lame de tourner, mais la chaussure de sécurité jouera peut-être son rôle et l'orteil de ce monsieur ne sera pas coupé.
34:22 Donc vraiment, l'idée après pour vous, ce sera de supprimer un maximum de cases là.
34:31 Alors il y aura des solutions faciles à mettre en œuvre immédiatement, des solutions qui pourront aussi paraître évidentes.
34:38 Il y en aura d'autres, notamment celles qui peuvent tourner autour de l'organisation du travail, qui prendront peut-être un petit peu plus de temps pour trouver des solutions.
34:48 Mais dans l'idée, c'est ça, c'est de supprimer le maximum de cases possibles pour que cet accident là ou un autre ne se produise pas.
34:56 Et du coup, une fois l'arbre des causes construit, c'est ce que je disais précédemment, on recherche des solutions, on les formalise dans un plan d'action,
35:08 on s'assure de la mise en œuvre du plan d'action déterminé, on évalue les actions au besoin et enfin, on met à jour son document unique d'évaluation des risques professionnels.
35:22 Voilà, et de là, on aura abouti à une analyse complète de l'accident avec des solutions adéquates mises en œuvre.
35:37 Attendez, je passe la main.
35:41 Et donc, vous l'aurez compris, l'analyse de l'accident va permettre du coup de faire de la prévention en identifiant les causes et que chaque accident est unique par les circonstances de survenue
36:01 et qu'il faut justement investiguer par des observations, par un questionnement autour de ces circonstances.
36:09 Et donc, du coup, vous pouvez être étonné comme ça de la variabilité, de la variété plutôt, des circonstances, celles qui a priori n'étaient pas celles que l'on pensait au départ
36:24 et donc du coup, arriver comme ça à améliorer le fonctionnement de l'entreprise, améliorer des phases de travail, des procédures, rechercher comment est-ce qu'on peut gérer au mieux des EPI ou du matériel, etc.
36:41 Merci.
36:42 [SILENCE]

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