Nicolas Maurer / Robbie Douek : "L'esport c'est comme un sport, les joueurs s'entraînent des mois"

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Nicolas Maurer, cofondateur et PDG de Team Vitality, et Robbie Douek, président de BLAST, organisateur de la Major "Counter-Strike : Global Offensive" à l’Accor Arena, sont les invités de 7h50.

Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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00:00 7h49, vous en avez moins entendu parler que d'une finale d'un tournoi du grand chelem
00:10 de tennis et pourtant le tournoi dont on va parler maintenant en est l'équivalent
00:14 pour l'e-sport.
00:15 Le jeu vidéo de compétition et l'e-sport c'est 10 millions de consommateurs et de
00:20 pratiquants dans notre pays.
00:22 Les demi-finales et finales du jeu Counter-Strike se disputent ce week-end à l'Accor Arena
00:27 de Paris-Bercy qui sera comble.
00:28 La France est battue pour les organiser et on le sait depuis hier soir il y aura une
00:33 équipe française en lice.
00:35 Vous allez tout comprendre de l'importance de cet événement avec nos deux invités.
00:38 Roby Dweck, bonjour à vous.
00:40 Vous êtes le président de l'entreprise danoise Blast, c'est vous qui organisez ce
00:44 tournoi, cette major comme on dit sur ce jeu.
00:47 Counter-Strike Global Offensive, vous nous direz pourquoi vous avez choisi la France
00:52 pour l'organiser.
00:53 Avec nous également Nicolas Morer.
00:55 Bonjour à vous.
00:56 Vous êtes le cofondateur du club d'e-sport parisien Vitality, engagé dans ce tournoi
01:01 et qui s'est donc qualifié hier soir pour les demi-finales.
01:05 On va écouter l'ambiance dans les tribunes de Bercy au moment de votre victoire hier
01:10 soir.
01:11 Ça donne une petite idée aux auditeurs de France Inter de la chaleur derrière vos
01:17 joueurs.
01:18 Vous êtes soulagé Nicolas Morer, il ne fallait pas passer à côté de cet événement
01:22 à la maison.
01:23 Exactement, il y avait beaucoup de pression, tout le monde nous attend et la première
01:27 étape vers la victoire c'était ce quart hier qui s'est plutôt bien déroulé.
01:30 Donc on avance, on continue.
01:32 Il y a eu une marseillaise chantée avant le match, des drapeaux dans les tribunes,
01:35 beaucoup d'enthousiasme.
01:36 Le public a une réelle importance dans l'e-sport.
01:38 Oui, alors dans les deux sens ça peut donner de la pression et mettre la pression sur nos
01:42 joueurs mais à la fois dans les moments décisifs, dans les moments importants, ils ont le soutien
01:46 populaire et Counter-Strike c'est vraiment un jeu où les rounds peuvent s'enchaîner
01:50 et ça peut aller très vite dans un sens comme dans l'autre et avoir le soutien du
01:53 public c'est extrêmement important.
01:55 Donc oui ça joue un grand rôle.
01:56 Alors évidemment il n'y a pas de joueurs avec un ballon ou encore moins avec des armes
02:00 au milieu de l'arène.
02:01 Ce sont des jeux vidéo donc si on doit décrire Nicolas, il y a des écrans géants, c'est
02:06 ça, dans la salle, le public regarde ces écrans et en dessous on voit les joueurs.
02:09 C'est exactement ça, il y a une scène avec les deux équipes, une de chaque côté et
02:13 sur un écran au-dessus on voit le match se dérouler.
02:15 Voilà, ça se joue en 5 contre 5, on va peut-être reparler du jeu mais voilà on suit
02:18 le match depuis le public en regardant l'écran.
02:21 Parlons du jeu avec vous, Robbie Dweck, ce sont deux équipes qui s'affrontent, c'est
02:25 ça, c'est un jeu tir pour les auditeurs qui n'ont jamais découvert Counter-Strike,
02:28 c'est un vieux jeu qui date de la fin des années 90.
02:31 Oui, effectivement c'est un vieux jeu, c'est légendaire, ça date depuis 20 ans et c'est
02:36 la première fois de l'histoire que la France accueille un major, un événement aussi important,
02:40 aussi international dans le Tribune.
02:42 Donc vraiment c'est une opportunité pour le grand public d'expériencer cette magnifique
02:47 occasion.
02:48 Effectivement le jeu c'est 5 contre 5 et c'est un ambiance énorme dans la salle,
02:53 on sent le son, les images, l'odeur de la salle, les gens ils sont vraiment à fond
03:00 dedans, c'est top.
03:01 Pour faire la comparaison avec le sport traditionnel qu'on connaît mieux, il y a dans l'eSport
03:06 plusieurs disciplines, Robbie Dweck, selon le jeu auquel on joue, là c'est Counter-Strike
03:12 mais il y a aussi League of Legends, il y a FIFA, ce sont ça les disciplines de l'eSport ?
03:16 Tout à fait, enfin c'est des eSports différents, donc il y a des joueurs qui sont professionnels
03:20 dans certains eSports comme Counter-Strike, comme l'équipe Vitality qui sont là en
03:25 demi-finale pour ce week-end mais évidemment il y a une grande scène de League of Legends
03:29 en France, il ne faut pas oublier, il y a une ligue française qui est très très importante
03:33 avec beaucoup de diffuseurs, enfin beaucoup d'audience en France.
03:36 Donc des équipes spécialisées dans des jeux, là il en reste 4 ce week-end, pour savoir
03:41 laquelle sera la meilleure sur ce jeu bien connu des joueurs qui est Counter-Strike.
03:47 Robbie Dweck, quelle est l'audience de telles rencontres ? Demi-finale, finale, c'est
03:52 suivi dans le monde par combien de millions de personnes qu'on ait une idée de l'impact ?
03:57 Là on est dans 230 millions de foyers, 150 pays, en 27 langues, on va être aux alentours
04:04 des millions de millions de spectateurs aussi bien en ligne, sur Blast.tv, sur Twitch, sur
04:09 Youtube, enfin c'est une audience énorme qui regarde en plusieurs langues, donc c'est
04:14 une audience qui est vraiment connectée tout le temps.
04:16 Et vraiment sur tous les continents ? Sur tous les continents, il y a une audience
04:20 en Amérique, une audience en Latin Amérique et une énorme audience en Europe.
04:25 Et on va voir qu'il va y avoir un grand grand public, une grande audience en France.
04:29 Et pas sur des médias traditionnels, pas sur TF1, France 2 ou NBC aux Etats-Unis par exemple.
04:35 Vous avez cité Twitch, vous avez cité Youtube ?
04:38 Oui, pour l'instant ce n'est pas le cas.
04:40 Ça c'est l'objectif peut-être ? Oui, dans l'avenir j'imagine que ça va
04:44 venir parce que de toute façon l'e-sport c'est comme un sport.
04:47 C'est un sport, les joueurs s'entraînent pendant des heures, des mois et des mois pour
04:52 être vraiment haut de niveau.
04:53 Et c'est du mainstream comme on dirait.
04:56 37 millions de joueurs en France, sur 66 millions de français, c'est un chiffre qui est parfaitement
05:01 méconnu mais ça veut dire que plus d'un français sur deux s'adonne aux jeux vidéo,
05:06 ça ne veut pas dire qu'ils sont tous dans l'e-sport, ça c'est la compétition.
05:09 Mais enfin ils ont un intérêt pour ce domaine, pour ce secteur.
05:13 C'est pour ça que vous avez choisi la France, Roby Dweck, pour cet événement, pour cette
05:16 grande finale mondiale ? La France ils ont une longue histoire d'accueillir
05:20 des grands événements internationaux.
05:22 Évidemment l'année prochaine on va accueillir le JO mais en même temps il y a une énorme
05:26 scène française d'e-sport.
05:28 Aussi bien qu'à Paris, qu'à Montpellier, qu'à Lyon etc.
05:31 Donc on savait qu'il y avait vraiment un écosystème ici et on pouvait appuyer sur
05:35 des personnels sur place.
05:36 On a 400 personnes qui travaillent à la Corina ce week-end et dans les 400 personnes il y
05:41 a 70% de français.
05:42 Donc c'était vraiment pour ça qu'on s'est dit c'est la première fois, c'est
05:46 le dernier major de CSGO, c'est l'occasion pour la France.
05:49 Emmanuel Macron avait parlé de cet événement, ça avait surpris d'ailleurs le grand public
05:53 de dire "mais tiens le chef de l'état s'intéresse à l'e-sport parce qu'il
05:55 y a un enjeu économique important ?" Emmanuel Macron il en a parlé du fait qu'il
06:00 veut que la France devienne un pays de gamers.
06:03 Si le président de la CAR exprime comme ça, on s'est dit que vraiment que la France
06:07 a l'opportunité de développer un écosystème important et aider tous les gens qui veulent
06:11 travailler dans l'e-sport et aussi bien être professionnels dans l'e-sport.
06:15 Alors vous Nicolas Morel, vous travaillez dans l'e-sport, vous avez cofondé Vitality
06:20 il y a 10 ans.
06:21 Comment fonctionne un club d'e-sport ? Vous employez 110 salariés à travers le monde,
06:25 une quarantaine de joueurs professionnels.
06:28 C'est un peu comme un club de foot, vous formez des joueurs, vous transférez, vous
06:32 achetez des joueurs, comment ça marche ? Ça ressemble beaucoup aux mécaniques du
06:35 sport traditionnel qu'on connaît.
06:37 On est structuré de la même manière qu'un club pro de foot par exemple.
06:40 Donc on va vraiment avoir toute la partie performance avec nos joueurs professionnels,
06:44 les coachs, les analystes, les assistants coach, tout le staff technique qui est dédié
06:48 à la performance, qui va préparer les joueurs aux matchs à venir, qui va leur permettre
06:52 de performer au mieux le jour J pour les grands événements.
06:55 Donc là il y a des stratégies.
06:56 Par exemple hier vous aviez adopté une stratégie dans ce jeu qui consiste, si on a les terroristes
07:02 à éliminer les antiterroristes et inversement selon le rôle qu'on a dans le jeu.
07:05 Voilà, le jeu est très simple, enfin en tout cas quand on le décrit, mais il est
07:08 très complexe dans sa façon d'opérer et d'y jouer à haut niveau.
07:11 Voilà, c'est des stratégies extrêmement poussées avec des équipes qui se préparent
07:14 contre leurs adversaires spécifiquement.
07:16 C'est un jeu qui est en constante évolution, donc c'est très complexe.
07:18 En effet, il faut un staff autour des joueurs pour préparer les rencontres.
07:21 On peut faire du coaching, on peut faire des remplacements ?
07:23 Alors il y a eu dans Counter Strike, c'est un grand débat qui traverse l'esport, la
07:27 question des remplacements, ça existe.
07:28 Mais le coaching, oui, c'est un élément clé.
07:30 Dans des temps morts, les coachs, ils ont un enjeu majeur.
07:32 Donc voilà, on a nos joueurs professionnels qui sont au Stade de France pour partie.
07:36 On a un partenariat avec le Stade.
07:38 Là où vous vous êtes installé.
07:39 On a un centre de performance également à Berlin, ça c'est pour la partie performance.
07:42 Et après au club, dans les bureaux à Paris, on va vraiment avoir tout ce qui est marketing,
07:47 partenariat, toute la vie du club, tout ce qu'on organise autour du côté performance.
07:51 L'entraînement, c'est combien d'heures par semaine pour un joueur professionnel ?
07:54 Et est-ce qu'il y a aussi une dimension physique ?
07:56 Alors, il y a assez peu une dimension physique comparé au sport traditionnel.
08:00 Il y a par contre énormément de pression.
08:03 Il faut être à un haut niveau de préparation mentale et physique aussi sur les longues
08:08 parties qui peuvent durer plusieurs heures.
08:10 Mais il faut surtout comprendre qu'il y a énormément de pression dans les grands moments.
08:14 C'est des jeux vidéo où tout peut se jouer en une seconde.
08:16 C'est-à-dire qu'on se prépare pendant un an pour un majeur et une mauvaise action,
08:20 un mauvais choix tactique peut ruiner un match.
08:22 Donc il faut être au top de sa forme pendant 2-3 heures devant un public bouillant de 15
08:26 000 personnes.
08:27 Donc il y a vraiment énormément de pression, énormément de préparation dédiée.
08:29 J'ai vu des joueurs, je n'ai pas vu de joueuses dans votre équipe hier.
08:33 La place des femmes dans l'e-sport, elle reste minime.
08:38 Il y a des femmes qui créent des équipes uniquement féminines parce qu'elles expliquent
08:41 qu'elles ont du mal à percer.
08:44 Où est-ce que vous en êtes dans ce combat-là ?
08:45 Alors c'est un grand enjeu.
08:47 C'est-à-dire que l'avantage de l'e-sport sur le papier, c'est que comme il n'y a pas
08:50 de performance physique à proprement parler, on peut avoir des équipes mixtes.
08:53 D'ailleurs, techniquement, dans les règlements des tournois, les équipes sont mixtes.
08:56 Dans les faits, non.
08:57 Mais en réalité, encore, à niveau professionnel, c'est qu'il y a assez peu de joueuses.
08:59 Ce qu'on voit, c'est qu'il y a beaucoup de joueuses à l'échelon amateurs et que
09:02 plus on monte en niveau, plus on perd des joueuses.
09:05 Et il y a des femmes dans le public.
09:06 Je suis allé voir League of Legends il y a 4 ans à Paris, il y avait beaucoup de femmes.
09:09 Il y a des femmes dans le public.
09:10 Ce à quoi il faut arriver maintenant, c'est qu'il y ait assez de femmes professionnelles.
09:13 Et ça, c'est un chemin.
09:14 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les filles n'ont pas de rôle-modèle.
09:18 On va reconnaître des phénomènes qu'on voit dans beaucoup d'autres domaines où
09:20 il faut en fait créer les conditions d'accession des femmes au plus haut niveau.
09:24 Et ça va se faire sur un temps un peu plus long.
09:26 La création d'équipes féminines, c'est une étape.
09:28 On a vu par exemple dans les échecs, un autre sport mixte.
09:30 C'est quelque chose qui a marché, qui a radicalement changé le paysage des échecs
09:34 et qui a fait monter en compétence les joueuses.
09:36 On fait la même chose.
09:37 On a notre première équipe féminine sur League of Legends depuis cette année.
09:40 Roby Dweck, l'e-sport aux Jeux Olympiques, est-ce que c'est possible ?
09:44 Le CIO va organiser fin juin une compétition de tir virtuel dans le jeu vidéo Fortnite.
09:49 Ce sera pour les phases finales de la semaine olympique e-sportive à Singapour.
09:54 Ça vient d'être annoncé, mais ce sera une version où il faudra tirer sur cibles,
09:57 comme pour le tir sportif et pas sur des personnages humains.
10:00 Parce que le patron du CIO a dit "on ne peut pas avoir des jeux où on se tue, c'est
10:05 contraire aux valeurs olympiques".
10:06 Est-ce qu'un jour on aura l'e-sport aux Jeux à votre avis ?
10:08 Un jour évidemment, on va arriver là.
10:11 Parce que je pense que ça fait vraiment partie du quotidien, de leur vie quotidienne.
10:15 Comme Nicolas l'a dit tout à l'heure, c'est des vrais sportifs, c'est des gens
10:18 qui entraînent pendant des heures et des heures, des semaines et des semaines.
10:21 Je pense que ça va faire partie.
10:23 D'ailleurs, je pense qu'il y a déjà des initiatives en place pour rentrer certains
10:26 jeux dans les olympiques et ça va venir dans l'avenir, c'est sûr.
10:29 Et le CIO est demandeur aussi pour rajeunir son public.
10:32 Merci à tous les deux.
10:34 Robbie Dweck, organisateur de ce tournoi Counter-Strike, dont les phases finales ont
10:39 lieu ce week-end à Paris-Bercy.
10:41 Nicolas Morer, on croise les doigts, demi-finale, c'est ça demain quelle heure ?
10:44 C'est demain 19h.
10:45 Demain 19h.
10:46 Pas de doute de l'horaire, non, non, c'est bien 19h pour vous, on vous souhaite pleine réussite dans ce tournoi.
10:50 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Inter.

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