"Le respect de la Constitution, c'est le point de base" juge Joël Guerriau, sénateur (Les Indépendants) de la Loire-Atlantique sur les débats houleux autour de la proposition de loi Liot, visant l'abrogation de la loi des retraites.
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00:00 – Bonjour Joël Guerriot, merci beaucoup d'être avec nous pendant cette première demi-heure.
00:03 Vous êtes élu de l'Ouare Atlantique, membre du groupe Les Indépendants,
00:06 République et Territoire.
00:08 On va parler bien sûr de l'audition du préfet de l'Ouare Atlantique dans quelques instants.
00:11 Mais d'abord, on le voit à l'actualité, c'est toujours la proposition de loi Lyot
00:15 qui a donc été adoptée hier en commission, adoptée mais vidée de sa substance
00:19 puisque la majorité a supprimé l'article qui supprime la retraite à 64 ans.
00:25 Avant de parler du fond, d'abord un mot sur la forme.
00:27 Comme on l'a vu, la séance et la journée a été très agitée hier à l'Assemblée nationale.
00:30 Majorité opposition se sont invectivées pendant des heures,
00:34 la NUP a quitté la commission.
00:36 Quel regard vous portez sur ce qui s'est passé ?
00:39 – Le regard du respect de la Constitution, c'est le point de base
00:44 puisque la notion d'amendement qui a été mise en place en 1958
00:49 porte cette possibilité que nous avons de changer et de modifier la loi.
00:53 Mais elle impose que la recevabilité d'un amendement
00:59 ne doit pas entraîner des augmentations ou des charges supplémentaires pour l'État.
01:06 Donc en l'occurrence, cet article entraînait de lourdes charges
01:12 et c'est donc inconstitutionnel et ça ne peut être rejeté.
01:16 – Vous auriez voté, si vous étiez en commission,
01:19 vous auriez voté la suppression de cet article ?
01:21 – Ce n'est pas la suppression de l'article, c'est l'irrecevabilité de l'article
01:24 du regard au respect de la Constitution qui prévoit que dans trois cas,
01:29 les amendements ne peuvent pas être acceptés.
01:31 Et heureusement qu'on n'accepte pas les amendements
01:33 parce que accepter tous les amendements,
01:35 c'est bloquer complètement le fonctionnement du Sénat et de l'Assemblée nationale.
01:40 Pourquoi ? Parce qu'on l'a vu en 2006, on a eu une situation équivalente,
01:45 c'était pour une loi sur l'énergie, où il y a eu 134 000 amendements
01:49 qui ont été déposés par l'opposition de Chirac,
01:51 ça a totalement détruit toute capacité d'aller au bout de cette loi.
01:56 Pourquoi ? Parce qu'un amendement, ça prend du temps,
01:58 chaque amendement va entraîner dans l'hémicycle une prise de temps
02:02 et surtout de débordement pour faire en sorte qu'il soit impossible
02:07 d'aller au bout du débat et on l'a vu encore récemment
02:12 avec la réforme des retraites et c'est regrettable.
02:14 Le jeu des amendements, qui sont des jeux qui portent souvent
02:17 sur des amendements qui n'ont aucun sens, la Première Ministre l'a dit hier,
02:20 avec des sous-amendements, moi je l'ai vu au Sénat,
02:23 vous avez des sous-amendements sur la base d'un rapport
02:25 qui devait être remis le 1er janvier 2026 et les sénateurs
02:29 qui voulaient bloquer cette soirée-là, on aurait passé notre nuit à faire n'importe quoi,
02:35 puisque le premier amendement, c'était de passer du 1er septembre 2026
02:39 au 2 septembre 2026, l'amendement suivant, c'était de passer du 1er septembre
02:43 au 3 septembre, etc., jusqu'à la fin du mois de novembre.
02:46 Il y avait 90 amendements qui ne voulaient strictement rien dire.
02:50 C'est-à-dire qu'il faut bien voir qu'il y a un jeu que moi je ne partage pas,
02:53 et pour moi c'est vraiment un contresens de la démocratie,
02:56 il faut arrêter cette façon d'agir, qui est d'éviter de parler du fond
03:00 en mettant des choses totalement stupides, des modifications totalement stupides
03:05 qui permettent de faire en sorte que ça n'avance pas.
03:07 On sait très bien que l'amendement ne passera pas,
03:09 on ne cherche pas à ce qu'il n'y a pas, on cherche…
03:11 – Mais la gauche dit que ce qui est dommageable pour la démocratie,
03:13 c'est ce qui s'est passé notamment hier, à savoir que du coup,
03:17 les amendements n'ont pas été examinés,
03:18 que le 8 juin il n'y aura sûrement pas de vote sur ce texte,
03:21 ça ce n'est pas dommageable pour la démocratie ?
03:24 – Non, parce qu'on est parti sur une technique qui porte le fait
03:28 de mettre sur la table des amendements stupides, qui n'ont aucun sens,
03:34 à une seule fin, de faire que le débat ne se produise pas.
03:38 Et cette technique est à mon avis inacceptable.
03:41 Pour ma part, des amendements, j'en ai fait énormément,
03:45 je peux vous assurer que chaque amendement a du sens
03:47 et mérite d'être débattu et d'être argumenté.
03:49 Qu'il passe ou qu'il ne passe pas, c'est là que joue la démocratie.
03:53 Mais lorsque vous savez que de toute façon,
03:54 ce que vous présentez n'a aucun sens,
03:57 changement d'une date par une autre et en le faisant ça pour toute l'année,
03:59 et pourquoi pas changer l'heure par une autre heure, ça n'a aucun sens.
04:03 Mais vous le faites, et à partir de là, vous savez que vous allez tourner en rond
04:07 et que le résultat c'est qu'on n'aura pas parlé du fond.
04:09 Et ça c'est inacceptable.
04:11 – Du coup la gauche appelle à une pression populaire maximum
04:13 mardi lors de la journée de mobilisation.
04:15 Est-ce que ce qui s'est passé hier,
04:17 ça risque de relancer la contestation contre la réforme ?
04:20 – Alors justement, ce jeu des amendements,
04:22 ce jeu de bloquer le Parlement dans son débat de fond,
04:25 conduit forcément à pousser vers la rue la discussion
04:31 qui aurait dû sereinement se produire au Parlement.
04:33 C'est un jeu très dangereux auquel jouent les parlementaires
04:37 de l'Assemblée nationale,
04:39 que nous évitons au Sénat le mieux qu'on peut
04:41 et qui permet finalement d'arriver à quelque chose
04:44 qui est beaucoup plus serein, beaucoup plus pesé
04:47 et beaucoup plus réfléchi et beaucoup plus justifié.
04:50 Je crois qu'aujourd'hui, le Parlement côté Assemblée nationale
04:56 se trompe totalement dans son mode de fonctionnement
04:59 et ceux qui en sont les responsables, c'est les premiers qui diront
05:02 voilà pourquoi on en retourne dans la rue.
05:04 Mais c'est eux qui entraînent le phénomène de la rue.
05:06 C'est eux qui poussent à des actions de violence et d'agressivité
05:10 quand on les entend, la façon dont ils fonctionnent,
05:12 cette vindication qui est la leur.
05:15 Pour moi, ce n'est pas ça la fonction parlementaire.
05:20 On va revenir sur la question des violences envers les élus,
05:22 notamment les élus locaux.
05:23 Lors de son audition au Sénat après sa démission,
05:25 le maire de Saint-Brévin s'était dit abandonné par l'État.
05:28 Il avait mis en cause le préfet de l'Eure atlantique.
05:29 Hier, vous avez auditionné ce préfet de l'Eure atlantique
05:32 ainsi que le sous-préfet.
05:33 On va voir les temps forts de cette audition avec Audrey Viettas.
05:36 [Musique]
05:43 Bonjour Audrey.
05:44 – Bonjour.
05:45 – Et Audrey, hier, la Commission des lois auditionnait donc le préfet,
05:47 le sous-préfet de l'Eure atlantique dans l'affaire de la démission
05:50 du maire de Saint-Brévin.
05:51 Les pins après des menaces et l'incendie criminel de son domicile,
05:54 les représentants de l'État qui estiment avoir joué leur rôle
05:57 aux côtés des maires, Audrey.
05:58 – Oui, et tous les deux sont revenus de manière extrêmement détaillée
06:01 et chronologique sur cette affaire qui commence en fait au printemps 2021
06:05 quand il est décidé d'agrandir un centre d'accueil
06:08 pour demandeurs d'asile dans la commune.
06:09 Il faut souligner tout de même que le préfet a pris ses fonctions
06:12 en janvier 2023, le sous-préfet était en poste depuis plus longtemps, 2018.
06:17 En tout cas, d'après eux, à chaque événement, l'État a été aux côtés du maire.
06:21 Écoutez.
06:22 – À chaque étape de ce dossier, et particulièrement que depuis
06:26 la situation s'est fortement durcie, c'est-à-dire depuis la toute fin
06:29 de l'année 2022, les services de l'État, chacun dans leur rôle,
06:32 les préfets, les sous-préfets, dans leur mission respective,
06:35 les forces de l'ordre, tout particulièrement la gendarmerie départementale,
06:38 l'opérateur désigné pour gérer le dossier, ont été constamment présents,
06:42 ont consacré énormément de temps et d'énergie à la gestion de cette affaire.
06:45 La commune, en général assez tranquille de Saint-Brévin,
06:48 a certes été secouée par cette affaire,
06:50 mais elle n'a jamais été laissée seule dans les difficultés.
06:52 – Alors une prise de parole qui contraste avec celle du maire
06:56 auditionné par les sénateurs il y a 15 jours.
06:58 Yannick Maures qui face à eux s'était dit abandonné par l'État.
07:01 Et c'est vrai que malgré les justifications du préfet et du sous-préfet,
07:04 les sénateurs ont eu plusieurs fois le sentiment que les choses
07:07 s'étaient envenimées doucement sans que rien de radical ne soit fait
07:10 pour arrêter cela, ça a été souligné.
07:12 Quelques exemples, le maire demande l'interdiction d'une manifestation,
07:16 on lui refuse au motif que les conditions de l'interdiction
07:18 ne sont pas respectées, il reçoit des tracts haineux,
07:21 on lui répond que seule la justice peut les interdire.
07:24 Et il faut attendre l'incendie de ses voitures pour qu'une protection
07:27 soit mise en place, d'ailleurs après cet incendie,
07:30 le maire n'a reçu que des coups de téléphone de la préfecture,
07:33 ça a choqué certains sénateurs, notamment le sénateur socialiste
07:36 Hussein Bourji, je vous propose de l'écouter avec la réponse
07:39 du sous-préfet dans la foulée.
07:41 – L'un ou l'autre, vous êtes allé à Saint-Brévin
07:45 pour témoigner le soutien de l'État au maire de Saint-Brévin.
07:47 Ce qui nous avait surpris et qui m'avait moi personnellement heurté,
07:51 c'est d'apprendre que l'un ou l'autre était allé à Pornic,
07:55 48 heures après l'incendie et personne n'avait pris le soin
07:58 de s'arrêter à Saint-Brévin qui est à 15 à 20 minutes,
08:01 je regardais sur ma piétinéraire, ni à l'aller ni au retour
08:05 pour rendre visite au maire de Saint-Brévin et ça je ne le comprends pas.
08:08 J'ai eu le maire le jour de l'incendie,
08:14 je n'ai pas perçu de demande particulière de sa part à ce moment-là,
08:17 peut-être à tort, mais j'ai pas ensuite eu le réflexe de l'appeler
08:23 pour lui dire "je viens chez vous", c'est exact.
08:26 – Monsieur le sénateur, on va reparler du contexte qui a largement été évoqué,
08:30 contestation de la réforme des retraites,
08:31 mais ils vous ont convaincu, le préfet et le sous-préfet hier ?
08:35 – Oui, ils m'ont convaincu parce que ce sont des personnes honnêtes,
08:38 ce sont des personnes sincères, ce sont des personnes de qualité
08:41 qui ont joué, enfin qui ont exercé leur fonction
08:45 avec le sentiment d'agir comme ils devaient le faire.
08:48 Cette audition a pour objectif de donner,
08:52 de laisser le point de vue de part et d'autre,
08:54 et de voir comment se fait-il que ce n'est pas bien fonctionné.
08:58 Je crois que chacun tire des conclusions pour soi-même,
09:02 et c'est ça l'avantage de cette audition, qui a permis de se dire
09:06 "finalement j'aurais peut-être dû faire ça".
09:08 C'est très facile de voir les choses une fois que tout était,
09:10 l'affaire est terminée si j'ose dire,
09:12 ou du moins qu'elle est arrivée à son paroxysme, c'est plus facile.
09:15 Mais c'est vrai que ce regard porté sur les événements qui se sont passés,
09:18 chacun apportant ses arguments,
09:20 me permet de mieux voir comment il aurait fallu dur agir
09:24 pour apporter un soutien plus concret, plus efficace auprès de Yannick Mores.
09:30 Moi je pense que, et le préfet l'a dit, et on l'a bien vu,
09:34 déjà quand il y a eu l'incident le plus grave,
09:38 à savoir l'incendie de la maison et des voitures,
09:41 le préfet ou le sous-préfet aurait dû physiquement se rendre auprès de Yannick Mores.
09:49 On est dans des conditions à ce moment-là qui sont terrifiantes,
09:51 puisqu'il y avait des actes de violence sur beaucoup d'endroits de la Loire-Atlantique,
09:55 en particulier le blocage du pont de Saint-Nazaire,
09:57 les problèmes de la raffinerie de Donge avec des manifestations et des violences.
10:02 Je rappelle que ce pont Saint-Nazaire, c'est quand même 800 000 euros de travaux
10:07 qui vont être réinjectés du fait de la casse surnante.
10:11 Donc le préfet montre bien qu'il est dans une situation à ce moment-là
10:14 qui est extrêmement tendue, extrêmement difficile.
10:17 Et pour autant, aujourd'hui, je sais qu'il revoit le film de tout ce qui s'est passé
10:26 et se dit "là j'aurais dû probablement faire ci, là j'aurais..."
10:28 et si ça devait se reproduire, j'agirais de telle et telle manière.
10:32 Je crois qu'il faut surtout chercher ici à en tirer les conclusions
10:36 sur la bonne manière et les bonnes pratiques lorsqu'on est face à une situation comme celle-ci,
10:41 et ça va changer beaucoup de choses.
10:43 Et c'est ça que souhaite Yannick Mores,
10:45 c'est que ce qu'il a vécu ne se reproduise pas
10:49 et que cette expérience, parce que nous allons la traiter,
10:52 parce que nous allons l'analyser, donne des résultats concrets.
10:55 – On va en parler, mais juste Audrey pour terminer,
10:59 puisque on a évoqué le contexte, d'après le préfet, le contexte était compliqué.
11:03 – Oui, c'est beaucoup revenu dans les prises de parole,
11:05 vous l'avez rappelé, quelques jours avant l'incendie criminel
11:08 et quelques jours après, il y a eu d'importantes manifestations
11:12 contre la réforme des retraites, et d'après le préfet,
11:14 c'est la raison pour laquelle, notamment, il n'a pas senti certains signaux,
11:17 raison pour laquelle aussi, il n'est pas allé voir le maire de Saint-Brévin
11:20 en personne après l'incendie criminel, écoutez.
11:24 – Sa décision de démission, elle n'en est pas moins, en effet,
11:29 un échec collectif, et j'en prends ma part comme représentant territorial de l'État.
11:34 À titre contextuel, la semaine au cours de laquelle a été commis
11:38 l'incendie criminel à l'encontre de M. le maire de Saint-Brévin-les-Pins,
11:41 a été ponctuée d'événements lourds en termes d'ordre public.
11:44 La veille, dans la nuit du 21 et du 22 mars,
11:48 la libération de l'appontement de Donge pour permettre la livraison nationale
11:51 de carburant a donné lieu à des affrontements violents sur le site
11:55 pendant plusieurs heures, malgré le renfort de trois escadrons
11:57 de gendarmerie mobile.
11:59 Toute la journée du 22, le pont de Saint-Nazaire,
12:03 propriété du département et axe stratégique en Loire-Atlantique,
12:06 a été bloqué et fortement dégradé, il n'a d'ailleurs été réouvert
12:09 à la circulation que le lendemain.
12:12 – Ailleurs, il y a le contexte, on l'a évoqué,
12:14 hier vous avez aussi parlé d'autres maires qui dénonçaient
12:17 un sentiment d'impunité, notamment sur les personnes
12:19 qui ont envoyé les tracts, qui ont envoyé les menaces,
12:21 finalement rien n'a été fait pour remonter et savoir qui les envoyait.
12:24 – Oui, j'avais organisé le 7 avril au Pouliguin une réunion
12:28 avec, en présence d'ailleurs du sous-préfet et du général de gendarmerie,
12:33 auxquels participaient de nombreux maires qui apportaient leur témoignage
12:37 sur des affaires dont ils avaient été victimes, des violences de toute nature,
12:41 et qui montraient qu'à chaque fois qu'il y avait eu un dépôt de plainte,
12:45 ça finissait sans suite.
12:47 Alors il y a, à mon avis, derrière cet événement qui est malheureusement
12:51 partagé et assez connu, le sentiment que j'ai que beaucoup de gens,
12:55 finalement, sont aussi dans des situations qui ne donneront pas
12:58 l'objet d'un dépôt de plainte.
13:00 Alors aujourd'hui le préfet insiste beaucoup sur le fait que ce soit fait,
13:04 mais dès l'instant où cette rumeur se répand en disant "ça sert à rien"
13:10 et qu'ensuite du côté de la gendarmerie, ils savent que ça ne débouche pas,
13:14 je veux dire, d'un part et de l'autre, eh bien on hésite.
13:17 Et ça il faut y revenir, c'est extrêmement important.
13:22 – Mais comment ? C'est une question d'application des sanctions
13:25 ou c'est une question de modification de la loi ?
13:28 Ou la loi est là mais les sanctions ne sont pas appliquées ?
13:30 – La loi est là mais elle est laissée à la libre interprétation des procureurs,
13:35 voire ensuite du juge sur l'application des peines.
13:38 Pourquoi ? Parce qu'il va considérer que c'est un fait politique classique,
13:42 on va considérer que finalement c'est une pratique normale
13:46 et on ne peut pas intervenir parce qu'à chaque fois les élus se font insulter.
13:50 Moi j'ai été maire en 1995, j'ai été 22 ans maire,
13:53 j'ai vécu ce genre de situation, je n'ai jamais déposé plainte.
13:57 Je ne le faisais pas parce que je n'y croyais pas,
13:59 je ne croyais pas à l'aboutissement de ma plainte.
14:01 Et donc ça devient quelque chose d'accepté,
14:05 et puis ça peut prendre des proportions pour arriver à une situation
14:09 comme celle qu'a vécue Yannick Moraes.
14:11 – Et le fait que le gouvernement dise que les atteintes aux élus,
14:13 les auteurs de gelances envers les élus doivent être considérés
14:16 comme les auteurs de gelances envers les forces de l'ordre,
14:18 c'est-à-dire des sanctions pénales plus sévères,
14:19 ça, ça peut débloquer la situation ou pas ?
14:21 – Oui, dans l'édition d'hier, il y a eu un moment qui m'a marqué,
14:26 c'est quand Yannick Moraes, le 15 février, adresse un courrier au procureur de la République
14:32 et qui marque justement le danger auquel il se sent soumis et la hauteur des menaces.
14:39 Ce courrier, je n'ai pas pu obtenir de réponse.
14:42 Qu'est-ce que ça a entraîné ?
14:43 Est-ce qu'il y a eu derrière ce courrier du 15 février
14:46 une enquête préalable qui a été engagée,
14:48 des mesures qui ont pu être prises pour aller chercher les auteurs ?
14:51 Pourquoi ? Parce que si ceux qui menacent se sentent tout à fait
14:54 libres de poursuivre et d'accentuer leurs menaces parce qu'il ne se passe rien,
14:58 on peut arriver jusqu'au boutiste,
15:01 c'est-à-dire jusqu'à un événement qui a été celui d'un incendie.
15:03 Pourquoi l'élément d'incendie est un élément décisif ?
15:08 Pourquoi ? Parce que dès qu'on passe à cette dimension-là,
15:11 on atteint pas seulement Maire, on atteint sa famille.
15:14 Nous, en tant qu'élus, on se sent agressés,
15:17 mais on peut aussi considérer que finalement,
15:20 c'est malheureusement une chose assez fréquente.
15:26 Mais quand cette agression vient toucher les membres de votre famille,
15:30 à ce moment-là, c'est plus le même domaine,
15:32 c'est plus votre engagement, c'est l'engagement de tous.
15:35 Et là, vous pouvez pas continuer.
15:36 Et Yannick Maurès, il a démissionné, c'est parce que
15:39 c'est un cas qui impliquait une décision familiale.
15:43 Ce que me disait Yannick, la dernière fois que j'étais avec lui,
15:46 on se promenait et il me dit, tu vois,
15:50 "ce que je ressens aujourd'hui, c'est le besoin de me retourner".
15:53 Et mon épouse, maintenant, quand elle est dans la rue,
15:55 elle se dit "est-ce que j'ai pas celui qui a brûlé la maison derrière moi ?"
15:58 Donc ça vous crée, j'irais, une tension qui est pas acceptable.
16:03 Peut-être un mot de conclusion, après les auditions,
16:05 vous pensez que le maire a été soutenu assez par l'État ?
16:09 Je ne porte pas de jugement, je pense sincèrement
16:13 qu'il y a des choses à faire.
16:14 Je dirais qu'il y a deux choses que le préfet
16:17 me semble avoir parfaitement mesurées.
16:21 C'est que puis-je faire pour que les choses ne se repolisent pas ?
16:25 La première chose qu'il nous a dite, c'est cette présence physique,
16:29 c'est-à-dire, il a ressenti,
16:32 il a bien sûr apporté toutes les justifications qui sont liées à ce moment
16:37 qui a été compliqué, du regard aux violences sur l'ensemble du département,
16:40 mais il a dit à faire, en gros, j'y vais tout de suite.
16:43 Je vais voir le maire, je vais sur place et on en discute.
16:46 C'est la première chose.
16:47 Donc, accentuer la relation humaine, mais la relation physique.
16:51 Beaucoup de gens comme moi ont téléphoné, ont envoyé des messages, etc.
16:54 Mais je pense qu'on a peut-être passé loin
16:57 et on aurait dû physiquement être présent,
16:59 en disant voilà, on fait un bloc autour de toi.
17:01 Alors qu'on l'a fait, mais d'une autre manière,
17:04 pas en étant à ses côtés.
17:05 Je pense que ça, c'est important, le côté humain et la présence.
17:09 La deuxième chose qu'a dit,
17:10 et je trouve que c'est très intéressant comme évolution et qui aura un effet,
17:14 le préfet a dit, je vais réunir l'état-major sécurité.
17:20 Il existe un état-major sécurité qui est sous l'égide de deux personnes,
17:24 le préfet et le procureur.
17:26 Eh bien, cet état-major, je vais le faire le plus souvent possible
17:30 et puis surtout, il y aura à chaque fois à l'ordre du jour, les atteintes aux élus.
17:34 Ce qui amènera, il n'a pas de pouvoir, le procureur de la République,
17:40 mais par contre, ça permet de discuter, de consacrer les dialogues avec le procureur
17:45 et de suivre mieux les affaires pour pouvoir être plus efficace.
17:48 Je crois qu'il va falloir cette organisation de proximité,
17:52 qu'elle soit plus fréquente et qu'elle permettra d'agir
17:55 et ne pas se voir tous les deux mois sur ce sujet-là.
17:58 Donc il y aura, et c'est ce que dit le préfet hier,
18:02 et je trouve que c'est une très bonne orientation.
18:04 Je suis profondément convaincu que cette affaire,
18:06 et grâce à l'action de Yannick Moraes,
18:08 qui quelque part a créé un effet,
18:14 va booster l'ensemble des mesures qu'on va pouvoir prendre pour les élus.
18:17 On a déjà anticipé, il y a déjà des choses qui ont été faites,
18:19 notamment la loi qu'on nous a présentée au mois de novembre au Sénat,
18:23 dont nous sommes les auteurs, pour la protection des élus.
18:25 – On va continuer à parler de ces sujets.
18:26 Merci Audrey, à tout à l'heure.
18:28 – Oui, on va parler trafic de drogue dans les petites communes.
18:31 – Et ce sera à suivre dans le Club.
18:32 On continue à parler de ces relations élus-préfets,
18:36 c'est aussi l'actualité dans votre département.
18:37 Et justement, on va à Nantes où on retrouve Emmanuel Vautier.
18:39 Bonjour Emmanuel, merci beaucoup d'être avec nous,
18:42 journaliste à la rédaction de Presse Océan.
18:44 Et on revient avec vous Emmanuel,
18:46 sur les relations entre élus locaux et préfets.
18:48 Vous avez publié un dossier là-dessus.
18:50 – Oui, bonjour.
18:51 On voit bien, cette affaire Moraes,
18:53 elle met en relation la complexité des échanges entre les élus,
18:57 les parlementaires, qu'ils soient les maires,
19:01 dans les conseils municipaux.
19:02 On voit bien que les municipalités, les collectivités,
19:05 elles ont moins de marge manœuvre financière avec les réformes fiscales.
19:09 On voit aussi que sur les questions de sécurité,
19:11 les relations sont assez complexes avec l'État.
19:14 Les préfets, en fait, nous on le constate,
19:16 ils ont beaucoup de pouvoirs localement.
19:17 Ils sont au cœur de pas mal de dossiers,
19:19 l'urbanisme, l'environnement, la santé, le social.
19:22 Et on voit des préfets qui peuvent manier,
19:25 un peu avec les élus locaux, la carotte comme le bâton.
19:29 Et souvent, on le constate dans les rédactions,
19:32 on a des élus qui se gardent bien de taper publiquement sur leur préfet,
19:37 pour ménager un peu leur bonne relation.
19:40 Néanmoins, nous on s'interroge, comment vous parlementaires,
19:43 vous faites remonter auprès de votre préfet,
19:45 les attentes de votre territoire ?
19:47 Quelle image vous avez de ce préfet Fabrice Rigaud-Lerose,
19:50 qui vient d'arriver en Loire-Atlantique depuis janvier ?
19:53 Vous dites dans Presse Océan ce matin que c'est un peu terrible ce qui se passe,
19:57 parce que finalement, c'est un préfet qui est facile d'accès.
20:00 Plus généralement, comment est-ce que vous qualifiez les relations
20:03 entre les préfets et les élus locaux ?
20:06 Moi, j'ai plutôt le sentiment que les relations sont bonnes.
20:12 Les témoignages que m'apportent l'ensemble des élus,
20:16 en particulier les présidents d'agglomérations,
20:18 montrent que la relation est tenue, elle est fréquente.
20:22 On les voit beaucoup sur le terrain.
20:23 D'abord, sur le préfet, le nouveau préfet est arrivé le 30 janvier.
20:28 J'ai regardé sur mon agenda, je l'ai croisé 27 fois.
20:31 Alors soit c'est pour les commémorations, soit c'est pour des inaugurations,
20:35 soit c'est pour des réunions qu'il organise sur des thèmes d'ETR ou autres sujets d'État.
20:42 D'ailleurs, les invitations, on en reçoit tellement qu'on ne peut pas toutes les honorer.
20:45 Donc si en plus, nous-mêmes, on se rendait aux invitations qu'on reçoit,
20:48 on se le rend encore plus souvent.
20:49 Non, c'est pour vous dire qu'il y a une vraie imprégnation.
20:52 Et moi, je ressens depuis des années cette volonté des préfectures
20:57 d'aller le plus possible sur les terrains.
20:59 Chaque préfet, alors on en change souvent, malheureusement,
21:02 ce qui fait qu'on repart à zéro.
21:04 Mais dès qu'un préfet arrive, en général, il téléphone aux uns et aux autres.
21:09 Le préfet actuel, la première chose qu'il a faite,
21:13 il s'est rendu dans les permanences des parlementaires.
21:16 Il n'a pas fait venir les gens à la préfecture,
21:18 mais il s'est déplacé sur le terrain pour rencontrer les parlementaires.
21:22 Il en a fait de même avec les présents d'agglomérations, etc.
21:26 Donc, on voit qu'il y a une activité, une présence qui est importante.
21:29 Et ça conforte ce besoin qui est de plus en plus prégnant de cette relation
21:34 parce qu'on a aussi toutes les questions, je dirais, liées à la vie des communes,
21:40 avec les subventions d'État, les dotations de l'État,
21:43 qu'on appelle la déautère, la décile, ou encore le fonds
21:49 pour permettre de transformer nos friches en espaces naturels, etc.
21:58 Le fonds vert.
21:59 Donc, il y a plein de sujets maintenant qui passent par les préfectures
22:04 et qui nécessitent en la matière des relations régulières.
22:08 Or, je passe sur le zéro artificialisation net
22:11 qui amène d'autres contraintes sur les communes.
22:13 Donc, les communes sont de plus en plus aussi dans des situations
22:17 qui les amènent à renforcer leurs liens avec les services de la préfecture.
22:21 – Emmanuel, on va parler d'un autre sujet qui touche la ville de Nantes,
22:24 c'est la question de la sécurité avec une série de fusillades ces derniers jours.
22:28 – Oui, vous le disiez tout à l'heure, Joël Guerriot,
22:30 vous connaissez très bien la métropole nantaise.
22:32 Vous avez été maire pendant 22 ans d'une commune de l'agglomération
22:36 et vous constatez, comme tout le monde ici sur Nantes,
22:38 une forte poussée de la violence dans les quartiers.
22:44 Ce matin, dans Presse Océan, on relate qu'encore mardi soir,
22:46 il y a eu une vingtaine de coups de feu de tirés dans un quartier nantais,
22:49 alors même que le préfet avait annoncé le jour même des renforts de CRS
22:53 pour essayer d'apaiser un peu la situation.
22:56 À Nantes, en une dizaine de jours,
22:58 on vient d'avoir un homme abattu et six blessés par balle.
23:00 En dix jours, début 2023, on est à deux morts par arme à feu à Nantes.
23:07 Et là, mardi soir, ils ont retrouvé les enquêteurs,
23:10 24 étuis de calibre 7.62 et un enquêteur nous disait
23:14 que c'est du calibre de Kalachnikov.
23:17 Quand on interroge les élus locaux,
23:18 alors ils nous expliquent qu'ils font des choses là à Nantes,
23:21 dans la métropole, ils ont recruté des policiers municipaux,
23:25 ils implantent des caméras,
23:26 mais ils renvoient aussi systématiquement sur l'État
23:30 en demandant plus de renforts policiers et aussi,
23:32 particulièrement à Nantes, plus de renforts pour la justice.
23:37 La question qu'on se pose aussi, c'est vous, parlementaires,
23:40 qu'est-ce que vous faites sur ces sujets-là ?
23:42 Comment vous faites remonter à l'État les besoins sur le territoire
23:46 en matière de sécurité à Nantes ?
23:47 Alors, nous avons plusieurs moyens.
23:50 Nous avons d'abord ce que nous appelons les questions écrites.
23:52 Ce sont des questions qui sont adressées directement au gouvernement,
23:54 qui passent par le journal officiel et qui posent un cas ou un sujet précis
23:58 qui amènent ensuite au gouvernement, officiellement, à nous répondre.
24:02 Nous pouvons parler de questions orales,
24:03 ça c'est dans l'hémicycle, interpeller directement le gouvernement.
24:07 Et puis on peut aussi être source de propositions
24:09 sur ce que nous constatons sous forme d'un amendement, d'une loi ou autre.
24:14 Donc les moyens ne manquent pas.
24:16 Ce que nous faisons, nous le faisons aussi au contact le plus direct du ministre,
24:20 puisque en particulier, Dermanin est en général là tous les mercredis
24:24 et il n'hésite pas à la sortie d'hémicycle ou avant d'arriver,
24:27 d'échanger avec nous si besoin est, ce qui m'est arrivé régulièrement.
24:32 Le cas que vous citez est malheureusement un cas qui n'est pas seulement Nantais.
24:35 Aujourd'hui, les moyens qui ont été accrus pour la sécurité de Nantes sont considérables
24:42 et ont porté des résultats dans certaines situations,
24:46 dans d'autres on considère qu'effectivement ça ne va pas assez loin,
24:50 mais on est peut-être arrivé à un tel niveau de délinquance et de danger
24:54 que les moyens devraient être à un niveau formidable.
24:58 Mais je crois qu'il faut, je ne sais pas s'il faut continuer à apporter beaucoup de moyens,
25:03 est-ce qu'il ne faut pas plutôt aller à la source et pénaliser la source ?
25:08 – Et on revient à la question de la justice.
25:10 – Parce que ce retombe sur la question de la justice.
25:12 – Merci.
25:13 – Qu'est-ce que nous disent nos policiers ?
25:15 C'est qu'arrêter les gens c'est bien, mais les arrêter plusieurs fois c'est trop
25:18 et ça finit par être un peu lassant de voir qu'on retrouve toujours les mêmes dans la délinquance.
25:24 – Merci Joël Gariau, merci Emmanuel Vautier d'avoir été avec nous,
25:28 la une de presse Océan.
25:29 C'est l'audition hier du préfet au Sénat.
25:31 L'audition au Sénat, le préfet assume, c'est à la une de votre journal.
25:35 Merci Emmanuel Vautier et merci beaucoup Joël Gariau
25:37 d'avoir été avec nous pendant cette première demi-heure.
25:39 – Merci.
25:40 – Dans 20 minutes dans le Club des territoires,
25:41 on va revenir sur le trafic de drogue, débat sur le trafic de drogue
25:44 qui s'étend dans les petites villes et dans les villes moyennes, ce sera à suivre.
25:48 Mais d'abord on accueille notre invité politique, c'est Franck Réister qui nous rejoint.