• l’année dernière
Le CNRS sera présent au salon international des nouvelles technologies Vivatech, qui se tient de mercredi à samedi à Paris. On connaît le CNRS pour ses recherches en sciences humaines, mais beaucoup moins pour sa force de frappe industrielle. Jean-Luc Moullet, directeur général délégué à l’Innovation au CNRS, était l’invité de l’éco de franceinfo, lundi 12 juin.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Emmanuel Cuny.
00:04 Bonsoir à tous, vive la tech, le salon, grand salon international des nouvelles technologies
00:10 se tient à Paris, porte de Versailles précisément, de mercredi à samedi prochain.
00:15 C'est un vrai concentré des toutes dernières nouveautés et puis surtout des toutes dernières jeunes pousses
00:20 nées sur le sol français. Bonsoir Jean-Luc Moulet.
00:23 Bonsoir Emmanuel Cuny.
00:24 Vous êtes directeur général de l'innovation au CNRS, le Centre National de Recherche Scientifique.
00:30 Alors le CNRS qui sera justement présent à Vive la Tech avec un stand à partir de mercredi.
00:35 On connaît beaucoup plus le CNRS sous l'angle de la recherche traditionnelle, en sciences humaines, etc.
00:40 Beaucoup moins dans l'innovation des entreprises. C'est une part importante de votre activité ?
00:44 Oui c'est vrai, vous avez raison. Le CNRS c'est le premier organisme de recherche européen
00:48 et l'un des meilleurs au monde avec une recherche qui se pratique au meilleur niveau
00:52 dans tout un tas de domaines que sont les mathématiques, la physique, la biologie, la chimie, etc.
00:57 Et tout ça s'est reconnu internationalement. D'ailleurs plusieurs des chercheurs cette année, en 2023,
01:03 qui travaillent dans nos laboratoires ont été reconnus. Alain Aspé qui a reçu un prix Nobel de physique.
01:08 Hugo Dumini-Copin qui a reçu une médaille FILS qui est l'équivalent du prix Nobel.
01:14 On le sait mais sur l'angle vraiment entreprise avec Vive la Tech.
01:17 Donc vous aidez les entreprises, vous créez même je crois une centaine de startups de jeunes pousses par an.
01:23 Oui effectivement. L'un de nos objectifs c'est transférer ces résultats de la recherche vers le monde économique
01:29 de manière à faire profiter les entreprises, le monde économique de manière générale,
01:33 de l'ensemble des richesses qui existent dans nos laboratoires.
01:36 Et pour ça la création de startups c'est une des voies privilégiées.
01:38 On crée 100 startups par an à peu près, ce qui reprend quand même deux par semaine. C'est un flux énorme.
01:43 Vous les accompagnez, comment ça se passe exactement ? On vient vous voir en disant "cher CNRS, j'ai une idée d'entreprise,
01:49 est-ce que vous pouvez m'aider à décoller ?" Ça se passe comme ça ?
01:52 Ça se passe comme ça mais ça se passe de manière plus générale par les chercheurs qui sont dans nos laboratoires,
01:56 qui ont des idées et qui ont envie de voir leurs idées, leurs résultats de recherche être transformés
02:01 de manière à pouvoir impacter la vie des gens et voir se réaliser concrètement ce que donne un résultat de recherche.
02:08 Mais on ne peut pas réussir à tous les coups. Il y a beaucoup d'entreprises, on sait qu'ils naissent et qu'ils meurent tout de suite
02:12 parce que malheureusement le business man n'est pas forcément bon, on est sur des secteurs pas forcément porteurs.
02:16 Comment vous dénichez les bonnes pépites au CNRS ?
02:19 On a la chance d'avoir des secteurs qui se créent sur des technologies qui sont très bonnes, sur des résultats de science qui sont impressionnants.
02:27 Et donc le taux de survie des startups qui se créent à partir de nos résultats de recherche, il est lui aussi impressionnant.
02:31 Il y a à peu près deux fois le taux de survie d'une startup normale. Donc on en est très fiers, on en est très contents.
02:38 Et parmi ces startups qui se créent, vous en avez qui ont des croissances extraordinaires. Je pense à Eurofins scientifique par exemple
02:44 qui est rentré au CAC 40 l'année dernière.
02:46 La Bourse de Paris.
02:47 La Bourse de Paris, c'est d'une croissance extraordinaire. Et puis d'autres qui sont sur la même voie avec quelques années de retard
02:52 qui sont je pense à Amplitude Software par exemple qui est dans le domaine des lasers de puissance, qui a quelques centaines de salariés
02:59 ou alors d'autres startups qui ont été créées plus récemment cette année qui en sont à quelques salariés.
03:03 Et vous les accompagnez ensuite dans leur vie quotidienne ces jeunes pousses parce que 100 créations par an, c'est quand même très lourd.
03:10 Oui, c'est énorme. En fait, on va surtout accompagner le processus de création. C'est-à-dire que la façon dont on va pouvoir prendre une idée au sein d'un laboratoire
03:17 amener le chercheur ou les personnels de recherche à se transformer entre guillemets en entrepreneur pour créer une société
03:25 qui va incarner et développer ce résultat de recherche. Et notre travail principal, il est là.
03:29 Il est dans la façon de pouvoir être dans les laboratoires physiquement avec eux, déceler les bonnes idées
03:35 et à partir de là, voir comment on transforme une bonne idée en une startup. Ce n'est pas facile quand même.
03:39 Oui, effectivement. Alors, Jean-Luc Moullet, il y a bien sûr les recettes, on ne pourra pas entrer dans le détail.
03:43 Je rappelle donc que vous êtes directeur général de l'innovation au CNRS et vous avez travaillé à San Francisco, notamment dans la Silicon Valley.
03:50 Alors, on sait que quand les Américains ont décidé d'aller de l'avant, ils mettent le paquet sur le plan financier.
03:54 Est-ce qu'on peut faire la même chose que les Américains en France, je dirais plus largement en Europe aujourd'hui ?
03:59 Est-ce qu'on a la même philosophie d'action ?
04:01 Alors, oui, on peut aujourd'hui. Tous les bons projets qui se créent trouvent en France de quoi se financer, en tout cas au départ.
04:09 On a la chance d'avoir un écosystème de financement de l'innovation qui est formidable.
04:12 BPI France est là, les financements de France 2030 sont là et donc tous les bons projets vont trouver à se financer.
04:19 En revanche, l'une des différences fondamentales entre ce qui se passe aux États-Unis et ce qui se passe en France, c'est la différence d'ambition.
04:25 Côté américain, on va être dans les superlatifs, on va tout de suite vouloir avoir des milliards de chiffres d'affaires.
04:30 Côté français, on est généralement plus modeste.
04:32 Mais au-delà de ces différences d'ambition, ce qui est remarquable, c'est pour les startups qui sont issues de la recherche publique,
04:37 c'est franchement le fondement scientifique qui est derrière et leur capacité de croissance.
04:40 Alors, on sait qu'il y a de l'argent en Europe et en France, mais est-ce qu'on distille pas un peu trop ?
04:44 Par exemple, les Américains ont ce qu'on appelle la DARPA, c'est une agence publique dont le but essentiel est de valoriser la recherche scientifique américaine,
04:52 technologique et militaire. On n'a pas l'équivalent en Europe. Est-ce que ça ne pose pas problème ?
04:57 En fait, si vous regardez, on a l'équivalent de la DARPA en France qui est la DGA, la Délégation Générale pour l'Armement,
05:02 qui finance des recherches de pointe qui répondent aux besoins de nos armées.
05:07 Donc, franchement, c'est assez proche de l'équivalent de la DARPA.
05:10 Ensuite, on n'a pas d'agence, de grande agence multithématique qui financerait tout type de sujet.
05:14 Mais encore une fois, les financements publics pour accompagner la création de startups et le développement des startups sont là.
05:20 Là où on peut trouver des limites, en revanche, c'est lorsque les startups ont besoin de gros tickets de financement au-delà de 100 millions.
05:25 Alors, pardon d'être provocateur, je me fais l'avocat du diable, mais sur plein de sujets, plein de terrains, les Américains sont toujours en avance.
05:31 Les GAFA, Google, Amazon, Facebook, etc. Maintenant, Chadjipiti, ce n'est aux États-Unis. Pourquoi ce n'est pas nous en Europe ?
05:38 On était incapable de le faire ? On a perdu de l'avance ?
05:41 En fait, les recherches sur Chadjipiti et globalement l'IANNÉ Générative existent également en France, existent en Europe.
05:50 Je crois que la solution grand public qui a été amenée par Chadjipiti, elle a été novatrice.
05:56 Elle a franchement bluffé tout le monde. Et c'est vrai que si on garde un esprit d'enfant, c'est fantastique d'utiliser Chadjipiti.
06:01 Le robot conversationnel.
06:03 Exactement. Au-delà de ça, en France, on est capable de faire de très bonnes choses.
06:09 Il y a des solutions qui sont basées sur des technologies ouvertes, qui s'appellent Bloom, par exemple, qui permettent de faire des choses très similaires.
06:16 En revanche, je ne suis pas certain qu'il faille nécessairement imiter les Américains.
06:20 On avait essayé de faire le Google à la française il y a une quinzaine d'années ou une vingtaine d'années, ça n'a pas marché.
06:24 Il faut trouver un angle qui permettra d'utiliser les mêmes technologies de manière différente.
06:27 Et moi, j'en vois deux. Il y a le premier qui est l'angle de la francophonie. Qui d'autre que les Français sont capables de faire un robot conversationnel qui comprenne toutes les saveurs de la francophonie ?
06:37 Et par ailleurs, utiliser les mêmes principes pour faire de la générative pour des environnements professionnels.
06:42 Il faut être bon et meilleur là où on peut l'être, effectivement.
06:45 Et c'est ce que fait le CNRS, notamment, en étant présent à VivaTech, le salon des hautes technologies qui ouvre mercredi à Paris, porte de Versailles.
06:53 Le CNRS, il sera pour présenter toutes ces startups, ces jeunes pousses que le Centre National de Recherche Scientifique promeut partout en France.
07:02 Merci beaucoup Jean-Luc Moulet, directeur général délégué à l'innovation au CNRS qui était l'invité de l'écho sur France Info.

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