Souveraineté, compétitivité, climat et désobéissance civile

  • l’année dernière
Les Vraies Voix responsables avec Jacques Rouchassé Président de FNPL, Fédération nationale des producteurs de légumes, Christophe Charvin, de Charvin et Fils, Président local de la SEA et Emmanuel Torlasco, directeur de la Fédération des Maraîchers Nantais.
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##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2023-06-14##

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00:00 Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:06 Les vraies voies responsables avec mon camarade Frédéric Brindel jusqu'à 20h.
00:11 En toute responsabilité, je suis à vos côtés.
00:14 Absolument. Allez, au sommaire de cette émission.
00:16 Souveraineté et compétitivité, renouvellement des générations,
00:19 alors que le débat public s'enflamme autour des retenues d'eau par exemple,
00:22 au sortir d'un hiver de sécheresse, le monde agricole confronté à une crise démographique historique,
00:27 aux aléas climatiques et soumis à une concurrence européenne de plus en plus acharnée,
00:31 doit garantir la souveraineté alimentaire de la France, ce qui ne cesse de s'éroder,
00:35 tout en répondant aux demandes, forcément sociétales, pour de l'alimentation saine,
00:40 plus respectueuse de l'environnement.
00:41 Et notre invité Jacques Rouchassé sera avec nous dans quelques instants,
00:44 président de la Fédération Nationale des Producteurs de Légumes.
00:47 L'alerte a été lancée et répétée depuis 15 ans maintenant.
00:51 Le climat change et pour les maraîchers, la mise en œuvre de projets durables, sains et viables,
00:56 économiquement, n'est pas sans risque.
00:59 Elle fait parfois face à des aléas de plus en plus nombreux.
01:02 L'activité agricole reste particulièrement vulnérable aux changements climatiques
01:06 et à la concurrence européenne.
01:08 Nous en parlerons avec Christophe Charvin, de Charvin & Fils,
01:12 président local de la SEA, comprenez Syndicat Exploitant Agricole, à Cadérousse, dans le Vaucluse.
01:19 Et puis la désobéissance civile s'invite chez les maraîchers.
01:21 Nantais, une plainte vient d'être déposée, stupeur, dimanche dernier,
01:25 une serre expérimentale est prise d'assaut par les militants écologistes
01:29 venus dénoncer l'exploitation de sable à des fins industrielles.
01:32 Sur place, c'est l'incompréhension totale, vous imaginez bien,
01:35 de la nourriture et des réseaux d'eau ont été saccagés sans véritable motif.
01:39 Emmanuel Torlasco est notre invité aujourd'hui, il sera avec nous.
01:43 Il est le directeur de la Fédération des Maraîchers Nantais
01:46 qui a porté plainte contre ces manifestations.
01:48 On vous souhaite la bienvenue, c'est les Vraies Voix responsables, jusqu'à 20h.
01:52 Les Vraies Voix Sud Radio
01:54 - Et avec nous Jacques Rouchasse, président de la Fédération nationale des producteurs de légumes.
02:01 Bonsoir, merci d'être avec nous.
02:03 - Bonsoir Cécile, bonsoir Frédéric.
02:05 - Bonsoir, bonsoir.
02:07 - Bienvenue. Depuis une bonne quinzaine d'années, le potentiel de production,
02:11 en tout cas de français, a marqué un certain recul sur la culture fruitière.
02:16 Est-ce que c'est encore le cas aujourd'hui ?
02:18 - Alors sur la culture fruitière et la culture légumière, oui.
02:21 Donc sur la culture fruitière, il y a encore une dégradation.
02:26 Sur la culture légumière, nous avons stoppé un petit peu l'hémorragie.
02:28 Mais aujourd'hui, c'est vrai qu'il faut vraiment inverser la vapeur.
02:32 Et on compte bien inverser la vapeur par rapport à ce plan de souveraineté
02:35 qui nous a été proposé le 1er mars au Salon de l'Agriculture
02:38 par notre ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.
02:41 - Si on fait un état des lieux, quels sont les fruits et les légumes qui ont le plus souffert ?
02:45 - Oh, il y a tous les fruits et les légumes qui ont le plus souffert.
02:47 Vous savez, aujourd'hui, quand on voit la concurrence européenne,
02:49 et que vous en avez parlé,
02:51 on va parler de la tomate, on va parler du concombre, on va parler de la salade.
02:55 Dans les fruits, c'est la pêche, ça va être la pomme, ça va être la cerise.
02:59 Donc il y a tous les fruits et les légumes.
03:01 Donc on a une diversité de l'ensemble de nos produits qui ont souffert
03:04 à cause, naturellement, de cette concurrence européenne,
03:06 mais aussi de cette concurrence mondiale que nous avons.
03:09 - Revenons sur, justement, cette souveraineté aujourd'hui.
03:13 Vous en parliez à quelques instants du mois de mars.
03:15 Qu'est-ce qu'on vous propose aujourd'hui ?
03:17 Qu'est-ce qu'on vous propose et qu'est-ce qu'on vous impose ?
03:19 - Alors, ce qu'on nous propose aujourd'hui, si vous voulez,
03:21 c'est de gagner 5 points de la part de marché d'ici 2030
03:25 et 10 points d'ici 2035.
03:27 C'est possible, mais derrière ceci, si vous voulez,
03:29 il faut des investissements au niveau de nos exploitations.
03:32 C'est-à-dire, il faut une modernisation, il faut une mécanisation,
03:34 il faut une robotisation.
03:36 Il faut peut-être aussi une remise en question de l'ensemble cultural.
03:40 Vous l'avez évoqué également dans le changement climatique,
03:42 dans le dérèglement climatique.
03:44 Il faut qu'on puisse s'adapter.
03:46 Et tout ça, ça ne peut pas se faire comme ça du jour au lendemain.
03:48 On doit être accompagné dans ces investissements
03:51 qui vont pouvoir nous permettre d'augmenter notre production,
03:55 de satisfaire le consommateur français qui veut de plus en plus de l'origine France,
03:58 de le sécuriser par rapport à ce que nous produisons.
04:01 Et c'est ça qui est important.
04:03 Donc, on va parler de modernisation, de robotisation, d'adaptation aussi.
04:07 Donc, quand je dis adaptation, ça va être...
04:09 Aujourd'hui, vous en avez parlé, l'eau qui va être très très rare.
04:12 Aujourd'hui, il faut vraiment se focaliser sur ce problème de l'eau,
04:16 de pouvoir sûrement la stocker, parce que c'est important,
04:19 et de pouvoir également la distribuer, mais avec parcimonie.
04:22 - Bon, vous avez évidemment face à vous un mur qui s'appelle les réglementations.
04:27 Est-ce qu'aujourd'hui, vous êtes armé ?
04:29 Est-ce que vous discutez sur les réglementations ?
04:31 Parce que c'est bien là que ça risque de bloquer.
04:34 - Oui, alors, nous avons avec notre ministre de l'Agriculture,
04:38 nous sommes quotidiennement en relation avec,
04:42 pour regarder au niveau ces réglementations.
04:44 Les réglementations, je pense qu'aujourd'hui, notre gouvernement a enfin compris
04:48 qu'il n'y a pas que la réglementation française qui doit primer.
04:53 C'est la réglementation européenne.
04:55 Et si on est sur la réglementation européenne,
04:58 je peux vous assurer que ça va nous donner une bouffée d'oxygène.
05:02 - Pourquoi ? Comment vous l'expliquez ?
05:04 - Vous savez, on avait toujours voulu donner des leçons au niveau de l'Europe.
05:07 En supprimant des pesticides par rapport à l'Europe.
05:11 L'Europe les autorisait et nous en France, on dit, on va montrer l'exemple
05:15 et on verra bien que dans deux ans, l'Europe va se mettre au même pli que la France.
05:19 Eh bien non ! Aujourd'hui, il faut qu'on marche ensemble au niveau de l'Europe.
05:23 Il faut vraiment s'harmoniser sur l'Europe.
05:26 Et en s'harmonisant sur l'Europe, on va avoir franchement une dynamique
05:32 qui va être nouvelle aujourd'hui.
05:34 Il n'y a pas un pays qui doit être devant l'autre.
05:36 C'est tous ensemble qu'on doit marcher.
05:38 - Mais ça veut dire quoi ? Parce qu'aujourd'hui, on le voit bien sur les étals,
05:41 ça vient d'Espagne, ça vient de l'Europe à des prix qui sont totalement cassés.
05:46 On le voit bien et cette concurrence, elle existera encore, non ?
05:50 - Mais cette concurrence, elle existera encore.
05:52 Mais si vous voulez, avec ce plan de souveraineté,
05:54 elle va être un petit peu gommée par rapport aux investissements
05:56 que nous allons pouvoir faire sur nos exploitations.
05:58 - Oui, sauf que les investissements, il va falloir les absorber.
06:02 Il va falloir bien en matière de prix, ça se sentira sur le prix.
06:06 - Ça va se sentir sur le prix, mais quand vous allez augmenter votre production
06:10 par rapport à la modernité que vous pourrez mettre sur votre exploitation,
06:13 vous allez avoir une compétitivité qui va être supérieure
06:16 par rapport à ce que nous avons aujourd'hui.
06:18 C'est ça qui est important.
06:19 Aujourd'hui, on a un petit peu déboulé au pied,
06:21 parce qu'on n'est pas sur le même pied d'égalité que l'Espagne ou l'Allemagne
06:24 ou même d'autres pays de l'Europe.
06:26 Demain, je ne dis pas qu'on sera sur la même égalité,
06:28 mais avec ce plan de souveraineté, on va rattraper le retard que nous avons
06:32 par rapport à cette inégalité.
06:34 - Mais nous ne sommes quand même pas les parents pauvres de l'Union Européenne,
06:38 nous les Français, dans ce domaine.
06:41 - On n'est pas les parents pauvres, mais aujourd'hui,
06:43 il faut qu'on arrête de donner des leçons et d'être les premiers de la classe.
06:46 C'est ça qui est important.
06:47 C'est-à-dire que si aujourd'hui l'Europe supprime une molécule,
06:52 eh bien c'est l'Europe qui la supprime, ce n'est pas la France.
06:54 Donc aujourd'hui, vous avez l'Espagne qui peut encore avoir certaines molécules
06:58 pour certains produits, et nous on ne les a plus, ces molécules-là.
07:01 On n'est pas en train de dire qu'il faut aujourd'hui remettre des molécules en place.
07:08 Aujourd'hui, c'est cette harmonisation européenne qui va nous servir.
07:11 Alors vous l'avez dit, Cécile, également,
07:13 on aura toujours une distorsion par rapport à la main-d'œuvre,
07:15 mais il faut savoir quand même une chose,
07:18 le consommateur plébiscite tout de même l'origine de France.
07:21 Et je suis sûr que le consommateur, même avec les temps difficiles,
07:24 est prêt à payer un petit peu plus cher
07:26 s'il a des produits d'origine de France, de proximité et de qualité.
07:29 Est-ce qu'on vous demande justement la traçabilité ?
07:31 Est-ce qu'on vous pose des questions en vous demandant si c'est bio ?
07:34 Si vous utilisez quel type de produit ?
07:37 Est-ce que les clients sont très regardants sur la façon de produire aujourd'hui ?
07:41 Alors je peux vous dire oui, aussi bien au niveau de la grande distribution
07:44 que sur les marchés forains,
07:46 puisque on est également sur les marchés forains, les marchés de plein vent.
07:48 Le consommateur est très curieux.
07:50 Le consommateur s'intéresse.
07:52 Et le consommateur, vous savez, quand on lui parle franc,
07:54 quand on lui parle vrai, quand il a le producteur en face de lui,
07:56 et bien le consommateur reprend confiance par rapport à nos produits.
08:00 Et on lui explique qu'à un moment donné,
08:02 et bien oui, on est obligé des fois de pouvoir traiter
08:06 parce qu'il y a une maladie qui est là,
08:08 parce qu'on n'aura plus de récolte.
08:10 Le consommateur, il est apte à comprendre ça.
08:12 Et quand on dialogue vraiment avec lui,
08:14 c'est ce partage d'informations qu'il faut vraiment faire
08:17 pour assurer d'une part la sécurité alimentaire
08:20 et rassurer également notre consommateur.
08:22 C'est quoi ces produits ?
08:24 Ce sont des produits phytosanitaires exactement ?
08:26 Quelle réglementation sur l'utilisation des produits aussi ?
08:30 Il y a une réglementation par rapport à l'utilisation des produits,
08:33 c'est sûr et certain.
08:34 Vous ne pouvez pas utiliser n'importe quoi et n'importe quand.
08:36 Vous avez des délais au niveau des récoltes.
08:38 Vous avez tout un tas de suivis.
08:40 Vous avez des cahiers de suivis au point de vue
08:42 de ces pesticides qui sont mis également,
08:45 qui sont utilisés.
08:46 Donc là, il y a une transparence totale.
08:48 Vous savez, on est très suivi par la...
08:50 Très réglementé, oui.
08:52 Très réglementé, très suivi par la Direction Générale
08:54 de la répression des fraudes par rapport aux résidus
08:56 que l'on peut avoir au niveau de nos produits.
08:58 Et on peut certifier que nos produits sont intacts
09:00 par rapport à ça.
09:01 Quand c'est français, pardon Cécile,
09:03 mais quand c'est français, on est d'accord ?
09:05 Oui, quand c'est français, on est d'accord.
09:07 Mais quand c'est espagnol, non, pas tout à fait.
09:09 C'est ce que vous dites.
09:10 C'est ce que je dis parce qu'on n'a pas le droit
09:12 à la même utilisation.
09:14 Il faut le savoir.
09:16 Donc ça change pas mal de choses, quand même.
09:18 Ça change pas mal de choses.
09:19 Et il faut avoir cette transparence,
09:20 c'est ça qui est important.
09:21 Il faut avoir cette transparence.
09:22 Bon, il ne faut pas faire peur non plus,
09:23 mais il faut avoir cette transparence.
09:24 Quand je vous parle de sécurité alimentaire,
09:26 je veux bien dire que la sécurité alimentaire
09:28 elle est bien sur notre territoire.
09:30 Jacques Rouchassé, quand on parle
09:32 des aléas climatiques, quand on parle de l'eau,
09:34 on sait que l'eau, ça va être très compliqué
09:36 à gérer, les aléas climatiques,
09:39 tous les maraîchers, en fonction de la région,
09:41 n'ont pas les mêmes problèmes.
09:43 Certains subissent l'eau, d'autres de la grêle.
09:48 Comment aujourd'hui ?
09:49 Est-ce qu'aujourd'hui, vous êtes suffisamment soutenu
09:51 par le gouvernement, est-ce que quand il vous arrive
09:53 quelque chose, vous pouvez quand même,
09:55 quand une récolte est mise par terre,
09:58 est-ce que vous pouvez quand même vous en sortir ?
10:01 Eh bien écoutez, c'est le dialogue qu'on a
10:03 avec le gouvernement et par rapport à ce plan de souveraineté.
10:05 Vous me parlez des précipitations, de la grêle
10:07 et de tout ce qui s'ensuit quand on a
10:09 ces aléas climatiques.
10:10 Ce qu'il faut savoir, c'est que dans le plan
10:12 de souveraineté, on va avoir des enveloppes
10:14 qui vont être destinées pour protéger nos cultures.
10:16 Alors quand je dis protéger nos cultures,
10:17 ce sont des abris froids, des grands abris froids
10:19 qui vont nous permettre d'une part de protéger
10:21 nos cultures, d'autre part de limiter les intrants
10:23 et d'économiser l'eau.
10:25 Donc vous voyez, on fait un package par rapport à ça.
10:27 Alors c'est vrai que ça vient maintenant,
10:29 c'est peut-être un peu tard, mais il vaut mieux
10:31 tard que jamais pour pouvoir rebondir demain
10:33 de manière à pouvoir continuer à produire.
10:35 Est-ce que c'est une filière qui aujourd'hui
10:37 est très demandée, les maraîchers ?
10:39 Est-ce que, on dit toujours que c'est
10:41 très compliqué, qu'il y a énormément de fermes
10:43 dans l'agriculture qui s'éteignent.
10:45 Est-ce que les maraîchers aujourd'hui
10:47 tiennent encore la corde ?
10:49 Eh bien oui, on tient encore la corde. Je vais vous dire
10:51 pourquoi, parce qu'à un moment donné, on était
10:53 peut-être un peu frileux dans la communication
10:55 et dans la formation que l'on pouvait faire.
10:57 Aujourd'hui, quand on fait découvrir à des jeunes
10:59 nos exploitations, qui sont des exploitations
11:01 modernes, quand vous parlez de robotique, de mécanique,
11:03 on n'est plus autant de grand-papa.
11:05 De numérique aussi.
11:07 On n'est plus autant de grand-papa. Vous savez, moi,
11:09 j'ai repris l'exploitation derrière mes parents.
11:11 C'est une exploitation qui date depuis 1870.
11:13 Quand on voit les efforts qu'on a faits depuis ce temps-là,
11:15 c'est extraordinaire.
11:17 Et quand on montre aux jeunes ce que l'on sait faire,
11:19 comment on peut faire
11:21 et ce que l'on doit faire, je peux vous assurer
11:23 qu'il y a un émerveillement qui est là.
11:25 Parce qu'ils viennent nous voir et disent "Ah, oui, quand même,
11:27 on ne savait pas." Donc il faut vraiment...
11:29 - La tendance des jeunes des villes
11:31 qui viennent aussi en campagne
11:33 pour travailler, c'est...
11:35 Vous le confirmez ou pas ? Parce qu'on dit
11:37 "Oui, bon, ils ont envie de faire un petit peu
11:39 de produits, etc."
11:41 Et puis ils repartent. Non, là, c'est du durable.
11:43 - C'est du durable, parce qu'on s'inscrit
11:45 réellement dans le temps
11:47 par rapport à ça. Parce que quand vous avez
11:49 une exploitation, vous ne pouvez pas vous dire
11:51 "Allez, je fais un an, deux ans, puis après j'arrête."
11:53 Non, il y a quand même du matériel qui coûte relativement
11:55 cher, il faut de l'amortissement
11:57 et derrière ça, je peux vous assurer
11:59 que quand nous avons le bon dialogue et la bonne
12:01 formation qui va
12:03 avec l'accompagnement des jeunes,
12:05 eh bien oui, on a
12:07 de l'avenir et nous sommes un métier d'avenir
12:09 par rapport à ça. - Et il faut
12:11 rappeler quand même que c'est quand même un métier
12:13 difficile,
12:15 parce que ça reste une cueillette à la main,
12:17 il y a plein de gestes aujourd'hui
12:19 qui ne sont pas... qu'on ne peut pas
12:21 changer et qu'on ne peut pas utiliser la robotique
12:23 dans tout, en fait. - Alors,
12:25 Cécile, vous savez, j'ai été en Israël
12:27 la semaine dernière, donc je fais quand même du voyage
12:29 par rapport à mon centre technique, et
12:31 on va apporter aussi une aide
12:33 supplémentaire au niveau de nos exploitations.
12:35 Pourquoi ? Vous dites "Oui, Saskoï est
12:37 toujours à la main". Eh bien, écoutez, au niveau
12:39 d'Israël, ils ont tellement
12:41 une longueur d'avance sur
12:43 nous par rapport à la robotique, j'ai vu
12:45 des robots cueilleurs de tomates, j'ai vu des robots cueilleurs de
12:47 pommes, des robots cueilleurs de
12:49 pêche, d'abricots, etc.
12:51 On voit cette modernité et cette modernité,
12:53 eh bien, on va pouvoir l'acquérir de
12:55 manière à pouvoir la transmettre également au niveau des
12:57 exploitations, de manière à ce que ce soit...
12:59 Alors, j'aime pas ce mot-là, parce que c'est pas
13:01 pénible, parce que même quand vous travaillez sous serre,
13:03 vous êtes tout de même à l'abri, vous êtes à hauteur
13:05 d'homme, vous ne vous baissez plus comme auparavant,
13:07 mais on va amener également un confort
13:09 supplémentaire pour dire
13:11 "Attention, regardez un peu, vous parlez
13:13 du numérique, vous parlez de robotique,
13:15 oui, demain on aura ça dans nos
13:17 exploitations, qui va nous permettre de reconquérir
13:19 des parts de marché perdues". - Puisqu'il est magique,
13:21 Cécile, c'est le contact avec les fruits, les légumes.
13:23 - Ah, c'est génial. - Hier, Cécile nous a
13:25 apporté des fraises et des cerises,
13:27 ça a duré quoi ? 3 minutes, quoi.
13:29 - Ouais, des cerises qui viennent du
13:31 Vaucluse, je peux vous assurer qu'elles ont vraiment du goût,
13:33 elles sont énormes. Merci beaucoup en tout cas, c'était passionnant.
13:35 - Frédéric, vous savez,
13:37 c'est le bonheur
13:39 qui est dans l'assiette, et vous l'avez dit Frédéric et Cécile,
13:41 parce que c'est merveilleux, parce qu'aujourd'hui
13:43 on donne du plaisir aux gens, ils se
13:45 plaisirent, et bien il faut qu'on puisse le partager.
13:47 Je vous remercie. - En tout cas, merci
13:49 de l'avoir partagé avec nous ce soir,
13:51 Jacques Rouchasset, président de la Fédération
13:53 Nationale des Producteurs de Légumes. Bon, on va en avoir
13:55 des producteurs, des maraîchers dans
13:57 quelques instants. On va partir dans le Vaucluse.
13:59 Christophe Charvin sera avec nous,
14:01 Charvin et fils, et c'est
14:03 une exploitation à Cadérousse dans le Vaucluse.
14:05 - Chez Nectarine aussi c'est bien. - Ah ben,
14:07 vous allez voir, ils en font des choses. Allez, à tout de suite.
14:09 Les vraies voix responsables avec
14:11 Frédéric Brindel, on est ensemble jusqu'à
14:13 20h, les vraies voix qui font bouger la
14:15 France. Il n'y a pas que nous qui faisons
14:17 bouger la France, il y a aussi les maraîchers,
14:19 Philippe... Frédéric, pardon.
14:21 - Oui, Janine, effectivement, écoutez.
14:23 - J'ai l'habitude d'être avec Philippe David,
14:25 c'est pour ça, pardonnez-moi. En tout cas,
14:27 on parlait des maraîchers. - Qui veut mes asperges, mes fraises,
14:29 mes melons, mes pastèques, mes tomates ?
14:31 - Et ben justement, il est avec nous, Christophe Charvin.
14:33 Bonsoir, merci d'être avec nous en direct
14:35 sur Sud Radio. - Bonsoir,
14:37 Cécile, bonsoir Frédéric. - Bonsoir, et vous,
14:39 c'est bien Christophe, on est d'accord.
14:41 - C'est Christophe Charvin, de Charvin et fils,
14:43 président local du syndicat
14:45 exploitant agricole, et
14:47 nous sommes à Cadérousse dans le
14:49 Vaucluse. Merci d'être
14:51 avec nous. Faites-nous rêver, Christophe Charvin,
14:53 parlez-nous de vos produits
14:55 et aujourd'hui, en matière
14:57 de maraîchage,
14:59 quelles sont vos productions ?
15:01 - En maraîchage, on est en plein
15:03 début de campagne récolte de
15:05 melons, on est sur la fin de la récolte
15:07 de fraises, et après
15:09 tout ce qui est tomates et produits
15:11 aubergine,
15:13 courgettes, concombre,
15:15 tous ces produits-là
15:17 qui sont produits sur l'exploitation
15:19 et vendus sur l'exploitation.
15:21 - On parle odeur, alors il y a l'accent
15:23 en plus de Christophe, ce qui est magnifique,
15:25 c'est-à-dire déjà on a envie de manger. Moi j'ai une vraie
15:27 question, parce que je suis passionné de melons.
15:29 Est-ce que, Christophe Charvin,
15:31 le bon melon, celui qui ne va pas
15:33 nous décevoir, c'est bien celui, quand on
15:35 le sent, qui nous laisse
15:37 transparaître
15:39 ce plaisir du sucre ? Est-ce que oui ou non ?
15:41 - Ah, c'est
15:43 toujours plus d'avoir
15:45 l'odeur
15:47 qui arrive et le nectar
15:49 qui se marque au nez,
15:51 c'est mieux. - C'est bon signe, c'est ça.
15:53 - Donc je continue à me mettre le nez
15:55 sur les melons, je suis d'accord.
15:57 - Très bien. - Est-ce que vous,
15:59 forcément, vos productions tournent au fil des saisons,
16:01 on est d'accord Christophe Charvin ? - Oui, oui.
16:03 Toutes les saisons, on apporte
16:05 des cultures différentes. - Ça veut dire
16:07 que là, le melon, ça a commencé quand, ça va finir
16:09 quand ? - Alors pour nous, le melon,
16:11 ça a commencé il y a une quinzaine de jours,
16:13 tout début
16:15 mai, début juin, en production,
16:17 pour une production jusqu'à mi-septembre.
16:19 - Et aujourd'hui,
16:21 les melons, est-ce que finalement
16:23 les melons, ou le climat,
16:25 ou le temps, parce que c'est quand même
16:27 le Vaucluse, c'est une saison,
16:29 un département très
16:31 touristique, est-ce que ça a une influence sur
16:33 le melon ? Est-ce que par exemple, quand il pleut,
16:35 les gens achètent moins de melon ?
16:37 - Alors le melon, on dit
16:39 de lui qu'il est très météo-sensible,
16:41 c'est-à-dire qu'au plus il fait chaud,
16:43 plus la consommation sera élevée,
16:45 une année caniculaire,
16:47 on va dire, qu'en termes de consommation de melon,
16:49 ce pourra ressentir
16:51 en demande
16:53 et en soutenu,
16:55 et parce que
16:57 ces derniers temps, avec nos orages
16:59 dans notre région, ça n'a pas été
17:01 très porteur pour la vente, alors que la moitié
17:03 est morte, avec un climat un peu plus
17:05 estival. - On va dire
17:07 orage et sécheresse aussi,
17:09 le melon, il le vit mal, tout ça, bien sûr.
17:11 - On sort de la sécheresse
17:13 et on est rentrés
17:15 tout début juin,
17:17 fin mai, début juin,
17:19 une période orageuse assez catastrophique.
17:21 - Si j'osais, Christophe, on vous demande souvent
17:23 si vous avez le melon, mais vous ne vous vexez pas.
17:25 - Bien sûr que non.
17:27 Christophe, ces aléas
17:29 climatiques, comment on anticipe ? Parce que c'est
17:31 compliqué en fait. On ne peut pas
17:33 en produire en fonction de la météo, mais est-ce qu'il
17:35 y a tous les ans beaucoup de pertes ?
17:37 Est-ce que le climat est vraiment déréglé ?
17:39 Vous sentez qu'il y a plus d'orages qu'avant ?
17:41 Vous le sentez ? - Alors, au niveau
17:43 des orages, on ne peut pas dire qu'il n'y en ait plus qu'avant,
17:45 parce que cette année est particulièrement soutenue, mais on en a
17:47 connu d'autres, des années malheureusement
17:49 catastrophiques à ce niveau-là.
17:51 Après, c'est vrai qu'on ressent
17:53 certains changements.
17:55 Nous, dans la région, certaines personnes
17:57 nous disaient "le Mistral, c'est fini".
17:59 On sort au mois d'avril-mai,
18:01 au mois d'avril, là c'est beau,
18:03 mais au mois de mai, on a eu 15 jours de Mistral soutenu
18:05 à 80 km/h.
18:07 Pour ma part, puisqu'on est vraiment
18:09 dans la vallée du Rhône,
18:11 le siège d'exploitation est à 1 km du Rhône,
18:13 on y est vraiment en pleine dedans.
18:15 Après, on se protège
18:17 comme on peut, on produit des produits
18:19 en serre froide
18:21 et en tunnel bas
18:23 pour arriver à avancer
18:25 un peu notre campagne,
18:27 et les plastiques nous permettent quand même
18:29 une certaine précocité, mais après,
18:31 quand il s'agit de grêle
18:33 ou de gel, là, il n'y a pas grand-chose à faire.
18:35 - Sur cette évolution climatique, justement,
18:37 est-ce que vous, Christophe Charvin,
18:39 vous êtes inquiet pour certains fruits,
18:41 certains légumes ? Est-ce que,
18:43 avec l'évolution, vous sentez que c'est plus difficile
18:45 pour certaines espèces ?
18:47 - Alors, le marché de la salade
18:49 l'hiver, notamment,
18:51 est souvent sujet
18:53 à des fortes variations
18:55 s'il ne fait pas assez froid,
18:57 donc on a connu quand même certains hivers
18:59 assez doux, et le marché de la salade
19:03 a subi les conséquences.
19:05 Le printemps
19:07 a été assez beau, même si
19:09 nous, on n'a pas eu
19:11 de précipitation, donc on n'était
19:13 pas pénalisé par ça.
19:15 Le marché de la fraise s'est développé
19:17 assez normalement.
19:19 Après, l'été, c'est vrai
19:21 qu'on a subi plusieurs
19:23 canicules
19:25 assez fréquemment
19:27 depuis quelques années, mais bon, avant de tirer
19:29 des généralités de tout ça,
19:31 le climat change, certes, ça c'est à peu près sûr,
19:33 on sort de deux printemps
19:35 qui sont vraiment anormalement
19:37 secs chez nous, ça c'est sûr.
19:39 - En matière de compétitivité,
19:41 parce que forcément, le ramassage,
19:43 on en parlait il y a quelques instants
19:45 avec notre invité juste d'avant,
19:47 de dire que ça se fait encore à la main
19:49 aujourd'hui, donc j'imagine
19:51 que tout ce qui est lié
19:53 à la main d'oeuvre, c'est l'un des
19:55 poids les plus importants dans le budget
19:57 d'un maraîcher ?
19:59 - C'est un des vrais problèmes
20:01 existants, parce que
20:03 nous, dans le Vaucluse,
20:05 généralement, puisque le Vaucluse est un département
20:07 assez
20:09 petit, mais qui produit
20:11 de toutes sortes de légumes et de fruits,
20:13 c'est un des plus gros consommateurs
20:15 de main d'oeuvre d'exploit
20:17 agricole, et
20:19 nous, localement, on essaie
20:21 vraiment d'avoir une félicitation de tout ce qui
20:23 est saisonnier, de tout ce qui est salarié,
20:25 pour arriver à avoir un suivi
20:27 dans le temps, parce que la complexité
20:29 pour sortir un produit de qualité,
20:31 ramasser à la main, c'est pas
20:33 évident. - Et ils viennent d'où en général, ces saisonniers ?
20:35 - Alors, les saisonniers,
20:37 on va dire qu'ils sont
20:39 dans les parcelles, ce sont souvent des gens
20:41 ou extra communautaires ou intra communautaires,
20:43 mais souvent étrangers,
20:45 et on a,
20:47 pour l'été, pour la partie conditionnement
20:49 melon, et
20:51 tout ce qui se passe à l'intérieur du hangar,
20:53 conditionnement et emballage,
20:55 on a des étudiants
20:57 qui, à partir du 15 et 20 juin,
20:59 arrivent à pallier à certains
21:01 manques. - Surtout que vous, vous avez, j'imagine,
21:03 beaucoup de clients, beaucoup peut-être de restaurants,
21:05 beaucoup de... - Bon, voilà, on a
21:07 une clientèle qui est très hétéroclite,
21:09 du particulier jusqu'au grossiste,
21:11 donc on a
21:13 une pannelle
21:15 de clients qui est
21:17 vraiment élargie. - Avec quel type de client
21:19 c'est le plus difficile, alors ? Allez, sans
21:21 vous faire d'ennemis, mais... - Non, non.
21:23 On va pas faire d'ennemis, mais disons que
21:25 vu la taille de mon exploitation et
21:27 ce que nous on produit, on n'a pas de contact
21:29 direct avec la GMF,
21:31 et on passe par des grossistes, le réseau
21:33 de grossistes qui, lui,
21:35 sont souvent des gens qui,
21:37 pour certains, travaillent avec la maison
21:39 de Charveigne depuis plusieurs générations. - Eh ben ça,
21:41 c'est bien. Sur l'agriculture, justement,
21:43 sur les sols, la gestion du sol,
21:45 parce que ça aussi, c'est important pour vous,
21:47 de gérer le sol pour qu'il produise
21:49 un peu plus l'année suivante,
21:51 comment ça se passe ?
21:53 Parce que quand le melon est fini,
21:55 on ne replante pas tout de suite,
21:57 on laisse le sol se régénérer ?
21:59 - Alors, disons que nous, dans notre région
22:01 et dans notre situation personnelle,
22:03 on va dire aussi, parce que toutes les exploitations
22:05 sont différentes, mais on a la chance de pouvoir
22:07 rassoler nos cultures assez
22:09 facilement. On a
22:11 une diversité de
22:13 productions, on a plus de 15 cultures
22:15 différentes sur l'exploitation,
22:17 avec des sols limonneux,
22:19 donc des limonnes du Rhône, puisque le village
22:21 était inondé jusqu'à la fin des années
22:23 60, assez régulièrement,
22:25 pratiquement toutes les années.
22:27 Donc on a des sols qui sont vraiment
22:29 pour ça, assez maléables et assez
22:31 souples. Après, reste à nous
22:33 de bien rassoler nos cultures et
22:35 de ne pas revenir toutes les années avec la même culture.
22:37 - Qu'est-ce que vous appelez, Christophe,
22:39 "rassoler", qu'est-ce que ça veut dire ? - Rassoler, c'est le
22:41 changement de culture dans l'année sur la France.
22:43 C'est-à-dire que derrière le melon, on va pouvoir
22:45 travailler la terre, la labourer, faire un blé
22:47 l'hiver suivant,
22:49 à l'automne, et occuper
22:51 la terre jusqu'à l'été suivant,
22:53 avec un blé,
22:55 une orgue, quelque chose comme ça.
22:57 Mais on change vraiment d'espèce et de culture.
22:59 - Et dans le même genre de question, un sol
23:01 limonneux, c'est-à-dire ?
23:03 - Les limonnes, c'est les sédiments que le Rhône
23:05 a au cours des différentes
23:07 crues.
23:09 Donc inondation, à laisser
23:11 sur le sol et à déposer.
23:13 - Donc c'est un don de la nature, là.
23:15 - Voilà.
23:17 - Merci en tout cas, merci mille fois
23:19 Christophe Charvin d'avoir été avec nous. Ça s'appelle
23:21 "Les Charvins et fils", président local
23:23 du syndicat exploitant agricole.
23:25 C'est à Cadérousse. Très joli
23:27 village dans
23:29 le Vaucluse. - Un petit melon
23:31 avec le... - Ah c'est bon, un petit melon, oui.
23:33 - Avec le jambon.
23:35 - Oui, c'est ça, exactement. - Jambon de Parme, par exemple.
23:37 Et un petit rosé à consommer avec modération.
23:39 - Bien entendu. Et dans un instant,
23:41 Emmanuel Thor-Lascaux
23:43 sera avec nous, directeur de la Fédération des Maraîchers
23:45 Nantais, celui qui a été
23:47 dégradé par les militants d'associations écologistes.
23:49 Merci en tout cas de votre fidélité. On reste
23:51 ensemble avec Frédéric Brindel jusqu'à
23:53 20h. A tout de suite. - A tout de suite.
23:55 - On revient sur ces maraîchers et sur
23:57 l'agriculture en général
23:59 et on va revenir sur un sujet
24:01 important. Vous avez certainement... - D'être responsable de ces
24:03 actes aussi, on va en parler. - Oui, absolument.
24:05 Un maraîcher Nantais
24:07 qui a déposé plainte. Emmanuel
24:09 Thor-Lascaux
24:11 est avec nous. Bonsoir, merci d'être avec nous
24:13 en direct sur Sud Radio.
24:15 - Bonsoir, je ne suis pas maraîcher Nantais, je suis directeur
24:17 de la Fédération des Maraîchers Nantais, ce qui est un petit peu
24:19 différent. - Très bien, j'allais le dire. Directeur de la
24:21 Fédération des Maraîchers Nantais, justement,
24:23 vous faites bien de nous le dire. Et on va revenir
24:25 sur cette séquence assez
24:27 hallucinante qui s'est passée
24:29 à côté de
24:31 Nantes, avec
24:33 des dégradations lors de manifestations
24:35 écologiques,
24:37 d'écologistes, pardon.
24:39 Est-ce que vous pouvez nous raconter ce qui s'est passé ?
24:41 - Alors,
24:43 en marge d'un cortège, il y a eu
24:45 une intrusion sur le site
24:47 d'expérimentation des maraîchers Nantais
24:49 et une serre
24:51 en couverture plastique, ce qu'on appelle
24:53 des grands abris plastiques,
24:55 a été vandalisée. La destruction
24:57 des... pas le démontage,
24:59 mais la destruction des systèmes
25:01 d'irrigation pilotée, des coffrets électriques,
25:03 de toutes les bâches,
25:05 et puis la destruction des planches
25:07 d'essais culturaux.
25:09 - Bon, précisons que votre fédération, la fédération
25:11 des maraîchers Nantais, a déposé
25:13 une plainte concernant
25:15 ces dégradations. Quels
25:17 vont être les prochains rendez-vous ?
25:19 Vous avez déjà eu
25:21 des réponses. Comment ça va se passer ?
25:23 - On a déposé plainte parce que
25:25 le souhait de la fédération
25:27 c'est de se remettre au travail.
25:29 Et donc, pour pouvoir réparer les dégâts
25:31 et avoir les assurances, ben, il faut un dépôt de plainte
25:33 et on se remet au travail. C'est ça qui est l'objectif.
25:35 On est payé pour ça et pour
25:37 avoir des résultats qui soient
25:39 duplicables pour le maraîchage et faire
25:41 accompagner et faire avancer la filière.
25:43 - Rappelons que cette serre se trouve à Pont-Saint-Martin.
25:45 - Exactement. - On est à quelques
25:47 kilomètres de Nantes. - Pour qu'on comprenne
25:49 bien, qu'est-ce que vous reprochez, ces
25:51 manifestants, en fait ? Parce que c'est pas tout à fait
25:53 très clair de ce qu'on
25:55 peut lire. - Ben moi, je reproche
25:57 rien du tout. Je porte plainte pour
25:59 des dégradations factuelles.
26:01 - Je parle pas de vous, je parle...
26:03 - Qu'est-ce que ces manifestants vous reprochent, justement ?
26:05 - Ben, c'est un peu l'incompréhension
26:07 parce qu'ils sont allés sur un site d'expérimentation.
26:09 Donc, on sait pas trop. Ils ont
26:11 dévasté des planches d'essai
26:13 qui servent, justement, à
26:15 améliorer soit les couverts
26:17 végétaux pour les intégrer dans le sol,
26:19 soit diminuer les phytosanitaires,
26:21 soit utiliser
26:23 les auxiliaires pour lutter
26:25 contre les ravageurs à partir de plantes qui sont
26:27 plantées juste à côté. Voilà. Ça, c'est notre objet.
26:29 Donc, on sait pas exactement ce
26:31 qu'ils nous reprochent. - En fait, il y a aussi
26:33 le hasard qui a fait ça parce que dans un premier
26:35 temps, c'était des militants
26:37 venus dénoncer l'exploitation
26:39 du sable à des fins industrielles
26:41 et c'est comme si, finalement,
26:43 cette serre était sur leur chemin
26:45 et ça a fait l'occasion.
26:47 C'est un peu ça qu'on ressent ?
26:49 - Peut-être. Je sais pas.
26:51 Je suis pas... J'ai pas d'éléments là-dessus.
26:53 - Revenons sur votre fédération. La mission,
26:55 c'est d'accompagner le développement du
26:57 maraîchage nantais, entre autres,
26:59 et les entreprises. Les enjeux, c'est quoi
27:01 aujourd'hui ? Parce qu'effectivement, là, vous faites
27:03 des expérimentations, j'imagine,
27:05 pour réduire l'eau, pour
27:07 l'utilisation de l'eau, dans une
27:09 société meilleure
27:11 qu'on souhaite tous.
27:13 Et aujourd'hui, cet accompagnement,
27:15 les enjeux, c'est quoi ? - Les enjeux,
27:17 c'est de continuer à produire des légumes
27:19 nourriciers. Ça, c'est le premier point.
27:21 En ce qui concerne des légumes, c'est entre
27:23 85 et 95 % d'eau.
27:25 Faut rappeler ça. Un concombre, c'est 95 %
27:27 d'eau, voire un peu plus.
27:29 Donc c'est, un, l'accès à l'eau.
27:31 Deux, ensuite, une fois qu'on a sécurisé
27:33 l'accès à l'eau pour produire
27:35 des légumes sur nos
27:37 territoires et éviter de les importer,
27:39 c'est-à-dire quand même continuer à faire travailler
27:41 des gens sur place, tout un écosystème
27:43 qui travaille sur ça et avoir
27:45 des circuits un peu plus courts.
27:47 Le deuxième point, c'est de permettre
27:49 d'accompagner le maraîchage dans les virages
27:51 qui sont pris, et moins phytosanitaires,
27:53 l'économie d'eau. Mais ça, c'est déjà
27:55 engagé depuis un certain nombre d'années.
27:57 Quand on fait du goutte à goutte, c'est à peu près
27:59 divisé par quatre, l'utilisation
28:01 d'eau. - Votre syndicat
28:03 regroupe 190 entreprises
28:05 aujourd'hui.
28:07 Ça représente énormément sur
28:09 la région nantaise. L'objectif, c'est
28:11 d'une certaine manière la souveraineté
28:13 maraîchère.
28:15 - C'est de participer
28:17 à la souveraineté alimentaire française,
28:19 effectivement. On a une
28:21 fédération qui est structurée
28:23 depuis très très longtemps,
28:25 depuis plus d'un siècle et demi,
28:27 sur ces sujets-là, qui a l'habitude
28:29 de travailler collectivement et de partager
28:31 les bonnes pratiques. Il s'agit vraiment
28:33 de pouvoir participer à la souveraineté
28:35 alimentaire française en
28:37 produisant des légumes là où on sait le faire
28:39 et avec des méthodes
28:41 de plus en plus vertueuses et qui sont
28:43 de plus en plus économes
28:45 en énergie, en eau,
28:47 en phytosanitaire.
28:49 C'est vraiment ça, les enjeux.
28:51 - Et les objectifs, parce que l'objectif,
28:53 c'est la transformation forcément des maraîchers
28:55 en gardant l'ADN.
28:57 Les objectifs, c'est quoi ? C'est à combien d'années,
28:59 dans combien de temps est-ce qu'on pourra s'imaginer
29:01 cette transformation de cette filière ?
29:03 - Elle est déjà enclenchée depuis de
29:05 nombreuses années. Il y a déjà des essais
29:07 depuis de nombreuses années qui sont dupliqués,
29:09 qui sont déjà mis en place chez les
29:11 maraîchers et on continue avec
29:13 les essais qu'on va mettre en route. Là, ça y est,
29:15 les équipes ont déjà, on a déjà
29:17 nettoyé l'affaire
29:19 et on remet en route l'outil pour
29:21 redémarrer de nouveau des essais
29:23 qui permettent d'utiliser
29:25 des couverts végétaux et de pouvoir analyser
29:27 leur fonctionnement et pouvoir après
29:29 nous proposer, dire "voilà, ça fonctionne
29:31 ou ça, ça ne fonctionne pas". - Si on regarde
29:33 autour de nous, en Europe par exemple,
29:35 est-ce que certains de nos voisins sont très
29:37 avancés sur
29:39 justement sur cette technique nouvelle ?
29:41 - Alors ça, je ne sais pas. Je n'ai pas la connaissance
29:43 des secteurs des autres pays.
29:45 - Les enjeux, c'est quoi ? C'est l'eau
29:47 finalement ? - Sans eau,
29:49 vous n'aurez pas de légumes. Donc, c'est le premier enjeu.
29:51 C'est l'accès à l'eau,
29:53 l'accès raisonné à l'eau. Et puis, une fois qu'on a ça,
29:55 c'est les enjeux vraiment
29:57 de pratiques, d'accompagnement de pratiques
29:59 parce que ça ne sert à rien de faire de l'accompagnement
30:01 de pratiques si vous n'avez pas accès à l'eau puisque vous n'aurez plus de légumes.
30:03 - Vous êtes, bon,
30:05 en conflit, on l'a vu, il y a eu ce
30:07 saccage, vous avez porté plainte et certains
30:09 agriculteurs bio ont remis
30:11 en question vos pratiques.
30:13 En fait, eux disent
30:15 qu'ils s'adaptent au sol et vous,
30:17 non. Qu'est-ce que vous leur répondez ?
30:19 - Premièrement, je ne suis pas
30:21 en conflit. Ça, c'est le premier point.
30:23 On est sur les mêmes
30:25 travaux. L'accès à l'eau, c'est vrai pour
30:27 tous les agriculteurs. On a des
30:29 maraîchers bio dans nos structures.
30:31 Ce qui nous rejoint
30:33 tous, c'est l'accès à l'eau, le travail de la terre
30:35 et un travail de plus en plus respectueux
30:37 de l'usage
30:39 des auxiliaires, de plantes,
30:41 etc. C'est un virage
30:43 qui se fait. Ça ne fait pas du premier coup, mais
30:45 tout le monde va dans le même sens et complémentaire.
30:47 Il ne faut pas les opposer, pour moi.
30:49 - Est-ce que cette filière, on en parlait il y a quelques
30:51 instants, est-ce qu'il faut vraiment
30:53 développer cette filière maraîchère ?
30:55 On dit qu'on
30:57 en parlait il y a quelques instants,
30:59 qu'il y a un petit peu moins d'envie
31:01 de faire ces métiers qui sont quand même
31:03 des métiers formidables. Est-ce qu'il faut redorer
31:05 avec des techniques nouvelles,
31:07 peut-être aussi de montrer qu'avec
31:09 ces nouvelles techniques, c'est un travail
31:11 un petit peu moins difficile, moins de pénibilité ?
31:13 - L'attractivité est toujours
31:17 un enjeu, l'emploi en est
31:19 un autre. Je pense que le point
31:21 important pour donner de l'attractivité,
31:23 c'est de rappeler que c'est fondamentalement nourricier,
31:25 que le maraîchage est fondamentalement
31:27 nourricier. Et voilà, c'est le point
31:29 le plus important et qui donnera envie
31:31 aux personnes qui ont envie de se
31:33 reconvertir ou d'aller dans ces
31:35 filières-là, de venir.
31:37 On participe
31:39 du côté nourricier de nos
31:41 concitoyens. - Alors Emmanuel Terlasco,
31:43 je le rappelle, vous êtes directeur de la Fédération
31:45 des Marais chez Nantais. Tout à l'heure, nous étions avec
31:47 un agriculteur du Vaucluse qui nous a
31:49 révélé les petits secrets,
31:51 ce que la nature locale
31:53 lui apportait. Vous,
31:55 quelle est la richesse de cette région nantaise
31:57 pour faire la réussite
31:59 de tous ceux qui vous accompagnent ?
32:01 - Eh bien, il y a des
32:03 éléments positifs.
32:05 Je vais citer
32:07 le rapport du GIEC
32:09 régional, ce qu'on appelle le GIEC régional,
32:11 qui sont des scientifiques de notre région
32:13 qui ont travaillé sur l'adaptation au changement
32:15 climatique aux horizons
32:17 2030, 2050 et 2100.
32:19 Ils indiquent que
32:21 la Loire-Atlantique a des atouts très
32:23 intéressants parce qu'on est bordé par la mer,
32:25 on a la Loire, on a un des plus grands
32:27 lacs naturels qui est le lac
32:29 de Grandlieu, des zones humides
32:31 qui font que,
32:33 par rapport à l'adaptation du changement climatique,
32:35 l'augmentation de température
32:37 sera légèrement moindre. Donc, on a vraiment
32:39 un bassin qui est propice
32:41 au maraîchage.
32:43 - Et quel type de produits sont,
32:45 si on devait
32:47 donner une caractéristique ou en tout cas un produit
32:49 qui est vraiment lié à ce... - Le melon de Nantes ?
32:51 Est-ce que ça marche, le melon de Nantes ?
32:53 - Je ne sais pas. - Tout à l'heure, on avait le melon.
32:55 - Il y en a eu il y a longtemps.
32:57 Les produits phares
32:59 sont la mâche,
33:01 évidemment la mâche nantaise,
33:03 le radis, le poireau primeur,
33:05 vous avez la tomate,
33:07 le concombre,
33:09 en dehors des légumes,
33:11 vous en avez plein d'autres, les jeunes pousses d'épinards,
33:13 il y a à peu près 70 légumes
33:15 qui sont poussés, mais voilà, les leaders,
33:17 je vous les ai cités. Et puis à côté de ça,
33:19 traditionnellement, le muguet, les maraîchers
33:21 sont producteurs de muguets. - Ah bon, en tout cas, ça va
33:23 se faire une bonne salade avec Frédéric Brindale
33:25 avec tout ce que vous nous avez dit. - La mâche, vous voyez ? - Oui, là, c'est très bon.
33:27 Merci mille fois, Emmanuel Torlasco. - Avec vous, je mâche tout droit.
33:29 - D'avoir été avec nous.
33:31 Merci beaucoup de la Fédération
33:33 des Maraîchers Nantais. Et vous saluerez
33:35 ces 190 entreprises, bien sûr,
33:37 qui font un travail formidable au quotidien.
33:39 Vous restez avec nous. Dans un instant,
33:41 c'est notre ami Yvan Cujuste.
33:43 Et juste avant... - Oui,
33:45 conseil de famille, c'est Philippe David
33:47 qui va. - Absolument. Et nous, on se retrouve
33:49 demain à 17h. - Demain, oui ! - Et merci
33:51 à nos équipes de Sud Radio. Salut, passez une bonne soirée.

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