Guerre en Ukraine: qui a frappé le barrage ukrainien de Kakhovka?

  • l’année dernière
Le barrage hydroélectrique de Kakhovka, situé autour des zones de la région de Kherson occupées par la Russie, a été partiellement détruit par des frappes dans la nuit de lundi à mardi. Moscou et Kiev s’accusent mutuellement d’en être responsables. L’Ukraine impute la destruction de l’ouvrage à la Russie dans le but de “freiner” son offensive. Le Kremlin a de son côté dénoncé un acte de “sabotage délibéré” de Kiev. L’Ukraine a annoncé évacuer “plus de 17 000” civils des zones inondées autour du barrage.
Transcript
00:00 Et forcément, on a plein de questions.
00:01 Thierry Arnault, d'abord, qui peut être à l'origine de cette explosion ?
00:04 Alors, si vous écoutez les responsables du Kremlin,
00:06 il s'agit d'un sabotage de la part des Ukrainiens.
00:08 Si vous écoutez tous les responsables ukrainiens aujourd'hui,
00:11 à commencer par le président Zelensky,
00:13 c'est évidemment un acte de terrorisme de la part des Russes.
00:18 Ce qu'on peut dire à ce stade, c'est que cette infrastructure,
00:20 ce barrage, cette centrale hydroélectrique,
00:24 qui a été détruite aussi, également,
00:26 sont sous le contrôle des Russes quasiment depuis le premier jour
00:29 du conflit.
00:30 Il y a eu plusieurs incidents.
00:31 Et d'ailleurs, dès le mois d'octobre de l'année dernière,
00:33 le président Zelensky accusait les Russes
00:35 d'avoir miné ces installations.
00:38 Un autre élément à verser au dossier,
00:40 ce soir, nos confrères d'NBC News nous disent
00:43 que les renseignements américains disposent d'éléments
00:46 qui pointent plutôt vers la responsabilité de la Russie.
00:49 Ça n'est pas encore formel, ça n'est pas encore public,
00:52 mais c'est un indice.
00:52 Donc, scénario privilégié, ce sont les Russes.
00:55 Et alors, comment ont-ils pu faire exposer le barrage ?
00:58 Est-ce qu'ils l'ont miné ?
01:00 Est-ce que c'est un bombardement ?
01:01 Alors, il était déjà dans un triste état, ce barrage.
01:05 Depuis quelques mois, les Russes avaient laissé monter les eaux.
01:07 Et d'ailleurs, ça commençait déjà à déborder.
01:10 Là, pour le coup, Russes et Ukrainiens sont plutôt d'accord.
01:13 On parle dans les deux cas de mines.
01:14 On en voit à l'image des mines qui auraient explosé sur le barrage,
01:17 dans la centrale hydroélectrique.
01:19 Certaines n'ont pas explosé.
01:20 Certaines ont même coulé le long de la rivière
01:22 après la destruction du barrage et ont explosé.
01:25 Il y a des images qui le montrent un peu plus en aval.
01:29 C'est le scénario privilégié, celui de mine qui était sur place.
01:32 On ne sait pas très bien depuis quand, peut-être depuis plusieurs mois.
01:35 Et ensuite, quelles conséquences ?
01:36 Alors, les conséquences, à la base, c'est simple à dire.
01:40 On voit que ce barrage, très important logistiquement,
01:44 il avait en amont une rotenoue d'eau, un réservoir absolument immense
01:48 qui s'étend sur plus de 200 km, 18 km3 d'eau.
01:52 Et cette eau, elle commence à se déverser en aval, on le voit,
01:55 depuis la centrale, depuis le barrage, en direction de Kersaune.
01:58 Il y a déjà, au moment où on le parle, 24 localités qui sont touchées,
02:02 17 000 personnes qui ont été déplacées.
02:05 C'est des dégâts absolument énormes qui ne font que commencer.
02:08 On s'attend à ce que l'eau continue de monter,
02:10 au moins jusqu'à demain à la mi-journée.
02:12 Ensuite, il faudra des mois, pour ne pas dire des années,
02:14 pour mesurer l'étendue des dégâts et pour réparer progressivement.
02:18 En tout cas, impossible pour l'instant de réparer le barrage, bien sûr,
02:22 et de réparer la centrale hydroélectrique.
02:23 - On voit les conséquences à moyen terme, même à long terme.
02:26 On se demande aussi quelles conséquences ça va avoir dans la guerre.
02:29 Pourquoi avoir visé cet endroit-là, précisément ?
02:32 - Alors, on voit ce qui s'est passé en aval,
02:34 on voit aussi, Aurélie, ce qui s'est passé en amont,
02:35 puisque, ça a été dit dans le reportage qu'on vient de voir,
02:37 l'un des rôles de ce barrage, c'était aussi ce réservoir,
02:41 qui était une retenue, qui perétait la principale source d'alimentation
02:44 en eau de la centrale.
02:46 Pour l'instant, elle n'a pas beaucoup besoin d'eau,
02:48 parce que les réacteurs sont à l'arrêt.
02:51 5 à l'arrêt à froid, 1/6 à l'arrêt à chaud,
02:53 mais bref, ça ne consomme pas beaucoup d'eau pour l'instant.
02:55 Pour autant, c'est un problème qui va se poser.
02:58 Ensuite, ce qui s'est passé en aval, dont on parlait à l'instant,
03:01 toute cette zone-là, qui est inondée, inondable,
03:04 et qui va continuer à souffrir,
03:06 elle n'est plus praticable pour les Ukrainiens.
03:09 Or, toute cette ligne qui monte jusqu'à la centrale,
03:12 et même un petit peu au-dessus, c'est la ligne de front.
03:15 Au-dessus, vous avez les Ukrainiens, en dessous, vous avez les Russes,
03:19 et donc, tout ce terrain qui est endommagé, qui n'est plus praticable,
03:22 c'est une capacité, en moins, un scénario possible, en moins,
03:25 pour les Ukrainiens, de traverser cette rivière
03:28 pour aller attaquer les Russes de l'autre côté.
03:30 Il faut préciser qu'à Kersenne,
03:32 quand les Ukrainiens avaient repris la ville,
03:34 c'était au mois d'octobre,
03:35 dans la foulée, les Russes avaient détruit un pont,
03:37 le barrage dont on vient de parler à l'instant,
03:39 c'est également un pont,
03:41 une voie routière qui était plus fonctionnelle depuis quelques mois,
03:43 mais qui aurait pu être rétablie,
03:45 et donc, la seule façon désormais de traverser la rivière,
03:48 c'est Zaporizhia, tout en haut,
03:50 donc, par voie terrestre, si je puis dire,
03:53 sinon, il faut traverser la rivière,
03:55 et les militaires vous expliqueront que traverser une rivière,
03:58 c'est toujours une opération très difficile,
03:59 parce qu'on le fait forcément à découvert,
04:01 donc on est exposé, donc c'est dangereux,
04:03 et là, avec ces dégâts, ça devient beaucoup plus difficile.

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