Ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts.
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00:40 Nous sommes dans un contexte qui est ennemi et je dirais pour l'humanité.
00:48 Nous avons vécu la pandémie de COVID et beaucoup de choses ont commencé avec COVID.
01:00 COVID a impacté toutes les chaînes de production, tous les secteurs.
01:10 Le secteur agricole a essayé de se maintenir en productivité parce que,
01:18 avec le confinement, il fallait continuer à approvisionner les marchés.
01:23 Mais je dirais que l'impact de COVID a été très important et on le ressent aujourd'hui
01:32 sur l'équilibre des filières.
01:37 Donc il a entraîné un déséquilibre de plusieurs chaînes de production agricoles,
01:43 particulièrement les chaînes de production animales, les filières animales.
01:48 Les viandes rouges, que ce soit les bovins ou les ovins, le lait.
01:54 Et donc comment il a impacté ? D'abord le choc de la demande.
02:03 Vous savez, du jour au lendemain, vous n'avez pas de restauration, vous n'avez pas de touristes.
02:08 Et donc tous ces produits, toutes ces chaînes qui arrivent, disons la chaîne d'approvisionnement,
02:15 ça a été perturbé. Il y avait un grand désordre.
02:20 Et donc impact sur la collecte, par exemple, du lait, parce qu'il n'y a plus de demande.
02:26 Et quand je dis impact sur la collecte, ça veut dire que les producteurs,
02:30 et notamment les coopératives et les petits producteurs, ils ne savaient pas quoi faire.
02:35 Et après une année, une saison, ils peuvent résister,
02:38 mais la deuxième saison, c'était très difficile de maintenir leur cheptel.
02:41 Donc ils réduisaient leur cheptel.
02:45 Les viandes rouges, c'est la même chose.
02:49 Le poulet, la même chose, mais le poulet, c'est une filière qui a la capacité d'adaptation
02:57 parce qu'il se reproduit rapidement.
03:00 Et puis on s'est retrouvé avec un cheptel sur trois ans
03:06 qui n'a pas été reproduit de manière équilibrée.
03:10 Vous avez moins de femelles, moins l'insémination artificielle.
03:14 Ça, c'est un sujet extrêmement important parce que tout ce qu'on a fait par le passé,
03:19 je vais revenir là-dessus dans le cadre de la stratégie Plombs-Maroc-Vert,
03:23 pour atteindre justement une production importante,
03:28 nous a amené à utiliser des techniques et technologies modernes,
03:32 et en particulier pour le cheptel, l'insémination artificielle.
03:37 Et pendant trois ans, ça n'a pas été fait parce qu'on ne pouvait pas sortir pour assurer la reproduction.
03:43 Donc le déséquilibre dont je parle, il s'agit de ça.
03:47 La dynamique de la population a fait que sur ces trois années, il y a eu un déséquilibre.
03:52 Il y a eu moins de femelles reproductrices.
03:56 Il y a eu moins de veaux et moins de moutons destinés à l'abattage, etc.
04:03 Et évidemment, ça, on le sent d'une année à l'autre.
04:07 Il y a une diminution de 10%, 15%, un déséquilibre.
04:10 Le total peut vous paraître pratiquement, je ne dirais pas une stabilité, mais des légères diminutions.
04:16 Mais à l'intérieur, il y a une structure qui a été complètement déséquilibrée.
04:20 L'année dernière, après la sortie du Covid, c'était le début de la relance
04:31 de ces chaînes de valeur.
04:34 Et malheureusement, une sécheresse violente, jamais vue de cette nature.
04:43 On la compare aux années 81, 82, 83, c'est-à-dire plus de 40 ans.
04:48 Mais en réalité, c'était plus violent parce qu'à l'époque, on avait de l'eau dans les réserves,
04:56 les barrages et la nappe.
04:59 Cette fois-ci, nous parlons de la rareté de l'eau, des précipitations, mais la rareté de l'eau.
05:05 Donc ça, c'est un autre facteur qui s'est compliqué.
05:09 Et malheureusement, qui s'est à moindre, je dirais, moindre peut-être niveau,
05:18 mais cette sécheresse s'est reproduite encore cette année.
05:21 Donc elle s'est prolongée.
05:23 Vous voyez, on est dans un contexte anormal de températures aujourd'hui.
05:28 Et donc avec un manque de précipitations.
05:31 Nous avons eu l'événement imprévu de la guerre.
05:36 La guerre en Ukraine, et quand on dit la guerre en Ukraine entre la Russie et l'Ukraine,
05:42 évidemment, ça a impacté le monde en entier.
05:46 Sur le plan d'abord immédiat des chaînes de production et d'approvisionnement, et tous les secteurs.
05:55 Et ça a commencé avec l'énergie, évidemment, mais l'énergie touche tous les secteurs productifs.
06:01 Et alors, évidemment, personne, je dirais, n'a vu...
06:09 Bien sûr, lorsque la guerre s'est déclenchée, tout le monde a...
06:13 On avait des prévisions, tout le monde savait que ça allait durer, etc.
06:17 Mais l'impact que ça pouvait avoir n'était pas prévisible de cette façon.
06:23 C'est-à-dire que ça a commencé par certains composants, certains produits comme l'énergie.
06:30 Après, tout de suite, on a commencé à le sentir dans les secteurs qui utilisent l'énergie comme première ressource.
06:40 Et puis après, il a rattrapé le secteur agricole cette année.
06:45 Il l'a rattrapé comment ? À travers l'inflation des produits.
06:49 Et l'inflation des produits, des intrants agricoles de production.
06:57 Je vous donne un exemple. Les engrais.
07:00 Il y a deux types d'engrais qu'on utilise dans l'agriculture.
07:03 Il y a les engrais, ce qu'on appelle de fonds, qui sont des engrais phosphatés que notre pays produit.
07:10 Et donc, rien que les engrais, toute cette famille d'engrais et de produits sont maintenus stables sur le plan des prix
07:17 parce que l'Office chérif en défense fête, donc avec le ministère, il y a une politique pour maintenir le pays approvisionné à des niveaux de prix stables.
07:29 Et il y a la famille des engrais azotés. Et tous ces produits sont importés.
07:38 Les engrais azotés sont produits à partir du gaz. Simplement, c'est l'azote naturel. Et donc, c'est le gaz naturel.
07:45 Et évidemment, c'est un produit qui a été impacté dès le départ. Et donc, les prix ont flambé.
07:51 En parlant de cinq fois le prix des engrais.
07:55 Et les engrais azotés, c'est pratiquement 50% de rendement.
07:59 C'est-à-dire que lorsque vous réduisez l'engrais azoté, vous affectez le rendement directement.
08:05 Donc, ça c'est un facteur important. Et c'est un exemple qui vous montre que cette augmentation des frais au niveau de l'exploitation agricole,
08:17 qui touche donc les intrants agricoles, et on parle en moyenne de 30, certains filières de 25 jusqu'à 70% d'augmentation des intrants en fonction des produits.
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08:36 Les actions de l'État, c'est une autre... Maintenant, c'est effectivement un sujet.
08:41 L'État, qu'est-ce qu'il peut subventionner ?
08:45 Il y a eu des choix de subvention d'un certain nombre de produits pour alléger, pour, si vous voulez, réduire l'impact sur le pouvoir d'achat.
08:56 Il y a eu la subvention des céréales, l'importation des céréales, pour les maintenir à 270 dirhams à la quinta parce qu'ils ont augmenté trois fois.
09:06 Pourquoi ? Parce qu'il ne faut pas que le prix du pain soit impacté.
09:12 Ça a coûté au gouvernement... Aujourd'hui, on est à pratiquement 11 milliards de dirhams, depuis novembre 2021.
09:21 11 milliards de dirhams de subvention, de substitution, enfin de compensation, vous voyez, pour maintenir le prix du pain.
09:28 L'État, également, a subventionné l'électricité. On est à 14 milliards de dirhams.
09:36 Si l'État n'avait pas intervenu au bon moment, on aurait payé l'électricité cinq fois plus.
09:43 C'est ce qui s'est passé en Europe, en rationalisant, etc. Et donc ça, ça a été fait par le gouvernement.
09:49 La question du gaz, également, qui coûte aujourd'hui 140 dirhams de la bouteille et il est vendu à 40-45 dirhams.
09:57 Donc c'est l'État, aussi, qui le prend en charge. Et puis, vous avez le sucre. Le sucre, également, comme le pain, son prix n'a pas bougé.
10:06 Et donc la subvention a aussi explosé.
10:11 Vous voyez, c'est-à-dire que les outils disponibles au niveau du gouvernement ont été déployés par rapport aux priorités.
10:21 Donc, à l'échelle des agriculteurs, on a subventionné, d'abord, l'investissement, qui est très fort par rapport au secteur.
10:30 On subventionne la question de l'eau, l'économie de l'eau, l'utilisation de l'eau. Enfin, pas l'utilisation, mais plutôt l'investissement.
10:39 Tout l'investissement pour les petits, par exemple, moins de 5 hectares, c'est 100% l'État qui le prend en charge.
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10:51 Alors, justement, l'eau, donc, je disais qu'il y a des prévisions et une anticipation par rapport au contexte que nous vivons.
11:01 Et vous avez l'anticipation pour le long terme, ce qui est stratégique.
11:05 L'autre pays a été, je dirais, leader en matière, donc, d'anticipation par rapport à l'eau avec la construction des barrages.
11:17 Hassan II, voyez, donc, et lorsque vous analysez ses discours à l'époque, vous allez trouver qu'il y a des choses qui arrivent aujourd'hui et qui étaient dans les discours.
11:27 Quand il disait que le gros problème dans le futur et les guerres seront à cause de l'eau, c'est ce qu'on vit aujourd'hui.
11:34 Donc, le choix d'aller vers l'investissement de collecte de l'eau et de pluie était un choix, mais vraiment stratégique.
11:43 Donc, nous avons... Il y a eu la vision. Beaucoup de choses ont été faites.
11:49 Depuis 2000, le process a été accéléré. Sa Majesté, Mbembe el-Sisque, Dieu l'assiste, a accéléré le process, donc la question de l'eau,
12:02 sur des fronts très importants en matière d'économie de l'eau et en matière de sa valorisation, il y a global.
12:11 Et puis, bien sûr, accélération des barrages, des grands ouvrages, avec les nouvelles technologies, avec les capacités marocaines qui sont devenues plus importantes.
12:27 Alors, il y avait un programme en 2009-2010, une vision nouvelle par rapport à la question de l'eau,
12:36 vu l'histoire des 30 années, ou je dirais des 20 années avant 2000.
12:47 Parce que cette période, la quantité d'eau en termes de pluie, qui a été réduite de 7 milliards de mètres cubes,
12:57 entre les années 70 jusqu'à 80, quand vous comparez 80 telles de 1000, vous trouvez que ce que recevait le pays en précipitation a diminué de 7 milliards de mètres cubes.
13:10 On reçoit en général 24-25 milliards de mètres cubes. Aujourd'hui, cette quantité a diminué.
13:17 Donc, il y avait des alertes et il y a eu un programme de vision, qui était un bon programme en termes de vision.
13:27 Accélérer les barrages, construire les grands, là où il y a la possibilité de construire les barrages,
13:32 et la première fois où la question de l'essalement de l'eau de mer a été introduite.
13:40 Et puis, il y avait un volet qui focalisait sur l'eau potable d'abord. Il faut résoudre la question de l'eau potable.
13:49 Et à côté, il y a l'irrigation. Et donc, ce programme, qui était bien, n'a jamais été appliqué tel que.
13:59 Il y a eu des retards. Il y a eu des choses qui ont commencé sur les 12 ou 10 dernières années.
14:07 Vous avez des ouvrages lancés et qui n'ont pas été terminés. Je peux vous donner des exemples.
14:14 Prenez la plaine de Fès Seis, qui fait 35 000 hectares. Vous voyez cette terre très fertile.
14:23 Il y a des efforts, il y a des gens qui ont planté, etc. Mais sur la nappe.
14:29 Donc, le barrage Mdez, qui a été lancé en 2013, il a été lancé pour irriguer cette plaine.
14:42 D'abord pour alléger l'effort sur l'impact sur la nappe, mais pour sauvegarder avec le capital,
14:48 et puis pour développer cette région. Il deviendra un périmètre irrigué par excellence.
14:52 Donc, il a été lancé comme package. Le barrage, l'aménagement du bassin versant,
14:58 et la valorisation au niveau de l'aménagement hydro-agricole.
15:02 Donc, chaque département avait sa part, avait sa responsabilité. Nous avons lancé les travaux à l'époque.
15:12 Monsieur le chef du gouvernement était ministre de l'agriculture à l'époque.
15:15 Moi, j'étais secrétaire général avec lui. Et donc, les travaux ont été lancés.
15:18 Nous avons terminé les travaux l'année dernière. Le barrage, il est à mi-chemin.
15:24 Vous voyez, on parle de 5 ans, pratiquement, de 4 ans et demi de retard de ce barrage.
15:32 Donc, c'est un problème de gouvernance, pour répondre à votre question, global.
15:38 C'était un problème de gouvernance. Je ne veux pas rentrer dans les...
15:42 - Le ministère de l'agriculture ou d'autres départements ?
15:45 - Non, le ministère de l'agriculture est victime. Il est victime parce qu'on a terminé les aménagements
15:50 qu'on devait faire pour recevoir l'eau pour irriguer. On s'est engagé avec les agriculteurs.
15:55 Et nous avons des sociétés et des entreprises qui ont travaillé et qu'on doit payer,
16:00 mais on n'a pas d'eau pour faire les tests, etc. Donc, on est victime de cette situation.
16:05 C'est le ministère de l'équipement qui est en charge de ça.
16:08 Et donc, le sujet, ce n'est pas de dire qu'il est responsable, mais de dire qu'il y a un sujet de gouvernance globale
16:15 dans ce secteur. Et c'est un secteur, juste pour vous dire le sentiment, comment on a toujours vécu,
16:24 c'est un secteur qui s'ouvre de cette gouvernance parce qu'il est multisectoriel, il y a plusieurs intervenants,
16:34 et il n'a jamais été géré de manière à ce que la convergence qu'il nécessite soit vraiment le fil conducteur des chantiers.
16:45 Vraiment, c'est ça le... Ce n'est ni les moyens qui ont manqué, parce qu'il y avait les entreprises qui travaillaient,
16:51 ce n'est ni la vision parce qu'on savait ce qu'il fallait faire avec cette eau.
16:56 Et puis les preneurs de l'eau, ils sont là, ils vont payer, ils vont...
17:01 Donc c'est une question de gouvernance. Alors ça c'est un exemple, nous avons l'arrêt Darrofa, c'était la même chose,
17:08 il y a eu 4 ans de...
17:11 - C'est prévu de construire 15 barrages. - Exactement.
17:14 - Actuellement, aucun n'a été fait. - Il y a des petits barrages qui ont été terminés.
17:18 Il y a plusieurs ouvrages, il y a Darrofa aussi qui a été terminé avec 4 ans, il y a eu des retards,
17:23 vous voyez donc plusieurs, mais beaucoup n'ont pas encore été terminés.
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17:32 Le dessalement a été, comme je l'ai dit, dans ce programme de...
17:37 Entre 2009 et 2011, il est né dans cette période et développé, etc.
17:44 Et donc le premier projet de dessalement qui était à l'ordre du jour, c'était l'alimentation de Casablanca,
17:53 l'eau des sels de mer, parce que Casablanca est dans une situation vulnérable par rapport à l'approvisionnement.
18:00 Et j'ouvre la parenthèse pour vous dire aujourd'hui, l'un des gros problèmes du secteur agricole,
18:05 c'est qu'on a arrêté l'irrigation sur la région du Tadla parce que Bill Louisden, on l'a laissé pour alimenter Casablanca.
18:13 Et du coup là, on n'a pas d'irrigation depuis la deuxième année, à cause de ça également,
18:20 Maseera n'a plus d'eau. Et c'est pour alimenter Casablanca, pour réserver de l'eau.
18:25 Et ces barrages n'étaient destinés pas à l'eau potable, ils étaient destinés à l'agriculture, aujourd'hui.
18:30 Mais c'est pour sauver la... Pour vous dire que les investissements qui devaient aller vers...
18:37 pour régler l'eau potable n'ont pas été faits. Le problème de l'eau potable est un problème
18:43 qui n'a jamais été réglé au bon moment et comme il fallait le faire, pourtant on sait ce qu'il faut faire.
18:51 Et donc quand il y a une sécheresse, évidemment, qu'est-ce qu'on va dire ?
18:55 "Il y a de l'eau dans tel barrage qui n'était pas destinée à l'eau potable, il est destiné à l'agriculteur."
18:59 Et moi ça me cause un problème. Pourquoi ? Parce que quand on s'engage avec les producteurs,
19:04 on le fait sur la base des capacités que nous avons. Il y a de l'eau, je sais combien il y a,
19:09 même s'il y a une sécheresse de 3 ans, l'eau est disponible jusqu'à tel...
19:13 Et c'est comme ça qu'on planifie. On planifie et qu'on s'engage sur les investissements.
19:18 Mais quand on vient du jour au lendemain et on dit "Ah, il y a un problème de l'eau potable et je coupe l'irrigation", c'est très grave.
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