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00:00 [Musique]
00:08 Voilà, nous sommes donc en compagnie de M. Magloir Ndeye,
00:10 on l'a dit, chef de programme de la Fondation Friedrich Nauman pour la Côte d'Ivoire.
00:15 Et avec vous aujourd'hui, on parle des états des libertés numériques ici en Afrique
00:20 et particulièrement en Afrique francophone.
00:22 Dites-nous, avec toutes les dérives auxquelles on assiste sur Internet, M. Ndeye,
00:27 est-ce que les gouvernements ne doivent-ils pas être plus regardants sur ce qui se passe sur le numérique ?
00:32 Ok, merci beaucoup.
00:33 Déjà, il faut comprendre que depuis les années 90, particulièrement autour de 96,
00:40 Internet est devenu un outil qui s'est introduit dans notre vie, dans notre quotidien, dans tous les secteurs,
00:48 que ce soit l'éducation, que ce soit la santé, que ce soit la gouvernance en elle-même.
00:54 Dans tous les secteurs, Internet fait partie du jeu de notre vie.
00:57 À moins de 10 ans, qu'on prenait de 96 jusqu'aux années 2021 par exemple,
01:03 près de 4 milliards de personnes utilisent Internet.
01:06 Ça fait partie de notre quotidien.
01:08 Après, c'est un nouvel outil que nous découvrons, tout le monde ne sait pas l'utiliser.
01:15 Donc, il est aussi de la responsabilité des états non seulement de réguler cet outil,
01:20 mais aussi d'accompagner les citoyens à une meilleure utilisation.
01:23 C'est à double niveau.
01:25 Donc, promouvoir une bonne utilisation de l'outil Internet,
01:30 mais aussi éduquer, encadrer, pour que nous restions dans les limites possibles.
01:36 Donc, si je vous entends, vous pouvez nous dire que l'État, dans son rôle de protection des populations,
01:42 fait bien de bloquer ou filtrer certains sites sensibles, ou bien certaines informations,
01:49 ou encore contraindre les fournisseurs d'accès à Internet à réduire l'accès à certaines fonctionnalités ou certains sites ?
01:56 Nous, en tant que Fondation de promotion des libertés,
02:00 Je vous dis dans votre développement de tout à l'heure.
02:02 Oui, nous ne sommes pas favorables aux restrictions interpercives que très souvent certains états s'y engagent.
02:10 Par contre, nous demandons que l'État doit anticiper.
02:14 On est d'accord que c'est la responsabilité de l'État d'encadrer, de structurer, de réguler le secteur.
02:20 Mais il faut beaucoup plus anticiper sur la formation, sur l'éducation, la sensibilisation des populations.
02:26 Parce que, que nous le voulons ou non, aujourd'hui, Internet, les technologies, c'est un mouvement irréversible.
02:33 L'Afrique n'a pas l'obligation, n'a pas le choix que de s'engager dans cette voie.
02:37 Donc, il va falloir anticiper sur l'encadrement, la formation des populations, au risque,
02:44 au risque, comme les rapports le disent, peut-être on en parlera,
02:47 de décourager les populations, de les détoner vers l'utilisation de ces technologies.
02:52 Ce serait une grande perte pour l'Afrique.
02:54 Aujourd'hui, Internet est devenu aussi un puissant moteur de revendications sociales.
02:58 On le voit à l'occasion des mouvements sociopolitiques dans certains pays,
03:02 où c'est pratiquement sur les réseaux sociaux que les mots d'ordre sont donnés.
03:07 Dans son rôle de protection des populations et dans son rôle régalien d'assurer la sécurité des États,
03:13 est-ce qu'à ce moment-là, les États ne font pas bien en faisant certaines restrictions ?
03:19 Oui, les États, pour protéger la souveraineté, pour protéger les populations,
03:25 ont le droit, en cas d'attentat, en cas de menace contre la sécurité de l'État,
03:31 de prendre des mesures.
03:33 Et en cela, il faut regarder que nos États doivent comprendre que le monde a changé.
03:40 La gouvernance qu'on avait de manière verticale, comme cela, ou les dirigeants en haut...
03:46 Ce mode de gouvernance est obsolète aujourd'hui.
03:50 La gouvernance est de plus en plus horizontale.
03:52 Avec les technologies, le ministre ou le président ne s'assoit pas seulement dans son bureau pour décider.
03:57 Il y aura des populations qui vont interagir, qui vont agir avec Internet.
04:02 Donc, il va falloir repenser notre société.
04:05 Après près de 2000 ans de gouvernance verticale, aujourd'hui, le monde a une gouvernance horizontale
04:11 où toutes les populations, chacun a un smartphone.
04:14 Aujourd'hui, sur les 30 millions d'habitants, certains ont deux smartphones, deux téléphones.
04:20 Donc, ils ont la possibilité de donner leur avis sans passer par la télévision, sans passer par la radio,
04:27 sans passer par les médias classiques, de donner leur avis sur la gouvernance dans un pays.
04:31 Donc, c'est un moyen de revendication, c'est vrai.
04:34 C'est pourquoi nous disons qu'il faut accompagner ce mouvement-là.
04:39 Il faut accompagner de sorte que les gens comprennent qu'on ne peut pas se payer.
04:43 Mais ce n'est pas un espace de non-droit.
04:46 Mais aussi, de plus en plus, lorsque vous interdisez, lorsque l'on restreint la possibilité,
04:53 les gens trouvent des moyens de contournement.
04:55 Nous le voyons dans la dernière crise, pour ne pas citer de noms, en Afrique de l'Ouest, ici,
05:00 les gens ont trouvé des moyens pour contourner, les fermetures pour contourner les restrictions de l'État.
05:05 Je pense que c'est plus dangereux lorsqu'on tombe dans cette situation où les gens se disent
05:09 "si on m'interdit, il faut que je trouve des voies détournées pour pouvoir contourner".
05:13 C'est ce qui se passe de plus en plus et on risque de tomber dans ce qu'on appelle l'autoritarisme numérique.
05:20 C'est ce que révèle le rapport, le dernier rapport de 2023 qui est sorti,
05:26 notamment sur 26 pays de l'Afrique francophone.
05:30 Il ressort que fondamentalement, dans plusieurs pays, notamment la Côte d'Ivoire,
05:34 il n'y a pas de loi liberticiste, il n'y a pas de loi qui empêche l'utilisation du numérique.
05:41 Mais on peut se retrouver dans une situation où on crée un environnement qui fait peur,
05:46 un environnement qui décourage l'utilisation.
05:49 Donc, vous voyez, on peut ne pas interdire, mais l'environnement peut décourager.
05:53 Donc, il faut faire très attention pour ne pas que, une fois encore, l'Afrique rate l'avancée dans ce sujet de voies.
06:00 – Si je vous entends bien, je vais vous prendre au mot aussi.
06:03 Vous avez dit que l'Internet n'est pas un lieu de non-droit.
06:05 – Oui.
06:06 – Voilà, donc on ne peut pas se permettre tout ce qu'on veut.
06:08 Je veux dire, le droit à l'information, c'est vrai qu'il est garanti par la Déclaration universitaire,
06:13 les droits de l'homme et tout ça.
06:15 Mais je veux dire, est-ce qu'au nom de ce principe-là, on doit tout se permettre sur le numérique ?
06:20 – Absolument non, on ne peut pas tout se permettre.
06:23 Ce qui est Internet, venons dans la vie réelle, on ne peut pas tout se permettre dans la vie.
06:28 On ne peut pas tout dire dans la vie, on ne peut pas tout faire dans la vie.
06:32 Il y a des lois qui régissent notre quotidien, que ce soit avec nos voisins,
06:36 que ce soit dans une entreprise, que ce soit pour un État.
06:40 Il y a des règles qui gouvernent notre vie au quotidien.
06:43 Sur Internet également, il y a des règles.
06:45 C'est pourquoi nous disons, avant même que l'État n'engage de vastes programmes d'éducation et de sensibilisation,
06:51 il faut que chacun comprenne qu'aujourd'hui, nous avons la chance d'avoir un média dans notre main.
06:58 Hier, pour avoir accès à la télévision, ce n'était pas évident pour tout le monde.
07:02 Pour avoir accès à des médias classés, ce n'était pas évident.
07:04 Mais aujourd'hui, moi-même, je suis directeur d'information, je suis reporter, je suis journaliste avec mon smartphone.
07:12 Donc, c'est un avantage, c'est un outil puissant que nous avons dans notre main, qui nous permet de nous éduquer.
07:18 Aujourd'hui, on n'a pas besoin d'aller à l'étranger pour faire des formations.
07:22 Moi, je suis habillé, je fais des masters à l'étranger, seulement avec Internet.
07:26 À partir d'Internet, on fait des soins à distance.
07:31 Donc, ça dépend de l'utilisation qu'on en fait.
07:33 Donc, les citoyens eux-mêmes doivent pouvoir s'éduquer.
07:36 C'est un bel outil que nous avons dans notre main.
07:38 Plus que jamais, nous avons la possibilité de faire notre propre évolution, notre propre développement.
07:43 Et après, les États ont leurs responsabilités.
07:46 Donc, chaque citoyen doit être éduqué à cela.
07:48 C'est pourquoi, nous, au niveau de la Fondation Friedrich-Norman, nous avons engagé des programmes comme l'éducation média à l'information.
07:53 Il y a beaucoup d'autres organisations qui commencent à le faire.
07:56 Il va falloir intensifier ces programmes.
07:58 Il n'y a pas très longtemps, on a échangé avec le ministre de la Communication qui annonçait que l'État des Côtes d'Ivoire a prévu un vaste programme d'éducation média à l'information.
08:06 C'est une bonne chose.
08:07 Mais de part et d'autre, chacun doit jouer son rôle.
08:11 Justement, chacun doit jouer son rôle.
08:13 Les États jouent leurs.
08:15 Justement, en parlant du rapport que vous avez évoqué tout à l'heure,
08:19 certains États ont pris des lois qui permettent d'encadrer la pratique de tout ce qui se passe sur Internet.
08:25 Mais ces lois-là, souvent, on ne les comprend pas trop bien et leur sphère d'utilisation ne les maîtrise pas suffisamment.
08:31 J'en veux pour exemple une influenceuse ivoirienne qui avait déféré la chronique il n'y a pas très longtemps à partir d'une vidéo qu'elle avait faite qui portait atteinte aux mœurs.
08:40 Elle avait fait la vidéo "Hors de la Côte d'Ivoire".
08:42 Elle est arrivée récemment à Bujan.
08:44 Elle a été interpellée.
08:45 Donc ces lois-là, justement, leur sphère d'autorité, on ne les comprend pas véritablement.
08:50 On le dit hier en droit que nul n'est censé ignorer la loi.
08:55 Ce n'est pas parce que vous n'avez pas connaissance d'une loi que ça ne s'applique pas à vous.
09:00 Et ça appelle à la responsabilité des utilisateurs, notamment ce qu'on appelle aujourd'hui les influenceurs,
09:06 de comprendre que Internet est un monde, est un lieu de vie qui a ses règles.
09:12 Il faut se former, il faut s'éduquer.
09:15 Et c'est aussi le lieu pour l'État aussi de sensibiliser autour de la loi.
09:21 Il y a des lois qui ont été prises, il y a des mesures qui ont été prises qui ne sont pas suffisamment connues.
09:25 C'est vrai que nous devons avoir connaissance de la loi.
09:28 Nul n'est censé l'ignorer.
09:30 Mais ce n'est pas toujours évident pour tout le monde de savoir qu'une loi a été prise.
09:33 Donc il faut vulgariser ces lois.
09:35 En tout cas, nous, au niveau de la Fondation, nous travaillons sur cela, de vulgariser.
09:39 Nous mettons aussi des programmes en place pour former les professionnels du droit.
09:45 Parce que, comme je l'ai dit, c'est un outil nouveau que même des juristes, des avocats, des magistrats n'ont pas toujours la maîtrise.
09:52 Donc c'est un travail, j'allais dire un travail d'écule à faire pour ne pas que nous tombons dans la régression,
09:59 mais aussi pour ne pas qu'on tombe trop dans l'excès.
10:02 Et ça évite, une fois encore, les influenceurs, les utilisateurs à se documenter, à s'informer,
10:09 à se former de sorte que nous puissions faire de cet outil une véritable révolution pour notre continent.
10:14 En Côte d'Ivoire, le secteur de l'Internet est dominé par les trois opérateurs téléphoniques.
10:19 Alors que la demande est de plus en plus croissante, il n'y a que trois opérateurs.
10:24 Est-ce que, prenant le cas de la Côte d'Ivoire, il y a des restrictions qui font qu'on ne peut pas avoir d'autres opérateurs sur le territoire national ?
10:31 Le gouvernement a donné des explications, que le marché serait restreint, ne permettrait pas d'absorber plusieurs...
10:37 On a plus de 26 millions d'habitants.
10:39 Oui, mais bon, en tout cas, pour nous, je vais dire, nous pensons que la concurrence est un moyen puissant de régulation,
10:47 est un moyen puissant qui permet de donner la possibilité de plusieurs choix.
10:53 Et donc, nous voulons encourager le gouvernement à regarder, à donner la possibilité à plusieurs opérateurs de fourniture d'accès à Internet.
11:02 Et le coût, sur le coût, le gouvernement a donné des explications, le coût serait relativement bas par rapport à d'autres pays, c'est vrai.
11:10 Mais nous disons que, pour ce que la Côte d'Ivoire représente en Afrique de l'Ouest, et même pour l'Afrique et pour ses ambitions,
11:17 quand vous lisez le rapport, la stratégie Côte d'Ivoire 2040, la Côte d'Ivoire va être une puissance à l'horizon 2040.
11:25 Et pour être cette puissance aujourd'hui, ce sont les technologies, c'est l'accès à Internet.
11:29 Donc, il faut qu'on travaille à réduire davantage le coût d'Internet pour que chacun, quel que soit l'endroit où nous nous trouvons,
11:37 nous pouvons utiliser valablement Internet.
11:40 Et je viens d'arriver d'un voyage de l'intérieur du pays, il y a encore des zones où l'accès à Internet est difficile.
11:47 Il faut travailler à cela, ce n'est pas qu'à Bidjan, il y a beaucoup de fois encore à faire,
11:51 pour que cette puissance technologique que la Côte d'Ivoire veut devenir à l'horizon 2040 soit possible.
11:57 Et c'est vraiment avec toutes les lois, tous les programmes que nous allons mettre ensemble.
12:02 – On va encadrer cela pour permettre d'arriver à ce que vous souhaitez, monsieur Ndeye, venez avec moi.

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