Maires démissionnaires: "On perd en pouvoir d'agir" estime David Lisnard, président des maires de France

David Lisnard, président des maires de France est l'invité du "Face-à-Face", ce mercredi 21 juin 2023.

Transcript

00:00 - On va dire ça parce que ça reste le plus beau des mandats, mais en tout cas, il y a une vérité statistique déjà.

00:05 C'est que sur la dernière décennie, 2013-2023, il y a deux fois plus de démissions d'élus municipaux,

00:12 adjoints, maires, conseillers municipaux, que sur la décennie précédente.

00:15 Depuis 2020, on a passé la barre des 1400 maires démissionnaires.

00:19 Et avec l'AMF, qui avait été la première à alerter sur ce phénomène,

00:23 on réalise chaque année une étude avec le CIVIPOF, le centre de recherche de Sciences Po,

00:27 et dans les motivations des démissions, on voit monter les violences,

00:31 les violences physiques, mais aussi les violences réputationnelles.

00:36 C'est-à-dire, vous voyez dénigrés sur les réseaux sociaux, vous voyez vos enfants jetés en pâture, etc.

00:40 Mais la première cause de découragement, c'est la surcharge bureaucratique.

00:45 Ce sont les injonctions contradictoires qui font que dans la même journée,

00:47 on va vous dire qu'il faut réindustrialiser dans votre canton, comme on disait avant,

00:52 il faut créer des logements sociaux, mais attendez, vous ne pouvez pas utiliser un mètre carré

00:56 parce qu'on va anticiper le zéro artificialisation net.

00:59 Toutes ces injonctions contradictoires...

01:00 - Ce que vous voulez dire, c'est qu'ils se sentent complètement tiraillés,

01:01 qu'ils n'arrivent pas à trouver des solutions concrètes ?

01:03 - C'est-à-dire qu'on perd en pouvoir d'agir.

01:06 - Vous disiez tout à l'heure que les maires avaient été sortis des conseils d'administration des hôpitaux, par exemple.

01:10 - Maintenant, on a un conseil de surveillance.

01:11 Et ça fonctionnait mieux quand nous présidions les conseils d'administration.

01:14 Mais il y a une espèce de doxa au sommet de l'État, qui est complètement archaïque,

01:18 qui croit que plus l'ensemble est grand, plus il est performant, plus l'État s'occupe des choses, plus c'est juste.

01:25 Or, ça peut être juste, mais c'est souvent faux.

01:27 Moi, je suis pour un État fort, qui sanctionne à posteriori, vite,

01:30 tous ceux qui sortent des clous, et de façon juste.

01:33 Mais qu'en revanche, on cesse d'entraver, a priori, la créativité, l'action.