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Un Tueur Si Proche S10E04 FRENCHQC 720p HDTV x264 ZELLERS

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Personnes
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00:00 - Cette émission vous est présentée avec vidéo description.
00:03 - Chaque année, on rapporte une centaine de meurtres au Québec.
00:06 Certains sont commis par des gens au-dessus de tout soupçon.
00:09 Leurs proches n'ont rien vu venir et ils n'arrivent pas à y croire.
00:13 - Qui qui meurt pour des jobs?
00:15 Les policiers? Les gars à l'armée?
00:17 Pogne des jeux de municipalité!
00:20 Ça se peut pas!
00:22 - J'aurais peut-être pu la sauver,
00:25 mais pour moi, dans ce temps-là,
00:27 c'était juste l'effet que c'était un feu, tout simplement.
00:31 Et c'était pas un meurtre, là.
00:33 - Elle m'a jamais dit qu'elle avait vraiment peur.
00:36 Mais je l'ai vue.
00:38 Ben, le soir, tu voyais quand elle était vidée, là,
00:41 c'est parce qu'elle y avait passé, là, au bureau.
00:44 - Je pense que j'ai pas personne à Saint-Rémy
00:46 qui est capable de dire qu'ils ont vu venir quoi que ce soit.
00:49 (sirène)
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01:37 - L'après-midi du lundi 14 janvier 2008,
01:40 tout est calme à Saint-Rémy-de-Tingouic,
01:42 une petite agglomération des Bois-Franc près de Victoriaville.
01:46 Mais peu après 14 h, un drame se produit.
01:50 - Le service de sécurité incendie de Tinois
01:53 qui a eu un appel au 141-A principale Saint-Rémy-de-Tinois.
01:57 Moi, j'ai toutes les communications dans mon bureau,
02:00 fait que je scrime, je dis c'est l'adresse du bureau à René, c'est ça?
02:04 Je l'ai appris, je suis parti du bureau, justement,
02:07 j'ai un cellulaire, c'est madame...
02:10 Lajette Ginette qui m'appelle,
02:13 elle dit le feu est pris au bureau municipal.
02:16 - J'ai un représentant d'une compagnie qui est en face de moi,
02:20 il dit quand je suis passée cet avant-midi,
02:22 il faisait des travaux dans un poteau.
02:24 Fait que probablement qu'il y a eu un feu pris dans le poteau, t'sais.
02:27 - Le maire de Saint-Rémy mesure l'urgence de la situation.
02:32 - Moi, il est pas... il y a un, il y a deux, là,
02:34 j'ai tourné de bord, je suis monté directement à Saint-Rémy.
02:37 Je roulais... je sais pas quelle vitesse que j'ai roulée, là.
02:41 Moi, j'étais nerveux, là.
02:43 - Sur l'entrefait, M. Fréchette m'appelle.
02:49 Pis là, il y a une voix à essouffler,
02:52 pis là, il me dit Chantal, tes pompiers s'en viennent dessus,
02:55 parce que là, le feu est pris dans le bureau municipal,
02:58 je cherche René pis je la trouve pas.
03:01 - La nouvelle de l'incendie à l'hôtel de ville
03:03 met tout le monde sur un pied d'alerte.
03:05 - Le chum de ma mère m'a appelée, il était inquiet,
03:09 il me demandait «T'es où, ma mère? T'es où, ma mère?»
03:11 Pis moi, je croyais pas ce qui est arrivé.
03:14 Pis le chum de ma mère qui a pas été, là,
03:16 il venait de se parler,
03:18 ça l'aurait l'heure, un heure avant que ça l'arrive.
03:21 Pis elle lui avait dit qu'elle s'en venait bientôt à la maison,
03:24 pis elle était toujours pas arrivée.
03:26 Fait que j'ai pris mon char, pis je suis descendue à Saint-Rémy.
03:30 - Fait que moi, je parle à notre directeur du service incendique,
03:33 là, je dis «Dénise, parce que là, là, il trouve plus René,
03:36 fait que tu te lances, là!»
03:38 - J'ai stationné mon auto, là, sur tout le travers d'encore,
03:41 la Sécurité du Québec était là,
03:43 je me suis dit «Si elle est dans le bureau,
03:45 elle est décédée, ça se peut pas, là!»
03:47 Le fumet noir, ça sortait par les deux fenêtres,
03:50 les trois fenêtres, là.
03:51 Elle m'a suffoqué d'un fumet, ça se peut pas, là.
03:53 Pis c'est là que j'ai vu, là, les pompiers,
03:55 là, je savais que c'était fini pour elle, là.
03:59 Pis rendue au bureau, quand j'ai vu son auto,
04:02 j'ai su que c'était vrai.
04:04 - L'incendie à l'hôtel de ville de Saint-Rémy-de-Tignouic
04:08 a bel et bien fait une victime.
04:10 René Vaudreuil.
04:12 Mais quel secret se cache derrière ce terrible drame?
04:15 Le lundi 14 janvier 2008,
04:23 la directrice générale et unique employée
04:25 à temps plein de Saint-Rémy-de-Tignouic,
04:27 un petit village de moins de 500 habitants,
04:29 perd la vie dans l'incendie qui se déclare à l'hôtel de ville.
04:33 Dans les heures qui suivent le drame,
04:36 toute la petite municipalité se perd en conjecture.
04:39 Quelle est l'origine de cet incendie mortel?
04:42 - Moi, dans ma tête, René, c'était...
04:46 toujours sa petite chandelle sur le bord de son bureau.
04:49 Elle était assez grande, assez costaude.
04:52 Pis là, je me suis dit...
04:53 Elle a fait une chute de pression,
04:55 est tombé, le feu est pris sur son bureau.
04:58 - J'étais comme pompier volontaire,
05:01 pis j'ai été le deuxième répondant à aller au bureau.
05:04 C'est pas moi qui rentre au bureau pour essayer d'éteindre le feu,
05:07 pis je m'en suis toujours voulu pour ça.
05:10 - Malgré l'intervention rapide des pompiers,
05:13 l'incendie a complètement ravagé le bureau municipal
05:16 où travaillait René Vaudreuil.
05:18 Les flammes, l'eau et la fumée
05:20 ont causé des dégâts majeurs au bâtiment.
05:23 Des experts du bureau régional d'enquête
05:25 sont dépêchés sur les lieux
05:27 avec la mission de découvrir l'origine du sinistre.
05:30 Selon leurs premières observations,
05:32 le système électrique était en bonnes conditions.
05:35 Tout laisse croire que le feu s'est propagé très rapidement,
05:38 ce qui n'aurait pas laissé le temps
05:40 à la directrice générale d'atteindre la sortie.
05:43 La fumée l'a-t-elle fait suffoquer?
05:45 Cette manière de mourir terrorisait René Vaudreuil
05:48 depuis l'enfance.
05:49 - René m'avait dit, tu sais,
05:51 moi, mes parents sont morts exfusés,
05:53 mais je suis convaincue, Chantal, que je vais mourir comme ça.
05:56 Ça, ça m'a toujours restée marquée.
05:58 - Mais d'autres facteurs pourraient expliquer
06:01 pourquoi le feu s'est propagé aussi rapidement.
06:04 Les recherches des enquêteurs vont être déterminantes.
06:07 René Vaudreuil est âgé de 42 ans.
06:12 Elle est née le 22 octobre 1965 à Victoriaville.
06:16 - René, ses parents sont morts, elle avait 2 ans,
06:19 était élevée par sa grand-mère, qui l'a très bien élevée.
06:22 Quand elle a perdu sa grand-mère,
06:24 c'est la famille de son père qui en a pris soin par la suite,
06:28 des gens qu'elle connaissait à peine.
06:30 C'est une personne qui a eu beaucoup d'épreuves dans sa vie,
06:33 puis elle les a toujours passées presque toutes seules.
06:36 - René Vaudreuil est mère de 4 enfants,
06:39 âgés de 14 à 20 ans.
06:41 - Je suis la deuxième de 4 enfants.
06:43 Mon mère était une femme attentionnée,
06:45 était dévouée à sa vie de famille,
06:48 très bonne mère, elle prenait soin de nous.
06:51 - En 2003, René Vaudreuil se sépare du père de ses enfants.
06:56 - C'est sûr que j'ai trouvé ça difficile,
06:58 mais je me disais que tant que mes parents soient heureux
07:01 chacun de leur bord, c'était peut-être mieux ça
07:03 qu'ils soient malheureux ensemble.
07:05 Mais je voyais qu'après, je trouvais qu'il était mieux
07:08 dans sa peau, était plus zen,
07:10 était bien, t'sais, d'avoir tourné la page.
07:13 - Une de ses amies est partie avec son mari, là,
07:15 il faut le dire.
07:16 Et puis, après ça, René, il s'est acheté une maison,
07:20 commençait à se rétablir,
07:22 commençait à peut-être plus crouser, là,
07:26 revenir à la vie normale.
07:28 Et bang! Inondation, il y avait de la boue partout.
07:32 Elle a dû recommencer encore une fois,
07:36 dans une nouvelle maison, habituer ses enfants.
07:40 Non, mais elle avait tellement de force de caractère,
07:43 cette femme-là, là. C'était une femme courageuse.
07:46 - En 2008, René Vaudreuil occupe le poste
07:49 de directrice générale de la municipalité
07:51 de Saint-Rémy-de-Tingouic depuis quelques années.
07:54 - Quand on l'a engagée, moi, j'étais conseiller municipal.
07:57 On n'a pas annoncé le poste sur le journal.
08:00 On savait qu'elle, son travail et où est-ce qu'elle était,
08:04 le commerce avait fermé.
08:06 On a dit que ça serait une bonne candidate,
08:08 je pense, pour nous autres.
08:11 - Elle a entendu parler qu'elle avait besoin, à Saint-Rémy,
08:14 d'une secrétaire.
08:16 Puis elle a postulé, puis elle a passé une entrevue,
08:18 puis elle l'a eue. Elle était contente, c'est sûr.
08:20 C'était projet chez eux, puis c'était dans la même comté.
08:23 Ça fait qu'elle ne pouvait pas avoir mieux que ça.
08:26 - René Vaudreuil relève avec brio
08:28 le défi de ses nouvelles fonctions.
08:30 - C'est sûr que quand tu passes de secrétaire comptable
08:34 à secrétaire trésorien, c'est toute une autre dynamique.
08:37 C'est sûr qu'elle a appris avec une de ses très bonnes amies
08:40 qui s'appelait puis qui s'aidait.
08:42 Ça fait que ça l'a motivée, puis elle a pris goût,
08:45 puis c'est en travaillant qu'elle a vu
08:47 qu'elle était vraiment dans son élément.
08:49 - René Vaudreuil et son ami Chantal Ramsey
08:52 occupent des fonctions semblables
08:54 dans leurs communautés respectives.
08:56 - On partageait le travail, ce qui faisait que c'était...
08:59 En tout cas, c'était gagnant pour les deux municipalités.
09:02 Mais je dois vous dire, quand on se rencontrait,
09:04 oui, on sait que ça tournait toujours autour des municipalités,
09:07 mais souvent de nos vies, de nos enfants, puis... oui.
09:11 - Elle venait à la maison à manger à toutes les midis presque.
09:15 Les fins de semaine, ça arrivait qu'on allait chez elle,
09:18 puis les enfants, ils étaient proches de moi.
09:22 - René Vaudreuil est très apprécié
09:24 de toutes les personnes avec qui elle travaille.
09:27 Sa mort inattendue et brutale crée une puissante onde de choc.
09:33 Dans les heures qui suivent l'incendie du 14 janvier,
09:36 les autorités prennent du temps avant de retirer la dépouille
09:39 des décombres. Quelque chose les intrigue.
09:42 - Il y a des traces d'accélérant, de l'essence,
09:45 qui ont été retrouvées sur les lieux,
09:48 sur le linge aussi de Mme Vaudreuil.
09:51 - Les enquêteurs commencent à remettre en question
09:54 l'hypothèse d'un incendie accidentel.
09:56 Le décès de René Vaudreuil devient suspect.
09:59 Le service des homicides est appelé en renfort.
10:02 - Quand on est arrivés, nous, sur place,
10:05 on rencontre les enquêteurs qui étaient déjà présents,
10:08 et ces enquêteurs-là nous ciblent un témoin, un témoin visuel.
10:12 - Pierre Blanchette, un des pompiers volontaires
10:17 qui est également inspecteur municipal,
10:19 réside en face de l'hôtel de ville.
10:21 Il révèle aux enquêteurs avoir vu un homme y entrer
10:24 quelques minutes avant que l'incendie se déclare.
10:28 Quelqu'un avait-il intérêt à incendier
10:31 le bureau municipal de Saint-Rémy-de-Tingouic?
10:34 René Vaudreuil était-elle personnellement visée?
10:37 Le 14 janvier 2008, un incendie ravage
10:45 le bureau municipal de Saint-Rémy-de-Tingouic
10:48 en faisant une victime, René Vaudreuil, 42 ans.
10:51 Dans les heures qui suivent le drame,
10:54 les enquêteurs commencent à soupçonner
10:57 un incendie d'origine criminelle.
11:00 Le lendemain du sinistre, une vingtaine d'enquêteurs
11:05 du Service d'identification judiciaire et de l'Esquadre
11:08 des crimes contre la personne de la Sûreté du Québec
11:11 débarquent à Saint-Rémy.
11:13 Certains fouillent les décombres.
11:15 D'autres sillonnent les rues du village
11:18 à la recherche d'informations qui pourraient expliquer la tragédie.
11:21 Bientôt, ils apprennent que tout n'est pas si paisible
11:24 dans cette petite communauté des Bois-Francs.
11:27 - C'est un petit village, ça fait qu'on sait tout
11:29 de ce qui se passe dans un petit village.
11:31 - Il semble qu'un conflit perdure depuis longtemps
11:34 entre les élus municipaux de Saint-Rémy et Robert Godbout,
11:37 un citoyen de 51 ans.
11:40 Robert Godbout est né en 1956 à East Angus,
11:43 dans les cantons de l'Est.
11:45 Lorsqu'il est encore tout jeune,
11:47 sa mère quitte le foyer conjugal.
11:49 Peu de temps après, son père succombe à une tuberculose.
11:53 Robert Godbout se retrouve alors quasi seul au monde.
11:57 - Quand sa grand-mère a su ça qu'il était pour être placé
12:00 en foyer d'accueil, elle a demandé au grand-père,
12:03 écoute, on le laissera pas dans une autre famille,
12:06 on va le chercher. Donc, à partir de 7 ans, 8 ans,
12:09 c'est sa grand-mère qui l'a élevé.
12:11 Elle l'a beaucoup couvé.
12:13 - Débrouillard et entrepreneur,
12:15 Robert Godbout pratique 36 métiers.
12:18 Il travaille un moment comme agent immobilier.
12:21 En 1996, il vient vivre à Saint-Rémy-de-Tinghoué
12:24 et s'installe comme ferrailleur.
12:26 Dans le village, il ne passe pas inaperçu.
12:29 - Il dit, je peux-tu démanteler des vieux véhicules,
12:33 dans le fin de compte, là?
12:35 Parce qu'il travaillait, lui, il se disait,
12:37 il travaillait au niveau de l'environnement,
12:39 mais c'était bien vouéable, son affaire, là.
12:42 Ah, il a dû en faire juste 5 ou 6,
12:44 puis il a dû voir tous les démanteler.
12:46 Au fur et à mesure, je les envoie au centre de récidive
12:50 à Vitaux. C'est pas ça qui est arrivé.
12:53 Si on remonte, il en a vaut-tu 80, en arrière?
12:56 - Les activités de Robert Godbout
12:58 dérangent rapidement le voisinage.
13:00 - Les plaintes, c'est pas compliqué.
13:03 C'était surtout pour sa cour à scrap qu'il avait chez lui.
13:07 Il défonçait les tanks à gaz avec une harche.
13:11 Le gaz coulait à terre.
13:13 Il coupait avec les torches,
13:15 puis le monde avait peur qu'ils mettent le feu.
13:18 C'était extrêmement dangereux.
13:20 Lorsqu'on avait des plaintes d'autres citoyens,
13:24 j'étais obligé d'aller... d'aller agir.
13:27 - Robert Godbout reçoit plusieurs avertissements
13:30 de la municipalité. Il les ignore systématiquement.
13:33 Ses relations avec les autorités locales deviennent tendues.
13:37 Robert Godbout a une énergie à tout casser.
13:40 Il passe d'un projet à l'autre.
13:42 En 2002, il fait l'acquisition de l'école du village
13:45 dans le but d'y reproduire une expérience qu'il a vue ailleurs,
13:48 y aménager un zoo.
13:50 Deux ans plus tard, le Godzoo voit le jour.
13:53 - Tout le monde en parlait, du zoo, là.
13:56 Un zoo qui est dans une école, c'est pas toujours qu'on voit ça.
13:59 J'ai été mon autrice à l'oiser, puis on allait jouer au presbytère,
14:02 puis le zoo était comme à côté du presbytère.
14:05 Ça fait que souvent, les enfants aimaient ça,
14:07 puis moi aussi, j'aimais ça, aller voir les animaux en arrière.
14:10 - Le projet en tant que tel de Godzoo
14:13 était un projet extraordinaire pour une petite municipalité comme ça.
14:17 - Son projet était bon.
14:20 Ça a ramené des... de l'argent au village.
14:23 - Manifestement, l'initiative de Robert Godbout fascine.
14:28 - Robert, je l'ai connu via Internet.
14:32 Euh... il faisait...
14:35 il faisait beaucoup de publicité pour son zoo.
14:39 Via les sites de rencontres.
14:41 On correspondait sur son zoo, il m'expliquait qu'il y avait des animaux.
14:45 Ça fait qu'il m'a intéressée de cette façon-là.
14:48 Parce qu'il parlait des lamas, il parlait des alpagos.
14:52 On a beaucoup discuté. Lui, il était clair.
14:55 Ce qu'il cherchait, c'est quelqu'un pour faire un team.
14:58 Et ça se donne que je recherchais la même affaire.
15:01 - C'était un gars qui se présentait très bien.
15:04 Personne qui le connaît pas, ça a l'air d'un gentleman, non?
15:07 - Souvent, avec les femmes, il était très charmeur.
15:11 Et, t'sais, il disait tout ce que les femmes voulaient entendre.
15:17 - Il y avait des moutons de la barbade,
15:20 il y avait des moutons d'Irak,
15:22 des énormes moutons avec du poil immense.
15:26 Il y avait des lamas, il y avait des alpacas.
15:30 Il y avait une chèvre de Jérusalem.
15:33 Il y avait un âne.
15:35 Écoute, il y en avait pour tous les goûts.
15:38 - Beaucoup de gens aiment les animaux.
15:41 Ce qu'il y a de particulier, évidemment, chez M. Godbout,
15:44 ça a été que cette passion-là
15:47 s'est transformée en une sorte de grandiosité.
15:50 Ça dépasse juste l'amour des animaux.
15:53 Je pense que ça fait partie de sa personnalité,
15:57 qu'il avait besoin de faire un projet grandiose,
16:01 pas un petit zoo de jardin, là.
16:06 - Robert, il avait plusieurs passions.
16:10 Il y avait la passion de la collection.
16:13 Les animaux sont arrivés par la suite.
16:16 Puis comme Robert, ce qui peut devenir un défaut chez lui,
16:20 c'est l'excessivité.
16:22 - Le temps passe, et Robert Godbout n'a toujours pas de permis
16:26 pour exploiter son zoo.
16:28 - Il y a des lois municipales que t'as pas le droit aux animaux,
16:32 surtout dans le centre du village.
16:35 À l'extérieur du village, il y aurait eu aucun problème.
16:39 Ça aurait été accepté tout de suite.
16:42 - La municipalité doit le rappeler à l'ordre.
16:45 Mais cette fois encore, Godbout n'entend pas s'en laisser imposer.
16:48 - Nous autres, on a un règlement, il faut le faire appliquer,
16:50 puis c'est ce qu'on fait.
16:52 Puis c'est la job qu'on a à faire, les DG, les inspecteurs,
16:55 puis tout ça, ce que les citoyens comprennent pas toujours.
16:59 - Ma première rencontre avec M. Godbout, ça a été...
17:03 Ben, moi, je me suis dit que c'était un faiseux de troupe.
17:08 - Malgré les avertissements, Robert Godbout continue
17:11 d'agrandir sa ménagerie.
17:13 À la municipalité, c'est René Vaudreuil qui assure le lien
17:15 avec les citoyens.
17:17 - On a tous des dossiers plus ou moins difficiles à gérer,
17:20 avec des citoyens plus ou moins faciles.
17:23 Mais René, il en avait un spécial.
17:25 On peut dire ça, puis je sais qu'au début, tu sais,
17:29 René trouvait ça ben drôle parce qu'il crusait un peu aussi.
17:33 Mais il pouvait être différent dans les situations.
17:37 C'est un genre de personnage...
17:41 Comment je peux vous dire?
17:43 Un petit peu intimidant,
17:46 puis en même temps, manipulateur.
17:49 - Ce qui se passe chez les gens qui ont des difficultés
17:52 avec leur personnalité,
17:54 tant que l'environnement dit comme eux,
17:57 tant que l'environnement n'est pas en opposition,
18:00 ça va bien.
18:02 Ça paraît pas.
18:04 C'est des gens qui vont être charmants, gentils.
18:08 À partir du moment où l'environnement ne fonctionne pas
18:11 à leur façon, là, ils ne sont pas capables de s'adapter.
18:15 - C'est un peu comme sur un cours à scratch.
18:17 Il y a 2-3 animaux, puis 6-7, il y a une grosse différence.
18:21 Il a eu des avis de... comme de quoi de cesser
18:24 de rentrer des animaux, puis il continuait toujours.
18:27 - Le maire va jusqu'à lui-même rendre visite à Godbout.
18:31 - Robert, tu peux pas faire ça ici.
18:33 Le zonage le permet pas.
18:35 - Amène-en pas d'autres.
18:37 - Il va continuer à remplir en se disant
18:40 probablement la municipalité va plier.
18:43 - Les enquêteurs dépêchés sur les lieux du sinistre
18:46 font bientôt d'autres découvertes
18:48 qui laissent de plus en plus croire que l'incendie
18:51 de l'hôtel de ville de Saint-Rémy-de-Tingouic
18:54 est d'origine criminelle.
18:56 - On a des traces d'accélérant.
18:58 Depuis, on a retrouvé un morceau de plastique
19:02 qui pourrait donner peut-être l'impression
19:05 d'être un bidon d'ascense.
19:07 - Au même moment, les enquêteurs ont la confirmation
19:10 de l'identité de l'homme que Pierre Blanchette a vu entrer
19:13 dans l'hôtel de ville quelques minutes avant l'incendie.
19:16 Il s'agit de nul autre que Robert Godbout.
19:20 - J'étais allongé sur le divan,
19:24 puis lorsqu'elle a entendu le moteur du...
19:29 du "twing" à M. Godbout, je me suis levé
19:32 et j'ai regardé par la fenêtre du salon.
19:35 Il est rentré au bureau. Je l'ai vu ressortir.
19:40 ♪ ♪ ♪
19:46 - Les rapports tendus que Robert Godbout entretient
19:49 avec les autorités ont-ils pu se transformer
19:52 en désir de vengeance? Et si c'est le cas,
19:55 quelles successions d'événements l'auraient poussé
19:58 à aller aussi loin?
20:00 Un témoin affirme avoir vu Robert Godbout entrer
20:05 dans l'hôtel de ville de Saint-Rémy-de-Tingouic
20:08 lors d'un incendie qui s'y est déclaré le 14 janvier 2008.
20:11 Le fait que l'homme de 51 ans entretienne depuis longtemps
20:14 des relations houleuses avec les autorités municipales
20:17 nourrit les soupçons à son endroit.
20:20 Le lendemain du drame, les rumeurs vont bon train
20:26 dans le village. Tout pointe en direction de Robert Godbout.
20:29 - Sa réputation amène les gens à penser que ça peut être lui.
20:36 - Sa réputation le devance.
20:39 - Ma soeur, puis moi, puis mon père, on est allés
20:43 au bureau municipal pour voir là qu'est-ce qui se passe.
20:46 Lui, il faisait ses affaires, puis il m'a regardée,
20:49 puis il m'a fait de salut, puis avec un grand sourire.
20:52 Moi, j'étais assommée. Je savais plus quoi penser.
20:56 - L'attitude détendue de Godbout, malgré les rumeurs
20:59 qui circulent sur son compte, en déroute plus d'un.
21:02 C'est qu'il n'a pas de raison d'être inquiet.
21:05 Il croit inattaquable.
21:07 - Lors de notre enquête, on s'est aperçus que M. Godbout
21:11 avait été faire un retrait dans une caisse populaire
21:14 sous la rue Notre-Dame-Ouest à Victoriaville.
21:17 Un retrait qui a été fait vers 14 h 30.
21:20 - Donc, au moment de l'incendie, Robert Godbout se trouvait
21:23 à quelques 50 km du village de Saint-Rémy.
21:26 Aurait-on tiré des conclusions hâtives?
21:33 - Plus le Godbout prend de l'expansion, plus les relations
21:36 entre Robert Godbout et les membres du conseil municipal
21:39 s'enveniment. On lui reproche surtout de ne pas suivre
21:42 la procédure réglementaire.
21:44 - Je confirme pas.
21:46 C'est tout le temps des promesses, là.
21:50 Oui, oui, il va le faire.
21:52 Puis de fil en aiguille, il se passe pas rien.
21:55 - Il y a des étapes, là, qui avaient peut-être pas fait
21:58 comme il faut. Bon, bien, là, moi, je suis venue là-dedans,
22:01 j'ai fait des connaissances que j'avais, là.
22:04 Il savait pas comment préparer un plan d'affaires.
22:07 C'est sûr qu'il a présenté des documents à la municipalité.
22:10 Mais dans ces documents, il y a certaines choses
22:13 qu'il aurait dû communiquer.
22:15 - Moi, j'ai jamais dit que l'idée était mauvaise.
22:18 C'est l'endroit qui était mal choisi.
22:21 C'est ça qu'on a essayé d'expliquer.
22:24 Il fallait qu'ils rencontrent les exigences pour le zoo.
22:27 La réglementation, c'était ça.
22:29 - On demandait les mêmes conditions que le zoo de Grimbay.
22:32 Savez-vous comment ça coûte un vétérinaire?
22:35 8 heures par jour, 5 jours par semaine?
22:38 - Il était proche d'une source d'eau.
22:41 La source d'eau que les gens utilisaient,
22:44 la plupart des gens au village utilisent.
22:47 Il était dans le centre du village, donc un coq qui crie
22:50 à 5 h, je peux vous dire que... Mais il y avait un coq qui mêlait
22:53 un peu, puis le coq chantait à 8 h du jour,
22:56 puis il avait de l'argent pour les voisins.
22:59 Un âne qui criait.
23:02 - Il va trop oublier des pètes fumiers, là.
23:05 Dans l'école, la grande salle en bas, là.
23:08 Ça me fait recroire que c'était propre, puis c'était saluble.
23:11 Voyons donc, ça n'avait pas de bon sens.
23:14 Voyez ça, le fumier, lui, il a envoyé ça où?
23:17 - La municipalité lui a proposé de s'en aller hors du village.
23:20 Proche du village, mais hors du village.
23:23 Puis c'est une chose que M. Godbo a toujours refusée.
23:26 - On peut avoir des projets, à un moment donné,
23:29 si on se rend compte que nos projets sont irréalisables,
23:32 on les abandonne, on passe à autre chose.
23:35 On se fait une raison, puis on passe à autre chose.
23:38 Mais les gens qui ont des difficultés de personnalité
23:41 sont rigides. Ils partent sur une voie de fonctionnement,
23:44 ils sont pas capables de changer de voie de fonctionnement.
23:47 - Devant la dégradation des discussions, le maire de Saint-Rémy
23:50 a créé 2 nouveaux conseillers pour servir d'intermédiaire.
23:53 Mais Godbo est intraitable.
23:56 - Par définition, les gens qui ont des difficultés de personnalité,
23:59 comme ils sont rigides, plus ils vont être rigides,
24:02 plus ils vont être assez teflons au point de vue type d'intervention
24:05 qui va pouvoir les mettre de notre côté.
24:10 - Persuadé qu'il va avoir gain de cause,
24:13 Robert Godbo décide d'organiser une pétition.
24:16 Il envoie des tracts à ses concitoyens
24:19 sur lesquels il décrit les membres du conseil municipal
24:22 comme malhonnêtes et incompétents.
24:25 Puis, pour mieux se faire entendre, il décide de se présenter
24:28 aux élections municipales contre le maire Fréchette.
24:31 - Ah oui, je l'ai baissé, là, bien oui.
24:34 - Malgré sa défaite, Robert Godbo assiste
24:37 à chaque assemblée municipale. Il prend bien soin
24:40 de faire sentir sa présence.
24:43 - Il s'assoyait corps et bain à bain.
24:46 Il m'a fixé tout le long, tout le long, tout le long,
24:49 tout le long, il me lâchait pas.
24:52 Tu sais, il parlait d'essayer de m'intimider, je pense, je disais,
24:55 "OK..." - Mais c'est surtout auprès
24:58 de la directrice générale, Renée Vaudreuil, que Robert Godbo
25:01 joue la carte de l'intimidation.
25:04 - Il allait souvent au bureau, pratiquement presque à tous les jours.
25:07 Les téléphones, c'était 2, 3, 4, 5 téléphones par jour.
25:10 Et moi, à un moment donné, j'ai dit à Mme Vaudreuil,
25:13 j'ai dit, "C'est du harcèlement qu'il te fait tout le temps,
25:16 tout le temps, tout le temps."
25:19 Elle, elle me dit, elle dit, "Oui, mais c'est un citoyen,
25:22 je dois lui répondre."
25:25 - Je lui demandais des fois, "As-tu peur?"
25:28 Elle dit, "J'ai pas peur qu'il fasse de quoi, des choses physiques."
25:31 Elle dit, "Ce que j'ai peur, c'est qu'il s'en vient ici au bureau."
25:34 Des fois, il est en dehors d'1h30, là.
25:37 Ça finit plus.
25:40 - Bien, parfois, tu voyais qu'il était vidé, là,
25:43 parce qu'on s'entend que dans une municipalité,
25:46 c'est comme la 1re personne ressource, là.
25:49 Ça fait qu'il en apportait beaucoup sur ses épaules, d'après moi.
25:52 Elle était plus irritante, elle était plus "parlez-moi pas".
25:55 - Robert Godbout ne lâche pas prise.
25:58 Il poursuit même en cours la mère de Jacques Fréchette,
26:01 sous prétexte qu'elle aurait tenu des propos offensants à son endroit.
26:04 Une poursuite qu'il abandonne un peu plus tard.
26:07 - On voulait s'en prendre à mouille, passer par ma mère,
26:10 parce que, moi, il m'atteignait pas, fin de con.
26:13 Toutes les fois qu'il passait ici, là, il me faisait un finger.
26:16 Là, moi, je répliquais pas à ça, répondais pas.
26:19 Je lui disais, "Oui, on en a en ventrière, là, ça, là."
26:22 - Moi, j'appelle ça un combat de coq.
26:25 Il y a le maire du village et il y a Robert.
26:30 Euh... bon.
26:33 Et les 2 veulent le bien de la municipalité.
26:36 Mais chacun a leur façon.
26:39 - On voit à travers ses comportements, à travers les années,
26:42 on voit que c'est un monsieur qui est un homme qui est têtu,
26:45 qui tient à son idée à tout prix, qui ferait pas de compromis.
26:50 C'est clair que c'est quelqu'un qui avait de la difficulté avec sa colère.
26:56 - En janvier 2006, après des années de querelles stériles,
27:01 la municipalité de Saint-Rémy-de-Ténouique
27:04 dépose une poursuite contre Robert Godbout,
27:07 puisque celui-ci n'a toujours pas de permis pour exploiter le zoo.
27:10 En septembre 2007, la Cour supérieure rend son jugement
27:14 et donne raison à la municipalité.
27:17 Elle ordonne à Robert Godbout de cesser la garde d'animaux
27:20 et lui accorde un délai de 60 jours pour les déplacer.
27:24 Un mois plus tard, Robert Godbout en appelle de la décision.
27:28 La municipalité de Saint-Rémy-de-Ténouique
27:30 dépose aussitôt une requête en rejet d'appel.
27:33 En janvier 2008, Robert Godbout se retrouve donc coincé de toutes parts.
27:38 Si la cour d'appel donne raison à la municipalité,
27:41 il devra faire le deuil de son zoo,
27:43 dans lequel il a engouffré près de 30 000 $.
27:46 Et pire, il va perdre la face devant tous ses concitoyens.
27:50 L'incendie de l'hôtel de ville est-il l'aboutissement de tous ces affrontements?
27:55 Plus l'enquête se poursuit et plus les taux se resserrent autour de Robert Godbout.
28:00 Les enquêteurs apprennent que la veille du drame,
28:02 Godbout a été grossier avec René Vaudreuil et proféré des menaces en plein conseil.
28:07 - Il eux disaient qu'il était pour lui eux fin flambant la tête.
28:10 C'est là que René a commencé à avoir peur, qu'il avait tant de balles dans son 410,
28:14 une balle pour chaque membre du conseil, puis qu'il était pour finir avec la DG.
28:18 - Un nouvel élément inattendu vient ajouter aux soupçons des enquêteurs.
28:23 Le rapport d'autopsie, qui sort enfin, vient révéler l'impensable.
28:28 - C'est que Mme Vaudreuil est décédée suite à des décharges d'armes à feu.
28:33 Deux décharges d'armes à feu, une à la tête et une autre au niveau du thorax.
28:39 La balistique va venir nous confirmer que ces décharges d'armes à feu
28:43 provenaient d'un fusil de type 410.
28:47 De plus, à l'autopsie, on va remarquer que Mme Vaudreuil a de multiples fractures du crâne
28:53 qui ont été provoquées avec un objet contondant.
28:56 Et on va remarquer aussi à l'autopsie la présence de suie dans la trachée de Mme Vaudreuil,
29:03 ce qui laisse indiquer que Mme Vaudreuil respire encore lorsque l'incendie a été allumé.
29:09 - Les menaces de mort proférées par Robert Godbout,
29:14 l'ont-elles finalement amenée à donner libre cours à sa colère?
29:23 L'autopsie pratiquée sur le corps de René Vaudreuil
29:26 démontre qu'elle a réellement été victime de l'acharnement d'un meurtrier.
29:30 Compte tenu des menaces directes qu'il a tenues à l'endroit de Mme Vaudreuil,
29:34 Robert Godbout devient le principal suspect des enquêteurs.
29:38 Tard dans la soirée du 15 janvier 2008, des policiers du SWAT vont le cueillir à son domicile.
29:49 - Moi, je l'ai su par la télévision.
29:53 Il est 10 heures le soir, on écoute les nouvelles,
29:56 et puis nous avons appris à la dernière heure que M. Robert Godbout avait été arrêté.
30:03 J'ai fait «Ah, Christ, je le savais!»
30:06 Inconsciemment. Inconsciemment.
30:09 C'était tellement évident. C'était tellement évident que c'était lui.
30:13 Robert Godbout est emmené au bureau de la SQ de Québec afin d'être interrogé.
30:18 Il clame son innocence.
30:21 Mais les enquêteurs ne se laissent pas impressionner.
30:24 Même si personne ne saura jamais avec certitude ce qui s'est véritablement passé,
30:28 ils ont assez d'éléments pour établir la séquence des faits.
30:32 Le lundi 14 janvier 2008, René Vaudreuil se lève de joyeuse humeur.
30:38 D'ici quelques heures, la décision tant attendue de la cour d'appel pourrait mettre un terme à son cauchemar.
30:45 Elle était bien, elle était dégagée. Elle avait hâte que ça finisse, cette histoire-là.
30:51 Puis elle savait que ça allait bien se terminer, fait qu'elle était heureuse.
30:56 La nouvelle sort en fin de matinée.
30:59 La cour est d'avis que l'appel ne présente aucune chance raisonnable de succès
31:03 et rejette la demande de Robert Godbout.
31:05 Elle m'a appelé sur la cellulaire de la municipalité pour me dire «Pierre, on a gagné. Godbout, oublie ça, j'ai été refusé.»
31:14 Robert Godbout a lui aussi appris la décision de la cour.
31:17 Il communique immédiatement avec Odette Miller.
31:20 Moi, je devais à 11h30 me rendre au palais de justice pour aller voir si la cause était passée.
31:28 Et juste avant que je parte, il m'a envoyé un petit message à mes seins disant «T'as pas besoin de te déplacer pour aller au palais de justice.»
31:36 Il était déçu parce qu'on s'attendait à ce que ce soit au mois de mai.
31:40 Il fallait envisager un déménagement d'animaux l'hiver.
31:45 Robert Godbout est hors de lui.
31:49 Peu après, comme elle le fait souvent, René Vaudreuil va dîner chez les Blanchettes.
31:59 Ce midi-là, l'esprit est à la fête.
32:02 On était tellement heureux, tout le monde, que ça soit rejeté.
32:07 Pour elle, c'était un gros fardeau, de moins sur le dos.
32:11 C'est une chose qui avait été réglée une bonne fois pour toutes.
32:15 C'est sûr que moi je me suis dit «Il doit être en beau.»
32:19 Mais pour nous, lui, c'était mieux que lui soit en maudit.
32:27 Nous autres, on était heureux que le litige était terminé.
32:33 Vers midi 45, René Vaudreuil retourne travailler au bureau municipal situé juste en face de chez Pierre Blanchette.
32:40 À un moment donné, elle a appelé la maison.
32:44 Elle voulait que j'aille une minute au bureau de poste.
32:51 Puis mon épouse a dit «Non, laisse faire, tu vas y aller.»
32:55 Fait que j'ai laissé aller mon époux.
32:58 Un peu avant 14 heures, Pierre Blanchette reconnaît le bruit caractéristique du camion de Robert Godbout.
33:04 Curieux, il reste à la fenêtre pour surveiller les allées et venues de Godbout.
33:09 Je pense que dans ce cas-ci, ce qui est arrivé, c'est qu'il avait épuisé ses autres moyens.
33:16 Il avait épuisé ses moyens légaux, il avait épuisé ses moyens, peut-être appelons ça, de séduction.
33:22 Il avait épuisé ses moyens financiers.
33:25 Malheureusement, il lui restait seulement la voix de l'agressivité et de l'impulsivité.
33:30 Pour une énième fois, Robert Godbout aurait franchi la porte du bureau de René Vaudreuil.
33:39 Cette fois, aucun frein ne tempérait sa rage.
33:43 La porte est là, puis le siège, la directrice, il est là.
33:46 Il sort l'arme, puis tiens, c'est pas aussi simple que ça.
33:50 Ça a pas été long.
33:52 Elle a même pas eu le temps de faire un geste.
33:55 Le seul geste que le pathologiste nous a expliqué, elle a fait ça comme ça.
34:01 Elle s'est cachée de la vue, de l'arme.
34:04 Robert Godbout aurait été sans pitié.
34:07 La balle est rentrée ici.
34:09 La première balle, puis l'autre balle, mais là, la tête est tombée sur le bureau,
34:13 elle a tiré une balle en arrière.
34:15 Robert Godbout n'en serait pas resté là.
34:19 Quand on a des sauts, comme un artère, comme un psy pesant, ça, c'est...
34:25 René avait toujours ça sur le bord de son bureau.
34:27 Il lui a donné un coup de ça pour lui défoncer le crâne.
34:31 Godbout aurait alors quitté le bureau pour retourner à son camion.
34:37 Il en aurait sorti un bidon d'essence en tentant probablement de le camoufler.
34:49 Puis après ça, il a dit «moi, je vais tout maquiller ça en feu».
34:52 Donc, il a versé de l'essence sur le corps.
34:59 Et là, il a mis le feu.
35:13 René, après tout ça, probablement qu'elle ne devait plus rien sentir, on s'entend.
35:18 Sauf qu'après tout ça, elle n'est pas morte du coup de feu,
35:21 elle n'est pas morte du coup à la tête, elle est morte d'axe physique.
35:25 Il a fait un coup de feu, puis il a fait un coup de feu.
35:33 Il a fait un coup de feu, puis il a fait un coup de feu.
35:36 Il a fait un coup de feu, puis il a fait un coup de feu.
35:39 Le meurtre, bien, c'est le contrôle ultime.
35:44 Quand on tue quelqu'un, on a raison dans le sens où c'est clair que la personne ne nous contredira plus.
35:50 Et c'est pour de bon.
35:52 Robert Godbout aurait quitté immédiatement les lieux.
35:55 Il lui restait encore la dernière partie de son plan à mettre en action.
35:58 Quand il est ressorti, il est descendu la côte pour prendre la rue principale.
36:05 Et puis en sortant, il a fait déraper son véhicule.
36:09 On a deux autres témoins qui sont situés peut-être environ un kilomètre, un kilomètre et demi à la sortie du village,
36:17 qui voient effectivement à 14 heures passer la remorque de M. Godbout à Vivaleux.
36:23 Robert Godbout prépare son alibi.
36:25 Il se serait dépêché d'aller dans un guichet automatique
36:28 où il savait qu'il serait filmé par les caméras de surveillance.
36:31 Deux enquêteurs qui ont refait le même trajet qu'aurait fait M. Godbout en respectant les limites de vitesse.
36:38 Et le trajet se faisait facilement dans les 25 minutes,
36:42 ce qui donnait amplement le temps à M. Godbout, après le meurtre, de se rendre à la Caisse populaire.
36:48 L'homme de 51 ans prend ensuite la route vers Québec, où il va rejoindre Odette Miller, comme si de rien n'était.
36:56 C'est certain que le geste était organisé. Écoutez, il avait déjà fait des menaces.
37:00 C'est clair qu'il l'avait déjà dans l'esprit, jusqu'à quel point ça a éclaté tout d'un coup.
37:05 Là, c'est plus difficile de le savoir.
37:07 Il a quand même essayé de se forger un alibi, mais c'est clair qu'il connaissait les conséquences de son geste.
37:13 Si ce n'est du témoin qu'il a vu entrer et sortir de l'hôtel de ville au moment du drame,
37:21 aucun autre élément de preuve ne peut être retenu pour incriminer Robert Godbout.
37:25 Cela suffira-t-il à le faire condamner?
37:29 Le premier jour de la mort
37:31 Furieux que la cour d'appel le force à se débarrasser de ses animaux,
37:38 Robert Godbout se serait vengé en assassinant Renée Vaudreuil,
37:42 la directrice générale de la municipalité de Saint-Rémy-de-Tingouic.
37:46 La violence du geste suscite tristesse et colère chez les proches de Renée, comme dans l'ensemble de la communauté.
37:57 Au début, c'était vraiment... c'était dur.
38:01 Je n'ai pas pu poursuivre mon cours. Il me restait quatre jours de stage et je ne suis pas allée.
38:06 Je ne pouvais pas.
38:08 Quand tu perds ta mère à 18 ans, ce n'est pas le fun.
38:12 La façon tragique... je ne revenais pas.
38:17 Mme Vaudreuil, c'était une femme qui était bien aimée de tout le monde.
38:22 Et ça l'a bouleversé la municipalité complète.
38:25 Elle a deux petits-enfants maintenant. Elle ne pourra jamais avoir la chance de les prendre et de les connaître.
38:31 Ça vient me chercher.
38:33 Je ne peux pas croire que ma chambre ait perdu la vie pour un règlement de zonage.
38:38 Moi, si j'avais été au bureau, je suis convaincu que je ne sortirais pas de là vivant.
38:43 Je suis convaincu de ça parce qu'ils m'héssaient trop.
38:46 La famille qui reste, là.
38:48 Les autres, là, vraiment, ils vont oublier ça. Et moi non plus, je n'oublierai jamais ça.
38:52 Si tu ne travailles pas 7 ans avec une personne, à un moment donné, tu deviens ami aussi, là.
38:57 Le samedi 26 janvier 2008, à l'église Saint-Ménard de Warwick,
39:03 600 personnes rendent un dernier hommage à René Vaudreuil.
39:07 Robert Godbout est accusé du meurtre prémédité de René Vaudreuil.
39:15 Il demande à changer d'avocat à trois reprises,
39:18 et son procès ne s'ouvre enfin le 23 novembre 2009, au Palais de justice de Victoriaville.
39:23 Il n'y avait pas d'ADN, il n'y avait pas de preuves.
39:27 C'était juste des preuves circonstancielles du monde.
39:30 Mais on n'avait rien de vraiment solide, solide, à part quelqu'un qui l'ait vu.
39:36 Ça fait que c'est sûr que oui, j'avais une crainte.
39:39 J'avais peur qu'il sorte, puis que dans le fond, que c'est...
39:42 que ma mère ne soit pas...
39:45 qu'elle soit partie pour rien, dans le fond.
39:48 Dans ce dossier-là, effectivement, la preuve directe qu'on pouvait avoir,
39:54 c'est M. Blanchet qui voit M. Godbout sortir
39:58 à un certain moment de l'édifice municipal, du bureau municipal.
40:02 Il faut savoir qu'on n'a jamais retrouvé l'arme du crime.
40:04 Le fameux 410 n'a jamais été retrouvé.
40:06 Et effectivement, dans un incendie, on perd beaucoup de choses, on perd beaucoup de preuves.
40:11 Il faut s'apercevoir que l'incendie était quand même majeur,
40:15 que ça a été arrosé.
40:17 Ça fait que s'il y avait des preuves d'ADN, tout ça, on n'a pas pu récupérer ça.
40:22 Le 10 décembre 2009, après trois jours de délibération,
40:26 le jury déclare Robert Godbout coupable.
40:29 Il est cope d'une sentence de prison à vie,
40:32 sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
40:38 Et même derrière les barreaux, Robert Godbout reste fidèle à sa nature querelleuse.
40:43 En janvier 2011, il demande d'aller en appel du verdict de culpabilité qui pèse contre lui.
40:49 L'appel a été rejeté parce que, selon les points de droit,
40:55 il n'y a pas eu assez d'errance du juge pour exiger un nouveau procès.
41:03 Robert Godbout revient à la charge en 2012,
41:06 en s'adressant cette fois à la Cour suprême du Canada.
41:09 Quelques mois plus tard, on lui refuse à nouveau l'appel.
41:13 Entre-temps, Godbout poursuit la municipalité de Saint-Rémy à la Cour des petites créances.
41:18 Il réclame 7000 $ en dommages pour leur gestion de la vente de ses animaux après le drame.
41:24 Cette fois encore, sa requête est rejetée.
41:27 C'est certain que même en prison, ce monsieur-là, il reste le même.
41:32 Alors il reste avec la même rigidité, il reste avec les mêmes croyances,
41:36 avec la même volonté de vouloir avoir raison.
41:40 Il veut contrôler ce qu'il peut encore contrôler.
41:43 Mais Robert Godbout n'est pas à l'abri du découragement.
41:46 Ils lui ont permis de me téléphoner.
41:49 Je ne parlais plus à un homme, je parlais à une boule de désespoir.
41:55 Tout ce qu'il y avait de comprimé, il y avait, je pense, une soixantaine de Tylénol,
42:01 il y avait des Celebrex, il y en avait une douzaine.
42:06 Il a pris ça et il s'est couché dans son lit, d'habitude, c'est là que ça finit.
42:11 Il voulait vraiment mourir. Il a raté son suicide.
42:15 Peut-être que pour la première fois, il a vu la réalité telle qu'elle était vraiment.
42:20 C'est quoi une tentative de suicide, enfin un suicide de réussite?
42:24 C'est vouloir tuer une souffrance.
42:26 Est-ce que c'est la souffrance, la blessure, l'orgueil?
42:29 Est-ce que c'est la souffrance, la blessure d'avoir pris conscience de la réalité?
42:34 C'est difficile à dire. Puis là, comme je dis, un n'exclut pas l'autre.
42:38 Mais la détresse de Godbout n'est rien à côté de celle des proches de René Vaudreuil.
42:45 On en a souffert terriblement, puis ça, jamais qu'il va le comprendre, ça, lui, là.
42:50 Il a détruit une famille entière.
42:53 J'ai eu des moments plus difficiles.
42:56 Je buvais, je consommais, je m'arrangeais pour oublier.
43:03 Mais je me suis replacée.
43:06 Bien, j'ai du caractère, je suis pas facile à vivre des fois, mais je pense que, oui, je suis un peu comme elle.
43:13 J'ai perdu mon emploi à la suite aux meurtres qu'il y a eu à Saint-Rémy.
43:20 J'ai vu un psychologue à un énigme de temps.
43:23 Puis je prends encore des médicaments pour ça, après quatre ans.
43:27 Plusieurs autres municipalités ont été interpellées par l'issue tragique de ce conflit entre autorités et citoyens.
43:36 Sous la recommandation de l'Association des directeurs municipaux du Québec,
43:40 une politique de tolérance zéro a été adoptée
43:43 et des mesures de sécurité sévères ont été implantées dans plusieurs hôtels de ville.
43:48 Ça a pris un événement comme ça pour poser des caméras.
43:51 C'est tout le temps une question de budget, à peine compte.
43:54 Quand tu viens préinstaller ça, on l'aurait vu, si elle avait eu des caméras.
43:59 On aurait vu ce qui s'est passé à l'intérieur du bureau.
44:02 Oui, ça paraît bien politiquement.
44:05 Moi, je pense pas que quelqu'un va arriver avec un 410 dans mon bureau et je vais dire «Ouh, je m'excuse, monsieur,
44:09 on a une politique de tolérance zéro ici, vous avez pas le droit de tirer sur moi».
44:13 Je vais dire «Non, là, faut... c'est à l'extrême, ce que je vous dis,
44:16 mais je crois pas que ça va arrêter».
44:19 Malgré toutes les précautions qu'on puisse prendre,
44:22 les travailleurs engagés dans le service public seront toujours à la merci
44:25 de la folie incontrôlable de citoyens querelleurs.
44:28 Il est regrettable que René Vaudreuil en ait fait les frais.
44:32 Si un tel drame se préparait dans votre entourage, sauriez-vous le voir venir?
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