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Guichets transformés à la SNCF, moins de présence humaine à la Poste, caisses automatiques dans les supermarchés... En avez-vous marre des automates ?

INVITE : Lucas Grimal, chargé de mission inclusion numérique au sein de l'association La Mêlée à Toulouse.

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Transcription
00:00 payer son billet de train en ligne, déclarer ses impôts sur internet, ça rime parfois avec galère pour des milliers d'Occitans, de Français aussi.
00:06 On en parle ce matin avec votre invitée Clémence.
00:08 Oui c'est Lucas Grimald, chargé d'une mission inclusion numérique au sein de l'association Toulousaine, la Mélée. Bonjour.
00:12 Bonjour.
00:13 Merci d'être avec nous ce matin. D'abord dites-nous, est-ce qu'il y a beaucoup de Toulousains, de Français qui sont éloignés du numérique aujourd'hui ?
00:19 Les Français, on estime qu'il y a 20% de la population qui est éloignée du numérique.
00:22 Alors par éloignement du numérique.
00:23 C'est énorme.
00:23 Par éloignement du numérique, on parle évidemment des compétences, on parle de l'accès à internet, on parle de l'accès à l'équipement, donc c'est un problème qui est de taille et qu'on essaye avec nos petits bras et avec le monde associatif de résoudre.
00:37 On va y revenir sur les solutions que vous proposez, mais c'est vrai que ça concerne beaucoup de monde et on le voit ce matin au Standard de France Bloc Occitanie, vous êtes nombreux à nous appeler 05 34 43 31 31.
00:46 Très très nombreux. Dans un instant Stéphane Véronique, on accueille Cathy. Bonjour Cathy, à Toulouse.
00:50 Bonjour Franck.
00:51 Bienvenue en direct.
00:53 Merci.
00:54 On vous écoute.
00:55 Le sujet m'intéresse particulièrement parce que je trouve ça complètement aberrant et complètement anormal.
01:01 On a droit à des machines partout, à la CAF, à la Sécu, à la banque, aux infos, la poste, les courses, le cinéma, bref.
01:13 C'est vrai.
01:14 Et vous galérez vous du coup ?
01:15 On vous oblige, on vous pousse la main à faire tout en ligne, à utiliser votre carte bancaire. Pas plus tard que samedi, j'étais à la poste, je voulais acheter un timbre, c'était indisponible.
01:24 Donc au niveau des espèces. Et la personne me dit "allez utiliser notre carte bancaire" pour 1,80€ je crois.
01:31 Je lui dis "ben non, j'ai pas de carte bancaire".
01:33 D'accord, donc vous résistez un peu face à ça.
01:36 Oui, je résiste. Les impôts, je les fais en papier. J'ai une connexion internet. Je ne suis pas équipée. C'est mon choix.
01:44 On entend ce témoignage. Merci beaucoup Cathy d'avoir appelé ce matin.
01:49 Lucas Grimal, Cathy, ce qu'elle nous dit c'est qu'on déshumanise finalement complètement les rapports. C'est la sensation que vous avez vous aussi ?
01:55 Bien sûr, mais c'est un long processus. On parle de rationalisation de l'action publique. On va faire des économies là où il y en a, c'est-à-dire sur des non-renouvellements de postes.
02:02 Mais ça permet vraiment d'en faire, des économies ce numéro ?
02:04 Des économies, oui. Au niveau financier, ça en fait pour deux raisons. Evidemment des salaires de fonctionnaires en moins.
02:10 Et puis des droits moins demandés également. On estime que le non-recours à la CAF, il a explosé dernièrement avec la crise Covid.
02:17 Avec le désengagement de l'état de ces structures physiques, la disparition du guichet à la poste, aux impôts.
02:23 On l'a chiffré ça par exemple ? Ces non-recours ?
02:25 C'est très difficile à chiffrer. Je ne pourrais pas vous donner un chiffre aujourd'hui. C'est très difficile à chiffrer.
02:31 Mais on sait que ce chiffre est important. Il augmente. Et ça pose un réel problème en matière de solidarité nationale.
02:38 Véronique nous appelle je crois de Saverdin France.
02:40 05 34 43 31 31. Bonjour Véronique.
02:44 Oui bonjour. Je trouve ça complètement aberrant. Parce que c'est inadmissible qu'on soit obligé d'appuyer sur des touches.
02:51 Et des fois on ne comprend pas. Moi des fois je ne comprends rien du tout.
02:55 Et je trouve qu'on n'a personne avec qui discuter. Quelqu'un à qui on pourrait dire "je ne comprends pas, vous pouvez m'expliquer.
03:03 S'il vous plaît quand on va prendre un billet de train, il faut tout faire automatiquement. Ce n'est pas possible."
03:07 Un billet de train, ça peut être à la poste, ça peut être même pour payer une course, comme a dit Cathy tout à l'heure.
03:14 Et c'est vrai. On est obligé de sortir la carte bleue. Alors moi je payais des fois un peu de monnaie avec un peu d'espèce.
03:19 Et ce n'est pas évident.
03:21 Est-ce que Véronique, ça veut dire que vous renoncez vous par exemple très concrètement à faire certaines choses ?
03:28 Je suis renoncé complètement à tout.
03:30 Vous n'avez personne qui vous aide par exemple de la famille ?
03:33 Non, non, non. Et puis je ne veux personne parce que de toute façon, l'autre jour je me suis fait hacker le téléphone.
03:38 Alors bon, heureusement il n'y avait rien dessus.
03:40 Il ne faut pas cliquer sur les messages comme ça.
03:42 Mais Véronique, peut-être on va demander à Lucas Grimal, chargé de mission inclusion numérique au sein de l'association La Mêlée,
03:49 nous dire, parce qu'il y a des solutions quand même, on n'est pas obligé de renoncer à tout. On peut notamment faire appel à vous.
03:54 Des solutions, il y en a. L'État s'est mobilisé sur ces questions-là en créant le dispositif conseil numérique.
04:00 C'est un médiateur numérique, quelqu'un qui va accompagner les publics des conseils numériques.
04:05 Il y en a 4000 en France. Il y en a beaucoup à Toulouse, dans pas mal d'associations.
04:09 On les trouve comment et où ?
04:11 On a une cartographie de ces conseils numériques qui existe au niveau régional sur le site RINOC.fr.
04:17 Mais c'est sur un site internet.
04:18 C'est sur un site internet qui est destiné aux personnes au contact des publics
04:22 et qui peuvent donc réorienter les personnes qui ne seraient pas à même d'être autonomes à accéder.
04:26 Et vous-même, à la Mêlée, vous proposez du LED. Comment est-ce qu'on fait ? On peut venir vous voir ?
04:31 Bien sûr. On peut venir nous voir de 9h à 18h tous les jours.
04:34 Où ça ?
04:35 Rue d'Aubuisson, dans le centre-ville de Toulouse.
04:39 Et on a un conseiller numérique qui accompagne les gens de manière tout à fait gratuite.
04:43 On parle d'accompagnement individuel, mais il organise aussi des ateliers collectifs sur des thématiques différentes,
04:48 sur la question de la mobilité notamment, sur la question de la communication.
04:50 Pour envire nos impôts, peut-être on sait qu'à Haute-Garonne, on a jusqu'au 1er juin pour le faire.
04:54 C'est un peu d'actualité, bien sûr. Il est à même d'accompagner les publics sur ça.
04:59 La problématique étant que l'accès aux droits, les prestations sociales sont soumises à un droit,
05:04 enfin encadrées par un droit, c'est-à-dire qu'un conseiller numérique ne peut pas faire à votre place,
05:09 vous accompagner à le faire.
05:11 Donc Véronique, et merci de nous avoir appelés de Saverdin,
05:14 il y a des possibilités un peu partout dans l'Occitanie d'être aidés.
05:18 On a notre appel.
05:19 Oui, 05 34 43 31 31 avec Stéphane. Bonjour Stéphane.
05:23 Bonjour.
05:24 À Muray.
05:25 Oui tout à fait. Moi je vous appelle parce que je suis non-voyant.
05:28 C'est vrai que de plus en plus les gens ne les trouvent plus dans les gares, objectivement.
05:32 Mais en plus vous allez dans les restaurants, dans les cafés, maintenant c'est des QR codes qu'il faut scanner.
05:37 Quand on ne voit pas comment on fait.
05:39 J'étais à la boutique du TPC l'autre fois, le terminal il est tactile.
05:43 Donc je suis désolé mais au-dessus de 50 euros je ne peux pas payer, je ne donne pas mon code de carte bleue.
05:48 Et c'est de plus en plus.
05:50 Concrètement vous faites comment quand vous vous êtes heurté à un problème comme ça ?
05:55 Vous renoncez ?
05:57 Des fois, c'est ce que j'ai dit l'autre fois à la boutique du TPC,
06:00 ils se sont organisés, ils ont fait un paiement en deux fois sans contact.
06:03 Mais sinon j'ai dit moi je suis désolé mais je ne paye pas.
06:06 Si ça arrive comme ça dans les magasins, moi je laisse tous mes articles à la caisse et je m'en vais.
06:09 Les caisses maintenant électroniques on n'en peut plus accéder nous.
06:12 C'est pareil.
06:13 Donc de plus en plus on est arrivé dans un monde où on ne peut plus accéder.
06:18 Même le nouveau téléviseur maintenant, les télécommandes, il n'y a même plus les chiffres dessus.
06:22 C'est vrai que quand on appelle aussi des fois pour être aidé si on n'a personne en face,
06:25 on se retrouve sur des messageries vocales etc.
06:27 Merci beaucoup Stéphane d'avoir témoigné de Muray ce matin.
06:31 Lucas Grimal, on l'entend ce matin avec nos auditeurs qui sont des hommes, des femmes,
06:36 qui habitent à la ville, à la compagne, on a l'impression que ça touche vraiment tout le monde,
06:41 cet éloignement du numérique. Est-ce que c'est le cas ?
06:43 Ça touche absolument tout le monde, toutes les catégories d'âge au niveau démographique également.
06:47 Ce n'est pas les plus âgés ?
06:50 Il y a une surreprésentation des facteurs d'exclusion chez les personnes âgées, 65 ans et plus.
06:57 Mais cette tendance qu'on a à lier l'âge et les compétences numériques,
07:04 ça a tendance à invisibiliser d'autres catégories d'âge.
07:07 On parle souvent de la catégorie des jeunes, qu'on a tendance à imaginer comme étant très compétents
07:12 avec ses outils numériques.
07:13 Ils peuvent être compétents sur les applications de téléphone, sur des jeux en ligne potentiellement,
07:18 mais les compétences en termes d'application, ce ne sont pas les compétences en matière d'impôt,
07:23 en termes de CAF, en termes de démarches administratives.
07:26 On entend inclusion numérique au sens très large et ça passe également pour la question des droits.
07:30 Est-ce que la fracture s'est aggravée pendant le Covid ?
07:32 On a eu beaucoup d'appels à France Bloc, Citani pendant le Covid,
07:35 de gens qui nous disaient "je ne sais pas, remplir un formulaire" etc.
07:37 et qu'on a essayé d'aider au mieux.
07:39 Je ne sais pas si elle s'est aggravée, mais en tout cas elle a été mise en lumière par le Covid.
07:42 Évidemment on n'avait plus accès aux clichés, on n'avait plus accès à la ville finalement, à la vie extérieure.
07:48 Et on a dû se rabattre justement sur ces outils en ligne
07:52 et ça a mis en lumière justement des inégalités d'accès en matière de compétences,
07:56 mais notamment en question de connexion Internet, en matière d'équipement également.
07:59 Donc est-ce qu'elle s'est aggravée ? Je ne pense pas.
08:01 Mais en tout cas elle est bien présente, vous nous l'avez dit ce matin.
08:04 Merci beaucoup Lucas Grimald, chargé de mission inclusion numérique au sein de l'association La Mêlée.
08:08 Rappelez-nous, est-ce qu'on peut venir vous voir gratuitement je le rappelle ?
08:10 27 rue de Buisson à Toulouse.
08:12 On est avec Françoise pour terminer, qui a une question de Toulouse.
08:15 Bonjour Françoise.
08:16 Excusez-moi Françoise, bonjour à tous.
08:17 Dites-nous tout.
08:18 Alors écoutez, moi je résiste alors que je peux faire les choses.
08:21 Et je vais vous dire pourquoi.
08:23 Parce que pour moi cette mise en place à tout va de l'Internet, c'est une source d'inégalités.
08:28 La première c'est obliger les gens à s'équiper de matériel coûteux.
08:33 La seconde c'est suppression de personnel et de relations humaines.
08:38 La suppression des services publics aussi.
08:41 De l'accès aux services publics de façon humaine.
08:45 Et surtout, quelque chose qui est visible et peut-être que personne ne le ressent,
08:52 c'est que quand vous allez dans une grande surface et qu'on vous oblige à passer à une caisse
08:57 où vous faites vous-même le travail, et qu'on a eu des réductions de coût de charge de personnel,
09:02 on n'a pas fait baisser les prix.
09:04 - On va résister au quotidien. Merci Françoise pour ce témoignage.
09:08 - Merci de ce témoignage, merci à Cathy, merci à celles et ceux qui ont téléphoné ce matin.
09:12 Le débat continue comme chaque jour sur nos réseaux sociaux, sur la page Facebook de France Bleu Occitanie.

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