7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Vladimir Poutine peut-il vraiment reprendre la main?

  • l’année dernière
Le "régime d'opération antiterroriste" a été levé à Moscou, deux jours après le début de rébellion de la milice Wagner. Le chef du groupe paramilitaire, Evguéni Prigojine, doit partir en Biélorussie. 

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00:00 - 8h20, retour sur le plateau de première édition, le 7 minutes pour comprendre ce matin si Vladimir Poutine va reprendre la main.
00:06 [Générique]
00:11 - Avec nous Elsa Vidal, consultante russie de BFM TV. Bonjour Elsa, merci d'être avec nous.
00:16 Paul Gogo est également à Moscou, envoyé spécial de BFM TV.
00:20 Général Péli Strandi, bonjour, consultant défense de BFM TV, aux côtés de Nicolas Poincaré avec nous ce matin.
00:27 On va revoir ensemble les images qui nous ont été envoyées il y a maintenant une heure,
00:32 diffusées par la télévision publique russe, envoyées par le ministère russe de la défense.
00:38 Sur ces images, Sergeï Choygou, le ministre russe de la défense,
00:42 première apparition publique de Sergeï Choygou depuis cette rébellion avortée de la milice Wagner à Moscou.
00:49 Nicolas Poincaré, ce que disent d'abord ces images, c'est que Choygou n'est pas à l'isolement caché quelque part ce matin.
00:55 Non, et ce qu'on croyait hier principalement, c'est que dans l'accord, on ne savait pas bien ce qu'il y avait dans cet accord,
01:00 mais on pensait au moins qu'il n'y avait que Prigozhin, le patron de Wagner, qui acceptait de partir en exil à Minsk,
01:05 et que sans doute Choygou allait perdre son poste.
01:08 Qu'est-ce qu'on s'aperçoit ce matin ? Que Choygou, il est toujours là,
01:11 et que la télévision d'État nous montre des images de lui en activité.
01:14 Elles ne sont pas datées ces images.
01:16 Mais le message est clair. Le message est là ce matin, il dit que Choygou est toujours ministre de la défense à l'heure où on parle.
01:20 Et sur le front russe, sur le front ukrainien.
01:23 Et d'autre part, l'autre partie de l'accord, pensait-on que c'était le départ en exil de Prigozhin,
01:27 sauf qu'on l'a vu quitter sous les acclamations la ville de Rostov, mais on ne l'a vu arriver nulle part.
01:31 On ne sait pas où il est ce matin. On ne l'a pas vu arriver à Minsk alors qu'on aurait dû.
01:35 Donc est-ce que Prigozhin va accepter effectivement un exil dans cette ville qui n'est pas très riante,
01:40 qui n'est pas très joyeuse, aller à Minsk, qui ne serait sans doute pas son plaisir ?
01:43 Donc ça, on ne sait pas. Est-ce qu'il y a une hypothèse qu'il pourrait rejoindre son siège à Saint-Pétersbourg,
01:48 son siège flambe en oeuvre qu'il venait de faire construire à Saint-Pétersbourg,
01:51 ce qui serait une énorme provocation vis-à-vis de Poutine ?
01:53 L'exil, à mon oeil, je pars chez moi. L'autre hypothèse serait qu'il reste en Ukraine auprès de ses hommes.
01:58 L'histoire, ce que montrent les images de ce matin et l'absence d'images de Prigozhin à Minsk,
02:02 c'est que l'histoire n'est pas terminée.
02:03 Elsa, pour vous, est-ce que Vladimir Poutine, après avoir temporisé et peut-être accusé le coup pendant 36 heures,
02:09 est en train de reprendre la main ?
02:11 Je pense que les images, tant de shoygû que la disparition de Prigozhin,
02:16 nous laissent entendre que les tractations vont bon train à l'heure actuelle.
02:20 Pour préserver l'image d'unité, du régime, de contrôle, tout nous est donné.
02:25 Mais en réalité, effectivement, on ne sait pas.
02:28 Quand les images concernant shoygû ont été tournées, on ne sait pas, nous non plus, où est Prigozhin.
02:34 Il se dit beaucoup qu'il pourrait retourner en Afrique, quelque chose dont il avait fait déjà part.
02:39 Il avait mentionné son souhait d'y aller.
02:41 Il serait d'ailleurs beaucoup plus en sécurité qu'à Minsk, qui est désormais un régime vassal de Moscou.
02:48 Quant à Vladimir Poutine, même si c'est lui qui a conservé une apparence de contrôle de la situation,
02:55 puisque la sortie s'est nouée à son niveau, au niveau de Lukashenko et au niveau de Prigozhin, donc au niveau fédéral,
03:02 la lutte qui s'est enclenchée au sein du régime l'a totalement fragilisée.
03:07 Et je pense qu'on peut dire qu'on assiste certainement au plus grand ébranlement politique de la Russie
03:13 en termes absolument fondamentaux depuis 30 ans.
03:18 En un sens, on pourrait presque dire que l'après Vladimir Poutine est en train de commencer.
03:23 Mais sans qu'il y ait pour l'instant de purges évidentes, on est d'accord ?
03:27 Pour le moment, il n'y a pas de purges évidentes.
03:30 Et effectivement, il va falloir attendre quelques semaines, je pense,
03:33 parce que dans la tradition politique russe, lorsque les tractations ont lieu,
03:37 on donne toujours le sentiment que tout continue comme d'habitude.
03:43 Et ce qui s'est passé avec cette mutinance, tout de même, c'est justement que le pacte social russe a été rompu.
03:49 D'habitude, les Russes acceptent de troquer leur capacité à être de véritables citoyens engagés dans la vie politique contre la stabilité.
03:58 Or, cette stabilité, elle n'existe plus.
04:00 Qu'est-ce qu'on a vu ? Des troupes armées, mais absolument illégales,
04:04 en capacité d'arriver jusqu'à Moscou, à 300 km de Moscou,
04:08 sans être arrêtées par le tout-puissant KGB, FSB,
04:12 sans être arrêtées par les troupes militaires,
04:15 et en étant soutenues à Rostov par une partie de la population.
04:19 Donc, on est tout de même dans un moment de grand chamboulement.
04:22 Il est très important de montrer que tout est sous contrôle, mais tout n'est plus sous contrôle.
04:27 C'est une lutte interne au régime qui a commencé, pas une lutte contre le régime, mais une lutte interne au régime.
04:33 Et il est probable que Vladimir Poutine, dans quelques mois, quelques années,
04:37 sera remplacé par un membre de ce régime.
04:40 À l'heure actuelle, il est pour l'instant très important de donner l'impression que tout est sous contrôle.
04:45 Tout ne l'est pas.
04:46 Je voudrais ajouter une dernière chose.
04:48 Kartapolov, qui est un député de la Duma, qui préside le comité de la défense,
04:53 est intervenu pour couvrir Prigojine en disant absolument qu'il n'y avait aucun problème avec Wagner.
05:00 Wagner avait réalisé des progrès sur le front que le ministère de la Défense n'avait pas été en capacité de lutter,
05:08 que ses hommes s'étaient conduits de manière remarquable à Rostov,
05:12 et qu'il fallait juste savoir ce qui les...
05:15 On a un petit problème de connexion avec Elsa, on va la retrouver tout à l'heure.
05:21 On va trouver tout à l'heure.
05:23 Paul Pogot, on disait, finalement, la Russie essaie de montrer ce matin que tout continue comme avant.
05:27 Le meilleur exemple, c'est ce matin à Moscou.
05:29 À l'instant, le régime d'opération antiterroriste vient d'être levé dans la capitale russe, Paul.
05:34 Oui, effectivement.
05:39 Alors, il faut quand même garder en tête que les moscovites avaient été appelés à ne pas se rendre au travail aujourd'hui,
05:45 à ne pas se rendre dans le centre-ville de Moscou,
05:48 qu'il y a effectivement des patrouilles de police, de la garde nationale, encore en masse dans le centre-ville,
05:54 mais visiblement, le maire de Moscou, et donc il faudrait essayer de comprendre ce que ça veut dire,
05:59 par rapport aux tractations dont on parlait à l'instant,
06:01 considère que le risque est minime, qu'on peut se permettre de redescendre un peu la tension dans la capitale.
06:07 Pour autant, depuis ce matin, à Moscou, en Russie, on entend parler de beaucoup de rumeurs liées au ministre de la Défense.
06:14 Encore une fois, c'est certainement pour ça que le ministère de la Défense a décidé de diffuser ces images,
06:20 qui, comme vous l'avez rappelé et précisé tout à l'heure, ne sont pas datées, ne sont pas particulièrement contextualisées.
06:26 On se rappelle, il y a quelques semaines, qu'un proche de Ramzan Kadyrov avait été…
06:32 il y avait des rumeurs à son propos, on disait qu'il avait été tué dans le Donbass,
06:35 et derrière, les autorités russes avaient diffusé des images un peu du même type,
06:40 ce qui nous paraissait très étrange, parce que montaient bizarrement, parce que non datées,
06:44 et on en avait déduit que ces images ne dataient pas de cette période.
06:47 Donc, les autorités russes sont capables de diffuser des images de Sergueï Choghou qui ne datent pas d'aujourd'hui.
06:52 En attendant, comme ça a été dit, ce qui compte, c'est certainement le message envoyé.
06:56 On fait confiance, on soutient Sergueï Choghou, et lui est prêt à remplacer Prigojin sur le terrain,
07:03 quitte à aller faire sa communication sur le terrain, comme l'armée russe ne le faisait pas jusqu'ici.
07:07 Alors justement, Général Pélistrandi, est-ce que les russes peuvent se passer de Wagner en Ukraine ?
07:14 En Ukraine, peut-être. Par contre, ils ont besoin de conserver cette masse de combattants de Wagner.
07:21 Quand vous dites masse, c'est combien ? Parce qu'on a parlé de 25 à 5000. La vérité, elle est où ?
07:26 Elle est entre les deux, parce qu'il y a une grande partie de Wagner qui est notamment en Afrique.
07:30 Mais ces soldats qui sont aguerris, violents, expérimentés, Moscou en a besoin.
07:35 Qu'ils appartiennent à un Wagner nouvelle génération ?
07:40 Est-ce qu'ils sont prêts à intégrer les troupes russes régulières ?
07:43 En fait, tout dépendra de combien ils recevront. Il ne faut pas oublier que ce sont des mercenaires.
07:48 Donc, en fonction de ce qui sera mis, quelle enveloppe ils vont recevoir, c'est ça qui pourra faire la différence.
07:55 Parce qu'il faut rappeler que la ville de Bakhmout, qui a été conquise par les russes, elle l'a été grâce à Wagner.
08:00 On est bien d'accord ? Absolument. Et Wagner a vraiment été le fer de lance
08:05 durant le printemps pour essayer de conquérir Bakhmout.
08:08 Et tout va dépendre de ce que Moscou met sur la table pour, en quelque sorte,
08:13 attirer les combattants de Wagner au sein des forces armées régulières.
08:17 Très bien. On attend la réapparition peut-être de Gerasimov dans les heures qui viennent.
08:20 Nous verrons. Ce sera un deuxième signal, probablement.
08:22 Merci infiniment à tous les quatre.

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