ITW | Le burn out parental, avec Morgane KoreshNous avons rencontré Morgane Koresh, illustratrice et co-créatrice du #MonPostPartum. Elle nous partage son histoire et nous parle du burn out parental. Retrouvez là sur : - Instagram : https://www.instagram.com/morganekoresh- Twitter : https://twitter.com/morganekoresh?lang=fr
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00:00 c'est que prendre soin de soi, ce n'est pas égoïste.
00:02 Ce n'est pas même se faire passer d'abord et mettre ses enfants après soi.
00:06 C'est se donner l'énergie et la disponibilité émotionnelle
00:10 d'être avec ses enfants et de vraiment profiter d'eux.
00:12 Je m'appelle Morgane Correche, je suis illustratrice.
00:21 Je suis co-créatrice du hashtag #MonPostpartum
00:24 qui avait pour but de visibiliser toute la période après l'accouchement.
00:27 Je suis aussi maman de deux enfants de 4 ans et demi et bientôt 2 ans.
00:31 Et sur mon compte Instagram @MorganeCorreche,
00:34 je mets en avant tous les challenges liés à la parentalité
00:38 et principalement les tabous qui entourent la maternité.
00:41 Aujourd'hui, je vous parle de burn-out parental,
00:43 ce dont je fais l'expérience depuis déjà quelques mois
00:47 et dont j'ai pris conscience vraiment il y a quelques semaines.
00:51 Alors, qu'est-ce que le burn-out parental ?
00:53 Chez moi, ça s'est manifesté de différentes manières
00:55 qui ne sont pas toutes arrivées au même moment.
00:57 Il y a eu déjà l'épuisement.
00:59 Quand on est parent, on est un peu tout le temps fatigué,
01:01 on doute, on se demande est-ce qu'on est un bon parent.
01:04 Là, c'était un autre niveau.
01:05 Après la fatigue, ça a créé une sorte de distanciation émotionnelle
01:08 avec mes enfants et je faisais toutes les tâches en pilote automatique.
01:12 Petit à petit, j'ai commencé à me distancier un peu de mes enfants.
01:16 C'est-à-dire que vu que tout devenait difficile,
01:18 pour me préserver, je me mettais mentalement à l'écart.
01:21 J'étais avec eux, mais je passais tout mon temps sur mon téléphone.
01:25 J'ai commencé à les mettre de plus en plus devant la télé,
01:27 comme ça, ça les occupait et moi, je pouvais faire autre chose.
01:31 Je courais faire la lessive en disant aux enfants
01:33 « j'arrive dans cinq minutes, je vais juste lancer une machine »,
01:36 alors que je déteste faire la lessive et que je ne la fais jamais en temps normal.
01:39 Mais là, toutes cinq minutes étaient bonnes à prendre pour souffler et être seule.
01:44 Donc, il y a vraiment une sorte de dissonance entre mes envies,
01:48 comment j'ai envie d'être mère et comment j'ai envie d'être avec eux,
01:50 et mes capacités à être avec eux.
01:52 Ce qui est intéressant, c'est que ça ne remet pas du tout en question
01:55 le fait que je les aime et que je sais que j'ai envie de passer du temps avec eux,
01:58 je sais qu'ils grandissent vite et j'adore les voir grandir,
02:01 les voir jouer et voir leur personnalité qui émerge jour après jour.
02:05 Je passe des heures à regarder des photos d'eux, des vidéos d'eux,
02:09 à être triste le soir de me dire « j'ai pas assez profité d'eux »,
02:11 mais malgré tout, je n'arrive pas à le faire le lendemain.
02:14 Donc, vraiment aucun épanouissement dans mon rôle de mère,
02:17 que de la frustration et une sensation vraiment extrême d'étouffement,
02:20 et beaucoup de culpabilité qui s'installe,
02:22 parce que ce n'est pas du tout comme ça que j'ai envie d'être mère.
02:25 Moi, mes enfants, ils grandissent vite, j'ai envie de profiter d'eux
02:28 pendant qu'ils ont encore envie de faire des choses avec moi.
02:30 Donc, ce n'est pas une situation qui me convient,
02:31 mais maintenant, ce qui se passe, c'est que je ne sais pas comment y remédier.
02:35 Pourquoi ? Parce qu'on est confinés,
02:37 que 2020, c'est une année qui est très difficile,
02:39 mais il faut dire la vérité, le burn-out parental,
02:41 ça peut arriver à n'importe quel moment,
02:43 il n'y a pas besoin de circonstances exceptionnelles pour perdre pied.
02:46 Que mon mari est au bord du burn-out parental lui-même,
02:49 et qu'on n'a que nous deux,
02:50 pour diverses raisons, on n'a pas d'aide de grands-parents ou quoi que ce soit.
02:54 J'ai pris cette décision en un instant au travail,
02:56 après trois heures à être devant l'écran
02:58 et à ne pas avoir compris ce que j'avais fait pendant trois heures.
03:00 J'ai décidé qu'il était temps de faire une pause,
03:03 et à partir de ce moment-là,
03:05 je crois que j'ai eu mon cerveau qui s'est dit,
03:07 "Pfff, enfin, elle va nous accorder un peu de temps."
03:11 Et avant même que ce temps que je prenne pour moi arrive,
03:14 j'ai commencé à aller mieux,
03:15 parce que j'avais la perspective d'un moment pour moi et pour souffler.
03:19 Donc c'était zéro productivité,
03:21 aucun moment sur les médias, pas de travail.
03:23 Je ne réponds pas presque à WhatsApp, aux emails, à rien du tout.
03:27 Je ne passe pas de temps au téléphone.
03:29 J'ai réussi à prendre un week-end sans mes enfants,
03:31 donc j'ai été dormir chez ma sœur pendant quelques jours
03:33 et elle s'est bien occupée de moi.
03:35 J'ai pris aussi quelques jours de congé,
03:37 donc je ne pars nulle part vu les circonstances.
03:39 Je suis chez moi, mais je ne fais rien.
03:41 Je fais la sieste si j'ai envie,
03:43 je bookine si j'en ai envie,
03:44 mais même rien faire du tout, c'est très bien.
03:46 Il faut enlever cette culpabilité qu'on doit rentabiliser
03:49 chaque minute de notre vie.
03:51 J'ai compris avec les années vraiment
03:52 qu'il ne faut pas avoir honte de dire les choses,
03:55 qu'on n'est pas seule.
03:56 On a tendance à croire et à culpabiliser
03:58 parce qu'on pense qu'on est la seule à vivre ça.
04:00 On se dit qu'on va nous juger parce qu'on n'est pas des bons parents,
04:03 parce que ce n'est pas facile à dire et ce n'est pas facile à ressentir,
04:07 ce n'est pas agréable.
04:08 Et qu'on culpabilise déjà beaucoup nous-mêmes.
04:09 Donc si nous on se juge aussi durement,
04:12 comment les autres ne peuvent pas nous juger ?
04:14 Je pense qu'on n'a pas toujours besoin d'une aide professionnelle extérieure,
04:19 mais que souvent ça aide.
04:21 La question c'est plutôt est-ce qu'on est prêt, nous,
04:23 à faire cette démarche ou pas ?
04:24 Je pense que quand on est malade,
04:26 on n'a pas de problème à aller chez un médecin.
04:27 Donc quand notre mental a besoin d'aide aussi,
04:30 c'est pareil, il faut aller voir un ou une professionnel.
04:33 Et je pense vraiment qu'on se néglige énormément en tant que parent
04:36 et surtout en tant que mère.
04:37 Et du coup, ce n'est pas anodin que ce burn-out parental puisse arriver.
04:41 Moi, je sais que quand je ne prends pas soin de moi,
04:42 je suis bonne à rien, je suis bonne à personne.
04:44 Si j'ai un message à dire, qui est pourtant dit souvent,
04:47 mais je pense qu'on a encore tous et tous du mal à l'entendre,
04:51 c'est que prendre soin de soi, ce n'est pas égoïste.
04:53 Ce n'est pas même se faire passer d'abord et mettre ses enfants après soi.
04:57 C'est se donner l'énergie et la disponibilité émotionnelle
05:01 d'être avec ses enfants et de vraiment profiter d'eux.
05:03 [Musique]