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Cyril Chabanier, président confédéral de la CFTC, la Confédération française des travailleurs chrétiens, était mardi 2 mai l'invité de la matinale de franceinfo. Il répondait aux questions de Lorrain Sénéchal.

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Transcription
00:00 Bonjour Cyril Chabanier, président confédéral de la CFTC.
00:03 Les violences de cette intensité, c'est inédit depuis le début de la contestation.
00:07 Comment vous l'expliquez ?
00:09 On ne l'explique pas. Il y a de plus en plus de violences aujourd'hui,
00:13 au fur et à mesure que les manifestations s'organisent.
00:17 On a vu hier énormément de Black Blocs venir sur les côtés du cortège.
00:24 Beaucoup aussi qui venaient de pays étrangers, l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre.
00:29 Donc on voit aujourd'hui qu'il y a des professionnels de la violence et de la casse
00:33 qui profitent de manifestations pacifiques organisées par les organisations syndicales
00:39 pour venir piller, casser et même tuer carrément des forces de police.
00:46 C'est quand même dingue.
00:47 "Venus pour tuer du flic", c'est ce que déclare le ministre de l'Intérieur.
00:51 Vous êtes d'accord avec lui ?
00:52 Mais oui, clairement.
00:53 Quand vous envoyez un cocktail Molotov sur quelqu'un pour lui mettre le feu,
00:57 et en plus vous savez que dans ces cocktails aujourd'hui,
00:59 ils rajoutent de l'essence et de l'huile pour que le feu reste accroché au corps des personnes,
01:05 c'est évidemment un acte criminel qui doit être puni largement.
01:08 Donc moi j'ai une très forte pensée pour ces forces de l'ordre qui ont été blessées.
01:13 Et d'autant plus que ces Black Blocs attaquent aussi de plus en plus souvent
01:16 les cortèges syndicaux, le cortège de tête.
01:18 Et on est quasiment aujourd'hui obligés d'avoir une force de police tampon entre eux et nous
01:25 pour pouvoir organiser une manifestation.
01:27 C'est quand même dingue que dans ce pays, on ne puisse plus manifester pacifiquement.
01:30 A vous entendre, ce n'est pas la faute du gouvernement,
01:32 ce n'est pas la faute de la préfecture de police ?
01:35 Il y a deux choses qui sont différentes.
01:37 Il y a une colère très importante dans le pays qui a été engendrée
01:40 par le comportement du gouvernement.
01:42 Donc beaucoup de colère et parfois de l'énervement qui peut aller à quelques violences mais maîtrisées.
01:48 Après quand on parle de Black Blocs ou de radicaux qui viennent faire la guerre,
01:52 ils ne sont pas dans la revendication, ils ne sont pas dans la politique,
01:54 ils ne sont pas pour être contre ou pour le gouvernement,
01:57 ils sont là pour faire de la violence, pour se battre, pour casser du flic,
02:00 y compris d'ailleurs casser du syndicalisme.
02:02 Donc là on est sur un autre thème.
02:04 Violence donc à Paris et dans certaines villes,
02:07 mais malgré tout, les rassemblements ont eu lieu dans le calme
02:11 dans presque des centaines de communes de France.
02:13 Ça reste une réussite ce 1er mai ?
02:15 Oui c'est une réussite ce 1er mai.
02:17 C'est la première fois, et c'est assez historique,
02:20 on sait depuis très très longtemps que les organisations syndicales n'avaient pas fait un 1er mai ensemble.
02:24 Donc déjà rien que pour ça, c'est un événement.
02:27 Et puis avoir mis plus d'un million de personnes dans la rue,
02:31 c'est une belle réussite sur une période de vacances scolaires,
02:35 sur trois jours de pont où c'est jamais facile de mobiliser.
02:38 Donc on voit que la colère est toujours là
02:40 et que les Français nous demandent de continuer à nous mobiliser.
02:43 Alors c'est quoi la suite justement ?
02:45 Vous rencontrez les autres syndicats dans une heure et demie c'est ça ?
02:47 Oui dans une heure même.
02:49 Dans une heure même. Qu'est-ce que vous allez leur dire ?
02:51 Qu'est-ce que vous allez vous dire ? Vous allez parler de quoi ?
02:53 Écoutez on va parler de deux choses.
02:55 Premièrement faire évidemment un bilan de la journée d'hier
02:59 et voir comment on peut continuer ensemble l'action contre cette réforme des retraites.
03:04 On a deux rendez-vous importants, mercredi 3 avec le...
03:07 C'est demain.
03:08 Demain avec le verdict du Conseil constitutionnel sur le référendum d'initiative partagée.
03:12 Et puis le 8 juin avec cette proposition de loi déposée par le groupe Lyotte à l'Assemblée
03:17 qui peut permettre d'abroger ce texte.
03:20 Donc on va j'imagine continuer des actions au moins jusqu'au 8 juin.
03:24 On va voir de quelle façon on s'organise.
03:26 Quel type d'action voyez-vous à la CFTC ?
03:28 Vous vous appelleriez à quoi ? Des nouvelles journées de grève ?
03:31 Y compris qui viendraient s'insérer d'ici le 8 juin ?
03:34 Alors des actions qui vont sûrement se poursuivre dans des secteurs d'activité
03:38 avec des grèves, des mobilisations mais plus localisées.
03:41 Et pour la CFTC, moi je suis assez favorable qu'on fasse une autre journée de mobilisation
03:47 mais très commune et très proche ou le jour même du 8 juin
03:51 pour mettre la pression sur l'Assemblée nationale
03:54 comme on l'avait fait le jour du vote de cette réforme qui s'est transformée en 49-3
03:59 pour inciter et mettre la pression sur les députés pour que cette motion soit adoptée.
04:04 Avant ça vous irez à Matignon rencontrer Elisabeth Borne.
04:06 Vous n'avez pas encore eu l'invitation officielle je crois ?
04:09 Alors ça va être l'autre sujet qu'on va parler ce matin ensemble.
04:12 On n'a pas reçu encore l'invitation. D'après nos sources ça devra arriver en fin de semaine.
04:16 Moi en tout cas je militerai pour y aller parce que je crois deux choses.
04:22 La première c'est que le Conseil constitutionnel a retiré toute la partie
04:26 qu'on a appelée un petit peu sucrée de cette réforme des retraites.
04:29 C'était l'index senior.
04:30 Il n'y a plus un mot sur les seniors, il n'y a plus un mot sur les reconversions,
04:33 il n'y a plus un mot sur la pénibilité qui sont des sujets essentiels.
04:36 Il va bien falloir qu'on les traite.
04:38 Et puis on a une autre problématique, c'est le pouvoir d'achat aujourd'hui.
04:40 Et ne pas aller parler gris de salaire, rémunération, ça me paraît compliqué.
04:45 Maintenant on imposera notre calendrier, on imposera notre méthode.
04:48 Il faut absolument qu'on fixe avec le gouvernement des objectifs clairs, du grain à moudre.
04:53 Il faut que les textes finaux ne soient pas les textes initiaux comme on l'a trop souvent vu.
04:56 Donc on va leur imposer notre méthode, on n'ira pas coûte que coûte.
05:00 Vous irez tous ensemble ou vous irez un par un, y compris séparément ?
05:04 Certains pourraient ne pas y aller du tout à Matignon.
05:07 Ecoutez, l'intersyndical s'est formé autour de ce combat contre la réforme des retraites.
05:12 Moi j'espère qu'on va essayer d'y aller ensemble.
05:16 Ça serait votre objectif à la CFTC, que l'intersyndical y aille ensemble à nouveau ?
05:21 Oui, je pense que ça serait bien d'y aller ensemble.
05:23 Parce que je crois qu'on est aujourd'hui dans un moment où on peut faire pression sur le gouvernement
05:27 et obtenir de réelles avancées sur les rémunérations,
05:30 grâce justement à la mobilisation très importante depuis trois mois des salariés de nos concitoyens.
05:35 Maintenant, si certains font d'autres choix, on peut chacun s'exprimer à titre personnel.
05:41 Je rappelle que l'intersyndical était fait contre les 64 ans.
05:45 On sait que sur d'autres sujets on peut avoir des différences.
05:47 Et je crois qu'on respecte d'ailleurs entre nous nos différences et nos points de vue parfois divergents.
05:52 C'est la rentrée parlementaire aujourd'hui.
05:54 Toute dernière question, qu'est-ce qui doit être tout en haut de la pile des députés selon vous ?
05:58 Aujourd'hui c'est le sujet du pouvoir d'achat et du partage de la valeur.
06:02 Je rappelle qu'on a signé un texte avec le patronat, là aussi assez historique.
06:05 Il faut maintenant le retranscrire dans la loi.
06:09 Donc le pouvoir d'achat est un sujet capital.
06:11 Mais vous savez, éducation, logement et santé sont des sujets aujourd'hui qui évidemment sont aussi très très importants.
06:17 Cyril Chabanier, merci beaucoup. Président confédéral de la CFTC.
06:20 Et vous rencontrez donc dans une heure à peine les autres membres de l'intersyndical.

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