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Transcription
00:00 Pierre Terrasse, bonjour. Vous êtes responsable des campagnes climat et énergie chez Greenpeace, l'une de ses ONG.
00:07 Pourquoi cette somme d'un milliard d'euros ? À quoi elle correspond ?
00:11 Bonsoir. Elle correspond à la dette de l'inaction climatique de l'État depuis le jugement que vous avez rappelé
00:19 du tribunal administratif de Paris, il y a maintenant un peu plus de deux ans.
00:22 Et comment vous avez calculé cette somme ? À quoi elle correspond concrètement ?
00:29 Elle correspond à des semestres de retard. L'État a été condamné pour trop d'émissions comparées au budget carbone
00:36 qui s'était fixé entre 2015 et 2018. On considère aujourd'hui que le retard n'a pas été rattrapé du fait de l'action de l'État,
00:43 mais d'événements extérieurs qui sont indépendants de sa volonté. Donc aujourd'hui, on demande la pleine exécution de ce jugement.
00:49 Et pour ce faire, on a utilisé la méthode Kiné qui établit un prix du carbone aujourd'hui.
00:56 Ce prix du carbone, il correspond à des pertes en qualité de vie, en risques sanitaires ?
01:05 Oui, tout à fait. Et l'inaction climatique, elle est de plus en plus chère parce que plus on agit tôt,
01:12 plus on peut finalement lutter contre le dérèglement climatique de manière efficace.
01:16 Vous mentionniez tout de suite les terribles feux qui sont en ce moment en cours au Canada.
01:21 C'est un exemple du coût justement de l'inaction climatique.
01:25 Là, on ne parle pas d'un milliard d'euros, mais de dizaines, voire de centaines de milliards de dollars.
01:29 La canicule et les incendies en France l'été dernier ont coûté plus de 10 milliards d'euros.
01:33 Donc on est vraiment sur des ordres de grandeur qui sont énormes.
01:36 Et il faut se préparer, bien sûr, à ces conséquences, mais il faut surtout agir pour limiter le dérèglement climatique.
01:41 Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, nous, on demande à ce que l'État se mette au travail, tout simplement,
01:46 afin d'éviter un emballement catastrophique.
01:49 Si vous faites cette requête financière, c'est parce que la condamnation que vous avez obtenue en 2021 de l'État,
01:59 elle n'a pas entraîné le sursaut que vous espériez ?
02:03 Tout à fait. Donc on a scruté les différentes actions de l'État qui ont été mises en place au cours des dernières années,
02:09 que ce soit la loi climat, dont 90% des mesures proposées par la Convention citoyenne pour le climat
02:14 ont été jokerisées par le gouvernement, ou bien le plan de sobriété.
02:19 On est sur un plan incitatif de petits gestes, de petits pas,
02:22 mais absolument pas de réponse structurelle à la crise climatique,
02:26 avec les grosses actions qu'on devrait attendre, en fait, qui sont à la hauteur des enjeux.
02:30 Et par ailleurs, on assiste aussi à des reculades avec des actions qui sont clairement climaticides.
02:35 La réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold qu'on a vue cet hiver.
02:39 Le gouvernement soutient la construction du terminal métanier du Havre,
02:44 qui va importer du gaz de schiste des États-Unis, qui est extrêmement mauvais à la fois pour le climat et pour la biodiversité.
02:49 Donc le compte n'y est pas.
02:51 Et l'action de l'État n'est absolument pas à la hauteur des enjeux du changement climatique.
02:55 En 2021, pour donner quelques chiffres, la justice avait ordonné que soit compensé au plus tard le 31 décembre 2022
03:02 les 15 millions de tonnes équivalent CO2 émis en trop par rapport aux objectifs de la France
03:07 sur la période 2015-2018. Combien ont été compensés ? Est-ce qu'il y a un effort qui a été fait ?
03:14 Est-ce qu'on est très loin de l'objectif fixé par le tribunal ?
03:18 Alors on a un double problème. D'abord, c'est qu'il y a eu une compensation numérique, arithmétique, si vous voulez,
03:26 qui a été faite, mais ce n'est pas du fait de l'État. C'est du fait du Covid qui a entraîné des baisses d'émissions de CO2
03:33 dans le monde entier, de la guerre en Ukraine qui a créé une augmentation des prix du gaz et une baisse des émissions de CO2 aussi
03:39 dans certains secteurs, notamment le bâtiment résidentiel cet hiver avec une sobriété subie.
03:44 Les gens ont fait des économies d'énergie, c'est ce que vous nous dites, puisqu'elles coûtaient cher.
03:48 Oui, tout à fait, avec une sobriété subie, notamment pour les ménages les plus précaires, alors que ce n'est absolument pas ce qu'on demande.
03:55 Et également un hiver 2022-2023 particulièrement doux. Donc d'un point de vue arithmétique, les émissions ont baissé,
04:02 mais ce n'est absolument pas du fait, et d'ailleurs le Conseil d'État l'a reconnu dans une autre affaire qui s'appelle le Grand Sainte en mai 2023,
04:10 donc le mois dernier, ce n'est absolument pas du fait de l'action de l'État.
04:15 Nous, ce qu'on demande, et par ailleurs, excusez-moi, je voulais rajouter, l'État n'a pas fourni les documents.
04:20 Donc nous, on a demandé à l'État de nous fournir les documents et les preuves des impacts de son action, et l'État ne nous les a pas fournis.
04:27 Aujourd'hui, la Commission d'accès aux documents administratifs, la CADA, nous a donné raison.
04:31 Et ce matin, on a demandé une astreinte, vous le mentionnez, de plus d'un milliard d'euros,
04:35 mais on a également demandé à ce que l'État nous fournisse les documents pour montrer sa bonne foi et l'impact des mesures.
04:42 Et jusqu'à présent, il s'est refusé à le faire.
04:44 Merci beaucoup Pierre Thérasse d'avoir été l'invité de France 24 ce soir.
04:48 Merci à vous.

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