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Le CFR, réseau-mère de la politique globaliste. Peu de monde connait le Council on foreign relations, mais il est l'organisation privée la plus puissante du monde. Pierre angulaire des relations internationales états-uniennes, le CFR a été fondée en 1921 par un personnage de l'ombre, Edward Mandell House, conseiller du président Wilson et inspirateur du traité de Versailles. Tous les directeurs de la CIA sont issus de ses rangs. Transpartisan, il conseille les candidats démocrate et républicain à chaque élection présidentielle et se consolide après chaque crise internationale. Son objectif : l'affaiblissement des Etats-nations pour empêcher l’émergence d’un rival eurasiatique menaçant l’hégémon américain. Un travail de sape financé par des appuis de poids : Apple, Google, PepsiCo, BlackRock, Goldman Sachs, Morgan Stanley. Pierre-Antoine Plaquevent, animateur du site Strategika, analyse le CFR, la face émergée de l'Etat profond US.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous, bienvenue dans notre Zoom aujourd'hui en compagnie de Pierre-Antoine Plaquevent.
00:10 Bonjour Monsieur.
00:11 Bonjour.
00:12 Vous êtes analyste politique, consultant également, animateur pour le site Strategica,
00:17 vous êtes l'auteur de plusieurs ouvrages.
00:19 "George Soros et la société ouverte", "Métapolitique du globalisme",
00:22 également "De globalisme et dépopulation", "Biopolitique, vaccination, transhumanisme",
00:28 tout cela publié chez Strategica.
00:30 Vous travaillez actuellement sur le CFR, on va en parler dans un instant.
00:35 Vous avez d'ailleurs été publier votre article dans cette nouvelle revue géopolitique profonde
00:43 avec beaucoup d'intervenants qu'on connaît à TV Liberté, à Philippe Béchade,
00:48 Olivier Delamarche, Pierre Jovanovitch, Philippe Erlin, etc.
00:52 Charles Sanna qu'on avait déjà reçu pour "Politique et économie"
00:57 avec mon ami Olivier Pichon.
00:59 Donc revenons à notre sujet.
01:01 Le CFR, c'est quoi ?
01:02 C'est le "Council on Foreign Relations",
01:05 une organisation américaine spécialisée dans les relations internationales.
01:09 Ça a été fondé en 1921 par un diplomate, Edward Mandel Howse, alias le colonel Howse.
01:17 On va y venir dans un instant.
01:18 C'était un conseiller du président américain Wilson.
01:23 Pourquoi en parler maintenant du CFR ?
01:26 Parce qu'il a été fondé il y a presque exactement un siècle.
01:31 Et depuis sa fondation, il a connu une montée en puissance
01:37 qui se renforce après chaque grande crise globale de l'ordre international.
01:43 Donc c'est intéressant de l'étudier depuis sa fondation,
01:47 d'autant qu'il est toujours très influent dans l'administration Biden
01:53 puisque plus de la moitié de l'administration Biden est issue ou passée par le CFR.
01:59 Comment vous expliquez que le CFR se renforce après chaque crise,
02:03 comme vous venez de le dire ?
02:05 Lors de sa fondation, donc en 1921,
02:09 sa fondation est précédée de la création de différents organes de la gouvernance globale,
02:16 si on veut, de la pré-gouvernance globale.
02:19 Donc on a la création de la fondation Rockefeller, je crois en 1913.
02:23 On a la création de la Fed, de la Fédérale Réserve,
02:26 par les mêmes financiers qui vont être à l'origine du CFR.
02:30 La Banque Centrale Américaine de la Fed.
02:32 Voilà. Puis on a donc la guerre mondiale.
02:37 Et à l'issue de la guerre mondiale, le président Wilson va créer un groupe, l'Inquiry,
02:43 l'investigation chargée de mettre en place, on va dire, les conditions de l'après-guerre
02:49 et qui va être à l'origine du traité de Versailles.
02:51 Et à l'ombre du traité de Versailles et de ce travail diplomatique de haut niveau,
02:56 va être créé le CFR, le Council on Foreign Relations, dont l'objet finalement,
03:02 et après vous avez aussi dans la foulée la création de la SDN, la Société des Nations.
03:07 L'ancêtre de l'ONU.
03:09 L'ancêtre de l'ONU qui va finalement se décomposer avant la seconde guerre mondiale
03:14 et puis ensuite, sur ses cendres, va renaître sous la forme de l'ONU.
03:20 Actuellement, nous avons une crise, comme avant la seconde guerre mondiale, de l'ONU en quelque sorte.
03:27 Puisqu'on a une guerre avec un des membres du Conseil de sécurité de l'ONU.
03:34 Donc on est face à une perturbation de l'ordre mondial
03:38 qui rappelle ce qu'on a connu avant la seconde guerre mondiale.
03:42 – On avait déjà eu une crise de l'ONU au moment de la guerre d'Irak au début des années 2000,
03:48 quand la France avait posé son veto interdisant officiellement les Américains d'aller en Irak.
03:53 Mais ils y sont tout de même allés.
03:55 – Mais la rupture n'était pas aussi grande qu'actuellement avec la Russie.
03:59 – On en parle souvent sur TV Liberté et dans "Politique et économie" de cette notion "l'État profond".
04:05 Quelle place y occupe le CFR ?
04:07 – Si vous voulez, vous avez le CFR à ses bureaux à New York, avec une antenne à Washington.
04:14 Si vous voulez, à Washington, vous avez quelque chose comme 400 think tanks qui travaillent.
04:19 C'est toute une galaxie d'organisations qui sont là officiellement pour conseiller les décideurs politiques.
04:27 Mais quand on étudie certains d'entre eux, comme le CFR,
04:30 ils sont beaucoup plus influents que les autres et assurent une forme de continuité depuis leur fondation,
04:37 surtout dans les objectifs, on va dire, géostratégiques qu'ils défendent.
04:43 – Vous dites d'ailleurs que tous les directeurs historiques de la CIA ont appartenu à cette organisation, le CFR,
04:51 et que la plupart, vous le disiez tout à l'heure, des membres du cabinet d'Obama ou de Biden
04:57 appartiennent à cette organisation également.
04:59 – Voilà, c'est ça. En fait, cette organisation, en quelque sorte, assure une forme de continuité impériale
05:07 derrière la bipartition du système politique américain entre républicains et démocrates.
05:14 – Vous l'expliquez bien que le CFR, pendant les campagnes électorales, conseille chacun des deux candidats.
05:19 – Oui, c'est ça. Leur but, c'est d'avoir des hommes dans chaque parti
05:25 pour que chaque parti fasse sa politique. Et c'est assez logique,
05:28 parce que si on regarde les mandats présidentiels courts aux États-Unis,
05:32 et maintenant dans la plupart, finalement, des pays occidentaux,
05:37 comment assurer une continuité politique et géopolitique avec des changements politiques permanents ?
05:43 Eh bien, en ayant, en quelque sorte, une administration derrière l'administration officielle.
05:50 – Un peu comme à l'époque de la seconde guerre mondiale,
05:53 quand Wall Street avait financé à la fois les nazis et les soviétiques.
05:57 – Oui, alors, sauf que là, c'est vraiment dans la même…
06:00 – Oui, dans le même pays, mais la CISC est globale, mais on finance un camp et l'autre.
06:04 – Oui, voilà, on peut le voir comme ça.
06:06 Sauf que bon, pour venir à bout à la fois des nazis puis des soviétiques,
06:11 il a fallu des millions de morts, et puis tout un… voilà, donc c'est quand même…
06:17 – Alors, à côté du CFR, vous citez deux autres grandes organisations
06:22 chargées des relations internationales de conseiller les présidents en place,
06:25 c'est la Canergy Endowment et Brookings Institute.
06:29 – Oui, c'est ça, comme je vous disais, il y en a en fait beaucoup d'autres,
06:33 il y a aussi la Trilatérale, il y a différentes organisations.
06:36 Ce qui est intéressant, c'est d'en prendre une, comme le CFR,
06:39 et de l'étudier en détail, et de manière chronologique et historique.
06:44 Et en fait, on voit que les personnalités qui sont dans ces organismes,
06:48 souvent passent d'un organisme à l'autre, ou sont, on va dire,
06:52 dans 10 différents organismes.
06:54 Ces organismes peuvent avoir aussi une concurrence entre eux,
06:57 et certains sont plus influents que d'autres.
06:59 Le CFR est très influent de par le rôle qu'y jouent les plus grands financiers actuels,
07:07 et enfin, dans l'histoire contemporaine et actuellement.
07:11 – Alors, je le disais en introduction, le CFR a donc été créé en 1921
07:17 par ce diplomate américain Edward Mandel House,
07:21 dit le "Colonel House", qui était le conseiller du président Wilson.
07:26 Il a été l'inspirateur de la Société des Nations,
07:29 l'ancêtre de l'ONU et du Traité de Versailles.
07:32 Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce personnage vraiment fascinant ?
07:36 – House, c'est un peu ce genre de personnage de l'ombre,
07:39 dont on ne parle pas trop, mais qui avait une réelle influence,
07:43 qui n'était pas colonel, qui avait ce titre presque de manière honorifique,
07:48 qui est issu d'une famille anglo-hollandaise aux États-Unis,
07:55 et qui a donc les liens avec les places financières européennes, avec la Citi aussi,
08:01 et qui avait une vision internationaliste des relations internationales,
08:10 et du rôle que devaient avoir les États-Unis dans le monde.
08:15 Il avait écrit d'ailleurs en ce sens un roman qui montrait un petit peu
08:22 l'histoire d'un personnage qui était un peu comme lui,
08:25 une sorte de conseiller, mais qui là devenait président,
08:29 qui avait installé une forme de dictature socialiste avant l'heure,
08:35 à visée universelle.
08:38 Et c'est intéressant d'étudier ce genre de personnage,
08:42 parce qu'on comprend ce dont j'avais parlé dans mon premier livre,
08:47 par exemple tout le courant du socialisme fabien,
08:49 qui a été fondé par l'élite anglo-britannique à la fin du 19ème siècle en Angleterre,
08:56 qui est un courant finalement, moi c'est ce que j'appelle,
08:59 ce sont en quelque sorte des libéraux collectivistes,
09:01 c'est-à-dire ils sont libéraux pour eux-mêmes, pour la finance,
09:04 mais ils ont un projet en quelque sorte collectiviste pour la société,
09:07 et pour les populations.
09:09 – C'est un peu ce qu'on voit en Chine, le socialisme fabien, non ?
09:12 – Ah non justement, ce serait l'opposé,
09:14 en Chine il y a justement un parti unique,
09:19 enfin c'est héritier du marxisme et léninisme dans sa version maoïste en Chine.
09:25 Le socialisme fabien c'est justement face à la montée des revendications sociales
09:30 au 19ème siècle, l'élite qui s'est emparée en quelque sorte du socialisme
09:34 et qui en a donné une version élitaire qui lui correspondrait.
09:40 Et justement éviter, en fait pour, comment dire, matelasser la lutte des classes,
09:46 s'emparer des thématiques qu'allaient reprendre les socialistes,
09:51 et éviter ce que Vilfredo Pareto appelait la circulation des élites,
09:54 c'est-à-dire qu'à terme, dans les classes moyennes ou populaires,
09:57 émergent de nouvelles élites qui pourraient,
10:00 comment dire, concurrencer gravement les élites en place.
10:04 Donc c'est pour ça qu'ils ont généré leur propre version du socialisme.
10:08 En fait ils font ça à chaque époque,
10:10 comme actuellement ils ont généré leur propre version de l'écologie,
10:13 l'écologie globaliste.
10:15 Ils ont finalement, comme dirait notre ami Lucien Cerise,
10:19 neuropirater le socialisme à l'époque, ils ont neuropirater l'écologie politique,
10:24 et d'un courant qui était plutôt conservateur à la base,
10:27 ils en ont fait un courant progressiste et mondialiste.
10:30 – Alors il y a aussi deux autres outils que le CFR utilise,
10:36 excusez-moi, c'est l'islam et ce phénomène LGBT que l'on voit,
10:43 comment s'en servent-ils ?
10:45 C'est quoi le rôle de ces deux thématiques, par exemple,
10:50 qu'ils utiliseraient sur l'Europe ?
10:52 – Comment dire, ce n'est pas forcément directement le CFR
10:59 qui va déployer ces thématiques-là, ce sont les gens qui passent par le CFR,
11:04 par exemple des gens comme Soros ou des gens comme ça,
11:08 qui eux vont utiliser ces thématiques.
11:10 Alors oui, l'installation de l'islam politique en Europe,
11:14 il est clairement organisé par les autorités,
11:20 chacun a son agenda, l'islam politique a son agenda,
11:25 mais les autorités elles-mêmes ont leur agenda
11:28 et piloté par ces outils de gouvernance globale,
11:32 d'installer en Europe une forme d'islamisation,
11:37 et un islam politique, on le voit même récemment
11:40 à la tête du parti indépendantiste écossais,
11:43 maintenant pakistanais, donc il y a quelque chose
11:45 qui n'est pas juste l'accompagnement d'un changement démographique
11:48 qui serait naturel, il y a aussi la volonté d'installer
11:53 un islam politique sous contrôle dans l'espace public européen,
11:59 de manière à créer ce que Gregory Bateson,
12:03 un des inspirateurs de George Soros, appelait la schismogénèse,
12:06 c'est-à-dire une forme de schisme dans la population,
12:09 et si à un moment donné la population se révolte trop
12:12 contre les gouvernements en place,
12:15 qui sont pour moi des gouvernements d'occupation globaliste,
12:19 comme la Macronie, on pourra toujours jouer la carte
12:23 de la division entre interethniques,
12:28 et appuyer, et finalement dévier la colère des gens
12:32 vers un affrontement interconfessionnel ou interethnique.
12:37 – Et vous dites d'ailleurs, vous le soulignez dans votre article,
12:40 dans cette revue "Géopolitique profonde",
12:42 George Soros a un plan d'islamisation pour l'Europe,
12:45 il compte voir l'Europe accepter un million de demandeurs d'asile par an.
12:50 – Oui, alors en fait, c'est que là vous faites référence à…
12:55 là c'est le… si vous voulez, c'est un point précis,
12:59 en 2015 quand il y a eu la guerre en Syrie,
13:02 il y a eu l'arrivée de tous ces migrants qui fuyaient la guerre…
13:07 – Déjà après la Libye.
13:09 – Voilà, c'est ça, et c'est à chaque fois le même phénomène,
13:12 des guerres de recomposition d'un ordre international au Moyen-Orient,
13:17 et puis ça génère des perturbations,
13:19 et en fait on va ensuite essayer d'utiliser ces perturbations
13:23 à des fins géostratégiques.
13:25 Donc George Soros, Angela Merkel avait parlé d'un plan
13:30 qui visait à accueillir tous ces migrants,
13:35 500 000 migrants par an, puis 1 million de migrants par an.
13:40 Ce plan avait été en fait proposé et préparé par un think tank
13:45 qui s'appelle l'European Stability Initiative,
13:48 qui est lui-même lié par son fondateur, Gerald Knauss, à l'ECFR,
13:54 l'European Council on Foreign Relations,
13:57 qui est la version européenne du CFR,
14:00 qui a été fondée sous l'impulsion de George Soros en 2007.
14:03 George Soros qui appartient lui-même au CFR.
14:07 Et donc dans ce plan qu'avait présenté Merkel,
14:11 inspiré par l'ECFR,
14:13 peu avant la publication de ce plan et la déclaration publique de Merkel,
14:16 George Soros lui-même sur son site avait publié un plan du même type
14:19 en disant "rebâtir le système d'asile européen" ou quelque chose comme ça,
14:22 et il disait, lui il appelait l'Europe à s'organiser
14:25 pour accueillir chaque année 1 million de migrants,
14:28 là c'est issu du Moyen-Orient, mais après ça peut être de l'Afrique.
14:31 Dans la vision qu'ont ces gens-là,
14:37 l'Europe est une sorte de plateforme régionale,
14:42 une région-monde d'un système globalisé,
14:45 et cette plateforme doit être une interface entre les autres blocs
14:50 et faciliter les déplacements de population
14:53 quand c'est dans l'intérêt stratégique des globalistes.
14:56 Avec l'idée aussi, là je pense,
14:59 ce que j'ai traité dans mon livre sur les populations,
15:02 l'idée aussi de stabiliser un petit peu la démographie,
15:05 c'est-à-dire en Europe il y a une chute démographique,
15:09 dans d'autres pays ou d'autres continents,
15:12 en Afrique par exemple, il y a un surplus de natalité,
15:15 et bien on va transvaser ce surplus en Europe,
15:21 sachant que pour ces gens, c'est ce qu'on a du mal à se représenter,
15:26 eux ils ne voient plus le monde en nation,
15:29 ils voient le monde en termes de, pour moi je pense,
15:32 de masse et de classe, c'est-à-dire eux appartiennent à une certaine classe,
15:35 comme disait Warren Buffett, la lutte des classes c'est ma classe qu'il a gagnée,
15:39 et bien ces gens sont, donc c'est l'hyper-classe mondialiste,
15:43 voient les autres classes qui sont en dessous d'elle économiquement,
15:48 – Comme il y en a cinq formes, oui.
15:50 – En tout cas ils veulent les gérer comme des stocks de population en fait.
15:55 Et d'où l'importance pour eux d'appauvrir et d'affaiblir les classes moyennes occidentales,
16:02 qui sont problématiques, parce que finalement,
16:05 en fait ce qu'ils ont intérêt c'est d'avoir, un petit peu comme en 1984,
16:10 il y a le inner party, le outer party, ils ont besoin d'être le parti de l'intérieur,
16:15 ils ont besoin après de gens techniciens qui vont un petit peu faire tourner la machine,
16:19 mais ensuite en dessous, ils n'ont plus besoin d'une classe moyenne
16:23 trop indépendante ou trop libre en fait.
16:26 – Que des producteurs consommateurs et bientôt que des consommateurs.
16:30 – Et puis encore en dessous, des gens qui vont faire toutes les tâches
16:33 que la robotisation ne peut pas faire, des livreurs Uber et autres,
16:37 qui eux justement peuvent venir du pays du tiers-monde.
16:42 D'où l'intérêt pour eux de faciliter toute cette…
16:46 En fait ils moralisent la question de l'immigration,
16:49 mais c'est une question sociale et économique,
16:51 et c'est une question vraiment de lutte des classes,
16:54 et eux maquillent ça en problématique moraliste.
16:58 – L'armée de réserve.
16:59 Vous dites que le CFR a réussi à atteindre ses objectifs, alors c'est quoi ces objectifs ?
17:04 – Le CFR ou le CFR ? – Le CFR, oui.
17:10 – C'est-à-dire que les objectifs, leur vision, c'est une vision,
17:17 en théorie des relations internationales,
17:19 pourrait dire que c'est la tradition globaliste et internationaliste
17:22 des relations internationales.
17:24 Donc leur vision c'est d'internationaliser au plus possible les problématiques,
17:29 et toujours de présenter les règlements de problèmes qui se posent
17:34 pour les sociétés de manière globale.
17:36 – Par exemple comme l'eau, on voit actuellement
17:40 qu'on va régler le problème de l'eau d'un paysan du Larzac
17:45 comme le problème de l'eau d'un paysan du Niger.
17:48 – Oui, c'est comme la démographie, d'autres problèmes,
17:50 tout est toujours posé de manière globale.
17:53 Donc c'est un problème local à une solution toujours globale.
17:57 Donc c'est l'eau en général, la planète.
18:00 – C'est l'anti-principe de subsidiarité.
18:02 – C'est l'anti-principe de subsidiarité totalement.
18:04 Mais ce qui est pervers c'est qu'ils font croire qu'ils sont finalement
18:09 pour le règlement de questions locales avec une idéologie globale, globaliste.
18:18 – Alors il y a cette vision d'un tout global et puis d'un point de vue américain,
18:24 puisque le CFR est quand même une organisation américaine,
18:26 c'est empêcher l'émergence d'un rival eurasiatique
18:29 qui serait capable de concurrencer les États-Unis.
18:33 – Alors aux États-Unis, il y a deux axes stratégiques principaux
18:39 pour le CFR depuis sa fondation.
18:41 C'est d'un côté de contrer l'opinion isolationniste,
18:46 l'opinion publique mais aussi l'opinion politique et même des financiers.
18:51 Aux États-Unis, il n'était pas évident au début du XXe siècle
18:53 de convaincre le monde financier que son intérêt
18:56 était dans une internationalisation maximale.
18:59 Donc il a fallu tout ce travail et leur travail c'est à chaque fois
19:03 d'expliquer ça et…
19:05 – Oui les États-Unis sont toujours rentrés dans les guerres mondiales
19:08 un peu en retard, en tout cas pour la première guerre mondiale clairement
19:12 et après il y a eu l'histoire de Pearl Harbor.
19:15 – C'est ça et à chaque fois on a un peu la même chose.
19:17 Avant chaque crise, avant chaque guerre mondiale,
19:20 on a un phénomène justement, une lutte entre isolationnistes
19:23 et internationalistes aux États-Unis.
19:25 On le voit avec Trump, on le voit…
19:27 Donc à chaque grande crise de l'ordre mondial, il y a de nouveau…
19:30 parce que finalement, si on regarde même une carte des États-Unis,
19:33 l'opinion vraiment, même ces think tanks internationalistes
19:38 sont finalement situés à l'est des États-Unis, sur la côte,
19:41 sur des points finalement de fixation de la puissance thalassocratique,
19:45 maritime internationale.
19:47 – Alors qu'on sait qu'au milieu du pays, les Américains
19:49 sont plutôt isolationnistes, ils veulent vivre en paix, travailler quoi.
19:52 – Ils veulent vivre en paix, ils ont finalement…
19:54 ils auraient la masse continentale pour développer un pays
19:56 qui pourrait être complètement autonome et avoir des relations normales,
19:59 mais il y a ces gens-là qui se présentent comme internationalistes
20:02 mais qui sont clairement impérialistes en fait.
20:04 Ils sont internationalistes et impérialistes,
20:07 mais ils habillent, si vous voulez, leur impérialisme, leur force,
20:11 c'est un visage démocratique et droit de l'omission.
20:17 Donc cet objectif déjà de combattre les isolationnistes
20:20 et effectivement, deuxième objectif, de combattre,
20:23 là ça c'est à l'intérieur, si on voulait, la forme politique occidentale,
20:26 et à l'extérieur, de combattre les rivaux géopolitiques
20:29 qui viendraient contester l'hégémonie en place.
20:32 Donc il a fallu deux guerres mondiales pour venir à bout
20:36 du rival continental qu'était l'Allemagne.
20:39 Et bien maintenant, on se pose la question, pour ces gens-là,
20:42 de la Russie et de la Chine.
20:44 – Alors on sait que le CFR, et vous l'expliquez très bien dans cette revue,
20:49 qu'il est en étroite collaboration avec plusieurs géants américains,
20:55 les géants de la tech et de la finance, vous les citez,
20:58 Apple, Google, PepsiCo, ça c'est pour la tech,
21:02 et puis pour la consommation agroalimentaire,
21:05 et puis BlackRock, Goldman Sachs et Morgan Stanley.
21:09 Alors, comment toutes ces entreprises travaillent-elles avec le CFR ?
21:12 – Si vous voulez, il y a un conseil, il y a différentes manières d'adhérer au CFR,
21:16 il y a des individus qui peuvent adhérer,
21:18 il y a différentes formules d'adhésion à différents tarifs,
21:21 je crois que le plus haut tarif c'est 75 000 dollars par adhésion,
21:26 après il y a des adhésions plus basses,
21:28 et après il y a vraiment un conseil des entreprises au sein du CFR,
21:32 et qui là va s'articuler, ces entreprises ont besoin d'être conseillées
21:36 pour ouvrir leur marché, même à l'international,
21:41 et en même temps le CFR, et on va dire tous les stratéges politiques anglo-américains
21:47 ont besoin de ces entreprises pour étendre l'influence américaine au monde entier.
21:53 Donc c'est un peu comme ça que ça s'articule,
21:57 on a parlé des banquiers Warburg, de la fondation Rockefeller,
22:02 de tous ces gens qui ont été à l'origine de la Morgan,
22:05 – Ceux-là ce sont les financiers du CFR.
22:07 – Ce sont les financiers qui ont créé le CFR,
22:09 mais maintenant il y a tout un tas de…
22:11 George Soros qui est à l'origine vraiment de l'explosion des Hedge Funds,
22:16 David Rubenstein qui est le co-président du groupe Carlyle,
22:21 le plus grand groupe d'investissement de la planète,
22:24 qui gère je crois 300 milliards d'actifs, de dollars d'actifs dans le monde,
22:29 donc c'est vraiment une interface entre le monde de la finance,
22:36 des nouvelles technologies, la diplomatie, le monde politique,
22:41 le monde du renseignement, le monde militaire aux États-Unis,
22:45 et par extension à tous les pays que contrôlent les États-Unis.
22:49 D'où l'idée d'avoir des relais du CFR ailleurs, comme le…
22:53 – Alors justement le CFR a ses relais en Europe,
22:57 c'est le cas en Grande-Bretagne avec la Royal Institute of International Affairs,
23:03 c'est le Chatham House, l'organisation de diplomatie anglaise,
23:08 il y a aussi le ECFR, donc ça c'est à l'échelle européenne,
23:13 il y a même le GCFR pour les germains, pour les allemands,
23:17 alors pourquoi le CFR a-t-il besoin d'avoir ses relais,
23:23 enfin on peut le comprendre, mais pourquoi est-ce qu'ils installent
23:26 vraiment ses relais en Europe, spécialement en Europe ?
23:29 – Alors déjà avec Chatham House, au départ même,
23:32 il avait été prévu par les fondateurs du CFR
23:34 de faire même un organisme commun, anglo-américain,
23:37 puis le travail, comment dire, le décalage entre les populations
23:43 finalement anglaises et américaines de l'époque et ses élites financières
23:46 était trop grand, entre les projets, ils n'auraient pas compris,
23:49 donc ils ont vraiment, comment dire, scindé les deux organisations
23:54 qui se sont développées en parallèle, qui travaillent en parallèle,
23:57 et après les relais vraiment de type European Council on Foreign Relations,
24:01 comme je vous le disais, qui a été fondé sous l'impulsion de Soros,
24:05 ce sont des outils qui servent à attirer les élites financières
24:13 et politiques européennes, un peu dans l'influence,
24:16 si vous voulez, dans la sphère d'influence globaliste.
24:19 Pour nous, vu à notre échelle, pour moi ce sont des outils
24:23 d'occupation politico-stratégique de l'Europe,
24:27 mais ça vise, par exemple, European Council on Foreign Relations,
24:30 c'est très intéressant de voir ces publications,
24:32 à chaque fois, si vous voulez, c'est un peu les objectifs,
24:35 l'OTAN c'est la version militaire, et eux c'est la version diplomatique,
24:41 think tank, avec tout un lissage sémantique qui va avec.
24:44 – Alors pour mettre un visage un peu sur ces membres,
24:46 on voulait citer certains des membres de ce ECFR,
24:51 c'est Bernard Kouchner, on le souvient, il a été ministre des Affaires étrangères
24:55 de Nicolas Sarkozy, c'est Pierre Moscovici,
24:58 ancien ministre de l'économie de François Hollande,
25:01 Clément Beaune, actuel ministre du gouvernement de Madame Borne,
25:08 j'ai oublié son nom, Christine Ockrent, Laurence Parizeau, etc.
25:11 Ma dernière question, on arrive à la fin de cet entretien,
25:14 Pierre-Antoine Plaquevant, c'est quoi, comment on peut s'organiser
25:18 face à cette organisation du CFR,
25:22 est-ce que c'est possible d'y échapper à son emprise ?
25:26 – En fait, c'est un ensemble d'organisations de ce même type qui existe,
25:31 le CFR est une des principales courroies de transmission
25:35 de cet impérialisme globaliste, je pense que les conservateurs
25:38 devraient mettre en place ce type d'outils à une échelle comme eux,
25:44 c'est-à-dire déjà à une échelle de certains pays,
25:47 puis ensuite à une échelle internationale, la clé c'est le financement.
25:50 Pourquoi ces organismes sont si puissants et existent-ils ?
25:54 Parce que derrière, il y a les plus grands financiers de la planète
25:57 qui ont finalement mis en place les outils politiques
26:02 de l'extension de leur influence.
26:04 – Est-ce que ça serait à la Chine et à la Russie de former des contre-CFR ?
26:09 – Alors, eux, en quelque sorte, le font à leur échelle, dans leur pays,
26:13 en Russie, même en Chine, vous avez toute une série de think tanks qui existent,
26:18 pareil, si vous voulez, en Russie, il y a des think tanks qui sont plus libéraux,
26:22 d'autres plus conservateurs, et tout cela gravite autour du Kremlin
26:26 et essaye de donner son influence, ses conseils.
26:29 Donc, eux le font en quelque sorte.
26:31 Là, la problématique, c'est que la force des internationalistes,
26:34 c'est d'être des internationalistes,
26:37 c'est de savoir s'organiser au niveau international.
26:40 Les conservateurs ou les souverainistes, en quelque sorte,
26:43 devraient vraiment arriver à créer cette "internationale des souverainistes",
26:48 cette "alter nationale", si on voudrait l'appeler ainsi.
26:52 Et je pense qu'il y a un déficit de formation et d'orientation stratégique fixe
26:57 et stable dans le temps que les globalistes ont.
27:00 Eux, ils ont des objectifs stratégiques à long terme, ils les tiennent,
27:04 ils se les transmettent en quelque sorte par intérêt.
27:07 Mais nous, nous devrions aussi fonctionner ainsi,
27:10 pas forcément par idéologie, mais par intérêt même de classe.
27:14 C'est-à-dire là, il en va de notre survie en tant que, je dirais,
27:18 classe moyenne européenne de culture hélénochrétienne.
27:22 Mais ce serait faisable, avec des moyens financiers,
27:26 quelque chose comme ça, je pense que c'est faisable.
27:29 Non, ce n'aura pas forcément le même impact de suite,
27:33 mais avec l'émergence progressive de l'opinion publique conservatrice
27:37 et populiste en Europe, il faudra des outils de formation,
27:41 d'une forme de ce que j'appellerais de léninisme souverainiste.
27:45 Se former, en tout cas, c'est ce que vous proposez avec vos travaux
27:49 dans cette nouvelle revue "Géopolitique profonde,
27:52 l'être confidentiel macroéconomique et géostratégique".
27:56 Merci à vous, Pierre-Antoine Plaquevant, d'être venu.
27:58 Merci à vous, Pierre.
28:00 [Musique]

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