• l’année dernière
Mardi 23 mai 2023, SMART TECH reçoit Vincent Florant (Directeur du numérique, CNC) et Nicolas Gaudemet (Partner en charge des industries créatives, Onepoint)

Category

🗞
News
Transcription
00:00 ...
00:01 -Bismart.
00:02 -Pendant le festival de Cannes,
00:04 dans Smartech, on s'intéresse aux technologies
00:07 qui vont transformer ce cinéma,
00:09 comment la création va bouger, va peut-être être bousculée,
00:12 chamboulée par l'arrivée de l'intelligence artificielle.
00:15 On en parle avec Nicolas Godmet,
00:17 écrivain dont je recommande le livre "La fin des idoles".
00:20 Bonjour, Nicolas. -Bonjour.
00:22 -Directeur du cabinet du secrétaire d'Etat au numérique
00:25 sous Mounir Majoubi, pour ceux qui s'en souviennent.
00:28 Moi, c'était pas si lointain.
00:30 Actuellement, partenaire en charge des industries créatives.
00:33 Vous êtes aussi chief AI officer chez OnePon,
00:36 qui est une entreprise de services numériques.
00:39 Donc, vous maîtrisez à la fois la partie culturelle du sujet,
00:42 mais également technologique, et notamment autour de l'IA.
00:46 Avec nous, sur ce débat, Vincent Florent,
00:48 qui est le directeur du numérique au CNC,
00:51 le Centre national du cinéma et de l'image animée.
00:54 Avec un parcours, vous, de 14 ans, de transformation numérique,
00:57 et de conduite du changement au service des industries.
01:00 Deux contenus. Bienvenue également, Vincent.
01:03 Restez avec nous, Philippe, le grand président d'Infranum,
01:07 des infrastructures numériques.
01:09 On en a besoin, pour que le cinéma et les technologies tournent.
01:12 Vous pouvez participer à la discussion.
01:15 Actuellement, c'est le festival de Cannes.
01:17 Est-ce que vous avez repéré, peut-être déjà,
01:20 des petites innovations qui vous intéressent
01:23 pour cette édition ? -Par exemple,
01:25 il y a un nouveau film d'Indiana Jones,
01:29 avec un acteur que certains connaissent,
01:32 Harrison Ford, il a 80 ans.
01:34 Mais ça ne se voit pas dans le film,
01:36 parce qu'il y a des technologies développées par Disney,
01:40 mais qui existent chez plein d'autres producteurs,
01:43 qui permettent de rajeunir en direct,
01:46 pendant le tournage,
01:48 la physionomie de l'acteur.
01:51 -Ca doit lui manquer, quand il passe derrière la caméra
01:54 et qu'il rentre chez lui, Harrison Ford.
01:57 Vous, vous êtes sur le festival, Vincent.
01:59 Qu'est-ce que vous avez noté d'intéressant
02:02 du côté des innovations ?
02:03 -C'est intéressant, parce que la technologie
02:07 dont parle Nicolas, c'est notamment une technologie française
02:11 développée par un acteur qui s'appelle Magueuf.
02:14 Les effets visuels d'Indiana Jones 5,
02:16 qui a été, effectivement, dévoilé au festival de Cannes,
02:20 ont été en partie réalisés, là aussi,
02:22 par une boîte française qui s'appelle The Yard,
02:24 installée à côté de Montpellier.
02:26 Moi, ce que je remarque,
02:28 c'est que les Français sont bons en technologie
02:31 dans ces sujets-là,
02:33 et qu'il faut accélérer encore les investissements
02:36 et les innovations.
02:37 -Je peux pas ne pas poser la question, également,
02:40 au sujet de TikTok,
02:43 puisqu'il y a quand même une polémique
02:45 sur cette seconde édition d'un festival de courts métrages
02:49 TikTok short film.
02:51 Ce partenariat avec un géant des réseaux sociaux,
02:55 certes, mais chinois, qui, de plus en plus,
02:58 est interdit auprès des officiels,
03:00 ça vous gêne, vous, la présence de TikTok à Cannes
03:03 en tant que partenaire ?
03:04 Nicolas ? -Je pense que TikTok,
03:07 il y a deux aspects.
03:08 Il y a effectivement ce que connaît le grand public,
03:11 et ils essayent, effectivement, d'accompagner la création.
03:16 Il y a d'ailleurs chez TikTok un ancien président du CNC
03:19 qui connaît très bien le festival de Cannes
03:22 et qui explique aussi ses liens.
03:24 D'un autre côté, il y a énormément d'interrogations
03:26 sur la proximité de TikTok et de notre milice chinoise,
03:30 avec, évidemment, le Parti communiste chinois,
03:32 sa capacité à absorber des données
03:34 de citoyens français et européens.
03:38 Et il y a beaucoup de discussions en cours
03:40 pour réguler, voire interdire TikTok
03:43 sur certains domaines.
03:45 Voilà. Bon, profitons-en tant qu'on peut
03:48 pour l'office des Valles de Cannes.
03:50 -Vincent, votre opinion sur ce sujet ?
03:53 -Bien.
03:54 Nous, on n'a aucun problème, bien au contraire,
03:57 à travailler avec les plateformes.
03:59 La condition est simple, c'est qu'elles respectent
04:02 les règles du jeu de la création.
04:04 Ces règles, c'est de pouvoir s'assurer
04:06 qu'elles luttent contre le piratage sur leurs plateformes
04:09 et qu'elles contribuent à la création
04:11 en stimulant des initiatives qui ciblent les créateurs.
04:15 On ne le fait pas encore avec TikTok,
04:18 mais on serait ravis de pouvoir le faire.
04:20 On le fait avec YouTube,
04:21 qui est un partenaire du CNC depuis plusieurs années.
04:24 On a au Festival de Cannes une résidence
04:27 avec des jeunes créateurs de YouTube
04:29 qui viennent ici, qui font la montée des marches
04:33 et qui rencontrent les professionnels du cinéma
04:36 et qui passent du petit écran du smartphone
04:39 au grand écran.
04:40 Donc, les plateformes sont vraiment intégrées
04:43 à cet écosystème de création.
04:45 -Ça commence quand même à bouger
04:47 autour des plateformes numériques.
04:49 On voit de plus en plus de liens qui se créent entre les deux.
04:52 On va même pas parler de l'arrivée de Netflix.
04:55 Maintenant, on va s'intéresser à l'intelligence artificielle.
04:59 Qu'est-ce que l'IA peut changer dans le cinéma ?
05:01 Nicolas ?
05:02 -En fait, l'IA peut intervenir
05:04 dans tous les maillons de la chaîne de valeur
05:07 de fabrication d'un film.
05:09 Si on prend l'écriture, il y a tout simplement
05:11 l'idéation, la documentation, la génération de mood boards
05:15 qui permettent à un stade où il n'y a pas beaucoup de financement,
05:18 d'avoir quelque chose à montrer à des producteurs
05:21 ou à des coproducteurs pour aller chercher des fonds.
05:24 -C'est-à-dire ?
05:25 -Des images, tout simplement.
05:27 On peut demander aujourd'hui... -On peut demander...
05:30 -A Tchadipiti...
05:31 -A partir d'un début de scénario ?
05:34 -On peut même demander à Tchadipiti de proposer un pitch.
05:37 Ensuite, on peut lui demander de décrire les personnages
05:40 du pitch, à quoi ils ressemblent.
05:42 Ensuite, on donne ça à Midjourney,
05:44 et il peut proposer des images des personnages.
05:48 Et on a un premier jet avec...
05:51 -On est d'accord que ce ne sera pas fidèle
05:53 à mon projet de création ?
05:55 -C'est tout le travail.
05:56 De toute façon, ces IAs ne sont que des outils.
05:59 C'est comme ça qu'elles sont considérées
06:02 par la ligue des scénaristes américains,
06:04 on pourra y revenir,
06:05 qui sont au service des scénaristes,
06:09 et donc au service d'une démarche artistique.
06:12 Après, c'est tout le travail du scénariste
06:14 de décider quel outil il utilise,
06:16 est-ce qu'il veut écrire lui-même,
06:19 s'aider pour la documentation de Tchadipiti.
06:21 Son propos, c'est comment j'imprime ma marque
06:24 et comment je suis fidèle à mes idées.
06:27 Il s'agit de dompter l'outil.
06:30 -Vous l'avez testé, justement, le pitch,
06:32 la rédaction de scénario avec Tchadipiti ?
06:35 Parce que moi, les expériences que j'ai menées,
06:37 il en ressort que c'est...
06:39 C'est très marqué culturellement, déjà,
06:42 du côté des Etats-Unis,
06:44 et ensuite, ça semble assez formaté.
06:48 -Après, c'est ce qu'on appelle l'art du prompt.
06:51 Si on demande un pitch entier,
06:54 on aura quelque chose d'assez moyen,
06:56 puisqu'il va s'inspirer d'une moyenne de pitch
06:59 qu'il a eue dans son entraînement.
07:02 Mais quand on a...
07:05 Par exemple, quand on est devant une page blanche,
07:08 on peut lui dire, "Je suis dans telle situation,
07:10 "je veux 10 idées."
07:12 Après, je charge le scénariste de dire,
07:14 "Ces 10 idées sont toutes nulles,
07:16 "il y en a peut-être une qui m'inspire."
07:18 -Vous faites partie d'aide à la création.
07:21 Vincent, comment vous voyez
07:23 l'intervention de l'IA dans le cinéma ?
07:26 -Il y a vraiment deux grandes catégories d'outils.
07:32 Il y a eu depuis longtemps des outils
07:35 qui aident sur la partie fabrication.
07:37 On a parlé des outils sur les effets visuels,
07:40 de face engine, de rajeunir,
07:42 d'échanger des visages, etc.
07:45 Ca, ça existe depuis quelque temps.
07:47 On voit de plus en plus des technologies
07:50 sur le doublage aussi, qui permettent
07:52 de s'appuyer sur la voix originale du comédien,
07:56 qui permettent de changer le mouvement des lèvres
07:59 pour que ce soit synchronisé
08:01 avec 37 langues différentes, si vous le souhaitez.
08:04 Il y avait également des technologies
08:06 en post-production.
08:08 Une oeuvre de Raoul Peck,
08:09 qui a été entièrement colorisée à base d'archives
08:13 par des technologies d'intelligence artificielle.
08:16 Tout ce qui est fabrication.
08:17 Ce qui enflamme l'imagination,
08:19 c'est les intelligences artificielles génératives,
08:22 parce qu'on touche à la création.
08:24 C'est nouveau, on est dans un domaine
08:26 pour pensée réservée à l'humain.
08:28 On a tous vu passer ces images du pape Andogun
08:31 ou de la bande-annonce de "Star Wars"
08:35 façon Wes Anderson.
08:37 Évidemment, là, ça pose des problèmes
08:40 potentiellement sur le droit d'auteur,
08:43 des questions, en tout cas.
08:44 Il y a une interrogation là-dessus.
08:46 Il faut trouver un bon équilibre
08:48 entre l'innovation et la protection des auteurs.
08:51 Mais c'est avant tout une très grande opportunité
08:55 pour les créateurs.
08:56 C'est ça qui est intéressant.
08:58 A chaque fois qu'il y a un nouvel outil,
09:00 on voit des nouveaux créateurs qui s'en saisissent.
09:03 Il y a un cinéaste comme Simon Wilson
09:05 qui décrit comment, avec "Chat GPT",
09:07 il s'en sert comme une arme anti-pêche blanche.
09:10 Il fait un ping-pong d'idées, ça le relance,
09:13 mais au final, c'est bien sa création qui est allée.
09:16 -Je ne sais pas si, au CNC,
09:17 vous recevez les dossiers de présentation de projets
09:20 pour des nouveaux films.
09:22 Est-ce que vous encouragez ou non l'intervention de "Chat GPT" ?
09:26 Est-ce que vous allez vérifier
09:27 si ça a été créé par des humains ou pas ?
09:30 Est-ce que c'est un critère, aujourd'hui,
09:33 qui va pour ou contre les producteurs
09:36 quand ils vous proposent un nouveau projet au CNC ?
09:39 -Je dirais que, pour l'instant, notre point de focalisation,
09:44 c'est plutôt, d'une part, aider les technologies,
09:48 donc vraiment s'assurer qu'il y ait des Français, des Européens,
09:52 qui puissent développer ces technologies d'innovation
09:55 au service de l'image, parce qu'on sait bien
09:58 que c'est de cette façon aussi
10:00 qu'on peut prendre les premières places mondiales
10:03 dans les filaires de l'image.
10:04 C'est tout le sens du plan d'investissement,
10:07 dont les résultats ont été dévoilés au Festival de Cannes
10:10 par la ministre de la Culture, Rima Abou-Malak.
10:13 C'est le plan France 2030,
10:15 qui accompagne, à hauteur de 350 millions d'euros,
10:19 des projets de studios numériques,
10:21 de studios de tournage, de formation.
10:23 On y reviendra, peut-être.
10:24 Et l'autre sujet,
10:27 c'est protéger les auteurs.
10:30 Nicolas Lhady, ça a été considéré aux Etats-Unis
10:34 comme un outil,
10:35 et un outil qui ne génère pas de droits d'auteur.
10:38 Donc, au final, il ne peut pas y avoir
10:41 un scénario signé par Child GPT.
10:43 C'est considéré comme un outil
10:48 qui a permis d'aboutir au résultat final.
10:50 Nous, en particulier, on n'a pas de clause non plus là-dessus
10:53 du moment que le travail de l'auteur est respecté.
10:56 -Vous en attendez quelque chose, du cinéma transformé
10:59 par la technologie ?
11:00 -Le cinéma transformé par la technologie
11:02 nécessite la technologie en amont.
11:04 On parlait de l'hébergement des données
11:07 et du respect des règles.
11:08 J'attends sur le festival TikTok,
11:10 et pour rebondir là-dessus,
11:12 le fait que les règles doivent être respectées par tout le monde,
11:16 donc, on parle du droit d'auteur en l'espèce,
11:18 mais même du RGPD,
11:19 de la protection des données et des utilisateurs.
11:22 Vous avez vu que la semaine dernière,
11:24 META a été condamné à une amende de 1,2 milliard d'euros
11:28 par le RGPD, c'est une condamnation irlandaise.
11:30 Oui, j'en attends beaucoup de choses,
11:32 mais en même temps, d'un avis extérieur,
11:35 et pour être utilisateur, bien entendu,
11:37 de ces outils d'IA au quotidien.
11:39 C'est l'IA qui nous permet de réussir le plan France 3D.
11:42 Sans ces outils, nous ne pourrions pas exploiter
11:45 les 12 000 rapports quotidiens que nous recevons
11:47 sur les installations pour les confronter avec la réalité.
11:50 Sans ces outils, nous sommes démunis,
11:53 parce que les hommes, il faudrait des armées de personnes
11:56 qui devraient se synchroniser pour comparer les rapports.
11:59 Ce sont des formidables outils.
12:01 Je pense que ça n'est que cela.
12:03 D'ailleurs, l'utilisation de chat GPT
12:05 ou d'autres outils de cette nature
12:07 relève d'un certain savoir-faire.
12:09 Ca n'enlèvera pas la création, ça l'accompagnera.
12:11 Je suis certain que ce n'est pas à une IA
12:14 qu'on va pouvoir confier la substantifique moelle
12:16 de la création.
12:18 Les auteurs auront leur place.
12:19 -Chez OnePod, quand vous rencontrez
12:21 les industries créatives,
12:23 vous avez le même accueil que Philippe a fait à ses technos ?
12:26 -Ca dépend à qui on parle.
12:28 Si on parle, par exemple, à une directrice d'innovation
12:31 chez Newen, elle embrasse.
12:33 -Elle est très enthousiaste.
12:35 -Elle dit que les créatifs, il faut que je les rassure.
12:38 Elle avait un exemple assez intéressant.
12:42 Quand vous recevez un scénario
12:44 et que vous êtes directeur de production,
12:46 vous êtes costumier, il faut dépouiller le scénario
12:49 pour le transformer en un plan d'action opérationnel
12:52 où vous avez besoin de tel costume.
12:54 Ca s'appelle la phase de dépouillement.
12:56 Ils ont proposé une IA qui permettait de comprendre le scénario
13:00 et de dire qu'il faut tel type de costume.
13:02 Au début, la costumière était inquiète.
13:05 "Ca va me prendre mon travail."
13:07 Et puis, finalement, ce qu'explique la directrice de l'innovation,
13:10 c'est qu'elle a compris que ça lui permettait de gagner du temps
13:14 pour en passer plus dans le choix des costumes,
13:16 pour aller faire les boutiques,
13:18 pour faire son travail créatif, de trouver le meilleur costume.
13:22 L'accueil est différent en fonction des types de population.
13:25 Il faut l'expérimenter.
13:27 Il faut l'expérimenter et l'accompagner.
13:29 Il y a d'autres technologies intéressantes.
13:32 Ce sont les technologies immersives.
13:34 Pour l'instant, ça reste un peu gadget, il me semble,
13:37 dans le cinéma.
13:38 Vincent, pardon, je vous interpelle.
13:41 Ce qui se développe beaucoup,
13:43 c'est ce qu'on appelle la production virtuelle.
13:46 Ca, c'est une technologie qui a été développée
13:49 notamment par Disney sur la série "The Mandalorian".
13:52 Et c'est les images que vous avez peut-être vues
13:54 de ces écrans LED géants,
13:56 comme des énormes panneaux LED.
13:58 On tourne directement devant ces écrans LED.
14:01 Ca remplace un peu le fond vert
14:02 où on doit filmer devant un fond.
14:05 Et ensuite, en post-production, incruster les décors.
14:09 Là, c'est pas ça. On projette en temps réel.
14:12 Et quand on déplace la caméra,
14:13 il y a un effet de parallaxe en temps réel.
14:16 C'est basé sur ces technologies de temps réel
14:18 qui viennent notamment du jeu vidéo.
14:21 Ca se développe beaucoup.
14:22 C'est là aussi un outil créatif formidable
14:26 qui permet, voilà, des nouvelles visions.
14:30 Et vous avez typiquement le prochain film de Audiard
14:36 dont l'action se passe entièrement au Mexique,
14:39 mais en fait est tourné entièrement en studio
14:42 en Ile-de-France.
14:43 Et donc, là aussi, ça fait partie des technologies
14:46 qu'on a voulu accompagner avec le plan "Grande fabrique de l'image".
14:50 Cette production virtuelle,
14:52 c'est des investissements importants en matériel.
14:56 Et donc, on aide les studios de tournage à investir là-dedans.
14:59 Ca permet de localiser aussi des tournages en France
15:03 plutôt que dans d'autres pays ou dans d'autres entiers.
15:06 -350 millions d'euros, donc, d'ici 2030,
15:10 mis sur la table pour faire de la France,
15:13 nous dit la ministre de la Culture,
15:15 faire de la France cette terre de production
15:18 et d'innovation dans le cinéma.
15:19 "Grande fabrique de l'image",
15:21 sur quelles innovations, au-delà de l'IA,
15:24 on doit miser aujourd'hui
15:26 pour la partie production cinématographique ?
15:29 -Il y a tout ce qui concerne...
15:31 Alors là, pour le coup, Vincent serait probablement
15:34 plus à même que moi de répondre.
15:36 Pour moi, il y a effectivement tout ce qui concerne
15:39 le métavers, le Web3.
15:40 On est un peu... Le soufflet est un peu retombé
15:43 avec l'hiver des cryptos,
15:44 mais c'est quelque chose qui va continuer, me semble-t-il,
15:49 dans la durée.
15:50 Il y a effectivement tout ce qui est autour de l'IA,
15:53 au sens large, et il y a certaines dimensions
15:55 qu'on n'a pas évoquées,
15:57 ne serait-ce que la gestion des archives,
15:59 la découvrabilité des contenus, toute la phase avale,
16:01 une fois qu'on a des contenus, comment on les gère ?
16:04 On accompagne l'Institut national de l'audiovisuel,
16:07 ça pourrait intéresser le CNC également,
16:09 pour l'aider à segmenter tout son patrimoine audiovisuel
16:12 depuis l'existence de la radio,
16:14 et donc découper finement, de façon sémantique,
16:18 les journaux télévisés, savoir qui apparaît à l'écran,
16:23 quelle voix on entend, etc.,
16:25 pour avoir des moteurs de recherche et de recommandation
16:28 plus performants.
16:29 Ce sont des technologies intéressantes
16:31 et qui sont en aval de la phase de production.
16:34 Vincent, sur ces technologies,
16:36 sur lesquelles on doit miser demain
16:38 pour transformer le cinéma en France ?
16:40 Oui, il y a évidemment toutes les technologies numériques
16:44 dont on a déjà parlé,
16:46 mais peut-être avant ça, il y avait le sujet des studios de tournage.
16:50 Les studios de tournage, en France, on avait un retard à rattraper.
16:54 Depuis la nouvelle vague,
16:56 le studio en France est un peu passé de mode.
16:59 Les cinéastes de la nouvelle vague
17:01 ont eu l'autre innovation technologique de l'époque,
17:03 les caméras légères,
17:04 la possibilité de tourner en extérieur.
17:07 Ils s'en sont pleinement saisis,
17:08 ça a été un renouveau créatif important,
17:10 mais le studio de tournage est devenu un petit peu
17:14 le symbole du cinéma bourgeois, du cinéma à la papa,
17:16 et les cinéastes n'en voulaient plus.
17:19 Aujourd'hui, les séries se tournent principalement en studio,
17:24 tous les effets visuels sont en studio,
17:26 donc on a besoin de ce tournage,
17:27 et on manquait en France de surface, de plateau,
17:32 on manquait de ces grands décors en extérieur,
17:34 qu'on appelle des "battelots",
17:36 et on manquait de ces technologies numériques
17:38 dont on a parlé, sur les effets spéciaux,
17:40 sur la production virtuelle,
17:42 sur les technologies du temps réel,
17:45 et même chose pour l'animation ou pour le jeu vidéo.
17:48 Donc c'est vraiment sur l'ensemble de ces technologies-là
17:51 et de ces infrastructures-là
17:53 que le plan cherche à intervenir,
17:55 ce plan de l'Enfabrique de l'image,
17:57 350 millions d'euros,
17:59 ça va permettre d'accompagner des projets de studio de tournage,
18:02 des projets de studio numérique,
18:04 donc effets spéciaux, animation, jeu vidéo,
18:08 et puis la formation.
18:09 C'est important de modifier la façon dont on forme
18:15 et puis d'ouvrir cette formation.
18:17 On veut au global doubler nos capacités de tournage,
18:19 on veut aussi doubler le nombre de personnes dans la filière,
18:22 parce qu'il y a des besoins en très forte augmentation.
18:26 On veut former aussi à ces nouvelles technologies.
18:29 L'exemple qu'on donnait sur ces technologies
18:32 de production virtuelle,
18:34 évidemment, ça change le métier de directeur de la photographie,
18:39 mais ça change aussi le métier des décors,
18:41 ça change le métier d'auteur.
18:42 On n'écrit pas de la même façon avec ça.
18:46 Donc, on veut former plus,
18:49 mais aussi former différemment à ces nouvelles technologies.
18:51 Merci beaucoup, Vincent Florent.
18:52 On vous laisse retourner au Festival de Cannes,
18:54 Vincent Florent du CNC,
18:56 Nicolas Gonmé de One Point.
18:58 J'imagine aussi que vous allez suivre toute cette semaine
19:00 ce qui se passe à Cannes.
19:01 Merci également à Philippe Legrand d'Infranimes
19:04 d'avoir participé à la discussion avec nous.
19:06 On marque une courte pause.
19:07 On se retrouve après pour parler de l'empreinte environnementale de la donnée.