De Nanterre aux Soulèvements de la Terre, ils ne rêvent pas de justice, mais de révolution !

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Transcript

00:00 - Eugénie Bastier, c'est à vous. Alors que les émeutes se poursuivent,

00:04 vous souhaitez revenir sur ces intellectuels de gauche qui rêvent d'une convergence des luttes

00:09 vers le grand soir révolutionnaire. - Oui, c'était mercredi lors de la

00:13 manifestation Place de la Bastille en soutien au collectif soulèvement de la terre dissous

00:17 par Gérald Darmanin. Écoutez le discours halluciné de Frédéric Lordon, le grand pape de la gauche

00:22 anticapitaliste. - Nous sommes ici pour défendre les soulèvements de la terre au moment où il se

00:27 produit un soulèvement dans les banlieues. Comment ne pas nous sentir écartelés entre ces deux

00:32 nécessités d'égal importance ? En réalité, ce télescopage est lourd de sens. Il livre la vérité

00:37 d'une entreprise de domination totale. - Voilà, donc l'écocide, la mort de Nahel,

00:42 les inégalités sociales, le patriarcat, tous ces mots sont l'oeuvre d'un seul et même coupable,

00:47 l'État policier raciste et néolibéral. Alors Lordon n'est pas le seul à souffler sur toutes

00:51 les braises permettant de précipiter le grand soir. Sur Instagram, le sociologue Geoffroy

00:55 de Laganerie met des photos de feux de voiture et savoure l'imminence du chaos. Son ami, l'écrivain

01:00 Édouard Louis, assène sur le même médium. La mort de Nahel n'est pas un accident ou une bavure,

01:04 c'est le résultat d'un système politique et policier de persécution des jeunes noirs et

01:08 arabes en France. - Mais que veulent ces intellectuels de gauche génie ? - Alors il singe la gauche

01:13 américaine en scandant "pas de justice, pas de paix", la traduction du slogan "No justice, no peace".

01:17 Il rêve d'une improbable convergence des luttes, selon la formule de Pascal Brugner dans le Figaro,

01:22 entre des bobos verts et des néo-prolétaires, rejoint une impossible et introuvable révolution.

01:27 A cet égard, la marche blanche d'hier ressemblait un peu à un carnaval intersectionnel.

01:32 La convergence des luttes entre les classes populaires, blanches, les banlieues et les zadistes

01:36 est un vieux mythe. C'était le rêve que voulait accomplir le mouvement "Nuit debout" sous François Hollande

01:40 en 2016. Ça avait été un échec. En 2019, la gauche intellectuelle avait méprisé et raté le

01:45 mouvement des gilets jaunes. Depuis, elle cherche l'étincelle dans chaque émeute, le prétexte dans

01:50 chaque violence. - Depuis la dernière présidentielle, cependant, les choses ont quand même changé.

01:54 - Oui, et ce n'est pas moi qui le dis, mais la fondatrice du Parti des Indigènes de la République,

01:58 Ourya Boutelja, connue pour ses prises de position racialiste et radicale. Sur son compte Facebook,

02:03 Ourya Boutelja écrivait hier, je la cite "En 2005, seule une poignée de gauchistes s'est solidarisée

02:08 des émeutiers. Aujourd'hui, on a une France insoumise représentant une masse critique non

02:12 négligeable dont on attend qu'elle appelle au calme et qui s'y refuse. Ils sont des nôtres, dit Boutelja,

02:17 qui avaient qualifié Jean-Luc Mélenchon de butin de guerre parce qu'il avait rallié la cause indigéniste.

02:22 Et en effet, Jean-Luc Mélenchon a bien changé. Souvenez-vous de ce qu'il disait il y a 10 ans,

02:27 en 2012, à propos des émeutes d'Amiens Nord. Je cite Jean-Luc Mélenchon "Je vais dire à ceux qui foutent

02:32 le feu à un gymnase ou une bibliothèque, ce sont des crétins. Nous les rejetons, ils n'ont rien à voir

02:37 avec la contestation de la société capitaliste, c'est le contraire. Ils en sont les larbins, les fourriers,

02:41 les bouffons." À l'époque, l'extrême gauche lui avait reproché ses propos, maintenant il les a ralliés.

02:47 Alors, est-ce par calcul électoraliste ? Au contraire, parce que sachant qu'elle perd dans les urnes,

02:51 la gauche rêve d'un chaos qui accoucherait de l'histoire, de Nanterre au soulèvement de la terre.

02:56 Il ne rêve pas de paix, pas de justice, pas d'écologie, mais de révolution.

03:00 Il risque de finir englouti par la vague qu'il prétend surfer.

03:03 - Jean-Luc Mélenchon, butin de guerre, wow. Qui tient les manettes ? C'est quand même la question

03:08 qui est en suspens à l'issue de votre chronique. Merci beaucoup Jenny Bastier.

03:12 On vous retrouve, Catherine Neve, Jenny Bastier, sur Europe 1.fr et sur les réseaux sociaux.

03:16 Ça marche très très fort à chaque fois que vous prenez la parole l'une et l'autre. Merci beaucoup.

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