Jeudi 11 mai 2023, SMART JOB reçoit Véronique Reille Soult (CEO, Backbone Consulting) , William Thay (président, Le Millénaire) et François Vigne (Associé, Sycomore Corporate Finance)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:12 Le cerclérage, les experts, la réforme des retraites et les décrets d'application, la main tendue d'Elisabeth Borne au syndicat.
00:18 Est-ce dire que c'est doucement le chant du signe de la contestation ?
00:23 Peut-être pas et on va parler du RSA, le donnant-donnant, c'est-à-dire quelques heures de travail en échange de cette allocation.
00:31 Ça ne se passe pas forcément très bien, il y a quelques voix qui se sont élevées pour contester cette proposition.
00:36 On en parle avec mes invités, Véronique Raïssouïte, merci d'être avec nous.
00:40 C'est toujours un plaisir. Vous êtes la CEO de Backbone Consulting et vous avez devant vous votre dernier livre.
00:46 Il sort aujourd'hui, donc il est tout chaud des imprimeries. "L'ultime pouvoir, la vérité sur l'impact des réseaux sociaux".
00:54 Vous n'êtes pas en train de scier la branche sur laquelle vous êtes assise ?
00:56 Pas du tout.
00:57 C'est ça, on est bien d'accord.
00:58 Non, c'est donner des clés de compréhension et essayer de voir comment on sort de cette situation compliquée.
01:03 Compliquée. Merci d'être là. William Tay est à mes côtés, président du Le Millénaire. Bonjour William.
01:08 Bonjour.
01:09 Ravi. Et François Ving, ravi de vous accueillir. François, associé chez Sycomore Corporate Finance.
01:14 Et vous êtes membre des entrepreneurs et dirigeants chrétiens.
01:17 Tout à fait.
01:18 J'ai envie de regrouper les deux. Il y a à la fois les décrets d'application qui vont partir, qui sont d'ailleurs sur les bureaux du Conseil d'État,
01:25 pour examiner l'aspect très concret de l'application. Et au même moment, Elisabeth Borne tend la main au syndicat.
01:32 Dans quel état d'esprit vous vous situez, nous tous, et finalement l'état d'esprit des Français ?
01:36 Est-ce que vous avez le sentiment qu'on est en train, et peut-être commençons par Véronique, on est en train de solder ce mouvement social ?
01:42 Ou pas ? Ou pas ?
01:44 En tout cas pour les Français, le fait que les syndicats rencontrent la première ministre, c'est plutôt une bonne nouvelle.
01:50 Les syndicats sont ceux qui sont sortis un peu gagnants de cette séquence.
01:54 Gagnants parce que les Français ont apprécié leur alignement et leur bon sens.
01:59 Et d'ailleurs, dans cette consultation, c'est le maître mot, le bon sens, en disant, on doit d'abord se poser la question de quoi ?
02:05 Quel est l'objectif ? De quoi allons-nous parler ? Et comment on va en parler ?
02:09 Et globalement, les Français sont plutôt attentistes et positifs, même s'il y a encore pas mal de voix qui s'élèvent pour dire,
02:15 bon, franchement, on aurait pu parler de ces sujets avant.
02:19 On est d'accord.
02:20 Voilà, c'est fait, c'est ainsi.
02:22 Je précise que le CESE organisait hier et mercredi une grande journée autour du travail.
02:29 Journée dans laquelle Sophie Binet, le patron de la CFDT, Laurent Berger, tout le monde était autour.
02:34 On avait l'impression qu'on préparait la réforme des retraites.
02:36 Sauf qu'on l'a fait à l'envers.
02:38 Et maintenant, c'est quoi ? Est-ce qu'on est en train de solder le sujet ?
02:40 D'une manière, je dirais, un peu douce.
02:42 Il reste encore des casseroles, il reste encore des ministres qui se font interpeller, évidemment.
02:46 Mais on a le sentiment que tout ça est en train de doucement s'atténuer.
02:50 Peut-être me trompe-je ?
02:51 Non, mais je pense que tout le monde souhaite sortir de la crise.
02:53 Ça fait maintenant plusieurs mois qu'on est dans la crise, qu'on est dans une phase qui est préoccupante par rapport à la démocratie française et pour la société.
03:00 Donc je pense qu'il est très souhaitable d'en sortir.
03:02 Tout le monde cherche à en sortir.
03:03 Il faut trouver un chemin de sortie.
03:05 Et on sait que c'est toujours compliqué quand il y a un rapport de force, quand il y a en plus un jeu de rôle.
03:08 Donc il faut trouver ce chemin de sortie.
03:10 Chaque acteur essaie d'y contribuer, d'y mettre sa pierre.
03:12 Et nous, aux entrepreneurs et dirigeants chrétiens, nous sommes très favorables au dialogue social.
03:16 Nous nous croyons véritablement au rôle des partenaires sociaux.
03:18 Et donc nous sommes très favorables au fait que le dialogue reprenne enfin.
03:21 Il était temps.
03:22 16-17 mai prochain, donc, en format bilatéral.
03:25 Alors c'est du jargon de dialogue social et de syndicat.
03:28 On se voit un peu en tête à tête.
03:30 Et ça évite la grande tablée où personne ne se dit rien, parce que c'est un peu ça le sujet.
03:34 Dans quel état d'esprit vous vous situez, vous, Yemtev ?
03:36 Vous dites que, bon, finalement, le gouvernement a plutôt réussi son coup,
03:40 parce que globalement il y a eu six mois de mouvement social.
03:42 Ils vont renouer le dialogue sur des sujets importants, autour du travail, de la formation, des lycées professionnels.
03:48 Et puis l'été va arriver, on n'en parlera plus ?
03:51 Le point est mixte.
03:53 Le gouvernement a réussi à faire passer sa réforme des retraites.
03:55 Et la prise des décrets d'application veut dire au syndicat,
03:58 ça ne sert à rien de continuer à manifester, vous n'obtiendrez pas le retrait de la réforme.
04:01 Ça veut dire ça.
04:02 Donc le seul mouvement impossible, c'est le RIP qui a été refusé par le Conseil constitutionnel.
04:05 Le 8 juin prochain.
04:06 Le 8 juin prochain, éventuellement.
04:08 Avec la loi Lyot.
04:09 Avec la loi Lyot, éventuellement.
04:10 Donc, hormis ça, les décrets d'application sont passés, donc arrêtez de manifester.
04:13 De toute façon, on ne retirera pas notre réforme des retraites.
04:16 Ensuite, après, les syndicats sont à la croisée des chemins.
04:18 Ils ont augmenté leur code de popularité et leur utilité dans toutes les enquêtes d'opinion.
04:22 Avant, un syndicat était au même niveau d'enquête d'opinion qu'un parti politique.
04:25 Là, maintenant, ils sont montés, donc ils ont une utilité pour les Français.
04:28 Comment ils utilisent leur capital politique récemment obtenu en vue d'obtenir quoi ?
04:32 Est-ce qu'ils restent dans une posture révolutionnaire ou est-ce qu'ils vont dans une posture plutôt de social-démocratie classique,
04:37 donc de rapports de négociation ?
04:39 Un syndicat doit être un intermédiaire entre les Français et le pouvoir politique et les décideurs politiques.
04:44 Mais Véronique disait qu'ils avaient quand même montré des capacités pacifiques, des coûts.
04:48 C'est le point.
04:49 Soit on reste sur la culture révolutionnaire classique qu'on a obtenue depuis les congrès de la SFI ou au congrès de Tours, etc.
04:54 Soit ils sont dans une posture plutôt nordique, à la demande ou scandinave,
04:58 dans le but d'obtenir leur capital politique en vue d'avoir des obtentions et des avancées pour les salariés.
05:03 Et si par cas ils font ça, est-ce qu'on ne passera pas à un syndicalisme du XXIe siècle ?
05:07 C'est la question que je pose.
05:08 Plus serviciel, quoi.
05:10 Et pourquoi ils ont intérêt à le faire maintenant ?
05:12 Parce que premièrement, les manifestations conduisent à une radicalisation de la violence.
05:16 Et c'est eux qui vont être jugés responsables comme ce qui s'est passé lors du 1er mai.
05:19 Donc si par cas vous continuez comme ça, les casserolades, etc.,
05:22 il y aura de plus en plus de violence et ce seront les syndicats qui seront tenus responsables.
05:25 Le deuxième point, c'est qu'ils doivent justifier leur utilité maintenant.
05:29 C'est-à-dire qu'ils ont obtenu un capital politique.
05:31 À quoi sert leur capital politique si ce n'est pour obtenir des avancées pour les salariés ?
05:34 Et le troisième point, c'est qu'en fait le gouvernement a intérêt aussi à négocier avec eux
05:39 et leur donner quelques gains parce qu'Emmanuel Macron est obligé de passer l'étape et de pas donner de moralisme.
05:45 Du gain ou du grain ? On dit souvent du grain à moudre.
05:48 Il faut donner aux syndicats un peu de grain à moudre parce que c'est une expression.
05:50 Ou de l'argent, plus simplement.
05:51 Ou de l'argent, plus simplement. Mais vous n'êtes pas d'accord ? Je vais lui réagir.
05:54 Non, c'était juste sur les syndicats. Ils n'ont pas du tout été tenus responsables du premier mai et de la réalité de ce qui s'est passé.
05:59 Après, oui, bien sûr, il va falloir qu'ils transforment. Est-ce que ça sera un syndicalisme moderne ou pas ?
06:04 On va dire qu'il y a une partie de l'opinion quand même qui va continuer à être un peu insatisfait.
06:09 Et le vrai sujet, on le sort très abîmé.
06:11 Un bruit de fond.
06:12 Oui, et on le sort surtout très abîmé parce qu'il y avait déjà une défiance des Français envers les politiques.
06:18 Et là, la défiance, elle est énorme.
06:20 Elle est gardée par le président de la République par ailleurs.
06:22 Exactement.
06:23 Qui n'arrive pas à redresser sa cote.
06:24 C'est compliqué. Et surtout, les sujets que vous souhaitiez aborder aujourd'hui, la défiance, elle est systématiquement là.
06:31 Donc, dès que vous annoncez des chiffres, il y a une défiance sur la réalité de ce que vous annoncez.
06:35 Dès que vous menez un début de négociation, il y a une défiance sur la réalité de votre sincérité.
06:40 Bref, la défiance, elle va être là. Ça risque d'être quelque chose de très compliqué pour le gouvernement.
06:45 Le projet de loi lycée professionnel France Travail, ça s'est fait.
06:48 On évoque l'idée d'un débat sur l'immigration, là aussi qui fait écho à notre émission sur le travail,
06:53 parce qu'il y a un débat autour du travail de cette immigration choisie.
06:56 Le texte reviendrait à l'Assemblée nationale.
06:59 Ce n'est pas encore tout à fait officiel.
07:00 Et les décrets d'application arrivent au Conseil d'État.
07:03 Ça veut dire que les choses deviennent très concrètes.
07:05 On en sait un peu plus.
07:07 Quatre bornes d'âge.
07:08 Auparavant, il y en avait deux.
07:10 Et on en sait plus sur quand on a commencé à 16 ans.
07:13 Vous vous rappelez, ça avait été le débat.
07:15 On ne savait pas à l'Assemblée si c'était 16 ans, 18 ans.
07:17 Concrètement, vous chez les entrepreneurs et les dirigeants chrétiens,
07:22 qu'est-ce que vous dites finalement ?
07:23 Vous la soutenez, la réforme, ou pas, concrètement ?
07:25 Je ne veux pas vous piéger, mais là, on devient concret.
07:29 Il faut rentrer dans le concret.
07:31 Qui dit concret va aussi vouloir dire quelques difficultés.
07:34 Parce qu'on voit bien qu'il y a des difficultés.
07:35 Qu'est-ce qui se passe le 1er septembre ?
07:36 Les salariés qui sont en congé, etc.
07:38 Il y a plein de difficultés à gérer.
07:40 C'est un autre quotidien.
07:41 Sachant que, comme on l'avait dit, nous, nous sommes pour une réforme des retraites.
07:44 Nous considérons que cette réforme de retraite a été relativement mal menée.
07:48 Elle a malheureusement abîmé le dialogue social et globalement le pays.
07:51 Une fois qu'on a dit ça, oui, cette réforme est nécessaire.
07:53 Puisqu'il y a un problème de financement, il y a un problème de vieillissement du pays.
07:55 Il faut aussi financer la dépendance.
07:57 Il y a énormément de choses à faire.
07:58 Et donc, oui, nous soutenons une réforme des retraites.
08:00 Et donc, maintenant, il faut la mettre en œuvre.
08:01 Il faut avancer au service de l'ensemble des salariés
08:03 et au service de l'ensemble de la société.
08:04 Je voudrais associer deux sujets.
08:06 Parce que vous travaillez les sujets avant de venir.
08:08 Je sais que vous potassez.
08:10 Il y a l'emploi salarié dans le privé qui progresse toujours un tout petit peu.
08:14 Et ça, je trouve que c'est un chiffre qui est très intéressant.
08:16 Et puis, au même moment, une polémique émerge,
08:19 alors un début de polémique autour de ce RSA, revenu de solidarité actif,
08:25 qui était en fait une allocation qui est versée sans contrepartie.
08:28 C'était la règle.
08:29 Les départements géraient financièrement cette allocation.
08:32 Elle avait un coût assez lourd d'ailleurs pour les départements.
08:34 Sauf que là, dans le cadre de la réforme de France Travail,
08:38 Olivier Dussopt, Thibault Guillouis évoquent l'idée d'un donnant-donnant.
08:43 Je me tourne vers vous parce que le minénaire,
08:46 vous êtes un think tank gaulliste social.
08:48 Vous dites quoi ?
08:50 Parce qu'il y a gaulliste et il y a social.
08:52 Vous êtes plutôt pour le donnant-donnant ou vous êtes plutôt pour on donne sans contrepartie ?
08:55 Je dis qu'il faut faire des réformes pour que plus le pays est fort,
08:58 plus on augmentera le pouvoir d'achat et moins on aura de chômage.
09:01 Le point essentiel c'est qu'en fait on n'est plus sur le même cycle économique depuis 2008
09:05 que ce qu'on avait avant.
09:06 Vous aviez trois cycles économiques depuis la Seconde Guerre mondiale.
09:08 45-79, le cycle canésien classique qui a été battu en brèche par les deux chocs pétroliers.
09:13 80-2008, c'était le cycle néolibéral auquel vous aviez toujours la même chose.
09:17 L'augmentation du taux d'emploi était intimement corrélée à la croissance économique.
09:21 Ce qui n'est pas le cas depuis 2008.
09:22 Quand vous prenez les exemples...
09:23 On continue à croire ça quand même.
09:25 Régulièrement on nous dit "on attend la croissance pour créer de l'emploi".
09:28 Ce n'est pas totalement exact parce que quand vous regardez la crise sanitaire,
09:31 on était en récession économique et pourtant le taux de chômage s'est maintenu,
09:34 notamment grâce aux dispositifs.
09:35 C'est-à-dire que sur un échelon mixte, grâce à le rythme néolibéral.
09:40 Des emplois financés par la dette.
09:43 Donc le point essentiel c'est comment on fait pour permettre à ces gens-là
09:47 de revenir à l'emploi durablement.
09:48 Il y a plusieurs données dessus.
09:49 Il y a ce qu'on appelle le taux de chômage conjoncturel.
09:51 C'est-à-dire que vous avez des gens qui sont au chômage conjoncturellement.
09:54 Et vous avez la donnée la plus importante sur laquelle s'attaquent tous les gouvernements.
09:57 C'est ce qu'on appelle le chômage structurel.
09:59 Le RSA.
10:00 Le chômage structurel est composé par différents facteurs.
10:03 Le premier des facteurs du chômage structurel, c'est que vous avez des personnes
10:06 qui sont en incapacité de revenir dans l'emploi, soit par manque d'envie,
10:09 soit parce qu'ils n'ont pas les compétences pour revenir dans les conditions d'emploi.
10:13 Il y a une partie où on est obligé de faire de l'industrialisation
10:16 parce que ce sont des métiers manuels à haute valeur ajoutée
10:18 qui leur permettront de revenir dans l'emploi.
10:20 William, sans aller si loin concrètement, est-ce qu'il faut,
10:24 en échange de cette allocation qui est de l'argent public, dire à ses salariés
10:28 "On vous remet doucement sur le chemin du travail, doucement."
10:31 Il y a deux raisons pour lesquelles il faut le faire.
10:33 La première, c'est que vous créez un décalage entre l'intérêt de rester en aide sociale
10:38 et ceux qui prennent des métiers salariés.
10:40 Donc, ça veut dire que revenir sur l'emploi devient plus intéressant et plus attractif,
10:43 notamment pour les métiers, compris entre un SMIC et 1,6 million.
10:46 On est d'accord.
10:47 Le deuxième point, c'est que ces personnes-là, comme ils sont en situation de non-emploi
10:50 depuis plusieurs années, revenir dans l'emploi,
10:52 c'est difficile.
10:53 - C'est-à-dire revenir dans un cadre normal, être habitué à travailler.
10:55 - C'est pas dit d'ailleurs.
10:56 Vous en pensez quoi ?
10:57 Parce que là, j'ai l'économiste Michael Zemmour qui avait lancé le débat
11:01 sur les 1 200 euros, il s'est fait connaître sur cette question.
11:04 Il dit que ça coûtera une fortune de donner de 15 à 20 heures d'activité
11:07 à chaque allocataire du RSA.
11:09 Et Martin Hirsch, qui en est le créateur, en 2008,
11:11 dit "Mais c'est un non-sens, puisqu'on dévoie la philosophie même du RSA."
11:15 Qu'est-ce que vous en pensez ?
11:17 Parce que l'opinion est plutôt favorable à l'idée du donnant-donnant.
11:20 - L'opinion, globalement, est plutôt favorable.
11:23 En tout cas, les classes moyennes, les gens qui ne sont pas directement
11:26 concernés par le RSA, considèrent que c'est une bonne nouvelle.
11:29 Pour autant, il y a pas mal de témoignages, en particulier du contrat
11:32 "Engagement jeune", de jeunes qui suivent ces contrats et qui disent
11:37 que c'est vraiment bien, donc ça fait un peu bouger aussi les choses.
11:40 - Et ça fonctionne !
11:41 - Mais globalement, les mots qui ressortent le plus quand j'essaie
11:44 de regarder les commentaires, c'est "travail gratuit", "bénévolat",
11:48 "culpabilité", beaucoup autour de la culpabilité.
11:51 Et globalement, les gens qui connaissent bien le sujet, en particulier
11:56 dans les fameux territoires ou régions, je ne sais plus comment
11:59 on doit dire maintenant...
12:00 - "Territoire", c'est le mot à la mode.
12:01 - "Territoire", disent que ça n'est pas du tout faisable,
12:04 que c'est très compliqué et que la probabilité que ça puisse
12:08 se déployer reste compliquée.
12:11 Mais oui, l'opinion est plutôt positive.
12:14 Mais là encore, il ne va pas falloir faire des promesses
12:16 qui ne seront pas suivies et souvent, c'est vécu comme un sujet de sanction.
12:20 - En tout cas, le gouvernement s'appuie sur le modèle
12:22 du contrat d'engagement jeune, c'est-à-dire des jeunes lénites
12:24 accompagnés, suivis par les missions locales en particulier
12:27 et qui permet effectivement à des jeunes de reprendre.
12:30 Martin Hirsch dit précisément "transformer un allocataire
12:33 en une main d'oeuvre sans droit est une régression sociale".
12:36 - Je pense qu'il faut aller aux déclarations et surtout par rapport
12:39 à ce problème, je dirais finalement, d'intégration,
12:41 je ne suis plus un perdant d'année.
12:42 Ça fait 30 ans qu'on dit qu'il faudrait...
12:44 À chaque fois, on a dit pour le RMI, pour le RSA,
12:46 il faut intégrer les gens dans le travail.
12:48 Je pense que nous sommes tous très favorables.
12:49 Après, il faut aller au-delà des effets d'annonce,
12:51 aller dans la pratique. Ce n'est pas simple.
12:53 Il faut encadrer, il faut les former, il faut trouver les emplois.
12:56 Donc, aller au-delà des effets d'annonce pour vraiment
12:58 aller dans le détail des choses et permettre à tous ces salariés
13:02 ou ces gens exclus du monde du travail d'y rentrer.
13:04 Ça, c'est vraiment notre rôle, sachant que je pense que le vrai objectif,
13:06 ce serait que le RSA n'existe plus parce que tout le monde
13:08 sera en activité ou n'existe quasiment plus.
13:10 Aujourd'hui, le vrai objectif, c'est de continuer à aller vers le plein emploi
13:13 pour éviter que des gens restent en dehors du marché du travail.
13:16 - Quand même, Thibault Guilluy, qui vient régulièrement sur ce plateau,
13:20 qui est aujourd'hui le haut-commissaire qui va prendre les rênes de France Travail,
13:23 a déjà lancé 18 expérimentations sur des territoires.
13:26 La Seine-Saint-Denis a un peu bloqué.
13:29 Mais sur le fond, il y a quand même l'idée
13:31 qui renvoie à l'idée d'une société de la cistana,
13:35 qu'on essaie de battre en brèche par l'idée
13:37 qu'en faisant quelques heures d'un travail,
13:40 alors tout ça est compliqué à mettre en place, je le concède,
13:43 ça remet aussi l'être humain dans une forme de dignité,
13:46 ce qui me semble assez logique quand même.
13:48 - Moi, je vois deux choses.
13:49 La première, c'est que les citoyens n'ont plus le même rapport
13:52 par rapport à la solidarité nationale.
13:54 C'est-à-dire que la solidarité n'est plus de fait un droit,
13:56 ça doit être contributif.
13:58 C'est-à-dire que, par exemple, vous contribuez pour votre retraite
14:00 et vous recevez une prestation d'échange.
14:01 - C'est vrai.
14:02 - Donc ça, c'est le premier élément que je vois intéressant.
14:04 Le deuxième, c'est que vous avez, avec l'argent public
14:06 qui est un objectif depuis une dizaine, vingtaine d'années,
14:08 beaucoup de gens qui considèrent qu'on n'a pas à donner des gens
14:10 des sommes sans contrepartie.
14:12 Et donc, du coup, il faut les obliger à travailler.
14:14 Et cette obligation de travail ne doit pas être vue
14:16 comme une punition, comme vous l'avez souligné,
14:18 ça doit être vu en fait comme une chance pour ces personnes-là.
14:20 Quand vous prenez l'ensemble des personnes...
14:21 - Tout dépend comment c'est emballé, excusez-moi.
14:23 - Toutes les personnes qui sont chefs d'entreprise connaissent la chose.
14:25 Quand vous avez une personne qui part pendant six mois ou trois mois
14:28 et qui arrête une activité et qui se remet sur cette activité-là,
14:31 elle a toujours un coût d'entrée important.
14:32 Et c'est pareil sur le marché du travail.
14:34 C'est difficile de se lever, c'est difficile lorsque vous n'êtes pas dehors d'une chose
14:37 de pouvoir se réappliquer, se reprendre des bonnes habitudes, etc.
14:39 - Et puis reprendre contact avec le monde du travail.
14:41 Certains en sont éloignés depuis longtemps.
14:42 - Il ne faut pas le voir comme une punition, il faut le voir comme une opportunité pour eux
14:45 de fait de pouvoir se réintégrer dans un milieu social.
14:48 - Je vous soumets ce chiffre parce que c'est 34%
14:50 de ceux qui pourraient bénéficier de cette allocation,
14:53 par leur revenu, par la faiblesse de leur revenu,
14:55 qui ne prennent pas, ne vont pas chercher l'allocation.
14:58 Ce sont des familles, ce sont des individus.
15:00 Ça aussi, ça dit quelque chose de notre société.
15:02 C'est-à-dire qu'on est aussi parfois dans des modèles
15:04 qui sont extrêmement bien pensés dans l'hémicycle,
15:07 mais qui sont des usines à gaz.
15:09 On voit que 34% n'y vont pas.
15:11 - Quand on regarde les motivations pour lesquelles ils n'y vont pas,
15:14 c'est que bien souvent ils ne comprennent pas vraiment les démarches à effectuer,
15:17 voire même ils ne pensent pas être dedans.
15:19 Il y a une réalité aussi, c'est que souvent les gens pensent que ça ne va pas durer.
15:23 Et donc c'est beaucoup d'enquiquinement de papier pour...
15:27 - Donc je ne le fais pas.
15:28 - Je ne le fais pas parce que de toute façon ça ne va pas durer.
15:30 Et puis quand malheureusement les choses s'installent,
15:32 ils commencent à bouger.
15:33 Et c'est le reflet d'une bureaucratie qui est quand même très particulière.
15:36 - C'est une question très bureaucratique.
15:37 - J'étais sûre que vous alliez reprendre sur ce sujet.
15:39 - Parce que vous avez, hier sur une autre radio,
15:41 il y avait l'un de vos confrères qui a fait un commentaire,
15:43 hier matin à 8h à 7h40, très très précis, du détail, je dirais,
15:47 de la formulaire de RSA.
15:48 Je vous avoue que je n'avais jamais été voir ce qu'on dirait.
15:50 - C'est très compliqué.
15:51 - Extrêmement compliqué.
15:52 Et donc on voyait ça, c'est vraiment, c'est cafe-caillat.
15:54 C'est totalement bureaucratique.
15:55 Et c'est aussi pour ça que des gens n'y accèdent pas.
15:57 Et c'est aussi pour ça qu'il faut dépasser le stade de la bureaucratie
15:59 pour aller vers, je dirais, la vraie vie et trouver vraiment des emplois.
16:02 - Je suis en train de me parler d'un revenu universel,
16:04 beaucoup plus simple.
16:05 Non, parce que ce débat est posé.
16:06 - C'est un autre débat.
16:07 - Non, mais il est concomitant.
16:09 Il est concomitant.
16:10 C'est-à-dire que pour subvenir aux besoins essentiels et vitaux,
16:13 certains évoquaient pendant la campagne présidentielle
16:15 un revenu universel.
16:17 Je pense à Benoît Hamon, il y a plusieurs façons.
16:19 - Oui, oui, tout à fait.
16:20 - Non, c'est...
16:21 - Ce qui peut être plus pratique que le revenu universel,
16:23 c'est l'allocation unique, auquel vous mettez toutes les aides ensemble,
16:26 en vue de simplifier.
16:27 Vous parlez tous les deux du problème du bureaucratique.
16:29 Si par cas vous mettez une aide simplifiée à hauteur de 2/3 du SMIC
16:33 ou à 3/4 du SMIC, qui soit délivrée automatiquement.
16:36 Parce que lorsque vous évoquez 34 %, il y a plusieurs choses dans ces 34 %,
16:40 il y a un problème qui est de diplôme.
16:42 C'est-à-dire que les personnes qui ne demandent pas,
16:43 souvent, un niveau de qualification qui est moins élevé.
16:46 Il y a un problème,
16:47 ce n'est pas marqué dans le rapport de l'adresse de cette année,
16:49 mais c'était marqué il y a cinq ans, un problème géographique.
16:51 C'est-à-dire que les endroits où vous avez un problème d'accession au RSA
16:54 est carrément calé sur les déserts médicaux.
16:56 Donc, ça veut dire que c'est sur la diagonale du vide.
16:57 Donc, vous avez un problème d'accession aux services publics
16:59 et donc, vous créez une inégalité.
17:01 - Et Internet.
17:02 - Et donc, du coup, pour battre tous ces éléments,
17:04 est-ce que vous ne mettez pas à la fois un droit et un devoir qui est...
17:07 - Ah, on y revient.
17:08 - On vous demande en échange, on vous demande du coup de contribuer,
17:11 mais en échange, on vous simplifie la vie
17:13 pour accéder à cette allocation unique plus facilement.
17:16 - Avant de nous quitter, François, parce que vous êtes chef d'entreprise,
17:18 alors évidemment, Véronique, là aussi, mais vous êtes...
17:21 Si le gouvernement vous dit, maintenant, il faut rentrer dans le concret,
17:24 il faut que chaque chef d'entreprise accepte d'accueillir un allocataire
17:30 pour une vingtaine d'heures par semaine, une quinzaine d'heures,
17:33 est-ce que vous dites, nous, chez les entrepreneurs et dirigeants chrétiens,
17:36 oui, on le fait, parce que c'est aussi un geste de solidarité, au final ?
17:40 - Nous, on ne fait pas ça pour faire plaisir au gouvernement,
17:42 et on n'est pas là non plus pour gérer à sa place la solidarité.
17:44 Nous, on est là pour créer la richesse et pour permettre,
17:47 on nous laisse là pour créer des emplois au service des entreprises.
17:49 - Mais il faut bien les mettre quelque part, ces allocataires.
17:51 - Mais nous, nous en accueillons beaucoup, nous accueillons des stagiaires,
17:53 nous accueillons des personnes en situation de handicap,
17:55 nous accueillons plein de gens et nous faisons tout ce que nous pouvons
17:57 pour être encore plus inclusifs.
17:59 Maintenant, on n'est pas non plus pour remplacer l'État,
18:01 et l'État ne doit pas nous refiler la pâte à thieu dans la matière,
18:03 on est là pour créer la richesse et on est là pour que l'État soit plus efficace,
18:05 et nous permet ensemble, je dirais, de mieux intégrer l'ensemble des salariés.
18:09 Et c'est vraiment ce que nous voulons faire aux entrepreneurs et dirigeants chrétiens.
18:11 - On peut se disputer philosophiquement, pour conclure Véronique,
18:13 mais la chose concrète va arriver, c'est-à-dire, concrètement,
18:16 quelles sont les entreprises qui accueillent ces allocataires ?
18:19 Est-ce que c'est que la fonction publique territoriale et d'État,
18:22 et les entreprises ne sont pas mêlées, donc ça sera un échec ?
18:25 C'est ça le concret, hein ?
18:26 - C'est bien ça, les discussions, comme je vous le disais,
18:28 les gens sont d'accord sur le principe oui, voire même plutôt favorable.
18:31 Il y a énormément de commentaires de gens qui disent "mais moi j'ai essayé"
18:34 et les entreprises ne sont pas forcément si ouvertes que ça,
18:38 c'est pas si simple que ça, va falloir voir la qualité des boulots qui sont proposés.
18:41 Comme vous le disiez fort justement, c'est compliqué de se remettre dans le circuit,
18:44 et donc arriver à convaincre un chef d'entreprise que oui, sur ces 20 heures,
18:47 je serai extrêmement performant, c'est compliqué.
18:49 - Oui, parce qu'il y a un rôle de tuteur et de formation.
18:51 - Et puis pour les entreprises, très sincèrement, c'est compliqué.
18:53 Et pour les petites et moyennes entreprises,
18:55 parce qu'on est une entreprise qui est quand même le gros du tissu économique français,
18:58 consacrer du temps à quelqu'un si on veut bien le faire,
19:01 on n'a pas toujours le temps, les moyens, l'énergie,
19:03 et tout simplement même des typologies de travail qui correspondraient à la réalité des besoins.
19:07 - Mais je trouve que c'est vrai qu'il faut demander aux partenaires sociaux
19:09 de se mettre ensemble autour de la table pour gérer ce sujet,
19:11 parce qu'ils sont les mieux à même de permettre et de voir ce qui est possible en entreprise.
19:14 - Le 16 et 17 mai prochain, on en saura plus dans les fameuses bilatérales.
19:17 L'ultime pouvoir, je veux pas qu'on se quitte sans avoir parlé de ce livre,
19:20 "La vérité sur l'impact des réseaux sociaux", édition du CER,
19:23 on dit du CER, Véronique Reil-Soult, spécialiste de ces sujets,
19:27 puisqu'elle vient régulièrement nous éclairer,
19:29 et c'est une analyse, quoi, inquiétante ?
19:32 - Non, positive.
19:34 - Positive ! Non mais je voulais comprendre.
19:36 - Il y a quand même un peu d'angoisse en mai, positive.
19:38 - Merci William Taye, président de Le Mélinaire,
19:40 merci à François Ving, entrepreneur, psychomore corporate,
19:44 et entrepreneur dirigeant chrétien, un des membres éminents de cette association.
19:49 Merci à vous trois, on tourne une page,
19:51 on s'intéresse au "chief people officer",
19:53 c'est le métier qui monte, c'est le couteau suisse des entreprises,
19:56 tout le monde cherche son "chief people officer",
20:00 on en parle, c'est dans "Fenêtre sur l'emploi".