• il y a 3 mois
Le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Manuel Bompard, et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:04Vous êtes le coordinateur de la France Insoumise, député de Marseille,
00:08première passation de pouvoir et premier conseil des ministres à venir pour l'équipe Barney.
00:13On va aller voir, d'ailleurs, ils vont se retrouver pour un petit déjeuner arrivé en ce moment même.
00:17Le Premier ministre qui a affirmé hier, Manuel Bompard, simplement vouloir servir le pays.
00:23Est-ce que, simplement pour cette phrase, et malgré vos divergences de fond,
00:26vous lui dites bonne chance pour relever et servir la France ?
00:29Moi, je dis surtout bon courage aux Français.
00:32Et il me semble quand même que tout le monde doit comprendre que la nomination de M. Barney,
00:37ensuite la constitution de ce gouvernement, est une sorte de braquage en bande organisée.
00:43C'est-à-dire qu'il y a eu des élections au mois de juin et au mois de juillet,
00:47qu'il y a une coalition politique, c'est le Nouveau Front Populaire, qui est arrivée en tête
00:51puisqu'elle dispose du plus grand nombre de députés à l'Assemblée Nationale.
00:54Et on a là, en quelque sorte, le club des perdants qui se met d'accord
00:57pour se répartir les miettes de la Macronie.
01:00Et je pense que ça sera et ça restera dans notre histoire
01:03comme un moment de forfaiture antidémocratique.
01:06Et je crains que ce traumatisme laisse malheureusement des traces.
01:09Vous savez, on n'est pas obligé d'être d'accord avec le Nouveau Front Populaire.
01:11Nous sommes dans une démocratie.
01:13Mais le principe de base dans une démocratie, c'est que quand on gagne les élections,
01:16c'est la formation politique qui gagne les élections qui est appelée à constituer un gouvernement.
01:20Ce n'est pas ceux qui perdent.
01:21Et dans une démocratie, il peut y avoir aussi une culture du compromis.
01:24C'est ce qu'a dit hier Michel Barnier.
01:25Il n'y a pas forcément de compromission.
01:27Est-ce que vous dites ce matin que quoi qu'il arrive,
01:29quoi que dise M. Barnier lors du discours de politique générale,
01:32ce sera donc la motion de censure de la part du Nouveau Front Populaire ?
01:34Bien sûr que ce sera la motion de censure,
01:36tout simplement pour rétablir un ordre démocratique dans notre pays.
01:40Vous savez, le Nouveau Front Populaire, je dis, est arrivé en tête.
01:42Mais il ne dispose pas de la majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
01:45À partir de ce moment-là, bien évidemment que si le président de la République
01:49avait respecté le résultat des élections,
01:51c'est-à-dire qu'il avait permis la constitution d'un gouvernement
01:54du Nouveau Front Populaire,
01:55alors nous aurions cherché des majorités, des compromis à l'Assemblée Nationale.
01:59Bien évidemment que dans une situation de majorité relative,
02:02il faut en rechercher.
02:03Mais la question, c'est qui décide du cap politique
02:06et ceux qui doivent décider du cap politique en démocratie,
02:08c'est les Françaises et les Français.
02:09Comment vous pouvez comprendre que la formation politique
02:12qui a fait moins de 6 % aux élections législatives
02:15se retrouve aujourd'hui à la tête du gouvernement ?
02:17Que vous ayez dans ce gouvernement une majorité de ministres de plein exercice,
02:21qui soutiennent Emmanuel Macron,
02:22alors qu'il a été battu aux élections européennes
02:24et qu'il a été battu aux élections législatives.
02:26C'est une négation du message qui a été envoyé par les Françaises et les Français.
02:29Manuel Bompard, ce matin sur CNews Europe 1,
02:31vous dites la motion de censure quoi qu'il arrive,
02:33qui sera donc portée par les socialistes,
02:35comme l'a dit hier le Premier Secrétaire du PS Olivier Faure,
02:37au nom du Nouveau Front Populaire.
02:39Elle sera portée par l'ensemble des députés du Nouveau Front Populaire,
02:42le premier signataire, puisque nous sommes une coalition
02:45et l'idée c'est qu'il va y en avoir plusieurs des motions de censure.
02:48Donc l'idée c'est que ça tourne.
02:50Et là en l'occurrence, oui, pour la première motion de censure,
02:52je crois symboliquement, puisque certains ont essayé de trouver,
02:55de chercher des failles au niveau du Parti Socialiste.
02:58Le fait que ce soit un socialiste qui porte la première motion de censure,
03:01je pense que c'est une bonne réponse à ceux qui ont essayé
03:04de chercher des failles dans le Nouveau Front Populaire.
03:06Oui, il n'y en a pas, on est tous unis pour censurer le gouvernement de Michel Paris.
03:09Vous croyez vraiment en la probabilité que cette motion de censure aboutisse,
03:13si les voix du RN ne s'y joignent pas ?
03:16Ah ben c'est mathématique.
03:20D'accord, mais je pense quand même...
03:22Non, vous y croyez ou pas, c'est ma question.
03:23Moi, si je dépose une motion de censure,
03:25c'est avec l'objectif de censurer le gouvernement.
03:27Mais vous avez fait les calculs mathématiques.
03:29Vous savez que ce n'est pas possible sans les voix du RN.
03:30Maintenant, j'observe effectivement que le Rassemblement National
03:33a décidé de trahir ses électrices, ses électeurs.
03:36Parce que, pardon, mais moi je combats les idées du Rassemblement National.
03:40Il y a une nuance, ils vont attendre de voir et de juger sur pièces.
03:44Mais attendez Sonia Mabrouk, il me semble quand même
03:47que pendant la campagne des élections législatives,
03:49les électrices et les électeurs qui ont voté pour des députés du RN,
03:54je crois qu'ils l'ont fait avec l'objectif de rompre avec le macronisme,
03:57pas de devenir en quelque sorte le faire-valoir de la continuité
04:01de la politique macroniste en France.
04:03Et donc, eux aussi sont trahis.
04:05En vérité, tout le monde est trahi dans cette situation.
04:08Les électeurs du Nouveau Front Populaire sont trahis par le président de la République
04:11parce qu'ils ont voté pour une formation politique,
04:14qu'ils l'ont mise en tête et que ce n'est pas elles qui gouvernent.
04:16Les électeurs du RN sont trahis puisqu'ils ont voté pour une formation politique
04:21qu'il leur a dit on va rompre avec le macronisme
04:23et qui devient aujourd'hui la béquille de la poursuite du macronisme.
04:26Et les électrices et les électeurs qui, au deuxième tour des élections législatives,
04:29se sont mobilisés massivement pour empêcher l'extrême droite de s'emparer du pouvoir,
04:33parce qu'il s'est passé ça, entre les deux tours de l'élection législative,
04:36sont trahis parce que c'est aujourd'hui le RN qui a le droit de vie ou de mort.
04:40Et vous, vous êtes les seuls chevaliers blancs dans ce monde de trahison.
04:42Je ne dis pas que je suis le chevalier blanc,
04:43je dis que les électrices et les électeurs du Nouveau Front Populaire ont été trahis,
04:48oui bien sûr ils l'ont été et les françaises et les françaises l'ont été de manière générale.
04:51Vous dites que le RN c'est la béquille du macronisme
04:53alors que beaucoup, en tous les cas eux-mêmes,
04:55se perçoivent plutôt comme les arbitres des élégances, mais allons plus loin.
04:58C'est quoi la différence ?
05:00Qui décide aujourd'hui ?
05:01Mais qui est la formation politique qui permet à ce gouvernement
05:05de rentrer, de commencer à pouvoir gouverner ce pays ?
05:10Qui est la formation politique qui a fait un pacte secret avec Emmanuel Macron ?
05:15Tout ça a été documenté pour dire si c'est M. Barnier,
05:18nous ne censurerons pas le gouvernement.
05:19Ben oui, je pense que les électrices et les électeurs du RN,
05:22mais vous me direz à la limite, c'est leur problème.
05:24Mais peut-être que la prochaine fois, ils devraient se dire qu'ils ont été bien manipulés quand même.
05:28Manuel Bompa, est-ce que c'est de la trahison
05:29ou est-ce que c'est un esprit de responsabilité à l'inverse de votre position
05:33qui est de dire censure, volonté aussi de destituer le président ?
05:37Est-ce que vous ne cherchez pas le chaos ?
05:38Jean-Pierre Raffarin dit qu'après M. Barnier, c'est la loi de la jungle.
05:41C'est peut-être votre volonté ?
05:43Dans une démocratie, vous ne pouvez pas considérer
05:45qu'il n'y a qu'une seule option politique qui est possible
05:47et que tout le reste, c'est le chaos.
05:48Un gouvernement conduit par Lucie Castex, comme nous en avions fait,
05:52la proposition qui cherche des majorités à l'Assemblée nationale
05:55pour augmenter le pouvoir d'achat, pour développer nos services publics,
05:58pour répondre aux problématiques des Françaises et des Français,
06:00ce n'est pas le chaos.
06:01Quant à la procédure de destitution du président de la République,
06:05c'est un article de la Constitution, madame, l'article 68 de la Constitution.
06:09Quand on décide d'utiliser un article de la Constitution,
06:12donc une procédure qui est prévue par le droit à la Constitution…
06:15On peut vouloir le chaos institutionnel tout en respectant la Constitution.
06:19Mais madame, il faut faire attention avec cette logique
06:20parce que si vous essayez d'expliquer aux gens
06:22qu'ils utilisent les outils de la Constitution pour faire leur travail,
06:26c'est mon cas, je suis un député de l'opposition,
06:29je n'ai pas été élu pour approuver la politique d'Emmanuel Macron.
06:32Je cherche à utiliser les moyens à ma disposition
06:34pour respecter la parole que j'ai donnée aux Françaises et aux Français.
06:37Si vous considérez désormais qu'utiliser les moyens de la Constitution,
06:40c'est faire preuve du chaos, alors il faudra dire aux gens
06:42qu'est-ce qu'ils doivent faire d'autre.
06:44Moi, je préfère que les gens se battent
06:46en utilisant les outils prévus par notre Constitution.
06:48C'est ce que je fais et j'appelle les Françaises et les Français
06:51à appuyer cette motion de destitution du président de la République.
06:54Ils peuvent le faire en signant une pétition
06:56qui est sur le site macron-destitution.fr.
06:58On est à près de 350 000 personnes qui ont signé cette pétition.
07:02C'est quand même la preuve que tout le monde a compris
07:04qu'il y avait un problème avec le président de la République.
07:06350 000, ce n'est pas des millions de Français.
07:08Ce n'est pas mal, madame, 350 000.
07:10Je vous laisse juger.
07:10Ce que je vous propose, c'est que vous fassiez une pétition
07:13pour soutenir Michel Barnier,
07:14puis on verra combien il y aura de signatures.
07:16Pourquoi moi ?
07:16Non, vous ou quelqu'un d'autre.
07:18Un nom en particulier.
07:19Je ne suis pas sûr qu'il y aura 350 000 signatures, vous voyez.
07:21Un nom en particulier cristallise les critiques et attaques de la gauche
07:24et celui du ministre de l'Intérieur, Bruno Rotailleau,
07:26qui sera d'ailleurs notre invité à votre place demain, ici même.
07:29Mathilde Panot avait déclaré avant même, d'ailleurs,
07:30l'officialisation du gouvernement,
07:32qu'il avait fait preuve, monsieur Rotailleau, de racisme.
07:34Est-ce que vous estimez aujourd'hui
07:36que le ministre de l'Intérieur de la France est raciste ?
07:38Il a fait preuve de racisme, oui, bien sûr.
07:40Écoutez, quand monsieur Rotailleau disait, il y a un an,
07:44je ne vous parle pas d'il y a 30 ans, il y a un an,
07:46qu'un certain nombre de Français étaient en voie de régression
07:50vers leurs origines ethniques.
07:52Je cite exactement les propos qui ont été tenus par monsieur Rotailleau.
07:56Excusez-moi, ça s'appelle un propos raciste.
07:58Vous êtes bien placé pour savoir que c'est un délit et pas une opinion.
08:02Je vais aller au bout.
08:03Quand monsieur Rotailleau classe les Français
08:05en disant qu'il y aurait des Français normaux
08:07et qu'il y aurait des Français qui sont des Français de papier.
08:09Excusez-moi, en République, il n'y a qu'une catégorie de Français,
08:13ce sont des Français.
08:14Quelles que soient leurs origines,
08:16quand ils sont Français, ils sont Français.
08:18Donc oui, bien sûr, quand on commence à classer les Français,
08:21quand on commence à considérer que la régression vers les origines ethniques,
08:25c'est-à-dire qu'il y aurait des races
08:27et qu'il y aurait des races qui seraient inférieures,
08:28puisqu'on parle de régression.
08:30Oui, bon, c'est un propos raciste.
08:31Dans ce cas-là, si on fait une hiérarchie entre les races,
08:33ce n'est pas une opinion, c'est un délit.
08:35Il est condamné dans notre pays.
08:36Ça n'a pas été le cas pour monsieur Rotailleau
08:38ou alors l'épisode m'a échappé.
08:39Vous avez raison, pour l'instant, il n'a pas été condamné.
08:41Malheureusement, dans notre pays,
08:43il y a malheureusement encore des propos racistes
08:46qui ne sont pas condamnés.
08:47Mais il y a une justice.
08:48Oui, il y a des propos racistes, madame.
08:49Mais maintenant, si vous considérez...
08:51Je suis très heureux de vous entendre dire ça.
08:53Si vous pensez, maintenant,
08:54que quand on est condamné pour racisme,
08:56ça doit avoir des conséquences,
08:58je suis tout à fait d'accord avec vous.
08:59Mais ce serait bien qu'on s'en rappelle
09:01ici, à CNews, où on a laissé la parole
09:03pendant des années et des années
09:04à un homme, monsieur Zemmour,
09:05qui avait été condamné à multiples reprises
09:07pour des propos racistes.
09:08Pardonnez-moi pour la présomption d'innocence,
09:10c'est-à-dire comme lorsque madame Panot
09:11est entendue dans le cadre d'une enquête
09:12pour apologie de terrorisme,
09:13avant de dire qu'elle fait de l'apologie de terrorisme,
09:16j'attends l'enquête et la justice.
09:18Ça s'appelle la présomption d'innocence.
09:19Et je crois savoir que CNews et LFI
09:23y sont attachés également.
09:24Je crois que je suis pour la présomption d'innocence.
09:25Mais en l'occurrence, je vous évoquais
09:27l'exemple de monsieur Zemmour.
09:28Lui, il a été condamné, madame.
09:29Et ça n'a pas empêché, notamment sur cette chaîne,
09:32qu'on lui déroule le tapis rouge
09:34pendant des années et des années.
09:35Vous voyez, il y en a des gens
09:37qui voient les condamnations
09:38un petit peu à géométrie variable.
09:39Mais tout à fait, monsieur Mélenchon,
09:40demain, sera entendu pour probablement
09:42injure publique parce qu'il avait comparé
09:46à Adolphe Eichmann.
09:47Mais voyez-vous, on attend encore.
09:49C'est la différence, peut-être.
09:50Maintenant, vous ne l'avez pas attendu, d'ailleurs.
09:51Si, je l'ai dit, c'est présomption d'innocence.
09:53Oui, vous, peut-être personnellement.
09:54Mais enfin, on ne va pas ici reprendre
09:55ce qui s'est passé pendant cette année.
09:57Mais pendant des mois et des mois,
09:59des semaines et des semaines,
10:00j'ai vu des bandeaux sur,
10:02y compris cette chaîne de télé,
10:03disant que la France insoumise
10:04était un parti antisémite,
10:05alors que personne à la France insoumise,
10:07vous voyez, n'a jamais été condamné.
10:08On va en parler.
10:09Vous aurez l'occasion de vous défendre.
10:10Gabriel Attal, patron des députés
10:12ensemble pour la République,
10:13veut des garanties du Premier ministre
10:14sur, Manuel Bompard, les droits LGBT,
10:17sur le droit à l'avortement.
10:18Michel Barnier dit qu'il ne veut pas
10:19répondre à des polémiques.
10:20Il dit qu'il n'y a aucune ambiguïté.
10:22Il y a vraiment une inquiétude sur ces sujets ?
10:23Bien sûr qu'il y a une ambiguïté
10:25ou des inquiétudes, puisque sont nommés
10:28au sein du gouvernement de M. Barnier,
10:30des personnes qui ont eu des positions
10:33sur, on va dire, la liberté,
10:35sur la lutte contre l'homophobie,
10:37sur la lutte pour l'égalité des droits,
10:39sur la lutte pour les droits des femmes,
10:41qui sont des positions
10:44incompréhensibles et insupportables.
10:45Je rappelle qu'il y a un certain nombre
10:46de ministres de ce gouvernement
10:47qui, il y a quelques mois,
10:49ont voté contre, par exemple,
10:50l'inscription du droit à l'IVG
10:52dans la Constitution.
10:53Pas pour autant qu'ils sont contre l'IVG.
10:55Alors pourquoi ne l'ont-ils pas permis
10:57de sanctuariser ce droit en l'inscrivant
10:59dans la Constitution ?
11:00Peut-être qu'il n'y a pas de danger
11:01dans notre pays ?
11:02Peut-être qu'ils estiment
11:03qu'il n'y a pas de danger dans notre pays
11:04sans pouvoir être contre l'IVG ?
11:06Vous l'entendez ou pas ?
11:08Non, je ne l'entends pas,
11:09c'est un argument de mauvaise foi.
11:10Je vais vous dire pourquoi.
11:11Parce que, par exemple,
11:12il y a d'autres pays en Europe
11:13dans lesquels le droit à l'IVG
11:15est remis en cause.
11:16Et j'observe que, par exemple...
11:17Oui, d'autres.
11:18Oui, mais j'observe que, par exemple...
11:19Pas en France.
11:20Oui, mais j'observe, par exemple,
11:21que les députés européens
11:22du Rassemblement national
11:23au Parlement européen,
11:24quand il y a des résolutions
11:25pour défendre le droit à l'IVG,
11:27ils votent contre.
11:28Donc ils peuvent dire en France
11:29« on ne le vote pas parce que
11:30ce n'est pas menacé »,
11:31mais quand c'est menacé
11:32dans d'autres pays en Europe,
11:33alors dans ce cas-là,
11:34pourquoi ils ne votent pas pour,
11:35Madame ?
11:36Bruno Retailleau qui est attendu,
11:37Manuel Bompard aussi,
11:38au sujet de l'immigration
11:39pour un contrôle plus ferme
11:40ou ferme, tout court,
11:41et peut-être une nouvelle loi
11:42proposant la fin de l'automaticité
11:44du droit du sol
11:45pour les enfants d'étrangers
11:46nés en France
11:47ou encore la conditionnalité
11:48des prestations sociales
11:49à une durée de résidence minimale.
11:50Ça, je précise,
11:51c'est ce que voulait
11:52M. Retailleau
11:53avant d'entrer au gouvernement.
11:54Il nous précisera demain
11:55quelle est sa ligne
11:56et son objectif.
11:57Il l'a dit avant,
11:58ce ne sera pas surprenant
11:59pour vous,
12:00Madame,
12:01ces dispositions-là,
12:02non seulement il l'a dit avant,
12:03mais il a essayé
12:04de les mettre en place
12:05et ça a été censuré
12:06par le Conseil constitutionnel,
12:07je dois vous le rappeler,
12:08au moment des débats
12:09sur la loi immigration.
12:10Donc, ce sont des propositions
12:11qui sont des propositions
12:12contraires à notre Constitution.
12:13Donc, je ne sais pas
12:14si M. Retailleau
12:15va s'entêter sur ce sujet,
12:16mais il est évident
12:17que s'il s'engage
12:18sur cette voie,
12:19il nous retrouvera
12:20sur sa route
12:21parce qu'effectivement,
12:22c'est inacceptable
12:23de continuer à défendre
12:24des mesures,
12:25notamment ce concept-là
12:26de préférence nationale
12:27qui classe,
12:28effectivement,
12:29encore une fois,
12:30les Français
12:31en fonction de leur origine
12:32et qui fait
12:33que certains auraient
12:34des droits particuliers
12:35que d'autres n'auraient pas.
12:36C'est contraire
12:37au principe d'égalité
12:38qui est au cœur
12:39de notre Constitution.
12:40Et pour contrôler davantage
12:41les flux migratoires
12:42comme le fait le...
12:43Attendez, je termine juste
12:44ma question.
12:45Les socialistes en Allemagne,
12:46Olaf Scholz
12:47ou les socialistes
12:48sociodémocrates en Danemark,
12:49est-ce que c'est possible
12:50pour vous
12:51de le rejeter également ?
12:52Mais ce n'est pas
12:53parce que des socialistes
12:54ailleurs en Europe
12:55font des erreurs
12:56et s'engagent
12:57sur une mauvaise voie
12:58et sur une mauvaise compte.
12:59Vous savez,
13:00on pourra débattre,
13:01et ça prendrait
13:02un petit peu de temps,
13:03sur la question de l'immigration
13:04si vous voulez.
13:05Ce que j'observe,
13:06c'est qu'on est en permanence
13:07chaque année
13:08avec des nouvelles propositions
13:09de lois
13:10et qu'à chaque fois,
13:11on nous dit
13:12que ça n'a rien réglé.
13:13Donc peut-être qu'à un moment,
13:14il faut se poser la question
13:15de savoir si la manière
13:16avec laquelle
13:17on traite du sujet
13:18est la bonne.
13:19Je ne le crois pas du tout
13:20et je rappelle
13:21que ce serait bien
13:22qu'on ne passe pas
13:23notre temps
13:24à pointer du doigt
13:25une partie des Français.
13:26Une personne sur dix
13:28Je voudrais conclure
13:29cette grande interview,
13:30Manuel Bompard,
13:31par deux questions.
13:32D'abord au Proche-Orient
13:33avec ce qui se passe
13:34et le risque d'escalade
13:35entre Israël et l'US Bola
13:36après les opérations
13:37inédites autour
13:38des Bippers
13:39ou des Talkie Walkies.
13:40D'abord,
13:41juste une première précision.
13:42Est-ce que vous considérez
13:43l'US Bola
13:44comme une organisation terroriste ?
13:45Ce n'est pas la position
13:46de la France.
13:47La France ne considère pas
13:48l'US Bola
13:49comme une organisation terroriste.
13:50Moi, je suis aligné
13:51avec la position
13:52de la diplomatie française.
13:53L'Union européenne estime
13:54que la branche militaire
13:55de l'US Bola
13:56n'est pas telle.
13:57Mais est-ce que
13:58la branche militaire l'est ?
13:59Mais ça, c'est la position
14:00de l'Union européenne.
14:01Est-ce que vous êtes d'accord
14:02sur cette ligne ?
14:03Sonia Mabouk,
14:04avant de parler de ça,
14:05si vous voulez bien,
14:06il s'est passé la semaine dernière
14:07des actes
14:08qui ont été salués
14:09par une partie
14:10des observateurs politiques
14:11en France
14:12qui me stupéfaient.
14:13Mais des terroristes
14:14ont été visés.
14:15Mais Madame,
14:16je vous rappelle
14:17qu'on a frappé
14:18de manière indistincte
14:19des personnes
14:20qui étaient équipées
14:21d'un Bipper
14:22ou d'un…
14:23je crois qu'on appelle ça
14:24un Bipper
14:25visé sur une table
14:26dans un commerce.
14:27C'est-à-dire que ça a frappé
14:28des civils
14:29qui n'avaient aucune responsabilité.
14:30Je parle des personnalités visées.
14:31Il faut déplorer,
14:32évidemment,
14:33s'il y a des personnes
14:34qui ont été touchées.
14:35Madame, ça s'appelle
14:36une violation du droit international.
14:37Monsieur Bompard,
14:38quand des terroristes sont visés,
14:39ça ne vous satisfait pas ?
14:40Mais pas n'importe comment, non.
14:41Ça dépend…
14:42Là, on parle d'actes
14:43qui sont des actes
14:44de violation
14:45du droit international.
14:46Dans le droit international,
14:47on ne frappe pas des civils
14:48de manière indistincte.
14:49Et par ailleurs,
14:50ce sont des actes
14:51qui contribuent
14:52à une surenchère
14:53d'une région
14:54où il y a
14:55un danger immense.
14:56Et moi, je pense
14:57à nos compatriotes
14:58et à nos amis libanais
14:59parce que le Liban
15:00est un ami de la France
15:01et je leur dis
15:02que nous nous tenons
15:03aux côtés du peuple libanais
15:04face à ces risques
15:05de surenchère
15:06et d'escalade
15:07qui sont particulièrement
15:08insupportables
15:09et particulièrement inacceptables
15:10parce qu'on peut venir
15:11sur les plateaux de télévision
15:12faire ci, faire ça, etc.
15:13Mais je crois que
15:14personne n'a intérêt
15:15à l'embrasement généralisé
15:16d'une région
15:17dans laquelle il y a eu déjà
15:18beaucoup trop de souffrance
15:19et beaucoup trop de morts.
15:20Personne n'a intérêt à l'escalade
15:22à rappeler le droit d'Israël
15:23à se défendre.
15:24Il faut le sanctuariser.
15:25Vous pensez aussi à ce droit
15:26tout autant que vous pensez
15:27aux Libanais ?
15:28Mais madame,
15:29d'abord, monsieur Barnier
15:30aurait pu avoir un mot
15:31pour les victimes civiles,
15:33la population gazaouie
15:35qui frappait depuis un an
15:36maintenant par des conditions
15:37qui sont des conditions atroces
15:38et qui dit,
15:39et qui fait dire
15:40à un certain nombre
15:41d'observateurs internationaux
15:42et je reprends cette caractérisation
15:43à mon compte
15:44qu'il y a aujourd'hui
15:45un génocide en cours à Gaza.
15:47Donc, monsieur Barnier
15:48aurait pu avoir un mot
15:49sur ce sujet.
15:50Quant au reste,
15:51oui,
15:52ma perspective politique
15:53c'est la possibilité
15:54pour le peuple palestinien
15:55de pouvoir avoir droit
15:56à un État
15:57et la possibilité,
15:58bien évidemment,
15:59d'une cohabitation
16:00en sécurité
16:01pour l'État palestinien
16:02et pour l'État israélien.
16:03Mais on n'y arrivera,
16:04madame,
16:05qu'à la fin
16:06de l'opération israélienne
16:07à Gaza
16:08que dans le respect
16:09du droit international
16:10qu'avec la fin
16:11de la colonisation
16:12parce que c'est seulement
16:13dans le respect
16:14du droit international
16:15qu'on arrivera
16:16à obtenir la paix.
16:17Est-ce que dénoncer
16:18et à juste raison,
16:19ça vous empêche
16:20de dire qu'Israël
16:21a le droit de se défendre ?
16:22Mais non,
16:23Israël n'a pas le droit
16:24de se défendre
16:25dans toutes circonstances
16:26et en faisant
16:27ce qu'il a envie.
16:28Parce que le droit
16:29de se défendre,
16:30ça n'existe pas
16:31dans le droit international
16:32de manière à pouvoir frapper
16:33de manière indistincte
16:34des populations civiles,
16:35de tuer des femmes,
16:36des enfants.
16:37Une contribution
16:38dans la revue The Lancet
16:39estimait à à peu près
16:40200 000 victimes
16:41directes ou indirectes,
16:42le nombre de personnes
16:43qui sont mortes à Gaza.
16:44Donc, peut-être que
16:45ça ne vous fait rien
16:46mais moi, personnellement,
16:47ça me fait quelque chose.
16:48Alors, s'il vous plaît,
16:49je vous pose la question.
16:50Donc, je vous ai dit,
16:51est-ce que condamner
16:52et dénoncer
16:53les civils palestiniens
16:54vous empêche de dire
16:55qu'un pays peut se défendre ?
16:56Mais j'observe que
16:57M. Barnier a été incapable
16:58d'avoir ne serait-ce qu'un mot
16:59de compassion
17:00et je pense que la position
17:01de la France
17:02est une position
17:03qui nous fait honte
17:04sur la scène internationale,
17:05que la France devrait enfin
17:06dire à M. Netanyahou
17:07qu'il doit s'arrêter
17:08et créer les éléments
17:09d'un rapport de force
17:10par l'embargo sur les armes,
17:11par la reconnaissance
17:12de l'État de Palestine.
17:13Voilà ce que j'aurais attendu
17:15la parole de la France,
17:16une voix forte pour la paix,
17:17comme nous en avons été
17:18longuement fiers
17:19et malheureusement,
17:20ce n'est plus le cas aujourd'hui.
17:21C'était votre grande ITV
17:22sur CNews Europa.
17:23Je vous souhaite
17:24bonne journée et à bientôt.
17:25Merci.

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