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Invité 8H15 : Rim CHOUCHANE

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Transcription
00:00 - Lady Laes, c'est l'heure d'accueillir notre invitée à 8h19 ce matin ensemble.
00:04 Nous retrouvons Rime Chouchane, la secrétaire régionale du syndicat Sud Emploi
00:08 et conseillère Pôle Emploi à Saint-Jean-de-Bré.
00:10 - Bonjour Rime Chouchane. - Bonjour.
00:12 - On va parler du projet de loi Pleine Emploi du gouvernement,
00:15 mais avant cela, évoquons la réforme des retraites.
00:18 Est-ce que le match est en train de se terminer, comme le dit Laurent Berger,
00:21 avec la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement hier ?
00:24 - Alors ça c'est le discours de la CFDT.
00:26 Je pense que depuis le départ, l'intersyndicale a cherché au maximum à maintenir cette unité,
00:31 ce qui a fait notre force au niveau du mouvement social.
00:34 Et je pense que le match n'est pas plié, parce que ce n'est pas qu'un combat en lien avec les retraites,
00:38 c'est un combat avec toute la destruction de la protection sociale,
00:41 notamment l'assurance chômage, la sécurité sociale.
00:44 Et c'est là-dessus que le combat doit être mené.
00:46 Et il y a des combats qui vont arriver, notamment sur le travail,
00:49 sur la qualité des emplois, le sujet dont on va parler ce matin.
00:53 Et on ne peut pas parler aujourd'hui de dire que le combat est plié.
00:56 Je pense qu'il faut au contraire l'amplifier et lutter encore plus,
01:00 et mobiliser un maximum de personnes, des actifs, des précaires, des chômeurs.
01:06 - Sur la protection sociale, sur la santé, sur tous ces thèmes-là.
01:08 - Voilà, c'est là-dessus qu'il faut qu'on aille et qu'on essaie de mobiliser un maximum
01:12 le clan des travailleurs et des travailleuses,
01:14 pour reconquérir nos droits et en gagner des nouveaux.
01:18 - Alors Pôle emploi va devenir France Travail au 1er janvier prochain.
01:22 Le projet de loi est présenté ce matin par le ministre du Travail.
01:26 C'est censé simplifier les procédures et les démarches pour les bénéficiaires.
01:30 Vous êtes très critique sur ce texte.
01:33 - Oui, parce que France Travail aujourd'hui, c'est le plein emploi,
01:37 mais précaire et sans droit.
01:40 C'est-à-dire qu'on nous parle d'un meilleur accompagnement,
01:43 d'un accompagnement plus personnalisé, d'une plateforme
01:46 où tout le monde pourra s'inscrire.
01:48 - On partagerait des guichets, vous et Pôle emploi, avec d'autres.
01:51 - J'invite nos politiciens à venir se renseigner
01:54 pour savoir quel est notre travail à Pôle emploi.
01:56 C'est quand même le cœur de notre métier,
01:58 l'accompagnement, l'orientation, l'indemnisation.
02:01 Et aujourd'hui, dire que France Travail va amener quelque chose de nouveau,
02:05 pour nous, le syndicat solidaire Sud Emploi,
02:08 c'est une idéologie politique qui va mettre une pression
02:12 sur les plus faibles, sur les plus précaires, sur les chômeurs,
02:15 sur les bénéficiaires du RSA, pour leur dire aujourd'hui
02:17 "personne n'est inemployable".
02:19 C'est un peu les discours qui sont tenus.
02:21 Et tout le monde doit travailler.
02:23 Et vous devez être à la disposition du patronat.
02:27 Nous, France Travail, on va être chargé de créer
02:29 un vivier de candidature pour ces patrons.
02:32 Un vivier corvéable, docile, et surtout à moindre coût.
02:37 C'est ça, je pense, l'idéologie première qui est prônée.
02:41 - Est-ce que vous dites, vous, Rimschuschan,
02:43 aujourd'hui, il faut accepter l'idée que tout le monde
02:47 n'est pas en capacité de travailler ?
02:49 - Mais au-delà d'une idée, c'est une réalité, en fait.
02:52 Moi, je suis conseillère pour l'emploi depuis 20 ans.
02:55 Et j'ai toujours été sur la partie demandeur d'emploi.
02:58 J'ai toujours reçu que les demandeurs d'emploi.
03:00 Et c'est une réalité.
03:01 Aujourd'hui, vous avez des gens qui sont cassés par le travail.
03:04 Aujourd'hui, on le dit, le travail tue.
03:06 Ils sont cassés par la vie.
03:07 Et aujourd'hui, on nous dit, ces personnes-là,
03:09 quoi qu'il en coûte, c'est un peu le discours
03:11 qui est tenu au niveau des politiques,
03:13 je ne voudrais pas me l'approprier, surtout pas,
03:15 il faut qu'ils aillent travailler.
03:16 Parce qu'on a des métiers aujourd'hui
03:17 où on n'arrive plus à recruter,
03:19 tels que les secteurs de la restauration,
03:21 de la santé, du médical, de la logistique.
03:23 - Où il n'y a plus d'actifs.
03:24 - Voilà, il n'y a plus...
03:25 On va aller chercher ce vivier de candidature
03:27 et on va les remettre au travail.
03:28 Alors, on nous parle des 15 à 20 heures d'activité
03:30 où on va leur faire des immersions, des formations.
03:34 Mais au bout du compte, on est bien sur le travail à tout prix.
03:37 Et on ne tient pas compte de l'humain,
03:39 on ne tient pas compte des difficultés, des parcours.
03:41 Je prenais l'exemple du plombier de 59 ans
03:45 qui avait travaillé 35 ans
03:47 et qui avait enchaîné un cancer du poumon et un AVC.
03:50 Cette personne, moi je l'ai reçue en inscription à Pôle emploi.
03:53 Parce qu'elle a des droits à l'assurance chômage,
03:55 elle a travaillé 35 ans.
03:56 Mais aujourd'hui, elle n'est plus en capacité de travailler.
03:59 Alors, ma direction me dirait,
04:00 si elle n'est pas en capacité de travailler,
04:02 tu ne devais pas l'inscrire.
04:03 Mais oui, mais humainement, cette personne,
04:05 pour se reconstruire, a aussi besoin d'être indemnisée,
04:07 a besoin d'argent.
04:09 On ne peut pas vivre aujourd'hui dans cette société capitaliste
04:11 si on n'a pas d'argent.
04:12 Vous évoquiez les 15 à 20 heures d'activité,
04:14 donc ça, ce sera pour les bénéficiaires,
04:16 les allocataires du RSA.
04:17 Ça va être réforme,
04:18 le Loiret est l'un des départements pilotes,
04:20 ça va se mettre en place dans les semaines qui viennent.
04:22 Là aussi, vous dites, ça ne sera pas possible ?
04:25 Non, parce qu'on nous dit,
04:27 on va travailler à iso-effectif
04:29 et puis on va réduire les portefeuilles.
04:31 C'est comme ça qu'on appelle les portefeuilles de demandeurs d'emploi.
04:33 Alors, c'est une logique mathématique,
04:35 qu'on m'explique comment on fait,
04:36 alors qu'on a 2 millions à 3 millions de bénéficiaires du RSA
04:39 qui vont devoir s'identifier, entre guillemets,
04:41 sur cette plateforme France Ravail,
04:43 parce qu'on est un service public quand même,
04:45 on devient plateforme,
04:46 et qui vont devoir s'identifier avec les mêmes effectifs
04:49 et on va devoir mettre un accompagnement encore plus personnalisé,
04:52 encore plus intensif,
04:53 avec des effectifs que vous n'avez pas.
04:54 Voilà, encore plus renforcé,
04:55 qu'on m'explique concrètement.
04:57 Alors après, si on veut développer,
04:59 alors Pôle emploi a été choisi,
05:01 parce qu'il faut savoir que nous,
05:02 on a un système informatique qui est hyper performant.
05:05 Il faut voir le nombre d'outils informatiques
05:07 qui sont déployés au sein de Pôle emploi,
05:09 et qui ferait presque notre travail à notre place.
05:11 C'est pour ça qu'aujourd'hui, on nous dit,
05:13 France Ravail va un petit peu chapoter cet écosystème.
05:16 Et c'est ça, je pense qu'on table,
05:18 surtout cette gestion informatique,
05:20 où on va mettre des gens dans des cases, informatiquement,
05:23 et qu'on va les piocher,
05:24 qu'on va positionner sur des formations,
05:25 sur des recrutements, voilà.
05:27 C'est toute cette logique-là,
05:29 qu'on dénonce au niveau syndical.
05:31 - Merci beaucoup, Harim Chouchan.
05:33 - Alors, j'avais juste une chose à rajouter.
05:35 Il faut savoir que Solidaire Loiret,
05:37 c'est doté d'une commission chômage et précarité,
05:39 syndicalement,
05:41 et donc nous invitons
05:43 tous les chômeurs précaires,
05:45 intérimaires, à nous rejoindre.
05:47 Donc il y a une réunion aujourd'hui à 14h,
05:49 chez Solidaire Loiret, 12 cités Saint-Marc,
05:51 pour lutter ensemble, et pour se soutenir.
05:53 - Vous avez tout fait, vous avez aussi recruté pour votre syndicat.
05:56 - C'est collectivement qu'on va pouvoir y arriver,
05:58 et c'est tous ensemble qu'on va pouvoir lutter.
06:00 - Merci, bonne journée.
06:01 - Merci à vous.