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Dans son émission média, Philippe Vandel et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Mathieu Vidard, présentateur de « Science grand format » est l'invité de Culture médias.
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News
Transcription
00:00 Europe 1.
00:02 Culture Média sur Europe 1, Philippe Vandel.
00:05 Bonjour Martin Blanchard.
00:07 C'est votre micro est ouvert. Bonjour, vous êtes journaliste, réalisateur, votre actualité c'est expert du crime.
00:12 Il y a un sous-titre "Quand la science mène l'enquête". Un reportage, ça passe demain à 21h sur France 5 dans le cadre de l'émission
00:18 "Science grand format", émission présentée par Mathieu Vidard. Alors c'est une collection
00:22 qui en général parle de la naissance de l'univers, de la fusion nucléaire, des éléphants ou des mystères des pyramides.
00:28 Mais cette fois, il est question de meurtre et de crime. En gros, c'est les experts mais en vrai.
00:33 C'est les experts mais en vrai, il ne faut pas oublier que "Science grand format" c'est une case science. Donc là, les experts sont des scientifiques.
00:39 Donc en fait, on a une approche
00:41 criminelle mais criminalistique scientifique en fait. Alors vous avez étudié non pas un colcaise mais une affaire déjà résolue.
00:47 Affaire qui remonte au 21 août 2002. J'ai beaucoup aimé, les gendarmes ont des 505 Peugeot break.
00:51 Il s'agit de l'homicide d'une jeune fille qui a été découverte assassinée dans un champ en Picardie.
00:58 Les investigations avaient duré trois ans. Le coupable a été retrouvé. C'est un cas d'école et la première question est celle ci, vous avez travaillé
01:05 avec une reconstitution 20 ans plus tard. Pourquoi ce choix éditorial ? D'abord, pourquoi prendre un cas ancien,
01:12 aussi ancien ? Et deuxièmement, pourquoi ne pas vous fonder, ne vous être fondé uniquement sur les documents d'époque ?
01:18 Parce que l'affaire avait été fortement médiatisée.
01:20 Alors c'est vrai que le choix en fait de
01:24 se focaliser sur une affaire ancienne, c'est très simple. Lorsqu'on va chez les gendarmes à l'IRCGN dans leur laboratoire,
01:29 c'est fabuleux mais c'est super frustrant en fait. Parce que vous arrivez sur une table d'autopsie, vous avez un
01:34 squelette reconstitué et vous vous dites "ah ça c'est oui mais ça on pourra pas en parler parce que c'est en cours d'instruction". Vous allez dans le garage,
01:41 vous voyez des
01:43 voitures accidentées, vous vous dites "oui mais ça vous pourrez pas filmer parce que c'est en cours d'instruction". En gros,
01:47 dès que c'est en cours d'instruction, on ne peut pas en parler. Donc si on veut évoquer le travail de ces gens là,
01:53 des scientifiques, il faut choisir une affaire ancienne
01:56 qui soit jugée et sur laquelle on a toute l'attitude de parler, puisqu'il n'y a pas le secret de l'instruction
02:01 qui empêche les experts de parler. - Et vous avez reconstitué le cadavre en images de synthèse, ce qui fait qu'on voit pas des choses
02:06 horribles et dégoûtantes avec de la tripaille qui dégouline un peu partout. Alors la police scientifique
02:11 comporte de très nombreuses disciplines et de sous-disciplines, il y a les analyses balistiques. Là il n'y a pas d'armes à feu.
02:17 - Non, non, non, puisque c'est un meurtre à l'arme blanche donc
02:20 voilà, les experts, pour le coup, balistiques, sortaient de mon chien en investigation. - Alors en revanche, il y a
02:25 l'analyse des traces de sang, puisque c'est à l'arme blanche. Alors avant l'arrivée de tout le protocole
02:31 ADN, il y a quelque chose de très très intéressant qui arrive. Ce ne sont pas des policiers, ce sont des entomologistes.
02:37 Habituellement, ils sont au jardin des plantes en train d'étudier les petites bêtes. Ce sont les spécialistes des insectes. Pour quelles raisons arrivent-ils ? Que font-ils ?
02:45 - Alors, l'entomologie légale, d'ailleurs la personne qui a fondé le département entomologie légale
02:50 chez les gendarmes, en fait, venait du muséum d'histoire naturelle. Donc c'est vraiment des gens qui sont formés sur les
02:56 petites bêtes, sur les insectes. En fait, ils arrivent tout simplement parce que dès qu'un cadavre
03:00 dès qu'on meurt, en fait, sans même qu'il y ait d'odeur qui soit perceptible pour les sens humains, les insectes eux en fait le sentent.
03:10 - Et justement, je vous interromps parce que c'est un entomologiste qui nous raconte sa manière de travailler. C'est le premier exemple.
03:16 - Dès les premiers instants du décès, le corps va commencer à émettre des composés organiques volatiles.
03:22 Et même si ça reste indétectable pour l'odorat humain, les insectes pourront détecter ces odeurs sur plusieurs kilomètres.
03:30 - J'ouvre le prélèvent conditionné à sec.
03:33 J'ai des petites larmes dans la gaze.
03:36 - Les premiers insectes arrivants vont s'intéresser
03:39 aux éventuelles plaies et toutes les parties qui auront une certaine humidité.
03:44 Donc les yeux, le nez, les oreilles, la bouche, ce qui fait que très rapidement le corps sera entièrement colonisé.
03:50 - Alors là, on voit une scientifique qui prélève des œufs de mouche au coin de l'œil de la victime.
03:55 C'est pas... c'est un peu moyen si on est à table.
03:58 Racontez-nous le process des mouches, si vous arrivez à le résumer, parce qu'il y a toute une gradation.
04:03 - Alors les mouches, en fait, lorsqu'on... donc dès qu'un
04:08 cadavre entre en putréfaction, les mouches viennent pondre des œufs. Et en fait on va se servir de ces mouches,
04:14 on va les asticots, tout simplement, pour parler crûment, on va se servir de ces asticots pour essayer de remonter
04:18 au moment de la ponte. Le moment de la ponte va en réalité être proche du moment de la mort.
04:23 Donc le problème c'est, lorsqu'on a des asticots, déjà on peut pas savoir à quelle variété d'insectes ça appartient.
04:29 Donc il va falloir qu'on élève les asticots, c'est-à-dire qu'on va les placer sur des morceaux de viande pour qu'ils grandissent,
04:35 pour qu'ils atteignent leur stade mouche.
04:37 - Alors, si on interrompt, c'est qu'on est sur un morceau de bœuf normé.
04:39 C'est tout le temps le même bœuf, c'est juste complètement fou ce qu'on voit.
04:42 - Mais oui, en fait c'est normal parce que c'est scientifique.
04:44 - Continuons, continuons.
04:46 - Donc on élève les mouches, une fois que les mouches sont nées, eh ben on les euthanasie,
04:50 simplement, parce que pour les observer c'est plus simple d'avoir une mouche morte plutôt qu'ils se baladent dans tous les sens.
04:54 Et là, en fait, on va identifier la mouche, parce que des espèces de mouches, il y en a mais des dizaines de milliers.
04:59 Donc les entomologistes vont identifier la mouche et à partir du moment où ils ont l'espèce de mouche,
05:05 en fait, c'est pour ça que tout est normé, on sait que les mouches, on connaît le cycle de croissance des mouches.
05:10 - Et ce que je dois dire, il y a une image absolument phénoménale qu'on ne peut pas passer puisqu'on est à la radio,
05:14 c'est que pour reconnaître l'espèce de mouche, on est avec un énorme microscope
05:18 qui va dans le détail, du détail, du détail des nervures de l'aile de la mouche
05:23 et comme ça on peut déterminer l'asticot et comme ça on peut déterminer la date à 2 ou 3 heures près du décès.
05:28 C'est juste passionnant et encore on ne vous a pas tout raconté.
05:30 Martin Blanchard, expert du crime, il est avec nous, c'est sur France 5 demain.
05:34 Culture Média continue, courte pause sur Europe 1.
05:37 - Et vous écoutez Culture Média avec Philippe Vandelle et votre invité Philippe Martin Blanchard.
05:42 - Qui signe l'enquête "Experts du crime, quand la science mène l'enquête",
05:47 ce sera demain à voir à 21h sur France 5.
05:50 Vous revenez sur une affaire résolue il y a 20 ans avec l'action de la police scientifique
05:55 car c'est comme ça qu'on a pu confondre le coupable, 3 ans d'enquête scientifique.
06:00 Il y avait l'électronique embarquée, on peut analyser tout ce qui s'est passé dans une voiture,
06:04 je l'ai appris grâce à votre doc, 5 secondes avant un choc grâce à la puce qui est située dans l'airbag.
06:11 Je ne savais pas que c'était aussi précis, qu'est-ce qu'on peut voir ?
06:14 - Alors c'est tout simplement ce qu'on appelle le calculateur d'airbag, c'est-à-dire qu'en fait,
06:18 5 secondes avant que l'airbag se déclenche, il y a toute une série de paramètres qui va être enregistrés.
06:23 Paramètres de vitesse, l'angle de volant, la pédale d'accélération.
06:27 Et en fait, c'est des choses, des éléments qui sont factuels, scientifiques, objectifs
06:30 et qui permettent de restituer les 5 secondes qui précèdent l'accident.
06:34 Et parfois, il se passe beaucoup de choses dans ces 5 secondes
06:37 et ça permet d'aller dans une direction ou dans une autre plutôt que dans une enquête.
06:40 Par exemple, lorsqu'il y a un accident connu justement, dont on parle dans le film,
06:45 la personne incriminée disait qu'elle avait cherché à éviter l'obstacle,
06:48 sauf que les faits objectifs disent que non, en fait, l'angle du volant est resté strictement le même,
06:53 la pédale d'accélération est restée bloquée sur l'accélération.
06:57 Donc en fait, ce que racontait la personne incriminée était totalement faux
06:59 et les éléments scientifiques donnés par l'airbag permettent de le contredire.
07:03 - C'était deux gendarmes qui avaient été percutés par un 4x4
07:05 et le type avait filé en ligne droite et à 150 à l'heure.
07:08 - Voilà, il avait complètement défoncé une voiture de policiers sur le périphérique
07:12 et voilà, deux policiers avaient trouvé la mort et la personne ne voulait pas admettre sa responsabilité.
07:16 - La police scientifique relève également la terre et le gravier, pour en faire quoi, pour quelle raison ?
07:21 - Alors ça, c'est des expertises qui sont très compliquées,
07:23 c'est pour ça que souvent elles arrivent en second rang.
07:28 On s'intéresse d'abord évidemment aux traces qui sont les plus,
07:30 qui sont ce qu'on appelle incriminantes, c'est-à-dire où on va permettre d'identifier une personne,
07:33 par exemple l'ADN, ça nous ramène à une personne,
07:36 une empreinte, ça nous ramène à une personne,
07:38 alors que le gravier, eh bien, ça va plutôt être des faisceaux d'indices.
07:42 Donc c'est pour ça qu'on fait ça en seconde possibilité,
07:47 et puis surtout c'est des analyses qui sont très complexes, très longues,
07:50 parce qu'analyser de la terre, eh bien, il faut déjà qu'on ait deux échantillons pour les analyser,
07:55 parce que ça ne marche que par comparaison.
07:56 Si on trouve de la terre sous la semaine de suspect,
07:59 on ne pourra pas vous dire pour l'instant, mais ça va peut-être changer,
08:01 on ne pourra pas vous dire pour l'instant d'où elle vient.
08:04 Il faut une comparaison.
08:05 - Alors, on parlait des traces de l'airbag,
08:08 en revanche là, il n'y a pas d'airbag,
08:09 parce que le meurtrier qu'on a retrouvé, il avait,
08:12 à l'époque, il était seulement le suspect,
08:14 il avait une mobilette 103 Peugeot.
08:15 Inutile de dire qu'il n'y a pas d'airbag, il n'y a même pas de frein à disque là-dessus.
08:18 Et là, vous avez exhumé une séquence absolument hallucinante au tribunal.
08:23 Il s'appelle Jean-Paul Lecomte,
08:25 à l'époque, il est présumé coupable.
08:27 Dans une autre affaire, il est interrogé par la presse,
08:29 et il est confronté aux recherches ADN qui existaient déjà.
08:33 Écoutez, c'est vraiment un document.
08:34 - Le seul à connaître le déroulé des faits, c'est le meurtrier.
08:39 Mais Jean-Paul Lecomte ne parle pas,
08:42 malgré des expertises et l'enquête de terrain qui le désigne.
08:46 L'épreuve scientifique, ça ne lui fait pas peur.
08:51 Lors du premier procès pour le meurtre de Patricia Leclerc,
08:54 il a tenu tête aux experts en génétique
08:57 qui avaient relevé son ADN sur les vêtements de la victime.
09:01 - Monsieur Lecomte, il y a une chance sur 5 600 milliards pour que ce ne soit pas votre ADN.
09:06 Pourquoi est-ce que vous n'avouez pas l'évidence ?
09:08 - Non mais attendez, je conteste une partie de l'expertise.
09:12 Je conteste une partie.
09:15 Je la contesterai toujours.
09:17 - Ce serait impensable.
09:18 Maintenant, on ne voit jamais les auteurs de crimes interrogés dans l'ensemble même du tribunal.
09:22 Comment se fait-il que cette séquence existe ?
09:25 - Elle n'aurait jamais dû exister en fait.
09:27 C'est quelque chose, c'est une erreur monumentale en fait,
09:30 des policiers qui gardaient le tribunal.
09:32 C'est-à-dire que le verdict a été prononcé.
09:34 Et pendant que la cour s'est retirée,
09:37 la personne qui est condamnée, Jean-Paul Lecomte, est encore dans le box.
09:40 Les journalistes se tournent vers l'avocat.
09:43 Et l'avocat, à un moment donné, en répondant aux questions,
09:45 dit "peut-être que vous pouvez demander à mon client".
09:46 Et là, il y a un moment de flottement.
09:49 Et la personne condamnée répond.
09:52 Et les policiers qui sont à côté ne réagissent pas.
09:54 Et il y a comme ça quelques minutes d'interview qui n'auraient jamais dû exister.
09:57 Normalement, ça n'existe pas ce genre de propos.
09:59 - À la fin du documentaire, on comprend,
10:00 enfin moi j'ai cru comprendre ça,
10:01 que vous avez choisi une affaire ancienne pour qu'il n'y ait pas le bornage des portables.
10:04 Parce que ce serait trop facile.
10:05 Il aurait suffi de suivre la personne avec son portable
10:09 et puis dire "oui c'est vous, vous étiez là et là et là et puis là".
10:11 - Alors, il faut savoir qu'à l'époque, les portables existaient.
10:14 Sauf que quand on regarde le dossier d'instruction,
10:16 à l'époque, pour le bornage,
10:18 il faut adresser des faxes aux opérateurs
10:21 qui renvoient des faxes pour chaque numéro.
10:23 C'était un travail, mais monumental.
10:25 Je crois que c'est beaucoup plus simple maintenant.
10:27 Et c'est clair que tous les experts que j'ai rencontrés m'ont dit que
10:30 l'électronique embarquée ou la téléphonie,
10:32 c'est primordial maintenant dans énormément d'enquêtes.
10:34 - Oui, mais ça fait des moins beaux reportages.
10:36 Parce qu'on ne voit pas la terre, on ne voit pas les mouches dans les yeux.
10:38 - Oui, mais la terre et la mouche existent toujours et sont toujours déterminantes.
10:42 - Merci beaucoup Martin Blanchard.
10:44 Je rappelle, l'expert du crime quand la science mène l'enquête,
10:46 c'est à voir demain à 21h sur France 5
10:49 dans le cadre de la collection Science Grand Format.
10:52 Collection présentée par Mathieu Vidard.
10:54 Merci d'avoir été avec nous dans Culture Média en direct qui continue.
10:57 Évidemment, après les infos de 10h, notre invité, c'est l'écrivain Eric Emmanuel Schmitt.
11:01 Il revient d'un pèlerinage, d'un voyage à Jérusalem,
11:04 qu'il raconte et il raconte aussi sa rencontre avec le pape François.

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