Zoom - Edouard Husson : L’ISSEP, un contre Sciences Po ?

  • l’année dernière
Historien, professeur des universités, co-fondateur du "Courrier des Stratèges", Edouard Husson est aussi le directeur du développement de l’ISSEP, l’Institut des Sciences Sociales, Economiques et Politiques situé à Lyon. L’établissement d’enseignement supérieur privé vient de fêter, il y a quelques jours, ses 5 ans de réussite. L’école, fondée par Marion Maréchal, promeut l’excellence, l’engagement, l’éthique et l’enracinement. Des valeurs qui font de l’ISSEP un anti Sciences Po.
En cinq années, ce sont des centaines de jeunes femmes et hommes qui ont suivi un Magistère sur deux ans ou se sont inscrits en Formation continue. 96% des étudiants qui sortent de l’école trouvent un débouché professionnel. Avec un encadrement renforcé et de qualité, l’ISSEP poursuit son développement et accroit ses partenariats notamment avec des établissements étrangers. Tout cela constitue une véritable richesse pédagogique supplémentaire pour les étudiants. Edouard Husson conclut son entretien en indiquant : "A l’ISSEP, nous apprenons aux étudiants à penser par eux-mêmes !".

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Transcription
00:00 Nous sommes encore loin du compte.
00:02 Vite participer au financement de TVL, chaque don compte.
00:06 Financer TVL, c'est essentiel.
00:09 Financer TVL, c'est essentiel.
00:37 Cet historien, professeur des universités,
00:39 il est aussi le cofondateur du courrier des stratèges.
00:41 Mais il est ici en qualité de directeur du développement de l'ICEP.
00:45 l'ICEP, on en parle avec lui tout de suite.
00:47 Edouard Husson, bonjour.
00:48 Bonjour Marc-Yann.
00:49 Merci d'être là pour présenter cet institut des sciences sociales, économiques et politiques.
00:54 C'est un établissement supérieur privé.
00:57 Les bonnes âmes qui s'étaient penchées sur le berceau de cette école l'ICEP
01:00 la considéraient mornée.
01:02 l'ICEP a 5 ans et se porte semble-t-il à merveille.
01:06 Le pari est donc réussi ?
01:07 Ecoutez, ça me fait penser à la formule célèbre
01:10 "la prophétie c'est toujours difficile surtout quand il s'agit de l'avenir".
01:13 Et donc ceux qui, effectivement, avaient prédit que ça ne tiendrait pas
01:19 en sont pour leurs frais.
01:20 Ça vient, je pense, de plusieurs choses.
01:24 D'abord qu'il y a des jeunes qui ont plébiscité,
01:27 qui ont été candidats.
01:29 Moi je salue surtout la première promotion,
01:32 ceux qui ont osé, parce que c'est toujours le premier pas qui est le plus difficile.
01:35 Mais tous, on a une motivation,
01:38 on a un nombre de candidats toujours plus grand.
01:41 Il faut saluer aussi l'équipe qui a monté ça,
01:45 avec Mario Maréchal, avec Thibault Meunier.
01:48 Et puis je crois aussi que nous sommes très clairement,
01:52 à l'ICEP, aidés par l'air du temps.
01:54 C'est-à-dire que l'installation de l'idéologie
01:58 dans les facs de sciences sociales,
02:00 dans les instituts d'études politiques,
02:02 le wokisme, comme on dit,
02:04 ne peut que convaincre des jeunes
02:07 de venir voir ce que notre magistère peut leur offrir
02:11 et de manière à garder leur liberté d'esprit.
02:14 Vous mettez la barre assez haut,
02:16 parce que quand on lit les valeurs qui fondent l'école,
02:19 excellence, engagement, éthique et enracinement.
02:23 Et on se dit que l'ICEP s'est tout de suite positionné
02:26 comme un anti-science-po dans la réalité.
02:29 Effectivement, alors, il y a deux choses.
02:32 L'ICEP se situe par rapport aux instituts d'études politiques
02:36 et aux écoles de management,
02:38 qui, les deux, sont dans une forme de crise aujourd'hui.
02:41 Les écoles de management, parce qu'on ne sait plus forcément
02:43 à quoi sert le management,
02:45 quel but on sert quand on dirige une entreprise.
02:47 Et les instituts d'études politiques,
02:50 aujourd'hui, sont, comme on le sait,
02:52 très atteints par le wokisme.
02:53 Alors l'originalité de l'ICEP,
02:55 c'est d'avoir voulu combiner les deux.
02:57 Des gens qui avaient une solide culture générale,
02:59 leur donner une culture d'entreprise.
03:01 Des gens qui vont diriger un jour une entreprise,
03:04 ou en fonder une, leur donner les moyens de réfléchir,
03:08 de prendre du recul, grâce à une culture générale.
03:11 Et c'est la combinaison des deux qui, je crois, fait l'originalité.
03:15 Alors ensuite, certains disent que nous sommes l'anti-science-po.
03:18 Il faut dire aussi que, science-po,
03:20 les instituts d'études politiques, en général, font tout pour ça,
03:23 en se politisant de plus en plus.
03:27 – Politiser. L'école a été fondée, co-fondée, par Marion Maréchal.
03:31 Elle est ancienne députée,
03:33 elle est actuelle vice-présidente de Reconquête.
03:35 Est-ce que cet engagement politique, politisé,
03:37 est compatible avec une école qui, il ne manque pas de rappeler,
03:40 qu'elle préfère les apprentissages aux idéologies ?
03:43 – Oui, alors Marion Maréchal n'a plus de fonction exécutive dans l'école.
03:48 Elle a été directrice générale de l'école pendant les 5 ans
03:51 où elle n'était pas rentrée en politique.
03:55 Et désormais, elle s'est retirée.
03:58 Alors, elle est toujours la marraine de l'école, la fondatrice.
04:01 Elle est une inspiratrice, mais effectivement,
04:04 c'est maintenant Thibault Meunier qui est devenu le directeur général.
04:08 Et nous tenons beaucoup à cette séparation des domaines.
04:12 Elle est extrêmement importante.
04:14 D'ailleurs, vous faisiez allusion à Reconquête.
04:17 Reconquête lance une école pour ses cadres
04:21 qui est tout à fait différente de ce que nous faisons à l'ICEP.
04:25 – Une personnalité, Marion Maréchal,
04:26 qui joue d'une très grande popularité quand même auprès de ces jeunes.
04:29 C'est un élément important dans le dispositif ICEP.
04:31 – C'est essentiel.
04:32 C'est-à-dire qu'elle a été la figure de proue de l'école.
04:37 C'est bien entendu grâce à elle que cette école s'est lancée.
04:41 Et il n'était pas habituel qu'une personnalité politique
04:46 intervienne dans le domaine des idées, dans le domaine intellectuel.
04:50 Alors, elle s'était retirée de la vie politique pendant quelques années.
04:53 Et elle en a profité pour penser qu'il fallait faire,
04:56 comme elle dit, de la métapolitique, qu'il fallait effectivement
05:00 que la vie politique était trop dépendante de l'instant présent,
05:04 de la dernière news des médias.
05:08 Et qu'il fallait des gens, s'ils voulaient se lancer en politique,
05:11 qui aient du recul, de la culture générale,
05:13 qui pensent loin, qui vont loin.
05:15 Et aussi des gens qui ne fassent pas que de la politique,
05:17 qui soient prêts à aller vers le privé le jour où l'occasion s'en présente.
05:21 Et je pense que de ce point de vue-là, la vision d'ensemble
05:24 qu'elle a donnée a été absolument fondamentale.
05:26 – Alors, en cinq ans, ce sont des centaines de jeunes hommes et femmes,
05:30 femmes et hommes qui ont usé leur fond de culotte sur les bancs de l'ICEP.
05:34 Quel est le profil général de ces jeunes ?
05:36 Est-ce que vous avez une vision assez globale de ce profil de jeunes
05:40 qui viennent à l'ICEP ?
05:41 – Alors, il faut rappeler effectivement qu'il y a deux programmes.
05:45 Il y a le magistère, la formation sur deux ans,
05:50 qui est à un niveau de master.
05:53 Et puis, il y a la formation continue, pour des professionnels
05:56 qui viennent une dizaine de fin de semaine par an pour se former.
06:01 Les contenus sont les mêmes.
06:03 L'intensité n'est pas forcément la même selon les deux formations.
06:08 Mais les contenus sont les mêmes.
06:10 C'est-à-dire qu'il y a des sciences politiques, du management,
06:14 de la culture générale et de la communication.
06:17 Ça, c'est extrêmement important, puisque l'un des éléments essentiels,
06:20 c'est d'apprendre aux étudiants, à ceux qui viennent suivre les formations,
06:25 à prendre la parole, savoir se présenter, savoir exposer.
06:29 Alors, vous allez me dire, c'est la bonne vieille rhétorique,
06:31 mais c'est la bonne vieille rhétorique appliquée dans le cadre des médias,
06:36 médias traditionnels ou nouveaux médias.
06:38 Vous n'avez pas répondu à ma question. Quel est le profil ?
06:40 Si vous deviez dessiner l'étudiante ou l'étudiant de l'ISEM,
06:45 comment le définiriez-vous ?
06:47 Alors, il y a un point commun entre tous les profils,
06:51 c'est l'envie de se réenraciner dans ce qui fait la substance de la France,
06:58 que ça soit ses terroirs, ses régions,
07:01 sa réalité professionnelle et industrielle ou son histoire.
07:06 À partir de là, vous avez différentes origines.
07:08 C'est-à-dire que nous avons aussi bien des étudiants
07:12 qui fuient les licences ou les masterwalkisés
07:16 et qui viennent chez nous en se disant "je vais trouver de la liberté"
07:20 que des jeunes à qui nous donnons leur chance,
07:24 à qui nous donnons des bourses, de manière à ce qu'ils puissent faire les études,
07:30 des jeunes qui ont grandi en milieu rural.
07:32 Il faut se rappeler que les pouvoirs publics,
07:34 lorsqu'ils parlent de l'égalité des chances,
07:36 ils oublient que dans la ruralité aussi,
07:38 il n'y a pas que dans les banlieues des grandes villes,
07:40 dans la ruralité il y a des forts besoins en soutien pour les études.
07:42 Et puis, on a un troisième public,
07:44 qui n'est pas forcément le plus nombreux
07:46 mais qui est présent chaque année,
07:48 ce sont des jeunes qui ont travaillé à l'étranger,
07:50 qui connaissent très bien le monde et qui disent
07:52 "il y a quelque chose qui me manque concernant la France,
07:54 je voudrais y repasser quelques années pour me réenraciner".
07:56 On parle de jeunes, il y a aussi des moins jeunes,
07:59 par exemple dans la formation continue,
08:01 est-ce qu'il y a des personnes comme moi qui pourraient,
08:03 ou un chef d'entreprise, venir suivre cette formation continue ?
08:06 Est-ce que ça c'est possible ?
08:08 Alors bien sûr, tout à fait, la formation continue
08:10 est ouverte à tous les professionnels.
08:12 Le magistère, ils ont une licence,
08:16 certains sont un peu plus âgés,
08:18 ceux qui reviennent de l'étranger par exemple,
08:20 ils font ça un peu comme ils feraient un MBA,
08:22 c'est-à-dire après quelques années de vie professionnelle à l'étranger,
08:25 ils reviennent.
08:26 Donc disons que le magistère,
08:28 c'est entre 22 et 28-30 ans.
08:31 La formation continue, ce sont des professionnels,
08:35 la moyenne d'âge doit être de 35 ans,
08:38 mais il y en a certainement des plus âgés.
08:40 – Au sortir de ces enseignements, est-ce que ces jeunes,
08:43 on parle des jeunes de magistère à nouveau,
08:45 bénéficient de débouchés professionnels suffisants ?
08:47 Parce que ça c'est vraiment la vraie bonne question,
08:49 enfin la question que peuvent se poser au moins leurs parents.
08:51 – Bien sûr, et c'est la première question
08:53 que doit se poser un établissement d'enseignement supérieur,
08:56 c'est est-ce qu'il assure à ses étudiants des débouchés professionnels.
09:01 Et donc la très bonne nouvelle,
09:04 c'est que nous avons 96% de placements de nos jeunes
09:09 sur les cinq dernières années.
09:11 – 96%
09:12 – Et en fait, il y a une forte demande
09:16 avec trois types de débouchés,
09:19 le secteur privé, l'industrie en particulier,
09:25 le secteur des médias,
09:28 certains diront c'est plus vers les médias alternatifs
09:31 que les médias les plus établis,
09:33 mais il n'empêche qu'il y a une forte demande.
09:35 Et puis il y a un troisième secteur,
09:37 évidemment c'est aller travailler dans le cabinet d'élus locaux,
09:41 directeur de cabinet d'un maire,
09:43 ça c'est quelque chose qui est de plus en plus demandé
09:46 et ça se répartit à peu près en trois tiers.
09:48 – On parlait des enseignements, vous avez dit rapidement,
09:51 il y a une notion marketing, communication, management, etc.
09:55 Est-ce qu'il y a aussi une notion,
09:57 j'ai regardé sur le site sur lequel vous insistez,
09:59 est-ce que c'est pour le marketing,
10:01 c'est la notion de cohésion,
10:03 beaucoup de sport, beaucoup d'opérations en commun
10:06 en formant un peu une communauté quand même.
10:09 – Oui, alors, si vous voulez,
10:12 les magistères chaque année ça représente 40 personnes,
10:17 donc deux classes de 20 sur les deux niveaux.
10:20 Notre ambition c'est de multiplier bien sûr le nombre de classes
10:25 et nous sommes bien partis pour ça,
10:27 mais actuellement on a ces groupes de 20
10:30 qui forment de vrais groupes de cohésion
10:33 et ça permet de travailler d'abord un rapport très direct
10:37 entre les professeurs et l'administration et l'étudiant,
10:40 mais ensuite ça permet de laisser se créer des groupes,
10:43 il y a des communautés qui émergent
10:45 et vous avez raison, les périodes de sport,
10:50 les stages de sport, les activités qui sont faites en commun
10:54 contribuent énormément à ça,
10:56 simplement pour partager des souvenirs collectifs, des valeurs
11:02 et aussi c'est des moments où on peut penser plus à l'avenir,
11:08 on peut réfléchir à ce qu'on fera, on peut se projeter.
11:11 – Et on fait des concours,
11:12 il y a vraiment une forme d'élitisme aussi à l'intérieur ?
11:14 – C'est une école qui s'adresse à tous les étudiants
11:18 mais en même temps qui les sélectionne,
11:21 nous avons de plus en plus de candidats
11:24 mais nous ne prenons qu'un étudiant sur trois,
11:26 donc ça c'est important de le savoir,
11:29 et ensuite l'idée c'est de pousser les étudiants le plus loin possible
11:32 et d'ailleurs une des plus belles réussites de l'ICEP
11:35 c'est la trajectoire de ces étudiants,
11:38 je parlais de la communication par exemple,
11:40 on a des étudiants qui arrivent,
11:42 ils ne savent pas prendre la parole en public,
11:44 quand ils repartent, ils font des exposés,
11:46 ils sont capables aussi de convaincre un employeur.
11:48 – Ils font des concours d'éloquence même.
11:50 – Il y a des concours d'éloquence, voilà, tout à fait,
11:53 et quand on voit les débouchés,
11:55 on se dit qu'il y a une vraie montée en puissance
11:59 de gens qui avaient déjà un potentiel.
12:01 – Alors vous avez parlé du rapport direct avec les professeurs,
12:04 et là aussi qui dit formation type, bien évidemment enseignant,
12:07 et là vous disposez d'un corps enseignant assez exceptionnel réellement.
12:10 – Oui, alors il y a, pour le magistère,
12:13 il y a une cinquantaine de personnes qui interviennent,
12:16 c'est à peu près moitié, moitié,
12:19 la moitié sont des professionnels qui viennent parler de ce qu'ils font,
12:23 l'autre moitié sont des universitaires, au sens strict du terme,
12:27 docteurs ou habilités à diriger des recherches,
12:31 et effectivement, pour moi qui ai connu encore
12:37 le Paris-Sorbonne de la grande époque,
12:40 qui n'avait pas peur de se présenter comme une université
12:45 où on n'acceptait pas n'importe quelle idée,
12:48 où on voulait bien être de droite,
12:50 et bien je retrouve cette atmosphère-là,
12:52 il y a un vrai corps professoral,
12:54 on a un séminaire annuel, une forte entente,
12:57 et d'ailleurs ça se voit, on va peut-être en parler,
13:00 dans l'application qu'on a créée de vidéos en ligne,
13:03 où nos professeurs donnent le meilleur d'eux-mêmes.
13:05 – On va en reparler si vous voulez bien,
13:07 effectivement l'ICEP entretient aussi un écosystème de partenaires,
13:11 avec notamment les entreprises,
13:13 mais l'école a aussi développé un réseau éducatif varié,
13:16 avec des établissements étrangers d'excellence,
13:19 c'est une véritable richesse pédagogique réellement ?
13:21 – Oui, si vous voulez, que se passe-t-il dans le monde actuel ?
13:26 Il y a une réaction très forte contre l'idéologisation des universités,
13:32 donc dans un certain nombre de pays,
13:34 que ce soit aux États-Unis, en Hongrie, en Espagne,
13:37 il y a des établissements qui disent,
13:39 nous voulons cultiver la liberté de l'esprit,
13:42 nous voulons garder l'esprit des vieux collèges d'arts libéraux,
13:45 alors vous pouvez bien nous qualifier de conservateurs,
13:47 mais après tout nous en sommes fiers.
13:49 Et donc c'est comme ça que nous avons développé des relations,
13:51 alors nous avons un campus de l'ICEP à Madrid,
13:55 la marque ICEP est installée maintenant à Madrid,
13:57 nous avons aussi de très bonnes relations
13:59 avec le collège Mathias Corvin à Budapest,
14:02 nous avons de bonnes relations avec le Collegium Intermarium en Pologne,
14:07 nous avons de très bonnes relations aux États-Unis
14:09 avec différents établissements,
14:11 et on va concrétiser des coopérations plus renforcées,
14:15 donc oui, c'est une vraie richesse, c'est quelque chose de très important.
14:19 – Est-ce que c'est important aussi l'encadrement ?
14:21 Je note moi que depuis 5 ans, l'encadrement est à peu près le même,
14:23 il n'a pas bougé, par les thibaumonniers au début, il est toujours là,
14:26 et les personnes qui accompagnent l'équipe n'ont pas bougé,
14:30 c'est une bonne chose.
14:32 – Thibaut, Thibaut, Victoria sont des personnalités tout à fait remarquables,
14:35 et je dirais que moi qui viens du Serail,
14:38 qui suis un universitaire et qui ai dirigé des établissements d'enseignement supérieur,
14:43 je suis toute admiration pour la manière dont cette petite équipe
14:47 s'est mise à un métier nouveau,
14:51 parce que l'éducation, l'université, c'est un métier,
14:54 et gérer, diriger un établissement d'enseignement supérieur, ça s'apprend.
14:59 Et ici ils se sont mis de manière remarquable,
15:01 ils ont tissé un lien de confiance avec les étudiants,
15:04 puis ils ont tenu leur promesse, puisque l'école,
15:06 non seulement est toujours là après 5 ans, mais se développe.
15:09 – Et les autorités publiques ?
15:11 – Les relations sont, je dirais, tout à fait cordiales et neutres,
15:17 dans la mesure où ils voient que nous faisons bien notre travail,
15:23 et quand bien même certaines personnes qui nous rendent visite
15:26 auraient des préjugés, elles repartent convaincues
15:28 que nous sommes une école sérieuse, bien gérée,
15:31 peut-être même parmi les mieux gérées de France.
15:33 – Et il y a tout un travail ouvert au grand public aussi,
15:35 vous savez, je passais à l'initiative qui avait été évoquée sur TVL,
15:39 des CAP en 2020, vous reviendrez dessus si vous voulez,
15:42 mais aussi l'application, c'est vrai, de l'ICEP en 2023,
15:45 est-ce que vous pouvez nous en parler d'ailleurs plus longuement ?
15:48 Parce que je vous ai promis de le faire.
15:50 – Oui, bien sûr, alors d'abord le CAP, le Centre d'Analyse et de Prospective,
15:55 c'est un centre où on publie des travaux de recherche de nos professeurs,
16:03 on peut avoir une question d'actualité comme point de départ,
16:07 mais il s'agit de la traiter en profondeur,
16:10 appelez ça si vous voulez "policy papers"
16:12 comme c'est la mode dans les organisations internationales,
16:14 mais c'est la vocation du Centre d'Analyse et de Prospective,
16:18 dans lequel nous allons aussi développer un blog
16:20 strictement dédié aux questions d'éducation et d'enseignement supérieur,
16:24 donc ça c'est la nouveauté.
16:26 L'application, effectivement, c'est l'idée, grâce à des vidéos,
16:32 pour l'instant on est sur des formats de 15 minutes
16:34 avec éventuellement des modules d'une dizaine de vidéos,
16:38 c'est de pouvoir toucher un public qui ne peut pas venir à l'ICEP,
16:42 et un public élargi, on parlait des professionnels tout à l'heure,
16:47 mais aussi notre ambition c'est de nous adresser à la francophonie en général,
16:52 et de pouvoir avoir des gens qui s'abonnent depuis l'Amérique du Nord,
16:56 depuis l'Afrique, depuis le Liban,
16:59 et donc ça nous avons déjà plus de 130 vidéos qui sont en ligne,
17:05 c'est une application que vous pouvez trouver sur Apple, sur Android,
17:09 et vous avez quelques vidéos qui sont en accès libre,
17:13 si vous voulez y avoir accès il faut vous y abonner,
17:17 et nous sommes aussi, puisque ça commence, ça s'est lancé il y a quelques semaines,
17:21 nous sommes en train de développer un système de notification
17:25 qui vous permettra de savoir à chaque fois que nous mettons en ligne une nouvelle vidéo.
17:30 Alors nous allons couvrir l'ensemble des matières de sciences humaines et sociales,
17:35 de management et de sciences politiques,
17:37 nous avons déjà du droit, de l'histoire, de la philosophie,
17:42 il y aura beaucoup de choses effectivement qui vont être mises en ligne,
17:47 l'idée étant de rendre un savoir vérifié accessible au plus grand nombre.
17:53 – Alors moi j'ai regardé Jean-Luc Coronel de Boisseuzon pour l'instant en entier.
17:57 Alors l'année scolaire est à peine finie,
18:00 que les inscriptions pour le magistère sont ouvertes,
18:03 il faut pour s'inscrire, donc j'ai bien compris avoir un Bac +3,
18:06 et puis vous avez des journées portes ouvertes, on peut aller voir ce qu'il se passe.
18:09 – Alors il y a… – C'est à Lyon déjà,
18:11 ça aussi vous faites le reproche, pourquoi ce n'est pas à Paris ?
18:13 Maintenant là vous voulez toujours faire plus, pourquoi il n'y a pas à Paris ?
18:16 Parce qu'il y a d'autres secteurs qui le font ? D'autres choses qui existent ?
18:19 – Non mais si vous voulez, il y a un côté, je dis d'en plus que moi-même
18:23 je suis parisien de naissance et de famille,
18:25 donc il y a un côté totalement centré sur Paris qui est ridicule quelquefois.
18:29 Je trouve que ça a été une excellente initiative de s'enraciner à Lyon,
18:33 en plus avec l'avantage que Lyon est une ville avec un vrai tissu industriel,
18:38 c'est-à-dire que pour les stages de nos étudiants,
18:41 pour leur débouché professionnel, c'est tout à fait extraordinaire,
18:45 même si ce n'est pas leur seule région de débouchés, mais ça aide.
18:49 Ensuite, effectivement c'est difficile, ça serait paradoxal,
18:53 une école qui prône l'enracinement et qui met en valeur,
18:57 enfin qui dit que la France est trop centralisée
18:59 et qu'il y a trop de décisions qui sont prises au centre,
19:02 de s'installer en même temps à Paris.
19:04 Il n'empêche que sur la formation continue,
19:07 nous réfléchissons à l'ouverture de formation continue à Paris,
19:11 parce que là il y a des demandes, il y a un marché.
19:14 Mais le magistère, nous allons le développer, l'enraciner à Lyon,
19:19 c'est sa vocation et sa vocation c'est aussi de s'installer d'ici,
19:25 je pense, deux à trois ans dans un nouveau campus
19:28 qui permet d'élargir les murs, parce que là nous sommes à l'étroit,
19:32 nous avons une école très bien gérée par Thibault Meunier,
19:35 mais nous tenons dans 400 m² et vu l'augmentation du nombre
19:40 de candidatures et aussi du nombre d'étudiants,
19:43 nous allons devoir changer d'endroit à assez brève échéance.
19:50 Et ceci d'autant plus que nous réfléchissons à différentes formules,
19:55 peut-être lancer des prépas au concours de la fonction publique,
20:00 ouvrir un bachelor, il y a beaucoup de choses,
20:03 il y a beaucoup de projets qui sont sur la table
20:05 sur lesquels nous allons travailler.
20:07 – D'accord, alors concrètement, on est fin juin, j'ai un bac +3,
20:10 c'est vrai, pas beaucoup plus, j'ai 25 ans, c'est un petit peu plus,
20:13 et je veux m'inscrire, qu'est-ce que je fais concrètement ?
20:16 – Eh bien vous allez sur le site internet de l'ICEP,
20:20 vous téléchargez un dossier, vous le remplissez,
20:23 donc vous entrez en contact avec l'école
20:26 et à partir de là l'école va prendre contact avec vous,
20:29 vérifier vos motivations, que vous avez bien compris
20:32 quel type de formation vous allez avoir
20:34 et si effectivement vous confirmez lors d'un bref entretien votre envie,
20:39 eh bien à ce moment-là vous êtes invité à un entretien plus formel
20:42 avec un jury qui va vous tester, qui va vous demander de vous présenter,
20:46 expliquer pourquoi vous voulez faire l'ICEP,
20:48 vous demander d'évaluer ce qui dans votre parcours vous a amené à l'ICEP
20:53 et puis voilà, ensuite vous avez comme je le disais,
20:57 une bonne chance, mais c'est une chance sur trois, il faut y aller quoi.
21:01 – Parce que c'est très cher, je pose ça parce qu'il y a des parents
21:04 qui comme moi, on est dans les écoles de commerce, etc.
21:06 et tout, ils savent combien ça coûte.
21:08 – La scolarité c'est 5500 euros l'année,
21:11 ce qui est aujourd'hui le tiers de certaines écoles de commerce.
21:15 Nous tenons effectivement à ne pas trop matraquer les familles,
21:23 ce qui veut dire que nous comptons beaucoup sur nos donateurs,
21:25 ça c'est extrêmement important et nous avons aussi pour des étudiants
21:31 qui n'auraient pas le moyen de fournir cette somme,
21:34 des possibilités de remise partielle de bourse,
21:39 et donc ça se produit chaque année.
21:43 – Vous avez parlé de dons, c'était certainement ma dernière question.
21:47 L'ICEP pour être libre vie avant tout de dons,
21:51 mais c'est mieux quiconque que le choix de ce modèle économique,
21:54 il est vertueux mais il est difficile et fragile.
21:58 Est-ce que l'ICEP est reparti pour 5 ans ?
22:02 – L'école, pardon, vit de ses donateurs
22:09 et elle doit remercier absolument ses donateurs.
22:18 C'est aujourd'hui 70% de notre budget, c'est considérable,
22:24 c'est un modèle international, certains journalistes me disent
22:28 "mais ce n'est pas viable, regardez, vous êtes dépendant à 70% de vos donateurs".
22:33 Et non, c'est le modèle international si on veut être libre.
22:37 Il n'y a qu'en France qu'on pense que parce qu'une école est financée par l'État,
22:41 c'est merveilleux, je ne mets pas du tout en cause le secteur public,
22:44 j'en viens moi-même et j'ai vu ses qualités,
22:46 mais on voit aujourd'hui un secteur public tout à fait incapable
22:49 de s'opposer au wauquisme, ça pose des questions.
22:53 Donc aujourd'hui nous, nous avons des donateurs qui entre autres nous financent
22:56 parce qu'ils savent que les étudiants chez nous ne seront pas exposés à de l'idéologie.
23:00 Et à partir de là, nous avons effectivement pour les 5 ans qui viennent,
23:07 nous avons un plan de développement que nous présentons à nos donateurs,
23:10 nos donateurs sont fidélisés, on a des petits donateurs, des moyens donateurs,
23:16 des grands donateurs, et bien sûr, vous le savez ici, c'est une lutte de tous les instants,
23:21 il faut convaincre, il faut avoir de nouveaux projets,
23:25 mais il faut aussi rendre compte de ce que nous faisons,
23:27 et je crois que c'est quelque chose à quoi l'ICEP excelle tout à fait.
23:32 Et en tout cas, là voilà quelque chose que Mario Maréchal et Thibault Meunier
23:36 ont développé de main de maître dans les 5 dernières années,
23:40 en tout cas je profite de cette occasion pour remercier nos donateurs
23:44 et pour aussi dire à tous ceux qui s'intéressent à l'ICEP
23:48 et qui veulent défendre la liberté de l'esprit, puisque c'est ça d'abord qui se joue,
23:52 l'ICEP sera ravi d'accueillir de nouveaux donateurs.
23:57 – Voilà, une lutte de tous les instants, j'ai bien retenu.
24:00 Mario Maréchal a eu cette phrase pour définir l'enseignement des étudiants de l'ICEP,
24:04 je cite "nous leur apprenons à penser par eux-mêmes",
24:08 penser par soi-même, c'est ça le défi ?
24:11 – C'est une très belle définition de la liberté,
24:13 je parlais de liberté de l'esprit à l'instant,
24:16 et je pense que c'est ce que malheureusement dans trop d'établissements
24:20 d'enseignement supérieur français on n'apprend plus,
24:23 pour des raisons qu'on n'a pas le temps d'élucider ici,
24:26 mais surtout je pense qu'apprendre à penser par soi-même,
24:29 ça va être vital face à la montée de l'intelligence artificielle,
24:32 puisque c'est un des défis que nous avons devant nous,
24:35 et il ne faut pas s'argoûter contre, mais l'intelligence humaine
24:38 elle a quelque chose d'unique, à condition qu'on ait appris à penser par soi-même.
24:41 – Vous êtes professeur des universités, vous avez fait votre carrière dans le public,
24:44 vous vous êtes mis en disponibilité pour regretter ?
24:47 – Ah ben c'est un choix que j'ai fait, je peux aussi retourner dans mon université.
24:51 – Vous avez fait un choix, il y a deux ans, peut-être que vous pouvez le regretter.
24:53 – Je ne regrette pas du tout, je ne regrette pas du tout,
24:56 au contraire, parce que si vous voulez,
25:01 moi j'ai fait la connaissance de Mario Maréchal
25:04 quand elle a annoncé la création de l'ICEP,
25:07 et à l'époque je sentais qu'il y avait quelque chose
25:10 qui tournait mal dans l'université publique,
25:13 et Dieu sait que je l'ai soutenu, comme vous savez,
25:16 j'ai été au cabinet de Valérie Pécresse, j'ai aidé les réformes de Nicolas Sarkozy,
25:20 qui est le président de la 5ème République, qui a le plus fait pour l'université.
25:23 – Valérie Pécresse à l'époque ministre de l'enseignement supérieur.
25:26 – Ministre de l'enseignement supérieur, et donc j'ai vu tout ce qu'on a fait à l'époque,
25:30 en train d'être gâché, entre autres, par le wokisme.
25:33 Et donc quand Mario Maréchal a annoncé qu'elle créait une école,
25:36 je me suis dit, un espace de liberté, merveilleux.
25:39 Donc je regrette d'autant moins que par ailleurs,
25:42 ça m'a permis de faire connaissance avec une équipe absolument remarquable,
25:47 de gens qui ont des principes, qui savent où ils vont,
25:50 et qui visiblement savent enthousiasmer les étudiants.
25:54 – Voilà, Édouard Husson, historien, professeur des universités,
25:57 libre et heureux. – Exactement.
25:59 – Merci à vous.
26:01 [Générique]

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