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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il revient sur la mobilisation massive contre la réforme des retraites.
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Transcription
00:00 - Bonjour Alexis Brezet. - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:02 - Alors les mobilisations du 1er mai globalement ont été plutôt réussies Alexis,
00:06 mais elles n'ont pas été non plus le raz-de-marée que certains annonçaient
00:09 pour le gouvernement qui jouait gros. On peut dire que le plus dur est passé Alexis ?
00:14 - Bah oui, après le flop de l'opération carton rouge, vous vous souvenez,
00:18 qui devait transformer samedi soir la finale de la Coupe de France de foot en apnée anti-Macron,
00:23 c'est en quelque sorte pour le pouvoir la deuxième bonne nouvelle de ce premier week-end de mai.
00:29 Hier, les cortèges ont certes beaucoup plus rassemblé que lors des précédentes fêtes du travail,
00:34 mais enfin, ils ont nettement moins réuni de monde que lors des manifestations des 7 et 23 mars
00:39 qui ont marqué l'apogée du mouvement de protestation.
00:42 Et cette mobilisation disons moyenne confirme plutôt ce que nous disions ici même hier matin.
00:48 Ça fait 4 mois que la France est plongée du matin au soir et du soir au matin
00:53 dans le psychodrame des retraites et elle en est fatiguée.
00:56 Et maintenant que la loi, quoi qu'on en pense, est adoptée, promulguée, validée,
01:01 bon, attendons quand même la décision sur le 2 second rip,
01:03 et bien les Français, lentement, progressivement,
01:07 mais je pense aussi avec un certain soulagement, sont en train de passer à autre chose.
01:11 - Mais est-ce à dire Alexis que le pouvoir a gagné ?
01:14 Ça y est, on remet les compteurs à zéro, on tourne la page là ?
01:16 - Alors tourner la page, oui, par la force des choses et par la force du temps qui passe,
01:20 mais ça ne veut pas du tout dire repartir à zéro, loin de là.
01:23 Le gouvernement et le président auraient en tout cas bien tort de le croire et de plastronner.
01:27 Tourner la page, ça n'est pas effacer le livre.
01:30 Quand on tourne une page, on n'oublie pas fort heureusement ce qu'on a lu auparavant.
01:34 Au contraire, chaque page qui se tourne nourrit, enrichit, infléchit un seul et unique récit.
01:41 En d'autres termes, la crise politique que cette affaire des retraites a,
01:45 sinon créée, du moins révélée et amplifiée, elle ne disparaîtra pas par enchantement.
01:50 Le grand ébranlement qu'a vécu notre pays depuis quatre mois a produit et produira encore
01:55 des conséquences dont les effets sont loin, très loin d'être épuisés.
01:59 La première de ces conséquences, la plus évidente, celle qui crève les yeux,
02:03 c'est l'extraordinaire impopularité du pouvoir.
02:06 Le rejet dont fait l'objet non seulement la politique d'Emmanuel Macron,
02:09 bon, ça c'est assez classique, mais surtout sa personne même,
02:13 tout ce qu'il avait su faire oublier après l'épisode des Gilets jaunes
02:16 et qui revient en plus violente encore.
02:19 Bon, évidemment, tout ça, ça va peser et peut-être jusqu'à la fin du quinquennat.
02:23 On peut ajouter au régis des conséquences la radicalisation du mélenchonisme
02:28 qui, par ses errances, ses outrances, ses complaisances envers les débordements violents,
02:33 a consolidé autour de son leader Maximo le soutien d'une minorité ultra-politisée,
02:38 mais a perdu cette force d'attraction qui était la sienne
02:41 et qui l'exercit sur toute la gauche il y a un an.
02:44 Alors, est-ce que cette dérive personnelle et idéologique va ouvrir, comme certains en rêvent déjà,
02:50 un espace pour une candidature issue de la gauche social-démocrate ?
02:53 C'est un peu tôt pour le dire, mais enfin, désormais, la question est posée.
02:56 Et du côté droit de l'échiquier politique maintenant, Alexis, quels enseignements voyez-vous ?
03:01 Alors, bon, je ne m'attarderai pas sur le cas des LR qui semblent, c'est vrai, assez désespérés.
03:05 Disons que durant toute cette période, en dépit des efforts méritoires d'Eric Styoti et de Bruno Retailleau,
03:11 ils n'auront pas donné à leurs électeurs enfuis, et enfuis depuis fort longtemps, la moindre raison de se raviser.
03:17 Alors, quant à Marine Le Pen, c'est devenu une banalité de constater
03:21 que c'est elle qui empoche les bénéfices politiques de la crise.
03:24 Mais peut-être s'est-elle rendue compte que ce succès, qui doit moins à ses propres propositions,
03:28 et pour cause, elle n'a quasiment rien dit depuis 4 mois,
03:30 et qui doit donc moins à ses propositions qu'au faux de ses adversaires, était finalement assez fragile.
03:35 En tout cas, hier, au Havre, elle a déserté le terrain du social
03:38 pour concentrer l'essentiel de ses critiques sur l'idéologie woke
03:42 et dénoncer une volonté d'effacement national.
03:45 Comme si, à l'instar d'Emmanuel Macron, elle aussi jugait qu'il n'y a rien de plus urgent.
03:50 Aujourd'hui, on n'y revient que de tourner la page des retraites.
03:53 L'édito politique sur Europe 1. Merci beaucoup Alexis Brest.

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