SMART JOB - Le cercle RH du jeudi 15 juin 2023

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Jeudi 15 juin 2023, SMART JOB reçoit Sylvain Bersinger (économiste et auteur, Cabinet Asterès) , Alexandre Lamy (avocat en droit social & membre de l'Institut Sapiens, Think Tank Neos) et Olivia Coppin (CEO, Juste Business, Ni Victime Ni Bourreau)

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00:12 Le cercle RH, le cercle des experts pour commenter l'actualité avec un focus aujourd'hui sur cette loi travail qui va être baptisée et qui est baptisée la loi plein emploi.
00:21 Conseil des ministres, c'était le 7 juin et elle arrive au Sénat début juillet avec un calendrier parce que c'est ce qui va faire naître évidemment France Travail.
00:29 Avec un calendrier un petit peu décalé par rapport à ce qui avait été évoqué. Il y a les enjeux autour du RSA qui est important et puis l'idée du contrat, du donnant-donnant qui est un peu la philosophie du texte.
00:40 On va parler aussi de la pénurie dans le nucléaire. Agnès Pannier-Runacher a lancé un appel pour relancer cette filière et créer de l'emploi.
00:48 Et puis on parlera aussi des salaires que l'on prend un peu plus tôt que la fin de mois parce que les fins de mois comme on dit sont difficiles.
00:55 Mes invités sont là. Olivia Coppin, ravie de vous accueillir. Fondatrice de Juste Business et l'association est votre mouvement.
01:01 J'allais presque dire le mouvement ni victime ni bourreau. Vous accompagnez, faites des formations sur ce sujet. Merci d'être là.
01:08 A vos côtés Alexandre Lamy. Bonjour Alexandre. Avocat en droit social, cabine R6, cofondateur de Néo, c'est membre de l'institut Sapiens et vous êtes très prolifique.
01:17 Moins que Sylvain Bersinger quand même qui est avec nous, moins. Chef économiste chez Astéres parce que vous écrivez par ailleurs au-delà de vos activités d'économiste, beaucoup.
01:26 Réédition de, et ça vous étonne qu'on ne trouve plus de profs, j'ai même envie de vous réinviter dans le livre de Smart Job.
01:32 Vous avez été prof et vous racontez aussi les raisons qui justifient la démotivation d'enseignants, de profs qui démissionnent alors que c'est un très beau métier.
01:43 La loi plein emploi et France Travail. Je voulais savoir comment vous regardiez le processus d'élaboration de la création de France Travail.
01:53 Précisons que c'est la fin de Pôle emploi et que France Travail va remplacer Pôle emploi. Je sais que vous suivez ce dossier de prêt, vous avez remis un certain nombre de rapports, de documents.
02:03 Vous travaillez sur ces questions. Est-ce que le décalage de calendrier, puisque ce n'est pas ça qui avait été évoqué originellement, janvier 2024, et le gouvernement évoque même l'hypothèse qu'on arrive en janvier 2025, c'est quoi ?
02:17 C'est plus long, ça bloque, il y a des freins. Qu'est-ce qui se passe sur ce texte ?
02:22 Je pense que c'est un dossier éminemment complexe parce qu'on touche à la gouvernance du service public de l'emploi pour aller vers plus de territorialité et pour accompagner notamment les allocataires du RSA vers l'emploi.
02:38 Et une inscription des allocataires à France Travail ?
02:41 L'inscription sera obligatoire. C'est essentiel, ce décalage de calendrier est dommageable parce qu'il y a urgence. On sait que les allocataires du RSA sont peu à aujourd'hui être inscrits à Pôle emploi.
02:56 On a 40% je crois...
02:57 Ils estiment que ça ne sert à rien ?
02:58 Oui, 40% d'allocataires du RSA qui sont inscrits à Pôle emploi alors même que ce sont les plus éloignés de l'emploi.
03:05 Et on estime d'après les dernières études de l'ACNAM de mémoire qu'il y a environ deux tiers des allocataires du RSA qui sont employables à six mois sous condition et un tiers qui ne sont pas employables du tout.
03:15 Alors même que on sait que les compétences tacites se perdent au bout de six mois. Donc il est urgent de mobiliser France Travail pour à la fois coudre ce tissu social, ce tissu associatif, ce tissu économique et ce tissu industriel pour réintégrer les allocataires du RSA vers l'emploi.
03:32 L'économiste fait des notes sur notre économie, sur la situation de notre économie mais ça a une incidence ce texte Pôle emploi parce qu'il modifie, il entend remettre des milliers, pour ne pas dire des millions de français sur le chemin du travail et de la confiance.
03:45 C'est bon pour l'économie quand même ce texte ?
03:47 Oui bien sûr. La France, alors on a des bons chiffres sur l'emploi depuis à peu près deux ans. Il faut quand même le rappeler.
03:52 Ça baisse ?
03:53 Alors le chômage baisse mais l'emploi augmente et on est sur un taux d'emploi historiquement élevé. Mais si on compare nos taux d'emploi à nos voisins typiquement l'Allemagne parce que souvent la comparaison comprend mais même les pays scandinaves ou autres, on est encore largement en dessous.
04:06 Donc ça veut dire qu'il y a encore beaucoup de français si on se compare à ce que pourrait être le marché de l'emploi en France. On a encore une marge de progression assez importante et effectivement on sait qu'en France par rapport par exemple à l'Allemagne, pays germaniques, pays scandinaves,
04:20 il y a tout un volet de gens souvent assez peu qualifiés qui sont exclus ou qui s'auto-excluent du marché du travail. Il peut y avoir plusieurs raisons. Et donc il y a une marge de progression encore importante à ce niveau là.
04:31 Le plein emploi avait été fixé, je me souviens de la présence d'Elisabeth Borne ici à votre place, Alexandre Lamy, qui avait fixé le plein emploi à 5,5%.
04:38 Le taux de chômage ?
04:39 C'est ça.
04:40 C'est grosso modo ça. Alors on ne sait pas exactement mais c'est autour de, on dit 5% à peu près.
04:43 5%.
04:44 On n'a pas de chiffre exact, c'est une estimation.
04:45 Olivier Coppin, je vous pose une question à vous et je la pose évidemment à mes autres invités. Il y a un débat sur le RSA, il y a un taux incompréhensible de personnes dont on sait qu'on ne pourra pas les réinsérer
04:56 et il y a une partie de ces allocataires dont on se dit que potentiellement, je mets des guillemets, ils sont "sauvables", on peut les remettre sur le chemin de l'emploi.
05:03 Il faut l'accepter ça ou on se dit après tout, il faut tendre la main à tous les allocataires, c'est-à-dire qui touchent cette allocation et faisant parfois des emplois sans cotisation pour continuer à vivre convenablement et avoir une vie à peu près normale.
05:18 On accepte ces situations ou pas ?
05:20 En tout cas, dans le changement de nom, a priori, on ne l'accepte pas puisque c'est une promesse assez évocatrice.
05:25 La France qui travaille, c'est-à-dire que tous les Français doivent revenir à un moment donné à l'emploi.
05:29 Concernant le RSA, il faut quand même rappeler qu'effectivement, ces personnes-là n'ont pas choisi d'être dans cette situation.
05:37 Les revenus sont très faibles, on est dans une survie, mais c'est vrai qu'on a pu le constater, c'est-à-dire que plus elles sont éloignées de l'emploi, plus ce temps-là est sur un temps long, moins elles sont attractives aussi.
05:47 Et dans le terme de contrat, je pense que c'est ça qui est important.
05:49 On leur fait signer un contrat.
05:51 C'est surtout que dans un contrat, les obligations sont mutuelles.
05:53 C'est le donnant-donnant.
05:55 C'est-à-dire qu'elles doivent faire tout ce qui est en leur possible pour revenir à l'emploi.
05:59 Mais le plus important, c'est comment on les accompagne.
06:01 Et on revient sur la formation.
06:03 Les 15-20 heures ?
06:05 Oui, exactement.
06:07 Mais vous y souscrivez parce que la gauche, pour le dire très directement, s'est levée en disant "mais vous vous rendez compte, c'est de l'emploi déguisé, on va utiliser une main d'oeuvre à bon marché".
06:15 Le gouvernement répond "non, c'est une manière de retrouver un contact, c'est une forme de stage".
06:19 Vous y souscrivez ?
06:21 C'est indispensable.
06:23 On sait qu'Olivier a parlé du contrat d'engagement.
06:25 Le contrat d'engagement existe déjà.
06:27 Mais cependant, il y a seulement 20% des allocataires du RSA qui bénéficient du contrat d'engagement.
06:31 Il faut que ce soit beaucoup plus large.
06:33 Et contrairement à ce que vous évoquiez, on ne parle pas de travaux d'intérêt généraux.
06:35 C'est faux.
06:37 Entièrement faux.
06:39 Ce qui est important, en revanche, c'est de mobiliser tout le tissu social que j'évoquais tout à l'heure.
06:41 Parce que les allocataires du RSA, ce qu'ils nous disent, c'est que les freins périphériques liés aux difficultés socioprofessionnelles sont énormes à surmonter.
06:47 Donc, avant de les réinscrire dans le tissu de l'entreprise, il faut des étapes.
06:57 Le tissu social, le tissu économique et ensuite le tissu de l'entreprise.
06:59 Et c'est ce à quoi vont servir les 15 heures.
07:01 Sylvain Persinger, c'est quand même incroyable.
07:03 On entend les allocataires qui dérivaient, payés par les départements, qui dérivaient, qui étaient éloignés de tout.
07:09 Là, il y a une possibilité peut-être de les réamarrer avec 15-20 heures hebdomadaires d'activités régulièrement évoquées par le gouvernement.
07:15 Donc, ça, c'est quasiment acté.
07:17 Ça va batailler dans l'hémicycle.
07:19 Mais c'est quand même l'idée de remettre en selle quelqu'un.
07:21 Oui, alors, je pense qu'il faut voir ça pas de manière sanction dans le sens "tu es un fainéant qui veut crocher dans la société, va bosser".
07:29 Il faut le voir de manière positive.
07:31 C'est-à-dire que je suis tout à fait d'accord avec ce que vous disiez.
07:33 Les gens qui sont au chômage longtemps ou au RSA longtemps, il y a de la perte de savoir-faire, il y a de la perte de motivation de se lever le matin.
07:39 Il y a de la désociabilisation parce que c'est ça aussi l'emploi.
07:41 On n'aime pas se lever le matin, mais c'est aussi aller voir des gens.
07:45 Il y a des addictions, enfin, il y a des sujets aussi périphériques.
07:47 Il y a tout un tas de sujets.
07:49 Donc, je pense que revenir un petit peu dans l'emploi, dans des habitudes, ça veut dire regagner des savoir-être, voir des savoir-faire.
07:55 Et ça veut dire aussi rencontrer des gens parce que quand on est isolé, c'est beaucoup plus dur de trouver de l'emploi.
07:59 Si on va faire ses quelques heures, alors 15-20, je ne sais pas combien, qu'on discute à la pause café avec d'autres personnes.
08:05 "Ah ben moi, j'ai postulé là, tu pourrais faire ça."
08:07 Voilà, il y a un lien qui se recrée.
08:09 Et des liens de sociabilité.
08:10 C'est une bonne idée, mais il ne faut pas le voir, c'est un côté punitif.
08:12 Ce serait absurde à mon avis.
08:13 Basculons sur le nucléaire parce qu'on reparlera de ce texte quand il sera vraiment au Sénat et que le débat parlementaire aura lieu, en tout cas au Sénat.
08:19 Rappelons quand même qu'une personne qui ferait une demande à locataire du RSA à la CAF se verrait automatiquement inscrite à Pôle emploi.
08:27 Donc, c'est-à-dire réinsérée et normalement, si tout va bien, accompagnée par un collaborateur de France Travail.
08:34 Le nucléaire, qu'est-ce qui se passe ?
08:36 Parce qu'il y a eu un vrai débat politique, mais là, il n'est plus politique, le débat.
08:40 Ce n'est pas pour ou contre.
08:41 On va accélérer sur le nucléaire, sauf qu'on n'a pas la main d'œuvre.
08:44 Vous en pensez quoi, Olivia ?
08:45 Ça veut dire que c'est des métiers qui ne font plus rêver ?
08:47 Le nucléaire, c'était un fleuron de notre économie.
08:50 Aujourd'hui, la ministre Agnès Pannier-Ruynacher dit "Nous, on ne trouve pas, on n'a pas."
08:54 C'est vrai qu'il y a eu tout un courant politique avec les mouvements écologistes qui ont quand même pointé du doigt le nucléaire.
09:02 On voit dans les jeunes générations, les personnes très formées, elles sont peut-être moins à même à se tourner vers ces métiers-là.
09:07 En tout cas, ce qui est sûr, c'est un secteur où on ne pourra pas recruter de la main d'œuvre étrangère.
09:12 On est sur des sujets de défense, des sujets de souveraineté.
09:15 Au moment où on parle beaucoup d'écologie, de transition écologique, au même moment, il y a le gouvernement qui dit
09:19 "Mais il faut aussi..." Les jeunes, même ingénieurs qui sortent des grandes écoles, disent aujourd'hui "Je ne vais pas dans le nucléaire."
09:25 Mais c'est important de faire de la pédagogie dessus, parce que je pense que justement, on parle de transition, on ne parle pas de basculement.
09:29 Dans le terme transition, c'est le temps de trouver d'autres énergies, il faut bien s'occuper de ces énergies-là.
09:34 Et les centrales nucléaires qui ne sont pas suffisamment prises en charge restent un risque écologique aussi important.
09:39 Vous en pensez quoi ? C'est un débat un peu philo quand même là.
09:41 Je crois que ça renvoie à plusieurs choses.
09:43 Ça renvoie au fait que depuis 2018, l'entrée en formation des salariés chute drastiquement.
09:50 Je crois qu'on est aux alentours de 17-18% d'une première part.
09:54 Ça renvoie au fait que notre niveau d'investissement dans les secteurs innovants est à un niveau faible.
10:01 Et le troisième point, c'est que le poids de notre industrie est trop faible.
10:04 Ce qui conduit aujourd'hui à faire le constat que la productivité horaire des salariés en France est en chute depuis 2019 à hauteur de 3%.
10:14 Confirmé par l'économiste ?
10:16 J'espère.
10:17 Non, non, mais il y a un avocat, il y a un économiste, comme ça on valide les chiffres.
10:20 Oui, il y a une baisse de la productivité qui aurait plein de causes, qui fait débat entre économistes, mais effectivement on voit ces chiffres.
10:26 La Belgique est passée devant nous, les pays du Nord sont passés devant nous.
10:29 Donc ça renvoie, cette question du nucléaire renvoie à l'urgence d'investir massivement dans la formation professionnelle pour accompagner le développement de cette industrie qui est évidemment essentielle.
10:42 100 millions d'euros investis dans la formation et l'innovation, ça c'est ce qui est annoncé.
10:45 Et il y a 100 000 personnes en besoin de recrutement qui manquent dans la filière nucléaire.
10:50 C'est quand même assez intéressant, c'est-à-dire qu'on veut nous faire rouler vite mais on n'a personne pour monter sur le vélo.
10:55 Excusez-moi de prendre cette expression mais...
10:57 Mais en fait je crois que c'est un sujet qui est beaucoup plus vaste que le nucléaire.
11:00 On parlait de mon livre sur les pénuries de profs, mais en fait il y a plein de secteurs.
11:03 Il y a beaucoup de secteurs, alors le nucléaire bien sûr, mais où en fait le principal frein c'est de trouver des personnes qualifiées.
11:10 Le principal obstacle pour réindustrialiser la France, on parle beaucoup actuellement de réindustrialisation,
11:14 c'est pas, à mon avis, c'est pas les charges patronales ou autres, c'est de trouver des ouvriers qualifiés, des ingénieurs, des techniciens en nombre suffisant.
11:21 Et quand vous regardez les enquêtes sur les difficultés de recrutement, elles ont beaucoup augmenté, elles ne baissent pas.
11:26 Alors que les difficultés, les enquêtes sur les difficultés d'approvisionnement ont beaucoup baissé.
11:30 C'est vrai.
11:31 Les difficultés de recrutement restent élevées, c'est le nucléaire mais c'est tous les secteurs en fait.
11:34 Tous les niveaux de formation concernés dit la ministre, c'est pas que les bacs puits d'ingénieurs spécialisés dans le nucléaire.
11:39 C'est tous les niveaux concernés, c'est-à-dire les techniciens qui sont sur les sites.
11:43 Comment vous regardez ce sujet ? C'est un débat plutôt lié à la pénurie de main-d'oeuvre de manière globale, c'est-à-dire le rapport au travail,
11:48 ou est-ce que c'est encore plus important parce que c'est le nucléaire et qu'il porte en lui l'idée que c'est une énergie d'hier ?
11:56 Oui, je pense que c'est un vrai sujet d'attractivité, c'est-à-dire, certes, il y a la formation mais il faut aussi donner envie aux nouvelles générations d'aller sur ces secteurs-là.
12:05 2018, ça correspond à la catastrophe qu'il y a aussi au Japon, c'est-à-dire qu'on a eu des images terribles, terrifiantes, des incidents nucléaires et de l'impact que peut avoir cette énergie-là.
12:14 Mais je dois constater que, par exemple, l'industrie du pétrole n'a pas de problème de pénurie de main-d'oeuvre et pourtant le nucléaire, oui.
12:22 Parce que Total a muté, mais Total a aussi muté, a changé de nom.
12:26 Voilà, je pense qu'il y a vraiment, pour le coup, de la com à faire en termes d'attractivité.
12:30 C'est la narration autour du nucléaire.
12:32 Je crois que, pour moi, c'est une chose, mais c'est aussi dire à ces nouvelles générations de venir dans ce secteur-là parce qu'il y a aussi des bonnes conditions de travail, des salaires attractifs.
12:39 Je pense qu'il faut vraiment miser sur l'attractivité de ce métier.
12:42 Ce n'est pas gagné, mais la formation peut peut-être régler le problème.
12:44 Je crois de mémoire qu'on doit investir 4 points de PIB en matière de formation pour atteindre les niveaux requis.
12:50 Innovation et technologie, parce que c'est pas que le nucléaire en fait.
12:54 Mais pour revenir sur le nucléaire, pourtant les éléments de narration sont là.
12:57 Quand je regardais les dernières études Eurostat, qui sont de la semaine dernière, l'émission de CO2 liée à la consommation énergétique en France a baissé de 4,5%.
13:09 J'ai vu ça.
13:10 Alors, les efforts sont là.
13:12 On n'est pas encore à la neutralité carbone à horizon 2050.
13:15 Mais tout se passe il y a 19 degrés.
13:17 Le nucléaire est un outil d'hier, mais non, c'est un outil de demain.
13:19 Il est urgent d'investir dans l'énergie décarbonée.
13:22 Avant de nous quitter, l'économiste que vous êtes et qui travaillez sur ces notes de conjoncture,
13:27 quand même l'étude sur le salaire français et les salariés qui veulent être payés à la carte.
13:32 Quand j'ai lu cette information, c'est une information payfite,
13:35 donc c'est un site qui permet de pouvoir donner la possibilité aux salariés de prendre leur salaire au 15 du mois.
13:41 Je me suis dit, nous voilà reparti au 19e siècle, au moment où on était tâcheron,
13:44 c'est-à-dire qu'on était payé à la journée, on attendait ça paye,
13:46 puis on recevait une enveloppe de la main du contre-maître.
13:48 Enfin, c'est un peu ça, quoi.
13:50 - Vous qui aimez l'histoire.
13:52 - Oui, mais historiquement, les personnes les moins bien qualifiées, les moins bien payées,
13:56 étaient payées à la journée, c'était journalier.
13:58 Et le fait d'être payé à la semaine puis au mois a été un combat social.
14:03 C'était vu comme un progrès social parce que ça donnait une stabilité.
14:06 On savait que pour le mois, j'avais le mois, j'avais la paye pour tout le mois.
14:10 Alors que les gens qui étaient journaliers, du jour au lendemain, le soir, on peut leur dire,
14:13 demain, je ne te reprends pas.
14:14 - Alors, c'est contraire au code du travail. Je précise que là, ce que dit Payfit, on est d'accord, maître.
14:18 C'est-à-dire que le code du travail dit, attendez, attendez, quand on est en CDI,
14:21 on est payé au 31 du mois, on est d'accord.
14:24 - Le principe qui est posé dans le code du travail, qui est obligatoire et qui est d'ordre public,
14:27 c'est le principe de mensualisation.
14:29 C'est la même rémunération à échéance mensuelle.
14:31 Alors, il y a une exception qui tient au fait que le salarié peut demander un accompte sous 15 annes.
14:37 - C'est exactement ça, au 15 du mois.
14:39 - Absolument.
14:40 - Mais il ne peut pas être payé à la semaine.
14:41 - Absolument, non.
14:42 - Olivia, ça vous évoque quoi ?
14:43 - Oui, le droit est toujours à la traîne. En général, on légifère pour recouvrir une situation.
14:47 - Ce qui est intéressant, c'est que je pense qu'on revient totalement sur le sujet de la transformation du rapport au travail.
14:52 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on parlait tout à l'heure des profils les plus diplômés,
14:56 il y a de plus en plus de profils qui s'orientent vers des métiers de free, par exemple.
15:00 C'est-à-dire qu'ils font le même métier qu'ils pourraient faire dans l'entreprise.
15:03 Mais pourquoi ? Parce que l'idée, c'est de maîtriser sa charge de travail,
15:07 maîtriser aussi comment on va être payé et puis combien.
15:10 - Et donc, les rémunérations, la manière dont on est payé.
15:12 - Voilà. Donc, ça montre effectivement qu'il y a quand même un mouvement.
15:16 Après, c'est vrai qu'il y a des métiers dans l'événementiel, par exemple, où vous avez des missions, etc.
15:20 Donc, je peux comprendre que les personnes souhaitent être rémunérées à la mission.
15:24 Mais ça en dit là encore sur les transformations à venir.
15:27 - Vous en pensez quoi ? Parce que là, on bascule sur un autre sujet, mais on n'aura pas le temps de le traiter.
15:31 C'est non pas la fin du CDI, mais c'est quand même qu'une partie de la jeune génération dit
15:36 « Mais moi, je ne veux plus être dans le rapport au CDI, je veux avoir un rapport au travail totalement flexible, disrupté. »
15:41 C'est ça que ça dit. Et que le Code du travail, aujourd'hui, encapsule de manière très traditionnelle la relation au travail.
15:47 - Oui, alors c'est possible qu'il y ait un peu de ça. On le sent beaucoup, un certain nombre de gens qui veulent être freelance.
15:52 Alors après, ce n'est pas toujours aussi rose et certains reviennent.
15:55 Je me demande si dans l'enquête que vous nous évoquiez, il n'y a pas une question d'inflation aussi.
16:01 Parce que plusieurs pays étaient dans un contexte d'inflation.
16:03 - C'est ça l'enjeu.
16:04 - S'il y a une inflation forte, être payé au début du mois ou à la fin, ça peut faire quand même une petite différence.
16:08 Alors là, on est sur des niveaux d'inflation à 5% par an, on n'est pas à l'argentine ou autre.
16:12 Mais peut-être que ça joue un petit peu.
16:14 - Pas sur l'alimentation, Sylvain ?
16:16 - Oui, en moyenne.
16:17 - Je m'autorise.
16:18 - 5,1% en moyenne.
16:20 - Et on est toujours à 15, vous confirmez ?
16:22 - Sur l'alimentation, oui.
16:23 - On est resté à 15, vous qui avez les chiffres au plus près.
16:25 - Oui, les derniers chiffres, c'était 15% sur l'alimentation.
16:27 - Donc ça n'a pas beaucoup baissé.
16:28 Donc vous y voyez aussi un outil anti-inflation qui permet de quoi ?
16:33 C'est quoi la différence entre...
16:34 - En fait, quand il y a de l'inflation, le pouvoir d'achat de la monnaie diminue au fil du temps.
16:39 Donc plus vous avez de l'argent tôt et plus vous dépensez tôt.
16:41 - Mais ça veut dire aussi qu'on a plus d'argent au début du mois.
16:43 - Oui, ça ne marche pas.
16:44 - Je ne dis pas que c'est une bonne chose, mais je dis que ça peut...
16:46 - Non, mais ça explique cette demande.
16:49 Et le constat que nous faisons, nous, dans les négociations sur les salaires qui sont dans les entreprises,
16:52 c'est qu'on est beaucoup sur ce terrain-là et beaucoup sur le revenu qui reste disponible à la fin du mois.
16:57 Et dans une optique d'individualisation.
16:59 Alors ça passe par la rémunération périphérique, notamment les forfaits mobilité, notamment les chèques emploi-service.
17:05 Mais c'est une question extrêmement prégnante dans l'entreprise,
17:08 au-delà de l'enjeu d'individualisation forte qui est là aujourd'hui dans son rapport au travail.
17:13 - Un dernier mot, Liliane.
17:14 - Ce qui est intéressant, c'est que du coup, c'est la flexibilité qui a été imposée par l'entreprise.
17:18 Et finalement, aujourd'hui, c'est les salariés qui demandent cette flexibilité-là.
17:21 Par exemple, l'exemple de la vente, vous avez des salariés qui travaillent 30 heures cette semaine, une.
17:26 - C'est des morceaux.
17:27 - Voilà, en fonction.
17:28 - Et finalement, aujourd'hui, cette flexibilité, elle est désirée par tous.
17:32 - Merci. C'est un sujet qu'on va continuer à explorer parce que ça contribue à la révolution du travail.
17:37 Sylvain Bersinger, merci.
17:38 Vous êtes économiste chez Astéres.
17:40 Astéres, hein ? Je n'ai pas dit de bêtise.
17:42 Ce n'est pas Astares, c'est Astéres.
17:44 Vous avez vu, je l'ai dit trois fois à votre marque.
17:45 Chef économiste.
17:46 Et ça vous étonne qu'on ne trouve plus de profs.
17:49 C'est votre histoire, votre parcours aussi d'ancien prof devenu économiste.
17:53 Et puis, je rappelle le lot, le livre sur l'eau.
17:55 Enfin, je ne vais pas citer tous vos livres.
17:57 La monnaie magique, on ne va pas tous les citer sinon on n'y arrive pas.
17:59 Merci à vous, Alexandre Lamy, avocat en droit social, cabine R6, néos et membre de l'Institut Sapiens.
18:04 Et un merci à Olivia Coppin, juste business, et Nibourou, qui est votre association.
18:10 J'allais dire presque votre combat.
18:12 - Oui, aussi.
18:13 - Merci à vous trois.
18:14 On termine justement, tiens, avec Fonette sur l'emploi.
18:16 Et on va avoir un avocat pour traiter des sujets parfois que l'on traite sous un angle économique ou sociologique.
18:21 C'est intéressant de s'intéresser là aux enjeux du dialogue social, aux réformes des retraites.
18:26 Mais cette fois-ci, sous l'angle juridique, c'est intéressant de voir comment la loi va s'emparer de tout cela.
18:31 On l'accueille juste après la pause.

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