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Claire Tran est comédienne et co-autrice de « Mères sans filtre », publié aux éditions Solar. Ancienne ballerine, elle conscientise rapidement les inégalités de genre, résultats d'une éducation et d'attentes sociétales différentes. Aujourd'hui, elle s'exprime pour le magazine Parents.

Retrouvez « Mères sans filtre », ed. Solar ici : https://www.fnac.com/a17650370/Gabrielle-Richard-Meres-sans-filtre

︎ Crédits :
Léa Leyris : réalisation

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Transcription
00:00 Il n'est pas moins garçon parce qu'il porte telle ou telle couleur,
00:02 ou parce qu'il aime les paillettes ou met du vernis à ongles, etc.
00:06 Et il sait parce que c'est un garçon intelligent.
00:08 Et les enfants sont intelligents.
00:09 Je m'appelle Claire Tran, je suis comédienne,
00:13 ancienne danseuse et j'ai deux enfants.
00:15 Un petit garçon de 5 ans et une fille de 2 ans et demi.
00:18 Alors, qu'est-ce que la masculinité et la féminité ?
00:21 Je me pose la question tous les jours en fait.
00:22 Parce que j'étais enfant ballerine et j'évoluais dans un milieu à prédominance féminine.
00:27 Et je voyais bien que les garçons étaient absents du milieu de la danse.
00:30 Et je me posais déjà la question de pourquoi à l'époque.
00:32 La féminité est portée à son paroxysme dans la danse classique.
00:35 Tout ce qui était doux, féminin, aérien, éthéré, était un objectif absolu.
00:41 Et en grandissant, j'ai voulu m'extraire un petit peu de ces stéréotypes.
00:45 J'ai commencé à m'habiller comme un garçon.
00:48 Et j'ai cultivé beaucoup mon androgynie en fait.
00:50 À l'adolescence et puis jeune adulte, je me suis coupé les cheveux,
00:53 je n'ai plus jamais mis une robe.
00:54 Et en ayant des enfants ensuite, cette question des stéréotypes de genre,
00:58 et qu'est-ce que c'est que justement la masculinité et la féminité,
01:01 s'est accrue parce que je voyais bien devant moi que la société me poussait à les différencier.
01:06 Il n'y a aucune raison de les différencier.
01:08 Et parfois je lutte contre moi-même parce que c'est aussi très agréable de mettre une robe à ma fille.
01:12 Ce matin, elle m'a demandé de la mettre une robe.
01:13 Et je lui ai mis parce que ça lui faisait très plaisir et ça m'a fait plaisir de l'avoir en robe.
01:17 Mais ça me questionne aussi quand mon fils me demande de la mettre une robe.
01:20 J'ai aussi un grand plaisir à lui mettre une robe,
01:22 mais je vois bien que c'est très mal accepté par la société.
01:24 Je trouve qu'il y a un certain double discours chez les gens
01:26 qui ne veulent pas qu'on dégenre les tenues vestimentaires des enfants.
01:30 Parce qu'ils disent "mais laissez-nous tranquille, on a le droit d'habiller nos filles comme on veut,
01:34 avec des robes, qu'elles soient des princesses et qu'elles mettent des pettes, c'est inoffensif".
01:37 Mais si c'est si inoffensif que ça, pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas le permettre aux petits garçons ?
01:42 En fait, encore une fois, il y a une forme d'hypocrisie, en tout cas de négation.
01:46 On empêche quand même la moitié de la population de s'habiller comme il ou elle le veut.
01:51 Et ça commence par une chemise rose ou un pull à paillettes,
01:54 et en fait, c'est un peu l'arbre qui couvre la forêt, qui cache la forêt.
01:57 Il y a ensuite les jeux, les jouets, la littérature, les activités extrascolaires,
02:03 ensuite plus tard, le choix de métier.
02:05 Ma première devise, c'est ne rien imposer.
02:08 Contrairement à ce que beaucoup de gens peuvent croire, je n'impose pas les pulls roses à mon fils.
02:12 Je lui propose de tout et de toutes les couleurs.
02:14 Donc en fait, moi, mon fils, il n'a pas de préjugés sur les couleurs.
02:17 Et il sait, parce que c'est un garçon intelligent et les enfants sont intelligents,
02:20 qu'il peut s'habiller d'une certaine façon à l'école
02:22 et qu'il peut aussi s'habiller d'une certaine façon à la maison.
02:24 Il le sait, il l'a intégré.
02:26 Comment je fais pour le protéger ?
02:27 J'essaie de lui donner confiance en lui,
02:29 pour qu'il ait confiance en ses propres goûts, en ses propres choix.
02:31 Il n'est pas moins garçon parce qu'il porte telle ou telle couleur,
02:34 ou parce qu'il aime les paillettes ou met du vernis à ongles, etc.
02:38 Je ne pourrais jamais le protéger des attaques, de la démocrie.
02:42 Le poids de la société est tellement lourd dans ce domaine,
02:46 et l'école étant encore très normative, j'essaie de composer avec ça.
02:50 J'essaie de lui expliquer.
02:51 Comme il grandit, on a des discussions assez intéressantes.
02:54 Je ne vais pas lui dire si c'est bien ou si c'est mal.
02:55 Je voudrais que les adultes prennent leurs responsabilités
02:59 et soient plus tolérants.
03:00 Qu'est-ce qu'on peut répondre à quelqu'un qui dit "ça c'est un t-shirt de fille" ?
03:03 Qu'un t-shirt de fille, ça n'existe pas.
03:05 Qu'un t-shirt, c'est un t-shirt.
03:06 Ton avis m'apporte peu.
03:08 Ce qui est important, c'est que j'aime mon t-shirt.
03:10 Pourquoi on se maquille ?
03:11 Si ma fille me demande le matin pourquoi je me maquille,
03:13 déjà je ne me maquille pas.
03:15 C'est un sujet que j'ai quand même réussi à éviter.
03:19 Je ne me maquille pas ou très peu.
03:20 C'est mon fils qui m'a vu me maquiller
03:22 et lui m'a demandé "mais qu'est-ce que tu fais ?"
03:24 et je lui explique que ça me fait plaisir.
03:26 En fait, je crois que c'est la notion de plaisir
03:28 et pas d'injonction à la beauté.
03:30 Ça me donne confiance en moi.
03:32 Je ne veux pas être jolie pour les autres.
03:34 Je ne veux pas être belle comme telle ou telle autre personne.
03:37 La masculinité et la féminité, c'est quelque chose qui est intérieur,
03:40 qui devrait être quelque chose d'intrinsèque.
03:42 C'est François Giraud qui disait "la féminité n'est pas un sac à main".
03:45 On ne peut pas l'oublier sur une commode.
03:47 "Oh mais bon Dieu, qu'ai-je fait de ma féminité ?"
03:49 Elle disait "mais c'est extraordinaire, elle a raison".
03:51 Et pour les garçons, c'est pareil.
03:52 Mon petit garçon, s'il a envie de mettre une robe,
03:55 ça ne fera pas de lui moins un homme.
03:58 Il faut du courage pour laisser tomber les idéaux de beauté.
04:03 Il faut avoir une grande confiance en soi.
04:04 Donc le plus beau cadeau qu'on puisse faire à nos enfants,
04:06 c'est qu'ils aient confiance en eux, en leur capacité d'imagination.
04:10 Donc les stéréotypes de genre sont présents
04:12 évidemment dans la littérature pour enfants,
04:14 dans les dessins animés, les BD.
04:16 Et alors ça, c'est vraiment important de réussir à
04:19 déjà, à leur regarder ça droit dans les yeux.
04:20 Si les enfants sont jeunes, moi ce que je fais,
04:22 c'est qu'à l'oral, je change un petit peu les personnages.
04:25 Je féminise soit les métiers ou les adjectifs
04:29 ou je modifie les adjectifs qualificatifs.
04:30 Dans les livres pour enfants,
04:32 "trotro", "choupi", "samsam", "petit ours brun",
04:37 et j'en passais des meilleurs,
04:38 ce sont des petits garçons.
04:40 Et on a juste "pépapik" que moi, je ne regarde pas.
04:44 Ensuite, pour les plus grands et les plus grandes,
04:46 chez Disney par exemple, si on regarde des vieux Disney,
04:48 le mieux c'est quand même de faire du commentaire audio
04:53 et d'expliquer pourquoi effectivement,
04:55 ce n'est pas possible d'embrasser quelqu'un qui est endormi
04:57 et qui n'est pas d'accord.
04:58 Ce qui est important finalement,
04:59 c'est de développer leur esprit critique.
05:01 Il faut s'intéresser à ce que les enfants lisent et à ce qu'ils regardent.
05:03 Est-ce que j'ai un conseil pour les futurs parents ?
05:06 N'écoutez pas les conseils.
05:07 Et un conseil que j'aurais aimé qu'on me donne
05:11 et que je donne moi à mes amis
05:13 qui vont avoir des enfants,
05:15 c'est de demander de l'aide quand on a besoin.
05:16 Quand on a un petit bébé à la maison, un nourrisson,
05:19 on n'ose pas demander de l'aide.
05:21 Et on pense qu'on est en échec quand on n'y arrive pas seul.
05:24 Ce n'est pas un échec parce qu'on n'y arrive pas seul.
05:27 On a besoin d'aide.
05:28 On a besoin d'être entouré.
05:29 Donc allez-y.
05:31 Sous-titrage ST' 501
05:33 *Musique*

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