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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 -C'est l'heure, au sommaire ce soir.
00:00:05 Allons-nous vers une troisième nuit d'émeutes et de dégradations.
00:00:10 Le gouvernement a pourtant largement appelé au calme
00:00:13 et a déploré les actes de vandalisme
00:00:16 contre les symboles de la République.
00:00:17 Jean-Luc Mélenchon, David Guiraud ont de leur côté refusé d'appeler au calme,
00:00:22 mais appellent à la justice.
00:00:24 Justice pour Nahel, slogan repris par les 6200 personnes.
00:00:29 Cet après-midi à Nanterre pour la marche blanche
00:00:32 qui a ensuite dégénéré.
00:00:34 Incendie de véhicules, affrontements avec les forces de l'ordre,
00:00:37 dégradation du drapeau français,
00:00:38 policiers blessés, journalistes exfiltrés et menacés.
00:00:42 Pourquoi une partie de la gauche refuse-t-elle d'appeler au calme ?
00:00:46 Faut-il opposer les appels au calme et les appels à la justice ?
00:00:50 L'édito de Mathieu Boquecote.
00:00:52 La France en colère, la France dé-colère.
00:00:56 Après la colère des Gilets jaunes, la colère face au Covid,
00:01:00 la colère contre la réforme des retraites, la colère des écologistes.
00:01:04 En quoi ces colères sont-elles différentes ?
00:01:07 De la France périphérique en passant par la France des banlieues
00:01:11 ou encore la France d'en bas, la convergence des luttes impossibles,
00:01:15 la convergence des chaos probables, l'analyse de Guillaume Bigot.
00:01:19 Le policier poursuivi pour les tirs sur Nahel a été mis en examen
00:01:26 pour homicide volontaire et placé en détention provisoire.
00:01:29 Il vient d'arriver à la prison de la santé.
00:01:33 Frais très rares dans ce genre d'affaires.
00:01:36 Comment les autorités gèrent-elles la situation par rapport aux émeutes de 2005 ?
00:01:41 Pourquoi près de 20 ans plus tard se retrouve-t-on à poser les mêmes questions
00:01:46 sur l'état des quartiers, sur la police, sur la cohésion sociale ?
00:01:50 L'état d'urgence pourrait-il mettre un terme à ces violences urbaines ?
00:01:55 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:01:57 La France des territoires, la France des banlieues,
00:02:00 est-ce une France à part entière ou une France entièrement à part ?
00:02:03 Pourquoi ces territoires sont souvent jugés en rupture avec une bonne partie de la France,
00:02:08 avec une vie différente, des mœurs différents, des territoires où les policiers,
00:02:14 mais également les pompiers et parfois même les médecins,
00:02:16 sont considérés comme des intrus, un autre monde, le regard de Marc Menand.
00:02:22 Et puis le soleil se couche, les familles redoutent la nuit prochaine.
00:02:26 La mairie de Clamart ou de Compiègne ont annoncé un couvre-feu jusqu'à lundi.
00:02:31 Il faut dire que beaucoup d'enfants n'ont pas dormi la nuit dernière,
00:02:34 d'autres n'ont pas pu aller à l'école aujourd'hui,
00:02:36 des parents n'ont pas pu se rendre à leur travail.
00:02:38 Les émeutiers ont-ils une certaine conscience de leurs victimes ?
00:02:41 Pourquoi les victimes sont souvent ceux que les émeutiers veulent défendre ?
00:02:47 L'édito de Mathieu Bocoté.
00:02:49 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mouscletaires.
00:02:52 On commente, on décrypte, on analyse et c'est parti.
00:02:55 Ravi de vous retrouver. Comment allez-vous en ce jeudi ?
00:03:11 Très ravi de vous retrouver.
00:03:13 Marc Menand, je ne vous ai pas encore entendu, ça va ?
00:03:14 Oui, ça va très très bien.
00:03:17 D'abord, on a appris aujourd'hui que le Conseil d'État
00:03:21 maintient l'interdiction du hijab lors des compétitions de football.
00:03:26 Comme nous en avons beaucoup parlé cette semaine.
00:03:28 Un mot rapidement, peut-être Charlotte, sur ce sujet.
00:03:32 En gros, ce qu'il faut comprendre, c'est que le Conseil d'État
00:03:33 ne se base pas sur le droit, mais sur la proportionnalité.
00:03:36 En gros, il explique qu'en effet, elles sont usagères.
00:03:38 En effet, elles ne sont pas soumises à la laïcité,
00:03:42 c'est-à-dire au non-port du voile.
00:03:44 Donc, ce n'est pas en droit que ça se règle.
00:03:46 Simplement, ils disent que la Fédération française de football,
00:03:48 pour le bon déroulement des matchs, peut interdire le voile.
00:03:51 Et le Conseil d'État juge que cette décision,
00:03:53 que cette limitation de la liberté par rapport à la loi,
00:03:56 est proportionnée.
00:03:58 Voilà l'explication.
00:04:00 Alors, c'est un peu du juridisme, on en parle assez souvent.
00:04:02 Là, ça tient encore, mais ça ne se règle pas en droit,
00:04:05 ce qui n'est pas forcément rassurant pour l'avenir, on va dire.
00:04:08 C'est une surprise, parce que 90 à 95%
00:04:12 de l'avis du rapporteur du Conseil d'État
00:04:14 est suivi en général par les magistrats du Palais-Royal.
00:04:17 - Je vous avouerai que je ne suis pas surpris,
00:04:18 mais pour une raison particulière.
00:04:19 La Macronie, en ce moment, a suffisamment de problèmes.
00:04:22 On peut comprendre qu'ils se sont disés,
00:04:23 si en plus on est ceux par qui la laïcité en vient à tomber,
00:04:26 être fragilisée, pas seulement fragilisée, piétinée,
00:04:30 autour de la question des hijabers, le hijab dans le sport,
00:04:33 c'est une crise de plus qui ne nous voulait pas gérer.
00:04:35 On nous avait annoncé un jugement d'ici quelques semaines.
00:04:38 En fait, ça a pris deux, trois jours comme ça.
00:04:40 Alors, en ces matières, je crois que c'est un jugement politique
00:04:42 au sens des choses.
00:04:43 Et de ce point de vue, un jugement politique,
00:04:45 ce n'est pas toujours mauvais parce que le primat du politique
00:04:47 sur le droit qui n'est rien d'autre qu'une décision politique d'hier.
00:04:50 - Marc Menand, votre regard.
00:04:51 - Moi, ça me navre d'une certaine façon,
00:04:53 dans la mesure où ça signifie que ce sont les fédérations de sport
00:04:57 qui doivent faire en sorte que la laïcité soit appliquée.
00:05:00 L'État n'a rien à voir là-dedans.
00:05:02 La laïcité, vous faites ce que vous voulez,
00:05:05 mais en revanche, si les fédérations veulent bien prendre le soin
00:05:09 qu'elles soient en vigueur, eh bien là, on se rallie.
00:05:11 Je trouve ça invraisemblable.
00:05:13 - C'est loin d'être un point de détail
00:05:14 parce que pour les islamistes, c'est un enjeu très fort.
00:05:17 C'est le contrôle social, c'est le contrôle de la jeunesse.
00:05:19 C'est une religion, cette version très radicale de la religion islamique.
00:05:24 C'est une religion de l'extériorité.
00:05:25 Il faut marquer dans l'espace social
00:05:27 par une sorte de mimétisme son appartenance à la religion.
00:05:30 Et donc, c'est exercer la pression en particulier sur les jeunes.
00:05:33 Donc, heureusement, on les a fait reculer.
00:05:35 - Revenons au reste de l'actualité du jour.
00:05:38 La ville de Clamart, aux Compiègnes,
00:05:40 ont décrété un couvre-feu de trois jours.
00:05:43 Les transports en commun en Ile-de-France
00:05:44 s'arrêtent plus tôt que prévu, vers 21h.
00:05:47 Le policier poursuivi pour le tir sur Nahel
00:05:51 a été mis en examen pour homicide volontaire
00:05:53 placé en détention provisoire, fait très rare.
00:05:55 Il vient d'arriver à la prison de la Santé.
00:05:57 40 000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour ce soir.
00:06:00 Mathieu, pour le côté, je me tourne vers vous.
00:06:02 Alors que la France s'embrase,
00:06:04 une partie de la gauche refuse d'appeler au calme.
00:06:07 Jean-Luc Mélenchon, David Guiraud, Marine Tondelier,
00:06:11 pour ne citer qu'eux, appel à la justice pour Nahel.
00:06:14 Leurs slogans ont été repris lors de la marche blanche
00:06:18 cet après-midi. Deux questions.
00:06:20 La gauche, aujourd'hui, s'est-elle rangée
00:06:23 du côté des émeutiers?
00:06:24 Mais d'abord, que veut dire lancer un appel à la justice?
00:06:29 - C'est la grande question, si je reçois,
00:06:30 parce que c'est le slogan du moment,
00:06:32 mais que recouvre-t-il?
00:06:33 Mais voyons d'abord les faits.
00:06:34 Il faut rappeler les faits.
00:06:35 Et j'ai l'impression qu'une partie du discours public
00:06:38 n'a pas enregistré tout ce qui s'est passé
00:06:40 depuis la première nuit d'émeute.
00:06:43 Alors, qu'est-ce qui a été attaqué d'une ville à l'autre?
00:06:45 Je ne prends pas la peine de nommer chaque ville,
00:06:46 mais c'est dans plusieurs villes.
00:06:48 Attaque contre les policiers, évidemment.
00:06:50 Ça va de soi, hein?
00:06:51 Que serait une journée sans attaque contre les policiers?
00:06:53 Attaque contre les pompiers, saccage d'immeubles,
00:06:56 attaque contre des écoles, des préfectures,
00:06:59 des transports, des cinémas, des services publics.
00:07:02 Autrement dit, ce qui se manifeste,
00:07:04 c'est un désir de destruction.
00:07:06 Là, on comprend bien que ce qu'il s'agit,
00:07:08 il faut détruire.
00:07:09 S'ajoutent à cela des tirs aux mortiers
00:07:11 contre des résidences.
00:07:12 Ce matin, à Sarcelles, des pillages de magasins.
00:07:14 Pillage d'un poste de police, aussi.
00:07:16 Police, dis-je.
00:07:17 Donc, des scènes barbares, des scènes conquérantes.
00:07:19 Nous avons ici l'instinct du chaos.
00:07:24 J'en ai souvent parlé ici, du livre de Kessel,
00:07:26 La Steppe rouge.
00:07:27 Quand le désir du chaos se réveille dans une société
00:07:30 ou dans une partie de la société,
00:07:32 il s'empare de tout.
00:07:33 Et manifestement, les jeunes manifestants,
00:07:35 on le devine plus souvent qu'autrement des jeunes hommes,
00:07:38 sont dans un instinct de conquête en ce moment.
00:07:41 On s'en prend même au drapeau, ça.
00:07:42 C'est en passant, ça vaut la peine de le dire.
00:07:45 Parce que quand on s'en prend au drapeau,
00:07:46 c'est que le message est clair.
00:07:47 Au-delà de la prétention,
00:07:49 il y a l'instrumentalisation, disons en un mot.
00:07:51 C'est l'instrumentalisation de la mort tragique
00:07:53 de ce jeune garçon
00:07:55 pour porter, on l'a dit, on le redira,
00:07:57 une colère, une aversion, une haine,
00:07:59 qui est une haine antifrançaise
00:08:01 chez ceux qui s'en prennent à tout.
00:08:02 Cela dit, comment interpréter justement ces événements?
00:08:05 Une question pour certains,
00:08:07 on parle d'autodestruction.
00:08:09 C'est intéressant, c'est une analyse qui circule.
00:08:11 On nous dit comment se fait-il
00:08:12 que ces personnes s'en prennent à leur quartier?
00:08:15 Parce que dans les faits, ils détruisent leur propre quartier.
00:08:17 Ils détruisent leur propre service public.
00:08:19 Ils détruisent tout leur environnement.
00:08:21 Donc il y a quelque chose d'irrationnel dans cette idée
00:08:23 d'une destruction partout chez soi.
00:08:26 Comment expliquer cela?
00:08:27 Une forme d'irrationalité collective.
00:08:29 Donc là, certains veulent y voir un appel à l'aide.
00:08:32 C'est-à-dire, ils détruisent tout sur le mode de l'appel à l'aide
00:08:35 en espérant ensuite qu'on reconstruise tout.
00:08:37 D'ailleurs, il faut se rassurer, la reconstruction viendra
00:08:39 avec l'argent public de l'ensemble des Français.
00:08:41 Donc, hypothèse 1,
00:08:43 réflexe d'autodestruction
00:08:44 dans un moment d'irrationalité collective.
00:08:47 Autre interprétation qui me semble plus convaincante
00:08:49 de tout ce que j'ai évoqué d'abord,
00:08:51 c'est une volonté, en fait,
00:08:52 et c'est dit comme telle,
00:08:53 de s'en prendre à tout ce qui représente
00:08:56 de près ou de loin la France en ses quartiers.
00:08:59 Tout ce qui représente la France,
00:09:00 c'est-à-dire tout ce qui représente culturellement,
00:09:02 institutionnellement, économiquement,
00:09:05 tout ce qui représente l'autorité légitime.
00:09:07 Et là, on s'entend que la France,
00:09:08 c'est à la fois, oui, les institutions de l'État,
00:09:11 mais c'est le transport, c'est le commerçant,
00:09:13 c'est la possibilité d'une vie ordinaire,
00:09:14 mais c'est la volonté de chasser tous les symboles français,
00:09:18 de les détruire et d'exercer,
00:09:20 et ça, j'y arrive à ma troisième hypothèse,
00:09:22 d'exercer une souveraineté sur ces quartiers.
00:09:24 Nous sommes les maîtres,
00:09:26 nous décidons de nous emparer du territoire,
00:09:28 nous instrumentalisons la mort du petit Maël
00:09:32 et nous décidons, dans les circonstances,
00:09:34 de dire que nous sommes les maîtres,
00:09:35 c'est ce que j'appelais hier, les meutes décoloniales.
00:09:37 Rappelez-vous, on est quand même dans un environnement
00:09:39 où le discours du peu gangstaire,
00:09:42 qui passait par le rap notamment,
00:09:43 mais pas seulement, très américanisé,
00:09:46 cherche à provoquer sans cesse une culture de l'affrontement
00:09:49 entre les "jeunes" et les policiers,
00:09:52 où le refus d'obtempérer est vu comme une forme de courage,
00:09:54 de rituel initiatique chez certains.
00:09:56 Et ne pas obéir aux policiers est une manière d'affirmer
00:09:59 non seulement son courage, mais son appartenance
00:10:01 d'abord à la banlieue, d'abord à la cité,
00:10:03 plutôt qu'à la société dans son ensemble.
00:10:05 Donc le refus d'obtempérer comme rituel anti-civique.
00:10:09 Il faut garder ça à l'esprit, c'est important.
00:10:12 Et la troisième hypothèse qu'on peut avancer,
00:10:14 première, je le disais, tentative d'autodestruction,
00:10:16 ça me semble pas convaincant.
00:10:17 Deuxième, volonté de chasser la France de chez elle,
00:10:20 ça me semble plus convaincant.
00:10:21 Et le troisième élément, il y a une guerre de territoires,
00:10:23 tout simplement, une guerre de territoires.
00:10:25 Vous savez, c'est un concept dont on parle souvent,
00:10:27 le monopole de la violence légitime.
00:10:29 Qu'est-ce qu'on voit en ce moment?
00:10:30 On se retrouve avec une police qui, pour différentes raisons,
00:10:32 a toujours peur d'un dérapage, puis on peut le comprendre,
00:10:35 il y en a en avoir un probablement ou peut-être.
00:10:36 D'accord.
00:10:37 Mais de l'autre côté, on est devant une partie de la jeunesse
00:10:40 qui est conquérante, une partie de la jeunesse
00:10:42 qui ne doute pas de la légitimité de sa violence.
00:10:45 Une partie de la jeunesse qui, lorsqu'elle pille,
00:10:47 lorsqu'elle agresse, lorsqu'elle attaque les policiers,
00:10:49 je dis pas toute la jeunesse, on s'entend,
00:10:50 mais cette partie de la jeunesse qui agresse
00:10:52 ne doute pas de sa légitimité, ne doute pas de son droit de piller,
00:10:56 ne doute pas de son droit de tout détruire,
00:10:58 parce que, plus encore, il y a tout un discours
00:11:00 qui est enrobissant dans l'espace public
00:11:02 et qui dit votre colère est juste, votre pillage est légitime,
00:11:06 il s'agit d'une rébellion, il s'agit d'une nuit d'émotion,
00:11:09 c'était la formule d'hier.
00:11:11 Il s'agit finalement d'une insurrection légitime
00:11:14 et nous l'applaudissons, ou à tout le moins,
00:11:16 on la comprend tellement qu'on en vient à l'applaudir.
00:11:19 Donc, ayons tout cela à l'esprit
00:11:21 pour chercher à comprendre la nature des événements
00:11:24 et on en arrive à votre question, en fait, qui me semble importante,
00:11:27 tous ces gens-là nous disent, les interprètes,
00:11:30 appel à la justice.
00:11:31 Non, pas d'appel au calme, appel à la justice.
00:11:33 C'est un slogan étonnant dans les circonstances.
00:11:35 - Alors, justement, à quoi la gauche fait-elle référence
00:11:37 lorsqu'elle parle d'un appel à la justice?
00:11:40 - Lorsqu'elle nous dit qu'on refuse l'appel au calme, pourquoi?
00:11:42 Parce que dans l'esprit ton-déliresque,
00:11:44 dans l'esprit David Guiraud, dans l'esprit d'un Mélenchon,
00:11:48 dans le mélenchonisme théorique,
00:11:50 l'appel au calme serait l'appel à reconduire l'injustice
00:11:55 qui structurerait la vie de ces quartiers.
00:11:57 Donc, si on plaide pour le calme, on plaide pour l'injustice.
00:12:00 Si on plaide pour le calme, on plaide pour le statu quo.
00:12:03 Si on plaide pour le calme, on plaide pour le retour
00:12:05 à un ordre néocolonial qui serait fondé sur la persécution
00:12:08 des populations "racisées" dans les banlieues.
00:12:12 Donc, on ne veut pas le calme.
00:12:13 Ce qu'on veut, c'est le chaos, le chaos créateur,
00:12:16 le chaos qui transforme tout,
00:12:18 le chaos qui porte la promesse d'une révolution.
00:12:20 On ne doit jamais oublier que la gauche s'enivre véritablement
00:12:23 à l'élixir de la révolution.
00:12:26 Et c'est le discours débile, il faut bien le dire,
00:12:28 de la sociologie dominante qui cherche toujours,
00:12:30 qui inverse la responsabilité, donc qui nous dit finalement
00:12:32 que ceux qui cassent aujourd'hui, ceux qui brisent,
00:12:34 ceux qui pillent, ceux qui sabotent,
00:12:37 ceux qui attaquent des policiers, ceux qui attaquent des pompiers
00:12:40 sont en fait des vraies victimes.
00:12:42 Et ceux qui reçoivent des coups sur la tête
00:12:44 sont en fait les coupables.
00:12:46 Bon, il y a ça.
00:12:47 Mais, appel à la justice, néanmoins.
00:12:48 On nous dit qu'il n'y aura pas de paix sans justice.
00:12:51 Mais qu'est-ce qu'ils appellent la justice?
00:12:53 Ce n'est pas si clair que ça.
00:12:54 Je vais faire une liste des critères
00:12:56 qu'on a pu repérer dans l'espace public.
00:12:58 Je vais d'abord citer un tweet de M. Mélenchon,
00:13:00 la poésie de Jean-Luc Mélenchon,
00:13:02 qui nous dit "les chiens de garde nous ordonnent d'appeler au calme".
00:13:06 Donc, ils parlent du gouvernement,
00:13:07 ils appellent les chiens de garde.
00:13:09 Il faut se rappeler que pendant la présidentielle,
00:13:10 il y avait aussi dit d'un policier...
00:13:11 Non, c'était un zémo, je crois, qui avait dit "coucouche le chien".
00:13:13 Donc, la canonisation d'adversaires est fréquente chez lui.
00:13:17 Nous appelons à la justice
00:13:19 "retirer l'action judiciaire contre le pauvre Naël,
00:13:22 suspender le policier meurtrier
00:13:24 et son complice qui lui a ordonné de tirer,
00:13:26 fouter la paix à l'ambulancier".
00:13:28 C'est intéressant.
00:13:29 Donc, il ne faut plus savoir ce qui s'est passé avec le jeune,
00:13:31 il faut chercher à comprendre les événements
00:13:33 qui ont conduit à ce drame.
00:13:34 Il faut une exécution publique sommaire du policier
00:13:38 sans chercher encore une fois à comprendre ce qui s'est passé,
00:13:40 sans quoi il n'y aura pas de justice.
00:13:42 Et là, lisons.
00:13:44 Lisons ce qui se dit sur les réseaux sociaux,
00:13:46 dans les discours de la gauche.
00:13:47 Qu'est-ce qu'ils appellent l'appel à la justice?
00:13:49 Pour les uns, c'est restreindre le droit
00:13:51 qu'ont les policiers d'utiliser leur arme.
00:13:53 On a compris.
00:13:54 Pour les autres, ça va plus loin.
00:13:56 C'est définancer la police ou même la désarmer.
00:13:58 Une police définancée et désarmée.
00:14:00 Pour les autres, c'est abolir la police.
00:14:02 Pour les autres, c'est intéressant,
00:14:04 c'est toujours plus de services publics,
00:14:06 toujours plus d'argent dans les quartiers.
00:14:08 Il semble oublier que les quartiers,
00:14:10 sur le plan économique et du financement de l'État,
00:14:12 sont privilégiés par rapport à une bonne partie de la France.
00:14:15 Il ne faut jamais l'oublier.
00:14:16 Si on calcule le bénéfice économique
00:14:18 en fonction de l'argent investi
00:14:20 selon les quartiers, selon les territoires,
00:14:22 les quartiers difficiles sont parmi les privilégiés de la République.
00:14:25 Il ne faut jamais oublier ça.
00:14:27 Là, on nous dit que c'est une immense détresse
00:14:29 qui existe dans ces quartiers.
00:14:31 La gauche nous dit que c'est la faute de la République.
00:14:33 Se pourrait-il que dans ces quartiers,
00:14:35 il y ait aussi des explications intérimes
00:14:37 qui expliqueraient cette détresse?
00:14:39 Je laisse cette question de côté.
00:14:41 Les autres critères pour l'appel à la justice,
00:14:43 en finir avec la laïcité.
00:14:45 La laïcité serait un ordre de persécution islamophobe
00:14:48 contre les populations des banlieues.
00:14:50 Dès lors, si on veut vraiment arriver à la justice,
00:14:53 il faut en finir avec la laïcité.
00:14:55 Pour d'autres, c'est censurer les médias
00:14:57 qui permettent un discours de « haine »
00:14:59 contre les populations issues des minorités.
00:15:02 Là, la liste des médias peut varier selon les uns et les autres,
00:15:05 mais ce qu'ils appellent le discours de « haine »,
00:15:07 un discours qui s'écarte de la célébration
00:15:10 de l'immigration massive,
00:15:12 certains se disent que c'est ça le véritable problème.
00:15:14 Il faudra en finir.
00:15:16 Tant que ces médias existeront, la justice ne sera pas là.
00:15:18 - Rappelons que cet après-midi,
00:15:20 les médias ont été interdits de présence
00:15:22 lors de la marche blanche.
00:15:24 - Ce n'est pas inintéressant de le noter.
00:15:26 Ayons tout ça à l'esprit pour une partie de la gauche
00:15:28 tant que la société ne se sera pas convertie
00:15:30 à son modèle de société,
00:15:32 que ce soit le socialisme, l'éco-socialisme,
00:15:34 l'éthiculturalisme, l'islamo-gauchisme.
00:15:36 Tant que la conversion sociale n'a pas eu lieu,
00:15:38 nous sommes dans une situation d'injustice.
00:15:40 Et si nous sommes dans une situation d'injustice,
00:15:42 dès lors, l'émeute est légitime
00:15:44 parce que l'émeute serait l'expression profonde
00:15:46 d'une souveraineté populaire anarchique et chaotique
00:15:48 qui dirait non à l'injustice.
00:15:50 Dans les faits, la gauche radicale, encore une fois,
00:15:52 se love dans la passion révolutionnaire
00:15:54 et n'aime rien tant que lorsque la société s'embrase.
00:15:57 - J'aime bien votre regard de sociologue.
00:15:59 Et on continue.
00:16:01 Quand on regarde la carte des émeutes,
00:16:03 on se rend compte qu'elles sont déjà étendues.
00:16:06 La contagion a déjà eu lieu.
00:16:08 Mais c'est autant remarquer qu'elles sont à peu près
00:16:10 partout présentes en région parisienne.
00:16:12 - Oui, alors, ça m'a frappé, ça.
00:16:14 C'est-à-dire, on regarde la carte et globalement,
00:16:16 il y a des émeutes un peu partout.
00:16:18 Ça peut être encore pire. N'oublions jamais,
00:16:20 le pire est toujours possible en toutes circonstances
00:16:22 en ce monde. Le mieux, peut-être,
00:16:24 le pire, c'est certain qu'il est toujours possible
00:16:26 si on ne lutte pas contre cette possibilité.
00:16:28 Et ce qui me frappe, c'est à quel point Paris est une ville...
00:16:30 Je parle de Paris ici, mais on pourrait parler
00:16:32 d'autres villes. C'est une ville aujourd'hui encerclée.
00:16:34 Une ville enclavée. C'est une ville qui pourrait avoir...
00:16:36 Une ville assiégée, si vous préférez.
00:16:38 Une ville qui, pour l'instant, se sent en sécurité.
00:16:40 On se dit que ça se passe dans les banlieues,
00:16:42 ça se passe au loin, ça arrivera pas.
00:16:44 Ça nous concerne, mais ça nous concerne pas.
00:16:46 Ça nous concerne parce qu'on a le souci du pays
00:16:48 dans son ensemble, mais ça nous concerne pas directement.
00:16:50 Mais que va-t-il se passer si dans 5 ans, dans 10 ans,
00:16:52 dans 15 ans, je sais pas à quel moment,
00:16:54 mais c'est une crainte légitime qu'on peut formuler,
00:16:56 non pas pour la désirer, quoi qu'en pensent
00:16:58 les commentateurs de gauche, mais pour exprimer
00:17:00 une crainte dans l'espoir de la contenir,
00:17:02 de faire en sorte que ça n'arrive pas?
00:17:04 Qu'est-ce qui va se passer le jour où il va y avoir
00:17:06 une tentation gilet jaune, entre guillemets,
00:17:08 chez les plus radicaux dans ces banlieues
00:17:10 qui vont se dire finalement ça se passe à Paris
00:17:12 et le prochain raid doit se passer à Paris,
00:17:14 la prochaine violence doit se passer à Paris,
00:17:16 nous ne détruirons plus nos propres quartiers,
00:17:18 nous déciderons de cibler la métropole,
00:17:20 de cibler la capitale, de cibler Paris.
00:17:22 Là, il y a quelque chose d'assez inquiétant.
00:17:24 Si on a passé à l'esprit que dans quelques années,
00:17:26 ça devient une possibilité, rappelez-vous
00:17:28 ce qui s'est passé au Stade de France,
00:17:30 on en a souvent parlé ici, les raids, les razzias
00:17:32 de jeunes des banlieues qui décidaient
00:17:34 d'attaquer les gens sur le mode presque de la piraterie
00:17:36 pour être capables de les piller,
00:17:38 ça pourrait se généraliser ce phénomène.
00:17:40 Deux dernières choses, si on est conscients
00:17:42 de cette violence profonde qui s'exprime en ce moment,
00:17:44 d'une violence qui se croit légitime
00:17:46 alors qu'elle ne l'est pas, on s'entend,
00:17:48 une violence qui se croit légitime tant que l'État
00:17:50 n'aura pas envoyé un signal fort que c'est terminé,
00:17:52 ça s'arrête maintenant, cette violence a été légitime
00:17:54 et nous n'aurons pas peur de confronter les voyous,
00:17:56 nous n'aurons pas peur de confronter ceux
00:17:58 qui cherchent à tout prix à semer le désordre
00:18:00 et peut-être ceux qui plaident politiquement
00:18:02 pour le désordre, la situation va empirer,
00:18:04 empirer, empirer, et dans 15, 20 ans,
00:18:06 on regardera la carte des prochaines émeutes,
00:18:08 elle se sera multipliée, elle se sera étendue,
00:18:10 elle sera peut-être dans Paris-Intramuros,
00:18:12 on verra bien, c'est une crainte qu'il faut exprimer,
00:18:14 je crois, ce qui est certain, c'est que la situation
00:18:16 ne se réglera pas d'elle-même, quoi qu'en pense,
00:18:18 ceux qui comptent simplement les jours en se disant
00:18:20 les vacances vont arriver, on va voir,
00:18:22 je ne le crois pas.
00:18:24 - Charles-Audrey Nélasse me tourne peut-être vers vous,
00:18:26 lorsque Mathieu Bocoté dit qu'il faut que le gouvernement
00:18:28 appelle un peu à la fermeté, lorsqu'on voit
00:18:30 40 000 policiers et gendarmes dépêchés ce soir,
00:18:32 est-ce que là, ce n'est pas une preuve de fermeté,
00:18:34 un appel fort?
00:18:36 - Le problème, c'est que là, en l'occurrence,
00:18:38 il n'y a pas le choix, c'est-à-dire qu'on passe
00:18:40 de 2 000 à 40 000 policiers en une journée seulement,
00:18:42 mobilisés, et on ne peut pas faire
00:18:44 de déploiement de policiers,
00:18:46 de gendarmes, de policiers,
00:18:48 de policiers, de policiers,
00:18:50 en une journée seulement,
00:18:52 mobilisés sur le terrain,
00:18:54 mais encore une fois, c'est une seule réaction.
00:18:56 Or, le problème,
00:18:58 si on veut éviter la multiplication des émeutes
00:19:00 dans les années qui arrivent, il faut traiter le problème de fond,
00:19:02 et le chantier est vaste,
00:19:04 plus que vaste.
00:19:06 - On en parlera d'ailleurs tout à l'heure avec vous.
00:19:08 Marc Menand.
00:19:10 - Ce qui est extraordinaire, c'est que certains disent
00:19:12 qu'il ne faut plus que les policiers soient armés,
00:19:14 il faut que la police
00:19:16 soit abolie. Est-ce que ces gens-là,
00:19:18 lorsqu'ils se placent dans leur quotidien,
00:19:20 qu'ils essaient une petite projection,
00:19:22 s'il n'y a pas
00:19:24 un ordre maintenu potentiellement
00:19:26 par la police,
00:19:28 le voisin qui vous emmerde,
00:19:30 "Allons le 12,
00:19:32 vous pouvez intervenir",
00:19:34 à chaque instant, la police...
00:19:36 - C'est le 17, pour info.
00:19:38 - Ah pardon.
00:19:40 - Vous n'appelez pas souvent.
00:19:42 - Oui, c'est un peu ce qu'on disait hier,
00:19:44 c'est-à-dire que ce sont aussi, on l'a vu à Marseille,
00:19:46 des maires de famille qui appellent à la présence de la police.
00:19:48 - C'est-à-dire qu'il y a une...
00:19:50 On peut intellectuellement se dire,
00:19:52 c'est extraordinaire,
00:19:54 l'homme est tellement généreux
00:19:56 qu'à un instant T, il sera capable
00:19:58 de s'affranchir d'un principe
00:20:00 de loi, naturellement,
00:20:02 il provoquera le juste équilibre.
00:20:04 Non, aujourd'hui,
00:20:06 il y a la nécessité d'une police
00:20:08 et tout un chacun, à chaque instant,
00:20:10 est heureux de pouvoir faire appel à la police.
00:20:12 - Guillaume Bigot.
00:20:14 - Écoutez, il y a une question
00:20:16 d'escalade, là, il y a une question
00:20:18 de rapport de force qui va se poser.
00:20:20 C'est-à-dire que soit
00:20:22 les choses s'apaisent et rentrent
00:20:24 dans l'ordre, si elles ne rentrent pas dans l'ordre
00:20:26 et qu'elles vont crescendo, on va poser
00:20:28 les questions, non pas en termes de respect de l'état de droit,
00:20:30 mais en termes de puissance de feu de part et d'autre.
00:20:32 - Alors, avant de passer à la chronique
00:20:34 de Guillaume Bigot pour faire le lien,
00:20:36 vous parliez tout à l'heure, justement,
00:20:38 de cette rage des émeutiers
00:20:40 et comment vous l'avez analysée
00:20:42 et en même temps, j'ai envie de vous poser
00:20:44 une question par rapport... Les Gilets jaunes,
00:20:46 ils ont tout cassé. Les Black Blocs
00:20:48 ont tout cassé. Quel est votre regard
00:20:50 par rapport à... Quelle est la différence selon vous?
00:20:52 Ensuite, on en parle avec Guillaume Bigot.
00:20:54 - Alors, je crois que l'État n'a pas hésité
00:20:56 à faire preuve de la plus grande fermeté
00:20:58 à l'endroit des Gilets jaunes, on s'en souvient.
00:21:00 Je constate que dans les circonstances,
00:21:02 l'État est peut-être plus prudent.
00:21:04 Peut-être parce qu'il redoute davantage
00:21:06 ce qu'on appelle l'explosion des banlieues.
00:21:08 C'est le fantasme de 2005, qu'il ne redoutait
00:21:10 pas les Gilets jaunes. Je ne sais pas ce que ça dit
00:21:12 sur la compréhension qu'on a de la colère
00:21:14 qu'il y a dans les banlieues, du sentiment
00:21:16 anti-français qu'il peut y avoir dans les banlieues aussi.
00:21:18 J'ai l'impression que l'État a ce point peur
00:21:20 qu'il n'a comme politique que de contenir,
00:21:22 contenir, contenir, mais l'idée d'une véritable reconquête,
00:21:24 dans le bon sens du terme, c'est-à-dire
00:21:26 la reconquête des cœurs et des âmes
00:21:28 pour libérer les populations des banlieues
00:21:30 de cette espèce d'ordre quelquefois caïd,
00:21:32 quelquefois islamiste, qui fait en sorte
00:21:34 que les populations qui y habitent sont soumis
00:21:36 à une souveraineté quelquefois étrangère,
00:21:38 celle des voyous, et bien cette reconquête
00:21:40 durable qui prendra plusieurs,
00:21:42 j'en parlerai en deuxième édito, mais plusieurs décennies,
00:21:44 cette reconquête n'est pas amorcée.
00:21:46 En ce moment, on se contente de se barricader,
00:21:48 on se dit heureusement qu'ils ne sont pas rendus à Paris,
00:21:50 on verra dans quelques années.
00:21:52 - Je vais juste rebondir très brièvement,
00:21:54 je pense que la politique de containment,
00:21:56 la politique d'apaisement, on la comprend aussi,
00:21:58 on est dans la tête des autorités de l'État,
00:22:00 mais d'un autre côté,
00:22:02 il faut bien comprendre que c'est interprété
00:22:04 comme un signal de faiblesse en face.
00:22:06 - Avec un peu de recul,
00:22:08 nous avons eu la colère des Gilets jaunes,
00:22:10 la colère contre les retraites,
00:22:12 la colère sous-jacente contre le Covid,
00:22:14 la colère des Black Blocs,
00:22:16 la colère des écologistes.
00:22:18 Ce soir, les émeutes éclatent
00:22:20 dans une société française
00:22:22 déjà gorgée de colère et de violence.
00:22:24 En quoi, Guillaume Bigaud,
00:22:26 ces colères, ces rages,
00:22:28 ou ces haines, sont-elles différentes
00:22:30 ou bien sont-elles comparables ?
00:22:32 - Vous avez raison,
00:22:34 depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017,
00:22:36 ce ne sont pas les raisons
00:22:38 de frustration, de colère qui manquent
00:22:40 et ce ne sont pas non plus
00:22:42 les explosions de colère qui ont manqué
00:22:44 les Gilets jaunes, les Black Blocs,
00:22:46 les éco-terroristes et maintenant
00:22:48 les émeutiers de banlieue,
00:22:50 et on en oublie.
00:22:52 Alors, évidemment, on a l'impression
00:22:54 que la France est au bord de la crise de nerfs
00:22:56 et les partisans de l'ordre républicain,
00:22:58 on est tous des partisans de l'ordre républicain
00:23:00 ici ce soir, je pense,
00:23:02 de ranger toutes ces colères dans un même sac,
00:23:04 je pense que c'est vraiment une erreur très grave
00:23:06 de les ranger dans un même sac et de dire
00:23:08 vraiment que toutes les colères sont inacceptables.
00:23:10 D'abord, je pense qu'effectivement, elles sont de nature
00:23:12 très profondément différente
00:23:14 et celle qui a éclaté dans les banlieues hier soir,
00:23:16 à mon avis, elle est d'une nature différente
00:23:18 mais elle est surtout beaucoup plus redoutable.
00:23:20 Mon diagnostic, il est simple, il tient en trois points.
00:23:22 - Et pendant que vous parlez, on va mettre un petit peu
00:23:24 les images de cet après-midi, pendant que vous parlez
00:23:26 des différentes colères. Votre diagnostic ?
00:23:28 - En trois points. Premier diagnostic,
00:23:30 c'est que cette multiplication des violences en France,
00:23:32 ça correspond plutôt à une implosion de la société française
00:23:34 qu'à une explosion de la société française.
00:23:36 Gilets jaunes, black blocs, éco-warriors, émeutiers,
00:23:40 si je peux prendre une expression,
00:23:42 chacun n'est pas dans son couloir de nage,
00:23:44 chacun est dans son couloir de rage, en quelque sorte.
00:23:46 Les violences, c'est le symptôme d'une société
00:23:48 où il n'y a plus de lien,
00:23:50 où on ne débat plus, on ne vote plus,
00:23:52 on ne vit plus ensemble d'ailleurs,
00:23:54 on ne milite plus. Donc, on frappe de plus en plus.
00:23:56 Ce n'est pas une société du bien commun,
00:23:58 c'est une société du rien commun.
00:24:00 Voilà le premier diagnostic. Deuxième diagnostic,
00:24:02 aucune de ces violences n'est réellement
00:24:04 politiquement encadrée.
00:24:06 LFI par exemple, s'appuie sur la violence
00:24:08 des black blocs, mais LFI est très loin
00:24:10 de contrôler les black blocs. ELV s'appuie
00:24:12 sur les soulèvements de la terre, ils sont très loin
00:24:14 de contrôler les soulèvements de la terre.
00:24:16 Reconquête peut s'appuyer sur des violences
00:24:18 des identitaires, mais... Enfin, pas du tout des violences,
00:24:20 parce qu'elles ne sont pas violentes, mais enfin,
00:24:22 des manifestations des identitaires,
00:24:24 elle ne les contrôle pas non plus.
00:24:26 La violence des identitaires dans la société,
00:24:28 elle est générale. Mais là où la fragmentation
00:24:30 est la plus importante, là où la société
00:24:32 est la plus explosée et la plus liquéfiée,
00:24:34 alors là, la haine est la plus virulente
00:24:36 et la violence est la plus forte.
00:24:38 Et là, évidemment, on parle des banlieues.
00:24:40 Troisième diagnostic très simple,
00:24:42 plus ces violences sont débridées,
00:24:44 Mathieu l'a dit tout à l'heure, je le reprends,
00:24:46 plus ces violences sont débridées, plus elles sont dangereuses.
00:24:48 Et paradoxalement,
00:24:50 moins elles sont réprimées.
00:24:52 C'est-à-dire, évidemment, on a l'impression
00:24:54 que les gens qui sont là, sont faibles avec les forts
00:24:56 et forts avec les faibles. Les gilets jaunes,
00:24:58 les black blocs, les sous-les-de-vents de la terre,
00:25:00 ils ont été chargés, ils ont été gazés,
00:25:02 il n'y a pas de problème. À côté,
00:25:04 les émulsions des cités, alors là,
00:25:06 on essaye de les tenir à distance.
00:25:08 Il y a des consignes qui ont été passées,
00:25:10 qui sont des consignes de vraiment,
00:25:12 il faut essayer de calmer le jeu.
00:25:14 Donc on les tient à distance,
00:25:16 mais on ne veut pas, évidemment, entrer au contact
00:25:18 pour ne pas se surenchérir.
00:25:20 Et en fait, on l'a dit aussi,
00:25:22 les blocs, les sous-les-de-vents de la terre, sont loin d'être des anges,
00:25:24 sont même des gens qui violent les lois,
00:25:26 mais ils ne s'attaquent pas à leur violence,
00:25:28 elle n'est pas aveugle, ils s'attaquent à des symboles très précis.
00:25:30 Les racailles de banlieues, ils brûlent tout,
00:25:32 ils saccagent tout, effectivement les voitures de leurs parents,
00:25:34 effectivement les écoles de leurs frères
00:25:36 ou de leurs petits frères, et effectivement
00:25:38 les propres bus, les bus dans lesquels
00:25:40 ils circulent. Donc c'est une violence
00:25:42 qui est vraiment incontrôlée et incontrôlable.
00:25:44 Mais il y a tout de même une volonté
00:25:46 de récupérer ces violences dans les banlieues,
00:25:48 voire de les faire converger
00:25:50 avec d'autres colères. Est-ce que vous ne croyez pas
00:25:52 à la convergence des luttes ?
00:25:54 Parce que comme vous dites, on voit chacun dans son couloir.
00:25:56 C'est ça. Non, pas une seule seconde.
00:25:58 Je pense que cette histoire de convergence des luttes,
00:26:00 c'est un fantasme bobo-écolo-gaucho.
00:26:02 Comme on dit dans les cités
00:26:04 d'où je viens, c'est un truc de
00:26:06 Babtou au Fragile.
00:26:08 Bien sûr qu'il y a une volonté de récupération,
00:26:10 ça, elle est très claire. Effectivement,
00:26:12 Mélenchon, avec ses termes absolument hallucinants,
00:26:14 parle de chien de garde qui ordonne
00:26:16 d'appeler au calme, et puis il y a la voix de son maître aussi.
00:26:18 Il y a plusieurs personnes
00:26:20 qui tient en laisse, mais notamment
00:26:22 M. Boyard qui parle d'abolir
00:26:24 la peine de mort pour les Noirs et les Arabes ce soir.
00:26:26 Non mais on est vraiment, là,
00:26:28 on est complètement chez les fous.
00:26:30 La députée d'EELV aussi du 92,
00:26:32 de Nanterre,
00:26:34 qui dénonce les contrôles policiers
00:26:36 des personnes racisées, etc.
00:26:38 Ces élus ne font pas que récupérer, en fait.
00:26:40 Ils appellent quasiment
00:26:42 à l'insurrection. Alors pourquoi
00:26:44 ils font ça ? Pourquoi ils appellent à l'insurrection ?
00:26:46 Première raison, à mon avis,
00:26:48 LFI et EELV, ils ont un objectif,
00:26:50 ce qu'ils appellent dans leur jargon,
00:26:52 faire tomber le système. Ils veulent
00:26:54 faire tomber le système. Pourquoi ?
00:26:56 Du côté de LFI, on le sait,
00:26:58 c'est pour installer la 6e République,
00:27:00 ou peut-être les fantasmes mégalomaniacs
00:27:02 de M. Mélenchon lui-même, avec son 3e tour sociale.
00:27:04 Du côté
00:27:06 des écolos, c'est simple, ils veulent
00:27:08 sauver le climat. Ils veulent stopper
00:27:10 le système pour sauver le climat.
00:27:12 Mais il y a aussi, en dehors d'une
00:27:14 instrumentalisation de cette violence, une part de sincérité
00:27:16 dans leur réaction. Cette part de sincérité,
00:27:18 bien sûr qu'ils savent que les émeutiers
00:27:20 ne sont pas des anges, ils savent que les émeutiers sont
00:27:22 souvent des voyous, même des voyous réislamisés,
00:27:24 agressifs, etc. Mais pour eux,
00:27:26 ces gens ont deux vertus
00:27:28 cardinales. Un, ils sont
00:27:30 pauvres, et deux, ils sont
00:27:32 migrants ou descendants de migrants. Alors là,
00:27:34 ça les part de toutes les vertus. Pour eux,
00:27:36 évidemment, c'est l'avant-garde, ce sont
00:27:38 les victimes de la mondialisation
00:27:40 et c'est l'avant-garde du prolétariat mondial.
00:27:42 Et donc, pour eux, ils les voient finalement
00:27:44 comme des sauveurs de la mondialisation.
00:27:46 Et je pense que tous ces
00:27:48 gauchistes commettent trois erreurs.
00:27:50 Trois contresenses, si vous voulez.
00:27:52 Un contresens, ce que j'appellerais
00:27:54 le contresens racaillot-gauchiste.
00:27:56 C'est-à-dire que
00:27:58 la gauche, si elle ne s'était pas trahie elle-même,
00:28:00 un Clemenceau, un Lénine,
00:28:02 un Robespierre,
00:28:04 ils auraient tout de suite senti et tout de suite repéré
00:28:06 que les gens dans les cités
00:28:08 qui se révoltent, les fameuses
00:28:10 racailles, sont des hyper-individualistes.
00:28:12 De quoi rêvent-ils ?
00:28:14 Ils rêvent de faire du fric, ils rêvent
00:28:16 de grosse cylindrée, ils rêvent de peser,
00:28:18 comme ils disent, de faire de la maille dans leur jargon.
00:28:20 Ce sont des hyper-individualistes, c'est ce que Lénine
00:28:22 aurait appelé le lumpen-prolétariat.
00:28:24 Et évidemment que leur répression
00:28:26 aurait été immédiate. Même un Clemenceau,
00:28:28 au nom de la République, il aurait répliqué immédiatement.
00:28:30 Robespierre n'ose pas imaginer ce qu'il aurait fait avec eux.
00:28:32 Donc ça, c'est si la gauche
00:28:34 ne s'était pas reniée elle-même. Deuxièmement, maintenant,
00:28:36 deuxième contresens, le contresens
00:28:38 que j'appelle capitalo-gauchiste.
00:28:40 Pourquoi ? Parce que la gauche en général,
00:28:42 et la gauche marxiste en particulier,
00:28:44 elle ne peut pas être favorable,
00:28:46 on va dire, à encourager
00:28:48 les flux migratoires. Elle ne peut pas,
00:28:50 d'une certaine façon,
00:28:52 faire des
00:28:54 migrants des seins de la mondialisation.
00:28:56 Pourquoi ? Parce que les flux migratoires,
00:28:58 c'est ce que Marx appelle l'armée
00:29:00 de réserve du capital. C'est ce qui permet de
00:29:02 uberiser le salariat, c'est ce qui permet de ne
00:29:04 pas élever les salaires. Tout le monde le sait.
00:29:06 Troisième contresens,
00:29:08 le plus célèbre peut-être, le
00:29:10 contresens islamo-gauchiste.
00:29:12 Si on retrouve son origine, il a une origine.
00:29:14 1994, c'est un trotskiste
00:29:16 britannique qui s'appelle Chris Hartman.
00:29:18 Armand, pardon, pas T, Armand.
00:29:20 En 1994, il écrit un article
00:29:22 qui s'appelle "Le prophète et le prolétariat".
00:29:24 Dans cet article, qu'est-ce qu'il explique ?
00:29:26 Que l'islamisme, c'est la religion des pauvres,
00:29:28 c'est la religion des migrants, c'est la religion
00:29:30 des oppressés contre les oppresseurs.
00:29:32 Et donc on voit bien toute cette espèce
00:29:34 de mayonnaise avec ces petits bourgeois
00:29:36 de LFI et de EELV, les fameux Babtou
00:29:38 fragiles. Ils ne pourront pas
00:29:40 utiliser cette révolte des banlieues
00:29:42 à leur profit. Par contre, à défaut
00:29:44 de pouvoir réellement, ce qu'ils fantasment,
00:29:46 réellement désarmer la police,
00:29:48 ils veulent au moins la désarmer moralement
00:29:50 et ils vont évidemment aggraver la crise.
00:29:52 Pour répondre, je ne pense pas, je ne crois pas une seule
00:29:54 seconde à la convergence des luttes,
00:29:56 mais je crois que ces gens-là sont capables d'aggraver malheureusement
00:29:58 le chaos. Alors quels seront,
00:30:00 selon vous, les effets des encouragements
00:30:02 à l'émeute qui ont été prodigués par
00:30:04 certains responsables politiques ? On en a parlé.
00:30:06 Et surtout, comment expliquer
00:30:08 justement l'islamo-gauchisme ?
00:30:10 Eh bien,
00:30:12 je ne parlerai pas de responsables politiques, ils sont plutôt des
00:30:14 irresponsables, vraiment des irresponsables.
00:30:16 Parce que
00:30:18 à chaque fois d'ailleurs que
00:30:20 la gauche
00:30:22 marxiste, la gauche woke, la gauche
00:30:24 écolo fait ami-ami,
00:30:26 essaie de faire ami-ami en plus avec
00:30:28 l'islamisme, on a expliqué cet
00:30:30 islamo-gauchisme, comment ça se passe ?
00:30:32 Ça ne se passe pas bien du tout en fait.
00:30:34 À Saint-Denis, vous avez vu qu'il y a eu une
00:30:36 marche LGBT,
00:30:38 QI+, je ne sais pas combien là,
00:30:40 il y a toutes sortes de nombres après Pi, 3,
00:30:42 14, 116, donc toute cette manifestation-là,
00:30:44 ils se sont fait agresser à Saint-Denis.
00:30:46 Mais il y a eu bien pire dans l'histoire.
00:30:48 Ça s'est répété dix fois. En Iran
00:30:50 par exemple, en 1979, au moment de la révolution iranienne,
00:30:52 il y avait le parti Toudèh, le parti communiste iranien,
00:30:54 il s'est allié avec Khomeini.
00:30:56 Situé que Khomeini a pris le pouvoir,
00:30:58 il a défendu les communistes, tout de suite.
00:31:00 En Algérie, il y a eu toutes sortes
00:31:02 de gens qui ont essayé de faire ami-ami aussi
00:31:04 avec le Front Islamique du Salut,
00:31:06 ils se sont fait couper la tête.
00:31:08 Ça s'est passé en Soudan, ça s'est passé en Égypte,
00:31:10 ça s'est passé absolument partout. L'histoire
00:31:12 se répète en permanence.
00:31:14 On ne peut pas faire ami avec les
00:31:16 islamistes, une fois arrivé au pouvoir, ils vous coupent la tête.
00:31:18 Ensuite, autre point
00:31:20 fondamental, c'est qu'à
00:31:22 chaque fois que la gauche, en fait,
00:31:24 elle joue la politique du pire,
00:31:26 c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'elle confond, à mon avis,
00:31:28 le peuple et la populace,
00:31:30 ça se passe très très mal. Elle est entraînée
00:31:32 à son corps défendant et ça finit par se
00:31:34 retourner contre elle, on l'a vu pendant la révolution.
00:31:36 Là, ce qui me semble très frappant,
00:31:38 notamment dans les images qu'on a vues ce soir,
00:31:40 moi j'ai été vraiment très surpris aussi
00:31:42 que la manifestation,
00:31:44 la marche, la marche blanche,
00:31:46 la marche de dignité, en signe de
00:31:48 deuil pour un gamin de 17 ans qui est mort,
00:31:50 on a chassé les journalistes.
00:31:52 Ils ont chassé les journalistes,
00:31:54 ils ont chassé les journalistes
00:31:56 qui représentaient
00:31:58 pratiquement un état étranger.
00:32:00 Ce qui est frappant, c'est qu'on assiste à un processus chimique
00:32:02 comme de subdivision, de séparation
00:32:04 qui est presque visible à l'œil nu.
00:32:06 En fait, ils ne veulent pas d'étrangers.
00:32:08 Ils se considèrent
00:32:10 comme une entité à part. Ça y est,
00:32:12 on en est là. Et comme on voit
00:32:14 toutes tentatives de récupération, regardez ce qui est arrivé
00:32:16 aux députés bilongos, par exemple,
00:32:18 il s'est fait taper dessus. D'accord ?
00:32:20 Donc ce n'est pas possible de récupérer ça.
00:32:22 Il s'est fait exfiltrer, justement. Exfiltrer, exactement.
00:32:24 Il se fait boloss, comme on dit dans les cités.
00:32:26 Quant à Renan,
00:32:28 pour être un peu plus
00:32:30 haut niveau, Renan disait
00:32:32 la nation, très belle définition,
00:32:34 c'est le plébiscite, c'est un plébiscite
00:32:36 de tous les jours. La nation, c'est un plébiscite de tous les jours.
00:32:38 Depuis hier soir, on voit que le plébiscite
00:32:40 est perdu, en fait.
00:32:42 Et il va être, à mon avis, je crains
00:32:44 qu'il soit de plus en plus perdu.
00:32:46 En fait, on assiste à quoi ?
00:32:48 Pas du tout à la convergence des luttes, à la mode
00:32:50 bilongo-tondelier.
00:32:52 On pourrait assister peut-être
00:32:54 à la convergence entre d'un côté
00:32:56 les caïds, de l'autre côté les islamistes,
00:32:58 d'un côté Scarface,
00:33:00 si vous voulez, de l'autre Mohamed Merah.
00:33:02 Et pourquoi ? J'espère pour
00:33:04 désarmer des gamins qui sont incontrôlables.
00:33:06 Et sinon, peut-être pour les venger.
00:33:08 J'espère que non. En tout cas, force
00:33:10 doit rester à la loi. Il s'est déjà passé des choses
00:33:12 très, très, très inquiétantes la nuit dernière.
00:33:14 Les armes à feu n'ont pas encore été utilisées.
00:33:16 Elles ont été exhibées à plusieurs reprises.
00:33:18 On espère bien que non. J'espère que non.
00:33:20 Mais les émeutiers sont d'ores et déjà sortis des quartiers
00:33:22 et il y a des petites villes qui ont été livrées
00:33:24 à elles-mêmes. Par ailleurs, on me
00:33:26 dit qu'il y a eu ici des coordinations.
00:33:28 Les attaques ont commencé, par exemple, à 3h du matin
00:33:30 de manière coordonnée. Il y a
00:33:32 plusieurs unités des forces de l'ordre qui ont été
00:33:34 prises en embuscade aussi à 5h du matin.
00:33:36 Donc, il faut craindre
00:33:38 qu'on arrive à une phase dynamique
00:33:40 de cette révolte
00:33:42 et il ne faudrait pas, évidemment, qu'on en arrive là.
00:33:44 Il ne faudrait pas que le feu soit ouvert
00:33:46 de part et d'autre. C'est le plus important.
00:33:48 Force doit rester à la loi. Force
00:33:50 doit rester à la France. Et je pense qu'il serait,
00:33:52 à mon avis, temps d'enclencher
00:33:54 l'état d'urgence.
00:33:56 Justement, on en parlera tout à l'heure avec
00:33:58 Charles Ordonella sur l'état d'urgence. J'ai envie de vous
00:34:00 entendre peut-être sur cette convergence des colères.
00:34:02 Mathieu Bocote, votre regard par rapport
00:34:04 à ce que disait Guillaume Bigot, on voit
00:34:06 justement ces différents couloirs, ces différentes
00:34:08 colères. Mais est-ce que selon
00:34:10 vous, ces colères peuvent, justement,
00:34:12 converger ou pas ? Certainement
00:34:14 pas dans un projet coordonné, mais
00:34:16 dans une situation révolutionnaire. Chacun décide
00:34:18 finalement... On n'est pas dans une situation
00:34:20 révolutionnaire, on s'entend. C'est le grand
00:34:22 fantasme de la gauche depuis les années 60.
00:34:24 C'est constatant, finalement, que le peuple
00:34:26 ou le prolétariat ne voulait pas jouer le rôle
00:34:28 de chair à révolution.
00:34:30 Eh bien, on s'est tourné, je ne sais pas, vers les différentes
00:34:32 minorités qu'il fallait fédérer. Mais elles
00:34:34 n'étaient fédérées que dans l'esprit de la gauche
00:34:36 qui créait des catégories, rappelez-vous, dans ces années-là. On disait
00:34:38 les femmes, les prisonniers,
00:34:40 les aliénémentaux, les drogués,
00:34:42 les minorités sexuelles, les immigrants.
00:34:44 Qu'est-ce que tous ces gens-là font dans la même catégorie ?
00:34:46 Dans l'esprit de la gauche, ces gens-là auraient
00:34:48 des intérêts partagés, faire tomber le système
00:34:50 dans les faits seuls dans son esprit.
00:34:52 Mais dans une situation, dans une société
00:34:54 qui se déglingue, qui se disloque,
00:34:56 alors là, il peut y avoir des gens qui décident
00:34:58 de s'entendre pour taper sur le méchant
00:35:00 du moment. Le méchant du moment, c'est la République,
00:35:02 c'est la France, c'est le grand méchant homme blanc,
00:35:04 c'est la police. Ça, c'est autre chose.
00:35:06 Mais le plan... La convergence
00:35:08 des luttes version progressiste, c'est un
00:35:10 fantasme, c'est un fantasme érotique progressiste,
00:35:12 mais qui n'est pas à l'avance de se concrétiser.
00:35:14 - Un mot, peut-être, Charlotte,
00:35:16 je me tourne vers vous, sur la manifestation,
00:35:18 la marche qui a eu lieu cet après-midi
00:35:20 avec 6200 personnes,
00:35:22 selon la police, qui a commencé
00:35:24 vraiment dans le calme, qui a dégénéré
00:35:26 ensuite, j'en ai parlé en-dessus,
00:35:28 de dégradation du drapeau français,
00:35:30 des voitures incendie, etc. Il y a une image
00:35:32 qui a choqué sur les réseaux sociaux,
00:35:34 qu'on ne va pas montrer,
00:35:36 mais c'est celle de la mère
00:35:38 de Naël,
00:35:40 qui a un peu bouleversé.
00:35:42 Quel regard vous pouvez avoir, justement,
00:35:44 sur... Trois questions.
00:35:46 Cette image qui a... Pardon,
00:35:48 je vous prends un peu sur le vif.
00:35:50 Cette image qui a bouleversé
00:35:52 comment on peut comprendre,
00:35:54 en prenant des pincettes, bien sûr, en respectant
00:35:56 cette mère en deuillet.
00:35:58 Deuxième question, la présence d'Assad Traoré,
00:36:00 qui a été très
00:36:02 critiquée.
00:36:04 Et troisièmement, tous les slogans,
00:36:06 qui ont été repris, les slogans de l'FI,
00:36:08 "Justice pour Naël", "La police tue",
00:36:10 qui ont été repris. Pardon, trois questions en une.
00:36:12 - Non, mais c'est vrai qu'on a vu à la fois
00:36:14 la mère de Naël avec un comportement qui est
00:36:16 en effet étonné,
00:36:18 dans la liesse,
00:36:20 la quasi-liesse, et au minimum,
00:36:22 il y a une sorte de malaise, en fait, devant les images.
00:36:24 Mais voilà, je m'arrêterai là sur le commentaire,
00:36:26 parce qu'en effet, je ne sais pas dans quel état
00:36:28 elle est et comment elle gère la situation.
00:36:30 Mais ce qui est sûr,
00:36:32 c'est que dans cette marche, on a vu surtout
00:36:34 une prise en main absolument politique
00:36:36 de la marche elle-même.
00:36:38 En 24 heures, tout le monde avait les mêmes t-shirts
00:36:40 qu'avaient été faits. Assa Traoré est
00:36:42 devenue une professionnelle
00:36:44 de l'organisation de ce genre de marche,
00:36:46 à des fins politiques, et non pas
00:36:48 à des fins d'hommage. Naël était un
00:36:50 prétexte à ce discours de fond
00:36:52 qui est repris en permanence.
00:36:54 On l'a vu dès hier
00:36:56 chez certains responsables politiques,
00:36:58 mais là, c'était absolument flagrant
00:37:00 dans la prise en main, on va dire,
00:37:02 de cette marche blanche.
00:37:04 - Très juste, les remarques de Charlotte.
00:37:06 Et en plus, on peut se poser la question
00:37:08 d'où vient l'argent, c'est-à-dire qui finance
00:37:10 Assa Traoré? C'est une question,
00:37:12 je n'ai pas la réponse.
00:37:14 - Oui, on va faire un mot sur la présence d'Assa Traoré.
00:37:16 Ça nous montre à quel point il y a une volonté
00:37:18 très nette d'enrégimenter cette colère du moment
00:37:20 dans les luttes indigénistes que l'on connaît
00:37:22 depuis des années et qui, elles, ont une stratégie
00:37:24 politique précise. C'est une logique à la fois,
00:37:26 on en parle souvent, de sécession, et à la fois
00:37:28 de conquête de l'espace public. Donc,
00:37:30 on a une volonté de détruire la France et de faire
00:37:32 sécession en même temps, sur le mode de république
00:37:34 ethno-religieuse qui serait portée
00:37:36 par les indigénistes. Il faut garder ça à l'esprit,
00:37:38 sa présence n'est pas... C'est une forme
00:37:40 d'agitatrice professionnelle, aujourd'hui.
00:37:42 Très douée pour faire ce travail, mais est-ce que
00:37:44 la France a à ce point besoin d'agitateurs professionnels?
00:37:46 - Non, mais ce qui est extraordinaire,
00:37:48 effectivement, c'est que, quand on regarde
00:37:50 les images cet après-midi,
00:37:52 il y a la manifestation de gens qui se disent
00:37:54 "Maintenant, nous sommes chez nous,
00:37:56 vous vous taisez, vous n'avez même pas le droit
00:37:58 dans vos médias d'être là.
00:38:00 Vous n'êtes pas de notre monde.
00:38:02 Ce monde nous appartient. Pourquoi
00:38:04 il nous appartient? Parce que nous sommes
00:38:06 les opprimés. Parce que depuis
00:38:08 des siècles, vous avez fait en sorte
00:38:10 de mépriser
00:38:12 nos...
00:38:14 nos ancêtres. Et là, on est
00:38:16 dans une sorte de folie, dans quelque chose
00:38:18 qui est attisé au quotidien
00:38:20 sans la moindre réflexion.
00:38:22 On fait appel et on réveille
00:38:24 les plus bas instincts chez les individus
00:38:26 et chez des gamins
00:38:28 qui sont incapables de comprendre tout ça.
00:38:30 - Tous ne sont pas comme ça, heureusement.
00:38:32 - Je parle de ce qui me frappe,
00:38:34 c'est le délire idéologique d'une partie de la gauche
00:38:36 qui dit "Ces émeutes, c'est un appel à la République."
00:38:38 Parce qu'on décide
00:38:40 de tout détruire, parce qu'on se dit
00:38:42 "La République ne tient pas ses promesses à notre endroit,
00:38:44 donc nous demandons d'être intégrés dans la République
00:38:46 en détruisant tout."
00:38:48 À ce moment précis, la sociologie
00:38:50 est une subdivision d'un problème psychiatrique.
00:38:52 - Alors, c'est là où on peut se demander
00:38:54 si tout cela n'était pas prévisible.
00:38:56 C'est là où on peut se demander
00:38:58 si on n'est pas en train de rejouer un disque
00:39:00 depuis 20 ans.
00:39:02 N'a-t-on pas fermé les yeux pendant toutes ces années
00:39:04 sur ce qu'on appelle le mal-être des banlieues ?
00:39:06 Comment analyser ce qui se passe aujourd'hui
00:39:08 par rapport aux émeutes de 2005 ?
00:39:10 Pourquoi près de 20 ans plus tard,
00:39:12 on se retrouve à poser les mêmes questions.
00:39:14 L'état des quartiers, la police, l'inclusion,
00:39:16 l'intégration, c'est le même disque ?
00:39:18 - Oui, c'est clairement
00:39:20 une histoire sans fin.
00:39:22 Je me focalise aujourd'hui sur le rapport
00:39:24 sur la question de la sécurité
00:39:26 et du lien avec la sécurité
00:39:28 qui dépasse la question de la sécurité
00:39:30 puisque les policiers ne sont plus
00:39:32 que les derniers représentants de l'État.
00:39:34 C'est bien l'État et la France
00:39:36 qui est visée à travers eux dans ces quartiers-là.
00:39:38 Je me focalise là-dessus en particulier
00:39:40 parce qu'il faut le préciser,
00:39:42 il y a de nombreuses villes,
00:39:44 de nombreuses campagnes,
00:39:46 de nombreux petits villages dans ce pays
00:39:48 qui souffrent considérablement
00:39:50 de l'abandon, du recul des services publics.
00:39:52 On en a beaucoup parlé au moment des Gilets jaunes.
00:39:54 Or, on ne retrouve pas ce même modèle
00:39:56 d'émeute à répétition
00:39:58 et d'appel à l'émeute
00:40:00 et de collectivisme de l'émeute.
00:40:02 Je me focalise vraiment sur cette question.
00:40:04 Il y a évidemment mille questions
00:40:06 qui se posent sur les banlieues
00:40:08 et sur la question politique.
00:40:10 Là, c'est celle-ci qui nous intéresse
00:40:12 dans les circonstances.
00:40:14 Quand je dis que c'est une histoire sans fin,
00:40:16 c'est que l'histoire de ces émeutes se répète.
00:40:18 On a souvent exactement le même phénomène.
00:40:20 Un prétexte qui implique un policier,
00:40:24 d'une manière ou d'une autre,
00:40:26 l'embrasement qui est immédiat
00:40:28 et ensuite des réactions politiques
00:40:30 qui sont soit encourageantes
00:40:32 et elles sont de plus en plus nombreuses.
00:40:34 Les réactions encourageantes, en 2005,
00:40:36 dans la classe politique,
00:40:38 on était juste craintif.
00:40:40 Personne n'encourageait les émeutes.
00:40:42 Donc elles sont soit matinées d'encouragement,
00:40:44 soit de crainte carrément
00:40:46 et les deux se recoupent finalement.
00:40:48 Parce que quand vous avez peur ou quand vous encouragez,
00:40:50 vous finissez par tenir le même discours.
00:40:52 C'est un peu ce dont on parlait hier
00:40:54 et c'est ce qu'il y a de très inquiétant.
00:40:56 Et il y a trois temps dans les réactions
00:40:58 qui sont à peu près toujours les mêmes.
00:41:00 La première chose, c'est qu'immédiatement,
00:41:02 vous lâchez en pâture le policier
00:41:04 et donc les policiers
00:41:06 en dépit de toutes les règles
00:41:10 que l'on s'impose dans le débat public d'habitude.
00:41:12 Il n'est plus question,
00:41:14 même dans la bouche des avocats en plateau de télévision,
00:41:16 de présomption d'innocence.
00:41:18 Ça n'existe plus.
00:41:20 On se dit "là, ce n'est pas le sujet".
00:41:22 "Là, vraiment, ce n'est pas le sujet".
00:41:24 Il n'y a pas d'attente des circonstances.
00:41:26 Le procureur a parlé aujourd'hui, ça n'existe pas.
00:41:28 Il a expliqué tout ce qui s'était passé
00:41:30 avant cette scène-là.
00:41:32 C'est évidemment important pour la justice.
00:41:34 C'est important précisément pour comprendre
00:41:36 ce qui s'est passé.
00:41:38 Ça ne veut pas dire qu'on a le fin mot de l'histoire.
00:41:40 Ça ne veut pas dire que la justice condamnera ou ne condamnera pas.
00:41:42 Simplement, ça aide à la compréhension.
00:41:44 Si on veut se pencher sur l'histoire,
00:41:46 ce n'est évidemment pas ce que les émeutiers veulent.
00:41:48 Et on n'a plus de séparation des pouvoirs
00:41:50 puisque le président de la République lui-même
00:41:52 clôt l'enquête avant même qu'elle existe.
00:41:54 Donc l'enquête ne sert à rien.
00:41:56 Et politiquement, on voit bien que la première chose,
00:41:58 c'est de montrer sa désapprobation
00:42:00 sur la police.
00:42:02 Ça a l'air rentable politiquement.
00:42:04 Ça a l'air d'être un moyen d'acheter la paix sociale.
00:42:06 Probablement que le résultat
00:42:08 est sous nos yeux.
00:42:10 Mais on ne le connaît pas au minimum.
00:42:12 - Parenthèse, ce matin, la première ministre avait déjà annoncé
00:42:14 la possible mise en examen du policier.
00:42:16 - C'est ça.
00:42:18 Là, on n'a plus du tout les mêmes règles
00:42:20 que d'habitude dans le débat public.
00:42:22 Et c'est systématiquement le cas.
00:42:24 Souvenez-vous d'Emmanuel Macron
00:42:26 qui, déjà à l'époque, soutenait François Hollande
00:42:28 qui allait au chevet de Théo.
00:42:30 C'était exactement la même histoire.
00:42:32 Il y avait des émeutes également.
00:42:34 Et l'enquête était encore en cours.
00:42:36 C'est l'affaire Traoré qui dure depuis des années
00:42:38 et qui est une exposition d'Assata Traoré
00:42:40 et de son seul discours sur cette affaire
00:42:42 qui est exactement pareil.
00:42:44 C'est l'affaire avec Zyed et Bouna.
00:42:46 Je prends toutes ces affaires-là. Pourquoi ?
00:42:48 Parce que dans ces affaires, la justice passe.
00:42:50 Elle met du temps. Et ça n'intéresse plus personne.
00:42:52 Donc personne ne cherche à savoir
00:42:54 ce qu'il se passe réellement,
00:42:56 quelles sont les conditions de l'exercice
00:42:58 à la fois du métier et également du rapport
00:43:00 avec les personnes dans ces banlieues-là.
00:43:02 Je veux dire, ce n'est pas ça qui intéresse.
00:43:04 Il faut un prétexte et c'est la seule chose qui compte.
00:43:06 Et on comprend bien que les policiers
00:43:08 de manière générale, et là je m'éloigne
00:43:10 de cette affaire en particulier,
00:43:12 sont finalement une variable d'ajustement
00:43:14 de la paix sociale dans ces quartiers-là.
00:43:16 Pourquoi ? Parce qu'au même moment
00:43:18 où vous avez un discours qui n'est jamais
00:43:20 le même quand ce sont des policiers
00:43:22 ou d'autres personnes qui sont appliquées dans ces affaires,
00:43:24 à l'inverse, ce sont également aux policiers
00:43:26 que l'on demande d'assumer
00:43:28 tous les enjeux politiques
00:43:30 qui ne sont pas réglés. On vient de parler
00:43:32 de toutes les colères, les colères qui
00:43:34 politiquement ne sont pas traitées. Quand on n'a pas des réponses
00:43:36 directes, on les transforme immédiatement
00:43:38 en question de maintien de l'ordre.
00:43:40 Donc les policiers, à la fois on les lâche et en même temps
00:43:42 on ne compte plus que sur eux.
00:43:44 Donc ce ne sont pas les mêmes,
00:43:46 à la fin ce sont quand même les mêmes.
00:43:48 Ce sont quand même les mêmes et on le sait que, évidemment,
00:43:50 eux, ils regardent ça de plus en plus
00:43:52 dubitatif. C'est-à-dire, qu'est-ce que
00:43:54 vous attendez réellement de nous ?
00:43:56 Qu'est-ce que vous attendez réellement de nous ? Parce que par ailleurs,
00:43:58 il y a un nombre de policiers incalculables qui est blessé
00:44:00 dans des refus d'obtempérer, ça n'intéresse personne
00:44:02 non plus. Ça n'est pas un sujet
00:44:04 qui est traité de la même manière.
00:44:06 Et dans les banlieues que l'on sait plus criminogènes
00:44:08 que d'autres territoires en France,
00:44:10 et là pour le coup, c'est un fait,
00:44:12 on constate une croissance de l'impunité
00:44:14 qui est liée justement à ce
00:44:16 discours politique qui n'est vraiment pas clair
00:44:18 et qui s'adapte en permanence à la
00:44:20 crainte de la situation.
00:44:22 On demande aux policiers de ne pas
00:44:24 provoquer par leur seule
00:44:26 présence. Donc on renonce
00:44:28 même à assumer
00:44:30 la présence de la police parce que ce serait
00:44:32 déjà une provocation. Vous imaginez le retournement
00:44:34 dans l'esprit.
00:44:36 En même temps, à chaque fois qu'il y a un drame
00:44:38 qui n'implique pas un policier, on se demande ce que la police
00:44:40 fait. C'est une question qui revient en permanence.
00:44:42 Mais que fait la police ?
00:44:44 C'est-à-dire une voiture qui, après un refus
00:44:46 d'obtempérer, continue sa course et renverse
00:44:48 une grand-mère, on se demande ce qu'elle fait. Donc il faut
00:44:50 clarifier. On peut changer les règles.
00:44:52 On peut changer les règles d'intervention.
00:44:54 Il faut le clarifier, le politique doit le clarifier,
00:44:56 c'est son rôle, et donc l'assumer derrière.
00:44:58 Ensuite, la réponse pénale, on le sait
00:45:00 pour diverses raisons, ne suit pas l'action policière
00:45:02 correctement. Ensuite,
00:45:04 les policiers sont malgré tout un des
00:45:06 derniers services publics qui restent
00:45:08 dans ces banlieues. On dit en permanence
00:45:10 ce sont des zones de non-droit et
00:45:12 seules la police rentre. Les pompiers
00:45:14 n'arrivent plus à rentrer sans la police.
00:45:16 Les médecins n'y vont plus. Les professeurs
00:45:18 exercent leur droit de retrait.
00:45:20 Donc, en effet, la police, qui est
00:45:22 quand même un service public de répression, évidemment,
00:45:24 est la dernière présence
00:45:26 qui arrive
00:45:28 dans ces circonstances. Donc, quand l'État
00:45:30 est visé, c'est évidemment la police
00:45:32 qui prend.
00:45:34 Donc, on comprend qu'à ce moment-là,
00:45:36 si vous n'attendez pas
00:45:38 la condamnation pour condamner
00:45:40 en effet le policier, mais que
00:45:42 simplement la crainte de l'émeute vous
00:45:44 fait clore l'enquête avant qu'elle existe,
00:45:46 eh bien, on comprend très bien que c'est une faiblesse
00:45:48 inouïe qui est exposée. C'est évidemment
00:45:50 une faiblesse puisque le président de la République
00:45:52 ne commente aucune autre affaire,
00:45:54 et même dans des affaires absolument sordides
00:45:56 qu'on a vues extrêmement récemment,
00:45:58 Emmanuel Macron, appelé à se prononcer,
00:46:00 a répondu que l'enquête était en cours.
00:46:02 Systématiquement. Ce sont
00:46:04 les seules fois où le président de la République
00:46:06 ne fait pas cette réponse-là. C'est
00:46:08 la preuve d'une immense faiblesse, me semble-t-il.
00:46:10 Je vous taquine un peu, mais est-ce que c'est
00:46:12 pas compréhensible de vouloir acheter
00:46:14 la paix sociale, justement,
00:46:16 en allant dans ce sens-là ? Et le problème,
00:46:18 c'est qu'on achète la paix sociale, c'est exactement
00:46:20 la question de la réaction. Est-ce que l'état d'urgence
00:46:22 est nécessaire, là, aujourd'hui ? Oui, évidemment.
00:46:24 C'est-à-dire que, est-ce que le couvre-feu semble être une bonne idée ?
00:46:26 Oui, évidemment, étant donné les émeutes.
00:46:28 Encore faut-il avoir les moyens de le faire respecter.
00:46:30 Ça, c'est l'autre chose.
00:46:32 Mais la question, vouloir acheter la paix
00:46:34 dans un moment d'émeute, évidemment
00:46:36 que c'est légitime. Simplement, ce qui serait bien,
00:46:38 c'est qu'on l'achète sur le long terme. Ce qui serait bien,
00:46:40 c'est que la France ne paye pas en permanence
00:46:42 le prix de l'incurie politique
00:46:44 dans les moments qui ne sont pas des moments
00:46:46 d'émeute permanente, mais qui sont des moments
00:46:48 larvés d'émeute quand même.
00:46:50 Et c'est justement l'état d'urgence.
00:46:52 Beaucoup ont appelé à mettre en place
00:46:54 l'état d'urgence pour en mettre un terme
00:46:56 assez violent. Ce qu'en pensez-vous ?
00:46:58 Le problème, c'est que l'état d'urgence, c'est-à-dire pas les moyens
00:47:00 de l'état d'urgence, mais un état d'urgence,
00:47:02 il est devenu permanent.
00:47:04 On ne va pas reciter tous les soirs le témoignage
00:47:06 d'appels à l'aide, d'appels au secours
00:47:08 des habitants de ces quartiers
00:47:10 qui, depuis des années, témoignent, crient dans le désert.
00:47:12 Mais réellement, l'état d'urgence
00:47:14 dans la vie de ces personnes,
00:47:16 il est quotidien, et depuis de longues années.
00:47:18 Donc en effet, est-ce qu'il faut déclencher
00:47:20 l'état d'urgence devant la situation ?
00:47:22 Ça, c'est à l'appréciation des professionnels
00:47:24 et je les laisserai faire.
00:47:26 Simplement, il ne faudrait pas qu'à chaque fois qu'il y a ce genre
00:47:28 d'émeute, ce soit le moyen d'augmenter
00:47:30 un peu plus la répression de tous
00:47:32 sans jamais réussir à cibler correctement les personnes
00:47:34 qui mettent en danger le pays.
00:47:36 C'est-à-dire que moi, je veux bien qu'on mette le pays entier sous surveillance,
00:47:38 qu'on confine tout le monde, qu'on mette des...
00:47:40 comment... des...
00:47:42 je viens de dire le mot...
00:47:44 le soir, là, des...
00:47:46 on refait merci pour toute la population,
00:47:48 mais résultat, on sait très bien comment ça fonctionne.
00:47:50 Les gens qui sont normalement
00:47:52 ciblés par ces mesures-là ne les respectent
00:47:54 jamais. Donc il ne faut pas
00:47:56 augmenter le taux de répression pour tout le monde
00:47:58 et échapper, et laisser s'échapper
00:48:00 de cette répression générale
00:48:02 les personnes que l'on prétend viser.
00:48:04 Ça, c'est la première chose. Et la deuxième chose, c'est que
00:48:06 j'ai l'impression que l'état d'urgence
00:48:08 appartient à une situation
00:48:10 d'urgence extrême, comme on en voit
00:48:12 depuis deux nuits, mais l'état d'urgence
00:48:14 permanent dans ces banlieues-là, lui,
00:48:16 il appelle un traitement de fond.
00:48:18 Et j'ai l'impression, franchement, qu'on traite
00:48:20 quotidiennement des informations
00:48:22 lunaires sur ce terrain-là
00:48:24 sans jamais les lier les unes aux autres.
00:48:26 J'ai fait une petite liste, tout simplement, mais...
00:48:28 parce que là, depuis deux jours, on nous dit
00:48:30 "ça nous rappelle 2005". Enfin, pardon, entre 2005
00:48:32 et hier, il s'est passé beaucoup de choses.
00:48:34 C'est-à-dire que c'est pas... depuis 2005, c'est pas tout
00:48:36 est revenu dans le calme, mais là, tout à coup, ça revient.
00:48:38 On traite quoi ? Il y a les émeutes de 2005, d'accord.
00:48:40 Qui se souvient de celles de 2020 ?
00:48:42 En plein confinement, au mois d'avril,
00:48:44 parce qu'un jeune, déjà, avait été renversé sur son scooter,
00:48:46 il avait refusé d'obtempérer également,
00:48:48 il avait été blessé, il s'était cassé la jambe, je crois.
00:48:50 Émeutes, pendant le confinement,
00:48:52 pendant que le reste de la France entière
00:48:54 était confinée. On a les policiers
00:48:56 brûlés dans une voiture, policiers chargés
00:48:58 de surveiller une caméra de surveillance.
00:49:00 Je sais pas si on a bien analysé
00:49:02 cette... cette... information.
00:49:04 Les noms des policiers qui circulent, qui sont
00:49:06 affichés sur les murs, les noms de leurs familles
00:49:08 qui sont affichés dans les halls d'immeubles.
00:49:10 Les fonctionnaires qui ne veulent plus aller dans les quartiers.
00:49:12 Les affrontements de Dijon.
00:49:14 On n'a pas bien pris le recul. Les affrontements de Dijon
00:49:16 entre la communauté tchétchène et la communauté maghrébine,
00:49:19 qui se règle par l'imam
00:49:21 de la ville, qui est obligé de venir et qui ramène le calme.
00:49:23 Est-ce que tout le monde comprend bien ce qui s'est passé
00:49:25 à ce moment-là ? Je ne suis pas sûre non plus.
00:49:27 Le taux de délinquance qui ne cesse d'augmenter.
00:49:29 Le trafic de drogue, évidemment, qui se répand
00:49:31 avec là une violence qui apparemment
00:49:33 n'intéresse personne, parce que la peine
00:49:35 de mort, la peine de mort, non pas le Louis Boyard,
00:49:37 alors là, par contre, c'est officiel et c'est, comment dire,
00:49:40 c'est un mode d'emploi, c'est un mode de gouvernement
00:49:43 dans le trafic de drogue, la peine de mort.
00:49:45 Les guet-apens pour les pompiers,
00:49:47 les guet-apens pour les médecins, les guet-apens pour les policiers,
00:49:49 qui sont eux, quotidiens. On n'attend pas
00:49:51 les scènes d'émeutes, comme on voit là.
00:49:53 Les refus d'obtempérer, évidemment, les policiers
00:49:55 n'ont plus aucune autorité devant des jeunes
00:49:57 de plus en plus jeunes. Et les témoignages
00:49:59 incessants de ces habitants, la guerre
00:50:01 des territoires, la guerre des bandes et le concours
00:50:03 de qui brûlera le plus d'écoles
00:50:05 dans la semaine, on n'a pas attendu récemment.
00:50:07 Or, nous avons quoi ?
00:50:09 À chaque fois, des profils archi-connus,
00:50:11 des casiers en général longs comme le bras,
00:50:13 des parcours délinquants ultra-complets,
00:50:16 et dans ce parcours-là,
00:50:18 aucune butée claire.
00:50:20 Et pourtant, et c'est ce qu'on souligne moins,
00:50:22 dans ces mêmes quartiers, vous avez des gens
00:50:24 aux parcours absolument exemplaires.
00:50:26 Alors, c'est quoi la différence ?
00:50:28 C'est quoi la différence ?
00:50:30 C'est évidemment une question d'éducation,
00:50:32 c'est une question de rapport au pays,
00:50:34 c'est une question de rapport à l'autorité,
00:50:36 c'est une question de modèle, et évidemment,
00:50:38 se pose là aussi la question des parents.
00:50:40 Je suis désolée, mais on nous explique en permanence
00:50:42 que les parents sont sans cesse dépassés,
00:50:44 mais il y a des parents qui y arrivent.
00:50:46 Et ils ne sont pas beaucoup mieux lotis que les autres,
00:50:48 quand vous allez les voir. Ils ne sont pas mieux lotis que les autres.
00:50:50 Les mères de familles qui appellent au secours,
00:50:52 c'est les mêmes que les autres. Simplement, elles ont
00:50:54 une ambition qui est un peu plus citoyenne,
00:50:56 probablement, pour leurs enfants. Ce serait bien
00:50:58 qu'on arrive à faire la différence entre ces personnes-là.
00:51:00 Quel est ce recul politique
00:51:02 dont nous payons les conséquences,
00:51:04 justement, aujourd'hui ?
00:51:06 Alors là, très rapidement, c'est extrêmement large,
00:51:08 c'est pour ça que le chantier est extrêmement vaste.
00:51:10 L'abandon de l'autorité, évidemment.
00:51:12 Quand vous renoncez vous-même à imposer l'autorité,
00:51:14 quand vous la détruisez vous-même,
00:51:16 d'autres autorités s'y substituent.
00:51:18 Parce que je parle du trafic de drogue,
00:51:20 là, en termes d'autorité, on est au max.
00:51:22 C'est-à-dire que c'est l'horreur absolue.
00:51:24 C'est la peur qui règne, et ça n'est que ça.
00:51:26 L'impuissance pénale, évidemment.
00:51:28 Là encore, d'autres justices s'y substituent.
00:51:30 Et ce sont des justices, il n'y a pas de contradictoire.
00:51:32 Et il y a la peine de mort.
00:51:34 Je rappelle à Louis Boyard s'il nous écoute.
00:51:36 L'immigration continue, évidemment.
00:51:38 Là, on parle de jeunes qui sont...
00:51:40 On arrive à la quatrième ou cinquième génération.
00:51:42 Ils sont nés en France, ils sont administrativement français,
00:51:44 il n'y a aucun doute là-dessus.
00:51:46 Or, on est en train de se dire que le flux continue,
00:51:48 alors qu'il n'y a même pas le début d'une insertion citoyenne.
00:51:50 Je ne parle même pas du reste.
00:51:52 Cette insertion de base n'existe pas,
00:51:54 et on se réfère à d'autres modèles,
00:51:56 à des appartenances, à des institutions,
00:51:58 à des autres modèles, à des appartenances alternatives.
00:52:00 Cette question, évidemment,
00:52:02 est également présente dans les émeutes.
00:52:04 La démission, évidemment,
00:52:06 quand par souci de paix sociale,
00:52:08 vous prenez le parti des émeutiers,
00:52:10 contre les personnes dont ils empoisonnent la vie
00:52:12 tout le reste de l'année,
00:52:14 c'est vraiment que vous avez totalement démissionné.
00:52:16 Et l'affaiblissement considérable d'une école
00:52:18 à qui on demande en dernier lieu d'être un rempart
00:52:20 un peu alternatif à celui de la police,
00:52:22 mais quand vous n'avez pas d'éducation de base,
00:52:24 quand vous avez une violence hallucinante,
00:52:26 quand la France française n'est pas maîtrisée
00:52:28 et que vous avez une islamisation rampante
00:52:30 dans ses quartiers, notamment à l'école,
00:52:32 évidemment, elle ne peut plus faire son travail.
00:52:34 Et vous ajoutez à tout ça la diabolisation
00:52:36 de tous ceux qui expliquent ça
00:52:38 calmement, avec des arguments depuis des années.
00:52:40 Et puis vous en arrivez à une situation
00:52:42 qui est, objectivement,
00:52:44 qui a l'air insoluble.
00:52:46 Et c'est vraiment avec tristesse que je le dis,
00:52:48 mais qui a l'air de plus en plus insoluble.
00:52:50 - Le lien est fait directement avec votre regard,
00:52:52 Marc Menand. La France des territoires,
00:52:54 une France à part entière ou entièrement à part ?
00:52:56 - Déjà, la réponse est dans la question.
00:52:58 La France des territoires.
00:53:00 Alors, il y a quelques années,
00:53:02 c'était la France des banlieues.
00:53:04 Après, on a eu la France des quartiers.
00:53:06 Et maintenant, c'est carrément
00:53:08 la France des territoires.
00:53:10 Ça veut dire quoi, territoire ?
00:53:12 Ça veut dire que l'on a constitué
00:53:14 des micro-fiefs,
00:53:16 qu'il y a des lieux où la France
00:53:18 n'existe plus, c'est-à-dire
00:53:20 que la République a limité.
00:53:22 Vous avez la principauté de Monaco,
00:53:24 puis vous avez la principauté de Saint-Denis,
00:53:26 vous avez la principauté de Montfermeil.
00:53:28 Et en ces lieux-là,
00:53:30 il y a une résignation totale.
00:53:32 Ce n'est pas l'esprit citoyen
00:53:34 qui règne, non.
00:53:36 Il y a un désir d'identification,
00:53:38 soi-disant,
00:53:40 parce que l'on a été, je reprends le terme
00:53:42 de tout à l'heure, désopprimés.
00:53:44 On essaie de faire croire, ces gens,
00:53:46 qu'ils sont les exclus
00:53:48 de par leur origine.
00:53:50 Et par conséquent, comme ils sont
00:53:52 les exclus, à eux
00:53:54 de trouver le moyen
00:53:56 d'une réhabilitation. Et cette réhabilitation,
00:53:58 c'est quoi ? C'est la religion.
00:54:00 Et grâce à la religion,
00:54:02 on a une dignité. On oublie quoi ?
00:54:04 On oublie que la banlieue,
00:54:06 comme certains quartiers
00:54:08 parisiens, il suffit de feuilleter
00:54:10 les livres d'histoire,
00:54:12 il y a toujours eu
00:54:14 des lieux qui étaient ceux
00:54:16 d'aigüe, ceux de ceux qui avaient
00:54:18 moins bien réussi que
00:54:20 les autres. Dans les années 60,
00:54:22 vous aviez les cités d'urgence.
00:54:24 C'était ceux qui n'avaient pas
00:54:26 de logement. Et on a commencé
00:54:28 à ériger les cités HLM.
00:54:30 Et dans ces circonstances-là,
00:54:32 d'ailleurs, il y avait des bandes
00:54:34 qui se constituaient, c'était les bandes de durs,
00:54:36 les blousons noirs, mais on restait
00:54:38 dans l'esprit de la République.
00:54:40 On était éventuellement dans la
00:54:42 colère, on allait aller bousculer
00:54:44 certains des éléments
00:54:46 constituant
00:54:48 la logique
00:54:50 sociale, mais il n'en reste pas
00:54:52 moins qu'on avait la fierté
00:54:54 d'une appartenance-là. Il n'y a plus
00:54:56 d'appartenance, on est dans ce territoire
00:54:58 et vous n'avez pas le droit
00:55:00 d'y venir. La police n'a pas le droit
00:55:02 d'y venir. Pourquoi ? Parce que justement,
00:55:04 elle représente ceux
00:55:06 qui vous ont méprisé, ceux qui
00:55:08 vous ont exclu. Ils voudraient
00:55:10 que l'on respecte
00:55:12 leur autorité. Nous ne voulons pas
00:55:14 de cette autorité.
00:55:16 Ça n'existe pas.
00:55:18 Nous, nous devons vivre
00:55:20 selon nos mœurs. Alors,
00:55:22 il y a dans les circonstances atténuantes,
00:55:24 il faut toujours avoir des circonstances atténuantes.
00:55:26 Dans un tribunal, on ne peut pas
00:55:28 être uniquement à charge.
00:55:30 Que s'est-il passé exactement ?
00:55:32 Eh bien, oui, les cités
00:55:34 n'ont pas été spécialement bien
00:55:36 conçues. On a eu aussi
00:55:38 une arrivée migratoire
00:55:40 que l'on n'a pas cherchée
00:55:42 à mener
00:55:44 de façon judicieuse.
00:55:46 C'était le flux, le flux, le flux.
00:55:48 Et au lieu de
00:55:50 s'inquiéter de ce flux,
00:55:52 qui interdisait, bien évidemment,
00:55:54 le principe d'assimilation ?
00:55:56 C'est quoi l'assimilation ? Ce sont des gens
00:55:58 qui viennent d'ailleurs, qui ignorent tout.
00:56:00 Éventuellement, on représente le rêve.
00:56:02 La France, même quand on n'est pas
00:56:04 très instruit, c'est le lieu de la
00:56:06 prospérité. C'est l'endroit
00:56:08 où on va pouvoir se réaliser.
00:56:10 Vous vous présentez là, pof,
00:56:12 vous êtes placé dans un endroit,
00:56:14 à la limite, vous voyez de moins en moins
00:56:16 de Français. Pourquoi de moins en moins de Français ?
00:56:18 Parce qu'il y a ce surnom qui
00:56:20 vient, et les Français eux-mêmes
00:56:22 finissent par quitter cet endroit.
00:56:24 Et par conséquent,
00:56:26 plutôt que de vous assimiler,
00:56:28 de vous dire "voilà ce qu'est
00:56:30 la République, ce qu'est le
00:56:32 principe de laïcité,
00:56:34 le principe du libre-arbitre",
00:56:36 vous êtes là, vous gardez
00:56:38 vos tenues, et vous épousez
00:56:40 comme toujours la
00:56:42 tradition du pays
00:56:44 dans lequel vous venez.
00:56:46 Et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé
00:56:48 là dans cette histoire de la
00:56:50 fédération et le football.
00:56:52 Ça témoigne bien de cet
00:56:54 état d'esprit de la renonciation
00:56:56 à la laïcité, à la République,
00:56:58 et de dire "vous vivez comme
00:57:00 vous le voulez". Vous avez des jeunes filles qui disent
00:57:02 "c'est terrible, on nous interdit
00:57:04 de pratiquer le sport". Ah bon ?
00:57:06 On vous interdit de pratiquer le sport ?
00:57:08 Qui vous a dit de ne venez surtout pas ?
00:57:10 On dit au contraire, venez,
00:57:12 et on vous apprend les règles.
00:57:14 Et pour bien jouer
00:57:16 à un sport, on a cherché
00:57:18 bien avant que votre civilisation
00:57:20 vienne chez nous,
00:57:22 on a cherché à imaginer la meilleure de tenue
00:57:24 pour pratiquer au mieux ce sport.
00:57:26 Et là elles disent "non, non, non, non,
00:57:28 ça nous empêche, ça attaque notre pudeur".
00:57:30 Qu'est-ce que c'est que cette notion
00:57:32 de pudeur ? Alors,
00:57:34 on a fait en sorte que ce soit
00:57:36 la fédération qui délibère.
00:57:38 Et la fédération, elle revendique
00:57:40 les valeurs républicaines
00:57:42 et citoyennes, la lutte
00:57:44 contre toutes les formes de
00:57:46 discrimination. Alors ça veut dire quoi ?
00:57:48 Ça veut dire que c'est bien
00:57:50 les valeurs républicaines
00:57:52 citoyennes
00:57:54 qui luttent contre les
00:57:56 discriminations, que la discrimination
00:57:58 c'est bien de porter le voile,
00:58:00 parce qu'en portant le voile, vous sortez
00:58:02 du repère républicain.
00:58:04 L'égalité
00:58:06 homme-femme, eh bien c'est quoi l'égalité
00:58:08 homme-femme ? Vous jouez au football dans la meilleure
00:58:10 des tenues, donc vous ne mettez pas
00:58:12 un habit qui vous distingue
00:58:14 et qui vous empêche
00:58:16 d'être dans la logique sportive et dans l'esprit
00:58:18 de court, Bertin. Vous voyez donc
00:58:20 dans ce non-sens dans lequel nous sommes,
00:58:22 parce qu'on n'ose pas revendiquer
00:58:24 les valeurs républicaines,
00:58:26 on en a honte, et
00:58:28 de là, eh bien il y a une sorte de
00:58:30 je dirais
00:58:32 d'idéalisation compensatoire,
00:58:34 on est là dans la vertu du coeur.
00:58:36 On est là dans la vertu du coeur.
00:58:38 On est dans la vertu du coeur.
00:58:40 Nous on est généreux.
00:58:42 On a bien compris. Merci beaucoup.
00:58:44 Je veux juste, on n'a pas beaucoup de temps,
00:58:46 pardon, j'ai un peu traîné parce que je voulais vous entendre sur plusieurs
00:58:48 sujets, donc je vous ai relancé, on est un peu en tas,
00:58:50 mais quelques mots quand même sur
00:58:52 cette dernière partie.
00:58:54 On a vu des écoles,
00:58:56 des crèches qui ont été
00:58:58 vandalisées, des enfants qui n'ont pas pu aller à l'école,
00:59:00 des parents qui n'ont pas pu aller au travail,
00:59:02 des parents qui ont passé des nuits blanches.
00:59:04 J'ai reçu, moi par exemple, des SMS d'amis
00:59:06 qui vivent à Clamart et qui ont passé la nuit blanche
00:59:08 avec leurs enfants en cri et en larmes.
00:59:10 Comment peut-on
00:59:12 comprendre que les victimes
00:59:14 sont souvent ceux que les émeutiers
00:59:16 veulent défendre ? J'utiliserai
00:59:18 une formule claire pour parler de la situation de ces gens
00:59:20 dont Charnotte vient de nous parler, qui dans
00:59:22 les quartiers, les territoires,
00:59:24 on ne sait plus comment nommer ça,
00:59:26 mais qui jouent selon les règles du pays.
00:59:28 C'est une prise d'otage.
00:59:30 Les voyous, les caïds,
00:59:32 mais aussi les imams
00:59:34 les plus militants ont pris en otage
00:59:36 des quartiers en imposant,
00:59:38 on en a souvent parlé, non pas une zone de non-droit,
00:59:40 mais une zone d'un autre droit.
00:59:42 Non pas une zone sans culture, mais une zone d'une autre culture.
00:59:44 Non pas une zone qui se définit
00:59:46 une autre France, mais une zone
00:59:48 qui se définit contre la France.
00:59:50 Alors qu'est-ce qu'on voit ici ? On a des populations
00:59:52 qui, elles, voudraient jouer aigleau.
00:59:54 On a des personnes qui voient son commerce se faire piller.
00:59:56 Ils ne le souhaitent pas d'aucune manière.
00:59:58 Ceux qui ne peuvent pas aller à l'école,
01:00:00 les mères qui ont peur pour leurs enfants.
01:00:02 Tout ça, on a des gens qui sont pris en otage
01:00:04 aujourd'hui par ces pillards,
01:00:06 par ces voyous, par des islamistes
01:00:08 qui en profitent aussi, par des violences
01:00:10 totalistes. Alors quand on a tout ça à l'esprit,
01:00:12 on se disait tantôt
01:00:14 que le maintien de l'ordre
01:00:16 ne peut pas être l'horizon indépassable de l'action politique.
01:00:18 Comment libérer, en fait,
01:00:20 ces populations de ceux
01:00:22 qui se sont pris en otage ?
01:00:24 Parce que c'est une prise d'otage, je le redis.
01:00:26 Alors ça implique de savoir discerner
01:00:28 entre justement ceux qui sont en rupture
01:00:30 totale avec le pays, qui sont dans une logique
01:00:32 de guérilla, une logique de guérilla contre
01:00:34 la France. Il faut le savoir, c'est de ça dont on parle.
01:00:36 Et de l'autre côté, tous ceux qui voudraient bien
01:00:38 se raccrocher à la France, mais qui, pour l'instant,
01:00:40 sont pris en otage. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
01:00:42 C'est qu'on ne peut pas profiter
01:00:44 des avantages d'un pays, puisque c'est souvent
01:00:46 des populations issues d'immigration,
01:00:48 on ne peut pas profiter des avantages d'un pays
01:00:50 si on espère profiter simplement de sa prospérité,
01:00:52 de sa liberté, de la sécurité
01:00:54 qu'il offre, si on embrasse pas
01:00:56 au même moment la culture, l'identité,
01:00:58 l'histoire, les mœurs qui ont rendu
01:01:00 possible cette prospérité,
01:01:02 cette liberté, cette sécurité.
01:01:04 Alors qu'est-ce que ça veut dire très concrètement ?
01:01:06 C'est-à-dire que le travail de reconquête,
01:01:08 dont on parle souvent, vous connaissez la formule reconquête républicaine,
01:01:10 dont on abuse en toutes circonstances.
01:01:12 Le mot républicain, il faudrait vraiment apprendre à le définir
01:01:14 une fois pour savoir de quoi nous parlons.
01:01:16 Sinon, c'est vraiment une espèce de mot cachex
01:01:18 pour masquer le vide.
01:01:20 Mais quand on parle de reconquête, qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
01:01:22 Ça veut dire la possibilité
01:01:24 de gagner les cœurs
01:01:26 et les âmes pour réintégrer
01:01:28 à la société majoritaire française
01:01:30 toutes ces populations prises dans les quartiers,
01:01:32 prises et qui pour les...
01:01:34 Quand j'entends les réintégrer, ça veut dire une réintégration
01:01:36 par la culture, par les mœurs.
01:01:38 Et ce qu'elle comprend droit à ce moment-là, c'est que délivrer
01:01:40 de la souveraineté des caïds, délivrer
01:01:42 de l'autorité des caïds, délivrer de l'autorité
01:01:44 de l'islamisme, délivrer de cet autre
01:01:46 ordre qui se construit contre la France,
01:01:48 ce sera l'occasion ensuite de profiter,
01:01:50 de profiter pleinement de la promesse française.
01:01:52 Mais c'est pas possible quand on vit dans une logique
01:01:54 de sécession, c'est pas possible quand on dit aux médias
01:01:56 quitter, quand on dit aux policiers quitter,
01:01:58 quand on dit aux médecins quitter, quand on dit aux policiers
01:02:00 et aux pompiers quitter, quand on chasse
01:02:02 la France de chez elle, il est normal
01:02:04 d'avoir une situation un peu malheureuse.
01:02:06 - Et comme vous l'avez dit, beaucoup
01:02:08 veulent s'intégrer, s'intègrent, veulent travailler...
01:02:10 - Mais bien sûr, et de ce point de vue, ce sont ceux qu'il faut libérer
01:02:12 dans les circonstances de l'autorité de ceux
01:02:14 qui se permettent les meutes permanentes.
01:02:16 - Merci, merci beaucoup à tous
01:02:18 pour faire le lien avec Pascal Praud.
01:02:20 On va aller sur place
01:02:22 à Nanterre, rejoindre notre envoyé spécial
01:02:24 pour savoir un peu comment s'annonce
01:02:26 cette peut-être
01:02:28 troisième nuit des meutes.
01:02:30 - Eh bien écoutez, Christine,
01:02:34 pour l'instant, ce que l'on peut
01:02:36 affirmer sur cette troisième nuit des meutes,
01:02:38 c'est que... alors, attendez,
01:02:40 excusez-moi, sur cette troisième nuit des meutes,
01:02:42 c'est que
01:02:44 l'après-midi n'est toujours pas terminé,
01:02:46 les affrontements continuent, donc,
01:02:48 vous le voyez à l'image, c'est la relève
01:02:50 qui arrive pour les forces de l'ordre
01:02:52 qui ont
01:02:54 été affrontées, ont dû
01:02:56 affronter ces participants à cette
01:02:58 marche blanche toute l'après-midi,
01:03:00 et à l'heure où je vous parle, ces
01:03:02 affrontements continuent, il y a encore des jets
01:03:04 de pierres, encore des tirs de gaz lacrymogènes
01:03:06 dans ce parc
01:03:08 André-Malraux. Pour revenir, donc,
01:03:10 cette journée. La marche blanche.

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