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Nouveaux paysans
Vers une agriculture moderne plus respectueuse

Ils utilisent des outils traditionnels peu polluants, des variétés anciennes adaptées au terroir et apportent un soin méticuleux à entretenir la biodiversité sauvage autour de la nature qu'ils cultivent. Sacha Bollet, documentariste et agricultrice en herbe, part à la rencontre de ces paysans modernes. À leur contact, et par le partage des temps forts de leur année de production, elle observe leur patient labeur pour produire des aliments sains et écologiques. Grâce à leurs conseils, elle apprend peu à peu, et sa petite ferme se dessine. La chronique d'une année à la rencontre d'un nouveau monde paysan qui cherche des alternatives au modèle agro-alimentaire intensif omniprésent depuis trente ans.

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Transcription
00:00 ...
00:10 Des petits champs de blé orientés vers le sud.
00:15 Quelques vieux amandiers, une ferme en ruines
00:18 et un bois de pindalep et de chêne blanc.
00:22 Voilà les 11 hectares de terre agricole
00:25 héritées de ma grand-mère.
00:27 Nous ne sommes pas agriculteurs, nous sommes réalisateurs de documentaires.
00:32 ...
00:34 Que faire de ces morceaux de terre entre Marseille et Aix-en-Provence ?
00:39 Les vendre ?
00:40 Ce serait risquer de les livrer aux appétits immobiliers féroces
00:44 dans la région.
00:45 ...
00:49 Confier ces terres à un fermier, comme elle l'était auparavant ?
00:52 Comment vérifier qu'elles soient exploitées de manière écologique
00:57 et de manière saine ?
00:58 ...
01:00 Au fond de nous, quelque chose s'est réveillé.
01:02 Il est temps de mettre la main à la pâte
01:05 et de se lancer dans l'aventure pour tenter de produire nous-mêmes
01:09 l'alimentation saine, locale et non polluante
01:12 que nous plébiscitons pour notre famille.
01:15 ...
01:20 Cri de la foule
01:23 ...
01:25 -Nous n'allons pas faire cette révolution agricole tout seuls.
01:28 Nous allons visiter d'autres fermes et chercher conseils
01:32 auprès d'agriculteurs plus aguerris qui partagent nos valeurs.
01:35 Pour dégrossir la tâche, nous commençons par suivre
01:38 toutes sortes de formations sur les fruitiers,
01:41 l'apiculture, les plantes aromatiques.
01:44 Cela nous permet de mieux connaître les qualités
01:47 et les défauts de notre sol,
01:50 les contraintes du climat méditerranéen,
01:53 les coûts d'un projet agricole.
01:55 Nous n'avions pas prévu de faire des céréales,
01:58 mais avec autant de surface,
02:00 c'est tout de même tentant d'essayer d'en faire un peu.
02:03 Comment se démarquer du modèle selon lequel ces parcelles
02:07 ont été cultivées depuis des dizaines d'années ?
02:10 C'est-à-dire du blé, du blé, du blé,
02:14 sans rotation de culture et avec force engrais.
02:17 ...
02:22 A la recherche d'un itinéraire technique
02:24 complètement différent et de modèles inspirants,
02:27 c'est dans les Alpes de Haute-Provence,
02:30 sur un marché, que j'ai rencontré Sébastien et Élodie.
02:33 ...
02:35 Ils sont paysans boulangers,
02:37 c'est-à-dire qu'ils cultivent des céréales,
02:40 qu'ils les transforment ensuite en farine
02:42 et s'en servent pour faire du pain.
02:44 Ils sont en train de mettre au point
02:47 une audacieuse technique,
02:48 faire pousser ensemble du blé
02:51 et des engrais verts.
02:53 -Je vais essayer de semer des légumineuses,
02:56 qui, elles, sont fixatrices d'azote,
02:58 mais qui aussi, en plus de ça, réactivent beaucoup la vie du sol.
03:02 -Et ça étouffe pas ton blé ?
03:04 -Les céréales, on devrait avoir les épis au-dessus.
03:07 Je vais moissonner entre les épis des céréales
03:12 et le haut du trèfle, à peu près.
03:14 -Sébastien sème un mélange de variétés de blés anciens.
03:18 Ils sont réputés plus résistants à la sécheresse,
03:21 ils nécessitent moins d'engrais
03:23 et contiennent moins de gluten que les blés modernes.
03:26 Mais en contrepartie, leur rendement est plus aléatoire
03:31 et ils exigent un grand savoir-faire en boulangerie,
03:34 car ils sont plus délicats à travailler.
03:36 Autre originalité, Sébastien expérimente depuis 10 ans
03:42 la culture de céréales sans labours.
03:47 -Le seul avantage du labour, c'est gérer l'herbe.
03:49 Sorti de là, ça ne fait que détruire le sol.
03:52 Ce qui est en surface ne vit pas au fond de la raie de labour,
03:56 ce qui est au fond ne vit pas en surface.
03:59 On déstructure complètement le sol,
04:01 donc il lui faut plusieurs mois pour retrouver une structure.
04:04 Après un siècle de labour,
04:06 il y a du boulot à faire pour tout remettre d'aplomb.
04:09 -Ca fait 10 ans, tu vois les changements ?
04:12 -Je vois que ça commence à réagir différemment.
04:14 Ca se remet à pousser,
04:16 car au début, il n'y avait plus rien qui voulait pousser.
04:19 Et là, il commence à y avoir beaucoup plus d'herbes sauvages
04:23 qui poussent.
04:24 Les herbes cultivées ont encore du mal.
04:26 -Première étape,
04:29 écraser toutes les herbes folles qui ont poussé.
04:32 Cela permet de constituer un matelas
04:34 pour protéger du dessèchement et de l'érosion.
04:37 En se décomposant,
04:39 il apportera de la matière organique au sol.
04:42 ...
04:49 -Donc là, c'est la salade de midi.
04:53 Je vais ramasser les plantes sauvages
04:57 ou installées.
04:59 Donc là, je démarre avec des pissenlits
05:02 qui se sont semés dans le chemin.
05:05 Là, j'ai quelques feuilles de capucines.
05:09 Elle a vraiment cette odeur soufrée, piquante.
05:12 Là, j'ai installé des pieds d'oseille.
05:16 Du coup, ça permet d'avoir des feuilles de salade
05:20 toute l'année.
05:21 La pinprenelle, c'est vraiment le concombre végétal.
05:24 Le plantain, c'est le goût champignon de Paris.
05:28 Là, c'est la bourrache.
05:31 Quel goût !
05:32 Huître.
05:33 Simplifier vraiment tous les gestes.
05:38 Pour moi, c'est vraiment le sens de l'agriculture aujourd'hui.
05:42 On a complexifié, on intervient beaucoup trop.
05:45 C'est un peu vers ça qu'on va aujourd'hui,
05:49 de lâcher les légumes cultivés
05:52 qui demandent des transformations pour être mangés,
05:55 qui demandent un travail énorme
05:57 par rapport à la concurrence végétale
06:00 et d'aller vers l'art fruitier,
06:02 vers la forêt comestible.
06:05 ...
06:14 -Élodie et Sébastien cultivent ce goût de la sobriété
06:17 dans chaque aspect de leur vie.
06:19 Ils trouvent sans cesse de nouvelles manières
06:22 de faire de l'agriculture
06:24 en laissant place à la spontanéité du vivant.
06:27 ...
06:29 Le matelas de végétaux est prêt.
06:31 ...
06:33 Sébastien ouvre de discrets sillons
06:36 dans lesquels ses graines sont déposées.
06:38 Incroyablement peu intrusif comme technique,
06:42 l'objectif, c'est de perturber aussi peu que possible
06:46 la vie du sol.
06:47 -Si tu mets de l'engrais, les micro-organismes du sol,
06:52 tu leur dis aussi "non, j'ai pas besoin de vous".
06:55 Donc, à quel moment ils vont vraiment travailler
06:58 pour nourrir les plantes,
07:00 si toi aussi, tu nourris la plante ?
07:02 Peut-être qu'ils vont un peu travailler,
07:04 puis ils vont s'arrêter là.
07:05 Si tu mets rien, ça fait quelques années difficiles
07:08 où il y a probablement rien du tout à récolter,
07:11 mais d'un autre côté, le sol, tu dis "bon, maintenant, c'est à toi".
07:15 ...
07:20 -En tant que novice, nous sommes à des millénaires
07:23 de pouvoir prétendre maîtriser ce subtil équilibre.
07:27 Alors, la 1re année, on fait appel à un prestataire.
07:32 ...
07:33 Ils travaillent la terre de manière classique,
07:36 laboure et semis, sur deux parcelles.
07:39 ...
07:41 L'une en blé tendre, une variété ancienne,
07:44 et l'autre en orge brassicole, pour faire de la bière.
07:47 ...
07:52 Sur le reste, on sème du sain-foin, une légumineuse,
07:55 pour décompacter les sols et les laisser un peu reposer.
07:59 ...
08:01 Un tipi pour faire grimper du moublon.
08:04 Des oliviers, des amandiers, des plantes mélifères.
08:08 On a envie d'essayer plein de cultures en même temps.
08:11 Sûrement trop.
08:13 Avant toute chose, on a besoin d'y voir plus clair
08:16 dans l'aménagement de nos parcelles.
08:18 Quelle place donner aux arbres ?
08:20 Quelles essences choisir pour s'adapter à notre climat
08:23 de plus en plus chaud et sec ?
08:25 ...
08:28 Nous avons cherché des exploitations
08:30 qui combinent plusieurs types de cultures.
08:33 Nous avons découvert le domaine du petit St-Jean, en Camargue.
08:37 100 hectares sur lesquels un organisme de recherche
08:40 mène des expériences scientifiques autour de l'agroforesterie.
08:45 C'est-à-dire le fait d'associer, par exemple,
08:47 arbres, vignes et élevage.
08:50 Un sacré mélange des genres,
08:52 un peu comme Nicolas, le responsable du site.
08:55 Cet écologue de formation qui se transforme progressivement
08:59 en agriculteur depuis 5 ans.
09:01 ...
09:02 -L'idée initiale de ce verger, c'était d'avoir un préverger
09:07 où on associe plusieurs ressources à la même parcelle.
09:11 Donc des arbres fruitiers, ici, un mélange de grenades,
09:14 pistaches, amandes, olives et plaques miniers.
09:17 Entre les arbres, de faire pâturer les brebis
09:20 dans ces bandes enherbées,
09:22 de manière à ce qu'elles gèrent l'enherbement.
09:25 ...
09:27 Mais là, il faut que j'arrête ma chienne
09:29 parce qu'elle va mettre un peu de ouaï dans le troupeau.
09:32 ...
09:34 -Y en a un !
09:36 Y en a un ! En pied ! En pied !
09:39 -C'est des ressources d'appoint.
09:42 On a en tête que c'est pas forcément chaque année
09:46 que c'est des arbres qui vont produire énormément.
09:48 On a d'autres ateliers qui doivent venir en complément
09:53 les années où ça fonctionne pas.
09:55 C'est pour ça qu'on a mélangé plusieurs variétés,
09:58 plusieurs espèces dans le même verger
10:00 pour pas mettre tous les oeufs dans le même panier.
10:03 Là, on a quand même presque une petite centaine de kilos
10:08 sur 20 arbres.
10:11 Donc...
10:12 C'est une petite récolte,
10:14 mais qui est quand même assez intéressante pour l'instant.
10:17 ...
10:25 -Tout l'été, on avait un couple de buses
10:27 qui viennent se percher sur les perchoirs qu'on a mis en place,
10:30 notamment pour que les rapaces puissent nous manger
10:33 les campagnoles qui peuvent avoir des conséquences
10:36 sur les fruitiers, notamment parce qu'ils mangent les racines.
10:40 ...
10:42 -Cultiver le sauvage autant que le domestique.
10:45 ...
10:47 Au domaine du petit St-Jean, l'idée centrale,
10:50 c'est de prouver qu'il est possible d'intégrer
10:53 l'activité agricole dans un écosystème naturel,
10:56 sans en perturber le fonctionnement,
10:58 et en se servant, au contraire, des espèces sauvages qui le peuplent.
11:03 ...
11:06 -Nous, notre stratégie,
11:09 c'est plutôt de faire travailler les chauves-souris
11:12 en les accueillant sur site.
11:15 Et donc, on a mis en place ce type de gîte.
11:18 On en a mis 37 en place
11:20 sur les 5 hectares de villes qu'on possède.
11:23 Actuellement, on est à plus de 95 % de gîtes qui sont occupées.
11:27 La suite, ça va être de voir
11:29 quel peut être leur impact en tant qu'auxiliaires
11:33 pour la viticulture.
11:35 En fait, ça, c'est du guano.
11:38 ...
11:40 Souvent, on le voit sur la planche d'envol.
11:45 En fait, le guano, c'est l'éjection des chauves-souris.
11:49 Donc, la prochaine étape, ça va être de récolter ces guanos
11:55 et de les analyser
11:57 pour voir si les chauves-souris consomment des vers de la grappe.
12:01 Je sais pas si vous avez entendu, mais il y a eu un petit bruit.
12:05 Et en fait, là, clairement, il y a encore
12:08 une petite pipistrelle qui loge dans ce gîte.
12:13 ...
12:18 -Le rôle de l'agriculture intensive
12:20 est régulièrement pointé dans l'érosion de la biodiversité.
12:24 Pourtant, les paysages cultivés
12:26 peuvent posséder bien des attraits pour la faune sauvage,
12:29 à condition de présenter des variations,
12:32 des perchoirs, des cachettes et des ressources multiples.
12:36 ...
12:40 Nous ne sommes pas du tout tentés par la monotonie de la monoculture.
12:45 Alors, on imagine plusieurs petits espaces de production différents.
12:49 ...
12:51 On plante 2 000 pieds de lavande,
12:54 plante nectarifères par excellence
12:56 et d'une sobriété en eau à toute épreuve.
12:59 ...
13:05 -Ah, mais c'est qu'elle était pas serrée.
13:08 On a dû perdre une quantité de flotte.
13:10 Ca te fait rigoler, toi, avec ta caméra.
13:13 ...
13:15 -Pour ne pas se bercer d'images rêvées de l'agriculture
13:19 et se confronter à la pénibilité réelle de cette activité,
13:22 on m'a parlé de Clémentine, qui s'est installée dans le Lubéron.
13:26 ...
13:28 -On est pas mal, on est pas mal.
13:31 ...
13:34 Bonjour. Ca, c'est des salades.
13:36 Et ça, c'est la roquette.
13:37 -La mâche.
13:39 -Mâche, il y en a plus.
13:42 -Nos profils sont un peu similaires.
13:44 Elle était journaliste d'investigation
13:46 avant de se reconvertir dans les plantes aromatiques.
13:50 Très active dans les réseaux paysans d'entraide,
13:53 elle reçoit régulièrement des personnes
13:55 tentées par l'aventure agricole
13:57 pour leur montrer la réalité du travail.
14:00 -Quand j'ai changé de métier,
14:01 ça faisait partie de mes interrogations
14:04 de me dire si mon corps va suivre.
14:06 C'est des cadences de travail dont on n'a pas l'habitude.
14:09 Quand on est dans le bureau,
14:11 on n'a jamais passé 4 heures à genoux à des herbés.
14:14 Ca m'a très vite plu,
14:15 même si le premier été, j'avoue que...
14:18 je m'endormais tous les soirs à 21h,
14:21 comme beaucoup d'agriculteurs.
14:23 ...
14:25 Après, là, depuis que ça fait 4 ans que je fais ça,
14:28 je suis toujours là, j'ai mal nulle part.
14:31 C'est bon signe, quoi.
14:33 ...
14:36 Je crois qu'on est dans une société
14:38 qui est très éloignée du monde agricole.
14:40 Donc ce qu'on peut fantasmer
14:44 en termes de qualité de vie,
14:46 temps de travail...
14:49 Beaucoup de gens viennent s'installer
14:51 et me disent qu'ils veulent travailler 20h par semaine,
14:54 mais j'en connais pas, des maraîchers,
14:56 même au bout de 20 ans, qui arrivent à faire ça.
14:58 Je pars du principe que je travaille
15:01 quasiment du lever du soleil au coucher du soleil,
15:03 toute saison, donc l'été,
15:05 des fois, c'est des journées plus longues.
15:07 En contrepartie, comme je suis à mon compte,
15:10 il y a des moments où je vais m'accorder
15:12 3h après-midi pour prendre mon cheval
15:14 et aller monter à cheval.
15:16 Après, moi, j'étais pas tout à fait à bonne école,
15:19 puisque j'étais journaliste,
15:21 donc le temps de travail, c'est déjà pas 35h, en fait.
15:25 ...
15:28 C'était plutôt 50h que 35, quoi.
15:31 ...
15:34 Ça n'empêche pas d'être intelligent
15:36 dans ses choix de travail
15:38 et de toujours rechercher une efficience,
15:41 y compris environnementale, quoi.
15:43 En fait, moi, j'ai commencé avec des tout petits moyens
15:46 et un motoculteur, mais sauf qu'en fait,
15:49 quand l'exploitation, elle grossit,
15:51 il y a un impératif de décompacter le sol.
15:53 En fait, un vieux tracteur, c'est pas la mort.
15:56 Il y a toujours eu des tracteurs sur les fermes,
15:58 mais la question, c'est à quelle fréquence est-ce qu'on l'utilise ?
16:02 Donc moi, je fais un peu un mix.
16:04 Je fais un peu de grelinette dans mes serres,
16:06 un peu de tracteurs, un peu de traction animale,
16:09 et je vois.
16:11 Je suis pas du tout une fanatique de dire
16:14 qu'il faut à tout prix enlever les tracteurs sur les fermes.
16:17 C'est pas ma conviction.
16:19 ...
16:21 -On s'est longuement posé la question, nous aussi,
16:24 avant d'investir dans un tracteur d'occasion.
16:26 La généralisation de la mécanisation
16:29 entre les années 60 et 80 a entraîné partout en France
16:33 le regroupement des parcelles et l'arrachage des haies
16:36 pour simplifier le travail agricole.
16:39 ...
16:53 D'un côté, on achète un tracteur, donc,
16:55 mais de l'autre, on veut remodeler de petites parcelles
16:58 en plantant des haies et en renforçant celles
17:01 qui ont pâti des records de chaleur de ces dernières années.
17:04 ...
17:13 On retourne au domaine du petit Saint-Jean
17:15 pour trouver des conseils.
17:17 Nicolas teste différentes configurations de haies
17:20 pour différentes fonctions.
17:21 -Donc là, on est au niveau d'une haie fruitière,
17:26 plutôt une haie consacrée vraiment pour la biodiversité.
17:30 ...
17:34 Là, on est plutôt sur une haie brise-vent.
17:37 ...
17:43 Donc là, on est sur un autre type de haie.
17:46 C'est une haie pastorale, en fait, fourragère.
17:49 Donc l'idée, c'est d'intercaler entre différentes cultures
17:54 ce type de haies,
17:56 qui, à terme, pourront apporter une ressource
17:59 aussi pour les herbivores, notamment les vaches ou les brebis.
18:02 Et donc là, on a fait alterner à la fois
18:06 des arbres qui produisent des feuilles
18:09 qui sont assez appétantes et intéressantes
18:12 pour le bétail.
18:14 On a du murier,
18:16 on a des chênes,
18:18 on a des cormiers,
18:20 on a des tilleuls,
18:23 on a des cerisiers de Sainte-Lucie,
18:28 et puis on a surtout démontré
18:29 que la teneur nutritive des arbres
18:32 est équivalente au meilleur fourrage qui puisse être.
18:35 D'où l'intérêt, effectivement,
18:37 de remettre ces haies et ces systèmes en place,
18:41 surtout dans un cadre de réchauffement
18:43 et de changement climatique.
18:45 On a des étés de plus en plus chauds
18:47 et où, du coup, l'enherbement et les fourrages
18:50 ont du mal à pousser.
18:52 ...
18:54 Par exemple, cette année, on a eu, sur toute l'année,
18:57 270 mm de pluie,
19:00 alors qu'on est plutôt dans une moyenne de 700 mm.
19:03 ...
19:06 Avec 270 mm de pluie, on se rapproche vraiment
19:09 des climats beaucoup plus secs
19:12 qu'on rencontre au sud de l'Espagne
19:14 et en Afrique du Nord, maintenant.
19:16 -Enfin, une piste pour essayer de moins pâtir
19:20 des effets du réchauffement climatique.
19:23 -Les haies brisent le vent et maintiennent l'humidité.
19:26 Elles aident l'eau de pluie à s'infiltrer en profondeur
19:30 et limitent l'érosion des sols.
19:32 Ce sont aussi des corridors végétaux
19:35 qui permettent à la faune sauvage
19:37 de circuler dans des paysages très transformés par l'homme.
19:41 Au domaine du petit Saint-Jean,
19:44 c'est toute l'efficience économique
19:46 de ces accotés de l'agriculture
19:48 que Nicolas essaie de prouver.
19:50 -Derrière la question,
19:53 c'est combien ça coûte et combien ça rapporte.
19:57 C'est essentiel.
19:58 Si on n'arrive pas à faire des bénéfices
20:01 pour transférer ce qu'on fait, ça va être compliqué.
20:04 -C'est-à-dire prouver que l'agroforesterie, ça marche ?
20:07 -Prouver que derrière, on arrive à atteindre des équilibres
20:11 en mélangeant, en associant des cultures différentes.
20:14 Musique douce
20:16 ...
20:22 -Pour le moment, niveau efficience économique,
20:25 nous sommes à zéro.
20:26 Alors, on compense en misant sur la biodiversité.
20:30 Nous relâchons des hérissons
20:32 qui ont été recueillis dans un centre de soins
20:35 de la faune sauvage.
20:36 ...
20:50 Avec l'épanouissement des fleurs,
20:52 nous installons nos premières ruches.
20:54 Ici, le printemps est de courte durée.
20:57 La sécheresse nous obligera, dans quelques semaines,
21:00 à aller chercher des ressources plus au nord
21:02 pour que nos abeilles continuent à avoir à manger.
21:05 Comment fait-on pour trouver un nouvel emplacement ?
21:08 Une douzaine de ruches, ça ne se pose pas n'importe où
21:11 sans demander l'autorisation.
21:13 On avait besoin de mentors à qui poser nos questions.
21:17 On a épluché la liste des apiculteurs bio en Provence,
21:21 et on a trouvé Judith et Samuel.
21:24 Ils sont installés sur le plateau de Valensole,
21:27 mais à cette période de l'année,
21:29 une bonne partie de leurs ruches se trouve dans le Var.
21:32 ...
21:35 -C'est notre première visite de printemps.
21:37 On est au pied de la Sainte-Baume, à Brasse,
21:41 dans un rucher, un des nombreux ruchers qu'on a dans le Var.
21:45 On fait du porte-à-porte beaucoup, en fait,
21:47 pour trouver des ruchers.
21:49 On se promène, on a la chance d'être entourés
21:52 de gens qui nous conseillent des endroits.
21:54 On est chez des particuliers,
21:56 qui sont trop contents d'avoir un rucher chez eux,
21:59 qui ont souvent replanté énormément d'arbres
22:01 dans la colline, partout.
22:03 Du coup, souvent, ils viennent nous voir, on boit un café, on discute.
22:07 -Alors, nous, on travaille à deux avec Judith,
22:11 et on travaille avec à peu près 400 ruches.
22:14 Pour deux personnes, c'est pas énorme.
22:16 On n'a pas besoin de plus pour vivre.
22:19 -On est une ferme assez jeune.
22:21 On s'est installés...
22:23 Moi, ça fait 6-7 ans que j'ai des ruches,
22:26 et ça fait 3-4 ans que Jules m'a rejoint.
22:29 -Voilà, jolie ! Superbe !
22:31 -Puisque là, on était dans un truc où on n'avait pas de sous,
22:34 on travaillait beaucoup pour essayer d'avancer,
22:37 et là, ça y est, quoi.
22:39 Ça commence à aller un peu mieux économiquement,
22:42 et du coup, la priorité, maintenant,
22:44 que ça tourne économiquement, c'est la qualité de vie.
22:48 La résolution de l'année, c'est de prendre nos week-ends,
22:51 de bouquiner, de voir les copains,
22:53 et puis de...
22:54 -De couper un peu de l'eau.
22:56 -J'ai l'impression qu'on est une génération
23:01 où on n'a plus envie de faire de l'agriculture
23:03 comme des esclaves.
23:04 Il y a eu un trou générationnel
23:06 entre la génération qui faisait de l'agriculture
23:09 dans les années 50 et après-guerre,
23:11 et maintenant, quoi.
23:13 Et c'est vrai que maintenant,
23:15 on a un peu plus d'exigences de qualité de vie,
23:17 d'avoir une vie sociale,
23:19 mais bon, l'agriculture,
23:21 je pense que ça reste quand même très piège là-dessus
23:24 et on a vite tendance
23:26 à se laisser embarquer et à travailler beaucoup.
23:30 -Alors, l'opération du jour,
23:37 c'est donc de s'entraider,
23:40 faire les esseins sur l'exploitation d'une copine.
23:43 Et on avait commencé à s'entraider l'an dernier
23:45 sur plusieurs tâches,
23:47 faire les esseins, faire les traitements,
23:49 faire les récoltes,
23:50 aussi parce qu'il y en a qui ont eu des galères de vie
23:53 et qu'on n'avait pas envie de laisser tomber.
23:55 Et on s'est rendu compte que c'était génial.
23:58 Tu accomplis la tâche beaucoup plus rapidement,
24:00 tu sors de ton entre-soi.
24:02 Eux, ils travaillent en couple, nous, en couple.
24:05 Tu découvres des nouveaux endroits, des nouveaux ruchers,
24:08 des nouveaux biotopes, tu t'échanges plein d'infos,
24:11 tu parles, tu parles, tu parles, tu parles,
24:13 tu parles, tu parles, tu parles, tu parles, tu parles,
24:16 tu parles, tu parles, tu parles, tu parles, tu parles, tu parles.
24:19 Et puis, en fait, ça fait beaucoup de bien
24:21 de retrouver du travail en équipe.
24:23 Musique douce
24:25 ...
24:28 -C'est une bonne révision pratique pour nous.
24:30 Chaque printemps est l'occasion d'accroître
24:33 et de renouveler son cheptel de ruche.
24:35 C'est cela qu'on appelle faire des esseins
24:37 en prélevant des cadres avec des oeufs et des abeilles
24:40 pour les ranger. On le fait déjà,
24:42 mais sûrement pas dans les règles de l'art.
24:44 Et ça rate souvent, un coup sur deux.
24:47 -Et donc, on vérifie dès qu'on a une reine,
24:49 évidemment qu'on ne va pas en marquer,
24:51 et on ne prendra un essein
24:55 qu'aux ruches qui ont plus de six couvins.
24:58 Donc là, du coup, on va chercher la reine.
25:01 Ah, elle est là.
25:05 Elle est bien peinte, un superbe moment peinte.
25:08 On la met dans une petite cage.
25:12 Et là, c'est parti.
25:15 ...
25:18 -Au niveau naturel, une ruche, si on la laisse faire,
25:21 au printemps, elle va s'aimer.
25:23 La moitié de la colonie va partir avec l'ancienne reine
25:27 et va tenter sa chance d'établir une nouvelle colonie
25:30 à un nouvel endroit.
25:32 Ce que va faire l'apiculteur, c'est prélever des esseins,
25:35 faire des divisions. Sinon, les abeilles ne nous attendent pas
25:38 à faire des esseins.
25:39 ...
25:45 -On a fait deux séries d'esseins.
25:47 S'il nous en faut 300, 400 pour vivre,
25:49 on sait bien qu'on en hiverte plutôt 500
25:52 pour au cas où il y a de la casse,
25:54 au cas où t'as un pépin d'intoxication,
25:56 un pépin de varroa, tu te fasses voler des ruches.
25:59 Il en faut toujours 100 de plus.
26:01 ...
26:04 -Le point commun de tous nos modèles,
26:06 c'est de pratiquer une agriculture paysanne,
26:09 c'est-à-dire à petite échelle, soucieuse de l'environnement,
26:13 productrice d'enraies alimentaires,
26:15 mais aussi de liens sociaux avec d'autres paysans
26:18 et avec les consommateurs.
26:19 ...
26:25 Dans cette philosophie agricole,
26:27 les petites fermes diversifiées comme la nôtre
26:30 essaient de tendre un maximum vers l'autonomie.
26:33 ...
26:35 Ce serait pratique, par exemple,
26:37 de faire pâturer notre saint-foin par quelques brebis.
26:40 Les arbres leur fourniraient de l'ombre
26:42 et leur déjection engraisserait les champs.
26:44 Mais l'élevage, c'est encore un nouveau métier à apprendre.
26:49 Dans un premier temps,
26:50 le mieux, ce serait d'accueillir le troupeau de quelqu'un d'autre.
26:54 On nous a parlé de Barbara et Vincent.
26:57 Ils ont passé l'hiver en Provence avec leurs brebis.
27:00 Aujourd'hui, c'est la tonte.
27:03 Avant de reprendre allégé le chemin des montagnes
27:06 dans les Alpes-Maritimes.
27:08 Ils pratiquent l'élevage comme des herbaciers.
27:12 Ils n'ont pas de terre à eux.
27:15 Ils déplacent sans cesse leurs troupeaux
27:17 pour trouver de l'herbe fraîche dans des champs en friche
27:20 ou même des terrains abandonnés.
27:22 -La Provence, c'est compliqué, surtout la charge mentale.
27:25 C'est ce truc d'avoir tout le temps cette responsabilité
27:29 vis-à-vis de plein de gens.
27:30 Vis-à-vis de l'animal et de la vie, de risque, vie et mort.
27:34 Mais les brebis sont toujours à côté de chez quelqu'un,
27:37 à côté d'une route.
27:39 Il y a toujours quelqu'un qui peut t'appeler
27:41 pour te dire qu'il y a un problème avec tes brebis.
27:44 Pour moi, c'est pas facile.
27:46 Là, on a partagé le troupeau cet hiver
27:48 avec des copains qui ont pris en charge l'hiver.
27:51 C'était trop bien. On a pu faire autre chose.
27:53 Ca baisse d'un cran dans la tête, ce truc de responsabilité.
27:57 Tu reviens, t'es plus à même de le prendre en charge.
28:00 Tu l'as pas fait pendant un moment.
28:02 C'est comme les enfants, c'est super.
28:04 Des fois, on est content de les laisser quelques jours.
28:07 Je traîne la pâte,
28:13 parce que j'aimerais plus de mixité.
28:16 Plus de mélange,
28:17 qu'on soit pas juste poisonné dans notre métier.
28:20 Du coup, ouais.
28:21 Ca fait 20 ans que tu te poses des questions.
28:23 On a perdu la culture un peu spontanée,
28:28 la culture populaire de la vente d'agneaux
28:30 qui se fait au bord de la route.
28:32 Ca devient compliqué.
28:34 Faut savoir vendre, se montrer.
28:35 C'est pas notre métier.
28:37 On fait des agneaux, on peut pas tout faire.
28:39 -Pour se renouveler, briser l'isolement
28:44 et diversifier un peu leur débouché,
28:46 Barbara et Vincent font partie de la Sarriette,
28:49 une association qui réunit une vingtaine de petits éleveurs
28:53 du sud-est de la France.
28:56 -On se donne des coups de main pour les chantiers de tonte
28:59 pour trier la laine et on valorise la laine par le biais de Stasso.
29:03 En faisant produire en France des produits finis
29:06 comme des chaussettes, des pelotes de laine,
29:08 des petits vêtements sous-corps,
29:10 des couettes, des oreillers, des semelles, entre autres.
29:13 -C'est mérinisé.
29:14 -C'est bien.
29:16 -La brebis rouge, mais elle doit avoir des grands-parents mérinos.
29:20 Ca part en chaussettes direct.
29:22 -Ca, c'est bien.
29:23 -Ce n'est pas mérinisé.
29:25 -Ces laines-là, ça ne vaut plus rien à notre époque.
29:27 C'est tout traité en Chine. Ca ne vaut rien.
29:30 Dans les Alpes-Maritimes,
29:32 la coopérative lénière l'achetait à 35 centimes le kilo.
29:35 Une brebis, ça fait à peu près 2 kilos.
29:37 Ca fait 70 centimes.
29:39 Là, le tondeur, il prène 1,90 euro.
29:41 C'est plié. Tu comprends qu'on ne gagne pas d'argent,
29:45 on en perd.
29:46 Et là, après sept ans d'existence,
29:48 on a réussi à créer un emploi à plein temps
29:50 qui marche de manière complètement autonome
29:53 grâce à l'argent de l'association.
29:55 On n'a pas de subvention.
29:57 Et on se paye la laine triée,
29:58 donc à peu près la moitié de la laine totale,
30:01 5 euros le kilo.
30:02 Là, sur l'année, ça fait gagner nous 600 euros, par exemple.
30:07 Ca reste un peu anecdotique,
30:09 mais symboliquement, c'est vachement fort
30:11 de gagner 600 euros au lieu de 100 ou 50 euros.
30:14 Il y a des années où les gens ne veulent pas venir la chercher.
30:18 Et c'est hyper chouette.
30:19 On porte toutes ses chaussettes, ses couettes, ses oreillers.
30:23 On est habillés avec la sarriette.
30:24 Elle est valorisée vraiment.
30:26 -Tout au stress !
30:27 Musique rock
30:29 -Viens, mon gars !
30:30 ...
30:39 -Pas de terre à eux, très peu de charges,
30:42 des pâturages fluctuants au gré des saisons.
30:45 L'élevage pratiqué par Barbara et Vincent
30:48 a fait ses preuves économiquement,
30:50 mais ne s'inscrit pas dans le parcours habituel
30:52 préconisé par la Chambre d'agriculture.
30:55 Pour nous, les moins de 40 ans,
30:56 cette dernière propose une dotation financière
30:59 pour se lancer.
31:01 Un peu plus de 30 000 euros en moyenne.
31:04 En contrepartie, il faut s'engager à produire
31:06 un revenu équivalent au SMIC au bout de 4 ans,
31:09 passer un diplôme agricole,
31:11 tenir une comptabilité agréée
31:13 et planifier avec précision tous ses investissements.
31:17 ...
31:19 Sachant qu'un arbre fruitier met 5 ans en moyenne
31:22 avant de produire, on a trouvé plus sage
31:24 de garder notre travail dans le documentaire,
31:27 d'acheter du matériel de récup'
31:29 et de postuler pour des subventions privées
31:31 qui encouragent l'agroforesterie.
31:34 Cela nous a permis d'acheter tous les arbres
31:36 que nous avons plantés.
31:38 L'irrigation reste à notre charge
31:40 et on commence malgré tout à s'affoler un peu
31:43 face aux montants des dépenses.
31:45 Et la perspective encore très incertaine
31:47 de récolte et de gains.
31:49 ...
31:51 Quand elle s'est lancée dans les plantes aromatiques,
31:54 Clémentine n'a pas non plus demandé
31:56 la dotation jeune agriculteur,
31:58 préférant suivre son propre rythme.
32:01 ...
32:03 -A la Chambre d'agriculture, ils disent
32:05 que la 1re année, on produit 30 % de ce qu'on peut vraiment produire,
32:09 la 2e année, 50 %, la 3e année, 70 %,
32:11 et la 3e année, 50 %.
32:13 La 3e année, 70 %, et en gros, ce serait qu'à partir de la 4e année,
32:17 on a une vraie idée de ce qu'on peut produire
32:20 face à la vitesse d'apprentissage.
32:22 Et ça, c'est un peu incompréhensible.
32:24 C'est pour ça aussi qu'il faut être patient
32:27 et un peu raisonnable dans les investissements,
32:30 parce que sinon, on se fait peur.
32:32 En tout cas, j'avais besoin d'une installation
32:34 qui soit très progressive, notamment pour me dire
32:37 que si ça me plaît pas, je veux pouvoir faire marche arrière.
32:41 Parce qu'en fait, moi, quand je me suis installée,
32:44 j'avais pas de droit au chômage,
32:45 donc il y avait un impératif de résultat.
32:48 Mais ça peut aller assez vite.
32:50 Je suis contente des résultats économiques de ma ferme.
32:53 Même, je pense que ma ferme, elle est plus rentable
32:56 que la plupart des grosses fermes
32:58 qui s'installent avec des gros investissements.
33:00 C'est juste que c'est moins confortable pour moi au début,
33:04 mais progressivement, ça le sera plus.
33:06 Je mets des petites fleurs sur mes squelettes,
33:09 comme ça, les gens les reconnaissent
33:11 entre le marché et le magasin.
33:12 Quand ils voient des mesquelins avec des fleurs,
33:15 ils savent que c'est moi.
33:17 -L'un des problèmes en agriculture,
33:22 c'est que souvent, le prix payé par le consommateur final
33:25 n'enrichit pas le producteur,
33:27 mais le revendeur, qui fait une marge importante.
33:30 Alors, cas cela ne tienne,
33:32 pour se réapproprier cette valeur ajoutée,
33:35 cette fille épatante de 32 ans à peine
33:37 a créé, avec d'autres paysans,
33:39 la Bardane, un point de vente collectif.
33:43 -La Bardane, c'est un magasin de producteurs au sens strict.
33:49 On est 30 associés et on vend nos produits ici
33:52 comme si c'était sur nos fermes.
33:54 C'est beau, tout ça, là, c'est trop beau.
33:57 -C'est bien. -Ouais, c'est chouette.
33:59 On a deux salariés, un espace de vente en commun.
34:02 Chacun fait des permanences
34:03 et la commission, elle sert à payer nos salariés
34:06 et le lieu que, du coup, on a acheté en SCI
34:10 pour pérenniser l'aventure.
34:12 On demande à chaque nouvel agriculteur
34:15 d'adhérer à une charte de valeur.
34:17 On a des cahiers des charges sur les types de production.
34:21 Par exemple, en légumes, on a écarté
34:23 tout ce qui était production hors sol.
34:25 On a écarté aussi tout ce qui était produit
34:30 avec des pesticides.
34:34 Ou tout simplement, même sur la surface,
34:36 on a limité la surface pour éviter d'avoir des fermes industrielles.
34:41 Je pense que c'est pour ça que les gens viennent
34:44 dans les magasins de producteurs.
34:45 -Attends, attends, c'est passé.
34:48 Il y a pas d'oignon blanc avec les papas et la maman ?
34:53 -Moi, je sais, en fonction de la taille du magasin,
34:56 si je vais vendre 10 bottes de persil par jour
34:58 ou 50 bottes de persil par jour.
35:00 Et ça, c'est une vraie sécurité
35:02 par rapport au marché,
35:04 parce que les marchés, quand il fait mauvais,
35:07 on vend très peu.
35:08 Là, le magasin, le temps influe relativement peu.
35:12 C'est une vraie sécurité pour les fermes
35:14 d'avoir un magasin de producteurs.
35:16 -Qu'est-ce qu'on fait avec ça ? -Avec quoi ?
35:18 -Pour les oignons qui germent, on les écarte.
35:22 Le fait de travailler tous ensemble,
35:24 ça permet une meilleure compréhension
35:26 des problématiques des autres, et c'est hyper stimulant,
35:29 même si ça prend beaucoup de temps.
35:31 C'est évident pour moi que le magasin vient compléter...
35:34 Euh...
35:35 L'individualité de ma ferme. Voilà.
35:39 Musique jazz
35:40 ...
35:55 -L'heure de notre première récolte a sonné.
35:59 Le Saint-Fouin est magnifique.
36:01 Il fait parfois plus d'un mètre.
36:03 C'est la période des foins.
36:05 ...
36:08 Pour notre première année, difficile de se sentir isolée
36:11 sur notre exploitation, tant on reçoit de coups de main.
36:14 ...
36:15 Je précise que tout ça n'est pas très légal.
36:18 Ce travail devrait être encadré par un contrat,
36:20 mais on est encore incapables de s'organiser,
36:23 de planifier correctement.
36:25 A l'approche de l'été,
36:26 le calendrier agricole se bouscule.
36:28 Tout arrive en même temps.
36:30 On utilise une partie de notre foin
36:32 pour pailler les arbres et limiter l'évaporation,
36:35 mais déjà, la sécheresse a fait quelques dégâts.
36:39 ...
36:43 Comme nous avons coupé les fleurs,
36:45 il va falloir déplacer nos abeilles vers des prairies
36:48 en altitude où elles trouveront encore des ressources.
36:51 On a déniché un coin sur le plateau de Valensole,
36:55 où Judith et Samuel commencent, eux aussi,
36:58 leur récolte.
36:59 ...
37:05 -Quand on intervient sur un rocher,
37:07 il ne faut pas non plus trop traîner.
37:10 C'est pas bon pour les ruches de rester ouvertes longtemps.
37:13 Il y a tout un microclimat à l'intérieur d'une ruche.
37:16 A chaque fois qu'on en ouvre une, c'est une perturbation.
37:19 C'est un mal nécessaire d'ouvrir les ruches
37:21 pour s'en occuper,
37:24 pour faire ce qu'on a à faire en tant qu'applicauteur.
37:27 Mais quelque part, au plus vite on la referme,
37:31 au mieux c'est pour elle.
37:33 ...
37:38 Du coup, on utilise un souffleur à feuilles
37:40 pour chasser les abeilles de façon mécanique.
37:43 Ca permet d'être rapide.
37:45 On arrive sur le rocher, on va réussir à récolter le rocher
37:48 à 3-4 en une petite heure.
37:50 Ca, c'est la partie pour l'applicauteur.
37:53 Et tout ce qu'il y a dans le corps de ruche,
37:56 c'est la partie pour les abeilles.
37:58 ...
38:02 Là, on est contents.
38:04 Beau cadre de miel.
38:05 Il y a un kilo et demi.
38:08 ...
38:10 Il y a un beau kilo et demi, ouais.
38:12 ...
38:14 Sur ce rocher-là, je pense qu'on est une petite trentaine de kilos,
38:17 de moyenne.
38:19 ...
38:21 Chaque année, il y a des ruches qui marchent super bien.
38:25 On ne s'attendait pas à ça.
38:26 Chaque année, il y a des ruches qui marchent moins bien.
38:29 Heureusement, toutes les ruches sont passées là.
38:32 Avoir des ruches à différents endroits,
38:34 ça nous permet de régulariser les récoltes.
38:36 ...
38:39 En fait, on est en peur d'un effondrement massif
38:42 de la biodiversité.
38:43 Il y a une étude, je crois, allemande,
38:46 qui, il y a un an, disait qu'on a perdu, en 30 ans,
38:49 80 % de la biomasse des insectes.
38:51 On produit 3 fois moins de miel
38:54 qu'il y a 30 ans, et le miel se vend 3 fois plus cher.
38:57 Pour l'apiculteur, quelque part, c'est somme nulle,
39:00 mais c'est pour produire 3 fois moins de miel qu'il y a 30 ans,
39:03 on va travailler vraiment 3 fois plus.
39:06 ...
39:14 -On passe à l'extraction du miel,
39:16 à côté de chez Samuel et Judith, à Esparon-sur-Verdon.
39:19 ...
39:25 Ils vendent seulement un quart de leur production en direct.
39:28 Tout le reste est écoulé en vrac,
39:31 donc moins cher, à la coopérative de producteurs.
39:34 ...
39:37 -Je crois que quand Sam a commencé, il a commencé, il était seul.
39:41 Et puis, la commercialisation,
39:42 c'est pas quelque chose qui l'intéresse énormément.
39:45 Sachant qu'on est en Provence,
39:47 les marchés sont saturés d'apiculteurs depuis longtemps.
39:50 ...
39:53 -Le choix de vendre en vrac, c'est déjà...
39:55 On a un produit qui se stocke et qui se conserve,
39:58 ce qui n'est pas le cas de tout le reste.
40:00 Ca nous permet de passer du temps à faire des trucs
40:02 qui nous intéressent, avec des collègues intéressants.
40:05 C'est un peu de la sélection, un petit peu du syndicalisme.
40:10 ...
40:18 Je préfère passer du temps avec les collègues
40:21 qu'avec les touristes sur le marché de Valençolles.
40:25 ...
40:29 -Nous aussi, on sait que la commercialisation
40:31 va être notre point faible. En fait, nous n'avons jamais fait ça.
40:35 ...
40:39 -C'est bien beau de récolter des bottes de foin,
40:42 mais il va falloir réussir à les vendre.
40:44 ...
40:50 Pour le moment, tous les clubs hippiques que j'ai appelés
40:53 n'en ont pas voulu. Alors, on mise sur le bouche-à-oreille
40:56 et les jardiniers qui sont friands de foin
40:58 pour pailler leur potager.
41:00 Au bout de 10 mois d'exploitation,
41:02 et grâce aux conseils de nos mentors,
41:04 nous commençons à mieux percevoir les difficultés.
41:07 ...
41:10 -Certes, les nouvelles vocations agricoles sont nombreuses,
41:13 mais au-delà de l'installation, c'est un effort constant
41:16 et soutenu pour en vivre.
41:18 ...
41:20 En venant d'un métier comme le documentaire
41:22 qui nous permet de voyager et de rencontrer plein de gens,
41:25 on aurait pu craindre que l'agriculture
41:28 constitue une forme de renfermement.
41:30 ...
41:31 Au contraire, nous n'avons jamais autant parcouru notre région
41:34 que lors de cette année d'installation.
41:37 A la recherche de semences, de matériels ou de conseils,
41:41 et en vivant au passage plein de mini-aventures
41:44 avec nos nouveaux copains agriculteurs.
41:46 Comme cette transhumance un peu particulière.
41:50 Barbara et Vincent la font à pied, à la traditionnelle.
41:55 ...
42:02 Ils franchissent 2 cols et 3 vallées
42:05 parce qu'ils n'ont pas encore trouvé de pâturage d'estive
42:08 plus près de chez eux.
42:09 ...
42:11 Cette lente migration vers les sommets
42:14 colle parfaitement à leur envie de produire une viande
42:17 avec des moyens simples et une faible empreinte carbone.
42:20 ...
42:21 -On parle beaucoup du poids de l'élevage sur la planète
42:27 comme d'une chose vachement lourdingue, quoi.
42:30 Et en vrai, ce genre d'élevage, c'est vraiment un truc
42:33 qu'on mange toute l'année de l'herbe dont personne d'autre ne veut.
42:36 Les espaces sur lesquels pousse cette herbe
42:39 ne pourraient pas servir à autre chose.
42:41 Et en fait, le poids, le coût pour la nature,
42:43 il est vraiment moindre, quoi.
42:45 ...
42:47 Y a pas de tracteur qui travaille pour nous,
42:49 y a pas de... y a pas de gasoil qui est dépensé.
42:52 Ça n'a rien à voir avec les chiffres qu'on nous sort habituellement.
42:56 On dit un steak, ça coûte je sais pas combien de litres de flotte,
42:59 combien de litres de gasoil. Et ça, c'est chouette.
43:02 ...
43:04 Bon, après, ça attire plein de touristes en bagnole,
43:07 alors je sais pas quoi en penser.
43:09 ...
43:10 Bonjour. -Bonjour.
43:12 ...
43:17 -Du coup, les grebniers ont marché ce matin,
43:20 c'est un peu le milieu d'étape.
43:22 En fait, on aurait pu aller plus loin,
43:24 mais après, tu peux pas t'arrêter où tu veux non plus.
43:27 Là, on est chez des... Y a un mergé,
43:29 et il faut respecter...
43:31 Il faut respecter les herbages.
43:33 Ils louent, nous, on est juste de passage.
43:35 ...
43:37 -Vous avez fait un grand pas ? -4 filets, voyons.
43:40 -C'est bien, c'est bien. 4 filets, c'est bon.
43:42 -C'est plaisant quand tu connais la transgence,
43:44 parce que quand c'est la 1re fois que tu organises une transgence,
43:48 il faut contacter tous les éleveurs, savoir où tu peux t'arrêter,
43:51 préparer les étapes, sur la carte.
43:53 Là, on connaît les éleveurs, ils nous connaissent,
43:56 y a pas trop de litiges, ils nous prêtent de l'herbe.
43:59 -C'est l'un des piliers de l'agriculture paysanne,
44:01 de profiter des ressources abondantes
44:04 et d'économiser celles qui sont rares.
44:06 ...
44:09 En transhumant, Barbara et Vincent suivent la pousse de l'herbe
44:13 en fonction des saisons et pratiquent un élevage au grand air
44:16 toute l'année.
44:17 ...
44:22 -Les équipes au top, c'est trop bien.
44:24 T'arrives le soir, les gens savent quoi faire,
44:26 débattre, poser les tentes, aller chercher du bois.
44:29 Et puis faire gaffe à les petits réflexes,
44:31 comment tenir les ânes dans les endroits un peu chauds,
44:35 les descentes, regarder si le bain tourne pas.
44:37 Si t'es tout seul à gérer tout ça,
44:39 ouais, des fois, c'est un peu stressant.
44:41 ...
44:46 -Allez, Luc !
44:48 ...
44:53 -On va passer de là au col, on descend tout le ballon,
44:56 et on remonte en face, là-bas,
44:58 dans le pan mi-onde, mi-soleil,
45:00 avec de la roche mélangée d'herbe, avec des petits mélèzes.
45:03 ...
45:09 Ce qu'elles aiment bien, c'est ça, là,
45:11 les petits trucs comme ça.
45:12 Ça, elles adorent.
45:14 Ça se voit, quoi, que c'est bon, non ?
45:16 ...
45:18 Ça, elles aiment bien.
45:19 Mais tu vois, ça, par exemple, ça se voit, c'est moins bon, quoi.
45:23 Je sens que c'est plus raide, que c'est plus...
45:25 Ça, elles adorent, les petits trèfles, comme ça.
45:28 Les trucs, il faut que ce soit un peu gras,
45:30 un peu tendre, un peu goûteux, et puis pas trop raide, quoi.
45:33 ...
45:35 Je pense que les pensées, elles doivent bien aimer.
45:38 C'est comme ça, elles sont saisonnées, les brebis.
45:40 Elles savent qu'on mange beaucoup de chocolat,
45:43 et qu'on mange beaucoup de soupe de navet.
45:45 C'est qu'une espèce de grand magasin de chocolat différent.
45:48 Du coup, elles passent beaucoup de temps à chercher
45:51 plutôt qu'à manger, alors qu'hiver, elles sont résignées.
45:54 ...
45:56 -Oh, j'ai faim !
45:57 ...
46:00 Oh, celui-là, il est bon ! Ils ont pas tous le même goût !
46:03 ...
46:08 -Mais ça reste un plaisir, nous, si on fait ça,
46:11 c'est pas tant pour faire des économies.
46:13 Un camion, ça court pas si cher que ça.
46:15 Là, c'est que 5 jours, mais c'est les bonnes périodes de l'année.
46:19 On voit les copains, il y a du monde,
46:21 on se fait des soirées au foot-bois.
46:23 C'est chouette qu'il y ait encore des gens qui montent à pied,
46:26 parce que nous, on peut le faire, on habite pas loin,
46:29 on a un petit troupeau.
46:30 C'est cool, tant qu'on peut le faire, faut le faire.
46:33 ...
46:42 -Dernier temps fort de l'année agricole, les moissons.
46:45 Je suis impatiente de revenir sur les terres de Sébastien et Elodie,
46:49 les paysans boulangers,
46:50 pour voir le résultat de leurs expérimentations
46:53 en matière de céréales.
46:54 ...
47:01 Pourtant, je ne suis pas sûre de comprendre
47:03 ce que je découvre en arrivant.
47:05 ...
47:10 -Là, cette année, j'ai rien récolté.
47:12 ...
47:15 Je pense qu'il y avait pas assez de couverture végétale sèche.
47:20 Il y a plein de graines sauvages qui ont germé.
47:24 Elles savent mieux se nourrir.
47:26 Elles sont adaptées à vivre à la rude.
47:28 Le blé, il est pas trop adapté,
47:30 même si on essaie de le réadapter.
47:32 ...
47:39 Là, à terme, le pain, on va l'arrêter.
47:41 ...
47:43 Au début, le pain, c'était surtout aussi un plaisir d'en manger.
47:47 Tant faire, autant faire plus pour en vendre.
47:49 ...
47:53 Vu qu'on est devenus allergiques au gluten
47:56 et qu'on arrive plus à le manger,
47:58 c'est un moyen agréable de faire quelque chose
48:01 alors qu'on peut même pas en profiter.
48:03 ...
48:05 -Ca te fait quoi, en fait ?
48:07 -Ca...
48:08 Lourd à digérer, très lourd à digérer,
48:11 plus de force, complètement fatigué,
48:13 puis une grosse barre au niveau des yeux.
48:15 J'ai sûrement enfoncé les yeux dans le crâne.
48:18 ...
48:21 -Surtout que ça s'est cumulé à d'autres années,
48:24 où les raclettes n'ont pas toujours été là.
48:26 Quand on a démarré,
48:29 c'était aussi pour soutenir le village
48:32 et proposer du pain, parce qu'il n'y avait pas de boulangerie.
48:35 Et que depuis, la boulangerie, c'est...
48:38 C'est ouverte.
48:41 Donc, voilà, on se sent moins
48:44 de devoir porter l'alimentation du pain à toi.
48:47 On se sent moins investis de cette mission.
48:49 ...
48:53 ...
48:57 -Pourtant, ça sent tellement bon dans leurs fournils.
49:00 Je vois bien qu'ils sont un peu tristes
49:02 de ce bouleversement dans leur vie.
49:04 Mais petit à petit, leur projet se recentre
49:07 sur l'idée d'une forêt comestible pérenne,
49:09 à moitié sauvage et à moitié cultivée.
49:12 ...
49:14 -Ca prend forme, un peu, en nous parlant, je réalise ça.
49:17 Qu'on saute dans le vide et que c'est vrai que...
49:21 C'est un bon revenu, le pain, ça fonctionne bien,
49:26 mais voilà, ça a plus de sens, donc stop, quoi.
49:31 ...
49:36 Mais d'avoir la contrainte de la plante annuelle
49:39 qui va semer chaque année, si on pouvait sortir de ça,
49:43 ce serait plus léger.
49:44 Avoir moins à faire au printemps,
49:48 mais juste à récolter, quoi.
49:50 -Avoir plus de temps, mais pour faire quoi ?
49:55 -Je crois pour avoir la place
49:57 pour développer d'autres projets, d'autres idées.
50:02 Je crois la place, surtout, c'est ça.
50:06 La place et le vide pour le nouveau,
50:08 parce qu'il n'y a que comme ça que le nouveau peut arriver,
50:12 une fois que c'est vide.
50:13 ...
50:20 -Comment vous raconter nos moissons, maintenant ?
50:23 Elles n'ont rien de comparable, bien sûr.
50:25 Nous n'avons pas expérimenté de techniques innovantes
50:29 ou respectueuses de la vie du sol.
50:31 Nous n'avons pas semé nous-mêmes,
50:33 nous n'avons fait que répéter des recettes
50:35 cent fois éprouvées.
50:37 -Malgré tout, quelle satisfaction
50:39 de voir les épimures d'orges et de blé.
50:42 ...
50:44 Finalement, au terme de cette année chaotique,
50:47 mais exaltante, nous avons produit
50:49 3 tonnes d'orges que nous avons faites malter
50:51 pour fabriquer de la bière avec notre houblon,
50:54 1 tonne de blé tendre que nous avons fait moudre en farine,
50:57 1 tonne de pois chiches qu'il a fallu trier en partie à la main
51:02 pour les mettre dans de petits sachets,
51:04 250 litres d'huile d'olive, du miel de romarin,
51:08 de garigue et de lavande,
51:09 et de la tisane cueillie dans la nature et dans les champs.
51:13 ...
51:15 Il nous faudra plusieurs années de recul
51:17 pour savoir si l'expérience est concluante économiquement.
51:21 Mais d'un point de vue agronomique,
51:23 intellectuel, humain,
51:25 cette aventure s'avère passionnante de bout en bout.
51:28 ...
51:30 Grâce à nos mentors, nous sommes mieux armés
51:32 à identifier les écueils, voir venir la lassitude
51:36 et tenter de produire des ressources pour l'alimentation humaine
51:39 sans que cela se fasse au détriment de la vie sauvage.
51:43 ...
52:13 ...

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