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Caroline Darian, initiatrice de la campagne #MendorsPas, témoigne au sujet des viols subis par sa mère de la part de 51 hommes, avec la complicité de son père.

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Transcription
00:00 votre père endormait votre mère, avec toujours ce modus operandi,
00:04 et ensuite il demandait à d'autres hommes de venir la violer.
00:08 Oui, oui, voilà, c'était à des fins criminelles, bien sûr.
00:12 En l'occurrence, la soumission chimique en France,
00:14 il faut savoir que c'est rarement...
00:16 C'est souvent à des fins criminelles, mais aussi à des fins délictuelles.
00:19 Ça peut être pour des agressions sexuelles,
00:21 mais ça peut être aussi à des fins de viol, d'extorsion.
00:25 C'est en réalité la soumission chimique, c'est bête à dire,
00:29 mais c'est le secret le mieux gardé des agresseurs.
00:32 Ça a duré combien d'années ?
00:33 En ce qui concerne ma maman, ça a duré à peu près dix ans.
00:37 Et elle ne se rend compte de rien, c'est ce que vous dites ?
00:39 Qu'est-ce qui fait qu'à un moment, la vérité émerge ?
00:43 Sur un coup de chance, la Providence, lui est interpellée...
00:49 Vous n'arrivez pas à dire votre père ?
00:50 Ah non, non, c'est terminé, je ne pluie.
00:53 C'est mon géniteur, bien sûr, mais non.
00:55 J'ai d'ailleurs intitulé mon témoignage littéraire,
00:57 et j'ai cessé de l'appeler papa.
00:59 Vous savez, il y a quelque chose qui est meurtri à l'intérieur.
01:02 C'est extrêmement compliqué d'avoir à gérer ça, pour nous les enfants.
01:07 Pardon, je vous interroge.
01:08 Comment vous vous en rendez compte ?
01:10 Vous dites, il y a un coup de chance...
01:11 Il est interpellé dans un supermarché,
01:13 en train de filmer sous les joupes de trois femmes.
01:15 Ces femmes vont heureusement aller porter plainte,
01:18 ce qui veut dire qu'il va être interpellé.
01:20 Et au moment de son interpellation,
01:21 ils vont saisir son téléphone portable,
01:23 et en regardant, en exploitant le téléphone portable,
01:26 ils vont découvrir des images d'horreur.
01:29 Ce qui veut dire que derrière,
01:30 ils vont aller perquisitionner le domicile,
01:32 et en fait, l'enquête, l'instruction, démarre comme ça.
01:35 Vous l'apprenez comment ?
01:37 Je l'apprends le même jour que ma maman,
01:40 avec quelques heures d'écart, le 2 novembre 2020,
01:43 lorsqu'elle a été elle-même entendue le matin,
01:45 même par les officiers de police du commissariat de Carpentras,
01:48 qu'ils vont devoir lui apprendre l'impensable.
01:50 Et là, pour elle, c'est son monde qui s'écroule.
01:54 Ils vont lui montrer des images ?
01:56 Ils vont lui montrer des images extraites des vidéos.
02:01 Comment elle vit aujourd'hui ?
02:04 Elle essaye de vivre normalement.
02:06 Elle veut garder son anonymat.
02:09 Et c'est très difficile pour elle d'avoir à lire
02:12 ce qui est paru dans le monde, je tiens à le dire,
02:15 parce que sous couvert de...
02:17 Il y a beaucoup de détails.
02:18 Sous couvert de vouloir se saisir d'un fait de société,
02:21 je pense que les aspects sordides de cette affaire
02:23 n'auraient jamais dû être abordés de cette façon-là.
02:25 Je suis partie civile depuis le démarrage de cette affaire.
02:28 L'article, je n'ai pas pu le lire, de bout en bout.
02:31 J'ai eu des nausées.
02:33 Je me suis dit "ma pauvre maman".
02:35 C'est votre histoire et vous l'aviez...
02:37 Ma pauvre maman !
02:38 De quel droit on s'autorise à délivrer des faits d'instruction
02:41 de cette nature ?
02:43 On pense aux victimes quand on fait ce genre de pseudo-journalisme ?
02:46 Je ne crois pas, non.
02:47 Ça raconte à quel point, c'est ce que je commençais là-dessus,
02:50 à quel point c'est l'affaire de tous.
02:53 C'est-à-dire que ces personnes, ces hommes qui racontent,
02:56 pour eux, il n'y a même pas de viol.
02:57 C'est du viol.
02:58 Mais c'est du délire.
02:59 À partir du moment où votre père a décidé
03:02 que ces hommes pouvaient violer votre mère,
03:05 selon eux, c'est bon, il y a consentement.
03:07 Le consentement n'existe pas.
03:09 Une femme mariée, par définition, appartient à son mari
03:13 dans l'inconscient de ces hommes-là.
03:15 Donc on peut en disposer à sa guise,
03:18 dans des conditions complètement hors-sol.
03:21 Il faut savoir que ce sont des agressions
03:23 qui se déroulent sur le corps d'une femme qui est inanimée.
03:26 Il y a un vrai problème, quand même.
03:30 Par des personnes, vous l'avez dit, Aurélie,
03:32 qui ne sont pas des cas sociaux.
03:33 Vous l'avez dit, journalistes...
03:35 J'ai dit militaires, pompiers, conseillers municipaux,
03:38 des entrepreneurs...
03:40 C'est un échantillon représentatif de la société française.
03:45 Et c'est vrai que quand je découvre le dossier de l'instruction
03:49 et que je me rends compte qu'un jeune de 22 ans...
03:51 On dit qu'il en a 26, mais au démarrage des faits,
03:54 il en a 22, ce jeune homme.
03:56 22 ans !
03:58 Aller violer une femme d'une soixantaine d'années
04:01 dépourvue de son consentement dans des conditions...
04:04 Enfin, je veux dire, ça ne va pas bien.
04:07 On vit dans une société où, véritablement,
04:09 il y a un vrai sujet à prendre en considération.
04:11 On croit connaître notre voisin ou notre père.
04:14 Vous-même, vous ne connaissez pas votre père.
04:16 Je ne connais pas la personne qui m'a élevée.
04:18 Et pour autant, je vais vous dire,
04:19 j'étais très proche de mon géniteur.
04:21 Très proche.
04:22 On était une famille unie.
04:24 On passait aux yeux de tous
04:27 pour une famille exemplaire.

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